::: ILE-DE-FRANCE
BFM – 03/01/2017
Les 10 nouveautés attendues à Paris et en Ile-de-France en 2017
Le tribunal de grande instance de Paris va quitter l’Ile de la cité pour la cité judiciaire de Clichy-Batignolles.
Déménagement du palais de justice de Paris, des taxis volants sur la Seine ou encore un Harvard français à Aubervilliers, tour d’horizon de 10 chantiers ou projets qui vont prendre forme en 2017.
Le tribunal quitte l’Ile de la Cité
Le Tribunal de grande instance va quitter les vieilles pierres du Palais de justice de l’Ile de la Cité pour rejoindre une cité judiciaire toute neuve. Le bâtiment de 160 mètres de haut situé porte de Clichy dans le 17e arrondissement doit être mis à disposition de l’Etat au mois de juin 2017. En tout, le building construit en escalier sur 40 niveaux doit permettre d’accueillir près de 9.000 visiteurs. Ce bâtiment gigantesque, notamment critiqué pour son éloignement du centre de la capitale, accueillera aussi les tribunaux d’instance des arrondissements parisiens. Autre révolution pour l’Ile de la Cité, la direction de la police judiciaire jusque là située au célèbre 36 quai des Orfèvres sera aussi implantée sur le site de Clichy-Batignolles.
Des taxis volants sur la Seine
Paris va connaître une première mondiale au printemps 2017 avec des voitures « volantes » testées sur la Seine. Les Sea Bubbles, sorte de capsules fonctionnant à l’électricité, capables grâce à la pression de l’eau de se soulever au-dessus de la surface ont séduit Anne Hidalgo qui soutient le projet créé par le navigateur Alain Thébault. A terme, son inventeur aimerait faire des Sea Bubbles une sorte de Uber des fleuves, avec la possibilité pour les utilisateurs de les commander grâce à une application mobile.
Sea Bubbles – Les Sea Bubbles doivent être testées à Paris au printemps.
Une nouvelle salle de concert sur l’Île Séguin
Le printemps de cette nouvelle année verra aussi la naissance d’une toute nouvelle cité dédiée à la culture et plus spécifiquement à la musique. Située sur l’île Séguin à Boulogne-Billancourt, la « Seine Musicale » ouvrira en avril. Ce complexe, imaginé par Shigeru Ban, déjà architecte du centre Pompidou-Metz sera composé d’une grande salle de 6.000 spectateurs ainsi que d’un auditorium de 1.150 places plus particulièrement dédié à la musique classique. La Seine Musicale accueillera des artistes en résidence et notamment l’orchestre Insula dirigé par Laurence Equilbey.
Le toit de l’Arche de la Défense rouvre au public
En 2017, le public pourra de nouveau grimper au sommet de la Grande Arche de la Défense. Son accès était interdit depuis 2010 pour des raisons de sécurité. Un incident d’ascenseur avait entraîné cette fermeture, tout comme celle du musée de l’informatique et du jeu vidéo qui était installé au sommet de l’arche. Mais des travaux de rénovation vont permettre aux visiteurs de revenir sur le toit dès le 1er avril prochain et de profiter du panorama imprenable sur l’avenue de la Grande armée et l’Arc de Triomphe.
Accélération du Grand Paris express
Les chantiers du Grand Paris express sont déjà en cours mais vont s’accélérer cette année. Les travaux de la ligne 15 sud vont notamment monter en puissance. Sur cette ligne, qui devra à terme relier Pont-de-Sèvres à Noisy-Champs en 35 minutes 14 des 16 gares prévues vont être mises en chantier. Les travaux de prolongement de la ligne 14 au sud doivent également débuter au début de l’année. La ligne qui relie actuellement la gare Saint-Lazare à Olympiades se poursuivra jusqu’à l’aéroport d’Orly.
Une ferme sur l’Opéra Bastille
La ville de Paris a sélectionné 33 projets destinés à intégrer l’agriculture à l’environnement urbain. En tout, 5,5 hectares de la ville vont être végétalisés, avec une mise en oeuvre à partir de ce début d’année 2017. Parmi ces projets, une ferme maraîchère ainsi qu’une houblonnière devraient voir le jour sur le toit de l’Opéra Bastille. Les concepteurs du projet envisagent de pouvoir fabriquer jusqu’à 8.000 litres de bière sur place grâce à une microbrasserie.
Un Harvard français à Aubervilliers
Aubervilliers accueillera d’ici 2018-2019 le plus important équipement universitaire d’Europe consacré aux sciences humaines. Si les premiers travaux ont déjà démarré, le chantier du « campus Condorcet » va très largement s’accélérer cette année, souligne Le Parisien. Une sorte de « Harvard à la française » avec 180.000 m2 de bâtiments. Le campus devrait à terme accueillir 18.000 personnes.
Ouverture de l’Arena 92
Le Racing 92 aura un stade tout neuf en 2017 à la Défense. Une arène qui combinera stade et salle de spectacle et qui devrait ouvrir ses portes en septembre prochain. Le site qui servira également aux Jeux Olympiques de 2024, si la candidature de Paris est retenue.
Epadesa, L’autre image – L’Arena 92 combinera un stade et une salle de spectacle.
L’école centrale déménage
La prestigieuse école centrale installée à Châtenay-Malabry depuis 1969 va déménager cette année avec une rentrée 2017 qui se fera sur le plateau de Saclay, au nord de l’Essonne. Deux bâtiments d’une surface de 70.300 m2 sont en cours de finition, précise Le Parisien. L’Ecole normale supérieure de Cachan rejoindra également ce campus en 2018.
Une piétonisation définitive des voies sur berge?
La phase de test de la piétonisation de la voie Georges Pompidou à Paris prendra fin au mois de mars prochain. Un projet qui s’inscrit dans la volonté d’Anne Hidalgo de lutter contre la pollution en diminuant les accès aux voitures dans Paris. La maire de Paris souhaite que les voies sur berge restent piétonnes à la fin de cette phase de test à l’issue de laquelle des études sur la qualité de l’air et les embouteillages doivent être rendues.
Des aménagements sur les voies sur berge ont déjà débuté cet hiver, à terme le projet de la maire de Paris prévoit de transformer les voies piétonnes en parc urbain. La piétonisation continue toutefois de rencontrer l’opposition d’élus de villes voisines qui dénoncent l’augmentation du temps de parcours, ainsi que les critiques de la présidente de région Valérie Pécresse.
Carole Blanchard
20 MINUTES – 03/01/2017
Ile-de-France : Les nouveautés et grands événements à venir en 2017
RENDEZ-VOUS « 20 Minutes » dresse le portrait de l’année 2017 à Paris et en Ile-de-France…
2017, c’est parti. Politique, transport, travaux, événements culturels et sportifs… Quels vont être les grands rendez-vous de l’année ? 20 Minutes fait le point.
Politique
Premier gros rendez-vous politique de l’année 2017 : les primaires à gauche, dont le premier tour aura lieu dans trois semaines. Au total, sept candidats sont en lice, dont Vincent Peillon (PS) qui a reçu le soutien de la maire de Paris, Anne Hidalgo. « Il y a à Paris une identité et une culture de la gauche qui s’est incarnée dans Jospin, Delanoë, Hidalgo, qui reste difficilement compatible avec ce qu’expriment Valls ou même les frondeurs », expliquait récemment au Monde, le premier adjoint Bruno Julliard.
Dans la foulée de l’élection présidentielle, les élections législatives se dérouleront à Paris dans dix-huit circonscriptions. Dans la 17e circonscription deux adjoints d’Anne Hidalgo s’affronteront : Colombe Brossel (PS) et Ian Brossat (PCF). Les yeux seront aussi rivés sur la 18e circonscription où se présente Myriam El Khomri. Côté politique locale, la maire de Paris, entourée de son exécutif, présentera ce vendredi ses vœux aux élus de Paris et détaillera à cette occasion les temps forts de 2017 et annoncera une série de mesures qui rythmeront l’année à venir.
Transports et circulation
« 2017 marque le lancement de « la révolution des transports », indique la présidente de la Région Ile-de-France, Valérie Pécresse, dans ses vœux. Et ce, avec « la commande de 700 trains neufs ou rénovés sur les réseaux RER et Transilien d’ici 2021 pour remplacer les trains vieux de plus de trente ans ». Sur les chantiers, Champigny dans le Val-de-Marne accueillera en novembre un tunnelier qui viendra creuser le souterrain de la ligne 15 sud. Celle-ci sera composée de 16 gares entre Pont de Sèvres et Noisy-Champs et fera le trajet sans passer par Paris, en 35 minutes. En juillet, le T 11 Express – la première ligne de banlieue à banlieue du Grand Paris – qui reliera Epinay au Bourget, sera, elle, inaugurée.
Enfin pour les automobilistes, n’oubliez pas qu’à compter du 15 janvier 2017, Paris deviendrala première Zone à circulation restreinte (ZCR) en France. Les véhicules circulant dans la capitale devront alors obligatoirement s’équiper d’un certificat qualité de l’air « Crit’Air » indiquant leur niveau de pollution. En février, le préfet de police de Paris, Michel Cadot, remettra de son côté, un rapport sur l’impact de la fermeture de la rive droite aux véhicules. Cela peut-il changer la donne ? Anne Hidalgo se dit en tout cas déjà prête à inaugurer en mars « le grand parc des rives de Seine », note Le Parisien.
Urbanisme et grands travaux
Avec 34.000 mètres carrés, la Station F – anciennement connue sous le nom de la Halle Freyssinet – sera l’incubateur le plus grand au monde. Basé dans le 13e arrondissement et financé par Xavier Niel l’endroit doit ouvrir en avril. Le mois de juin, lui, devrait marquer la fin des travaux du futur tribunal de Paris qui réunira l’ensemble des services du tribunal de grande instance actuellement dispatchés sur cinq sites dont l’Ile de la Cité, le tribunal de police et les tribunaux d’instance. Situé entre le boulevard périphérique à la Porte de Clichy et le boulevard Berthier, ce bâtiment qui accueillera plus 8 000 personnes chaque jour ouvrira ses portes vers le deuxième trimestre 2018, selon le ministère de la Justice.
Le chantier du campus Condorcet situé à Aubervilliers connaîtra également ses premiers travaux. Ce pôle dédié aux sciences humaines et sociales ouvrira ses portes en 2019. Enfin, 2017 marquera aussi le début des travaux du futur canal Seine-Nord Europe. Cet ouvrage reliera d’ici 2024 les bassins de la Seine et de l’Oise au réseau européen du nord de l’Europe.
Jeux Olympiques et paralympiques en 2024 à Paris ?
Le 13 septembre, le Comité international olympique (CIO) se réunira en congrès à Lima au Pérou pour désigner la ville hôte des Jeux olympiques d’été 2024, entre Los Angeles, Budapest et Paris. Autre événement majeur pour Paris et sa région, l’exposition universelle de 2025. Le dépôt de dossier se fera en novembre 2017. « Deux occasions de faire rayonner notre région mais aussi de la valoriser pour y attirer les talents et les investisseurs », déclare Valérie Pécresse.
Les rendez-vous sportifs et culturels
Du 11 au 29 janvier 2017, Paris accueillera le Championnat du monde de handball à l’AccorHotels Arena. A proximité du lieu de la compétition, Bercy Village deviendra alors « le terrain convivial et festif où se retrouveront les fans de handball du monde entier », note la Mairie de Paris.
A l’occasion du centenaire de la mort du sculpteur Auguste Rodin, le Grand Palais organisera du 22 mars au 31 juillet« Rodin. L’exposition du centenaire ». Du côté des salles de concert, Bob Dylan, sera en tournée avec une date unique le 20 avril, au Zénith de Paris. A noter que le groupe Depeche Mode sera au Stade de France le 1er juillet, puis les Guns’N’Roses le 7 juillet.
L’OPINION – 02/01/2017
La métropole du Grand Paris doit démontrer son utilité pour éviter sa disparition prématurée
Patrick Ollier défend « sa » métropole, que François Fillon veut supprimer
Après le développement durable, la métropole du Grand Paris a vu le 1er janvier ses compétences s’élargir au logement, à l’habitat et à la prévention des inondations. Regroupant 131 communes d’Ile-de-France, la métropole est pourtant dans le collimateur de François Fillon qui la supprimerait s’il devenait président de la République.
Décollage imminent ou atterrissage programmé ? Doucement, la métropole du Grand Paris (MGP) s’installe. « La phase de création est achevée. La métropole existe », avance son président, Patrick Ollier, maire de Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine). Comme pour conjurer le sort.
Car François Fillon, s’il devient président de la République, n’est pas du même avis : « Je considère comme beaucoup d’élus franciliens qu’il existe une redondance entre la métropole du Grand Paris et la région Ile-de-France. Je proposerai donc de supprimer cette métropole », peut-on lire dans son programme.
Redondance ? Entre Patrick Ollier et la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, tous deux membres des Républicains, les relations sont bonnes mais les intérêts divergents : « Valérie Pécresse est une amie, elle est intelligente et compétente. Je l’ai soutenue », assure le président de la métropole, qui ajoute : « Je connais sa position, elle souhaite que la métropole soit transférée à la région. Je ne vois pas comment. Il ne peut pas y avoir de grande capitale sans une métropole. Métropole et région sont des entités complémentaires. »
Un avis évidemment partagé par la maire de Paris, liée avec Patrick Ollier par une alliance de circonstance : « Le Républicain que je suis s’entend très bien avec la socialiste Anne Hidalgo », dit le président de la métropole, qui a composé un bureau de métropole où tous les partis sont représentés (la maire de Paris en est la première vice-présidente) et vante aussi ses excellentes relations avec le préfet de région, Jean-François Carenco.
Patrick Ollier va même plus loin. Il estime que « si la question de la métropole doit être remise sur le métier par le prochain président de la République et s’il doit y avoir une nouvelle loi, ce sera pour donner plus de pouvoirs aux métropoles. » Et, selon lui, ça ne pourrait pas être avant 2020, date où un premier bilan a été prévu par la loi de 2014.
Encore peu ou mal identifiée par les citoyens, la métropole ressemble fort à une nouvelle couche du fameux mille-feuilles territorial. Pas du tout, se récrie Patrick Ollier : « Un interlocuteur au lieu de 131 puisque nous regroupons 131 communes, si ça n’est pas de la simplification, je ne sais pas ce que c’est ! » lance-t-il à quiconque se demande si on n’a pas rajouté, après la région, les départements, les « intercos » et les communes, un échelon de plus qui ne peut que rendre encore plus complexes les circuits de décision.
Concours de miels. En attendant de se retrouver dans le débat présidentiel, la métropole du Grand Paris, un an après son lancement, a vu le 1er janvier ses compétences s’élargir du développement durable au logement (objectif : 39 000 logements par an), à l’habitat et à la gestion des milieux aquatiques et à la prévention des inondations, dites « GEMAPI ». Ce dernier sujet a été anticipé d’un an par la métropole en raison des inondations du printemps 2016 : « Il faut éviter que la région soit dévastée » par une crue centennale, dit Patrick Ollier.
Parmi les initiatives lancées par la métropole en 2016, Patrick Ollier cite avec fierté la prime de 5 000 euros pour les véhicules propres et le concours des meilleurs miels du Grand Paris, destiné à « mettre en lumière les communes qui, soucieuses de la préservation de la biodiversité en ville, favorisent l’implantation de ruchers sur leur territoire ». Le jury a choisi les vainqueurs parmi 87 candidatures issues de 56 communes.
Le bureau de la métropole a aussi voté en décembre 1922 millions d’euros de subventions pour les communes pour des projets de développement durable pour aider, par exemple, la construction d’un mur anti-bruit à Saint-Denis, l’extension de la flotte de véhicules propres à Sceaux, la rénovation thermique du patrimoine bâti à Charenton, l’aménagement des berges et bords de Marne à Créteil ou de nombreuses pistes cyclables entre Paris et les communes de la petite couronne.
« Nous sommes là pour aider les maires, pas pour les gêner », assure Patrick Ollier. La présidente de la région pourrait sans doute dire la même chose pour nourrir leur dialogue de sourds.
::: ECONOMIE
LE PARISIEN – 02/01/2017
Croissance et emploi : nos prévisions pour 2017
Le prochain président de la République prendra les commandes d’un pays à l’économie fragile. Election de Trump, Brexit, prix du pétrole… 2017 s’annonce perturbée.
On n’est jamais aussi bien servi que par soi-même. Lors de ses vœux aux Français, François Hollande s’est félicité des effets de sa politique économique. « Les résultats arrivent, plus tard que je ne les avais prévus, j’en conviens, mais ils sont là », a insisté le président de la République, citant pour illustrer son propos des « comptes publics rétablis », la « Sécurité sociale à l’équilibre » et, « surtout, surtout, le nombre de demandeurs d’emploi baisse enfin depuis un an ». Des avancées réelles. Mais la crise est encore loin d’être derrière nous.
Le successeur de François Hollande entamera en réalité son quinquennat dans un climat économique maussade. A l’image de la décevante année 2016, l’économie française ne devrait pas sortir de sa torpeur en 2017. La croissance pourrait, selon la Banque de France, « marquer le pas en 2017 » et terminer à 1,3 %. Un score identique à celui de cette année. En clair, pas de quoi envisager des folies budgétaires au lendemain du 7 mai, date du deuxième tour de la présidentielle ! Il n’y aura donc pas d’état de grâce pour celui ou celle qui s’installera à l’Elysée. D’autant que le futur gouvernement devra vraisemblablement composer avec la remontée des taux d’intérêt. Le remboursement de notre dette publique — 2 096 Mds€ — coûtera alors plus cher. Et, hop, une dépense supplémentaire à financer !
Incertitudes politiques
Le redécollage économique de notre pays s’annonce poussif. Et encore, toutes ces prévisions se basent sur une hypothèse : le monde continuera de tourner rond l’an prochain. Sauf que, depuis quelques mois, l’actualité internationale nous a appelés à la modestie en matière de prédictions. Qui aurait parié un dollar sur Donald Trump à la Maison-Blanche ? Qui peut dire ce que sera sa politique économique ? Et qui est capable d’anticiper les conséquences du Brexit (la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne) ?
En matière économique, ce qui se passe dans le monde a toujours une répercussion sur notre vie quotidienne. Le prix du baril de pétrole remonte, l’essence coûtera plus cher à la pompe ; les taux d’intérêt grimpent, les entreprises auront plus de peine à investir et à embaucher. 2017 sera rythmée par de grandes incertitudes, dont l’économie a horreur. A charge pour le futur pilote de l’avion France de prendre les mesures qui boosteront la croissance et protégeront les passagers des turbulences internationales.
Boris CASSEL et Matthieu PELLOLI
LE PARISIEN – 02/01/2017
Chômage : une victoire tardive et fragile
François Hollande a remporté — tardivement — une victoire sur le front de l’emploi. Pour la première fois depuis 2008, le chômage a en effet reculé en novembre pour le troisième mois de suite. Mais cette décrue se poursuivra-t-elle cette année? «L’emploi marchand continuerait de progresser et le chômage baisserait légèrement d’ici à la mi-2017», estime prudemment l’Insee dans sa dernière note de conjoncture, publiée mi-décembre. Un effet mécanique, en quelque sorte, des bons résultats de l’automne, et du plan de Hollande de formation de 500 000 chômeurs , dont le rythme de croisière n’est pas encore atteint.
Oui mais… La baisse du chômage prévue en début d’année prochaine est une « queue de comète », rétorquent les plus pessimistes, qui redoutent que la fin de l’alignement des planètes — faiblesse des cours du pétrole et des taux d’intérêt, baisse de l’euro par rapport au dollar — en 2017, puis l’essoufflement des mesures Hollande, ne réorientent la courbe à la hausse.
La partie n’est pas perdue pour autant, car les entreprises ont restauré leurs marges de manière spectaculaire en 2016. Cette année, pourraient-elles se remettre à embaucher ? « Le rapport automatique entre reconstitution des marges et embauches n’existe pas, nuance Claude Solarz, vice-président de Paprec, une société de valorisation des déchets qui emploie 4 500 personnes. Lorsqu’elles retrouvent des marges de manœuvre, les entreprises ont beaucoup d’autres contraintes à prendre en compte. »
«Encore beaucoup d’incertitudes»
Oui, aujourd’hui le monde des affaires se porte mieux — « les patrons nous expliquent qu’ils ont augmenté leurs bénéfices », se félicite-t-on au Medef — mais de là à porter sur 2017 un regard optimiste, il y a un pas que le syndicat patronal ne franchit pas. «Les entrepreneurs ont toujours beaucoup d’incertitudes concernant l’année qui s’ouvre… Ce dont ils ont surtout besoin pour traduire la reconstitution de leurs marges en embauches, c’est de confiance et de stabilité ! Or, ces dernières années, à chaque projet de loi de finances, les règles du jeu ont changé… »
Le Medef délivre quand même un bon point à François Hollande. « Preuve a été donnée que le chômage n’est pas une fatalité. Qu’on pouvait faire mentir le vieil adage mitterrandien Contre le chômage, on a tout essayé via des baisses de charges et des mesures de simplification administrative réclamées depuis longtemps par les entreprises. » Il y a de l’incertitude, mais il y a donc aussi de l’espoir. « Nous sommes passés de 20 à 30 salariés en 2016, s’enthousiasme Luc Foin, le PDG de Deejo, une PME de coutellerie. Pour 2017, nous avons quatre recrutements prévus : deux manutentionnaires, un chargé de communication et un commercial qui nous aidera à nous développer sur le marché américain. »
D’autres voient 2017 avec plus de craintes… « Je m’inquiète pour le cours du dollar, qui a un impact sur le coût de l’énergie et sur le prix du gaz que nous utilisons pour faire chauffer nos friteuses géantes », détaille Laurent Cavard, le PDG d’Altho, une entreprise de chips en Bretagne, qui emploie 285 salariés. En 2016, le patron a transformé une petite dizaine de CDD en CDI. L’année 2017 lui permettra-t-elle de faire autant d’heureux ? Pas sûr, avec « la hausse du prix de l’huile — dont le cours est mondial — et la remontée des taux d’intérêt ».
Prudent, Laurent Cavard s’est néanmoins organisé : « Depuis deux ans nous avons beaucoup emprunté pour profiter des taux bas, actuellement nous avons pas mal de trésorerie. » Un matelas qui vise moins à embaucher… qu’à faire face à un coup dur, « comme celui de la crise financière de 2007 ». Bref, concernant l’emploi en 2017, personne n’a de boule de cristal.
LES ECHOS – 03/01/2017
Le retour de l’inflation sera l’un des changements marquants de 2017
Avec la remontée des cours du pétrole, la hausse des prix devrait dépasser 1 % cette année, alors qu’elle a été quasi nulle en 2015 et 2016.
Le pouvoir d’achat des ménages va s’en ressentir, mais l’impact sera limité.
L’inflation nulle ou presque, c’est fini. La hausse des prix devrait retrouver le chemin de la « normalité » en s’élevant au-dessus de 1 % en 2017 en France, si l’on en croit les économistes, alors qu’elle était proche de zéro ces deux dernières années. Ce n’est pas parce que la Banque centrale européenne (BCE) a fait tourner la planche à billets à plein ces dernières années, ni parce que les prix des biens manufacturés ou des services vont s’envoler. Mais du fait de la simple stabilisation des prix de l’énergie par rapport à l’an passé.
La remontée de l’inflation a d’ailleurs déjà commencé. Dans l’Hexagone, les prix ont grimpé de 0,5 % en novembre dernier par rapport au même mois de 2015 alors que les prix baissaient au printemps dernier sur douze mois. En Allemagne aussi, le mouvement est en cours. D’ailleurs, les investisseurs semblent avoir anticipé ce retour de l’inflation puisque les taux d’intérêt sur les marchés ont augmenté ces dernières semaines. La hausse du prix du baril de pétrole depuis un mois, qui se négocie désormais au-dessus de 55 dollars, va soutenir l’indice des prix, tout comme l’affaiblissement récent de l’euro face au dollar va renchérir les importations. « Nous ne quittons pas seulement un monde de taux et d’inflation faibles, nous allons vers un monde où les taux d’intérêt vont converger vers des niveaux plus hauts et l’inflation se rapprocher des objectifs des banques centrales », estiment les économistes d’AXA Investment Managers.
Certes, cette remontée devrait rester modérée dans beaucoup de pays et notamment en France où le chômage reste élevé, c e qui pèse sur les prix. D’autant que la baisse passée du prix du pétrole a tendance à se diffuser lentement à travers l’économie. Il n’y a donc pas de hausse conséquente des prix à prévoir a priori. Mais, même lente, la remontée de l’inflation devrait tout de même avoir des conséquences importantes sur la conjoncture.
Hausse des taux d’intérêt
D’abord sur le pouvoir d’achat. Celui-ci, tiré ces deux dernières années par la faiblesse de l’inflation, va marquer le pas. Les salaires ont peu de chances d’accélérer franchement en 2017, car leur évolution dépend, au moins en partie, de l’inflation passée et de l’importance du sous-emploi. Les prestations sociales, elles, ne seront que peu revalorisées, puisque l’inflation en 2016 a été quasi nulle. La consommation devrait s’en ressentir et moins jouer le rôle de moteur de l’activité que l’an passé, même s’il est probable que les Français puisent un peu dans leur bas de laine pour financer leurs achats. Ils ont en effet augmenté leur épargne l’an passé. Le retour de l’inflation n’en va pas moins peser sur les salaires réels et la demande des ménages.
Patrick Artus, le chef économiste de Natixis, voit aussi un autre risque qui découle du retour de l’inflation, celui de la hausse des taux d’intérêt à long terme. Celle-ci, si elle se poursuivait, pourrait freiner l’investissement et dégrader la solvabilité des emprunteurs. « Si le redressement de l’investissement des entreprises ou en logements n’est pas clair, la hausse des taux d’intérêt à long terme peut compromettre la reprise. Ceci risque d’être le cas en Italie en particulier et aussi en France et en Allemagne », estimait-il dans une étude publiée le mois dernier.
Pour l’instant, les conjoncturistes n’y croient pas car d’autres moteurs existent, tels que les exportations ou encore une politique fiscale moins restrictive dans la zone euro. Et la BCE a l’intention de continuer à mener sa politique ultra-accomodante en 2017.
Guillaume de Calignon
LE FIGARO – 03/01/2017
Les grands rendez-vous de l’économie en 2017
LE SCAN ÉCO – Plusieurs événements rythmeront l’année qui vient de démarrer, sur le front économique. Mise en place du Brexit, COP23, désignation de la ville hôte des Jeux Olympiques de 2024 … sont autant de rendez-vous à ne pas manquer.
2017, c’est parti. Si l’année 2016 a été le théâtre d’événements économiques majeurs tant en France qu’à l’échelle européenne ou internationale: levée des sanctions contre l’Iran, «Brexit», signature du CETA, premier vol commercial entre Cuba et les États-Unis… les douze mois à venir s’annoncent aussi riches. Le Figaro fait un tour d’horizon des dates à entourer en rouge dans vos agendas 2017:
Les «réunions»
- La mise en place du Brexit, censée durer deux ans
Le 28 janvier est attendue la décision de la cour suprême britannique sur l’appel du gouvernement contre l’obligation décrétée par la Haute Cour de Londres de consulter le parlement avant d’entamer la procédure de divorce avec l’Union européenne. Le déclenchement de l’article 50 du traité de Lisbonne qui ouvre les négociations de rupture avec l’Union européenne (UE) devrait intervenir avant la fin du mois de mars. La première ministre britannique sera dans l’obligation de dévoiler ses intentions quant au Brexit.
- La désignation de la ville hôte des JO de 2024
Le 13 septembre, le Comité international olympique (CIO) se réunira en congrès à Lima (Pérou) pour désigner la ville hôte des Jeux Olympiques d’été 2024, entre Los Angeles, Budapest et Paris.«Paris a une candidature très forte», a déjà estimé Thomas Bach, président du CIO. Certains observateurs du monde olympique craignent que la candidature de Los Angeles soit affaiblie par la présidence de Donald Trump.
- L’ONU convoque des négociations pour interdire les armes nucléaires
Le 27 octobre 2016, la première commission Désarmement et sécurité internationale de l’Assemblée générale des Nations Unies (AGNU) a adopté une résolution historique – «Faire avancer les négociations multilatérales sur le désarmement nucléaire» – en vue de parvenir à l’«élimination complète» des armes nucléaires. Cette conférence se tiendra à l’ONU du 27 au 31 mars et du 15 juin au 7 juillet 2017. Cette décision ouvre les portes aux premières négociations multilatérales sur le désarmement nucléaire depuis plus de 20 ans.
- La COP23
Le 6 novembre s’ouvrira la 23e conférence des Nations unies sur le climat. Organisée par les îles Fidji, la conférence se déroulera à Bonn, en Allemagne, pour des raisons logistiques.
- Le dépôt de dossier de la France pour l’exposition universelle de 2025
Autre événement majeur pour Paris et sa région, après l’éléction de la ville hôte des JO de 2024, l’exposition universelle de 2025. Le dépôt de dossier se fera en novembre 2017. Une occasion de plus de faire rayonner Paris mais aussi de la valoriser pour y attirer les talents, les investisseurs et… les touristes étrangers.
Une année électorale…dans les entreprises
- Les élections de TPE
Les salariés des TPE voteront pour élire leurs représentants syndicaux. Les élections débuteront le 30 décembre et clôtureront le 13 janvier. Résultats le 3 février 2018.
Cette année sera aussi une année de campagne électorale pour les grandes centrales syndicales ou patronales qui renouvellent leur dirigeant en 2018. Pierre Gattaz quittera la tête du Medef en juillet 2018, Jean-Claude Mailly celle de Force ouvrière en avril 2018. Le mandat de Laurent Berger à la tête de la CFDT, bien que renouvelable, se terminera aussi en 2018.
Les salons
- Le Consumer electronics show (CES)
L’année sera aussi rythmée par les salons. C’est le Consumer electronics show (CES) qui ouvre le bal du 5 au 8 janvier. Plus de 250 start-up françaises représenteront la French Tech à Las Vegas.
- Le Salon automobile de Detroit
Le prochain salon automobile de Detroit ouvrira ses portes au public du 14 au 22 janvier 2017. Fiat Chrysler ou Porsche ont choisi de faire une croix sur le déplacement. Au rang des présents, on relève notamment la venue de Volkswagen, plus d’un an après le Dieselgate.
- Salon de l’automobile de Genève
Le salon international de l’Automobile de Genève aura lieu du 7 au 19 mars 2017. Toutes les innovations du domaine des transports individuels sont présentées dans ce salon qui attire tous les ans des centaines de milliers de visiteurs. L’occasion de désigner la voiture de l’année 2017.
- Le salon aéronautique du Bourget
Signe de sa notoriété et de l’excellente santé du secteur, les 130.000m2 du plus grand salon aéronautique ont été réservés par plus de 2300 exposants. Au mois de décembre, le salon affichait déjà complet, une première. Cette 52ème édition se déroulera du 19 au 25 juin 2017.
- Le Salon de l’automobile de Francfort
Le dernier Mondial de Paris a été marqué par un nombre record d’absences. Le prochain Salon de Francfort, qui se tiendra du 14 au 24 septembre 2017 pourrait faire pire… Peugeot, Volvo et DS ont confirmé qu’ils ne se rendront pas au rendez-vous. Ces annonces pourraient avoir un effet boule de neige, avec comme conséquence une rentrée moins riche en nouveautés.
Les rendez-vous
- L’exposition internationale de 2017
L’exposition internationale de 2017 ayant pour thème l’ «Energie du futur» se déroulera à Astana au Kazakhstan entre le 10 juin et le 10 septembre 2017.
- La semaine de l’industrie en France
L’industrie aura sa semaine du 20 au 26 mars pour sa 7e édition, avec pour thème cette année, «l’industrie aussi c’est écologique». Le gouvernement a lancé un appel aux entreprises pour qu’elles proposent leurs événements avant le 6 mars prochain.
Les anniversaires
- Les 60 ans du traité de Rome
Le 25 mars, l’Europe célébrera les 60 ans du traité de Rome, qui dans son préambule aspirait à établir «une union sans cesse plus étroite entre les peuples européens». Aujourd’hui, l’Union européenne est secouée par une importante crise identitaire et politique.
- La SNCF fêtera ses 80 ans
Le 31 août prochain, la SNCF célébrera les 80 ans de sa création (le 31 août 1937). Dans le cadre de cet anniversaire, une exposition retraçant l’histoire de la SNCF sera mise en oeuvre dans un train.
::: ENTREPRISES
LES ECHOS – 03/01/2017
Les 4 défis des industriels français pour 2017
Les grandes entreprises tricolores de l’aéronautique ont engagé des programmes de réduction des coûts.
Alors que le suramortissement arrive à échéance, l’évolution de l’investissement productif sera l’enjeu clef de l’année. Les industriels devront aussi encaisser la hausse du pétrole et gérer les incertitudes à l’international.
L’industrie française va-t-elle enfin enclencher la seconde en 2017 ? Alors que l’activité du secteur manufacturier a franchement accéléré en décembre, enregistrant sa progression la plus rapide depuis mai 2011, selon l’indice PMI Markit, c’est désormais la question qui hante les esprits des économistes comme des chefs d’entreprise.
Portée par un « alignement des planètes » très favorable (faiblesse de l’euro, amélioration des marges, prix bas du pétrole), l’industrie française avait connu un bon démarrage en 2016 avant de caler au printemps, pénalisé par les grèves dans les raffineries et des carnets de commandes moins encourageants. 2017 marquera-t-il un virage en la matière ? Tour d’horizon des enjeux qui attendent les industriels pour l’année à venir.
- Relancer l’investissement industriel
Ce sera le grand défi de l’année pour la filière. Si le climat des affaires s’améliore nettement dans l’industrie, avec un indice à son plus haut niveau depuis août 2011, les patrons restent prudents en matière d’investissement. Interrogés cet automne par l’Insee, les chefs d’entreprise du secteur manufacturier anticipaient tout juste une stabilité de leur investissement productif en 2017 (+0 %), après pourtant un joli rebond en 2016 (+5 % contre 2 % l’année précédente). De fait, les entreprises ont cherché l’an dernier à bénéficier de la faiblesse des coûts du capital et du suramortissement fiscal. Un dispositif beaucoup mieux compris par les patrons de PME et d’ETI que le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE).
Reste que le suramortissement va s’arrêter en avril et que l’évolution des taux d’intérêt suscite des interrogations. « La hausse du coût de l’argent est une source d’inquiétude pour 2017 », estime Philippe Darmayan, le président du Groupe des fédérations industrielles. Si l’état d’esprit des patrons a changé, la confiance reste fragile. Les patrons de PME se décident surtout à investir lorsque leur carnet de commandes est plein. Une amélioration du taux de marge joue plutôt sur le moyen-long terme. « Pour un point de taux de marge en plus, on augmente l’investissement de 2 %… à dix ans », estime Mathieu Plane, économiste à l’OFCE. Or l’outil industriel français reste vieillissant et le retard, loin d’être comblé. Au troisième trimestre, l’investissement en biens d’équipement était encore en retrait de 11,5 % par rapport au niveau de début 2008, selon l’OFCE.
- Absorber le rebond du prix du pétrole
S’il apporte une bouffée d’oxygène à Total, à Technip ou à Vallourec, le rebond du prix du baril marque à l’inverse la fin d’une période bénie pour une partie des industriels français. Les chimistes ont, par exemple, bénéficié de prix d’approvisionnement intéressants tout au long de 2016.
Un levier important car le secteur a recours au gaz naturel et au pétrole à la fois comme source d’énergie et comme matière première. A elle seule, la filière absorbe 40 % du gaz naturel et 20 % de l’électricité consommés en France. La faiblesse du baril permet également de doper la consommation en redonnant de la marge de manoeuvre aux ménages. En 2015, la baisse du baril avait été le premier facteur explicatif de la croissance du PIB, selon les économistes.
- Relier salaires et gains de productivité
« L’enjeu pour 2017, c’est aussi de renouer avec une progression des marges, qui ne soit pas corrélée à des facteurs exogènes comme le pétrole ou le CICE, mais à l’amélioration de la productivité en elle-même », estime Denis Ferrand, directeur de COE-Rexecode. Pour l’institut, la déconnexion entre salaires réels et gains de productivité fait peser une menace sur le secteur. L’idéal serait de retrouver une dynamique plus saine parce que autoentretenue. La Chine, où la production manufacturière apparaît moins déflationniste depuis quelques mois, pourrait aider en la matière.
- Surmonter l’attentisme
Le Brexit, les élections présidentielles, l’évolution des taux d’intérêt, l’attitude de l’administration Trump… Autant d’incertitudes susceptibles de pousser les chefs d’entreprise à attendre pour y voir plus clair. Une décision dangereuse alors que l’industrie chinoise s’est juré de monter en gamme et que le digital frappe à la porte des usines.
Emmanuel Grasland
LES ECHOS – 03/01/2017
Les VTC de nouveau appelés à se mobiliser contre Uber le 16 janvier
Les VTC bloquant les accès à l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle le 23 décembre dernier.
Après la trêve des fêtes, les organisations de chauffeurs relancent la contestation contre la plate-forme américaine.
Les organisations de VTC (véhicules de transport avec chauffeur) qui croisent le fer avec Uber depuis la mi-décembre se donnent quelques jours de répit avant de relancer les hostilités.
Pour faire plier la plate-forme américaine qui domine le secteur et obtenir une hausse de leurs revenus, les représentants des chauffeurs avaient initialement annoncé des opérations de filtrage des accès des aéroports parisiens tous les matins à partir du 23 décembre, jusqu’à obtenir satisfaction. Mais une « trêve » pour le week-end de Noël avait été annoncée dès le 23 au soir et avait été étendue dans la foulée jusqu’à début janvier. Comme le confesse Sayah Baaroun, l’un des leaders du mouvement, « le rythme d’une mobilisation quotidienne était difficile à tenir », certains chauffeurs étant pris à la gorge par les charges à acquitter pour la location de leurs véhicules.
Un rassemblement à la Bastille
La reprise du combat contre Uber est désormais prévue pour le 16 janvier. A Paris, les organisations de chauffeurs envisagent un rassemblement de véhicules Place de la Bastille, et non plus Porte Maillot, ce qui aurait des conséquences nettement plus néfastes pour la fluidité de la circulation parisienne.
Les opérations de blocage des aéroports ne seront plus menées qu’en dernier recours, affirme Sayah Baaroun, conscient sans doute que ce type d’actions (et les dérapages qui les accompagnent) étaient susceptibles de braquer l’opinion publique.
La concertation se poursuit
Pendant ce temps-là, les concertations menées par Jacques Rapoport, le médiateur nommé par le gouvernement, se poursuivent, sous la forme de réunions bilatérales. Le discussions portent bien sûr sur la tarification, mais aussi sur les conditions de déconnexion des plate-formes pour les chauffeurs, la protection sociale, et les charges. Jacques Rapoport doit conclure sa mission d’ici au 31 janvier.
De son côté, Uber se dit ouvert au dialogue, d’autant que la condition sine qua non qu’avait posée la plate-forme (la fin des actions violentes) a été remplie. Mais la filiale française de la société basée en Californie semble toujours exclure des concessions sur la tarification. Et elle va désormais s’employer à éviter toute mesure qui la viserait spécifiquement et épargnerait ses concurrents français.
LE FIGARO – 03/01/2017
Baisse historique des recettes dans les hôtels de France
INFO LE FIGARO – Plombé par les marchés de Paris et Nice, le revenu moyen par chambre a chuté de 5,1 % dans le pays.
Les hôteliers se réjouissent d’en avoir fini avec 2016. L’année écoulée a été l’une des pires de l’histoire de la profession. «L’hôtellerie française a connu en 2016 sa plus mauvaise année depuis 2009, analyse Vanguelis Panayotis, président du cabinet MKG Consulting. La chute d’activité est sans précédent à Paris. Comme la région Île-de-France représente 35,6 % du chiffre d’affaires de l’hôtellerie en France, sa dégringolade explique une grande partie du mauvais bilan du secteur.» Ainsi, sur tout le territoire, le taux d’occupation des hôtels a perdu 1,2 point, à 64,2 %. Le prix moyen a cédé 3,3 %, à 87,80 euros hors taxe. Conséquence, le revenu moyen par chambre, indicateur clé de la profession, a chuté de 5,1 % à 56,30 euros. À ce prix, il retrouve son niveau de 2011.
«Malgré ce recul significatif, le secteur fait preuve de résilience dans un contexte difficile, estime Vanguelis Panayotis. D’autres pays, également touchés par des attentats, ont accusé des chutes bien plus importantes.» Selon lui, le taux d’occupation des hôtels a chuté de 11 points en Turquie l’an dernier et de 8 points en Belgique. En 2015, la dégringolade avait été de 12 points en Tunisie.
Le mauvais millésime 2016 en France masque d’importantes disparités, selon l’emplacement des hôtels (Paris ou province) et leur catégorie (de superéconomique à palace). Paris intra-muros souffre le plus: la capitale accuse une chute de 14,6 % du revenu moyen par chambre, à 112,50 euros. La région Paca (Provence-Alpes-Côte d’Azur) est aussi dans le rouge, après l’attentat de Nice du 14 juillet (- 2,8 %). En revanche, le reste de la province va bien (+ 4,4%). «La province a tiré son épingle du jeu, insiste l’expert de MKG Consulting. Elle a confirmé son dynamisme de 2015 et, dans une moindre mesure, profité d’un report d’activité de Paris et de la région Paca. Les grandes agglomérations comme Toulouse, Bordeaux, Lille et Lyon ont aussi bénéficié de l’Euro 2016 en juin.» Lille et Toulouse enregistrent d’ailleurs les meilleures performances de l’année, avec un revenu moyen par chambre en hausse respective de 8,8 % et 8,3 % par rapport à 2015. Bordeaux et Nantes se partagent la troisième marche de ce podium des gagnants de 2016.
L’analyse par catégorie d’hôtels est sans équivoque: les établissements les plus luxueux sont ceux qui ont le plus souffert. D’abord parce qu’ils sont surtout installés à Paris et en Paca. Ensuite, ils attirent plus que les autres une clientèle étrangère. Le recul sans précédent des arrivées de touristes internationaux en Franc a lourdement pesé sur leur activité. Sur l’ensemble de la France, MKG Consulting constate un recul de 9,2 % du revenu moyen par chambre des hôtels haut de gamme. Les établissements superéconomiques (une et deux étoiles) sont les seuls à maintenir leur niveau d’activité (+ 0,3%). 2017 sera forcément meilleure. À moins d’un nouveau drame, la base de comparaison de 2016 étant basse, les chiffres ne peuvent que progresser. «Si la situation ne redresse pas franchement (+ 3 à 4 %) à Paris et en Paca, il faut s’attendre à des défaillances de petits établissements en perte de vitesse depuis les attentats», prévient Vanguelis Panayotis.
Les premiers signes d’un frémissement d’activité depuis septembre partout en France et les bons résultats du 31 décembre à Paris donnent des raisons d’espérer. En France, la clientèle des hôtels est à 70 % une clientèle d’affaires, qui vient du lundi au vendredi. «Les six week-ends de trois jours de 2017, grâce aux jours fériés, auront forcément un mauvais impact», prévient toutefois l’expert.
LE FIGARO – 03/01/2017
Le Printemps signe enfin un accord sur le travail le dimanche
Les volontaires pourront travailler jusqu’à 12 dimanches par an, où ils seront payés double avec une journée de repos compensateur. 120 à 170 recrutements sont prévus.
Et de quatre! Après le BHV Marais en mai, les Galeries Lafayette Haussmann quelques semaines plus tard et Le Bon Marché Rive Gauche fin novembre, Le Printemps est le quatrième (et bon dernier) grand magasin parisien à s’être mis d’accord avec les représentants de son personnel afin d’ouvrir tous les dimanches. Vendredi, l’Unsa a ajouté sa signature à celles de la CGC et de la CFDT au bas de l’accord négocié avec la direction. Ces trois syndicats représentant 42 % des voix aux élections professionnelles. La CGT (45,87 %) n’est pas en mesure de faire valoir un droit d’opposition.
Les volontaires pourront travailler jusqu’à 12 dimanches par an, où ils seront payés double avec une journée de repos compensateur et 60 euros d’aide à la garde d’enfants. Le temps d’organiser l’effectif en fonction des volontaires et de recruter 120 à 170 personnes dédiées au travail de fin de semaine, Le Printemps pourra ouvrir tous les dimanches à partir du printemps… Soit près de deux ans après l’instauration de la loi Macron!
Tous les magasins Printemps en zone ZTI concernés
En août 2015, celle-ci a ouvert la porte: le ministre de l’Économie a créé 18 ZTI (zones touristiques internationales), où l’ouverture est autorisée tous les dimanches… si, et seulement si, les commerçants s’entendent avec les syndicats. Cette condition a viré au cauchemar pour les grands magasins, locomotives de cette libéralisation, surtout boulevard Haussmann, quartier justifiant à lui seul la loi Macron.
Pour arracher, à l’énième tentative, l’accord des syndicats, la direction du Printemps a bénéficié de leur prise de conscience de la nécessité d’ouvrir en même temps que leurs rivaux, alors que les grands magasins du boulevard Haussmann pâtissent de l’effondrement de la fréquentation touristique. Elle a accepté des concessions: l’accord ne concerne pas que le navire amiral parisien, mais tous les Printemps en ZTI, avec ceux de Deauville, Marseille-Terrasses du Port et Cagnes-sur-Mer. Et, dans les magasins ouverts dans le cadre des «dimanches du maire» (12 par an hors ZTI), les salariés bénéficieront aussi des frais de garde.
LE PARISIEN – 03/01/2017
Votre banque va vous coûter 193,80 € cette année
Les frais bancaires sont en hausse de 4,2 % sur deux ans. Un record !
Ce n’est pas une vue de l’esprit. Les frais bancaires pèsent de plus en plus lourd dans le budget quotidien des Français. En moyenne, un client lâchera 193,80 € à sa banque cette année. Un coût en hausse de 1,7 % sur un an et de 4,2 % sur deux ans ! C’est le constat dressé par Panorabanques, un comparateur de tarifs bancaires, dans une étude que « le Parisien »-« Aujourd’hui en France » dévoile en exclusivité*. Sur les 158 banques étudiées, 114 vont coûter plus cher à leurs clients (avec une hausse moyenne de 5,40 €), 9 resteront au même prix et 35 voient leurs tarifs baisser. Le point sur les principaux postes de dépense.
Les frais de tenue de compte. « C’est la principale cause d’augmentation des tarifs bancaires. Près de neuf banques sur dix facturent des frais de tenue de compte à leurs clients », relève Guillaume Clavel, le porte-parole de Panorabanques. 107 établissements les appliquent aujourd’hui, contre 53 en 2013 ! Résultat, selon Panorabanques, chaque client s’acquitte de 18,10 € de frais de tenue de compte par an. Une facture moyenne qui va s’alourdir de 11 % en 2017 ! Et pour quel service supplémentaire ? Aucun. « Ces frais n’existaient pas autrefois et on ne leur trouve pas de raison objective », estime Guillaume Clavel. Ceux qui s’y mettent n’y vont pas de main morte, comme la Banque populaire Rives de Paris, qui va réclamer désormais 30 € par an à ses clients. A l’inverse, quelques établissements font de la résistance, comme les banques en ligne. Quant à Axa Banque, l’établissement fait machine arrière cette année et renonce purement et simplement aux 12 € de frais facturés à ses clients.
Les cartes bancaires. « Sur la période 2013-2017, les cotisations des cartes bancaires ont augmenté de 4,4 %, soit deux fois plus vite que l’inflation », souligne Guillaume Clavel. Les évolutions sont très contrastées. Pour les détenteurs de cartes à débit immédiat, l’addition s’alourdit de 2 % cette année. En revanche, les cartes à débit différé, elles, baissent en moyenne de 0,8 %. « Dans certaines Caisses d’épargne, les cotisations des cartes à débit différé sont désormais moins élevées que celles des cartes à débit immédiat », pointe Guillaume Clavel. La raison ? « La commission reversée par la banque du commerçant à la banque du client est largement supérieure lorsqu’il s’agit d’une carte à débit différé », signale Guillaume Clavel.
Les retraits déplacés. Retirer de l’argent dans un distributeur automatique de billet (DAB) qui n’appartient pas à votre banque coûtera plus cher cette année : 33 établissements durcissent la tarification des retraits dits déplacés en 2017. Attention donc à ne pas glisser votre carte bancaire dans n’importe quel DAB.
Les dépassements de découvert. Certains établissements ont aligné leur commission d’intervention sur le plafond légal de 8 € par opération. Il ne reste plus que six banques au- dessous de ce maximum, dont notamment la Banque postale et le Crédit mutuel Maine Anjou.
*Etude portant sur 196 lignes tarifaires et 348 packages bancaires réalisée par Panorabanques auprès de 158 banques de France métropolitaine représentant plus de 95 % de part de marché. Un profil moyen a été réalisé sur la base des comportements de 102 000 personnes ayant effectué des comparaisons sur le site Internet en 2016.
Boris Cassel
::: SOCIAL
LES ECHOS – 03/01/2017
Maladies chroniques : les médecins tenus d’appliquer le tiers payant
Depuis le 1er janvier, les femmes enceintes et les malades en affection de longue durée (ALD) ne doivent en théorie plus avancer les frais chez leur médecin.
Les patients couverts à 100 % par l’assurance-maladie obligatoire sont désormais dispensés d’avance de frais. Des syndicats de médecins appellent à boycotter le tiers payant complémentaire, non obligatoire.
C’est en novembre que doit entrer en vigueur le tiers payant généralisé, dans tous les cabinets de médecins libéraux. A moins que la droite remporte les élections et supprime cette mesure très impopulaire chez les praticiens. C’est la promesse du candidat Fillon . En attendant que le sort du tiers payant généralisé ne soit tranché, une nouvelle marche vers cet objectif vient d’être franchie : depuis le 1er janvier, les femmes enceintes et les malades en affection de longue durée (ALD) ne doivent en théorie plus avancer les frais chez leur médecin.
Cette étape n’effraie pas les professionnels, car ce sont des soins pris en charge à 100 % par l’assurance-maladie obligatoire : ils n’ont qu’un interlocuteur. La configuration est donc la même que pour les patients protégés par la couverture maladie universelle, intégralement remboursés par la Sécurité sociale, et déjà dispensés d’avance de frais. De plus, avant de devenir un « droit », la possibilité de pratiquer le tiers payant pour les ALD et les femmes enceintes a été encouragée depuis juillet 2016. Du coup, de cette date jusqu’à octobre, la pratique du tiers payant a crû de 3,5 points pour les ALD (73,7 %) et de 4,3 points pour les femmes enceintes (64,5 %).
« Quand les soins sont pris en charge à 100 % par l’assurance-maladie obligatoire, c’est assez facile, surtout si le patient dépend de la caisse primaire de notre département », témoigne Jacques Battistoni, du syndicat de médecins MG France, qui salue les « efforts » de l’Assurance-maladie pour garantir le paiement des médecins, et pour mettre fin rapidement aux dysfonctionnements signalés par les professionnels. Néanmoins, « le tiers payant est risqué pour nous quand le patient est inscrit au régime social des indépendants. Et pour les assurés qui ne sont pas pris en charge à 100 % par la Sécurité sociale, nous recommandons de ne jamais le pratiquer sur la partie complémentaire », ajoute-t-il. Les professionnels sont fondés à mener ce boycott, puisque le Conseil constitutionnel a rendu facultative cette partie du dispositif.
Un numéro unique
A la Mutualité française, on minimise cette attitude : « Cette solution va s’imposer d’elle-même, comme la carte Vitale, qui avait suscité une levée de boucliers à sa création. » L’association, qui regroupe les assureurs complémentaires, a ouvert lundi un numéro unique (08.06.800.206) pour accompagner les médecins qui adoptent le tiers payant complémentaire. Depuis le 1er janvier, les contrats ne bénéficient du label « responsable » et d’une fiscalité réduite qu’à condition pour l’assureur de proposer le tiers payant à ses clients.
::: POLITIQUE
LE MONDE – 03/01/2017
Au PS, une campagne éclair pour une primaire sans favori
Les prétendants ont trois semaines pour convaincre. Une période courte, surtout pour Manuel Valls et Vincent Peillon, tardivement engagés dans la course.
De la difficulté de s’adapter à un calendrier que l’on n’a pas choisi. Quand la direction du Parti socialiste, au printemps 2015, a décidé d’organiser une primaire pour désigner son champion à l’élection présidentielle, l’objectif était en réalité des plus simples : favoriser la candidature de François Hollande et permettre au chef de l’Etat d’affronter une campagne la plus courte possible. M. Hollande ayant depuis renoncé, contre toute attente, les sept candidats de la primaire doivent s’accommoder d’un temps électoral dangereusement court.
C’est ainsi que les quatre prétendants principaux (Benoît Hamon, Arnaud Montebourg, Vincent Peillon et Manuel Valls), après une pause relative imposée par la trêve des confiseurs, se lancent en cette reprise dans un sprint final avant le premier tour de l’élection, le 22 janvier. Trois semaines à peine pour convaincre et populariser leurs propositions. « Cela va très vite, chaque jour compte, comme chaque événement », reconnaît le député Olivier Dussopt, un des porte-parole de M. Valls. « On hérite d’un calendrier très resserré, on n’a pas le choix, on doit faire avec », appuie son collègue Laurent Baumel, partisan de M. Montebourg.
Dès les prochains jours, chaque candidat va donc se démultiplier sur le terrain comme dans les médias, enchaînant émissions spéciales, meetings et déplacements thématiques, entre les trois débats télévisés programmés avant le premier tour, les 12, 15 et 19 janvier.
Mardi 3 janvier, MM. Valls et Peillon vont se livrer une concurrence à distance, en présentant le même jour leurs projets respectifs. L’ancien premier ministre et l’ex-ministre de l’éducation nationale se sont lancés tard dans la primaire, en décembre, quand MM. Hamon et Montebourg, candidats depuis l’été, ont eu le temps de rôder leurs propositions.
Frapper fort et vite
« On est parti tôt, on a pris de l’avance, mais il faut que notre dynamique des dernières semaines de l’année 2016 ne retombe pas en janvier », reconnaît le député Régis Juanico, porte-parole de M. Hamon. « Montebourg a pu avoir le sentiment d’une drôle de campagne, en étant seul candidat pendant longtemps avec Hamon. Pour lui aussi, c’est une forme de redémarrage », explique M. Baumel, alors que l’ancien ministre de l’économie, qui a déjà rendu public son projet, a prévu de faire une nouvelle présentation de ses propositions économiques mercredi.
- Valls, qui a connu un début de campagne mouvementé, avec notamment un enfarinage par un opposant à Strasbourg le 22 décembre, entend frapper fort et vite. « On se serait bien passé de quelques péripéties, mais Manuel Valls ne va pas ralentir, bien au contraire », promet M. Dussopt. L’entourage de l’ancien chef du gouvernement a même annoncé un véritable Blitzkrieg (guerre éclair) pour tenter d’asphyxier ses concurrents.
Un activisme qui provoque l’ironie de ses adversaires. « Est-ce que Valls promet un Blitzkrieg comme Sarkozy avait promis un blast pour la primaire de la droite ? », grince le député Mathieu Hanotin, directeur de campagne de M. Hamon.
L’ancien premier ministre est sans conteste la cible privilégiée des trois autres candidats socialistes. « Valls présente son projet, mais nous, cela fait plusieurs mois que c’est déjà le cas. Quand on veut installer des propositions innovantes, il vaut mieux avoir du temps, sinon on est seulement dans la communication et dans les métaphores guerrières », ajoute M. Hanotin.
« Valls est notre adversaire numéro un dans la primaire. Quelles que soient ses propositions, il est absolument impossible pour lui de solder le quinquennat. Il sera l’homme du bilan, qu’il le veuille ou non, pour le meilleur ou pour le pire », estime M. Baumel. « L’équipe Valls parle de guerre, mais une primaire ce n’est pas la guerre car il faut être capable de rassembler tout le monde après », précise Christophe Pierrel, un des animateurs de la campagne de M. Peillon.
Débats « déterminants »
Contrairement à la primaire de 2011 dont M. Hollande était le favori incontesté après le retrait forcé de Dominique Strauss-Kahn à la suite de l’affaire du Sofitel de New York, les débats télévisés devraient jouer un rôle décisif dans les résultats de l’élection. Chaque candidat a profité de la pause des fêtes de fin d’année pour les préparer. « Les débats vont être très importants, à la fois pour faire connaître les propositions de chacun, mais aussi pour tenter d’accélérer la mobilisation des électeurs », explique M. Juanico.
Alors que la droite a fait venir aux urnes près de quatre millions de Français en novembre, le PS espère au moins en attirer la moitié. « Les trois débats d’avant le premier tour vont être déterminants. S’ils permettent une confrontation de fond pertinente qui illustre les divergences qui traversent la gauche, la mobilisation citoyenne sera importante parce que les Français y verront un intérêt pour trancher entre plusieurs lignes », estime M. Baumel.
Pour le député d’Indre-et-Loire, ce pourrait être surtout l’occasion de faire revenir au bercail socialiste une partie de l’électorat de gauche de plus en plus tentée de voter en 2017 en faveur d’Emmanuel Macron ou de Jean-Luc Mélenchon, tous deux candidats à la présidentielle en dehors de la primaire. « Si les débats sont de qualité, une partie des Français qui regardent en direction de Macron et de Mélenchon pourraient revenir. Et si ces Français reviennent, la primaire sera quoi qu’il arrive un succès », assure M. Baumel.
LE PARISIEN – 03/01/2017
Primaire à gauche : à chaque candidat sa stratégie
Du succès de la primaire de la gauche dépend l’avenir du Parti socialiste. Une faible participation serait un coup très dur à encaisser pour ce parti divisé et sans leadeur incontesté.
Conçue sur mesure, à l’origine, pour François Hollande, la primaire de la gauche (avec quatre candidats PS et trois candidats de partis alliés) se joue dans un délai incroyablement serré. Ses quatre ex-ministres n’ont désormais que trois semaines, d’ici au 1er tour le 22 janvier, pour faire la différence. Un véritable sprint, qui implique pour chacun d’affûter sa stratégie. Et de marquer ses rivaux pour mieux se démarquer.
BENOÎT HAMON. Le rêve d’un scénario à la Fillon
« Nous, nos propositions de fond ont été présentées au cours de conférences de presse successives… » Contrairement à ses trois principaux concurrents, Benoît Hamon n’organisera pas cette semaine de raout pour présenter son projet. Il ira « à la rencontre des Français » pour « montrer sa cohérence et le travail de fond qui a été effectué », vante un proche, tout en raillant « les programmes écrits sur un coin de table ».
Déclaré depuis la mi-août, Hamon mise sur cette avance et sur son ancrage à gauche pour créer la surprise. Ses proches l’assurent : depuis sa participation à « l’Emission politique » de France 2 le 8 décembre et son meeting réussi au gymnase Japy (Paris XIe) le 14, le regard porté sur lui a changé. De là à rêver d’un destin à la Fillon, outsider qui s’est imposé dans la dernière ligne droite de la primaire LR… L’équipe Hamon affiche une prudence de Sioux — « il y a des images à manier avec précaution ». Mais à l’entendre…
« Personne ne pensait jusqu’alors qu’il avait la moindre chance, constate son directeur de campagne, Mathieu Hanotin. Mais les thèmes que Benoît porte sont au cœur des attentes de l’électorat de gauche. » Création d’un revenu universel d’existence, d’un droit inconditionnel au temps partiel, abrogation de la loi Travail…
Ses rivaux ne cachent pas leur scepticisme. « On est dans le temps des impressions, c’est sympa. Mais à un moment, on va rentrer dans la réalité », douche l’entourage de Montebourg, quand celui de Valls persiste à ne voir chez Hamon qu’une « candidature de témoignage ».
Son entourage n’en a cure. « Il doit continuer à surprendre. Montrer qu’aujourd’hui, diriger la France ce n’est pas passer par des figures imposées », estime l’eurodéputé Guillaume Balas, qui se méfie des pronostics : « Personne n’avait vu venir Fillon. Je ne voudrais pas qu’à force de dire que Hamon va créer la surprise, cela n’arrive pas. »
VINCENT PEILLON. La recherche du juste milieu
Lancé le dernier dans la course à la primaire, Vincent Peillon avoue, en privé, dans une boutade, « chercher encore ses électeurs ». Mais s’il s’interroge sur l’espace politique qu’il peut conquérir, l’ancien ministre de l’Education sait parfaitement où il veut se placer dans cette compétition. Entre un Manuel Valls dont il dénonce la brutalité et qu’il qualifie de diviseur — « non, il n’y a pas deux gauches irréconciliables » — et les Montebourg et Hamon à qui il reproche de s’éloigner de la gauche de gouvernement.
Avec pour seul soutien de poids la maire de Paris, Anne Hidalgo, Peillon juge préférable d’énoncer quelques priorités plutôt que de livrer un programme, clés en main, de centaines de pages. Il a donc sélectionné quelques mesures précises qui lui semblent susceptibles de concerner les électeurs. Comme le plafonnement de la taxe d’habitation et un « bouclier fiscal » pour les foyers fiscaux modestes. Ou encore un taux réduit d’imposition pour les PME-PMI.
Selon nos informations, Vincent Peillon devrait aussi faire ce mardi une proposition importante dans le domaine de la dépendance. Pour faire face au vieillissement de la population, le candidat veut promouvoir un « service public des maisons de retraite ». Un plan de construction (sur cinq ans) de 50 000 places devrait permettre d’abaisser le coût des séjours pour les moins riches. Le coût (300 M€ par an) serait supporté par une redistribution de l’APA (allocation personnalisée d’autonomie).
ARNAUD MONTEBOURG.Le pari du redressement de… son image
Arnaud Montebourg a entendu les critiques qui le visaient. Il s’applique désormais à corriger l’image brouillée laissée par sa sortie tapageuse du gouvernement en août 2014 et par sa reconversion de figure de la gauche du PS dans les affaires. « On a souvent glosé sur mon parcours. Il est rectiligne », a-t-il lancé hier depuis son QG de campagne, évoquant même à l’appui sa profession de foi lors de sa première élection aux législatives en 1997.
De même il gomme aujourd’hui les aspects les plus virulents de sa critique du quinquennat de François Hollande : « Je ne l’ai jamais ciblé comme adversaire. C’était une objurgation, qui a été entendue, pour qu’il ne se représente pas. »
L’ancien ministre du Redressement productif, puis de l’Economie, a bâti son programme autour du made in France, demandant notamment que l’on réserve 80 % des commandes publiques aux PME françaises. Par sa posture eurosceptique à l’égard de Bruxelles, Montebourg s’estime le mieux placé pour engager immédiatement, s’il gagne la primaire, des négociations avec Jean-Luc Mélenchon afin… qu’il se retire !
L’ancien député de Saône-et-Loire, qui laboure le terrain depuis des mois, table sur son avance. A l’adresse de Peillon et Valls, il lance : « Pour certains c’est un début, pour moi c’est la dernière ligne droite. » Et s’il souligne ses convergences avec Benoît Hamon, c’est pour mieux souligner le caractère idéaliste du programme de ce dernier, « alors que moi c’est pour gouverner dans cinq mois. »
MANUEL VALLS. La tactique du Blitzkrieg
« Désormais, être à l’écoute c’est apparaître insincère ! » s’étranglait un proche de Manuel Valls avant les fêtes. L’ancien Premier ministre venait de se faire enfariner à Strasbourg (Bas-Rhin), vilipendé pour avoir proposé de supprimer le 49-3 qu’il a pourtant utilisé sans complexe à Matignon. Du miel pour ses rivaux. « Sortir de la posture de Premier ministre pour devenir candidat, cela ne se fait pas en deux jours », savoure ainsi un état-major concurrent.
Valls a retenu la leçon. « Avec la présentation du programme, c’est une nouvelle page qui s’ouvre », assure l’un de ses porte-parole, Philippe Doucet. Ce mardi matin, à la Maison de la Chimie (Paris VIIe), l’ancien chef du gouvernement présentera « un projet qui lui ressemble », certifie un proche, « ancré dans les valeurs républicaines et le social-réformisme ». Son entourage promet « beaucoup de nouvelles propositions », outre celles déjà formulées sur le « revenu décent », la défiscalisation des heures supplémentaires ou la « renaissance démocratique ». Le tout introduit par « un texte très personnel adressé aux Français ».
Mais comment assumer le bilan du tandem Hollande-Valls… sans en porter les boulets ? Sans, non plus, apparaître en Brutus qui aurait contraint le président à renoncer. « Il faut qu’il soit lui-même, qu’il fasse du Valls comme il fait toujours », préconise son directeur de campagne, Didier Guillaume. « Il a entendu le message, il faut qu’il y ait des orientations fortes, abonde Doucet. On n’est plus dans un temps de compromis, de synthèse molle. »
A trois semaines du premier tour, Valls mise sur une campagne éclair, façon Blitzkrieg*. Outre les trois débats, ou sa participation jeudi à «l’Emission politique» de France 2, il compte être sur le terrain « quasiment tous les jours ou tous les deux jours ». Objectif : mobiliser, en martelant que l’élimination du candidat PS dès le premier tour de la présidentielle n’est pas écrite. « Le problème, c’est la gauche Prozac. Il faut gérer le défaitisme, retrouver une gauche qui a envie de se battre », décrypte son porte-parole. Son cauchemar ? L’électeur qui se dirait : « C’est foutu, on se fait plaisir ! »
* Guerre éclair, en allemand.
Philippe Martinat et Pauline Théveniaud
RTL – 03/01/2017
Arnaud Montebourg sur RTL : « Ma première décision, c’est diminuer la CSG »
Arnaud Montebourg était l’invité de RTL le 3 janvier
INVITÉ RTL – Le candidat à la primaire de la gauche affirme qu’il veut faire baisser la Contribution sociale généralisée pour tous les salariés gagnant entre 1 et 1,3 Smic.
C’est l’heure de la rentrée pour tous les candidats à la primaire de la gauche. Arnaud Montebourg, Manuel Valls, Benoît Hamon… Tous doivent présenter leur programme en ce début janvier. Invité de RTL, l’ancien ministre de l’Économie a affirmé qu’il avait « des convictions constantes » et « un même combat » par rapport à la primaire de la gauche de 2011, au cours de laquelle il avait obtenu 17,19%.
Parmi ses volontés premières s’il est élu à l’Élysée en mai prochain, Arnaud Montebourg veut baisser la Contribution sociale généralisée (CSG), un impôt prélevé automatiquement pour permettre de financier la protection sociale. « La première des décisions que je voudrai prendre, c’est d’abord de diminuer la CSG sur tous les salariés qui sont en situation d’être entre 1 Smic et 1,3 Smic, c’est-à-dire jusqu’à 1.500 euros net », annonce-t-il, voulant mettre en avant ce qu’il appelle « les gens n’ayant que leur travail pour vivre ».
Une mesure qui coûterait six milliards d’euros
Arnaud Montebourg veut baisser le taux de prélèvement « que le salarié ne voit pas » de 8% à 1%. « Le gain serait de 102 euros par mois pour une personne qui est au Smic et pour l’année c’est 1.220 euros de gain », explique-t-il au micro de RTL assurant que cette mesure serait dégressive en fonction des revenus. « À 1,3 Smic, la personne gagnerait 50 euros par mois et au-delà il n’y aurait plus de baisse. C’est une mesure destinée à effacer les mesures d’austérité fiscale », détaille-t-il.
Une volonté qui coûterait six milliards d’euros, selon les calculs annoncés par l’ancien pensionnaire de Bercy qui avait démissionné du gouvernement en août 2014.
::: INTERNATIONAL
L’OPINION – 03/01/2017
Visite de Hollande en Irak : « Daech sera battu »
Quelque 1 200 militaires français sont aujourd’hui engagés dans l’opération Chammal.
Les forces françaises soutiennent les forces locales par des frappes aériennes et des vols de reconnaissance
En déplacement en Irak, François Hollande a réaffirmé sa détermination à vaincre l’organisation djihadiste. « Agir contre le terrorisme ici en Irak, c’est aussi prévenir des actes terroristes sur notre propre sol », a souligné le président de la République.
François Hollande était en déplacement en Irak afin de soutenir les troupes françaises. Lundi 2 janvier 2017, il a effectué une visite-éclair à Bagdad pour apporter son soutien aux forces engagées sur le terrain contre l’Etat islamique. Le président de la République a réaffirmé la détermination de la France à vaincre l’organisation djihadiste. A cinq mois de son départ de l’Elysée, le chef de l’Etat français s’est entretenu dans la matinée avec son homologue Fouad Massoum, le Premier ministre Haïdar al Abadi et le président du Parlement Salim al Djabouri, avant de rejoindre Erbil, dans le Kurdistan irakien.
Quelque 1 200 militaires français sont aujourd’hui engagés dans l’opération Chammal qui s’inscrit dans le cadre de la coalition internationale anti-EI dirigée par les Etats-Unis. Les forces françaises apportent notamment un soutien aux forces locales par des frappes aériennes, des vols de reconnaissance et des actions de formation. Quelque 150 militaires français sont en outre déployés depuis septembre dans le cadre de la « task force Wagram », équipée de CAESAR, des camions équipés d’un système d’artillerie.
Chef de guerre. Lors d’une conférence de presse aux côtés de Haïdar al Abadi, François Hollande s’est dit optimiste dans la lutte contre l’EI : « Daech est en recul et Daech sera battu ». Et de poursuivre : « Nous le voyons à Mossoul où la bataille est engagée pour reprendre quartier par quartier cette ville ». La reprise de ce dernier grand bastion de l’EI dans le nord de l’Irak prendra « des semaines », a-t-il ajouté. Un quart de la ville a été repris depuis l’opération de reconquête lancée le 17 octobre par les forces locales, soutenues par la coalition internationale.
Après un mois d’arrêt des combats, les forces irakiennes et kurdes ont repris jeudi dernier leur offensive contre les djihadistes dans plusieurs quartiers du sud-est de la ville, tombée entre les mains de l’EI en juin 2014. « Nous sommes en train de couper la tête du serpent », a déclaré Haïdar al Abadi, qui a estimé la semaine dernière qu’il faudrait trois mois pour en finir avec l’organisation djihadiste. « Nous avons réussi à libérer les villes assez rapidement. (…) Aujourd’hui, grâce à Dieu, nous sommes en train de libérer les dernières zones occupées de Mossoul », a-t-il ajouté.
Les attentats se multiplient. La tension est forte en Irak deux jours après trois attentats à la bombe revendiqués par l’EI qui ont fait près de 30 morts samedi dans la capitale. Sept policiers irakiens ont également été tués dimanche dans l’attaque d’un barrage de sécurité près de Nadjaf, dans le sud du pays, par les djihadistes.
Au moment où François Hollande rencontrait les autorités irakiennes, un nouvel attentat à la voiture piégée faisait 16 morts et plus de 40 blessés lundi sur une place très fréquentée du quartier de Sadr City à Bagdad. S’exprimant après la visite d’une école de formation des forces spéciales irakiennes dans laquelle travaillent une quarantaine de militaires français, François Hollande a espéré une année « de victoire, ici, contre le terrorisme ».
Plus de 1 000 frappes françaises. « Agir contre le terrorisme ici en Irak, c’est aussi prévenir des actes terroristes sur notre propre sol », a-t-il dit. Secouée par une série d’attentats sur son sol depuis janvier 2015, la France a mené plus de 1 000 frappes et détruit quelque 1 700 objectifs en Irak et en Syrie, selon le dernier bilan de l’état-major portant sur l’ensemble des frappes menées depuis le début de Chammal en septembre 2014.
François Hollande, qui avait déjà effectué une visite en Irak en septembre 2014, s’est rendu ensuite à Erbil où deux membres des forces spéciales françaises ont été blessés début octobre par l’explosion d’un drone. Le chef de l’Etat a pris la route sur une quarantaine de kilomètres pour grimper sur une ligne de crête surplombant Mossoul, à une quinzaine de kilomètres en contrebas.
38 tonnes d’aide humanitaire. Accompagné par le président de la région autonome du Kurdistan, Massoud Barzani, il a longuement observé au soleil couchant la zone montagneuse quasi désertique alentours dont une partie était aux mains de l’EI il y a encore quelques mois. « Il n’aurait pas été possible de repousser Daech sans le courage, sans le sacrifice des Peshmergas », a déclaré François Hollande après un entretien avec Massoud Barzani.
Dans cette région qui compte de nombreux camps de réfugiés, le chef de l’Etat a remis 38 tonnes d’aide humanitaire dont cinq tonnes de médicaments transportés dans l’avion présidentiel. Du matériel destiné aux quelque 10 millions de personnes nécessitant une aide humanitaire en Irak pour passer l’hiver.
LE MONDE – 03/01/2017
Les défis économiques qui attendent la zone euro en 2017
Rythmée par des élections, l’année sera surtout politique. Mais la hausse des taux et le retour de l’inflation pourraient fragiliser la croissance.
Triste anniversaire. Il y a dix ans, en 2007, BNP Paribas fermait en panique trois de ses fonds monétaires. Une étincelle qui mit le feu aux marchés financiers, un an avant la chute de la banque américaine Lehman Brothers. La crise des subprimes commençait à peine. Une décennie plus tard, le monde souffre encore des séquelles de la terrible récession qui a suivi. En particulier la zone euro, engluée dans la croissance faible et le chômage élevé.
Les risques pesant sur l’activité dans une zone où la monnaie unique a fait son apparition il y a tout juste quinze ans sont toujours présents. Mais ils ont changé de nature. « Ces prochains mois, ils seront moins économiques et financiers que politiques », résume Nadia Gharbi, économiste chez Pictet. A une nuance près : après des années de taux zéro anesthésiant les investisseurs comme les Etats, la remontée des taux souverains pourrait, elle aussi, charrier son lot de mauvaises surprises.
- Les incertitudes politiques pèseront sur l’investissement
Avec l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis et la victoire du « leave » au Royaume-Uni, 2016 a marqué le grand retour du politique. « Ce n’était peut-être qu’un avant-goût avant de ce qui nous attend en 2017 », prévient Philippe Waechter, chez Natixis AM. Tout au long de l’année, des élections déterminantes auront lieu aux Pays-Bas (en mars), en France (en avril-mai), en Allemagne (à l’automne), et peut-être même en Italie. Chaque fois, les mouvements populistes pourraient y marquer des points. « Ce sera un grand test pour la cohésion de l’union monétaire », estime Maxime Sbaihi, économiste chez Bloomberg Intelligence. Le danger ? « Sûrement pas de voir un pays quitter l’euro », rassure-t-il.
Mais le doute politique pèsera sur l’investissement privé. Et les marchés pourraient réclamer des taux d’intérêt plus élevés aux entreprises et aux Etats. Les finances publiques s’en trouveraient fragilisées. D’autant que s’ajouteront à cela les incertitudes liées aux négociations sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, qui devraient réellement débuter cette année. Sans parler de celles entourant le programme de Donald Trump aux Etats-Unis. Ses promesses protectionnistes, si elles sont appliquées, pourraient nuire au commerce mondial, déjà anémique.
- Le retour de l’inflation va fragiliser le pouvoir d’achat
Hausse des cours du pétrole oblige, les prix vont lentement remonter dans la zone euro. Selon la Banque centrale européenne (BCE), l’inflation devrait passer de 0,2 % en 2016 à 1,2 % en 2017, se rapprochant ainsi doucement de la cible de 2 % de l’institut monétaire. A première vue, c’est une bonne nouvelle : le spectre déflationniste menaçant l’Europe depuis 2013 s’éloigne enfin.
Seulement voilà : en zone euro, la hausse des prix des produits importés, comme le pétrole, ne devrait guère être suivie par une hausse notable des salaires, contrairement à ce que l’on observe aux Etats-Unis. Et ce, parce que le taux de chômage européen frôle toujours les 10 %. « Sur le Vieux Continent, le retour de l’inflation pourrait donc se traduire surtout par une baisse du pouvoir d’achat des ménages, pénalisant la croissance », explique Stéphanie Villers, chef économiste d’Humanis.
- La hausse des taux pourrait pénaliser la zone euro
Le 15 décembre, la Réserve fédérale a relevé ses taux directeurs d’un quart de point, tandis que les taux souverains américains ont commencé à remonter depuis l’été, entraînant dans leur sillage les taux français, allemands et italiens. Le cycle de baisse des taux observée depuis plus d’une décennie touche à sa fin. C’est plutôt une bonne nouvelle car ils étaient tombés trop bas, jugent la plupart des économistes. A condition du moins que la hausse ne s’emballe pas : « En Europe, elle pourrait coûter cher aux Etats les plus fragiles, en particulier l’Italie et le Portugal », prévient Gilles Moëc, chez Bank of America ML.
Pour l’éviter, la BCE a décidé en décembre de prolonger ses rachats de dettes publiques (80 milliards d’euros mensuels) jusqu’à la fin 2017. Mais cela pourrait ne pas suffire : l’outil monétaire n’est plus aussi efficace qu’avant, et la BCE est désormais à court de cartouches. En outre, la remontée des taux américains, qui attire les capitaux vers les Etats-Unis, pourrait fragiliser les pays émergents et, par extension, l’économie mondiale. Seule consolation, si l’on peut dire : la baisse de l’euro face au dollar pourrait se poursuivre, au profit des exportations européennes…
- Les banques italiennes continueront d’inquiéter
C’est désormais certain : l’Etat italien va intervenir pour renflouer Banca Monte dei Paschi di Siena, la quatrième banque du pays, qui inquiète les marchés depuis des mois. Pour ce, Rome a emprunté 20 milliards d’euros sur les marchés en décembre. Une somme qui pourrait également être utilisée pour aider d’autres établissements en difficulté, comme Banca Popolare di Vicenza, Veneto Banca ou Banca Carige.
Mais même après cela, le système bancaire italien, handicapé par 360 milliards d’euros de mauvaises dettes, restera fragile. « Le ménage n’a pas encore été fait dans les petites banques locales, très peu rentables », note Nicolas Véron, spécialiste du sujet au Peterson Institute, un think tank de Washington. Ces faiblesses ne risquent pas de déclencher une nouvelle crise financière majeure. En revanche, les banques en mauvaise forme ne distribuent plus de nouveau crédit aux entreprises cherchant à investir. Cela pèsera pendant des années sur la croissance de la troisième économie de la zone euro – et donc, de ses partenaires commerciaux.
- Les discussions sur la dette grecque vont se poursuivre
Plus personne, en Europe, n’évoque la possibilité d’une sortie grecque de la zone euro, comme à l’été 2015. Pour autant, les discussions tendues entre Athènes et ses créanciers européens devraient se poursuivre tout au long de l’année à venir. Celles-ci achoppent toujours sur le même point : le Fonds monétaire international n’a toujours pas confirmé sa participation au troisième plan d’aide de 86 milliards d’euros accordé au pays à l’été 2015, et l’Allemagne refuse d’en faire plus pour alléger encore la dette publique hellène (180 % du PIB) à long terme.
Si rien ne bouge d’ici là, ce qui est probable, le risque d’un défaut de paiement partiel pourrait resurgir en juillet, lorsque la Grèce devra rembourser 3,9 milliards d’euros à la BCE. De quoi briser la fragile reprise observée depuis quelques mois.
Vous souhaitant une bonne journée.
Cordialement,
Elena NATALITCH
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