::: ILE-DE-FRANCE

LE MONDE – 20/01/2017

Piétonisation des voies sur berge : la région s’alarme d’une aggravation de la pollution

La présidente Les Républicains de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, propose trois scénarios alternatifs de « piétonisation douce ».

La piétonisation des voies sur berge à Paris continue de faire polémique. Jeudi 19 janvier, Valérie Pécresse a rendu public le troisième rapport d’étape du comité d’évaluation régional de la fermeture de la voie Georges-Pompidou, décidée par la mairie de Paris depuis le mois de juillet. Pour la présidente (Les Républicains, LR) de la région Ile-de-France, la décision d’Anne Hidalgo a eu des impacts négatifs sur la qualité de l’air, le trafic routier et la pollution sonore. « Nous n’assistons pas à l’effet d’évaporation attendu : les effets de report sont très importants, allant jusqu’à l’A86 ; les nuisances sonores augmentent, et la pollution de l’air s’aggrave », a-t-elle résumé.

Alors que, lundi 16 janvier, la ville de Paris notait une nouvelle réduction du trafic sur les principaux axes de report, le comité régional installé le 12 septembre 2016 sous l’autorité du professeur Pierre Carli, médecin chef du SAMU de Paris, constate « un impact négatif sur la circulation qui se confirme » en centre-ville, et une augmentation du bruit, « surtout la nuit ». « Pendant la nuit, les augmentations peuvent aller au-delà d’un doublement de l’énergie sonore à certains endroits », insiste-t-il, donnant en exemple le quai de la Mégisserie, où le bruit s’est accru, entre novembre 2015 et novembre 2016, de 3,5 décibels, soit une augmentation de 125 %.

Le comité d’évaluation régional s’alarme surtout d’une détérioration de la qualité de l’air. « Il y a eu plus d’embouteillages en novembre 2016, ce qui produit par conséquent plus de pollution en oxydes d’azote (NOx) et en particules. Cette dégradation constitue une tendance préoccupante. Contrairement à l’objectif affiché par la maire de Paris, la fermeture des voies sur berge n’a pas entraîné d’amélioration de la qualité de l’air », relève-t-il.

Ainsi, entre novembre 2015 et novembre 2016, les émissions induites depuis la fermeture par le ralentissement des voitures auraient augmenté de 53 % pour le NOx et de 49 % pour les particules fines sur les quais hauts ; et, sur le boulevard Saint-Germain, de 18 % pour le NOx et de 15 % pour les particules fines.

Calcul contesté

Ces conclusions sont contestées par les experts. « Ces chiffres reposent sur un calcul théorique et très localisé, établi à partir du volume de trafic. Ce n’est qu’au bout de six mois de fermeture des voies sur berge et de mesures que nous pourrons vraiment évaluer la façon dont évolue la qualité de l’air sur l’ensemble de l’agglomération parisienne, en tenant compte des évolutions météorologiques et de comportements », nuance Airparif, l’observatoire de la qualité de l’air en Ile-de-France qui, à la demande de la région, de la métropole, du Grand Paris et de la ville de Paris a installé, depuis le 15 novembre, près de 80 points de mesure jusqu’en petite couronne, dont un point tous les 300 mètres sur les voies sur berge (quais haut et bas).

Pour l’heure, le seul constat que puisse clairement établir Airparif porte sur la « différence notable » – et somme toute logique – de niveaux de pollution entre la voie Georges-Pompidou, désormais fermée à la circulation automobile, et le quai haut. « Sur les quais bas, les cyclistes et les piétons sont exposés à des niveaux de concentration en dioxyde d’azote 25 % moins importants que sur le trottoir côté Seine des quais hauts. De même, sur le quai haut, les niveaux de pollution sont de l’ordre de 10 % plus faibles sur le trottoir côté Seine, que sur le trottoir côté bâtiments. Ces différences s’expliquent essentiellement par rapport à la distance du trafic routier », note Airparif dans son bulletin de décembre 2016.

Au vu des données mises en avant par le comité régional qui appellent, selon elle, à la « plus grande vigilance », la présidente de la région n’écarte pas la possibilité d’une remise en cause, par le préfet de police de Paris, Michel Cadot, de la piétonisation de la voie Georges-Pompidou, au terme des six mois de test souhaité par celui-ci. Dans cette perspective, elle a présenté jeudi trois scénarios alternatifs « de piétonisation douce », qu’elle entend proposer au comité de suivi mis en place par le préfet.

Alternatives

Ces trois scénarios prévoient tous trois la réintroduction d’une, voire deux voies de circulation, classiques ou apaisées à 30 km/h sur les quais bas. Ils comportent par ailleurs un réaménagement de la voirie sur les quais hauts, avec une voie pour un bus électrique à haut niveau de service et une piste cyclable sécurisée, simple ou double ; le nombre de voies pour les voitures est, quant à lui, maintenu à trois voies classiques dans un scénario et ramené à deux voies apaisées dans les deux autres.

« Nous voulons être constructifs », a insisté Valérie Pécresse en présentant ces scénarios reposant sur une piétonisation « plus douce, plus progressive et plus équilibrée » que le projet de la ville de Paris « pris sans aucune concertation ». « Nous ne sommes pas contre la piétonisation du centre de Paris. Ces projets ont pour principes d’étude moins de circulation, moins d’embouteillages et plus de place pour les piétons, les vélos et les transports en commun », a-t-elle soutenu.

« Le préfet a tenu à ce que soit maintenue sur les quais bas une voie de circulation pour les véhicules de secours. On peut peut-être se servir de cette voie pour délester les quais hauts, à certains moments de la journée et selon les saisons », a, pour sa part, expliqué Fouad Awada, directeur général par intérim de l’Institut d’aménagement et d’urbanisme (IAU) de l’Ile-de-France qui doit, à la demande de la région, enrichir et évaluer ces scénarios d’ici la mi-février.

Une chose est sûre, Valérie Pécresse ne baisse pas la garde. La polémique entre la présidente de la région et la maire de Paris n’est pas prête de s’estomper.

Laetitia Van Eeckhout

 

 

LE FIGARO – 20/01/2017

Voies sur berge piétonnes à Paris: des effets pernicieux

Avec davantage de pollution, de temps de parcours et de niveau sonore, les quais hauts de la rive droite paient le prix fort.

Face aux coups de boutoir de la Mairie de Paris pour l’aménagement des voies sur berge, la région a présenté son troisième rapport d’étape qui, on s’en doute, n’arrive pas aux mêmes conclusions que celles de la ville. Pour élaborer ce rapport, la région a fait appel à deux organismes indépendants, Airparif et l’Institut d’aménagement urbain (IAU). La compilation des données montre que la pollution, le niveau sonore et les temps de parcours sont en nette augmentation. À fin novembre, soit trois mois après le début de l’expérience de la fermeture des voies sur berges, tous les indicateurs sont au rouge. Selon les estimations de l’IAU, la pollution par particules sur les quais hauts rive droite a augmenté en journée de 49% et de 15% sur le boulevard Saint-Germain. Pour l’oxyde d’azote, l’augmentation est de 53% sur les quais hauts et de 18% sur le boulevard Saint-Germain. Sans surprise, la pollution sur les voies sur berge, désormais sans voiture, diminue.

Quant à la pollution sonore, elle augmente en journée de 12% sur le boulevard Saint-Germain et de 25% la nuit. Le quai de la Mégisserie subit, lui, une augmentation de 12% la journée… et de 100% la nuit.

Les restrictions de circulation allongent les temps de parcours, selon le rapport de la région. Entre novembre 2015 et novembre 2016, ils ont augmenté sur les quais hauts de la rive droite de 92% à la pointe du soir et de 87% sur le boulevard Saint-Germain entre 18 et 19 heures. Pour la pointe du matin, la hausse est plus modérée mais reste élevée à 25% pour les quais et 31% pour le boulevard Saint-Germain.

Dans le projet présenté par la Mairie de Paris, Anne Hidalgo a évoqué la création d’un tram-bus en remplacement de la ligne 72 et fonctionnant à double sens sur les quais hauts. La région s’est étonnée de cette proposition qui n’est pas celle qui avait été discutée entre le Syndicat des transports d’Île-de-France et la Mairie. Le projet validé avec un budget de 30 millions d’euros est celui de l’électrification de la ligne 72 passant dans un sens sur la rue de Rivoli et dans l’autre sur les quais hauts.

Solutions alternatives

Par ailleurs, la région tient à revoir entièrement le plan bus, aussi bien à Paris qu’en banlieue. «Pour avoir moins de voitures dans Paris, il faut absolument plus de transports en commun en banlieue», a tenu à rappeler Valérie Pécresse. «Nous ne sommes pas anti-voiture, mais nous sommes pro-voitures propres», a poursuivi la présidente, insistant sur le vote d’un budget de 4 millions d’euros pour aider les artisans à changer de véhicule. La région, qui fait partie du comité de suivi mis en place par la Préfecture de police, propose donc trois solutions alternatives afin d’apaiser le trafic, «des solutions adaptables selon les saisons, été ou hiver et qui devront faire l’objet d’études d’impact». Bref, entre la région et la ville, la mésentente n’est plus cordiale.

François Delétraz

 

 

LE PARISIEN – 20/01/2017

Les propositions de Pécresse pour réduire les bouchons sur les quais

 

La région propose trois scénarios, qui rétablissent au moins une voie de circulation sur les berges, afin de réduire les congestions que connaissent les quais hauts.

Elle se veut « constructive en cette période d’expérimentation ». La présidente de la région, Valérie Pécresse, a présenté ce jeudi trois alternatives à la fermeture des voies sur berges voulue par la mairie de Paris. Des propositions au préfet de Police de Paris, seul décisionnaire en la matière. C’est lui qui décidera, avec Paris, de la suite à donner à l’expérimentation, fin mars. «Nous cherchons des solutions douces et progressives qui limitent les reports de circulation sur d’autres routes et ré-ouvrent le dialogue, précise Fouad Awada, directeur général de l’IAU, l’Institut d’aménagement de la région qui a planché sur le sujet. Il faudrait, comme à Florence en Italie rendre le centre historique piéton mais conserver un axe de contournement. A Paris, cette voie de contournement, ce sont les berges de Seine ».

Ces trois solutions rétablissent au moins une voie de circulation en bas pour décongestionner le haut : « On ne comprend pas bien pourquoi on met la pollution plus près des habitations que des poissons…», soupire Chantal Jouanno, en charge de l’environnement à la région.

Le scénario 1 (voir infographie) veut rendre les quais hauts « apaisés », avec une voie dédiée aux bus, une autre aux vélos, et un trottoir élargi pour les piétons comme un « balcon sur la Seine». Les deux voies restantes reviendraient aux voitures roulant à faible allure. En bas : trottoir élargi pour piétons et vélos et rétablissement d’une file à 50km/h conçue comme un transit ouest-est de Paris, sans échange (entrées ou sorties) avec l’étage supérieur.

Même schéma pour les quais hauts dans le scénario 3. En revanche, il rétablit les deux files de circulation à 50 km/h, conçues là encore comme un transit.

Quant au scénario 2, il apaise le bas avec large trottoir pour piétons et vélos et une voie à faible allure pour les voitures. En haut, trois files sont réservées aux véhicules à 50km/h.

Ces configurations pourraient varier en fonction des saisons, et des opérations spéciales, comme Paris Plage ou Paris Respire.

« C’est du sang et des larmes »

Y a-t-il un des scénarios proposés par la région qui trouve grâce aux yeux de la ville de Paris ? « Aucun », tranche Christophe Najdovski, adjoint EELV, en charge des transports à la mairie de Paris. « Sur la forme, on ne voit pas bien au nom de quoi Mme Pécresse s’exprime. Si elle voulait dialoguer , elle aurait pu nous parler plutôt que de le faire à la presse ».

Quant au fond, l’élu estime que « c’est un projet qui vise à remettre de la circulation automobile sur les berges tout en maintenant une circulation forte sur les quais hauts. C’est du sang et des larmes ». Sur la pollution, Christophe Najdovski s’en remet aux études « scientifiques » d’Airparif et dénonce les conclusions du « comité Theodule » de la région présidé par un médecin « qui n’a aucune compétence en circulation »

Jean-Gabriel BONTINCK et Jila Varoquier

 

 

LE FIGARO – 20/01/2017

L’Île-de-France rêve d’une «Smart Week» regroupant tous les événements de la tech

INFO LE FIGARO – La région voudrait fédérer et regrouper en une semaine les événements consacrés à la tech et aux start-up à Paris.

Futur en Seine, Viva Technology, Digital Marketing Symposium, EuroCloud, Bpifrance Inno Génération, Entreprise Digital Paris, e-commerce Paris… Sans même parler de la Paris Games Week. Les événements dédiés à la high-tech, à l’innovation et aux start-up se succèdent à un rythme effréné à Paris, et à liste n’en finit pas de s’allonger. Ce qui lève quelques interrogations sur l’efficacité de ce calendrier bien chargé. La Région Ile-de-France a bien une idée de réponse: «Nous voulons mettre en place une “Smart Week” en Ile-de-France pour réunir toutes ces manifestations sur une seule et même semaine», explique Jérôme Chartier, premier vice-président de la région, chargé de l’Économie et de l’Emploi.

En regroupant tous ces salons, grands ou petits, sur une période plus courte, Jérôme Chartier estime que «cela permettrait de faire venir à Paris des personnes qui seraient attirées par un rendez-vous important, mais qui ne sont pas disposées à venir plusieurs fois par an». Il lui reste encore le plus difficile à accomplir: convaincre les différents organisateurs que l’union peut faire la force.

Les start-up françaises attirent les investisseurs

Cette idée s’inscrit dans une politique plus large que mène la Région pour encourager l’innovation et le développement sur son territoire. Les initiatives mises en place couvrent une large palette, depuis la facilitation des relations entre les chercheurs et les entreprises, jusqu’à des aides financières (Innov’Up) et le soutien à des incubateurs, comme Creativ’ Vallée au Kremlin Bicêtre, ou le Cargo à Paris, financé à 40% par la Région. «Nous avons aussi un projet de fab lab pour offrir aux entrepreneurs un espace où ils pourront réaliser des prototypes, notamment avec des imprimantes 3D», ajoute Jérôme Chartier, convaincu que c’est un premier pas vers une réindustrialisation du tissu économique local.

Malgré un beau dynamisme dans les autres régions, l’Ile-de-France demeure l’épicentre de la high-tech en France. Elle a encore attiré une large majorité (61%) des investissements en 2016, avec près de 1,7 milliard d’euros levés, contre environ 1,1 milliard dans les autres régions, selon un rapport de Dealroom publié cette semaine. Sur l’ensemble du territoire français, plus de 2,7 milliards d’euros ont été investis dans les start-up l’an dernier, faisant de la France la deuxième destination en Europe, derrière le Royaume-Uni (3,2 milliards d’euros) et désormais devant l’Allemagne (2 milliards).

Carte interactive : http://premium.lefigaro.fr/secteur/high-tech/start-up/2017/01/19/32004-20170119ARTFIG00122-l-ile-de-france-reve-d-une-smart-week-regroupant-tous-les-evenements-de-la-tech.php

 

Elsa Bembaron

 

 

LE PARISIEN – 20/01/2017

Salon du travail : deux jours pour prendre sa carrière en main

La 3e édition du Salon du travail et de la mobilité professionnelle, qui se tiendra les 20 et 21 janvier à Paris, offre les clés pour donner un nouvel élan à sa vie professionnelle.

Trouver un emploi, créer son entreprise, se former, explorer le potentiel des régions ou encore s’expatrier : le Salon du travail et de la mobilité professionnelle, organisé par l’Express, Libération et BFM Business, vise à répondre à l’ensemble des aspirations des visiteurs. « Nous souhaitons les accompagner dans leurs réflexions d’évolution professionnelle », indique Valérie Bruschini, commissaire générale de l’événement.

SIX VILLAGES THÉMATIQUES

Du jeune diplômé au sénior actif en passant par le demandeur d’emploi, tous les profils sont invités à parcourir les six villages thématiques du salon, animés par plus de 250 exposants :

– « Je cherche un job » : pour rencontrer les entreprises qui recrutent et optimiser sa recherche d’emploi.

– « Je me forme » : pour concrétiser son projet de formation ou de reconversion professionnelle.

-« Je découvre l’emploi public » : pour s’informer sur les offres d’emploi, les formations et les concours du secteur public.

– « J’entreprends » : pour créer ou reprendre une entreprise, s’informer sur les aides et les démarches.

– « Je bouge en France » : pour découvrir les opportunités professionnelles en région ainsi que les dispositifs d’accompagnement pour la création et la reprise d’entreprise.

– « J’ose le monde » : pour échanger avec les recruteurs à l’international et préparer son projet de départ.

LES NOUVEAUTÉS DE L’ÉDITION 2017

Plus de 30 conférences et ateliers pratiques seront proposés durant les deux jours du salon. « Pour cette 3e édition, les entreprises présentes vont proposer différentes animations, par exemple un espace de coaching pour rédiger un CV », précise Valérie Bruschini.

D’autres nouveautés sont également au programme, comme le “lab des idées” : quatre débats permettront de s’interroger sur les mutations du monde du travail, en lien avec le numérique ou encore la diversité.

Le salon est également partenaire d’Expolangues, qui se déroulera simultanément sur le même site. « Les personnes intéressées par l’expatriation pourront bénéficier d’informations complémentaires grâce à ce salon centré sur la mobilité internationale », explique Valérie Bruschini. Pour profiter pleinement du salon, il est recommandé de préparer sa visite en consultant l’ensemble des informations utiles sur le site internet : www.salondutravail.fr.

Informations pratiques

Salon du travail et de la mobilité professionnelle : vendredi 20 janvier de 10 h à 18 h et samedi 21 janvier de 10 h à 17 h. Lieu : Grande halle de la Villette 211, avenue Jean-Jaurès, 75019 Paris

Entrée gratuite sur inscription en ligne :www.salondutravail.fr

Plus de 30 000 visiteurs SONT ATTENDUS À LA 9E ÉDITION DU SALON DU TRAVAIL ET DE LA MOBILITÉ PROFESSIONNELLE.

Pour en savoir plus : http://www.leparisien.fr/economie/business/salon-du-travail-deux-jours-pour-prendre-sa-carriere-en-main-16-01-2017-6574293.php

 

 

 

::: ECONOMIE

LE FIGARO – 20/01/2017

L’ultime charge de la Cour des comptes contre la gestion Hollande

L’institution a déjà programmé un audit complet des finances publiques pour juin.

En ce jour d’audience solennelle et de vœux au gouvernement, Didier Migaud avait revêtu la robe noire de magistrat et l’hermine du premier président de la Cour des comptes. L’ex-député PS a profité de l’occasion, et du public de premier choix assis juste devant lui (le premier ministre, les ministres de la Justice, du Budget, de la Fonction publique…), pour fustiger l’attitude des hommes politiques au pouvoir qui ne peuvent s’empêcher de travestir la réalité et d’enjoliver la situation des comptes publics. Le tout dans un discours très bien écrit multipliant les références aux contes de fées et où les «tours de passe-passe» rivalisent avec les «magiciens». Ambiance.

«Aux élixirs d’alchimiste, les magistrats de la Cour des comptes recommandent et continueront de recommander de substituer de vrais remèdes», a martelé Didier Migaud, face à des ministres crispés d’être ainsi rappelés à l’ordre. Certes, le premier président a reconnu «les efforts et progrès intervenus dans les années récentes» – le déficit a baissé de 18 milliards en cinq ans -, mais «nos finances publiques sont encore fragiles et vulnérables». La dette s’est en effet alourdie en 2016, alimentée par un déficit public qui devrait atteindre 3,3 % du PIB. Soit un point de plus que le niveau nécessaire pour stabiliser un fardeau financier qui culminera à 96 % du PIB et qui justifie le maintien de la France, au même titre que la Grèce, le Portugal et l’Espagne, dans le club des pays européens toujours dans le collimateur de Bruxelles pour déficit excessif.

Didier Migaud a aussi dissipé les écrans de fumée dressés par la ministre de la Santé autour des comptes sociaux. Marisol Touraine a beau se féliciter d’avoir «sauvé la Sécu», lui rappelle que «son équilibre n’est pas encore assuré». Pis, les progrès observés résultent selon lui essentiellement de transferts financiers vers l’État! Quant à la bonne surprise annoncée mardi par Bercy – un déficit 2016 inférieur d’un milliard aux dernières prévisions -, «la Cour aura l’occasion de vérifier (…) les conditions dans lesquelles ces résultats ont été obtenus», prévient-il, visiblement sceptique sur le résultat claironné par Michel Sapin.

Défi considérable

À l’orée d’élections cruciales, Didier Migaud ne s’est d’ailleurs pas contenté de régler ses comptes avec les sortants. Il a aussi, et surtout, prévenu les suivants que le redressement des comptes publics sera «un défi considérable». Et ce notamment parce que l’alignement des planètes (de bas taux d’intérêt et de cours de pétrole corrélés à des bons taux de change), dont a bénéficié l’Hexagone ces dernières années pour redresser ses finances publiques, s’est récemment disloqué. Selon Didier Migaud, la baisse des taux d’intérêt depuis 2011 a ainsi fait fondre le déficit… de 40 %.

La réduction de la contribution au budget européen, qui explique aussi le «bon» déficit 2016, est tout autant de l’histoire ancienne. Avec le Brexit, l’écot réglé par la France devrait peser 1,2 milliard de plus, selon le Sénat. Après plusieurs années de gel de leur traitement, les dépenses salariales de la fonction publique devraient également s’envoler en 2017, alourdissant la facture autant en un an que lors des six dernières années.

Au successeur de Bernard Cazeneuve, Didier Migaud conseille enfin de mener moins de réformes et de mieux les évaluer en amont. Et ce afin que la Cour dresse «moins de constats négatifs» à l’avenir. Pour que le futur exécutif parte sur de bonnes bases, il a d’ailleurs déjà programmé un «audit général des finances publiques» qu’il présentera au futur président en juin…

Guillaume Guichard

 

 

LES ECHOS – 20/01/2017

Des pistes de réforme pour améliorer l’orientation post-bac

Près de 4 étudiants sur 10 se réorientent entre la première et la deuxième année d’études supérieures, selon France Stratégie.
L’organisme propose, entre autres, de réformer le bac.

Les lycéens qui veulent poursuivre des études dans l’enseignement supérieur vont pouvoir saisir leurs voeux, dès ce vendredi, sur le portail Admission post-bac (APB). Cette première étape d’inscription court jusqu’au 20 mars, avant l’ouverture de la phase de confirmation des voeux. Mais APB n’est qu’un outil, qui ne règle pas la question de fond de l’orientation. C’est ce que souligne France Stratégie dans une étude récente.

Cet organisme, rattaché à Matignon, a chiffré le « coût collectif » des « accidents de parcours » à « plus de 500 millions d’euros par an, soit le budget de fonctionnement de deux universités de taille moyenne ». Les difficultés « se concentrent » à l’université, selon lui : à peine 40 % des étudiants poursuivent, après une première année d’études en licence, dans la deuxième année de la formation. A cela s’ajoute un taux d’échec important puisque 20 % des étudiants ayant commencé des études supérieures en sortent sans avoir obtenu de diplôme.

Licences professionnelles

France Stratégie y voit le résultat des « fréquentes difficultés d’orientation », avec des étudiants « mal informés sur les choix qui s’offrent à eux ». Un constat problématique au vu de l’explosion attendue des effectifs du supérieur et du « déficit français en matière de compétences ». L’étude rappelle les « résultats médiocres » de l’Hexagone dans les enquêtes internationales (PISA pour les élèves de 15 ans, PIAAC pour les compétences des adultes).

Que faire ? Le « think tank » rattaché à Matignon, qui entend nourrir le débat en vue de l’élection présidentielle, met deux options sur la table. La première vise à créer des parcours intégrés entre le lycée et l’enseignement supérieur. L’idée est de renforcer, à côté des filières sélectives longues, les filières professionnelles de niveau bac +2 et bac +3 et d’en garantir l’accès aux élèves ayant un bac professionnel ou technologique. France Stratégie propose aussi de créer des licences professionnelles en trois ans qui seraient proposées aux bacheliers généraux. Les autres élèves souhaitant poursuivre leurs études dans des formations générales non sélectives de niveau licence devraient passer « un test de positionnement » durant l’année de terminale, pour éventuellement recevoir ensuite un accompagnement renforcé ou une mise à niveau.

L’autre option suggérée par l’étude aboutirait à une transformation profonde du baccalauréat, en permettant aux élèves de se construire un parcours à la carte, à partir de différents modules de formation. Les lycéens suivraient des modules de formation généraux et d’autres, spécialisés, en lien avec les études supérieures envisagées. « Le changement de filière serait facilité », vante France Stratégie. Les lycées deviendraient polyvalents, proposant à la fois des filières générale, technologique et professionnelle. Le bac serait dès lors « validé en contrôle continu », avec un nombre limité d’épreuves terminales.

Dans le supérieur, la première année de licence deviendrait une année de préparation aux études supérieures durant laquelle les étudiants affineraient leurs choix. Cette réforme déboucherait aussi sur la création d’un « corps enseignant commun » aux lycées et aux établissements d’enseignement supérieur « pour mieux assurer la continuité » entre le lycée et le supérieur. Autant de pistes de refonte pour des candidats à l’élection présidentielle qui savent toutefois que le bac est un sujet politiquement très délicat à manier.

Marie-Christine Corbier

 

 

LE FIGARO – 20/01/2017

Les 5 chiffres à retenir sur les salaires des Français

LE SCAN ÉCO – Salaire moyen, différences hommes-femmes, comparaison public-privé, l’Insee a publié ce jeudi une note sur le revenu salarial en 2014.

  • Le salaire moyen annuel

Le revenu salarial annuel, soit la somme de tous les salaires nets perçus par un individu en 2014, atteint 20.670 euros, peut-on lire dans la note de l’Insee sur le revenu salarial en 2014, publiée ce jeudi. Ce revenu progresse de 1% en 2014 en euros constants alors qu’il avait augmenté de 0,7% par an entre 1995 et 2009, puis diminué de 0,3% par an jusqu’en 2013.

  • Les différences entre les plus jeunes et les plus âgés

Les 50-54 ans touchent un revenu salarial annuel (25.367 euros) 3,4 fois plus élevé que celui des moins de 25 ans (7362 euros) en 2014.

  • Les inégalités hommes-femmes

Les femmes perçoivent un revenu salarial inférieur en moyenne de 24% à celui des hommes. En 2014, elles gagnent 17.815 euros annuels contre 23.398 euros annuels pour les hommes. «L’écart de revenu salarial moyen entre femmes et hommes s’explique pour plus des deux tiers par des écarts de salaire en équivalent temps plein et moins d’un tiers par des différences de volume de travail», précise l’Insee. Mais ces écarts diffèrent aussi selon l’âge et le niveau de revenu salarial.

Depuis 2009, le revenu salarial moyen des femmes évolue plus favorablement que celui des hommes.

  • Les cadres et les autres catégories socio-professionnelles

Les cadres sont 2,6 fois mieux payés que les ouvriers et 2,9 fois plus que les employés en 2014. Lorsque les premiers gagnaient 40.455 euros annuels en 2014, les deuxièmes touchaient 15.282 euros et les derniers 13.988 euros. Quant aux diplômés de niveau Bac+3 ou plus, ils percevaient le double des salariés de niveau inférieur au Bac, soit 36.537 euros annuels.

  • Le public versus le privé

En moyenne un salarié du privé gagne 20.152 euros et un salarié du public 22.442 euros. La différence entre le salaire au-dessus duquel se situent 10 % des salaires (D9) et le salaire au-dessus duquel se situent 90 % des salaires (D1) est plus forte dans le privé que dans le public. Plus précisément, le rapport interdécile D9/D1 vaut 16,8 (37.234/ 2218) dans le privé contre 7,8 (36.797/4716) dans le public. La raison? Une plus grande variabilité dans le secteur privé du volume de travail et des salaires ainsi que des périodes de non-emploi (chômage ou inactivité) des salariés du privé.

En 2017, la hausse des salaires est plus marquée dans le public qui suit la moyenne générale que dans le privé (+ 0,6%). Mais depuis 2000, c’était plutôt l’effet contraire qui était observé avec un revenu salarial moyen plutôt stable dans le public et en hausse dans le privé.

Marie Théobald

 

::: ENTREPRISES

LES ECHOS – 20/01/2017

La restauration française cherche un nouveau souffle

Le chiffre d’affaires des restaurateurs a baissé de 4,5 %. A l’heure du Salon professionnel Sirha, qui ouvre à Lyon samedi, l’innovation fait figure de planche de salut.

Bien-être, développement durable, traçabilité, rapidité du service, numérique, réseaux sociaux : aux dires des professionnels et des experts du secteur, ces quelques mots clefs sont au coeur de la restauration gagnante d’aujourd’hui et de demain alors que s’ouvre ce samedi, à Lyon, le Sirha, la grand-messe sectorielle présentée par ses organisateurs comme « le rendez-vous mondial de la restauration et de l’hôtellerie ».

Pour les restaurateurs français, il intervient après une année 2016 pour le moins complexe dans un contexte de menace terroriste ravivée par la tuerie de Nice , de lente sortie de crise, sans parler des incidences des mouvements sociaux ou même des inondations. Le groupement patronal GNI, qui vient de publier sa dernière note de ­conjoncture trimestrielle, fait état d’une baisse du chiffre d’affaires des restaurateurs de l’ordre de 4,5 % en moyenne sur l’ensemble de l’année. Une tendance amorcée quand le secteur avait plongé au quatrième 2015, à la suite des attentats du 13 novembre .

Frémissement à Paris

A la fin 2016, le GNI relève cependant un moindre repli de l’activité, avec une baisse de 1 % au ­quatrième trimestre. Il est particulièrement tangible à Paris où les brasseries ont été sévèrement affectées par la chute du ­tourisme international. Outre un effet de base favorable, les professionnels constatent un ­frémissement de reprise de la fréquentation, y compris de visiteurs étrangers. Ceci étant, le GNI sou­ligne que le chiffre d’affaires des ­restaurateurs franciliens se maintient à un niveau « exceptionnellement bas » au quatrième trimestre 2016, rapportés aux « résultats catastrophiques » observés un an auparavant. La baisse était alors de l’ordre de 20 %.

Autre note positive toutefois : le groupe d’études NPD, qui s’appuie sur un panel de consommateurs, a communiqué jeudi des données attestant d’un « retour de la croissance après trois années consécutives de recul » du marché de la restauration hors domicile. Tous segments confondus, la fréquentation a progressé de 0,4 % sur douze mois à la fin novembre, la dépense moyenne augmentant de 0,3 %, à 5,50 euros, d’où un total de dépenses estimé à 54,6 milliards d’euros. Sur cette même période, la fréquentation croît de 1,2 % dans la restauration rapide, et ne baisse plus que de 0,4 % pour la restauration à table.

Campagne de communication

Néanmoins, signe des temps, le ministère de l’Economie lancera début mars une grande campagne de communication en faveur du secteur, indique l’Umih, la principale organisation patronale de l’hôtellerie-restauration.

« Le marché se stabilise mais on n’a pas retrouvé le niveau de 2014 », observe le président de sa branche restaurateurs, Hubert Jan, avant d’insister sur le « distinguo Paris-province ».

Le dynamisme de certaines ­chaînes – comme Au Bureau (99 pubs brasseries, +6,5 % de croissance à base comparable en 2016), ou l’expansion express d’une enseigne comme Burger King – ne doit pas masquer les difficultés des autres et les disparités selon les villes ou les modèles de restauration. « La situation reste difficile à Paris, comme pour d’autres villes, alors que l’axe Bordeaux-Lyon fonctionne bien », constate ainsi le directeur général de Groupe Flo.

Christophe Palierse

 

 

LE PARISIEN – 20/01/2017

Pourquoi votre facture d’électricité va grimper au 1er août

 

Ce « péage » est destiné aux deux gestionnaires du réseau, à savoir RTE pour le transport (les lignes hautes tensions),

et Enedis (ex-ErDF) pour la distribution (les moyennes et basse tension), tous deux filiales à 100% d’EDF.

À compter du 1er août, les consommateurs subiront une hausse de leur facture d’électricité de 2%, du fait d’une revalorisation du TURPE de 2,71%. Explications. 

C‘est une simple ligne sur la facture d’électricité, que reçoivent chaque mois les 35 millions de ménages français. Le TURPE, ou Tarif d’utilisation des réseaux publics d’électricité, contribue pourtant à faire augmenter régulièrement les prix de l’électricité. Ainsi, à compter du 1er août prochain, les consommateurs subiront une hausse de la facture de 2%, du fait d’une revalorisation du TURPE de 2,71%. Sans compter évidemment l’augmentation à prévoir des autres taxes (TVA, CSPE…), ainsi que des coûts de production.

Un «péage» reversé aux deux gestionnaires du réseau

De quoi s’agit-il ? Le TURPE est en fait le tarif dont s’acquittent l’ensemble des fournisseurs d’électricité (EDF évidemment, mais également tous les alternatifs comme Engie ou Direct Energie) via les factures qu’ils envoient à leurs clients, pour que l’électricité produite dans leurs centrales, ou achetée sur le marché de gros, ait le droit de circuler sur le réseau de transport. Un péage en quelque sorte, qui représente un tiers de la facture des ménages. Il est reversé aux deux gestionnaires du réseau, à savoir RTE pour le transport (les lignes hautes tensions), et Enedis (ex-ErDF) pour la distribution (les moyennes et basse tension), tous deux filiales à 100% d’EDF.

Une quinzaine d’euros en moyenne sur la facture 

2%, c’est une quinzaine d’euros en moyenne sur la facture annuelle d’électricité d’un ménage, pour ce péage. Cela vous semble beaucoup ? Cela aurait pu être bien plus. Depuis plusieurs mois, à la demande d’EDF, la ministre de l’Énergie, Ségolène Royal, bataillait en effet avec la Commission de régulation de l’Energie (CRE) pour porter l’augmentation du TURPE à 3%. Soit 22 euros supplémentaires, et non plus 15 euros sur la facture de ce même ménage. Sauf que c’est bien à la CRE que revient la tâche de fixer tous les quatre ans le montant du TURPE, depuis la création de ce tarif en 2000.

Il se calcule en fonction des charges d’exploitation, de développement et d’entretien des deux gestionnaires du réseau. Enedis notamment, aurait fait ses comptes. Il lui manquerait 3 milliards d’euros sur la période pour couvrir ses besoins prévisionnels d’investissements. L’entreprise met en avant les nombreux chantiers auxquels elle doit faire face : raccorder au réseau les nouvelles installations renouvelables (plus de 2 000 mégawatts par an pour l’éolien), et développer les infrastructures pour accueillir 7 millions de véhicules électriques. Sauf que le gendarme de l’énergie répond qu’Enedis a versé à sa maison-mère EDF 500 millions de dividendes annuelles sur la période 2013-2015. Ségolène Royal ne veut pourtant rien entendre. Et est allée jusqu’à s’opposer à une première délibération de la CRE, le 17 novembre dernier, au prétexte que le montant proposé ne prenait pas suffisamment en compte la transition énergétique. En demandant au gendarme de l’énergie de revoir sa copie.

«Un tarif qui préserve le pouvoir d’achat des consommateurs»

La CRE, dont le mandat de son président, Philippe de Ladoucette, s’achève le 7 février prochain, a pourtant décidé de tenir tête à la ministre. Estimant que le TURPE ne peut pas augmenter indéfiniment, rejoignant ainsi les associations de consommateurs, elle a publié, ce jeudi 19 janvier, une nouvelle délibération où elle maintient sa proposition initiale. Ce sera donc bien une hausse de 2,71% du TURPE, qui se traduira par une hausse moyenne de 2% sur la facture, et rien de plus. «Un tarif qui prend en compte les enjeux de la transition énergétique et préserve le pouvoir d’achat des consommateurs» indique un communiqué de la CRE qui accompagne sa délibération. La législation donnant à la CRE le dernier mot, c’est bien cette seconde délibération qui détermine des tarifs à venir pour le TURPE. N’en déplaise à Ségolène Royal. Contacté par notre journal, le ministère de l’Énergie n’a pas répondu à nos sollicitations.

EN SAVOIR PLUS / EDF veut fermer ses 77 agences d’ici à 2019 : http://www.leparisien.fr/economie/pourquoi-votre-facture-d-electricite-va-grimper-au-1er-aout-19-01-2017-6590943.php

Erwan Benezet

 

 

LE FIGARO – 20/01/2017

Michelin révolutionne son dialogue social

INFO LE FIGARO – Pour améliorer sa compétitivité, l’industriel incite les salariés d’une usine à bâtir des pactes d’avenir innovants.

Et de trois! Ce vendredi, le groupe Michelin signe un nouveau pacte d’avenir engageant, après celles de Roanne et la Roche-sur-Yon, son usine de Vannes. Un tel pacte n’a pas d’existence juridique: sa valeur est purement symbolique mais il est pris très au sérieux chez Michelin. «Quand j’ai pris mon poste en 2013, on m’a dit que pour que Michelin conserve son empreinte industrielle en France, les sites allaient devoir monter en compétitivité, explique Rémi de Verdilhac, le patron de Michelin France. Mais cela ne se décrète pas. Nous avons donc réfléchi à ces accords du troisième type, fondés sur la confiance, la responsabilisation de chacun et la conviction que les salariés se préoccuperont bien des clients uniquement si Michelin se préoccupe d’eux.»

À Vannes, le groupe s’engage à investir 22 millions d’euros sur cinq ans dans l’usine qui fabrique des câbles pour pneus poids lourds, afin de lui permettre de monter en gamme. En face, les salariés ont planché pendant une année pour définir une nouvelle organisation de travail qui améliorera la compétitivité du site et fera baisser son coût de production. Michelin a fixé l’objectif d’une réduction de 120 postes d’ici à 2021, sur les 450 actuels, mais s’engage à ne procéder à aucun départ contraint.

La CGT ne signe pas

Sur le papier, la célébration hommage au dialogue social renouvelé du XXIe siècle s’annonçait parfaite… Sauf que le premier syndicat du site, la CGT (60 % des suffrages) a décidé de ne pas parapher le texte final. «Au final, le pacte est une application de l’accord 35 heures de 2001, que nous n’avions pas signé. Comme il n’y a pas d’amélioration, il est logique de ne pas le signer non plus, même si on est bien conscient que le statu quo n’était pas une option», justifie Éric Boisgard, le délégué CGT. «Vu tout le travail que nous avons accompli avec la CGT depuis un an, c’est déjà une réussite, même si j’aurais bien sûr préféré que tous les syndicats signent», veut dédramatiser le directeur de l’usine, Bertrand de Solages. Il peut se consoler avec l’adhésion de l’Unsa (23 %) et de la CFE-CGC (12 %).

En 2016, le projet aura profondément marqué le site. L’ensemble des salariés y ont consacré au total 1200 journées de travail, à raison de deux heures de réunion en groupe thématique par semaine. «Les suggestions des équipes ont été écoutées. Par exemple sur le temps de travail, nous avons retenu l’organisation demandée par la majorité des employés, que je n’aurais pas choisie spontanément», avance Bertrand de Solages. «Il ne s’agit pas d’une démarche de cogestion, tient toutefois à préciser Rémi de Verdilhac. On ne demande pas l’avis du personnel sur les questions de repositionnement stratégique. Elles sont de notre responsabilité.» La comparaison avec le modèle allemand s’arrête donc là.

Pour Étienne Forcioli, président du cabinet Plein Sens qui a accompagné le projet, «la nouveauté technique réside dans ce dialogue social hors instance, où tous les syndicats ont participé. Mais la rupture la plus forte est la transparence sur les informations. Pour les managers, qui ont l’habitude d’avoir toujours un temps d’avance, ce n’est pas évident.» Malgré les difficultés, Michelin y croit. En 2017, deux nouveaux sites français du groupe vont réfléchir à leur propre pacte d’avenir…

Le site de Vannes

  • Création: 1953
  • Effectifs: 450 salariés en CDI et 50 en CDD
  • Superficie: 50 000 m² de bâtiments sur 15 ha de terrain
  • Production: 18 000 tonnes par an de câbles métalliques qui constituent le «squelette» des pneus poids lourds
  • Spécificité: un pneu poids lourds sur cinq vendus par Michelin dans
    le monde contient un produit fabriqué dans l’usine

Anne de Guigné

 

 

LA TRIBUNE – 20/01/2017

Pourquoi Safran a enfin pu mettre la main sur Zodiac

 

Le directeur général de Safran Philippe Petitcolin et le président du conseil d’administration Ross McInnes ont été les artisans du rachat de Zodiac

 

Après un échec en 2010, Safran va enfin racheter Zodiac qu’il n’a jamais cessé de convoiter. Pourquoi cela a marché cette fois-ci ? Quatre raisons à cela : la méthode, l’environnement aéronautique, Zodiac et Safran ont changé depuis six ans.

Safran a annoncé jeudi le lancement d’une offre publique amicale (OPA) visant Zodiac Aerospace, qui donnera naissance à un nouveau géant de l’aéronautique avec un chiffre d’affaires de plus de 21 milliards d’euros. Le nouveau groupe emploiera 92.000 personnes (dont plus de 45.000 en France) et sera présent dans plus de 60 pays. Avec cette acquisition, Safran va devenir le numéro trois du secteur, hors constructeurs d’avions :

Nous allons créer « un leader mondial (…) derrière (les américains) UTC et General Electric, mais très proche, et dans les équipements un chiffre d’affaires de 10 milliards qui va nous situer au deuxième rang mondial », s’est félicité  le directeur général de Safran, Philippe Petitcolin. « Nous créons une combinaison de deux leaders sur leurs marchés respectifs », a-t-il précisé en qualifiant l’opération d' »opportunité unique » pour Safran qui se recentre sur son cœur de métier Aéronautique et Défense.

Dans un communiqué, le chef de l’État François Hollande a salué un rapprochement qui crée « un leader français de niveau mondial dans l’industrie aéronautique ». Actionnaire à hauteur de 14% de Safran, l’Etat « restera le premier actionnaire du groupe fusionné », a précisé François Hollande.

Une question de confiance

« Nous avons réussi là où c’était impossible il y a six ans », a confié à la Tribune le président du conseil d’administration Ross McInnes, ravi de cette opération. Tout est résumé dans cette petite confidence. Si les actionnaires de Zodiac ont accepté cette fois-ci la proposition de rapprochement avec Safran, cela n’avait pas été le cas en 2010 quand l’équipementier alors présidé par Jean-Paul Herteman, mal conseillé par son banquier-conseil, avaient été vertement éconduit par le spécialiste des cabines d’avions. Clairement, « le courant n’est pas passé » entre des actionnaires familiaux attachés à leur entreprise et l’ancien direction de Safran qui ne l’a pas compris, a expliqué le président du conseil de surveillance, Didier Domange.

Pourquoi un tel changement d’attitude? « Nous sommes très heureux de cette opération qui est bonne pour l’ensemble des parties prenantes, bonne pour les actionnaires, l’entreprise, les salariés et les clients », a estimé le président du directoire de Zodiac Aerospace, Olivier Zarrouati. D’autant que l’opération annoncée jeudi matin porte sur l’ensemble du périmètre de Zodiac, contrairement à la première fois où, semble-t-il, Safran convoitait qu’une partie de sa cible. « A l’époque, Safran était arrivé comme des éléphants dans un magasin de porcelaine », explique-t-on en outre à La Tribune.

Et les actionnaires de Zodiac? Pour Didier Domange, dont la famille possède 10,84% du capital de Zodiac, « la méthode a changé. Nous avons eu avec Ross (McInnes) et Philippe (Petitcolin) un dialogue loyal, ouvert, respectueux, professionnel, un dialogue d’industriels (…) Ensuite parce que la proposition de Safran a changé. Elle donne à nos actionnaires la plein valeur économique de leurs actifs (…) Elle permet aux actionnaires de référence de Zodiac, familles et associés de FFP (famille Peugeot, ndlr) et FSP (Fonds Stratégique de Participations, soutenu par six assureurs majeurs en France, Ndlr), de continuer l’aventure au sein du groupe Safran, comme actionnaires de long terme, engagés à le rester et impliqués dans sa gouvernance aux côté de l’État avec qui nous allons signer un pacte de stabilité pour donner au groupe issu de la fusion le socle stable et motivé d’actionnaires qu’il mérite ».

L’environnement aéronautique

Si la course à la taille pour répondre à la baisse des prix imposée par les avionneurs ne date pas d’hier, l’environnement aéronautique accentue aujourd’hui plus qu’hier cette tendance qui pousse les équipementiers à se regrouper rapidement. Avec l’absence de nouveaux programmes d’avions et de la faiblesse du prix du carburant qui n’incite pas les compagnies aériennes à commander des appareils neufs, les constructeurs d’avions cherchent davantage à se différencier par une baisse des prix des avions. Ne voulant pas sacrifier leurs marges, ils accentuent la pression sur les prix des achats commandés aux équipementiers, lesquels n’ont pas d’autres choix que de se regrouper pour pouvoir absorber la baisse des prix.

En octobre dernier, Rockwell Collins, spécialisée dans l’avionique et les technologies de l’information, avait ouvert la voie en rachetant son compatriote américain B/E Aerospace, spécialiste des cabines d’avion pour 8,3 milliards de dollars. Voir l’un de ses concurrents s’adosser à un gros équipementier a forcément mis la pression sur les familles détentrices de 11% du capital.

Les difficultés industrielles de Zodiac

Les difficultés de Zodiac ont évidemment pesé dans la balance. Avec les énormes déboires industriels rencontrées depuis deux ans dans son activité de fabrication de sièges d’avion qui ont conduit à des retards importants de livraisons à Airbus et Boeing, Zodiac est aujourd’hui un équipementier affaibli et ne présente plus comme en 2010 le visage une entreprise flamboyante et robuste. La perte de contrôle sur la production observée a montré le manque de préparation de la capacité industrielle de Zodiac à suivre les hausses de cadences imposées par les avionneurs.S’en est suivie une dégringolade du cours de Bourse,  avec un titre qui dépassait de 35 euros en mars 2015 avant que ne soient dévoilés au grand jour le dérapage industriel à un peu plus de 14 euros en février 2016, avant de remonter depuis au dessus des 20 euros avec la mise en place de mesures pour redresser la situation. Le déploiement l’an dernier de son plan Focus de retour à la performance opérationnelle a commencé à porter ses fruits. Pour autant, l’application de ce plan de transformation industrielle qui aurait dû être lancé bien plus tôt risque de reléguer de facto au deuxième rang les efforts de transformation digitale dans lesquelles l’ensemble du secteur est plongé. Face à cette bête blessée, Safran a eu le tact de ne pas jouer les gros bras. En ne mettant pas, selon Zodiac, ces difficultés en tête des sujets à traiter.

Safran a changé

« Au-delà des questions de personnes, le Safran d’aujourd’hui est différent de celui il y a six ans », a estimé Ross McInnes. A l’époque, Safran devait résoudre les problèmes posés par l’intégration des activités de Sagem, a-t-il rappelé. Par ailleurs, le président du conseil d’administration a fait observer que le cours de bourse de Safran a doublé par rapport à cette époque. Ce qui lui confère de la puissance, de la sérénité et de la stabilité. Enfin Ross McInnes et Philippe Petitcolin ont amené une discipline financière très exigeante. Ce qui va rassurer les actionnaires familiaux de Zodiac.

Le duo à la tête de Safran n’a d’ailleurs pas hésité à se séparer d’une activité jugée « prometteuse », selon Philippe Petitcolin, estimant qu’elle pourrait mieux se développer en dehors du groupe. Dès son arrivée dans le fauteuil de directeur général, il avait déjà en tête une telle cible, Zodiac en faisait partie. Quels sont les critères d’acquisition de Safran ? La cible doit être un fournisseur de rang 1, présente dans la haute technologie et avoir une activité services développée. « L’acquisition de Zodiac coche toutes les cases », a avoué Philippe Petitcolin.

Michel Cabirol et Fabrice Gliszczynski  

 

 

LES ECHOS – 20/01/2017

Armement : nouveau record à l’exportation en 2016 pour la France

 

Après des débuts difficiles à l’export, le Rafale de Dassault avait trouvé pour la première fois preneur en 2015 au Qatar et en Egypte,

avant la conclusion, en septembre dernier d’un contrat d’achat par l’Inde de 36 appareils.

La France a battu un nouveau record l’année passée avec des commandes de 20 milliards d’euros.

Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, n’a pas boudé son plaisir à l’occasion de la cérémonie des voeux aux armées pour 2017. Il a pu se prévaloir d’un nouveau record pour l’exportation française d’armements au cours de l’année écoulée avec 20 milliards d’euros de commandes grâce à la vente à l’Inde du chasseur Rafale et au mégacontrat conclu avec l’Australie pour des sous-marins. En 2015, ces exportations – mesurées en prises de commandes – avaient déjà atteint quelque 17 milliards d’euros en 2015, grâce aux premiers contrats de vente du chasseur Rafale à l’étranger, soit plus du double de l’année précédente. «  En 2015, nous avons réalisé le chiffre historique de 17 milliards d’euros d’exportations. Pour 2016, le bilan n’est pas encore consolidé, mais nous avons atteint un nouveau sommet avec plus de 20 milliards d’euros de prises de commandes », a déclaré le ministre.

Ces ventes record sont dues à «  de nouveaux succès à l’exportation », a souligné Jean-Yves Le Drian. «  Je pense aux Rafale, je pense à la conclusion du plus grand contrat de l’histoire de l’export français avec l’Australie », a-t-il ajouté.

Contrat de près de 40 milliards de dollars pour DCNS

Au terme de longues négociations, l’Inde a conclu en septembre l’achat de 36 avions de combat Rafale, fabriqué par le groupe Dassault. Après des débuts difficiles à l’exportation, le Rafale avait trouvé pour la première fois preneur en 2015 au Qatar et en Egypte. Chaque pays avait acquis 24 appareils. Autre succès : le choix par l’Australie du constructeur français DCNS pour renouveler sa flotte de sous-marins, un contrat géant de près de 40 milliards de dollars américains pour la construction de 12 submersibles. «  Notre équipe, votre équipe a créé des dizaines de milliers d’emplois en France et continue en même temps à garantir l’autonomie stratégique et l’indépendance de notre pays », s’est félicité Jean-Yves Le Drian.

La «  qualité des matériels français » et leur emploi par l’armée nationale sur les théâtres d’opérations extérieurs jouent un rôle clef dans ces succès à l’exportation, estime le ministère.

La France est engagée avec ses chasseurs Rafale et Mirage dans les opérations aériennes de la coalition internationale contre le groupe Etat islamique en Irak et en Syrie. Elle conduit aussi une opération antiterroriste (Barkhane) dans cinq pays du Sahel.

Marie-José Cougard

 

::: SOCIAL

LE PARISIEN – 20/01/2017

Divorce : la CAF va recouvrer les pensions alimentaires impayées

 

Une vingtaine de CAF et des centaines d’agents vont être mobilisés pour faire fonctionner la nouvelle agence de recouvrement des pensions alimentaires impayées.

La ministre des Familles Laurence Rossignol inaugure ce vendredi à Guyancourt (Yvelines) l’Agence nationale de recouvrement des pensions alimentaires impayées (ARIPA), alors qu’on estime que 30 ou 40% des pensions restent en souffrance.

Quelque 100.000 familles monoparentales seraient concernées, selon le ministère de la Santé. Généralisée depuis le 1er avril 2016 après une période de tests, le dispositif de garantie des pensions alimentaires impayées (Gipa) va désormais disposer d’une agence dédiée, lancée ce vendredi par la ministre des Familles Laurence Rossignol.

Création de la loi sur l’égalité homme-femme d’août 2014, L’ARIPA (agence de recouvrement des impayés de pension alimentaire) a vocation à «réduire la pauvreté des foyers monoparentaux», composés à 85% de femmes selon les dernières statistiques de la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf). Pour les personnes concernées, la pension alimentaire ou «contribution à l’entretien et l’éducation des enfants» (CEEE) porte bien son nom puisqu’elle représenterait pas moins de 20% des revenus du foyer.

Malgré tout, les parents en difficulté tardent trop à se faire aider pour obtenir gain de cause, comme le soulignait auprès du Parisien Frédéric Marinacce, directeur des politiques familiales et sociales à la Cnaf, en septembre dernier : «le montant moyen de l’impayé au moment de la demande est de 5 000 €», tandis qu’au total, «l’encourt des créances s’élève actuellement à 85 millions d’euros !».

Éviter les confrontations en cas de violences

Le dispositif consiste notamment à verser un complément de pension, «l’allocation de soutien familial» (ASF) pour pallier la défaillance de l’ex-conjoint qui ne respecte pas, ou irrégulièrement ses obligations financières La pension minimale, aide comprise, doit atteindre la somme de 104,75 € par enfant. «Par exemple, pour une pension fixée à 54 euros, la Caf versera alors 50 euros par mois et enfant», indique la CAF sur son site. Ceci même si le parent défaillant est à l’étranger.

L’ARIPA entend par ailleurs renforcer les moyens de recouvrement des pensions, notamment dans le cas où l’un des ex-conjoints serait victime de violences ou de menaces, en évitant tout contact direct entre les parties en présence. «L’objectif, c’est de faire écran et d’éviter toute nouvelle confrontation entre les parents», expliquait déjà, mercredi, une spécialiste au Parisien. Ses agents, répartis dans une vingtaine de Caisse d’allocations familiales (ainsi qu’une mutualité sociale agricole), ont aussi la mission de récupérer les pensions impayées.

Pour cela, elle engagera une action à l’amiable et, si elle échoue, un recours auprès de l’employeur et/ou de la Banque de France pour une saisie sur salaire ou sur compte bancaire. Les caisses peuvent ainsi récupérer jusqu’à deux ans d’arriérés.

«Le non-paiement de la pension, c’est parfois une violence économique», a estimé Stéphanie Lamy, fondatrice du collectif Abandon de famille-tolérance zéro auprès du Monde. Saluant «la bonne volonté» des pouvoirs publics, elle a déploré que les délais de récupération des pensions, soient important, notamment à cause de cette «phase amiable qui peut durer plusieurs mois». Le collectif dénonçait déjà en mars la faiblesse du plafond de l’allocation comparée au montant médian des pensions : 150 €.

Vidéo. Parole d’avocat : comment obtenir le paiement de la pension alimentaire ? http://www.leparisien.fr/laparisienne/societe/divorce-la-caf-va-recouvrer-les-pensions-alimentaires-impayees-20-01-2017-6594093.php

 

::: POLITIQUE

EXPRESS – 20/01/2017

Primaire à gauche: aucun des candidats n’impose sa différence

 

Les 7 candidats Francois de Rugy, Manuel Valls, Arnaud Montebourg, Sylvia Pinel, Benoit Hamon, Vincent Peillon et Jean-Luc Bennahmias

lors du dernier débat télévisé le 19 janvier 2017 à Paris

Pour cette troisième et dernière confrontation avant le 1er tour du scrutin le 22 janvier, alors que l’écart se resserre dans les sondages entre Manuel Valls, Arnaud Montebourg et Benoît Hamon, pas un des sept candidats n’a réussi à prendre l’avantage.

D’emblée, lors de ce 3e débat télévisé entre candidats à la primaire à gauche, Manuel Valls passe à l’offensive, bien décidé à ne pas concentrer sur lui l’essentiel des critiques de ses camarades comme cela avait été le cas dimanche dernier. Interrogé sur les finances publiques, l’ancien Premier ministre, favorable à une « maîtrise raisonnable » de la dette, n’attend pas pour dénoncer cette gauche « qui fait des propositions à crédit » et qui finalement « perd son crédit ». Clairement visé: Benoît Hamon et l’une des propositions phares de son programme, le revenu universel.

Arnaud Montebourg, lui, joue de son sens des formules. « C’est la dernière station avant le lepénisme », souligne-t-il, grave, en parlant d’une « cohérence à construire ». Plus tard, il moque Emmanuel Macron et ses hommages à géométrie variable, de Philippe de Villiers à Gisard d’Estaing en passant par François Mitterrand: « C’est flou, tout ça…. Et quand c’est flou, y’a un loup! », insiste l’ancien ministre de l’Economie, citant Martine Aubry à propos de François Hollande en 2011.

Arnaud Montebourg propose une mutuelle publique à 10 euros dans le cadre du débat sur la protection sociale, tandis que Manuel Valls veut en finir avec le numerus clausus et Vincent Peillon souhaite des avantages fiscaux pour les médecins qui s’installeront en zone rurale.

Sur la question du protectionnisme, Benoît Hamon réclame une harmonisation européenne fiscale et sociale, tandis que François de Rugy insiste: « On ne reviendra pas en arrière sur le marché européen. » Arnaud Montebourg est le seul à envisager de nouvelles nationalisations, comme celle des chantiers navals de Saint-Nazaire.

Passe d’armes Valls-Peillon sur Trump

Vient l’heure des « cartes blanches ». Manuel Valls veut un service civique obligatoire, François de Rugy et Benoît Hamon légaliser l’euthanasie, Sylvia Pinel un plan pour l’autisme, et Montebourg une clause d’embauche pour les jeunes diplômés des quartiers populaires. Sur le thème de la sécurité, le clivage se dessine entre les candidats qui privilégient les solutions alternatives dans le cadre de la contrainte pénale, et ceux qui commencent par augmenter le nombre de places de prison: 16 000, précise Manuel Valls.

En revanche, à propos de la Syrie, tous les candidats s’accordent pour dire qu’Assad devra répondre de ses actes devant la justice internationale, et que rien de durable ne peut se négocier avec lui. Quant à l’Amérique de Donald Trump, elle inquiète les sept participants. Manuel Valls parle d’une « déclaration de guerre politique à l’Europe », repris par Vincent Peillon qui lui reproche de galvauder le mot « guerre ». « On dirait mon vieux professeur« , se moque l’ancien chef du gouvernement, sitôt tancé par son ex-collègue sur la précision des mots.

Un vieux pays de machos

Jean-Luc Benahmmias se distingue de ses camarades pendant le débat sur la parité: « Nous sommes dans un vieux pays de machos. Il ne faut pas attendre grand-chose des hommes, c’est aux femmes de prendre la place. » En attendant, Manuel Valls rappelle qu’une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son compagnon. Puis il faut déjà passer à la conclusion : chacun appelle les électeurs à choisir une gauche « rénovée ». De nouveau, Arnaud Montebourg est le plus lyrique: « Je n’appartiens pas à cette gauche qui a renoncé comme les oiseaux se cachent pour mourir. »

L’émission se termine. Un sondage auprès d’un panel de téléspectateurs assure que Benoît Hamon a été le plus convaincant. C’était Arnaud Montebourg lors du précédent débat. Une seule chose est sûre: personne n’est en mesure de donner l’ordre du tiercé d’arrivée dimanche prochain.

Élise Karlin

 

 

LES ECHOS – 20/01/2017

Primaire : les principales propositions des sept candidats

Revenu universel, bouclier fiscal pour les plus modestes, abrogation de la loi travail, 49-3 : les candidats à la primaire du PS et de ses alliés bataillent pour faire entendre leurs différences.

La brièveté de la campagne (par rapport à celle de la droite) et l’impopularité du PS en cette fin de quinquennat n’ont pas aidé les candidats à la primaire de la gauche à faire entendre leurs propositions. « Dans la tête des gens, c’est la mélasse », avoue un parlementaire.

Passage en revue de leurs principales propositions :

Manuel Valls

Sur le fond, le Valls de la primaire de 2017 n’a plus grand-chose à voir avec le Valls de celle de 2011. Dans cette campagne, dans laquelle il n’est rentré que début décembre, l’ancien Premier ministre joue les équilibristes : entre défense du bilan et « droit d’inventivité » ; entre affirmation d’autorité et appels du pied à une gauche qu’il a, quand il était à Matignon, fracturée.

Son slogan : « Une République forte, une France juste ». Deux de ses propositions ont fait couler beaucoup d’encre, illustrant la difficulté de son positionnement. L’une est politique : la suppression, hors textes budgétaires, du recours à l’article 49-3 de la Constitution . L’autre est économique : défiscaliser les heures supplémentaires pour redonner du pouvoir d’achat aux Français, mesure supprimée au début du quinquennat. Tout en promettant aux entreprises la stabilité fiscale, Manuel Valls veut poursuivre les baisses d’impôts des classes moyennes et populaires, revaloriser le salaire des enseignants et les petites retraites, instaurer un « revenu décent » de 850 euros versé sous condition de ressources et un service civique obligatoire de six mois pour les jeunes.

Arnaud Montebourg

L’ex-ministre de l’Economie et chantre du Made in France se veut le « candidat du travail et des salaires », en croisade contre le « mur des puissants » . Jurant d’« ouvrir les hostilités » avec Bruxelles, il promet un plan de relance de 30 milliards en France pour « organiser le redécollage économique », l’abrogation de la loi travail, l’encadrement des salaires des dirigeants des grandes entreprises – contraints d’augmenter les salaires de leurs employés s’ils veulent augmenter le leur – et une « taxe exceptionnelle sur les profits » des banques françaises (5 milliards par an).

Une contribution qu’il juge « très modérée par rapport à ce qu’elles nous ont coûté dans la crise ». Il entend rendre 800 euros par an de pouvoir d’achat aux classes moyennes et populaires via la baisse de la CSG et créer une mutuelle publique à 10 euros par mois.

Benoît Hamon

Candidat depuis le 16 août, Benoît Hamon a eu le temps de peaufiner un programme très à gauche. Le candidat avance une mesure phare : le revenu universel . Comprendre la mise en place, à terme, d’une allocation versée à tous les Français de plus de 18 ans, quel que soit le niveau de leurs ressources. Le projet, dont le coût est estimé entre 300 et 400 milliards d’euros, a suscité d’intenses débats, obligeant Benoît Hamon à quelques allers-retours . Sa proposition (qui doit justement aider à financer le revenu universel) de taxer les robots quand ils prennent la place d’emplois occupés par les hommes, a aussi fait polémique.

Benoît Hamon propose, en outre, l’abrogation de la loi travail et une sortie complète du diesel en 2025 (avec 50 % d’énergies renouvelables à la même échéance). Côté institutions, il promet un « 49-3 citoyen », à savoir la possibilité pour 1 % du corps électoral, soit 450.000 personnes environ, d’initier une proposition de loi, ou de suspendre son application après son vote par le Parlement.

Vincent Peillon

Candidat sur le tard, Vincent Peillon n’a eu que quelques jours pour peaufiner son programme. Avec une proposition phare : instaurer la proportionnelle à 100 % pour l’élection des députés. De quoi changer le fonctionnement de la Ve République.

En matière économique, Vincent Peillon propose la création d’un « bouclier fiscal » à destination des ménages les plus modestes, qui leur permettrait de conserver un reste à vivre décent. Partisan, comme ses camarades, d’une relance de l’Europe, Vincent Peillon promet un plan de relance de 1.000 milliards, bien supérieur au plan Juncker, notamment dédié aux transitions énergétique et numérique.

François de Rugy

Autoproclamé « seul candidat écologiste » de la primaire, le député de Loire-Atlantique propose des mesures ambitieuses à ce sujet. Notamment que 100 % de l’électricité produite en France en 2050 soient issus d’énergies renouvelables (contre 20 % aujourd’hui).

Sylvia Pinel

La présidente du Parti radical de gauche défend un programme résolument favorable aux entreprises , avec notamment le plafonnement de l’impôt sur les sociétés à 20 % (contre 33,33 % actuellement) et des aides au financement pour les PME.

Jean-Luc Bennahmias

De son propre aveu, le programme du président du Front démocrate reprend de nombreuses mesures de ses adversaires, notamment le revenu universel. Il se distingue par sa défense virulente de la légalisation du cannabis. Et par la promesse d’accorder aux PME deux emplois « zéro charge » pendant cinq ans.

Pour en savoir plus : http://www.lesechos.fr/elections/primaire-a-gauche/0211709415569-primaire-les-principales-propositions-des-sept-candidats-2058539.php

 

Gregoire Poussielgue, Pierre-Alain Furbury et Alexandre Rousset

 

 

LE FIGARO – 20/01/2017

François Fillon réplique au «chœur des pleureuses»

REPORTAGE – En déplacement jeudi dans l’Ain, le vainqueur de la primaire de la droite a martelé qu’il ne fallait pas «avoir peur de faire des changements».

Pour résister aux vents mauvais, François Fillon reste fidèle à la recette qui lui a si bien réussi à la primaire: foncer droit vers son cap, envers et contre tous ceux qui lui conseillent d’emprunter une route moins exposée. C’est ce qu’il a encore fait, jeudi, dans l’Ain. Le déplacement devait lui permettre de développer ses propositions pour lutter contre ce qu’il considère comme «l’un des pires scandales français»: «Ces deux millions de jeunes qui ne sont nulle part, ni à l’école, ni en apprentissage, ni au travail.»

Mais, lors de son déjeuner avec les acteurs économiques du département, au parc industriel de la Plaine de l’Ain, comme après sa visite de l’usine Vehixel puis du centre de formation de l’AFPMA (Association pour la formation et la promotion des métiers de l’Ain), il a surtout été confronté aux doutes sur la «radicalité» revendiquée de son projet.

Au cours du déjeuner, il n’a pas hésité à prendre l’auditoire à partie. À l’un de ses convives qui s’interrogeait sur la faisabilité de son programme, notamment la suppression de 500.000  postes dans la fonction publique, il a lancé: «Aidez-moi, au lieu de vous taire – et je parle pour les plus courageux d’entre vous!»

«À chaque fois que je propose des changements, un peu radicaux je le reconnais, le chœur des pleureuses se met en marche en disant que ça va très bien comme ça, leur a-t-il affirmé. Il faut changer beaucoup de choses, avec beaucoup de force, parce que nous sommes dans un pays sur le déclin. Mon objectif est très simple: je veux que tous les Français aient un boulot et il faut les protéger. Je vous le dis: il ne faut pas avoir peur de faire des changements!»

En guise de conclusion du déjeuner, il a tenté de lever les réticences qu’il sentait encore dans l’auditoire en affirmant: «Je suis le seul candidat qui vous propose une rupture. Tous les autres sont en train de s’organiser pour conserver le système, sans le dire.»

François Fillon n’a pas cité Emmanuel Macron, mais c’est au fondateur d’En marche! qu’il pensait quand il a ajouté: «Je sais par expérience – car l’expérience a des avantages – que c’est difficile de faire les choses quand vous ne les avez pas dites avant, ou que vous avez dit le contraire!» Juste avant que le candidat parte, une femme chef d’entreprise dans le secteur des assurances s’est penchée vers lui pour lui glisser: «Monsieur Fillon, il faut que vous nous donniez plus envie!»

Laurent Wauquiez a entendu l’aparté. Le candidat avait invité le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes à se joindre à lui par courtoisie, puisqu’il était sur ses terres, et surtout pour qu’ils affichent leur réconciliation après leur accrochage public au Conseil national des Républicains, le 14 janvier. Wauquiez a joué le jeu, en assurant que son but était de «faire gagner François Fillon» et que, dans cette campagne, il n’y avait «pas de place pour les frondeurs ni pour les gens qui jouent perdants». Mais il a ajouté que c’est précisément parce qu’il voulait la victoire en 2017 qu’il continuerait à plaider pour que le projet de Fillon soit «plus équilibré».

Dans un registre très différent, Rachida Dati s’est lâchée dans Le Parisiende jeudi. Évincée de l’ancienne circonscription parisienne de François Fillon au profit de Nathalie Kosciusko-Morizet, la maire du VIIe s’indigne: «La première décision de François Fillon n’est donc pas de revoir la réforme de Sécurité sociale, mais de nommer Nathalie Kosciusko-Morizet.» Elle prédit que si la droite n’incarne pas «l’espoir», elle ira «dans le mur». Selon elle, «si on continue comme ça, il ne faut pas exclure un second tour Macron-Le Pen».

L’avertissement coïncide avec la publication par Le Monde de la nouvelle vague de l’étude du Cevipof sur les intentions de vote à la présidentielle. Marine Le Pen est revenue en tête dans toutes les hypothèses. François Fillon n’est plus qu’en deuxième position et Emmanuel Macron, pas très loin derrière. Mais il en faudrait plus pour troubler le vainqueur de la primaire, qui s’est interdit de commenter publiquement les sondages. Quant aux doutes à droite, il les a balayés d’une phrase: «Ce n’est pas mon sujet. La présidentielle, c’est un dialogue entre les Français et moi, pas avec les autres.»

Grâce à Damien Abad, la journée s’est mieux terminée qu’elle n’avait commencé pour le candidat. Le député et président du conseil départemental de l’Ain a transformé ses vœux annuels à Oyonnax en meeting, en assurant au candidat: «Nous n’attendons pas de toi que tu dénatures ton projet, mais que tu le portes haut et fort, contre vents et marées.» Et la salle était comble, bien au-delà des 2000 places assises prévues.

Judith Waintraub

 

::: INTERNATIONAL

L’OPINION – 20/01/2017

Trump président : Donald tout-puissant

Avec les deux Chambres du Congrès sous le contrôle des républicains et une économie florissante, le 45e président des Etats-Unis entre en fonction dans des conditions idéales. Sa plus grande incertitude : lui

Elu le 8 novembre à la présidence des Etats-Unis, Donald Trump prête serment, ce vendredi, sur les marches du Capitole avant de défiler le long de la Pennsylvania Avenue qui mène à la Maison Blanche. Les autorités attendent 800 000 spectateurs, alors que l’investiture de Barack Obama en 2009 en avait attiré 1,8 million. Le nouveau Président pourrait prendre quatre ou cinq décisions par décret le jour même, notamment pour revenir sur certaines décisions de son prédécesseur. Sur qui pourra-t-il compter pour gouverner ? L’Opinion dresse la liste des soutiens et des résistants. Mais avant les élections de mi-mandats, un boulevard s’offre à lui.

Intronisé ce vendredi comme 45e président des Etats-Unis, Donald Trump dispose sur le papier d’un boulevard et de deux ans devant lui. S’ils ont perdu quelques sièges par rapport au 115e Congrès au sortir des élections du 8 novembre, ses « nouveaux amis » du parti républicain continuent d’avoir le contrôle du Capitol avec 52 élus sur 100 au Sénat et 241 sur 435 à la Chambre des représentants. Cela permet de voir venir avant les élections de mi-mandat, en 2018.

Même si quelques-uns regimbent sur certaines nominations de la nouvelle administration, le Grand old party (GOP) sait qu’il doit à l’homme d’affaires new-yorkais son retour au pouvoir. En dépit de nombreux conflits d’intérêts, l’équipe devrait surmonter l’examen de passage du Congrès, sauf accident industriel.

Dans les grandes lignes, le programme économique du nouvel hôte de la Maison Blanche n’est pas pour lui déplaire. Mike Pence, le vice-Président, a été choisi pour faire le lien entre le Congrès et la Maison Blanche. Plus modéré que Donald Trump, l’ancien gouverneur de l’Indiana a des relais aux postes clefs. C’est le cas de Reince Priebus, jusque-là Président du conseil national du Parti républicain, choisi pour assurer le secrétariat général de la Maison Blanche. C’est le cas aussi de Paul Ryan, le Président sortant de la chambre des Représentants, dont il a sauvé le perchoir en dépit de l’inimitié régnant entre l’élu du Wisconsin et Donald Trump.

Le 45e Président des Etats-Unis va aussi hériter d’un pays en ordre de marche sur le plan économique après la grave dépression de 2008. Ce qui devrait lui permettre de mettre en musique ses engagements électoraux de baisse d’impôts tant aux entreprises qu’aux particuliers et de relance des dépenses (défense, infrastructures) sans créer de choc, tout du moins à court terme.

Goldilocks economy. Après un début d’année 2016 un peu poussif, la croissance s’est établie à 3,5 % en rythme annuel à la fin du troisième trimestre grâce à une reprise de la consommation (+2,8 %). Le taux de chômage était de 4,7 % à fin décembre, suite à la création de 2,16 millions d’emplois sur l’exercice. En un an, le salaire moyen horaire a progressé de 2,9 %, signe tangible d’une reprise sur le front des rémunérations.

Dans ses prévisions médianes, la Réserve fédérale table sur une croissance de 2,1 % en 2017, de 2 % en 2018 et de 1,9 % en 2019 avec un taux de chômage stable à 4,5 %. Certains économistes plus optimistes voient le PIB américain croître à un rythme supérieur de 2,5 % à 3 % en 2018 et 2019 grâce aux mesures de relance promises par Donald Trump. Les spécialistes parlent de « Goldilocks economy », une référence au conte de fées attribué aux frères Grimm « Boucles d’or et les trois ours. » Preuve de cet optimisme, les indices boursiers ont fortement grimpé à Wall Street depuis les élections du 8 novembre, avec un bond de 8 % pour le Dow Jones et de 6 % pour le S&P500.

Seules les menaces protectionnistes du Président élu inquiètent les marchés. Car si Donald Trump dispose d’un boulevard devant lui, c’est à condition de ne pas commettre d’écarts de conduite. Or, loin de tenir compte des us et coutumes de sa future charge, il n’a rien changé à ses habitudes. Il continue de tweeter plus vite que son ombre et à régler ses comptes en cent quarante signes, sans diplomatie ni sélectivité aucune. Peu lui importent les sondages ne lui attribuant que 40 % d’opinions favorables ! Ils se sont trompés tout au long de la campagne présidentielle, dit-il.

Personne n’échappe à ses foudres. Dans un langage parfois ordurier (« ça pue ! », « c’est de la merde »), il dénonce successivement « la presse qui ment », l’émission humoristique « Saturday Night Live » qui le ridiculise, les démocrates qui sont de « mauvais perdants », les entreprises américaines et étrangères qu’il menace de rétorsions douanières si elles continuent à délocaliser sans parler de ses démêlées avec les services de renseignement américains sur le parasitage de l’élection présidentielle par la Russie.

Rappel à l’ordre. Ce qui lui a valu un rappel à l’ordre par le patron sortant de la CIA. « La spontanéité n’est pas quelque chose qui protège les intérêts de la sécurité nationale, donc quand [Donald Trump] s’exprime ou réagit, il faut être sûr qu’il comprend bien les implications et l’impact profonds que cela peut avoir sur les Etats-Unis », a prévenu John Brennan, la semaine dernière. Il a ajouté : « Cela ne concerne pas juste M. Trump, cela concerne les Etats-Unis d’Amérique. »

Avant même d’arriver à la Maison Blanche, « The Donald » a déjà provoqué quelques couacs diplomatiques avec la Chine en prenant langue avec les dirigeants de Taïwan ou au Moyen Orient en laissant entrevoir le déménagement prochain de l’ambassade des Etats-Unis de Tel Aviv à Jérusalem. Donald Trump a déjà contraint le Mexique, menacé à plusieurs reprises de rétorsions commerciales, à changer de ministre des Affaires étrangères. Le Canada, autre proche voisin des Etats-Unis, en a fait de même pour s’adapter à la situation à venir.

Tout cela n’est pas sans inquiéter certains responsables du parti républicain. Le stratégiste américain John Zogby ne croit pas à une lune de miel avec le Congrès lors des cent premiers jours. « Cela va ressembler plus aux mariages de Johnny Depp-Amber Heard et Brad Pitt-Angelina Jolie qu’à une démonstration d’amour », pronostique-t-il sur son blog, en listant tous les sujets qui fâchent, de la main tendue à Vladimir Poutine aux critiques à l’encontre de la CIA. « La Présidence Trump est aussi prévisible que sa campagne », ironise-t-il.

Car, à ce jour, le plus grand ennemi de Donald Trump est Donald Trump lui-même.

Gilles Sengès

 

 

LE FIGARO – 20/01/2017

Les premiers gestes attendus du 45e président américain

VIDÉO – Donald Trump en avait fait un argument électoral, les Américains peuvent donc s’attendre, dès l’entame de sa présidence, à une profusion de décrets et d’ordres émis par la Maison-Blanche.

Les choses sérieuses commencent lundi. Après avoir maintes fois promis de s’atteler à ses priorités dès le premier jour de sa prise de fonctions, affectant même ses équipes à un «First Day Project», Donald Trump a décidé de laisser se dérouler le week-end de festivités avant de passer à l’action. «Lundi sera notre premier jour de travail, a-t-il dit lors de sa conférence de presse à New York. Nous aurons de belles séances de signatures, lundi, et encore mardi, mercredi et les autres jours et la semaine suivante. Vous serez tous invités.» Dès l’entame de sa présidence, les Américains peuvent donc s’attendre à une profusion de décrets et d’ordres émis par la Maison-Blanche. Trump en a fait un argument électoral, mais il est traditionnel que le nouveau chef de l’État efface certaines mesures symboliques de son prédécesseur. Barack Obama avait ordonné la fermeture de Guantanamo et l’arrêt des interrogatoires musclés des suspects de terrorisme. Sa première décision reste inaccomplie, le Congrès n’ayant jamais pu s’accorder sur une solution de remplacement. Le champ de ce que souhaite réaliser Trump s’annonce cependant plus vaste.

  • En matière d’immigration

Un des thèmes phares de la campagne, Trump devrait lancer le chantier du «mur» promis sur la frontière sud. «Je pourrais attendre un an et demi que nous concluions les négociations avec le Mexique, mais je ne veux pas. On va commencer à le bâtir. Mexico nous remboursera, par des taxes ou un versement.» Il devrait aussi ordonner la déportation des illégaux ayant un casier judiciaire et pourrait annuler deux décrets d’Obama suspendant les expulsions de mineurs et de parents illégaux d’enfants nés aux États-Unis. En outre, il devrait stopper le programme d’accueil des réfugiés syriens (10.000 acceptés en 2016) et commander une révision du système d’octroi des visas, incluant une suspension des admissions en provenance de «régions à risques».

  • Au niveau de l’Administration fédérale

Donald Trump a l’intention de décréter un gel des embauches de fonctionnaires et d’exiger pour toute nouvelle réglementation la suppression de deux anciennes. Certaines limites aux émissions de gaz à effet de serre des véhicules ou des centrales à charbon pourraient être supprimées. Le pipeline Keystone, bloqué par son prédécesseur, serait validé sur-le-champ. Des contraintes imposées aux vendeurs privés d’armes à feu seraient levées. Les mesures d’Obama exigeant des contractants et souscontractants du gouvernement de verser à leurs employés un salaire minimum de 10,10 dollars de l’heure, de leur octroyer des congés maladie et de s’engager à respecter leur orientation sexuelle devraient être effacées d’un trait de plume. De même pour la directive menaçant les écoles publiques de perdre leurs financements fédéraux si elles ne laissent pas les élèves transgenres utiliser les toilettes de leur choix. Trump doit également édicter de nouvelles règles d’éthique interdisant à un membre de l’Administration de devenir lobbyiste pendant cinq ans ou de représenter un gouvernement étranger à perpétuité. La réforme de l’Obamacare et les baisses d’impôts promises pourraient subir des impulsions présidentielles dès les premières heures.

  • Sur la scène internationale

Le nouveau président pourrait menacer l’accord nucléaire avec l’Iran en rétablissant des sanctions suspendues par Obama. Par la même méthode, il pourrait remettre en cause le réchauffement avec Cuba. Il devrait annoncer officiellement le retrait des États-Unis du Partenariat transpacifique et ordonner à son Administration de passer en revue l’accord de libre-échange nord-américain. Le retrait de l’accord de Paris sur le climat reste une option à l’étude. Donald Trump a prévu de donner 30 jours aux généraux pour lui présenter un plan contre l’État islamique et une stratégie de cyberdéfense sous 90  jours. Il entend amorcer sans attendre son rapprochement avec la Russie – comme son bras de fer avec la Chine.

Vidéo : http://premium.lefigaro.fr/international/2017/01/19/01003-20170119ARTFIG00342-les-premiers-gestes-attendus-du-45e-president-americain.php

 

Philippe Gélie

 

 

 

Vous souhaitant une bonne journée et un agréable week-end.

 

Cordialement,

 

 

Elena NATALITCH

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