::: ILE-DE-FRANCE
LES ECHOS – 31/01/2017
Actus franciliennes
LE PARISIEN – 31/01/2017
Grand Paris : la bataille du métro a commencé
Champigny, mardi dernier. Les travaux spectaculaires de la gare de la future ligne 15 Sud ont débuté.
C’est le marché du siècle, qui fait saliver plus d’une entreprise. Le Grand Paris Express, c’est 200 km de lignes nouvelles de métro et 68 gares à construire d’ici 2030, soit un chantier d’au moins… 25 Md€. « Un investissement d’avenir qui portera l’économie du pays », a lancé Philippe Yvin, président de la Société du Grand Paris (SGP), lors de ses vœux la semaine dernière. 2017 marque l’entrée en chantier de quatorze des seize gares de la ligne 15 Sud (Pont-de-Sèvres – Noisy-Champs), et la mise en route du premier tunnelier. Un chantier gigantesque qui fait rêver PME, poids lourds du BTP, pros des transports et élus.
Qui pour creuser et construire ?
Plus de 4 000 salariés travaillent déjà sur le futur métro (2 500 ingénieurs et architectes, 1 500 ouvriers). Certains étaient à pied d’œuvre cette semaine avec SNCF Réseau pour une première opération majeure (5 M€) : le ripage d’un pont sous des voies de chemins de fer (photo ci-contre), à Champigny (Val-de-Marne). Il y en aura des dizaines d’autres ! Plus d’un milliard d’euros de travaux sont prévus cette année et, au plus fort des chantiers, en 2018, la Fédération régionale des travaux publics table sur 22 000 emplois.
Pour répartir cette masse de travail, la SGP a tronçonné les lignes en différents lots, afin que plusieurs entreprises puissent creuser ou construire les gares en même temps. 2017 sera très importante : les cinq derniers marchés de la 15 Sud et les deux premiers de la 16 seront attribués, soit près de 9 Mds€ ! Bouygues, Vinci et Eiffage, les géants français du secteur, sont dans les starting-blocks.
Mais l’attribution en 2016 d’un premier tunnel de 7 km pour 363 M€ au Français Demathieu Bard, associé à des Italiens, des Belges et des Suisses, a fait grincer quelques dents. « Il ne peut pas y avoir de préférence nationale, c’est interdit », tranche Philippe Yvin. En revanche, la SGP oblige les entreprises à faire travailler 20 % de PME. Un observatoire sera lancé dans les prochains jours pour vérifier que cette disposition est bien appliquée.
Qui pour faire rouler ?
Selon la loi sur le Grand Paris, la RATP, opérateur historique du métro parisien, bénéficie de droit de la gestion des infrastructures (rails et tunnels) du Grand Paris Express. Mais l’exploitant (celui qui fera rouler les métros) sera, lui, désigné à l’issue d’un appel d’offres ouvert à la concurrence. Celui-ci doit être lancé cette année. La RATP sera bien sûr sur les rangs, mais aussi Keolis (filiale de la SNCF), et sans doute d’autres professionnels des transports, français ou étrangers. La bataille sera rude. Keolis a déjà redouté publiquement que la gestion des infrastructures ne donne un avantage à la RATP, et a lancé une opération séduction pour montrer son savoir-faire, à Londres par exemple.
La même compétition devrait avoir lieu pour le matériel roulant : Alstom et ses concurrents seront sans doute sur les rangs pour construire les rames. La SGP va lancer cette année le marché des métros automatiques de la 15 Sud : à la clé, la construction de 120 trains, représentant 516 voitures, d’ici à 2025 ! Le gagnant sera connu en 2018.
Qui pour diriger ?
C’est une autre bataille, en coulisses, qui s’est jouée jusqu’en fin d’année dernière. Celle pour la gouvernance du futur métro. Valérie Pécresse a milité pour une fusion entre le Syndicat des transports d’Ile-de-France (Stif), qu’elle préside, et la SGP. Une idée rejetée par Philippe Yvin, et ensuite par le Conseil économique, social et environnemental (Ceser), sollicité pour donner un avis.
Grâce à un lobbying discret et efficace, la SGP conserve son autonomie — et ses milliards… pour l’instant. Car les prochaines échéances électorales vont contribuer à remettre le dossier sur la table. Une autre étape dans la bataille du Grand Paris.
Jean-Gabriel Bontinck
FRANCE BLEU – 31/01/2017
L’île Seguin futur pôle culturel du Grand Paris ?
Le futur visage de l’île Seguin, avec le projet de pôle culturel (à droite) et la Seine Musicale (à gauche).
Elle veut devenir un haut lieu de la culture dans la métropole du Grand Paris. L’île Seguin a définitivement tourné la page de son histoire industrielle. Le site des Hauts-de-Seine se prépare à basculer dans une nouvelle ère, qui débutera en avril avec l’ouverture de la Seine Musicale.
Le projet de pôle culturel et artistique sur l’île Seguin a été dévoilé ce lundi à Boulogne-Billancourt (92). Cet équipement d’envergure verra le jour sur la pointe amont (au sud de l’île), à l’opposé de la Seine Musicale, la salle de concert de 6.000 places qui sera inaugurée le 22 avril prochain. Il s’agit en réalité de deux constructions distinctes, d’où le nom du projet « S17 S18 ». La première, une grande vitrine dédiée à l’art et à la culture, abritera la Fondation Emerige, des espaces d’exposition, un cinéma multiplex de 8 salles, 4.000 m² de bureaux et autant d’espaces commerciaux. La seconde sera un hôtel de 13.000 m², résolument « arty » : chacune des 220 chambres aura son œuvre d’art unique. L’établissement 4 étoiles sera doté d’un spa, d’une piscine, et d’un restaurant en rooftop.
L’entrée du Centre d’Art de l’île Seguin.
La mutation est en marche pour l’île Seguin, une bande de terre de 11,5 hectares étirée entre Billancourt et le Bas-Meudon, qui a abrité les usines Renault pendant plus de 60 ans. Jadis point de passage pour les aristocrates entre Paris et Versailles, le site rêve de rayonner tel un phare dans la métropole. L’idée, est de « déplacer le centre de gravité culturel de Paris vers l’ouest » assure le maire de Boulogne-Billancourt, Pierre-Christophe Baguet. Qui s’enthousiasme : « ce sera la plus belle concentration culturelle d’Europe sur une île, c’est extraordinaire ! »
Le Centre d’art sera multidisciplinaire (musique, cinéma, arts numériques…) et proposera une programmation moderne et variée, axée sur les artistes français. L’art contemporain sera particulièrement mis en valeur, avec les œuvres du fonds de Laurent Dumas de chez Emerige, la collection d’art Renault ainsi que celle de la Fondation Giacometti.
Le projet d’aménagement de la pointe amont, vu depuis Meudon.
Le projet artistique et culturel est aussi architectural, avec un savant mélange entre minéral et végétal. Une promenade sera aménagée sur les berges. Quant à la partie centrale de l’île, elle devrait accueillir un parc. Le site, au cœur du futur réseau de transport de la métropole, sera parfaitement desservi avec une gare du Grand Paris Express (ligne 15). Une liaison par câbles (télécabines) est aussi à l’étude. L’île Seguin pourrait accueillir à terme un flux de 2 millions de visiteurs par an. Les travaux d’aménagement de la pointe amont (au sud de l’île) devraient débuter l’année prochaine pour une livraison espérée en 2021.
LES ECHOS – 31/01/2017
Résidences secondaires : Paris vote la surtaxe, les autres villes sont plus prudentes
Le Conseil de Paris a voté ce lundi la majoration de 60 % de la taxe d’habitation des pieds-à-terre. Une surenchère fiscale que dénoncent les associations de propriétaires.
Trouver de nouvelles recettes, libérer des logements pour les Parisiens, le tout sans grever leurs impôts. C’est l’équation qu’a fait valoir le Conseil de Paris pour voter une nouvelle surtaxe d’habitation sur les résidences secondaire ce lundi. Pour la deuxième fois en trois ans, les parlementaires ont donné dans la loi de finances la possibilité aux maires de doper les taxes des résidents intermittents. Un surcroît de 20 % avait déjà été voté fin 2014, convaincant une centaine de communes de tous bords politiques de l’adopter. Il avait rapporté une quinzaine de millions à la capitale.
Cette fois, les maires des 1.149 communes en zones tendues se voient ouverte la possibilité de pousser la majoration entre 5 et 60 %. C’est à nouveau la mairie de Paris qui a convaincu le gouvernement et le Parlement d’adopter cette mesure qui pourrait lui rapporter 43 millions d’euros. Plus précisément le groupe communiste de la majorité parisienne qui espérait même une hausse de 100 %, soit un doublement de la taxe d’habitation des propriétaires de résidence secondaires. Le plafond a été limité par les députés à 60 %, taquet repris à Paris. Jacques Baudrier, élu du 20e arrondissement, rappelle qu’entre 1999 et 2014, le nombre de résidences secondaires a bondi de 75.074 à 107.063 unités, une augmentation de 43 % qu’il compare avec les 3 % d’augmentation des logements.
Un taux de 21 %
Lundi la maire de la capitale, Anne Hidalgo, a relativisé l’impact fiscal : « Le produit cumulé du taux de la taxe d’habitation et celui de la majoration sur les résidences secondaires se traduira par un taux de 21 %, c’est moins que la moyenne nationale. » Dans sa communication, la mairie reconnaît que la première majoration de 2015 n’avait pas suffi pour inciter des reventes, espérant cette fois un taux plus dissuasif. « Nous tablons sur plusieurs milliers de vente », espère Jacques Baudrier.
La mesure ne suscitera probablement pas le même engouement qu’avant. Son produit attendu est de 150 millions d’euros, similaire à la projection de 2015. Contactée par « Les Echos », la mairie Modem de Biarritz, qui faisait partie de la quinzaine de communes de Pyrénées-Atlantique ayant mobilisé le levier en 2015, explique qu’elle ne le fera pas cette fois. « C’est la tendance sur la côte », assure par ailleurs le cabinet du maire.
En Ile-de-France, Philippe Laurent (UDI) à Sceaux explique ne l’exclut pas dans les années à venir mais pas cette année. En revanche, le maire communiste de Montreuil, Patrick Bessac, a inscrit une majoration de 60 %, soit 550.000 euros de recettes au Conseil municipal de mercredi. L’Union nationale des propriétaire immobilier (UNPI) s’indigne, elle, de cette surenchère fiscale : « Certains propriétaires doivent déjà verser au titre de la taxe foncière jusqu’à trois mois de loyer. »
LE FIGARO – 31/01/2017
NKM veut une couverture du périphérique parisien
Souhaitant réduire la fracture entre Paris et la banlieue, la chef de l’opposition municipale défend ce projet mardi devant le Conseil de Paris.
Selon ses détracteurs, Anne Hidalgo est taxée de créer la rupture entre Paris et sa banlieue en interdisant depuis l’été les berges rive droite aux voitures venant largement des villes voisines. Dans ce contexte de tension et de polémique toujours vive autour de ces trois kilomètres de route piétonnisée, Nathalie Kosciusko-Morizet (les Républicains) a bien l’intention de faire figure de réconciliatrice. La chef de file de l’opposition municipale a ressorti des cartons une idée qui figurait dans son programme lors des précédentes municipales: la couverture du périphérique.
Avec ce projet, soumis ce mardi au Conseil de Paris, la responsable politique compte adresser un message architectural: faire cesser la fracture qui existe entre Paris et sa banlieue. Avec ses 35 km de rocade utilisés chaque jour par 1,1 million de véhicules, le périphérique constitue indéniablement une frontière entre la capitale et les villes limitrophes. Il est aussi un enfer pour les quelque 100. 000 riverains en prise directe avec les émissions de polluants et de bruit liées au trafic. Au passage, Nathalie Kosciusko-Morizet note dans son dossier de presse relatif à ce projet qu’aujourd’hui l’Hôtel de ville dirigé par l’élue socialiste se préoccupe beaucoup des aménagements de l’hypercentre de Paris en proposant rues piétonnes et circulation douce «achevant de créer», peut-on lire, «un Paris à plusieurs vitesses»…
À ce jour, seulement 6 kilomètres sont couverts, notamment à l’ouest de la capitale. Il s’agit donc de poursuivre la couverture quand celle-ci est techniquement possible ou d’imaginer divers aménagements en vue de créer de nouveaux espaces urbains qui viendront ainsi effacer la rupture. À ceux qui déjà dénoncent ce projet comme étant irréalisable en raison de son coût pharaonique, l’entourage de la chef de file de l’opposition rétorque qu’il s’agit de lancer un appel à projets. «Il permettra aux promoteurs de financer ces travaux et en contrepartie ils exploiteront de nouvelles surfaces aménageables. C’est la nouveauté de ce projet», explique-t-on en faisant valoir que de nombreuses viles se sont lancées dans ce type de travaux. Parmi elles: Hambourg et Madrid.
Cette proposition, qui a peu de chances d’être votée, rejoint les nombreuses réflexions en cours portant sur la circulation dans la capitale. L’équipe d’Anne Hidalgo a quant à elle choisi de présenter lors du Conseil de Paris un vaste plan piéton, tout en gardant le cap sur l’objectif phare qui est la réduction de la place de la voiture. Nathalie Kosciusko-Morizet a donc une autre vision. Il s’agit pour elle de maintenir une part du trafic mais d’en effacer les effets négatifs.
::: ECONOMIE
L’OPINION – 31/01/2017
Medef : nouveaux tiraillements internes sur l’Assurance-chômage
Alors que la CPME, l’UPA mais aussi la plupart des syndicats seraient disposés à rouvrir une négociation sur l’assurance-chômage, le Medef pour l’instant freine des quatre fers, faute de consensus interne
Les réunions se multiplient en bilatérales, mais aussi en interne au sein du patronat, d’une part, et des syndicats, d’autre part, au sujet de l’Assurance-chômage. Les uns et les autres se sont engagés à se prononcer avant le 15 février sur la réouverture éventuelle d’une négociation.
Au Medef, la gêne est palpable. L’organisation patronale refuse tout commentaire sur les discussions en cours autour de l’assurance-chômage. Mercredi, se tient une réunion interne – avec de petits airs de réunion de crise – de son pôle social.
Syndicats et patronats ont en ligne de mire le 15 février. C’est à cette date qu’ils décideront d’ouvrir ou non de nouveau une négociation. Avec cet impératif que tous revendiquent : « Si on relance un round, c’est pour aboutir ». Reste que les syndicats (y compris FO) semblent nettement plus enclins à trouver des compromis, ne serait-ce que pour montrer que le paritarisme a sa raison d’être et sait prendre ses responsabilités.
Pas question, en effet, de revivre l’échec de juin dernier. « Le contexte est plus favorable, c’est dépassionné par rapport à la séquence de la loi Travail. Aujourd’hui, ça s’est apaisé », assure un membre de l’équipe patronale, plutôt optimiste. Pour d’autres, la période reste compliquée avec l’élection présidentielle : « Ouvrir une négo maintenant, c’est être kamikaze et n’avoir aucun sens politique ».
Ces deux points de vue traversent violemment le Medef. « On est de nouveau face à un patronat qui n’a pas de mandat et qui est incapable de se mettre d’accord », résume un négociateur syndical. Avec deux blocs. L’un, porté par les fédérations de la métallurgie et de la plasturgie, plutôt favorable à une reprise des négociations. L’autre, mené par la banque, l’assurance ou encore le bâtiment, nettement plus réticent.
Contrats courts. La taxation des contrats courts continue en effet de cristalliser les oppositions, même si des voies de passage semblent envisageables en faisant un distinguo entre contrats courts et très courts (moins d’un mois). Les syndicats exigent une taxation mais semblent prêts à plus de souplesse qu’en juin dernier : un prélèvement temporaire, modulé ou plus ciblé.
La dernière étude de l’Unedic montre que les embauches en CDD d’un mois ou moins sont passées d’un peu plus de 1,5 million par trimestre à plus de 4 millions, entre 2000 à 2016. Certains secteurs sont nettement plus consommateurs que d’autres, « ce qui est embarrassant car, si on taxe ceux qui ont le plus recours aux contrats courts, cela fait voler en éclat la notion de mutualisation au sein du Medef », confie un dirigeant patronal.
En réalité, les tiraillements ne concernent pas que l’Assurance-chômage. « Aujourd’hui, vu les divisions internes, on aboutit à des propositions insipides », se désole un adhérent. Ainsi, mardi, le Medef présente-t-il ses propositions sur l’entreprenariat. Mais, selon une source proche du dossier, « tout a été aseptisé. Ce n’est pas avec la création d’un numéro de Siret dès 16 ans qu’on va changer les choses…». Le Medef comptait encourager le travail indépendant mais y a renoncé du fait d’une levée de boucliers de certaines fédérations, en interne.
Un poids lourd conclut : « On se moque des deux gauches mais on a aussi nos frondeurs ! Il faudrait qu’on ait une vraie clarification, ce n’est plus possible ». Pour le moment, Pierre Gattaz tente tant bien que mal de faire la synthèse.
LE FIGARO – 31/01/2017
Pénibilité : les entreprises au pied du mur
Les employeurs doivent remplir d’ici à mardi soir les déclarations 2016 des expositions aux risques de leurs salariés, malgré leurs nombreuses réticences vis-à-vis du dispositif.
Le couperet tombe… ce mardi! Ce 31 janvier, les entreprises doivent avoir rempli leurs déclarations sociales au titre de 2016, en indiquant l’exposition de leurs salariés à dix facteurs de pénibilité. Elles auront jusqu’à fin septembre pour corriger leurs saisies. Une obligation administrative source de complexité et d’inquiétude pour la majorité d’entre elles! Quatre facteurs – les plus faciles à mesurer: travail de nuit, répétitif, en milieu hyperbare et en équipes successives alternantes – sont en vigueur depuis janvier 2015. Mais s’y sont ajoutés le 1er juillet dernier six critères (port de charge lourde, postures pénibles, vibrations mécaniques, agents chimiques dangereux, températures extrêmes et bruit) bien plus complexes à appréhender.
Toutes les entreprises se retrouvent donc en ce début d’année, au moment de l’envoi des déclarations annuelles de données sociales (DADS) ou de la déclaration sociale nominative (DSN), au pied du mur. Il leur faut inscrire noir sur blanc si leurs salariés ont été exposés à un ou plusieurs des critères l’année passée et, si oui, dans quelle mesure. Or la très grande majorité des employeurs, notamment de PME et de TPE, n’aura pas rempli à l’heure son obligation. «Elles ne sont même pas capables de dire si elles sont ou non éligibles au dispositif car elles ne savent pas comment mesurer les six nouveaux critères», jure Jean-Eudes Du Mesnil, le secrétaire général de la CPME (ex-CGPME). De fait, les branches professionnelles sont encore en train de définir les référentiels, sorte de «mode d’emploi» à l’attention de leurs adhérents, pour remplir les fiches d’exposition à la pénibilité.
Au-delà de la difficulté technique, nombre de PME sont réticentes à appliquer cette mesure dont elles demandent l’abrogation. Et beaucoup jouent la montre, misant sur une alternance politique en mai (François Fillon a en effet promis de supprimer le dispositif) ou espérant un coup de pouce du Conseil d’État (la CPME a déposé en décembre un recours en annulation de ses décrets d’application).
Cotisation spécifique
Leur réticence s’explique par trois raisons majeures. Primo, les patrons sont rebutés par la complexité de la mesure, qualifiée «d’usine à gaz» à l’heure de la simplification administrative. Secundo, remplir cette déclaration revient à reconnaître que le salarié est exposé à un risque, ce qui inquiète juridiquement les employeurs. Tertio, l’ensemble constitue une charge financière conséquente. En effet, déclarer qu’un salarié a été exposé à un risque déclenche le versement d’une cotisation spécifique – en plus de la cotisation générale touchant toutes les entreprises – qui viendra alimenter le compte de prévention de la pénibilité (C3P) du salarié. Un compte que ce dernier pourra utiliser pour financer une formation à un autre métier moins exposé, compenser un passage à mi-temps ou financer un départ anticipé en retraite.
D’autres, enfin, trouvent que la loi manque totalement son objectif. «C’est une loi scélérate. Les quotas d’heures d’exposition sont tellement élevés que dans mon entreprise personne n’est concerné, fulmine Jean-Claude Brossier, patron d’une PME (160 salariés) de travaux publics à Tours. Il faudra justifier 6 mois de postures pénibles ou 4 mois à lever des charges lourdes ou 6 mois en températures extrêmes pour être reconnu en pénibilité». Une hérésie selon lui sachant que «dans les travaux publics, à peine 5 % de la population sera susceptible de répondre à l’un des critères».
Marathonien lui-même, il s’est très tôt intéressé à la santé au travail de ses salariés et a mis en place depuis douze ans diverses actions de prévention. Déçu, il conclut que «cette loi pénalise un peu plus les entreprises qui doivent faire des déclarations salarié par salarié avec plein de paperasses. Tout cela pour rien. Car on fait croire aux salariés à un rêve qu’ils ne vivront jamais».
Ce que risquent les récalcitrants
En cas de contrôle, les patrons qui n’auront pas déclaré leurs salariés exposés à l’un des dix facteurs de pénibilité risquent un redressement du montant des cotisations patronales spécifiques dues, mais également une pénalité par salarié jusqu’à 50 % du plafond mensuel de la Sécu (fixé à 3 269 euros en 2017), explique Angéline Duffour, du cabinet Cohen & Gresser. Ces sommes sont versées à l’État. En outre, si un salarié est victime d’un accident du travail, la faute inexcusable de l’employeur peut être reconnue, engendrant une majoration des cotisations accident du travail, le versement d’une rente et des dommages et intérêts qui pourraient être demandés par le salarié.
LE FIGARO – 31/01/2017
Pénibilité: le patronat est désuni sur le sujet
Alexandre Saubot, Président de la métallurgie (UIMM) et numéro deux du MEDEF
DÉCRYPTAGE – Les organisations patronales réagissent différemment au casse-tête de la pénibilité et adoptent des stratégies différentes face aux textes de loi.
Voilà qui ne va pas aider les entreprises à y voir clair: les organisations patronales réagissent différemment au casse-tête de la pénibilité et adoptent des stratégies différentes, voire dangereuses, face aux textes de loi.
Cinq fédérations professionnelles (négoce des matériaux de construction, poissonniers…) ont ainsi établi un référentiel, qui a été homologué par le ministère du Travail, sur lequel pourront s’appuyer leurs adhérents pour remplir leur déclaration de pénibilité. Neuf autres branches, dont le commerce à distance, ont conclu un document en attente d’homologation. Ce qui est peu depuis l’été 2015. «Ce sont surtout des branches où le personnel est peu concerné par la pénibilité», assure en outre Jean-Eudes du Mesnil, le secrétaire général de la CPME (ex-CGPME, représentant des PME). Au total, sur les 16 millions de salariés en France, seuls 515.000 seront couverts par ces référentiels.
Et pour cause: dans les branches très touchées, pas de référentiel en vue! «Il est impossible d’en faire un car les situations sont trop variables selon les chantiers», assène Jacques Chanut, le président de la Fédération française du bâtiment (FFB). La métallurgie n’en a pas publié non plus mais a édité un guide, qui a moins d’implications juridiques. Une variante de plus!
Légalisme du Medef
Autre complication, chacun interprète les textes à sa manière. À l’U2P (artisans et professions libérales) et à la CPME, on laisse entendre que les entrepreneurs peuvent attendre le 30 septembre pour remplir la déclaration. «Les entreprises ont jusqu’à cette date pour corriger leurs saisies», explique Pierre Burban, le secrétaire général de l’U2P. Et ce pour jouer la montre, mais sans le dire, en espérant la victoire de la droite, qui a promis d’abroger le compte pénibilité, à la présidentielle de mai. Le ministère du Travail conteste cette analyse, soulignant qu’«une déclaration pour être corrigée doit d’abord avoir été produite».
Le Medef, de son côté, prône le légalisme. «Nous demandons à nos fédérations d’aider les entreprises qui le souhaitent à remplir la déclaration d’ici au 31 janvier», rappelle Alexandre Saubot, le président de la métallurgie (UIMM) et numéro deux du Medef. Pas question pour l’organisation de Pierre Gattaz d’agacer le gouvernement dans la dernière ligne droite. Même si certains dirigeants comprennent que des fédérations professionnelles aient, sur le terrain, un discours très revendicatif. Pour ajouter à cette cacophonie, la CPME a choisi d’attaquer en justice, seule, des décrets d’application du compte pénibilité.
LES ECHOS – 31/01/2017
Le nombre de défaillances d’entreprises est en très net recul
Moins de 58.000 entreprises ont fait l’objet d’une procédure judiciaire en 2016 (-8,3 %), selon Altares.
L’embellie va se poursuivre cette année : le nombre de défaillances devrait se rapprocher de son niveau d’avant crise.
L’année 2016 aura marqué une réelle embellie sur au moins un point : les défaillances d’entreprises. Selon la société Altares, le nombre d’entreprises ayant fait l’objet d’une procédure judiciaire – redressement, liquidation ou sauvegarde – l’an passé a reculé de 8,3 % par rapport à 2015. Les défaillances sont même passées en 2016 sous la barre des 60.000 puisqu’elles se sont élevées à 57.844. « C’est 8.000 de plus qu’en 2007, avant la crise, mais on s’approche du niveau de 2008 », remarque Thierry Millon, directeur des études chez Altares. « Et si l’on ne s’intéresse qu’au quatrième trimestre, alors le nombre de défaillances est presque équivalent à celui des trois derniers mois de 2007. A partir d’octobre, l’embellie s’est amplifiée chaque mois », souligne-t-il.
Le recul des défaillances sur le seul quatrième trimestre atteint 12,2 %. L’amélioration est donc indiscutable, malgré le fait que la croissance de 2016 – attendue à 1,2 % – n’a pas été meilleure que celle de 2015. Mais les marges des entreprises ont continué à progresser l’an passé grâce aux mesures du gouvernement comme le Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (Cice) et le pacte de responsabilité, ainsi qu’à la modération du prix du pétrole. Les taux d’intérêt toujours bas ont aussi contribué à les aider.
La confiance retrouvée des chefs d’entreprise
Autre preuve de l’embellie, tous les secteurs d’activité ont vu le nombre de sinistres reculer, à l’exception notable de l’agriculture où les défaillances ont continué à grimper. La construction va ainsi nettement mieux, comme le décollage du nombre de permis de construire le montre : le secteur a compté 2.300 défaillances en moins en 2016 par rapport à 2015. Le commerce et les services aux particuliers ont profité de la hausse de consommation et du regain de pouvoir d’achat. Même les entreprises de l’hébergement et restauration, très touchées par les attentats, s’en sortent finalement bien.
De la même façon, toutes les tailles d’entreprises profitent de cette amélioration, de la très petite à celle de plus de 100 salariés. Le recul est particulièrement prononcé pour les grosses PME. Logiquement, les procédures enclenchées l’an passé mettent donc moins d’emplois en danger : 200.000 environ, soit 35.000 de moins que l’année précédente. Ce mieux va-t-il se confirmer en 2017 ? « On voit que, tant les chefs d’entreprise que les consommateurs, retrouvent la confiance », pointe Thierry Millon. Il s’attend à un nouveau recul des défaillances, de 6 % cette année, à 54.000 sinistres environ. Un tel chiffre ferait de 2017 la meilleure année depuis 2007 et permettrait de s’approcher du niveau des défaillances enregistrées avant la crise. L’assureur-crédit Euler Hermes anticipe aussi un recul du même ordre (-7 %).
Dans le même temps, les créations d’entreprises ont tendance à augmenter. Plus de 330.000 entreprises ont été créées l’an passé, hors micro-entreprises, soit autant qu’en 2007. D’autres pays, notaient récemment les économistes de la Coface, ne peuvent pas en dire autant. Ainsi, en Allemagne, les créations d’entreprises sont de 20 % inférieures à celles de 2007. Mais le pays affiche, il est vrai, un taux de chômage bien plus faible qu’en France.
Guillaume de Calignon
LES ECHOS – 31/01/2017
5 heures : la mise en garde de France Stratégie
Le think tank appelle les candidats à la présidentielle à clarifier l’objectif poursuivi par une réforme du temps de travail.
C’est une « note d’action critique » sur un sujet politiquement très clivant dans la campagne présidentielle, que publie France Stratégie ce mardi matin et dont « Les Echos » ont eu copie. Elle porte en effet sur le temps de travail. Victorieux de la primaire du PS dimanche, Benoît Hamon prône le passage de 35 à 32 heures. A droite, François Fillon, lui, veut supprimer toute durée légale et, par voie de conséquence, la majoration obligatoire des heures supplémentaires.
Le centre de réflexion rattaché à Matignon ne prend pas position pour l’un ou l’autre, mais « veut clarifier le débat en identifiant l’objectif visé », explique l’un de ses auteurs, Fabrice Lenglart, commissaire général adjoint de France Stratégie. Celui d’une réduction ou d’une augmentation de la durée du travail est le même : lutter contre le chômage, estime la note. Pour y réussir, dans un cas comme dans l’autre, il faut « avant tout veiller à maîtriser les coûts salariaux unitaires ».
Dans un « contexte de croissance faible et de rupture technologique », « une nouvelle baisse de la durée du travail […] peut être vue comme une modalité de partage du temps de travail » et « conduire à des créations d’emplois et à une baisse du chômage à court terme », admet France Stratégie. Mais pour qu’elle soit « durable », il faut des gains de productivité via une « réorganisation des méthodes de travail » et une modération y compris des bas salaires. A défaut d’une baisse du SMIC mensuel, l’institut évoque la nécessité de nouvelles baisses des prélèvements sur les entreprises, alors même que les allégements de cotisations « ont déjà considérablement augmenté ». A contrario, une hausse de la durée du travail « risque d’entraîner à court terme une hausse du chômage dans la mesure où les entreprises auront tendance, à niveau donné de leurs carnets de commandes, à ajuster leur cible de main-d’oeuvre à la baisse », surtout si la conjoncture est déprimée, juge le think tank. A moyen terme, l’effet peut s’inverser, à la condition d’une hausse des salaires inférieure à celle de la durée du travail, conduisant à une baisse des coûts salariaux unitaires. Sans garantie cependant « sur la motivation des salariés et donc sur leur productivité ».
S’il renvoie donc dos à dos droite et gauche sur le temps de travail, France Stratégie n’oublie pas pour autant un troisième scénario : celui défendu par Emmanuel Macron, qui a évoqué l’idée d’une durée du travail qui varierait selon l’âge du salarié. D’autres pays ont d’ailleurs engagé des réformes en ce sens. Mais elles visent à « porter l’adéquation tout au long de la vie des temps de travail aux aspirations des salariés à plus de liberté dans la gestion de leur temps et aux besoins de flexibilité des entreprises », pas à baisser le chômage, avertit France Stratégie, qui inclut dans une telle logique le travail du dimanche.
Leïla de Comarmond
::: ENTREPRISES
LES ECHOS – 31/01/2017
Hôtellerie-restauration : le patronat pousse son plan d’action
L’Umih appelle à gagner 1 point de PIB en cinq ans.
Soit 200.000 emplois et 21 milliards supplémentaires.
Le tourisme ne sera pas absent des débats de la campagne présidentielle, ni de ceux des élections législatives et sénatoriales qui suivront. L’Umih, la principale organisation patronale de l’hôtellerie-restauration, et ses syndicats associés vont profiter de cette séquence politique chargée pour porter haut les couleurs de ce secteur clef – 7,4 % du PIB en 2015 et quelque 2 millions d’emplois – en proposant un « Plan d’actions à l’adresse des candidats aux élections de 2017 ».
Officialisé ce mardi et présenté sous la forme d’un livret didactique, ce plan s’articule autour de « 7 priorités » – accompagnées de diverses mesures -, la première d’entre elles entraînant les six autres : l’Umih appelle tout d’abord à gagner 1 point de PIB supplémentaire en cinq ans, soit 21 milliards d’euros de recettes additionnelles (la consommation touristique représente près de 159 milliards) et 200.000 emplois.
Création d’un fonds pour la promotion
Reprenant l’objectif gouvernemental des 100 millions de visiteurs étrangers en 2020, à comparer à environ 85 millions en 2015 et probablement entre 80 et 82 millions l’an dernier, l’Umih préconise de porter à 100 millions d’euros par an le budget alloué à la promotion. Pour ce faire, elle plaide pour la création d’un fonds, soutenu par l’Etat et alimenté par « tous les acteurs » profitant du tourisme.
En outre, l’organisation préconise de simplifier le pilotage de la filière, qui dépend de deux ministères – Economie et Affaires étrangères – et de deux secrétariats d’Etat, avec la création d’un ministère du Tourisme de « plein exercice ». Par ailleurs, le plan de l’Umih remet sur la table des thématiques bien connues mais pas assez « creusées », comme la valorisation de l’apprentissage et la simplification administrative. Autres sujets lancinants : la stabilisation de la fiscalité et le respect par les plates-formes Internet de leurs obligations légales.
Christophe Palierse
LES ECHOS – 31/01/2017
Les grands ports français résistent
Les ports de Paris, Rouen et Le Havre constituent au sein d’Haropa le premier ensemble portuaire français et le cinquième en Europe.
Le ralentissement du commerce mondial, de mauvaises récoltes céréalières et la crise énergétique ont pesé en 2016.
Des investissements en hausse, des efforts sur la logistique et des chantiers innovants soutiennent l’activité.
Promulguée le 21 juin 2016, la loi sur l’Economie bleue censée traduire « une politique maritime ambitieuse », comme s’en félicitait Alain Vidalies, le secrétaire d’Etat chargé des Transports, de la Mer et de la Pêche, ne sera pas du luxe pour le domaine portuaire français. L’initiateur de ce texte, le député PS Arnaud Leroy, en appelait d’ailleurs à « un véritable plan Marshall portuaire ». Au vu des bilans d’activité mitigés des grands ports maritimes français, ces infrastructures portuaires en ont plus que jamais besoin.
Haropa – Le Havre, Rouen, Paris
Les ports de Paris, Rouen et Le Havre, qui constituent au sein d’Haropa le premier ensemble portuaire français et le cinquième en Europe, ont enregistré en 2016 une baisse de 4,8 % de leurs trafics maritimes, à 87,1 millions de tonnes, pénalisés notamment par la mauvaise récolte céréalière. Pour Hervé Martel, son président (et directeur général du Port du Havre), Haropa « a cumulé les handicaps sur des facteurs exogènes ». Ceux-ci n’ont cependant pas empêché le trafic de conteneurs de battre « pour la deuxième année de suite son propre record de et vers le marché français », avec 1,96 million d’EVP (pour équivalent vingt pieds, unité de mesure des conteneurs), en hausse de 0,6 %. Sur la période 2011-2016, la part de marché des ports de Paris, Rouen et Le Havre sur les conteneurs échangés dans les ports du « range nord » européen est passée de 5,9 % à 6,4 %. En 2017, Haropa va investir près de 95 millions d’euros, tandis que les investissements privés devraient atteindre plus de 595 millions, contre 527 millions en 2016.
Marseille Fos
Malgré « la réduction de la rente pétrolière », que pointe du doigt Jean-Marc Forneri, le président du conseil de surveillance du Grand Port maritime de Marseille Fos, la hausse du nombre de conteneurs débarqués (+3 %), mais aussi de voitures (+5 %), remorques (+7 %), « petits vracs » et GNL a permis de stabiliser le trafic 2016 au niveau de 2015, avec un trafic total de 80,9 millions de tonnes. Quant au trafic passagers, à 2,7 millions (+6 % sur un an), il témoigne du succès de la destination provençale pour les croisiéristes (+9 %), du dynamisme des lignes vers l’international (+12 %) et d’un retour à la normale pour la desserte de la Corse. De quoi rendre les autorités portuaires « assez confiantes » pour 2017. D’autant que s’y ajoute, à terre, un potentiel logistique, comme l’illustrent les 250.000 mètres carrés développés en 2016. Les investissements totaux ont progressé de 22 %, à 55 millions d’euros.
Si la fermeture de la raffinerie Total de La Mède symbolise la fin d’un modèle, le positionnement de Marseille Fos sur la transition énergétique est conforté par de nombreux projets. Quant au choix du néerlandais d’Interxion de baser son futur data center dans des locaux portuaires obsolètes, il souligne encore ce changement d’ère. En 2017, le port de Marseille table sur une croissance de 2,2 % de son trafic et des investissements en hausse de 18 %, à 65 millions.
Dunkerque
Troisième des grands ports maritimes en termes de trafic, Dunkerque a vu son activité en 2016 freinée par les arrêts techniques pour maintenance d’un des hauts fourneaux d’ArcelorMittal, la fermeture définitive de la société de raffinerie de Dunkerque et le retard dans le démarrage de l’exploitation du terminal méthanier. Il a néanmoins réussi à maintenir son tonnage, à 46,7 millions de tonnes (+0,3 %). Avec le trafic de Calais et Boulogne-sur-Mer, les ports des Hauts-de-France totalisent 90,7 millions de tonnes. L’Association des ports des Hauts-de-France vient d’ailleurs d’être créée avec pour objectif avoué de gagner des parts de marché sur Le Havre au sud et Anvers et Rotterdam au nord, grâce au futur canal Seine Nord, qui leur permettra d’aller chercher des flux de conteneurs dans l’« hinterland », à l’intérieur des terres. Dunkerque-Port a déjà enregistré en 2016 une progression record de 7 % de son trafic de conteneurs, à 341.000 EVP, souligne Stéphane Raison, président du directoire. Ce dernier se félicite du retour de grands groupes nordistes comme Castorama, Roquette ou encore Auchan. Selon des projections ambitieuses, le trafic conteneurs pourrait être multiplié par 7 en… 2035, à 2,5 millions d’EVP.
Nantes-SaintNazaire
Après cinq ans de baisse continue, le trafic du port de Nantes-Saint-Nazaire a légèrement progressé en 2016, à 25,5 millions de tonnes (+0,3 %). La progression aurait été plus marquée sans les blocages de la raffinerie de Donges liés à la loi travail, en mai et juin 2016. Les trafics énergétiques, qui représentent 64 % des volumes, ont néanmoins progressé de 6,5 %. Autre satisfaction, le sursaut du trafic roulier (+19 %) porté par l’autoroute de la mer Vigo-Montoir et par la Milk Run Med. Celle-ci, transportant des colis aéronautiques, est désormais utilisée par Renault Nissan et Scania. Le trafic du terminal à conteneurs de Montoir a lui perdu 2 %, à 183.000 EVP. Nantes-Saint-Nazaire reste très au-dessous de son équilibre économique. Il lui faudrait 30 millions de tonnes pour couvrir ses coûts de fonctionnement. Pour y parvenir, les investissements se poursuivent avec 40 millions d’euros programmés cette année, après 30 millions l’an dernier.
Bordeaux La Rochelle
Le port de Bordeaux a vu son trafic reculer de 6,5 %, à 7,85 millions de tonnes, l’an dernier sous l’effet de la baisse des exportations de céréales, qui pèse un quart du tonnage traité. Les hydrocarbures, autre grand poste d’activité, ont faibli de 1,7 %. Une lente glissade qui a fait le bonheur de La Rochelle, un port en eau profonde et désormais premier port en tonnage de la région Nouvelle-Aquitaine, à 9,23 millions de tonnes (-5,9 %). Avec le projet XL Gironde de dragage de l’estuaire dans lequel le port de Bordeaux investit 15 millions d’euros cette année, le port a l’ambition de faire gagner près de 10 % de tirant d’eau aux navires. Enfin, Bordeaux s’invite parmi les destinations de choix pour les croisiéristes. Ils ont été 50 à accoster en 2016, en hausse de 40 % par rapport à 2015, et devraient être 53 cette année.
Antoine Boudet et Nicole Buyse
::: POLITIQUE
FRANCEINFO – 31/01/2017
Présidentielle : les propositions du Medef pour sauver l’entreprise
Le président du Medef Pierre Gattaz le 10 janvier 2017 à l’Elysée au moment des vœux aux partenaires sociaux.
Franceinfo vous révèle les propositions que le Medef va soumettre mardi 31 janvier aux candidats à la présidentielle pour sauver l’entreprenariat.
Pour le Medef, le constat est simple : le sujet de l’entreprenariat est en train de passer à la trappe des programmes des candidats à la présidentielle. A trois mois du scrutin, le patronat se mobilise pour remettre ce sujet au centre du débat. Le Medef et le collectif Entreprendre2017 dévoilent mardi 31 janvier plusieurs propositions concrètes à destination des candidats de droite comme de gauche.
Insuffler l’esprit d’entreprendre aux plus jeunes
Le Medef préconise de sensibiliser les élèves dès l’école primaire mais aussi les apprentis, les étudiants et les enseignants via des méthodes ou des formations spécifiques.
Encourager la création d’entreprise
Pour créer plus d’entreprise et diminuer le taux de défaillance, le Medef veut revoir le dispositif d’exonération de charges sociales la première année.
Simplifier la cession des entreprises
Le collectif propose de supprimer la loi Hamon sur l’économie sociale et solidaire. Cette loi oblige les patrons à informer les salariés de tout projet de vente de l’entreprise, deux mois avant l’échéance, sous peine d’amende.
Attribuer un numéro de Siret à tous les Français dès l’âge de 16 ans
Le numéro Siret est un peu le numéro de la carte d’identité d’une entreprise. Avec cette mesure, le Medef estime que les Français pourront créer une entreprise à n’importe quel moment. Cette proposition avait déjà été avancée par Jean-François Copé lors de la campagne de la primaire de la droite.
Sarah Lemoine
L’OPINION – 31/01/2017
Hamon ou la tentation du clash avec le PS
Rallier la gauche au-delà du PS ou rassembler l’ensemble de la famille socialiste ? Benoît Hamon est désormais au pied du mur. Prochain test : la convention d’investiture, ce dimanche
Le Premier ministre a reçu lundi Benoît Hamon. À l’issue de ce tête-à-tête, Bernard Cazeneuve a mis en garde le vainqueur de la primaire : « Je le dis franchement et nettement à Benoît Hamon, la gauche ne réussira pas sans assumer le bilan de François Hollande. » De son côté, le candidat socialiste à l’élection présidentielle a indiqué que le quinquennat était « bon sur certains aspects, plus discutables sur d’autres », souhaitant « enrichir son projet mais sans le dénaturer ». Benoît Hamon doit s’entretenir jeudi avec le président de la République.
Lundi, en fin d’après-midi, dans la cour de Matignon, le Premier ministre, après une heure et demie de tête-à-tête avec le candidat socialiste, a adopté un ton particulièrement grave : « Benoît Hamon a une responsabilité éminente. C’est à lui de rassembler, de trouver les mots ». Puis il a souligné qu’en tant que chef de la majorité, il œuvrerait lui-même pour rassembler les progressistes, mais « dans un souci de crédibilité, de vérité et de confrontation avec la réalité. » Chaque mot est pesé au trébuchet et renvoie aux interrogations qui pèsent sur Benoît Hamon.
Le Premier ministre n’a pas adopté ce ton « de la dernière chance » par hasard. Depuis quelques jours, les proches de Benoît Hamon ne cessaient de susurrer, dans un sourire entendu, « vous verrez dimanche, il fera un discours d’ouverture. » À l’heure dite, dimanche soir, la famille socialiste était donc sur France2 pour entendre son nouveau candidat à l’élection présidentielle. Son intervention a eu l’effet d’un coup de massue. En s’adressant directement à Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon, il a fait exactement le contraire de ce que beaucoup espéraient.
Héros des frondeurs. Benoît Hamon n’a envoyé aucun signe propre à rassurer les proches de Manuel Valls ou du chef de l’État. Ni sur le bilan, ni sur son propre programme qui aurait été passé à la paille de fer de la crédibilité. Il a suivi la dynamique de la primaire, qui le déporte sur sa gauche, visant à « ringardiser Mélenchon », à demeurer le héros des frondeurs et l’épouvantail de tous les socialistes qui estiment que l’histoire rendra justice à ce quinquennat. « Soit il représente une candidature de témoignage, qui va tenter de prendre deux ou trois points à Mélenchon dans l’objectif d’incarner après 2017 le leadership de l’opposition, soit il veut véritablement se hisser à 20 %, se battre pour être au deuxième tour de la présidentielle et il se recentre au cœur de la famille socialiste », souligne un poids lourd du gouvernement.
Lundi matin, à Matignon, le Premier ministre qui avait réuni tout son gouvernement, avait perçu une ambiance proche de la sidération. « Autour de la table, la plupart des ministres étaient plongés dans la stupéfaction, note un secrétaire d’État. Beaucoup ne vont avoir qu’une idée en tête, se mettre en quarantaine ».
« C’est manifestement notre candidat, remarque un ministre abattu. On ne peut donc pas lui cracher à la figure ». Même parmi les socialistes les moins critiques à l’égard de Benoît Hamon, on estime que son entrée en scène présidentielle a été une erreur. « Aujourd’hui, l’opinion majoritaire à gauche, c’est qu’être légitimiste, c’est voter Macron. Il doit renverser la vapeur », observe un leader du PS. Un proche de François Hollande approuve : « Macron, lui au moins, il ne dit pas de mal du bilan, il se contente de dire du bien de ce qu’il va faire ».
Un reproche qu’a dû percevoir Benoît Hamon. Lors du Journal de 20 heures, lundi 30 janvier sur France 2, l’ancien ministre a en effet admis que ce quinquennat était pourvu « d’éléments positifs », louant le combat de Matthias Fekl contre le Tafta ou la persévérance de Marisol Touraine sur le compte pénibilité. Il s’est par ailleurs dit prêt à s’inspirer des « contributions qui sont celles de la famille socialiste » pour enrichir son programme, tout en restant ferme sur le revenu universel, dont il « maintiendra le cap ».
Grand oral. « On a une vingtaine de jours utiles pour mettre tous les signaux au vert : rassembler, éviter l’hémorragie et poursuivre la dynamique. Il y a une bataille de l’opinion interne au PS à mener », estime Régis Juanico, le porte-parole de Benoît Hamon. Après avoir hésité, le candidat a préféré reporter l’épreuve d’affronter les députés socialistes à l’occasion de la réunion de groupe. Son grand oral face aux députés n’aura pas lieu ce mardi matin. « Il faut laisser les choses se décanter, ne pas mettre la pression », observe un proche de Hamon, ce que traduit un leader socialiste : « Il lui était difficile de faire face à 200 députés hostiles ».
En réalité, tout devrait se dénouer le 5 février, à la convention d’investiture. À 12 heures 30, Benoît Hamon prendra longuement la parole devant 2 000 socialistes. « On verra alors s’il est en capacité de parler à tous », note un proche du chef de l’État, qui sera présent à la Mutualité. Concrètement, cela veut dire donner des gages sur le bilan et ses propres propositions. Les Hollandais, qui se réunissaient lundi soir autour de Stéphane Le Foll, au ministère de l’Agriculture, rue de Varenne, ont une idée très précise des points durs. Pour eux, le bilan ne se cristallise pas sur le 49.3 ou sur la déchéance de nationalité, deux marqueurs dont ils ne font pas des totems.
En revanche, la loi El Khomri ne peut être simplement rayée d’un trait de plume. « Il faudra dimanche qu’il nous dise clairement ce qu’il peut garder de la loi », affirme l’un d’entre eux. Benoît Hamon est également attendu sur le Pacte de responsabilité. « Il a indiqué que la première marche de son revenu d’existence, c’était l’équivalent du Pacte de responsabilité et de compétitivité, soit 40 milliards d’euros. Soit il a pris seulement un élément de comparaison, soit il a l’intention de revenir sur le Pacte, et il franchit la ligne jaune ».
Droit d’inventaire. Lundi matin, autour de Bernard Cazeneuve, le débat s’est également noué sur la question du bilan. « L’idée qu’il y a une sorte de droit d’inventaire dans ce quinquennat n’est pas totalement absurde, souligne un membre du gouvernement. On voit bien que notre électorat rejette une partie de ce bilan, et que ceux qui s’en sortent le mieux dans l’opinion sont ceux qui ont pris leurs distances avec Hollande et son bilan. Après, on ne peut pas gagner en disant que tout a été nul non plus. Le problème, c’est de trouver la bonne distance. » Ce ministre fait remarquer que Benoît Hamon était membre du gouvernement lorsque François Hollande a annoncé le CICE, puis amorcé, avec le Pacte de responsabilité, son tournant social-libéral, et n’a pas bronché.
Au sein du gouvernement et du « marais » parlementaire, on est donc prêt à s’accorder sur un possible soutien à Benoît Hamon. Mais cela n’ira pas sans sacrifices pour ce dernier. « Il a donné suffisamment de gages à gauche, notamment aux jeunes CSP + qui soutiennent Mélenchon, maintenant, il doit se recentrer, faire la synthèse », espère encore un jeune ministre. Mais rien n’indique à ce stade que Benoît Hamon, fort de ses 59 % de suffrages, ait la moindre intention de se livrer à cet exercice.
LE MONDE – 31/01/2017
Jadot invite Hamon à « s’émanciper » du PS
Le candidat écologiste déclare qu’il y aura « un bulletin Jadot à la présidentielle ». Les vallsistes, eux, demandent à Benoît Hamon un projet présidentiel de nature à créer « une dynamique de rassemblement ».
Benoît Hamon, qui a remporté la primaire à gauche dimanche 29 janvier, a annoncé au soir des résultats qu’il comptait dialoguer avec Yannick Jadot, candidat d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), et avec Jean-Luc Mélenchon, le fondateur du Parti de gauche qui se présente désormais sous la bannière du mouvement La France insoumise. « Je proposerai à Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon de construire une majorité gouvernementale sociale, économique et démocratique, a déclaré celui qui est désormais le candidat du PS à l’élection présidentielle. Il faudra rassembler la gauche et les écologistes. »
Invité sur BFM-TV, Yannick Jadot s’est félicité lundi de la victoire de Benoît Hamon. « En temps que candidat écologiste qui veut que le débat écologiste s’ouvre [largement] en France », c’est une « excellente nouvelle », a-t-il dit. En revanche, le candidat EELV ne s’est pas prononcé sur un éventuel soutien au candidat issu de la primaire à gauche, estimant que la question était maintenant celle de la « cohérence ».
« Si Benoît Hamon est prêt à s’émanciper d’un Parti socialiste qui n’a jamais fait sa conversion écologiste, je militerai à ses côtés pour que nous nous lancions ensemble dans cette grande aventure. » Mais « si l’objectif d’Hamon est de faire le compromis avec Valls, il n’y aura pas de grande dynamique ». « Ce que je lui propose, c’est le grand large », a-t-il déclaré.
- Jadot a souligné par ailleurs que la question de son désistement n’était pas à l’ordre du jour : « J’ai un mandat, je suis le candidat écologiste issu d’une primaire. » « Il y aura un bulletin Jadot à la présidentielle », a-t-il assuré, ajoutant qu’il avait pour l’heure rassemblé 350 signatures sur les 500 nécessaires pour se présenter à l’élection présidentielle.
« Tendre la main »
Lundi, le directeur de campagne du candidat vainqueur, Mathieu Hanotin, a répété l’appel au rassemblement lancé la veille par Benoît Hamon. « Le rassemblement c’est bien au-delà des acteurs institutionnels, politiques, qui ont fait le choix d’être candidats, ça s’adresse avant tout aux citoyens de gauche », a-t-il estimé à l’antenne de LCI.
« Est-ce que le bilan de François Hollande est indéfendable ? Certains l’ont dit, Benoît Hamon ne l’a pas dit », a également déclaré le député de Seine-Saint-Denis, soucieux de tendre la main aux soutiens de Manuel Valls. Soulignant trois divergences fortes avec la politique gouvernementale – « la déchéance de nationalité, la loi travail, l’utilisation du 49-3 » – M. Hanotin a ajouté : « En dehors de ça, il s’est quand même passé beaucoup de choses au gouvernement et beaucoup de choses sur lesquelles à titre personnel, [et] Benoît Hamon lui-même, nous avons voté les lois », a-t-il assuré.
Au micro de RTL, le porte-parole de Manuel Valls, Philippe Doucet, soutient qu’il revient à M. Hamon de « tendre la main » et de faire « l’inverse » de ce qu’a fait François Fillon après sa victoire à la primaire de la droite.
« Je pense qu’il y a des désaccords qui resteront. Mais Benoît Hamon, dans la semaine, dans les quinze jours qui viennent, il a un choix à faire (…). Il doit élargir, il doit passer d’un projet de la primaire à un projet de la présidentielle. »
- Doucet soutient que le vainqueur de la primaire à gauche a « intérêt à réunir les candidats de la primaire autour de lui » pour avoir « une dynamique de rassemblement » et regarder « où il y a des points de convergence ».
Interrogé sur d’éventuels ralliements à Emmanuel Macron de parlementaires socialistes, le porte-parole de M. Valls a répondu : « On ne sait pas ce que pense Emmanuel Macron et puis, par ailleurs, quand vous êtes un député socialiste, élu par des électeurs socialistes avec des militants socialistes, vous avez aussi des comptes à rendre à vos propres militants et à vos propres électeurs, fait valoir Philippe Doucet. Je pense que la majorité des députés socialistes ne suivra pas Macron, (…) peut-être même moins d’une dizaine. C’est mon sentiment, je peux me tromper mais je pense que ça n’ira pas beaucoup plus loin. »
« Pas de rendez-vous pris » avec Mélenchon
Egalement invité au rassemblement dimanche par Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon avait opposé jeudi une fin de non-recevoir à toute idée en ce sens. Depuis, le candidat de La France insoumise a adouci son discours envers le candidat socialiste, saluant dimanche « des paroles si proches des nôtres » et « un fait qui donnera ses fruits le moment venu ».
Lundi, le porte-parole de Jean-Luc Mélenchon, Alexis Corbière, a estimé que la candidature de Benoît Hamon n’incarnait pas le renouvellement souhaité par les Français et a écarté l’idée que son leader puisse s’effacer au profit du candidat socialiste. « Ce serait extrêmement arrogant que le candidat PS dise (…) “arrêtez de faire campagne” », a-t-il déclaré, précisant qu’il y aurait bien un bulletin Mélenchon à la présidentielle.
Réaction d’Alexis Bachelay, le porte-parole de Benoît Hamon, lundi sur Sud Radio-Public Sénat : « A ce stade, il n’y a pas encore de rendez-vous de pris » avec le candidat de La France insoumise.
Le candidat socialiste doit rencontrer lundi le premier ministre Bernard Cazeneuve et les membres du gouvernement, ainsi que François Hollande dans la semaine.
LE FIGARO – 31/01/2017
François Fillon repart à l’offensive et compte cibler Emmanuel Macron
Le candidat de la droite estime avoir remobilisé ses troupes dimanche lors de son grand meeting de la Villette.
La justice a exaucé le vœu de François Fillon: il souhaitait être reçu «dans les plus brefs délais» par le parquet financier, il a été entendu lundi, avec son épouse. Pendant que l’enquête se poursuit, le candidat et son équipe essaient, eux, de continuer à mener campagne. Comme si de rien n’était, ou presque. Lors de la réunion des cadres qui a précédé le meeting de la Villette, dimanche matin, Patrick Stefanini, le directeur de campagne, n’a pas dit un mot du soupçon d’emplois fictifs qui pèse sur Penelope Fillon. «Il n’a parlé que de l’organisation, rapporte un participant, et c’était du Stefanini pur jus: net, carré.» François Fillon ne s’est pas montré. Il ne devrait pas non plus apparaître mardi devant les élus régionaux les Républicains, convoqués par le secrétaire général du parti, Bernard Accoyer.
Quant aux parlementaires qui espéraient voir le candidat cette semaine, ils seront déçus. «Fillon considère que le meeting a remobilisé les troupes, il ne veut pas donner l’impression de s’occuper de l’interne, explique un proche. Il doit être entièrement tourné vers les Français.» Tous les porte-parole, Thierry Solère en tête, ont célébré le «beau discours» de leur champion à la Villette. «C’était puissant», a assuré le député LR des Hauts-de-Seine, reprenant un qualificatif employé par Jean-Pierre Raffarin.
Les lieutenants de l’ex-premier ministre doivent repartir à l’offensive. Conformément aux «éléments de langage» – «EDL» , dans le jargon de la communication politique – diffusés par le QG, les fillonistes les plus fréquemment invités dans les médias ont concentré leurs tirs sur Emmanuel Macron. Avant que l’issue de la primaire de gauche soit connue, la consigne était déjà de présenter le fondateur d’En marche! comme un «candidat de gauche». Depuis que Benoît Hamon a triomphé de Manuel Valls, l’angle d’attaque a été affiné. «Macron est désormais le dernier survivant du hollandisme», explique Thierry Solère, qui se réjouit que «la gauche soit segmentée entre deux représentants irréconciliables».
«Se battre comme un lion»
Vue du terrain, la séquence «remobilisation» paraît moins aboutie qu’on semble le penser à Paris. «Chez moi, c’est 50/50, raconte le député du Var Philippe Vitel. La moitié de nos électeurs considère qu’on harcèle notre candidat de façon ignoble, l’autre moitié est ébranlée.»
Assurant qu’il «garde le moral» et qu’il veut «se battre comme un lion», Vitel a apprécié le discours de Fillon, qu’il a suivi à la télé, mais juge qu’il en faudra plus pour reconquérir des sympathisants déroutés. Le problème, selon lui, ne se limite pas aux «boules puantes»: «Ce qui nous a fait beaucoup de mal, estime le député, c’est la santé. Le tract format carte postale de Marine Le Pen où elle dit “Fillon va vous rendre malade” a causé de gros dégâts, et ce que Fillon a dit à la Villette n’a pas suffi à rassurer les gens. Il faut leur expliquer qu’ils vont être mieux soignés pour moins cher!»
Dans le Var, «Macron prend au centre, mais aussi à droite», affirme Philippe Vitel, qui explique par «une obsession de renouveau» l’attraction opérée par le candidat d’En marche!
Dans le Maine-et-Loire, terre plus centriste, le député ex-juppéiste Marc Laffineur fait le même constat. Selon lui, «les gens sont très perplexes et très hésitants. Ceux qui se tournent vers Macron le font par attrait pour la nouveauté, mais aussi par rejet des autres. Mais ils ne sont pas encore dans la présidentielle. Ils ne s’intéressent pas à son programme, ils ne se demandent pas avec quelle majorité il pourrait bien gouverner». «Rien n’est perdu», assure Laffineur, qui est revenu plein d’espoir du meeting de la Villette: «Fillon a mis dans son discours beaucoup plus d’affect que d’habitude, et c’est très bien!»
Dans le Grand Est, la conseillère régionale sarkozyste Valérie Debord se réjouit, elle, des annonces sociales du candidat. «C’est exactement ce qu’on attendait, ça prouve qu’on a été entendus», confie-t-elle. Elle a pu vérifier lundi lors d’une galette des rois organisée par la Ville de Nancy que les retraités avaient apprécié les augmentations promises par François Fillon. Elle assure que «c’est de nature à contrebalancer la tentation de voter pour Marine Le Pen, plus présente dans cette partie de la France que la tentation Macron». Le FN aussi espère profiter des malheurs du candidat de la droite.
::: INTERNATIONAL
LES ECHOS – 31/01/2017
Brexit : les entreprises préfèrent l’Allemagne et les Pays-Bas à la France
Bye-bye London ? Bonjour Paris ? Pas évident.
Selon une étude d’EY, la France n’est que le troisième pays préféré par les entreprises étrangères pour relocaliser leur activité.
« Et à la fin, c’est toujours l’Allemagne qui gagne. » Cette célèbre petite phrase du footballeur britannique Gary Lineker peut aussi s’appliquer à l’économie. En tout cas en ce qui concerne les conséquences du Brexit. C’est ce qui ressort d’une étude effectuée par le cabinet de conseil EY qui a interrogé 254 dirigeants de sociétés étrangères implantées au Royaume-Uni en novembre dernier. Selon cette enquête, 14 % des entreprises à capitaux étrangers installées de l’autre côté de la Manche estiment que le vote de juin dernier aura des conséquences sur leur organisation, ce qui les poussera à transférer tout ou une partie de leur activité autre part. « C’est considérable et cela va avoir un impact fort sur l’industrie manufacturière et l’industrie financière en Grande-Bretagne », estime Marc Lhermitte, associé chez EY et coauteur de l’étude.
L’Allemagne est la destination privilégiée par ces entreprises désireuses de transférer une partie de leur activité à l’étranger, suivie des Pays-Bas. La France n’arrive qu’en troisième position, juste avant l’Irlande. « Le contexte général est inquiétant pour les multinationales. Il existe une instabilité générale depuis l’élection de Donald Trump : les taux de change sont volatils et l’avenir du commerce international, incertain. Du coup, l’Allemagne, avec une élection à venir qui ne fait pas particulièrement peur, est vue comme un îlot de stabilité », explique Marc Lhermitte. D’ailleurs, chez les dirigeants interrogés, le Brexit n’apparaît que comme étant la troisième plus forte préoccupation, derrière la volatilité des marchés et l’instabilité politique des pays européens. A l’inverse, « la France ne propose pas un contexte politique très stable actuellement ni un environnement fiscal et réglementaire assez efficace », juge l’associé d’EY. A ce titre, « le résultat de l’élection présidentielle sera important ».
Les Asiatiques intéressés
Toutefois, l’Hexagone a des atouts à faire valoir, notamment sa capitale, dynamique et qui reste la plus grande ville d’Europe continentale. « A terme, le Grand Paris a beaucoup à gagner. Le jeu reste ouvert », pointe Marc Lhermitte. A la question de savoir quelles villes seraient leur destination privilégiée en Europe, les investisseurs étrangers interrogés par le cabinet de conseil citent d’abord Londres – pour 54 % d’entre eux – puis Paris, mis en avant par 48 % des investisseurs et enfin, loin derrière, Francfort, Berlin et Madrid. « Paris a réduit l’écart avec Londres, parce que l’enthousiasme pour la capitale britannique baisse et parce que les investisseurs cherchent une autre ville « réellement mondiale » en Europe, les Asiatiques se montrant particulièrement intéressés », notent les auteurs de l’étude.
VIDEO – Quels pays profitent vraiment du Brexit ? http://www.lesechos.fr/economie-france/conjoncture/0211738648714-brexit-les-entreprises-preferent-lallemagne-et-les-pays-bas-a-la-france-2061379.php
LE FIGARO – 31/01/2017
Merkel face à la pression de plus en plus forte d’Erdogan
Le président turc exige que l’Europe lui livre tous ceux qui tentent d’échapper à la purge déclenchée après le putsch manqué.
Angela Merkel se prépare à un exercice périlleux. Jeudi, la chancelière allemande se rend en Turquie pour parler, officiellement, de la crise des réfugiés et de la lutte contre le terrorisme. Mais c’est tout simplement des relations entre l’Europe et Ankara dont il sera question, alors que le pouvoir se durcit dans la péninsule et menace l’Union. Le président Recep Tayyip Erdogan réclame le soutien des Européens dans son entreprise de purge de l’opposition, faute de quoi, laisse-t-il comprendre, l’accord sur le contrôle de la frontière, qui protège l’Union d’une éventuelle nouvelle crise migratoire, serait remis en cause.
De l’autre côté de la mer Égée, l’embarras est perceptible face à l’escalade d’Ankara. En témoigne la gêne des autorités allemande ou grecque vis-à-vis des militaires turcs qui ont fui leur pays depuis la tentative de putsch avortée du 15 juillet dernier. Une quarantaine d’officiers de haut rang stationnés sur les bases de l’Otan ont ainsi demandé l’asile en Allemagne, ont révélé Der Spiegel et l’ARD ce week-end. «Si je retourne en Turquie, je risque d’être emprisonné et peut-être même torturé», a déclaré l’un des militaires aux médias allemands. Il craint d’être accusé d’avoir soutenu le coup d’État. Il assure pourtant n’avoir «aucune sympathie pour les putschistes».
La réponse turque n’en a pas moins été cinglante: «Les autorités et les tribunaux allemands doivent y réfléchir très attentivement et absolument rejeter leurs demandes», a affirmé le ministre de la Défense, Fikri Isik. Les procédures suivront leur cours comme pour n’importe quelle demande d’asile, ont laconiquement réagi les autorités allemandes.
La mise en garde du pouvoir turc à Berlin est du même ordre que celle adressée à Athènes la semaine dernière. Le gouvernement turc exige que huit militaires, qui ont fui le pays le 16 juillet, lui soient remis. Mais la Cour suprême grecque s’est opposée à leur extradition vers la Turquie, alors qu’ils ont été jugés et condamnés en Grèce pour être entrés illégalement sur le territoire. «Nous ne pouvons pas regarder positivement un pays qui protège des terroristes, des traîtres, des putschistes», a menacé vendredi Mevlüt Cavusoglu, le ministre des Affaires étrangères. «La Grèce doit savoir cela. Nous prendrons les mesures nécessaires, y compris l’annulation de l’accord de réadmission», a-t-il prévenu.
À Athènes, le premier ministre Alexis Tsipras s’est retranché derrière l’institution judiciaire. «Les responsables du coup d’État ne sont pas les bienvenus dans notre pays, a-t-il souligné, mais la justice grecque est indépendante.» Pour la Cour suprême, les militaires condamnés risquaient d’être torturés dans leur pays.
En Turquie, la chancelière se prépare à un numéro d’équilibriste. L’opposition turque critique son voyage, qui ne pourra servir qu’à «soutenir» Recep Tayyip Erdogan, a déclaré son leader, Kemal Kiriçadaroglu, dans une interview à la Süddeutsche Zeitung. À quelques semaines d’un référendum pour renforcer ses pouvoirs, le président turc savoure son influence: avant de recevoir la chancelière, c’est la première ministre britannique, Theresa May, qui a fait le déplacement jusqu’à lui.
À Berlin, on est conscient des contradictions. Mais Angela Merkel tient coûte que coûte à l’accord sur les réfugiés qu’elle a négocié l’année dernière. Elle veut aussi éviter un raidissement des relations diplomatiques qui pousserait Ankara dans les bras de Moscou. Au ministère des Affaires étrangères, on plaide pour le maintien du dialogue avec Ankara. On veut croire aussi que la Turquie n’a pas intérêt à rompre ses relations avec l’Europe.
LE MONDE – 31/01/2017
Theresa May maintient l’invitation à Donald Trump en dépit des protestations
Des milliers de personnes ont manifesté, lundi en Grande-Bretagne, contre la venue annoncée du président américain.
« Honte à May ! ». Pour la première ministre britannique, le retour de bâton est spectaculaire. Deux jours après avoir été couverte de louanges par la presse conservatrice pour sa prestation jugée plutôt habile au côté de Donald Trump à Washington, des milliers de manifestants l’ont conspuée, lundi 30 janvier, toute la soirée, non seulement aux abords de Downing Street mais dans de nombreuses villes du pays. Au même moment, la pétition officielle lancée sur le site du Parlement contre la visite d’Etat du président américain à l’invitation de Theresa May dépassait 1,6 million de signataires.
Image flétrie
« C’était déjà embarrassant qu’elle se précipite pour être la première à faire la révérence à Trump. Mais qu’elle invite ce raciste ici, c’est vraiment trop », fulmine Caroline, 36 ans, une professeur d’anglais noyée dans le rassemblement londonien « contre le bannissement des musulmans ». « Non au racisme, non à Trump ! », « Expulsez Theresa May ! », « La relation spéciale [avec les Etats-Unis] ? Dites simplement non ! », proclament les banderoles. Dans une sono crachotante, des militants pro-droits de l’homme, des réfugiés de « pays musulmans » et des ténors politiques de gauche s’époumonent.
« May sacrifie nos valeurs pour obtenir un accord commercial post-Brexit. Elle se fait complice de la tyrannie ! », lance Caroline Lucas, leader des Verts, tandis que Diane Abbott, proche du leader Labour Jeremy Corbyn appelle à « résister à l’islamophobie ». Des militants musulmans disent leur « honte » et leur « crainte » ; certains démarrent leur harangue en scandant des « Allahou akbar ». Le patron d’un syndicat d’enseignants avertit : « On sait ce qui s’est passé dans les années 30 quand les gens n’ont rien dit ».
Plutôt accueillie avec fierté au Royaume-Uni, l’image de Theresa May en tailleur rouge marchant main dans la main, vendredi, avec Donald Trump, a commencé à se flétrir dès le lendemain lorsque, en déplacement en Turquie, elle a refusé à trois reprises de condamner la décision de Donald Trump de fermer les frontières aux ressortissants de sept pays. Il a fallu de longues heures pour que Downing Street réprouve du bout des lèvres la mesure, tout en considérant qu’elle « concerne le gouvernement des Etats-Unis ».
Reçu comme « Mugabe et Ceausescu »
Lundi, Mme May a fait savoir qu’elle était « très heureuse » que M. Trump ait accepté l’invitation formellement adressée par la reine Elizabeth. Boris Johnson, son ministre des affaires étrangères a même insisté : le président Trump, a-t-il déclaré au cours d’un tumultueux débat en urgence aux Communes, est « le chef d’un Etat qui est notre plus proche allié » et « il n’y a absolument aucune raison de ne pas lui accorder une visite d’Etat ». Tout en qualifiant la décision du président américain de « controversée, discriminatoire et mauvaise », M. Johnson a affirmé que M. Trump « aboie plus qu’il ne mord ».
Alors que les députés multipliaient les références à la montée du nationalisme dans les années 1930, certains qualifiant M. Trump de « fasciste », le chef du Foreign Office a usé d’un étonnant argument pour justifier l’invitation à M. Trump : après tout, a-t-il remarqué, en leur temps « Robert Mugabe [dictateur du Zimbabwe] et Nicolae Ceausescu [ex-dictateur roumain] ont été reçus par Sa Majesté la reine ».
LE PARISIEN – 31/01/2017
Décret anti-immigration de Trump : Obama sort de son silence
Manifestation à Bruxelles contre le décret anti-immigration, le 30 janvier 2017
Le décret américain qui interdit l’accueil de réfugiés et de ressortissant de sept pays musulmans continue de susciter des réactions hostiles à travers le monde et aux Etats-Unis.
Trois jours après la décision de Donald Trump d’interdire vendredi par décret l’entrée aux Etats-Unis des réfugiés de toute origine et des ressortissants de sept pays à majorité musulmane*, l’onde de choc continue de se propager à travers le monde. Aux Etats-Unis, des personnalités du show business mais aussi du monde des affaires n’ont pas tardé à manifester leur désapprobation, en écho aux manifestations qui ont eu lieu dimanche aux abords de la Maison blanche, dans le reste du pays et ailleurs dans le monde. Dix jours après avoir quitté ses fonctions, Barack Obama est également sorti de son silence. Les réactions sont tout aussi vives à l’extérieur des frontières américaines.
Obama estime «les valeurs fondamentales» menacées
Barack Obama avait promis de se tenir à l’écart du débat politique sauf si «les valeurs fondamentales» de l’Amérique étaient menacées : dix jours seulement après son départ de la Maison Blanche, il a jugé que c’était déjà le cas, encouragé par «le niveau de mobilisation» à travers le pays.
«Le président (Obama) est en désaccord fondamental avec la notion de discriminer des individus en raison de leur croyance ou de leur religion», a déclaré son porte-parole, Kevin Lewis.
«Une discrimination fondée sur la nationalité»
Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, le Jordanien Zeid Ra’ad Al Hussein, a dénoncé lundi le «manque de générosité» du décret. «La discrimination fondée sur la nationalité est interdite par les droits de l’Homme», a tweeté le haut responsable onusien, qui s’exprime très rarement sur les réseaux sociaux. Selon lui, le décret américain «gaspille les ressources nécessaires pour lutter contre le terrorisme».
Merkel : un décret anti-musulman
«La lutte nécessaire contre le terrorisme ne justifie en aucune manière de généraliser le soupçon contre les personnes en fonction de leur croyance, en l’occurrence ici des personnes de foi musulmane, ou en fonction de leur origine», a estimé lundi la chancelière allemande Angela Merkel.
Ayrault : la France souhaite l’annulation du décret
Le ministre des Affaires étrangères français Jean-Marc Ayrault a souhaité lundi l’annulation du décret du président américain. «Je pense que ce serait le bon sens» d’annuler cette décision, a t-il déclaré lors d’une visite à Téhéran, dénonçant une situation «inacceptable et très pénalisante pour les personnes concernées».
Les Européens binationaux dans le doute
Un ressortissant de l’Union européenne ayant la double nationalité iranienne et française peut-il continuer à rendre visite à sa famille aux Etats-Unis ?Les conséquences juridiques du décret américain «ne sont pas encore claires» en ce qui concerne leur impact éventuel sur des ressortissants de l’UE détenteurs de la double nationalité des pays visés, a expliqué lundi le porte-parole de la commission européenne Margaritis Schinas, «Nos avocats sont en contact avec nos partenaires européens et autres, et nous allons nous assurer qu’aucune discrimination n’est infligée à nos citoyens.»
* Les sept pays visés par le décret américain sont : l’Iran, l’Irak, la Libye, la Somalie, le Soudan, la Syrie et le Yémen.
Le transport aérien demande une clarification
«Le décret a été signé sans coordination ou avertissement préalable, ce qui a causé de la confusion chez les compagnies aériennes comme chez les voyageurs», a déploré lundi l’Association du transport aérien international (IATA) qui a demandé à l’administration américaine de clarifier rapidement ses mesures. Les compagnies aériennes doivent vérifier les passeports et visas de leurs passagers avant le départ, sous peine d’amendes et de retour à leurs frais des visiteurs indésirables. La principale difficulté porte notamment sur les binationaux.
Damas appelle les réfugiés syriens à rentrer
Le gouvernement syrien de Bachar-el-Assad, qui n’avait pas encore réagi, a renouvelé hier, par la voix du chef de la diplomatie Walid Mouallem, «l’appel du gouvernement aux réfugiés syriens installés dans les pays voisins à rentrer au pays, réaffirmant sa disposition à les accueillir et leur assurer une vie digne». Il n’a toutefois pas fait directement allusion au décret américain qui vise directement les réfugiés syriens, sans limitation de temps.
L’Irak exige la révision d’«une décision erronée»
Le ministère irakien des Affaires étrangères a appelé lundi les Etats-Unis à revoir lundi la décision suspendant l’entrée des citoyens irakiens sur le sol américain, en la qualifiant d’ «erronée». «Il est malheureux que cette décision ait été prise à l’encontre d’un pays allié, lié aux Etats-Unis par un partenariat stratégique», précise l’Irak. Les députés irakiens avaient voté juste avant une motion appelant le gouvernement à appliquer la réciprocité avec les Etats-Unis si Washington ne revenait pas sur sa décision de suspendre l’entrée des citoyens irakiens.
Trois Iraniens bloqués à Vienne
Trois ressortissants iraniens, une femme et un couple de personnes âgées disposant d’un visa pour les Etats-Unis, sont restés bloqués trois jours en zone de transit de l’aéroport de Vienne (Autriche) après avoir été interdits d’embarquer pour les Etats-Unis. Ils ont finalement accepté de rentrer dans leur pays ce lundi. «Ils (étaient) arrivés samedi matin et (avaient) refusé de réembarquer pour Ispahan (sud de l’Iran), dans l’espoir que les autorités américaines changent d’avis», avait expliqué la compagnie Austrian Airlines. Téhéran avait annoncé samedi qu’il appliquerait le principe de réciprocité pour les citoyens américains. L’Autriche a par ailleurs déploré lundi avoir dû annuler 300 visas attribués à des membres de minorités religieuses iraniennes (chrétiens, juifs, baha’i désireux de s’installer aux Etats-Unis).
Des diplomates américains protestent
Plusieurs diplomates américains ont protesté officiellement contre le décret «Protéger la nation contre l’entrée de terroristes étrangers aux Etats-Unis», a confirmé lundi le Département d’Etat. Ces derniers, dont on ignore le nombre, ont utilisé un «canal» officiel dit de «dissidence», qui permet de contester en interne une décision de l’administration. Ce canal de communication avait ainsi été activé en juin lorsqu’une cinquantaine de diplomates avaient réclamé que les Etats-Unis frappent militairement le régime syrien.
«L’Amérique doit de nouveau être sûre», tweete Trump
Le secrétaire à la Sécurité intérieure, John Kelly, «a dit que tout se passait bien avec très peu de problèmes. L’AMERIQUE DOIT DE NOUVEAU ETRE SURE ! », a tweeté le président lundi le président Trump.
Selon lui, «les gros problèmes dans les aéroports ont été causés par une panne d’ordinateur de Delta, les manifestants et les larmes du sénateur Schumer (un sénateur démocrate Ndlr)». Il souligne que seulement 109 personnes ont été arrêtées à leur arrivées sur le sol américain parmi les 325.000 passagers quotidiens.
Les manifestations à travers tout le pays, les décisions de certains juges de suspendre temporairement l’application de certaines clauses, empêchant l’expulsion immédiate de personnes arrêtées à l’aéroport, et une certaine confusion dans les aéroports du pays semblent avoir néanmoins poussé l’administration américaine a mettre de l’eau dans son vin en particulier pour les détenteurs d’un permis de résident permanent, la fameuse carte verte, mais aussi pour les ressortissants des sept pays visés qui ont une double nationalité.
VIDEO. Manifestations contre le décret anti-immigration de Trump : http://www.leparisien.fr/international/decret-anti-immigration-de-trump-l-onu-denonce-un-manque-de-generosite-30-01-2017-6639294.php
Vous souhaitant une bonne journée.
Cordialement,
Elena NATALITCH
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LA TRIBUNE – 02/02/2017
Île-de-France : nouvel accrochage entre la région et la métropole
Valérie Pécresse ne veut décidément pas de la métropole du Grand Paris.
La présidente de la région Île-de-France impose à la métropole du Grand Paris de prendre en charge le financement du logement social sur son périmètre dès 2017. Problème, contrairement à ce qu’affirme la majorité régionale, la métropole n’en a pas la compétence.
Imbroglio autour de la politique du logement de la région Île-de-France. Le conseil régional francilien a en effet voté la semaine passée, comme annoncé, une réduction de ses financements au parc locatif social francilien de 30 millions d’euros en 2017. Pour justifier cette baisse, la présidente de la région Valérie Pécresse avance le doublon sur la compétence Logement entre la métropole du Grand Paris (MGP), créée en 2016, et la région. Ainsi dès cette année, sur le territoire métropolitain (Paris et les trois départements de la petite couronne) la région impose implicitement à la MGP d’assumer le financement de cette politique du logement social, à l’exception notable des logements destinés aux jeunes et aux étudiants (dont les crédits régionaux sont en hausse), et des logements sociaux situés dans les quartiers concernés par le nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU). « Dans l’attente d’une clarification et d’une simplification institutionnelle, la Région suspendra son financement du parc social dans le périmètre de la métropole dans la mesure où il revient à celle-ci la compétence logement à partir du 1er janvier 2017 », est-il concrètement indiqué en annexe de la délibération du budget régional.
La métropole n’a pas encore la compétence logement !
Problème : en réalité, la métropole n’a pas encore récupéré de compétence Logement ! Elle doit en effet élaborer au préalable son plan de l’habitat et de l’hébergement (PMHH). Or, ce PMHH ne sera pas mis en œuvre avant le courant de l’année 2018, et il ne pouvait en être autrement, indique-t-on à la MGP. Sur ce point, la région se trompe, donc. La métropole argue aussi que la manoeuvre du conseil régional pourrait être juridiquement contestable, car elle crée une inégalité de traitement entre les territoires d’Île-de-France. Mais la région assure le contraire. Par ailleurs, le vice-président chargé du Logement à la région, Geoffroy Didier, rappelle qu’à la fin de l’été 2016, lors du comité régional de l’habitat et de l’hébergement (CRHH), le président de la métropole du Grand Paris Patrick Ollier aurait refusé une proposition d’aide de la région à la métropole pour élaborer son PMHH. Face à ce refus, et « puisque la MGP a fait le choix politique de s’emparer de la compétence logement dès 2017, la région a laissé la métropole définir seule sa politique du logement », explique Goeffroy Didier…
Sont-ce là de futiles querelles politiciennes ? Plutôt l’envie de la présidente de la région Île-de-France d’affirmer une nouvelle fois son opposition à la métropole du Grand Paris. « La métropole, c’est un non-sens », expliquait Valérie Pécresse à La Tribune il y a quelques mois. Selon elle, incontestablement, « la métropole, c’est la région ! ». Elle répète à qui veut l’entendre que rien n’est « pertinent en matière de répartition des compétences » entre les deux collectivités. Critiquer sans relâche la MGP, c’est donc une manière pour Valérie Pécresse d’être « cohérente politiquement » et d’imposer la simplification accrue territoriale qu’elle souhaite.
Les populations modestes, premières victimes
Mais in fine, ce sont les populations modestes de Paris et de la première couronne qui vont payer le coût cette guerre entre les deux échelons territoriaux. En 2017, il y aura donc 30 millions d’euros de financements en moins pour le logement social francilien, et donc in fine les ménages modestes qui seront pénalisés. Ce qui ne manque pas de révolter l’opposition régionale : « La réalité, c’est que nombre de projets resteront dans les cartons, faute de financements, et que les collectivités locales comme les bailleurs et les investisseurs renonceront », regrette déjà Mounir Satouri, le président du groupe écologiste au conseil régional francilien. « Il n’y aura plus un euro pour le logement social à Paris et en petite couronne », a dénoncé Céline Malaisé, présidente du groupe Front de Gauche au conseil régional. Même son de cloches du côté du conseil métropolitain : « il y a un trou, c’est irresponsable », déplorait Patrice Leclerc, maire de Gennevilliers et président du groupe FDG à la MGP, alors que « rien n’empêche une collectivité d’aider sur des champs qui ne sont pas les siens ». Las, la volonté de cohérence et de simplification de la région semble plus forte que les éventuels dégâts sociaux qu’elle pourrait créer.
L’USINE NOUVELLE – 02/02/2017
L’Île-de-France, cinquième destination mondiale pour les investissements internationaux
Avec 141 investissements directs en 2016, la région Île-de-France reste la cinquième destination mondiale pour les investissements internationaux. Elle figure, par ailleurs, au troisième rang pour les implantations de fonctions stratégiques.
L’Île-de-France reste la cinquième destination mondiale pour les investissements internationaux selon les derniers résultats de l’observatoire des investissements internationaux dans les principales métropoles dévoilés mercredi matin à Paris.
Réalisée par l’association Paris-Ile-de-France Capitale Economique et KPMG cette étude dresse le bilan des investissements dits « greenfield », soit les implantations nouvelles créatrices d’emplois, dans 35 villes globales du monde et sur une période allant du 1er octobre 2015 au 30 septembre 2016.
Avec 141 investissements recensés contre 126 lors de la précédente édition de ce baromètre annuel, l’Île-de-France conforte sa cinquième place mondiale et son rang de leader en Europe continentale à bonnes distances devant Barcelone (9e, 98 investissements), Amsterdam et Dublin, respectivement 11e et 12e avec 92 opérations.
Londres très loin devant
L’Île-de-France réduit l’écart avec New-York (4e, 159 investissements) mais perd en revanche du terrain par rapport au trio de tête composé de Hong-Kong (3e), Shanghai (2e) et surtout Londres (1e) la grande rivale européenne qui évolue à des années-lumière de Paris avec 364 implantations.
Cette insolente bonne santé de Londres a-t-elle été affectée par le Brexit ? « Il n’y a pas encore d’effets visibles du Brexit compte-tenu de la période de l’étude« , a expliqué Chiarra Corazza, directeur général de Paris-Ile-de-France capitale économique tout en rappelant que l’Île-de-France a plus que jamais l’ambition de « vouloir challenger », la capitale de la Grande-Bretagne.
La région-capitale progresse dans le sillage d’une Europe qui est la principale bénéficiaire de la hausse des investissements au plan mondial (+ 10,8 %). Le Vieux Continent dans son ensemble capte 36 % de ces investissements ce qui représente une augmentation de 22 %. Deux tiers de ces investissements ont été fléchés sur l’Europe de l’Ouest.
Liens étroits avec l’Amérique du Nord
« Les métropoles leaders en matière d’attractivité ont su développer un véritable business model constitué par des relations privilégiées avec certains pays » a souligné Nicolas Beaudoin, associé KPMG, directeur du développement Paris&Centre lors de la présentation.
L’Île-de-France est prisée des investisseurs européens qui sont à l’origine de la moitié des implantations dont elle a bénéficiées. Mais elle entretient également des liens étroits avec l’Amérique du Nord qui représente 33 % des investissements étrangers sur son territoire. En revanche, la région-capitale peine toujours à attirer les investissements asiatiques qui ne pèsent que 12 % de l’ensemble.
Paris-Île-de-France monte à la troisième place du podium du classement des métropoles pour l’accueil des fonctions stratégiques.
« Ce résultat est particulièrement satisfaisant car ces investissement qui concernent les quartiers généraux ou encore les centres de R&D sont particulièrement différenciants et porteurs de création de valeurs. C’est dans ce secteur que la compétition est la plus dure« , a relevé Chiarra Corazza.
« Miser sur l’innovation »
Autre satisfaction : Le quatrième rang de Paris au classement spécifique des investissements dans les services aux entreprises. Par contre la région-capitale occupe une décevante dixième position – et vient même après Dublin (9e) – au classement des implantations dans les services financiers. Un classement dont Londres est, comme ailleurs, leader avec cinq fois plus d’investissements !
« Ces résultats nous invitent à être plus ambitieux pour Paris-Ile-de-France : Notre région doit miser à fond sur l’innovation pour convaincre les investisseurs aussi bien asiatiques que Nord-Américains. Il s’agit de transformer les bons résultats sur les fonctions stratégiques en le dupliquant sur l’ensemble des investissements créateurs d’emplois« , a souligné Christian Nibourel, président de Paris-Île-de-France Capitale Economique.
Patrick Désavie
L’OPINION – 02/02/2017
L’attractivité de Paris est restée intacte en 2016
Dernier bilan positif pour Chiara Corazza qui quitte la direction de Paris Ile-de-France capitale économique pour rejoindre le Women’s forum
Selon le classement KPMG réalisé pour Paris Ile-de-France capitale économique, la région capitale française est restée au cinquième rang pour l’accueil des investissements étrangers l’an dernier, malgré le terrorisme. Une dynamique qui s’appuie sur des facteurs structurels
Paris et la région Ile-de-France restent toujours aussi attractives. La région capitale avait chuté dans les classements en 2012 et 2013, en partie à cause de l’arrivée d’un président de gauche faisant la promotion de sa taxe à 75 % pour les revenus supérieurs à 1 million d’euros. Elle est revenue depuis au premier plan. C’est ce que confirme le baromètre KPMG réalisé depuis huit ans pour le compte de Paris Ile-de-France capitale économique.
L’an dernier, Paris s’est maintenue au 5e rang pour le nombre d’investissements « greenfield », c’est-à-dire créateurs d’emplois, avec près de 141 projets labellisés (une progression de 12 %). Il s’agit d’une vraie performance quand on sait que le classement a été réalisé entre le quatrième trimestre 2015 et le troisième trimestre 2016, ce qui signifie qu’il coïncide avec les tragiques attentats du 13 novembre 2015 à Paris et du 14 juillet 2016 à Nice. La preuve que cette tendance s’explique par des raisons structurelles, parmi lesquelles la création d’une métropole du Grand Paris, irriguée par un système de transport moderne.
Au-delà de ce phénomène propre à la région capitale, d’une manière générale, toutes les grandes métropoles mondiales ont vu leur nombre de projets augmenter, du fait de l’accélération des investissements réalisés dans le monde par les grandes entreprises internationales. Londres reste très loin devant, mais le sondage n’intégrait pas pleinement les éventuelles conséquences du Brexit, voté en juin. Paris a su se maintenir dans le wagon de tête.
Faiblesse asiatique. Tout n’est pas résolu pour autant, loin s’en faut. Le problème majeur de Paris est parfaitement identifié par les équipes de Paris Ile-de-France capitale économique et celle qui les a dirigées pendant quinze ans, Chiara Corazza : le manque d’intérêt asiatique. Seuls 12 % des investissements réalisés à Paris sont en provenance de l’Asie, contre 33 % venant des Etats-Unis. Une faiblesse globale, pourrait-on se rassurer du côté de Paris, puisque même à New York seulement 14 % des investissements proviennent de cette zone.
Pour le reste, les équipes de Paris Ile-de-France peuvent afficher de nombreux motifs de satisfaction, comme la forte progression dans le domaine du logiciel, avec 43 projets d’investissements, soit la 5e place mondiale. En revanche, malgré la solidité de ses banques et leur réputation, la capitale n’occupe que la 9e position en termes d’investissements financiers.
« Le Brexit est un défi autant qu’une opportunité extraordinaire, créant pour nous des possibilités immenses », se félicite Christian Nibourel, président de Paris Ile-de-France capitale économique. L’année qui s’ouvre sera, en effet, décisive pour attirer des grandes banques.
::: ECONOMIE
LES ECHOS – 02/02/2017
Assurance-chômage : le président du Medef pris entre deux feux
La possible reprise des négociations sur l’assurance-chômage est dans les mains du président du Medef
Les partenaires sociaux diront le 15 février s’ils poursuivent ou non la négociation sur la réforme de l’Unédic. Tout dépendra de la décision du Medef, où deux camps continuent de s’opposer sur fond de bataille politique.
Ira ou ira pas ? Avec Pierre Gattaz, rien n’est jamais sûr. Or la possible reprise des négociations sur l’assurance-chômage est bel et bien dans les mains du président du Medef. Une partie des troupes patronales, à commencer par l’UIMM (métallurgie), fait valoir que le contexte actuel est beaucoup plus porteur qu’au printemps dernier, où la négociation a capoté. Plus de loi travail en arrière-plan, plus de risque de prises de position jugées intempestives du gouvernement. La voie est dégagée. A ceci près qu’une autre partie des adhérents du Medef, qui n’a jamais porté le paritarisme dans son coeur, ou qui ne voit aucun intérêt à se remettre autour de la table, en particulier s’il s’agit de taxer les contrats courts, refuse tout net un tel scénario.
Pour Jacques Chanut, le président de la Fédération française du bâtiment, qui fait partie de ces derniers : « Quel est l’intérêt de faire une négociation maintenant si le candidat élu en mai veut faire table rase du système ? » Les opposants à une réouverture des négociations voient d’un bon oeil le fait que ni François Fillon ni Emmanuel Macron ne tablent sur le paritarisme. Le premier veut légiférer par ordonnance s’il entre à l’Elysée, et le second veut étatiser le régime. Du côté des partisans du dialogue social au sein du patronat, c’est justement pour cela qu’il est important de négocier avant le mois de mai. Si accord il y a sur de nouveaux paramètres, il sera plus compliqué pour le nouvel exécutif de passer outre que si le régime reste régi par un décret faute d’accord entre les partenaires sociaux.
Enjeu politique
Le Medef étant divisé, il revient au président Pierre Gattaz de trancher. L’exercice est compliqué, car il ne s’agit pas que d’un débat de fond, celui de savoir si le dialogue social est toujours utile en France. Il y a aussi un enjeu politique : faut-il donner raison à l’UIMM, qui défend la négociation ? Le patronat de la métallurgie a beau être isolé, il reste l’une des plus influentes fédérations du Medef. Et avec la réforme de la représentativité patronale, le mouvement a plus que jamais besoin de ses adhérents. Le président de l’UIMM, Alexandre Saubot, jouit par ailleurs d’une forme de proximité avec Pierre Gattaz (même profil de chef d’entreprise notamment). Mais une partie des adhérents veut qu’Alexandre Saubot rentre dans le rang et veut mettre un terme à la toute puissance de la métallurgie en matière sociale. Enfin, pour compliquer les choses, il est un candidat potentiel à la succession de Pierre Gattaz qui doit avoir lieu l’an prochain. « Pierre Gattaz est tiraillé entre son penchant naturel qui ne le porte guère vers le dialogue social et le fait de ne pas vouloir désavouer Alexandre Saubot », estime un responsable patronal. Verdict le 13 février, date du prochain conseil exécutif du Medef.
Déjà, certains évoquent l’idée qu’il pourrait proposer aux syndicats de poursuivre les discussions sans pour autant ouvrir de vraies négociations, ce qui permettrait à Pierre Gattaz de sauver les apparences pour Alexandre Saubot. Encore faudrait-il que les syndicats acceptent un tel scénario…
Leïla de Comarmond et Marie Bellan
LES ECHOS – 02/02/2017
Les divisions patronales s’exacerbent
Francois Asselin, président de la CPME, a organisé une négociation sur la RSE. Mais ni le Medef, ni l’U2P n’ont répondu présent
La CPME a organisé une négociation sur la RSE dans les PME. Avec les organisations syndicales, mais sans le Medef et l’U2P.
D’habitude, il suffit de parler de responsabilité sociale et environnementale (RSE) pour que tout le monde soit d’accord. C’est un sujet plutôt consensuel et dans l’air du temps. Mais, cette fois, c’est tout le contraire qui s’est produit. La CPME a voulu organiser une négociation interprofessionnelle sur le sujet cette semaine. Et elle s’est retrouvée à parler avec les centrales syndicales, qui ont toutes répondu présent, mais sans ses deux partenaires patronaux, le Medef et l’U2P (ex-UPA) ayant décliné l’invitation au dernier moment.
La CPME avait pourtant bien fait les choses pour amadouer les autres organisations patronales, en prenant soin de poser deux préalables : la négociation ne doit pas déboucher sur de nouvelles obligations pour les employeurs et elle doit respecter le principe d’une démarche volontaire. Le principe d’un label – sur des critères précis et dans des domaines définis – a été mis en avant afin d’exonérer les entreprises labellisées de contrôle administratif sur les sujets concernés. Mais label RSE ou pas, c’est une tout autre raison qui a poussé le Medef et l’U2P à rester en marge de la négociation. Pour le premier, il n’est pas question de laisser la CPME prendre l’initiative sur une négociation, fût-elle non inscrite à l’agenda social. Dans la tradition patronale, c’est le Medef qui reçoit les partenaires sociaux et c’est le Medef qui tient la plume. Ce qui lui donne une certaine influence sur l’issue des négociations.
Quant à l’UPA, elle n’a guère apprécié que la CPME vienne lui chercher des noises (un courrier de contestation a été envoyé à la Direction générale du travail) après son mariage avec l’Unapl. Pas question de lui faire le cadeau de se rendre à sa négociation. A l’heure où chacune des trois organisations rivalise d’imagination pour prouver sa légitimité avant la réforme de la représentation patronale, la CPME vient de perdre une première manche.
LE PARISIEN – 02/02/2017
Simplifions les factures pour éviter les faillites de PME !
Près de 40 PME mettent la clé sous la porte chaque jour à cause des retards de paiement. Une des raisons est la complexité des systèmes de facturation. Une mission se réunit dès demain pour trouver une solution.
L‘inventaire s’étale sur près de 20 pages. Pour établir une « facture conforme », le fournisseur devra adresser un dossier papier, non plié, sans agrafe, avec le logo en haut à droite, le numéro de Siren en haut à gauche, etc. En cas d’impair, parfois à la virgule près, la facture ne sera pas acceptée… et la PME, pas payée. Voilà le quotidien de milliers de petits patrons, confrontés au cauchemar de la facturation imposée par les grands groupes. D’autant que chaque grande entreprise a sa propre nomenclature, son listing obligatoire. Un casse-tête pour les TPE-PME, qui perdent un temps précieux à entrer dans les clous et, donc… à être réglées !
La preuve : près de 12 Mds€ sont en attente de versement entre les grandes et les petites entreprises. Pendant que les firmes font patienter leurs fournisseurs, entre 35 et 40 sociétés mettent la clé sous la porte chaque jour à cause des retards de paiement.
Voilà pourquoi le médiateur des entreprises, selon nos informations, rassemblera dès demain des représentants de tous les secteurs pour tenter d’enrayer l’hécatombe. La mission, commandée par le ministre de l’Economie, Michel Sapin, et le secrétaire d’Etat à la Simplification, Jean-Vincent Placé, doit permettre d’harmoniser les factures demandées par les grandes entreprises du privé et du public.
Les paiements décalés pénalisent les TPE et PME
Le but est d’élaborer, d’ici à septembre, un document unique pour tous les contrats signés en France. Avec, si possible, le déploiement de factures numériques. « Aujourd’hui, les exigences sont les mêmes, que la facture soit de 3 000 € ou de 3 M€, assure Pierre Pelouzet, le médiateur des entreprises. Un patron de PME ne peut pas faire face à cela. » D’autant qu’il y a toujours des PDG mal intentionnés, cherchant à gonfler leur trésorerie sur le dos de leurs fournisseurs en décalant les paiements.
Ceux-là sont traqués par la Répression des fraudes et désormais lourdement sanctionnés. N’empêche : une faillite de TPE-PME sur quatre est liée à des retards de paiement. Il est donc grand temps de trouver des solutions. Et d’en faire un thème de campagne ? C’est ce qu’espère l’association d’entrepreneurs CroissancePlus, qui dévoile aujourd’hui un livre blanc adressé aux candidats à la présidentielle.
Le mur des mauvais élèves
La liste des mauvais payeurs s’affiche en bonne place sur le site de la Direction générale de la consommation, de la concurrence et de la répression des fraudes (DGCCRF). Depuis décembre et l’entrée en vigueur de la loi Sapin 2, la DGCCRF* est tenue de publier chaque sanction prononcée contre une entreprise. Jusqu’ici, elles pouvaient être communiquées lors d’opérations de « name and shame » (« nommer et couvrir de honte », en anglais) pour dénoncer les plus gros abus. Désormais, la liste est exhaustive. Sur le podium, figurent le groupe Accor et L’Oréal, qui se sont vu infliger une amende au tarif maximal : 375 000 €. San Marina a dû débourser 332 000 €. Gare aux prochains mauvais payeurs : la loi Sapin 2 prévoit désormais une amende pouvant aller jusqu’à… 2 M€ !
Facturation des PME : « Un retard, et c’est l’effet domino »
Luc-Eric Krief, PDG de la PME SD2M
Des nuits blanches à préparer des arguments solides pour convaincre son banquier, Luc-Eric Krief en a connu quelques-unes. PDG de SD2M, une PME de plasturgie, ferronnerie et tôlerie basée dans les Hauts-de-Seine avec 98 salariés, ce patron travaille au quotidien avec de grands groupes comme la Snecma, EDF, Carrefour, Auchan ou encore L’Oréal.
La galère de la facturation, il en parle comme d’une épreuve au dénouement aléatoire : « Quand vous avez déjà travaillé pour une grande boîte, que vous avez épluché les 15 ou 20 pages qui expliquent comment faire une facture pour eux, c’est un bon début. Mais après, votre facture commence un long périple et doit traverser trois ou quatre services avant validation. »
Entre-temps, tout peut arriver. Exemples vécus : l’un des interlocuteurs est « en vacances » ou « malade », l’une des pièces du dossier « s’est égarée dans les étages » ou, plus fréquent, « un bug informatique a tout bloqué ».
Et si la machine se grippe, l’engrenage infernal démarre alors. Il y a quelques mois, l’un des clients de Luc-Eric Krieg a réglé sa facture avec quelques jours de retard. « Dans ce cas-là, c’est l’effet domino, raconte le patron de la PME. J’ai dû payer mes fournisseurs avec quelques jours de décalage. En bout de course, ce sont toujours eux, les plus petits, qui sont pénalisés. »
Déclassement et perte de crédibilité
En réglant son dû en retard, le PDG de SD2M a aussi payé les pots cassés. « J’ai été déclassé par les assurances, et certains fournisseurs ont donc hésité à retravailler avec moi. Aujourd’hui, la plupart m’imposent d’être payés au moment de la commande ou dès la livraison. Cela diminue clairement mon fonds de roulement. » Et aussi sa crédibilité auprès de son banquier. Le patron a dû faire des contorsions pour expliquer sa situation à son conseiller. « A ce moment-là, on perd dix jours en rendez-vous à remettre tout à flot, râle Luc-Eric Krief. Alors que l’on devrait être en train de prospecter pour de nouveaux contrats. »
* Documents consultables sur www.economie.gouv.fr/dgccrf/ sanctions-delais-paiement.
Aurélie LEBELLE
LE FIGARO – 02/02/2017
La gestion des impôts locaux coûte 3 milliards net à l’État
La collecte des taxes d’habitation, foncières et autres présente des défaillances, dit la Cour des comptes.
La complexité a toujours un coût. La collecte des impôts locaux n’échappe pas à la règle. L’État dépense 4 milliards d’euros pour prélever, au nom des collectivités locales, les taxes foncière et d’habitation, ainsi que la cotisation sur la valeur ajoutée (CVAE) et la cotisation foncière des entreprises (CFE), chiffre la Cour des comptes dans un rapport remis mercredi à la commission des finances de l’Assemblée nationale. Une ardoise jugée «significative» par les auteurs du rapport.
La Direction générale des finances publiques (DGFiP) de Bercy consacre en effet 14 % de ses effectifs et 17 % de ses crédits au prélèvement des impôts locaux. Or, «cette charge n’est plus que très partiellement compensée par des frais de gestion (facturés aux contribuables) qui ont perdu leur vocation», ont calculé les magistrats de la Rue Cambon. Ces sommes sont en effet de plus en plus souvent reversées aux collectivités afin de renflouer leurs finances, si bien que l’État n’en garde plus pour lui qu’un milliard d’euros. Reste donc une ardoise nette de 3 milliards, qui est due à un système qualifié de «particulièrement complexe et mouvant» par la Cour des comptes.
De fait, une grande partie des impôts locaux est assise sur les locaux d’habitation pour les particuliers et sur les locaux professionnels pour les entreprises. Or, ces bases souffrent parfois de «retards d’actualisation» – les valeurs locatives n’ont pas été réévaluées depuis 1970 – ou de «défaillances déclaratives».
Collectivités épargnées
L’administration fiscale rencontre ensuite des difficultés pour identifier les contribuables redevables. Particulièrement en matière de taxe d’habitation, due par près de 90 % des foyers fiscaux (contre moins de la moitié pour l’impôt sur le revenu). Sachant que 15 % des habitants changent de domicile chaque année, tout le problème pour les services des impôts est de savoir qui habite où…
Le fisc doit ensuite déterminer si la personne bénéficie d’un abattement ou d’une exonération de taxe d’habitation. Ce n’est pas une mince affaire, alors que plus d’un ménage sur trois redevable de cette taxe y a droit. Résultat, le taux de recouvrement est jugé «globalement peu satisfaisant», à 90 % pour la taxe d’habitation (contre 99 % pour l’impôt sur le revenu).
En outre, les contrôles fiscaux ne produisent que des résultats «modestes», regrette la Cour. Les droits redressés par le fisc représentent 0,6 % des recettes des impôts locaux, contre 1,5 % pour la TVA, 4 % pour l’impôt sur le revenu et 14,3 % pour l’impôt sur les sociétés. Ce faible résultat s’explique tout simplement, selon les magistrats financiers, par le fait que «le recouvrement forcé n’est pas une priorité pour la DGFiP, compte tenu de la dispersion des dossiers et de la faiblesse des sommes considérées». Logiquement, le fisc se concentre sur des impôts où les redressements promettent d’être plus juteux, comme l’impôt sur les sociétés.
Les collectivités locales ne souffrent pas de ces différents manquements. En effet, l’État leur règle rubis sur l’ongle les recettes fiscales «théoriques», comme si les impôts locaux étaient parfaitement prélevés. Comme c’est loin d’être le cas, cela alourdit d’autant plus la facture pour l’État.
::: ENTREPRISES
LES ECHOS – 02/02/2017
VTC : Uber promet un « effort considérable » pour les chauffeurs
Des chauffeurs de VTC manifestant, mi-janvier, place de la Bastille à Paris, contre les plates-formes, au premier rang desquelles Uber.
La société américaine veut éviter une intervention du gouvernement dans sa politique tarifaire.
Sommé de prendre des mesures pour améliorer le revenu des chauffeurs de VTC, Uber s’efforce de garder la main. La plate-forme américaine s’est engagée mercredi à « un effort considérable » (sans donner plus de précisions) en faveur des véhicules de transport avec chauffeur en difficulté. Cette annonce a été faite lors de l’ultime réunion avec Jacques Rapoport, le médiateur nommé par le gouvernement , alors que ce dernier s’apprêtait à présenter à la presse ses préconisations, qui sont défavorables à la start-up.
Après un mois et demi de consultations, Jacques Rapoport demande en effet à Uber « des mesures financières de redressement du revenu » des chauffeurs, une recommandation qui ne concerne que la plate-forme américaine, et pas ses concurrents français. Le médiateur justifie cette distinction par la position dominante de la société américaine (80 % de part de marché environ), mais aussi parce qu’elle concentre les critiques. « Uber a focalisé du désamour, le sentiment d’avoir été abandonné », avance-t-il.
Des écarts importants
Selon ses calculs, un chauffeur VTC « normalement efficace » gagne 1.700 euros mensuels nets, mais à condition de travailler 60 heures par semaine, sans congés payés, et avec une protection sociale qui ne compense pas la perte de revenu en cas de maladie. De surcroît, les écarts sont importants : « Certains gagnent plus, d’autres moins, beaucoup moins », estime le médiateur. Et c’est encore pire pour les chauffeur sous statut Loti utilisé pour contourner la législation VTC. Ceux-ci, du fait de charges plus élevées, gagneraient à peine le SMIC, voire moins.
Ces situations dégradées justifient donc pour Jacques Rapoport un geste financier de la part d’Uber, dont il ne précise pas la nature, mais qui pourrait être un retour du taux de commission prélevée sur chaque course de 25 % à 20 %. Le médiateur appelle également l’ensemble des plates-formes à mettre en place un « accompagnement professionnel » pour les chauffeurs en situation de précarité.
Si les difficultés de ces derniers devaient persister, Jacques Rapoport recommande au gouvernement une « intervention législative », qui pourrait être la fixation d’un tarif horo-kilomètrique minimum. Une mesure qui viendrait entraver la liberté tarifaire du secteur et ne serait certainement pas du goût d’Uber.
Les associations de VTC très critiques
En annonçant à la dernière minute « un dispositif financier, technique et humain d’envergure pour accompagner les chauffeurs en difficulté », Uber semble donc devancer la demande du médiateur. Celui-ci a salué « un pas important », tout en reconnaissant que les associations de VTC, elles, restaient très critiques. Car la proposition d’Uber reste floue (« les contours exacts restent à définir dans les jours à venir », reconnaît la start-up), et surtout l’« effort considérable » annoncé n’est pas chiffré. La société américaine va devoir rapidement préciser sa proposition. Jacques Rapoport a indiqué qu’il allait s’y employer dans les jours à venir.
LE FIGARO – 02/02/2017
L’appel au secours des commerces de centre-ville
INFO LE FIGARO – Laminés par la concurrence des centres commerciaux de périphérie et d’Internet, ils veulent l’équité fiscale et des aides à l’investissement. Six fédérations remettent un livre blanc aux candidats à l’élection présidentielle.
Interdire la création de nouveaux centres commerciaux hors des villes. Cette proposition choc n’émane ni de partisans de la décroissance ni de militants anticonsumérisme. Au contraire, elle est faite par six fédérations représentant 260 enseignes spécialisées (Decathlon, Zara, Fnac, H&M, Darty…), plus de 100.000 magasins et près d’un million d’emplois. Ces dernières s’apprêtent à remettre aux candidats à l’élection présidentielle et aux maires un livre blanc baptisé «12 Propositions pour développer le commerce», dont Le Figaro révèle la teneur.
«Nous demandons un moratoire sur les ouvertures de surfaces commerciales hors des centres-villes. C’est la seule façon de créer des centres d’attraction dans les villes», explique Régis Schultz. PDG de Darty jusqu’à son rachat par la Fnac, l’actuel patron de Monoprix est président de l’Alliance du commerce, qui regroupe trois des six fédérations à l’origine du livre blanc.
Peu visible dans les grandes métropoles, le phénomène de dévitalisation commerciale des centres-villes vire au fléau social dans bon nombre de cités de moins de 100.000 habitants. Si le taux de vacance commerciale (proportion de boutiques vides) est passé, en moyenne, de 6,1 % en 2001 à 10,4 % en 2015, 89 des 187 municipalités étudiés par l’Institut pour la ville affichent un taux supérieur à 10 %. Parmi les plus touchées figurent Béziers, Châtellerault, Forbach et Annonay, où plus de 20 % des magasins sont fermés.
La vague des fermetures débute par les commerces les plus vulnérables, et pas seulement les quincailleries. Les plus touchées sont les boutiques d’habillement multimarques indépendantes. Elles souffrent à la fois de la baisse du marché global et de la triple concurrence des jeunes enseignes monomarques, d’Internet et des centres commerciaux qui fleurissent en périphérie, voire loin des villes et deviennent des lieux de destination, tels ceux d’Unibail (lire ci-dessous).
Leur fermeture sans repreneur entraîne celles d’autres petits commerces et restaurants, qui préfèrent parfois se délocaliser dans les centres commerciaux. «Cette situation impacte gravement les villes moyennes les plus fragiles, touchées par la désindustrialisation et la rationalisation administrative, à l’écart du dynamisme des nouvelles zones métropolitaines, souligne le livre blanc. L’activité tend à se concentrer autour de l’agglomération parisienne et de quelques grands pôles métropolitains régionaux, tandis que le reste du pays, constitué de territoires ruraux et de villes petites et moyennes est trop souvent menacé par le décrochage économique, démographique et commercial.»
Spirale infernale
Les villes touchées entrent dans une spirale infernale, avec des fermetures d’écoles, cinémas, restaurants, services d’urgence, cabinets médicaux et bureaux de poste. «Un processus de régression se met en place, poursuivent les auteurs du rapport. La vacance commerciale s’accompagne d’un taux de chômage et de pauvreté élevé et d’une baisse de la population accélérant la perte d’attractivité économique.»
Face aux origines multiples de la désertification de certains centres-villes, l’Alliance du commerce propose une batterie de solutions réglementaires et fiscales. La plus radicale, l’interdiction de nouveaux centres commerciaux, est inspirée de l’exemple d’Angers. Le maire et président de la communauté d’agglomération, Christophe Béchu, a décrété un moratoire jusqu’en 2020 sur la création de nouvelles zones commerciales en entrée de ville, afin «d’éviter de fragiliser davantage le commerce de centre-ville».
Outre le moratoire national, le livre blanc réclame un assouplissement de la fiscalité sur les commerces de centre-ville, pour s’adapter à l’activité. «En France, on a multiplié les taxes sur le commerce, rappelle Régis Schultz. C’était d’autant plus facile que les gouvernements estimaient que l’activité n’était pas délocalisable. Ces impôts assis sur les surfaces de vente sont des frais fixes, qui deviennent insupportables quand le chiffre d’affaires baisse.»
À la taxe foncière s’ajoutent en effet rien moins que la taxe sur les ordures ménagères (due même par les magasins qui recyclent tout), la contribution foncière des entreprises, la taxe sur les surfaces commerciales (Tascom) et la taxe locale sur la publicité extérieure… «En cinq ans, le chiffre d’affaires des boutiques de prêt-à-porter a baissé de 20 %,rappelle Régis Schultz.Du coup, la part du chiffre d’affaires consacrée aux loyers est passée de 10 % à 15 %, celle aux taxes de 2 % à 5 %.»
La vraie menace est à venir, avec la réforme des valeurs locatives cadastrales, entrée en vigueur en janvier. «La taxe foncière va augmenter de 50 % sur dix ans avec l’actualisation à la valeur du marché de la valeur locative, qui touche en particulier les centres-villes, rappelle le patron de l’Alliance du commerce. Les commerçants ne vont s’en rendre compte qu’au moment du paiement de la taxe foncière en septembre, cela va être dramatique.»
Le livre blanc réclame donc une fiscalité plus douce, dépendant de l’activité et non de coûts fixes.«La taxe foncière coûte aussi cher à collecter qu’elle rapporte, poursuit le président de l’Alliance du commerce. L’idéal serait une taxe sur le chiffre d’affaires, mais c’est impossible et trop compliqué. Égalisons les chances avec les e-commerçants. Il faut transférer les cinq impôts assis sur la taxe foncière sur la cotisation sur la valeur ajoutée.»
Ultime proposition, une dérogation destinée à faire venir les enseignes spécialisées dans les centres-villes. Dans certaines zones, et pour les surfaces de moins de 2 000 m2, ces dernières seraient ainsi exonérées de l’examen de passage devant la Commission départementale d’aménagement commercial. La garantie de la revanche des centres-villes?
::: POLITIQUE
LE MONDE – 02/02/2017
Yannick Jadot : « Je ne rentrerai pas dans des bidouillages d’appareils »
Le candidat d’Europe Ecologie-Les Verts à la présidentielle raconte au « Monde » sa rencontre, mardi, avec Benoît Hamon, pour discuter d’un éventuel rapprochement.
Le déjeuner a eu lieu, mardi 31 janvier, au Dôme, un restaurant près du QG de campagne de Benoît Hamon dans le 14e arrondissement de Paris. Yannick Jadot, candidat d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), y a retrouvé le vainqueur de la primaire organisée par le Parti socialiste pour explorer leurs éventuels points de convergence. « Un point de départ », pour M. Jadot. Pour l’heure, aucun autre rendez-vous n’a été fixé avec le socialiste qui a, par ailleurs, rencontré, en fin de journée, David Cormand, secrétaire national d’EELV.
Comment s’est passé votre déjeuner avec Benoît Hamon ?
Ce n’est qu’un point de départ, mais nous avons partagé le même diagnostic sur un espace qui couvrirait l’écologie, le social, l’Europe et la démocratie. Nous avançons aussi sur l’idée que toute nouvelle dynamique doit déborder les appareils politiques.
Y a-t-il eu des avancées concrètes ?
Non, mais nous souhaitons prendre très vite une initiative sur l’Union européenne dans la perspective du 60e anniversaire du traité de Rome. L’idée est d’avoir une expression commune sur la refondation de l’Europe et de ce que devrait être la position française sur ce sujet.
Que signifie « déborder les appareils politiques » ?
Il y a un ras-le-bol des arrangements entre partis politiques. Je ne rentrerai pas dans des bidouillages d’appareils. C’est voué à l’échec. Les primaires écologiste et socialiste ont dépassé les seuls adhérents. Il faut poursuivre et ouvrir toujours plus pour intéresser autour d’idées et pas simplement autour de l’homme providentiel.
A-t-il été question, dans le cadre d’un rapprochement, de votre retrait à la présidentielle ?
Aucunement. Ce n’est pas le sujet. L’urgence, c’est de dépasser les ego pour parler projet et de dépasser les appareils pour parler aux Français. On parlera des personnes après.
Vous avez mis dans le débat deux sujets que vous jugez essentiels : une loi de sortie du nucléaire et la proportionnelle aux législatives. Que vous a répondu M. Hamon ?
Qu’ils allaient regarder de leur côté. On n’a topé sur rien. Mais c’était important de savoir si on avait potentiellement des choses à discuter ensemble.
Comment peut-il maintenir l’unité de son parti sans dénaturer son projet ?
C’est son sujet. Hamon m’a assuré ne pas vouloir bouger de son projet. Je le crois sincère, ce n’est pas le problème. Mais il doit construire son espace et sa distance plus ou moins forte avec les compromis foireux du Parti socialiste. Son score lui permet de s’émanciper et de s’inscrire dans ce qui peut être la grande aventure politique de cette présidentielle. Sinon, le PS le rétrécira, la confusion s’installera et la dynamique retombera.
Comment sont vécues ces discussions dans votre parti ?
Positivement. Nous sortons tellement essorés de ce quinquennat qu’il y a un appétit pour le grand large. Nous sommes dans un pays au bord de la rupture, qui peut basculer sur le pire – Marine Le Pen – ou sur quelque chose qui soit écolo, social et européen. Nous sommes face à l’Histoire. Et je veux que la France se rassemble autour d’un projet positif.
Certains à EELV veulent un accord aux législatives…
Je ne suis pas là pour sauver des circonscriptions de parlementaires dans un jeu d’appareils. Si on fait ça, nous sommes définitivement morts. Mais s’il y a une grande dynamique, évidemment que ça bousculera les législatives. Il faut une majorité parlementaire derrière. Ça ne peut pas être la majorité actuelle qui n’a jamais rien fait de ce qu’il fallait sur l’écologie.
Que répondez-vous à Noël Mamère (député de Gironde) et Michèle Rivasi (députée européenne EELV) qui plaident pour « une candidature unique de la gauche progressiste et écologiste » ?
J’ai été surpris que l’Europe et la démocratie soient évacuées aussi facilement. Si on doit commencer à cacher ces gros sujets pour faire plaisir à Jean-Luc Mélenchon, on a un souci. Il faut au contraire discuter avec lui sur la question européenne et géopolitique pour sortir de la confusion.
- Mélenchon, lui, semble avoir fermé la porte à toute discussion…
Il est déstabilisé par le paysage politique qui arrive : il se prépare depuis un an à combattre le président sortant ou son représentant et se retrouve dans une situation très décalée avec face à lui quelqu’un qui était critique de la ligne gouvernementale et qui projette un horizon. On doit tous intégrer cette nouvelle donne.
Est-ce que la gauche telle que vous la souhaitez pourrait être au second tour ?
Oui, il y a un espace. Macron a bien compris que la clarification du projet se ferait à son détriment donc il le repousse sans cesse. Ça peut être la vraie nouveauté qui bouscule le jeu politique. Nous sommes dans une situation totalement inédite dans notre pays de destruction/recomposition politique. C’est une formidable opportunité. Est-ce que chacun reste dans son cadre et les pires gagneront ou est-ce qu’on en sort pour redonner de l’espoir ?
François Fillon peut-il encore être candidat après les révélations du « Canard enchaîné » ?
Il est disqualifié. Il a joué dans cette campagne la probité par rapport à la droite bling-bling d’un Nicolas Sarkozy. Mais sa droite de l’argent sous le matelas n’est pas plus glorieuse ni morale que celle de Sarkozy. Quelle que soit la légalité des contrats, ce qu’il a fait est profondément choquant. Marine Le Pen est d’ailleurs tout aussi embourbée dans les affaires d’assistants parlementaires que François Fillon.
Appelez-vous toujours les candidats à la présidentielle à faire une déclaration d’intérêts qui mentionne leurs revenus mais aussi la source de ces revenus ?
Plus que jamais ! Il faut absolument réconcilier les Français avec la politique autour de la transparence. Qu’un député fictif [François Fillon], qui n’a eu que 12 % de temps de présence à l’Assemblée et qui a quadruplé son salaire avec une société de conseil, se permette de dire « secret commercial sur mes clients », c’est inacceptable.
LES ECHOS – 02/02/2017
Ce que propose Macron pour réformer l’impôt sur la fortune
Le candidat d’En marche souhaite restreindre l’ISF à l’immobilier.
Cette réforme amputerait de moitié les recettes de cet impôt.
« Privilégier le risque face à la rente », disait Emmanuel Macron lorsqu’il était encore ministre de l’Economie. Cette déclaration vient de trouver une déclinaison dans son programme pour la présidentielle, dont il commence à dévoiler les grandes lignes. Le candidat d’En marche a annoncé mercredi sur France Inter son intention de « réformer en profondeur » l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) en supprimant « la part qui finance l’économie réelle », c’est-à-dire la détention d’actions, pour en faire un « impôt sur la rente immobilière ».
En clair, Emmanuel Macron souhaite que l’ISF ne soit calculé que sur la valeur du patrimoine immobilier. « L’ensemble des valeurs mobilières en seraient exclues », souligne-t-on dans son entourage. Exit donc l’assurance-vie et les investissements en actions. L’ex-ministre de l’Economie a précisé qu’il maintiendrait « l’abattement sur la résidence principale », mais aussi l’exonération pour les oeuvres d’art. Le barème actuel, pourtant relativement pénalisant dans un contexte de taux d’intérêt bas, resterait inchangé. Idem pour le seuil d’entrée, qui resterait à un niveau de patrimoine de 1,3 million d’euros. En revanche, le candidat n’a pas précisé ce qu’il ferait du plafonnement ISF, mécanisme qui limite l’impôt à 75 % des revenus. Sur la fiscalité des revenus du capital, ses propositions devraient être connues dans une dizaine de jours, sachant qu’il propose déjà d’alourdir la CSG pour financer des baisses de cotisations salariales (lire ci-dessous).
Position médiane
Alors que le sondage Elabe pour « Les Echos » et Radio Classique l’a propulsé au rang de favori à la présidentielle, Emmanuel Macron adopte sur l’ISF une position médiane, entre la droite qui propose de supprimer cet impôt et le candidat du PS, Benoît Hamon, pour qui l’alourdissement des impôts sur le foncier doit financer le revenu universel. Selon le leader d’En marche, sa proposition amputerait de moitié les recettes de l’ISF (5,2 milliards en 2016). « Mais vous attirez à nouveau du capital », assure-t-il. Exonérer la détention d’actions vise à limiter les fuites de capitaux, et à encourager les Français à investir davantage en actions, alors qu’aujourd’hui les conditions sont assez encadrées. Les biens professionnels sont exonérés d’ISF, mais le patrimoine d’un entrepreneur devient assujetti dès qu’il revend sa société. Ce qui pousse un certain nombre d’entre eux soit à quitter la France, soit à bâtir des montages complexes pour échapper à l’impôt.
«Venant de gauche », l’ancien conseiller de François Hollande s’est permis de critiquer la suppression du bouclier fiscal, un totem de la droite devenu si embarrassant pour l’ex-président Nicolas Sarkozy que ce dernier avait dû y renoncer. « Depuis la fin du bouclier, beaucoup de contribuables sont partis, beaucoup de jeunes créateurs d’entreprises aussi », a-t-il déclaré. Un message en contradiction avec la communication du gouvernement face aux chiffres inquiétants des départs des contribuables aisés à l’étranger. Bercy a toujours avancé que cette augmentation était un effet de la mondialisation et d’une plus grande mobilité chez les travailleurs internationaux.
Ingrid Feuerstein
LES ECHOS – 02/02/2017
Comment Macron veut doper le pouvoir d’achat au niveau du SMIC
L’ex-ministre, candidat à la présidentielle, veut augmenter de 50 % la prime d’activité et supprimer 10 points de cotisation au niveau du SMIC.
Aux antipodes de Benoît Hamon et de son projet de revenu universel , Emmanuel Macron se présente comme « le candidat qui permet aux Français de vivre de leur travail ». « Le travail, ça n’est pas un malheur. C’est votre capacité à trouver votre place dans la société, à vous construire, à vous sortir de votre condition », a martelé le leader du mouvement En Marche sur France Inter ce mercredi. Il a annoncé vouloir baisser de 10 points les charges sociales au niveau du SMIC, et revaloriser de 50 % la prime d’activité, qui concerne également les bas salaires.
Pour redonner du pouvoir d’achat aux petits salaires, et inciter les chômeurs à reprendre un emploi, Emmanuel Macron compte d’abord muscler la prime d’activité, qui a remplacé le RSA activité et la prime pour l’emploi il y a un an. Avec un taux de recours de 70 % (contre 33 % pour le RSA activité) et un budget de 4,4 milliards, ce dispositif ciblant les travailleurs pauvres a prouvé son efficacité. Le ciblage actuel concentré sur les personnes gagnant 0,8 à 1 SMIC, et s’éteignant à 1,3 SMIC, serait conservé. Mais on ajouterait 2,1 milliards d’euros par an. La prime d’activité pour un smicard célibataire sans enfants est aujourd’hui de 132 euros par mois ; elle passerait à 212 euros.
La fin des cotisations salariales maladie et assurance-chômage
A ce gain de 80 euros par mois au niveau du SMIC, il faudrait ajouter 20 euros grâce à la réforme de la protection sociale. Certaines protections qui relèvent aujourd’hui de l’assurance doivent reposer sur la solidarité, estime le candidat. C’est le cas de la maladie – puisque le droit d’être soigné est déjà universalisé – mais aussi du chômage, dans une société qui se précarise. Les cotisations salariales maladie seraient donc supprimées, ainsi que les cotisations d’assurance-chômage, et cela pour tous les travailleurs. Soit environ 22 milliards de moins pour la Sécurité sociale, qui seraient compensés par une hausse de 1,7 point du taux de la CSG. Les retraités (à l’exception de ceux bénéficiant d’un taux réduit ou nul) contribueraient donc au financement, ainsi que les revenus du capital. Les indemnités chômage ne seraient en revanche pas assujetties à cette hausse de CSG.
Le candidat veut aussi transformer le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) en un allégement de cotisations sociales patronales pérenne. Une bascule délicate, car le versement des actuels 19 milliards de CICE serait avancé d’un an. Le public ciblé demeurerait le même, jusqu’à 2,5 SMIC. Mais il y aurait de nouveaux bénéficiaires : les indépendants, l’économie sociale et solidaire. Au total, la mesure vise 66 % de la masse salariale. Elle doit doper la compétitivité des entreprises qui emploient.
Augmentation de la fiscalité écologique
Enfin, les bas salaires bénéficieraient d’une baisse supplémentaire de 4 points de charges, afin de parvenir à une réduction de 10 points au niveau du SMIC – dont 6 points dus à la conversion du CICE. Seules les charges générales sont concernées : pas la formation professionnelle, le 1 % logement, les accidents du travail et maladies professionnelles. Ces allégements seraient dégressifs jusqu’à environ 1,6 SMIC, pour un coût annuel de 3 milliards d’euros. Ils seraient financés par une augmentation de la fiscalité écologique que doit bientôt détailler Emmanuel Macron.
L’OPINION – 02/02/2017
François Fillon: la droite balance
François Fillon entend tenir dans la tempête. Mais jusque dans son camp, sa candidature semble compromise. Déjà, une question revient : qui pour le remplacer s’il se retirait ?
Face à l’adversité, François Fillon ne plie pas et rejette tout plan B. « Je serai candidat à l’élection présidentielle », a-t-il répété mercredi. Dans son camp pourtant, l’unité n’est plus que de façade. Député du Rhône, proche de Nicolas Sarkozy et de Laurent Wauquiez, le député LR Georges Fenech a déclaré sur France Info : « Le résultat de la primaire est aujourd’hui caduc ».
« François Fillon demandait quinze jours ; il n’a même pas eu quinze minutes ». Il est 14 heures 30, mercredi 1er février. Un député LR vient de prendre connaissance des propos de son collègue Georges Fenech. Député du Rhône, proche de Nicolas Sarkozy et de Laurent Wauquiez, celui-ci vient de déclarer sur France Info que « le résultat de la primaire est aujourd’hui caduc face à cet événement imprévisible qui se situe non seulement sur le registre judiciaire mais sur le registre éthique et moral. » Pour désigner un nouveau candidat, il propose qu’un conseil national des Républicains soit convoqué dans les plus brefs délais.
Deux heures plus tôt, ce n’est pas tout à fait ce que Georges Fenech a dit lors de la réunion que François Fillon vient de tenir avec les parlementaires LR à son QG. Certes, il a été un des orateurs les plus sceptiques après la défense du candidat de la droite un peu plus affaibli par les nouvelles révélations du Canard enchaîné. « La situation n’est plus tenable, a-t-il lancé. Maintenant il faut que tu prennes une décision qui ne revient qu’à toi seul. »
Après le déjeuner, le député du Rhône est bien plus définitif sur le sort de François Fillon. En agissant ainsi, il ouvre une première brèche au sein de la droite. Est-ce parce que la réunion, qui vient de se tenir autour du candidat, ne s’est pas si mal passée ? Blême, très marqué, le candidat de la droite met ses tripes sur la table. « On a quinze jours à tenir. Dans quinze jours, on aura le résultat », les implore-t-il. Jean-Pierre Raffarin, François Baroin, Luc Chatel, Christian Jacob, Gérard Longuet… lui apportent leur soutien. Ceux-ci sont largement relayés sur les réseaux sociaux pro-Fillon. Même si au passage, certains d’entre eux ont quand même déploré l’organisation à leurs yeux défaillante de la campagne, il n’y a pas eu de fronde anti-Fillon exprimée tout haut.
Odeur de sang. « Avec ça, il va tenir une semaine », conclut un des présents. Il se trompe. Il y a désormais une odeur du sang à droite. C’est le midi des longs couteaux. Chacun interprète la sortie de Georges Fenech comme il se doit : les sarkozystes lâchent l’ex-Premier ministre. Mardi, Brice Hortefeux, désormais convaincu que le candidat est fini, a confié à un ami : « Il y a des élus qui vont parler demain. » De son côté, un député juppéiste n’est pas en reste. Philippe Gosselin, député LR de la Manche, se répand dans les médias et les couloirs de l’Assemblée nationale pour demander à Alain Juppé de « se tenir prêt » au cas où François Fillon se retirerait. Ballon d’essai ?
A droite, pour beaucoup, les jeux semblent désormais être faits. Depuis mardi soir et les nouvelles révélations du Canard enchaîné, le climat a complètement changé. « Tous les parlementaires pensent que cela ne peut plus durer et que François Fillon doit se retirer. On est tous d’accord avec Georges Fenech », confie un député pourtant très légitimiste. Peu sont encore nombreux à l’exprimer à haute voix, mais petit à petit la parole se libère. C’est le cas d’Alain Houpert, sénateur de Côte d’Or. « Je pense que notre candidat doit se retirer », déclare-t-il. « La pression va venir de la base », raconte un président de fédération LR, débordé par les réactions de colère de ses adhérents.
Désormais, beaucoup pensent donc à l’avenir. Par qui remplacer l’ex-Premier ministre ? Comment ? Alors qu’aucune solution n’est prévue et qu’organiser une nouvelle primaire est inenvisageable matériellement, la question de la procédure sera essentielle si François Fillon se retire. « Comment remplacer une telle légitimité ? », s’interroge un élu, faisant référence aux 2,9 millions de voix recueillies par le député de Paris dans un scrutin auquel 4,4 millions de Français ont participé. Trois formules sont possibles : un vote du bureau politique des Républicains, un vote du conseil national du parti ou un vote de ses adhérents (par voie électronique). Tout le monde perçoit d’ores et déjà que ce sera un vrai enjeu. « Ce qu’une élection a fait, seule une élection peut le défaire », a prévenu Bruno Le Maire auprès d’un autre élu qui le testait.
Imprimatur. Qui ? C’est l’autre question. Cinq noms peuvent figurer sur la liste : François Baroin, Xavier Bertrand, Laurent Wauquiez, Alain Juppé et Nicolas Sarkozy. Pour l’instant, tous sont mutiques. Mais cela n’empêche pas en coulisses de se préparer. « Celui qui ira devra avoir l’imprimatur de François Fillon », ajoute un ancien ministre.
Pour l’instant, l’ancien Premier ministre ne voit pas d’autre candidat que lui-même sur la ligne de départ. « Je serai candidat à l’élection présidentielle », a-t-il affirmé lors de sa visite du Salon des entrepreneurs à Paris. Plus tôt, lors de la réunion avec les parlementaires LR, il a pris bien soin de dézinguer tout plan B. « Tout bricolage qui pourrait être imaginé se traduirait par notre échec », a-il prévenu.
LE MONDE – 02/02/2017
Marine Le Pen : « Nous créerons une taxe sur tout nouveau contrat d’employé étranger »
Dans un entretien, la candidate du Front national à la présidentielle annonce son intention de mettre en place une « priorité nationale à l’emploi ».
La présidente du Front national, Marine Le Pen, présentera son programme ce week-end à Lyon. Son projet de rassemblement est fondé sur deux grands principes : « La parole au peuple et la démocratie de proximité. » Si elle est élue présidente de la République, elle entend proposer très vite deux référendums, dont un sur la révision constitutionnelle.
Vous avez refusé de rembourser 300 000 euros au Pfarlement européen pour l’emploi présumé fictif d’une de vos assistantes. Ses règles ne vous concernent pas ?
Le Parlement européen est une structure politique qui a décidé de mener contre les patriotes que nous sommes un combat sans prisonniers. Il ne supporte pas l’idée qu’il puisse exister une opposition en son sein.
Il n’est pas question que je me soumette à cette décision arbitraire, unilatérale, et pour laquelle il y a un conflit d’intérêt évident. Je me demande d’ailleurs si je ne vais pas saisir le Défenseur des droits. Nous sommes des députés européens élus par le peuple pour le défendre. Permettre de violer l’intégralité des règles qui fondent notre justice pour tenter d’empêcher un député d’exercer son mandat, car il s’agit de cela, est quelque chose d’extrêmement grave.
Vous dites que vous êtes ciblée, mais il y a eu 96 cas de recouvrements en 2015. Ça relativise la nature politique de cette décision…
Je conteste formellement le fait que Catherine Griset n’ait pas été fixée à Bruxelles. On m’indique l’inverse sans m’apporter aucun élément. Je n’ai même pas le rapport de l’OLAF [l’Office européen de lutte contre la fraude qui a mené l’enquête]. Catherine, elle vient à Bruxelles quand j’y vais. Et quand je n’y vais pas, elle badge. Demandez donc le listing des badges. Je suis obligée de saisir la justice pour me défendre. C’est le Parlement qui a les preuves en main pour savoir quand elle était à Bruxelles ; je n’ai pas accès à cela. Ils me demandent une preuve impossible à fournir.
Quelle était la nature du travail de votre assistante à Bruxelles ?
Vous la connaissez par cœur, vous êtes de mauvaise foi. Elle s’occupe absolument de tout : mes déplacements quand je vais au Parlement, les interviews. Quand les gens m’appellent, ils veulent voir qui ? La présidente du Front national ou la députée européenne ? Il n’y a qu’un malheur, c’est qu’à la différence des députés français, le député européen est en session du 1er janvier au 31 décembre.
Cela n’a rien à voir avec François Fillon. Je n’ai pas touché cet argent, c’est Catherine Griset qui l’a touché, en contrepartie du travail qu’elle a effectué, que personne ne remet en cause, même pas le Parlement européen. Cela fait vingt-cinq ans qu’elle travaille avec moi, elle m’a suivie absolument partout, quand j’étais avocate, quand j’ai travaillé au FN, quand je suis devenue députée européenne, et dans ma campagne présidentielle.
Un juge d’instruction a été saisi en France. Vous comptez, comme l’a promis François Fillon pour lui-même, retirer votre candidature en cas de mise en examen ?
Cette déclaration de François Fillon est totalement stupide. Elle a été prononcée dans le but de tirer dans les pattes de Nicolas Sarkozy. Est-ce que vous vous rendez compte dans quel gouvernement des juges nous vivrions ? Un juge pourrait décider qui est candidat et qui n’est pas candidat, c’est la fin de la démocratie.
Dans votre programme, il y a des propositions pour améliorer la transparence de la vie publique ?
Oui. Que les autorités chargées de la transparence soient indépendantes. Qu’elles ne soient pas utilisées dans le but exclusif de persécuter une opposition politique. J’ai un cuir de crocodile, ou de rhinocéros. On a tellement pris de coups que ça ne me fait pas bouger d’un cil.
Avez-vous trouvé un financement pour vos campagnes présidentielle et législatives ?
Je cherche. Point. Partout. Point. [Silence] Eh oui, je n’ai pas des donateurs multiples et variés comme M. Macron. Je cherche un prêt seulement. Je ne vais pas chercher des dons au Liban ou à Londres, comme lui. Il y a une indignation sélective. Il serait plus critiquable d’aller emprunter de l’argent à l’étranger, que l’on va donc rembourser, que d’aller chercher des dons à l’étranger.
A New York, en janvier, ce n’était pas le but de votre voyage ?
C’était éventuellement de trouver une banque. Pour une raison simple : la loi fait qu’il n’y a que les banques qui peuvent prêter. C’est quand même étonnant ! Les particuliers ne peuvent pas prêter, c’est dommage, surtout quand on n’a pas de très riches donateurs. Je n’évolue pas dans les mêmes milieux que M. Macron.
Et à Moscou, vous ne trouvez pas ?
Non.
L’ambassadeur russe en France a déclaré que le FN doit trouver de l’argent en France, pas en Russie.
Il a raison. C’est aux banques françaises de prêter aux candidats français. Le signal qui est envoyé à l’étranger est celui d’une démocratie imparfaite. Les étrangers ne comprennent pas que les banques françaises prêtent à tous les candidats, sauf à Marine Le Pen. Mais je n’ai aucune inquiétude, je trouverai le financement pour ma campagne.
A quoi ressembleraient vos cent premiers jours à l’Elysée ?
J’organise deux référendums. Le premier, tout de suite après les élections législatives, portera sur la révision constitutionnelle : inscription dans la Constitution de l’interdiction du communautarisme, autorisation de la priorité nationale, défense et promotion du patrimoine historique et culturel, suppression des régions et des intercommunalités, réduction du nombre des députés à 300 et des sénateurs à 200, introduction de la proportionnelle intégrale à l’Assemblée nationale – avec une prime majoritaire à 30 % –, suppression du chapitre sur l’Union européenne, supériorité de la loi française sur les traités européens et les droits dérivés antérieurs, référendum d’initiative populaire, élargissement du domaine d’intervention du référendum, obligation d’utiliser ce moyen pour réformer la Constitution…
Par ailleurs, je vais immédiatement à Bruxelles pour enclencher la négociation sur le retour des quatre souverainetés : monétaire, législative, budgétaire et territoriale. Et six mois après mon élection, j’organise un référendum sur la sortie de l’UE. Si j’ai obtenu gain de cause, je suggère aux Français de rester. Sinon, je leur conseille de sortir de l’UE.
Si vous deviez être élue, il vous faut une majorité parlementaire pour appliquer votre programme. Vous pensez que vous l’aurez ?
Oui. Depuis un certain nombre d’années, on a accueilli pas mal de gens qui viennent d’horizons divers. Nous allons avoir beaucoup d’autres personnes qui vont nous rejoindre, avant le premier tour, dans l’entre-deux-tours, après le second tour.
Le premier ministre ne sera pas forcément issu du FN. J’ai déjà un profil, mais je le garde dans ma tête. Par ailleurs, je limiterai le nombre de ministères. L’armée mexicaine, c’est fait pour respecter les équilibres politiques. Mettre en œuvre le programme de redressement du pays ne doit pas passer par des petits arrangements électoraux.
Sur quel projet porterait ce rassemblement ?
Il est fondé sur deux grands éléments : la parole au peuple et la démocratie de proximité, avec notamment la revalorisation du statut du maire. Sur l’économie de proximité, aussi, c’est-à-dire rompre avec un modèle fondé sur le libre-échange intégral et sur ce principe qui consiste à faire fabriquer à des esclaves pour vendre à des chômeurs. C’est le protectionnisme intelligent, la lutte contre les délocalisations sauvages, la mise en place de circuits courts, la protection de l’environnement et de la santé des Français.
Le fondement de tout ça, c’est le patriotisme, c’est-à-dire que chaque mesure prise et chaque euro dépensé a vocation à défendre l’intérêt des Français. Avec notamment un attachement particulier à régler le problème du pouvoir d’achat. Je vais mettre en place ce que j’ai nommé une prime de pouvoir d’achat, qui concernera tous les bas salaires et les petites retraites de moins de 1 500 euros nets. Elle sera financée par une contribution sociale à l’importation des biens et des services de 3 %, ce qui rapportera 15 milliards d’euros minimum. En moyenne, cette prime représentera près de 80 euros par mois.
Le prix des produits importés serait touché par cette contribution, et cela aurait un effet sur le pouvoir d’achat…
3 % sur l’importation, c’est totalement indolore. Vous parlez du produit fini, mais très souvent ce sont des matières premières, des pièces détachées. En réalité, le coût de ces dernières dans le produit fini est déjà minime. Ce n’est pas le cas de l’augmentation de deux points de la TVA [proposée par M. Fillon], qui, elle, sera particulièrement douloureuse.
Votre contribution suppose un accord avec l’UE. Elle se mettrait donc en place après le « Frexit » ?
On peut tomber d’accord assez rapidement sur la négociation sur le « Frexit ». Il y a beaucoup de bouleversements au sein de l’UE. De nombreux pays vont en profiter pour venir eux aussi obtenir le retrait de réglementations et de traités qui nuisent à leur sécurité ou leur économie. Je ne vais pas être toute seule dans cette négociation. Je suis convaincue que je lancerai un mouvement. Il va y avoir des élections dans toute l’Europe – Pays-Bas, Allemagne, Italie, peut-être –, l’UE est en très fâcheuse posture.
En cas de victoire au référendum, comment allez-vous mettre en œuvre une partie de votre programme alors que vous serez toujours dans l’UE ?
A partir du moment où le peuple français dit qu’il ne veut plus rester dans l’UE, je mettrai en œuvre toutes les mesures qui étaient interdites pas l’UE. Comme la première ministre Theresa May est en train de le faire au Royaume-Uni. Elle met en place tout de suite les conditions de limitation de l’immigration. Pour elle, c’est terminé.
Le solde migratoire en France est aujourd’hui de 40 000 personnes. Vous voulez le faire passer à 10 000. Comment faites-vous ?
Un certain nombre de personnes voudront repartir parce que la France arrêtera d’être incitative à l’immigration. Et pour le reste, on modulera pour faire en sorte que les gens que nous acceptons répondent à un certain nombre de critères et ne pèsent pas d’un poids quelconque sur les finances publiques. Par ailleurs, je précise que les clandestins ont vocation à repartir chez eux.
Vous avez déclaré à Coblence, le 21 janvier, lors d’une conférence avec vos alliés européens, que chaque pays doit avoir le choix souverain de rester ou non dans l’union monétaire. Si la France la quitte, l’euro peut survivre ?
Je ne pense pas. La seule structure qui pourrait rester c’est l’ancienne région mark : Autriche, Pays-Bas, Allemagne. Comme je le dis depuis cinq ans, on ne s’opposera pas à une monnaie commune, comme l’ancien ECU. Les grandes entreprises qui voudraient utiliser cet instrument pourront le faire, mais les Français ne s’en apercevront pas, car la seule devise en circulation en France sera notre nouvelle monnaie française. Et la dette sera libellée dans la monnaie nationale.
Vous comptez recruter beaucoup de fonctionnaires ?
A partir du moment où je supprime des strates, on va redistribuer les fonctionnaires territoriaux vers les structures qui ont récupéré les compétences. Il faut augmenter les effectifs dans le domaine de la police, de la santé, de la douane.
Et en termes de fiscalité, vous avez prévu des baisses d’impôt ?
Oui, de l’impôt sur le revenu : je veux baisser de 10 % les trois premières tranches. C’est un gros effort que nous faisons, mais ça va dans le sens de l’augmentation du pouvoir d’achat, notamment des classes moyennes, qui sont concernées par le troisième seuil. Par ailleurs, nous appliquerons la priorité nationale à l’emploi par l’intermédiaire d’une taxe additionnelle sur tout nouveau contrat d’employé étranger. Cette recette sera versée à l’indemnisation des chômeurs.
Tout cela a un impact sur le déficit public et sur la dette…
Nous avons été raisonnables dans le chiffrage. Nous n’avons pas fait de projets délirants, mais des projets sérieux. Parfois, nous avons même préféré des prévisions de croissance en deçà de nos calculs. Nous ne laissons pas filer la dette à partir du moment où on recrée de l’emploi et de la croissance. L’austérité aggrave la dette. Nous faisons une politique de relance, par conséquent, la première année, la dette publique augmente d’un point. Mais l’année suivante, elle diminue, car vous avez relancé la machine. Le Fonds monétaire international a soutenu pendant longtemps la politique d’austérité, et il reconnaît aujourd’hui qu’elle tue les pays et leur économie.
Vous êtes sur un objectif de 2,5 % de croissance en 2022 : vous ne faites pas partie de ceux, comme Benoît Hamon, qui pensent qu’elle ne reviendra jamais ?
Non, ça c’est la facilité de ceux qui pensent que tout a été tenté et refusent d’admettre que leurs recettes au pouvoir ont été mauvaises.
Votre slogan, c’est « La France apaisée ». Vous trouvez vraiment que Donald Trump c’est « l’Amérique apaisée », au vu des premiers jours de son mandat ? C’est un modèle pour vous ?
Trump a été élu sur des promesses qu’il met en œuvre. Ce respect des électeurs devrait être un modèle pour tout politique. Mais je n’ai pas de modèle. Je n’ai pas de fascination pour les Etats-Unis, l’Allemagne ou la Russie. J’ai une fascination pour la France. Je mettrai en œuvre une politique qui va dans le sens des intérêts de la France. Ces intérêts peuvent parfois être compatibles avec ceux de la Russie ou des Etats-Unis, ou pas. Ce n’est pas le souci.
L’histoire est en train de s’écrire avec un grand H. On a l’impression que personne ne mesure ce qui est en train de se passer. Trump a prononcé dans son discours d’investiture l’acte de décès de l’ultralibéralisme intégral, un modèle économique qui nous a été imposé depuis trente-cinq ans avec la complicité de nos dirigeants. C’est le retour du protectionnisme, des nations. Il dit surtout quelque chose qui aurait dû interpeller : les Etats-Unis n’ont plus à imposer aux autres nations un modèle. C’est une rupture totale avec la vision portée par les Etats-Unis. Ou par Mme Merkel. Je m’en réjouis.
Pourriez-vous signer, vous aussi, un décret d’interdiction d’entrée des ressortissants de pays musulmans ?
Ce décret n’est pas dans mon projet. Trump a le droit de le faire. Les Américains ont l’air d’accord.
Il dénonce le « système », comme vous. C’est quoi le « système » selon vous ?
C’est un groupe de personnes qui défendent leurs propres intérêts, sans le peuple ou contre lui, au bénéfice de quelques-uns et au détriment des autres. C’est M. Bergé qui défend Macron en possédant Le Monde et L’Obs, c’est M. Drahi qui défend Macron, ce sont les technocrates de l’UE qui imposent au peuple leurs volontés, alors qu’ils ne sont pas élus. Ce sont les dirigeants français qui imposent une politique que les Français rejettent. Une caste déconnectée, qui fonctionne pour elle-même.
Mais le « système », ce n’est pas le PDG d’ExxonMobil qui devient secrétaire d’Etat, ou Wall Street qui se réjouit de la victoire de Trump ?
Si la politique de Trump vise à renforcer le système, les Américains le verront très vite. Les décisions prises pour l’instant ne vont pas dans ce sens.
Olivier Faye, Alain Salles et Caroline Monnot
::: INTERNATIONAL
LES ECHOS – 02/02/2017
Merkel : visite éclair en Turquie sur fond de tensions
Les rencontres d’Angela Merkel avec le président Recep Tayyip Erdogan et son Premier ministre Binali Yıldırım, aujourd’hui à Ankara,
promettent d’être délicates tant les sujets de contentieux sont nombreux (photo d’archive)
La chancelière rencontre ce jeudi le président turc Erdogan. Les sujets délicats ne manquent pas.
Angela Merkel se rend ce jeudi pour une visite de travail éclair à Ankara où la lutte contre le terrorisme et la question des réfugiés auront bonne place. Les rencontres avec le président Recep Tayyip Erdogan et son Premier ministre Binali Yildirim promettent d’être délicates tant les sujets de contentieux sont nombreux.
Des relations qui se sont beaucoup tendues
Les relations entre l’Allemagne et la Turquie se sont beaucoup tendues après la très forte répression qui a suivi le coup d’Etat raté de juillet dernier et qui a conduit des dizaines de milliers de Turcs en prison. Pour l’opinion publique allemande, la chancelière doit éviter de se faire instrumentaliser par le président Erdogan. Ce dernier a en effet besoin d’appuis de poids alors que démarre la campagne précédant un référendum de printemps, censé lui conférer les pleins pouvoirs.
Appel de la gauche allemande à un ton ferme
Plusieurs tenants de la gauche allemande et des organisations non gouvernementales ont ainsi appelé la chancelière à adopter un ton ferme vis-à-vis de l’homme fort d’Ankara, après les purges organisées ces derniers mois dans l’administration et l’armée, les milliers d’arrestations et les restrictions des libertés de la presse et d’opinion. « Le pouvoir d’influence de la chancelière est très réduit, tempère Kristian Brakel, expert à Istanbul pour le think-tank allemand DGAP. Elle ne va pas contraindre Erdogan à bouger d’un millimètre le système présidentiel appelé à lui conférer les pleins pouvoirs ».
La dirigeante, qui visitera le Parlement, en partie endommagé par le putsch de l’été dernier, pourra en revanche « insister lors de ses entretiens bilatéraux sur les attentes de Berlin et de Bruxelles vis-à-vis de la Turquie, si ce pays espère obtenir en retour des avancées dans les relations économiques avec l’Allemagne et l’Union Européenne », ajoute Kristian Brakel.
Pas d’intérêt à se couper des partenaires commerciaux européens
La Turquie n’aurait, de fait, aucun intérêt à se couper des partenaires commerciaux européens. Le pays traverse une crise économique marquée par l’effondrement de sa devise et la chute du PIB dans le sillage d’une saison touristique calamiteuse. D’un autre côté, sur la question des réfugiés, l’Europe, surtout l’Allemagne, souhaite la poursuite de l’application du plan d’action décidé en octobre 2015 avec Ankara. Celui-ci prévoit une aide de 3 milliards d’euros à la Turquie, en échange d’un durcissement du contrôle aux frontières.
Dans ce contexte, une affaire de demandes d’asile en Allemagne formulées par une quarantaine de militaires turcs de l’Otan risque de tourner à la crise politique. L’Allemagne doit « absolument » rejeter ces demandes, a déclaré dimanche dernier le ministre turc de la Défense, Fikri Is?k. Ankara a rendu ces militaires complices de la tentative de putsch de juillet. Ils peuvent craindre la prison et la torture s’ils retournent en Turquie. Berlin a déjà fait savoir que le dossier ne se réglera pas de façon politique mais selon le droit en vigueur.
Jean-Philippe Lacour
LE FIGARO – 02/02/2017
Le Parlement britannique lance le Brexit
Les députés se prononcent à une large majorité pour le déclenchement de la sortie de l’Union européenne.
Le compte à rebours est lancé, avant le déclenchement officiel de la procédure de divorce du Royaume-Uni avec l’Union européenne par l’article 50 du traité du Lisbonne. Theresa May a promis d’en notifier Bruxelles avant fin mars. Pour tenir ce délai, un Blitzkrieg législatif a débuté mardi, une semaine après la décision de la Cour suprême la forçant à obtenir, au préalable, l’assentiment du Parlement sur cette procédure.
Intitulé «projet de loi de l’Union européenne (notification de retrait)», le texte, très court, a été approuvé à une très large majorité lors d’un premier vote, ce mercredi soir: 498 députés se sont prononcés en sa faveur, contre 114 s’y opposant. Un retournement remarquable: les trois quarts de ces élus avaient voté contre la sortie de l’UE lors du référendum en juin.
Le projet de loi sera à nouveau discuté en commission la semaine prochaine, avant un nouveau vote aux Communes. Il sera ensuite transféré à la Chambre des lords à la fin du mois, dans l’espoir d’une adoption définitive le 7 mars. Theresa May devrait donc obtenir le pouvoir de notifier l’article 50 en temps voulu, grâce au soutien de sa majorité conservatrice et d’une partie de l’opposition travailliste à la Chambre des communes.
Le ministre des Affaires étrangères, Boris Johnson, a salué un«vote historique» et s’est félicité de cette «énorme majorité pour faire avancer nos négociations sur le Brexit». Si certains conservateurs proeuropéens s’inquiètent de la marche vers un Brexit «dur», hors du marché unique, ils ne tiennent pas à se lancer dans une fronde contre-productive contre la première ministre sur cette question de principe. Ils ont été amadoués par la promesse du gouvernement de publier, ce jeudi, un «livre blanc» détaillant ses projets. Seul, parmi eux, l’ancien ministre franc-tireur Ken Clarke a voté contre le gouvernement. Il a regretté que le Royaume-Uni «embarque pour un voyage vers un avenir inconnu qui sidère tous nos amis». Les députés tories avaient été priés de rester dans l’enceinte du Palais de Westminster jusqu’à minuit mardi soir, pour parer toute adoption subreptice d’amendements par l’opposition.
Le Labour déchiré
Les travaillistes, de leur côté, se sont déchirés sur la consigne ferme donnée par leur leader Jeremy Corbyn de voter avec la majorité. Quelque 47 députés Labour ont bravé ce mot d’ordre, entraînant le parti dans une nouvelle crise existentielle. Le député chargé du Brexit, Keir Starmer, avait reconnu qu’il s’agissait d’un choix «difficile» pour les travaillistes. «Nous sommes un parti fondamentalement internationaliste, nous sommes proeuropéens. Mais nous n’avons pas réussi à convaincre. Nous avons perdu le référendum», a-t-il reconnu, dépité. Plusieurs membres du «gouvernement fantôme» de Corbyn ont toutefois démissionné de leur poste pour assumer leur dissidence avec la ligne officielle. Son rival dans la course à la tête du parti l’an dernier, Owen Smith, a déposé une motion soutenue par douze autres élus travaillistes pour réclamer un second référendum sur la sortie de l’UE. Un autre amendement déposé demandait le maintien dans le marché unique, un troisième, la consultation des parlements régionaux d’Écosse, d’Irlande du Nord et du pays de Galles. Un autre encore visait à obtenir la protection du statut des ressortissants européens installés au Royaume-Uni. Plus de 80 pages de modifications supplémentaires au texte initial devront être discutées la semaine prochaine. Cinquante élus nationalistes écossais, 7 libéraux-démocrates ont voté mercredi contre l’article 50 avec les 47 frondeurs travaillistes, faute d’avoir réussi à imposer leurs amendements. Une guérilla qui s’apparente à un baroud d’honneur pour les partisans du maintien dans l’Europe. «Ce n’est pas un projet de loi sur le fait de sortir ou non de l’UE ou sur la façon de le faire. Il s’agit simplement d’appliquer une décision déjà prise», avait rappelé le ministre de la Sortie de l’UE, David Davis. «La seule question à laquelle vous devez répondre est: faites-vous confiance au peuple?», dramatisait de son côté Theresa May.
Vous souhaitant une bonne journée.
Cordialement,
Elena NATALITCH
Service Presse, Communication / Formation
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Tél. : 01 40 55 12 43
Fax : 01 40 55 12 40
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