::: ILE-DE-FRANCE

LE PARISIEN – 08/02/2017

Ile-de-France : Cazeneuve et Pécresse relancent un plan d’investissement de 7,4 Mds€

 

Massy, ce mardi. Jean-Michel Baylet, ministre de l’Aménagement du territoire, de la ruralité et des collectivités territoriales,

Bernard Cazeneuve, Premier ministre, Valérie Pecresse, présidente du conseil régional d’Ile-de-France et Jean-François Carenco, préfet de la région Ile-de-France et préfet de Paris,

lors de la signature de l’avenant du contrat de plan Etat-Region pour la période 2015-2020.

Il donne les grandes lignes de ce que sera l’Ile-de-France de demain, notamment en termes de transports. Réunis ce mardi à Massy, Bernard Cazeneuve, le Premier ministre, et Valérie Pecresse, présidente du conseil régional d’Ile-de-France, ont signé un avenant au contrat plan Etat-Région 2015-2020. Un document qui a pour but d’accélérer la réalisation de ces nombreux projets au coût pharaonique de 7,4 Mds€ (3 Mds€ versés par l’Etat, 4,4 Mds€ par la région). Nous vous en présentons les grandes lignes.

« Impulser une dynamique anti bouchons »

En mars 2017, un Plan spécial anti-bouchons sera lancé en Île-de-France, avec des moyens supplémentaires de très grande envergure (200 M€). Il prévoit notamment le contournement d’Orly. Le contournement routier par l’est de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle va également être lancé. Contre les embouteillages, des études d’aménagements de l’autoroute A86 seront également menées. Enfin, l’élargissement de la Francilienne à l’Est pour faciliter le contournement de l’agglomération parisienne va se poursuivre.

De vieux projets relancés

On en parle depuis longtemps. L’Etat et la région promettent qu’ils verront le jour dans les prochaines années. Le projet de prolongement du RER Éole (Paris-La Défense-Mantes-la-Jolie), qui réclame à lui seul plus de 2 Mds€, va être relancé. Tout comme plusieurs projets de tramways : le Tram-Train Massy-Évry, le T9 (Paris-Orly) ou le T1 à l’Est-Val de Fontenay. Plusieurs prolongements de métros sont également en études ou en travaux, comme le prolongement de la ligne 11 à Rosny ou la ligne 10 à Ivry-sur-Seine.

Autres objectifs : essaimer un peu partout sur le territoire de « nouveaux pôles gares multimodaux », comme Cergy ou La Défense, mais aussi travailler aux futures gares du Grand Paris Express des lignes 15 Sud et 16, à Issy-les-Moulineaux et à Chelles. Enfin, l’électrification de la ligne P (Paris-Troyes) va être poursuivie.

Favoriser le trafic fluvial

Les transports du futur se feront également sur l’eau. Un partenariat du Stif avec la société Batobus va permettre aux Franciliens de se déplacer au quotidien sur la Seine à un tarif préférentiel. Par ailleurs, le contrat plant Etat-Région envisage d’accélérer le développement des ports franciliens et la remise en état d’écluses du bassin de la Seine. Il comprend aussi un volet sur le financement de la réhabilitation de l’écluse de Méricourt (Yvelines).

Modernisation des trains

Au volet modernisation des trains, Valérie Pécresse a annoncé ce mardi un renouvellement du matériel roulant des RER, avec la commande de 700 trains neufs ou rénovés d’ici 2021 pour 9,5 Mds€, pris en charge à 100 % par le Stif.

Enseignement supérieur et recherche

Le conseil plan Etat-Région ne concerne pas que les transports, mais aussi l’enseignement supérieur. Il acte le démarrage des travaux de la bibliothèque du Campus Condorcet à Aubervilliers (75 M€). Au programme également, la construction du nouveau site « Picpus – Nation » de l’Université Paris III (20 M€) et la réhabilitation de l’IUT de l’Université de Cergy-Pontoise à Neuville. Le plan prévoit aussi l’extension du bâtiment Ader sur le site de la Cité Descartes, le projet d’extension de l’antenne de Paris-II Assas à Melun et le projet de bâtiment dédié aux maladies psychiatriques sur le campus Henri Mondor à Créteil.

Gérald Moruzzi

 

::: ECONOMIE

LES ECHOS – 08/02/2017

Salaires : la réalité des écarts selon les conventions collectives

Le salaire net mensuel moyen d’un salarié couvert par une convention collective était de 2.240 euros, hors apprenti, en 2014, selon une étude publiée ce mardi par la Dares. Mais cette moyenne recouvre des situations très différentes.

Pour gagner sa vie, mieux vaut travailler dans la métallurgie que la coiffure… Une étude de la Direction de la recherche du ministère du travail (Dares) portant sur les conventions collectives, mise en ligne ce mardi, vient mettre en chiffres les écarts de salaire entre les branches d’activité.

Au total, le salaire mensuel net moyen d’un équivalent temps plein hors apprenti était de 2.240 euros en 2014 pour les 15,3 millions de salariés couverts par une convention collective de branche. Mais cette moyenne recouvre des situations très différentes. Ainsi, dans les branches de plus de 50.000 salariés, elle s’échelonne entre 1.350 euros dans la coiffure et 4.360 euros chez les cadres de la métallurgie.

Ces éléments le confirment s’il en était besoin, le niveau du salaire moyen dépend « en grande partie » de la structure socio-professionnelle du salariat de chaque branche. Avec une « prime » liée au taux d’encadrement. « Les branches ayant un salaire moyen supérieur à 2.600 euros ont au moins 20 % de leurs effectifs composés de cadres », note la Dares.

Mieux vaut travailler dans l’industrie pharmaceutique que dans une pharmacie

Mais au sein même des catégories professionnelles, tous les secteurs ne se valent pas. Pour les cadres, mieux vaut travailler dans l’industrie pharmaceutique que dans une pharmacie … Dans le premier cas, comme dans le transport aérien, la chimie ou la banque, le salaire moyen est au dessus de 5.000 euros tandis que dans le second cas, il tourne entre 2.800 et 3.000 euros, comme dans le commerce de détail de fruits et légumes ou la restauration rapide. Pour les employés, le salaire dans les pharmacies d’officine et celui dans l’industrie pharmaceutique sont aux deux bouts de l’échelle (1.660 euros contre 2.960 euros).

Cette dernière fait aussi partie des huit industries qui paient les ouvriers à temps plein plus de 2.000 euros. contre 1.280 euros seulement dans le secteur de la propreté. Mais ce n’est pas seulement parce que l’un paie mieux que l’autre. « Au sein de chaque catégorie socio-professionnelle, les différences salariales s’expliquent aussi par l’hétérogénéité des postes occupés et par les différences de structure par âge », note l’étude du ministère du travail.

Elle évalue en outre à 7% la part des salaires mensuels nets en équivalent temps plein compris entre 1 et 1,05 SMIC parmi les salariés couverts par une convention collective, dont 90% sont des ouvriers ou employés. Cette proportion inférieure à celle des smicards dans l’ensemble du salariat du privé est liée au fait que les grilles salariales conventionnelles démarrent au-dessus du salaire minimum dans une bonne partie des branches.

Là encore, le pourcentage varie fortement d’une branche à l’autre : moins de 1% dans la métallurgie, le personnel au sol des transports aériens ou, toujours, l’industrie pharmaceutique ; 25% dans la coiffure ou la propreté. A l’autre extrême, près de 12% des salariés bénéficiant d’une convention collective perçoivent plus de 3 fois le SMIC.

Leïla de Comarmond

 

 

LE PARISIEN – 08/02/2017

Le nouveau réquisitoire de la Cour des comptes

 

Dans son rapport annuel, la Cour estime que les 1,5% de croissance avancé par Bercy dans son projet de loi de finance sont optimistes.

Dépenses publiques, fiasco de l’écotaxe… le rapport annuel de la Cour des comptes se montre sévère avec la gestion du gouvernement et pessimiste quant aux prévisions de Bercy. 

La Cour des comptes vient de rendre son rapport public annuel. L’épais document – plus de 1000 pages ! – des sages de la rue Cambon porte un coup assez sévère aux prévisions du gouvernement pour l’année à venir. La Cour estime que les 1,5% de croissance avancé par Bercy dans son projet de loi de finance sont optimistes, rappelant que l’OCDE et la Banque de France privilégie l’hypothèse d’une croissance entre 1,1% et 1,3%. Pour l’institution, la baisse des taux d’intérêts en 2016 explique en grande partie le léger fléchissement du déficit à 3,3% (-0,2 points).

Attention donc, car la remontée des taux pourrait soudainement alourdir la note dès 2017, alors que la France n’est toujours pas rentrée dans les clous européens. Bref, la Cour met en garde contre toute tentation de relâchement budgétaire, alors que plusieurs candidats à la présidentielle envisagent de s’affranchir de la règle des 3%.

« Le redressement de nos comptes publics est encore loin d’être acquis et nos finances publiques sont encore fragiles et vulnérables, ce qui tend à nos isoler et nous affaiblir », avait déjà prévenu Didier Migaud, premier président de la Cour des comptes, lors de l’audience de rentrée mi-janvier. Enfin, le gouvernement table sur une baisse des dépenses de l’assurance-chômage, mais rien ne permet selon la Cour des Comptes de certifier qu’elle aura lieu.

La hausse des dépenses de l’Etat pointée du doigt. Pour 2016, le rapport déplore une augmentation des dépenses de l’Etat de 3%, pointant du doigt une hausse des effectifs de 14 000 agents dans la fonction publique ainsi qu’une revalorisation salariale pour certains fonctionnaires. La Cour délivre quand même un bon point aux collectivités territoriales qui poursuivent leurs efforts de baisse de la dépense publique… même si celui-ci ne sera que de 1Mdsd’€ contre 2Mds d’€ prévus initialement. Les dépenses de l’assurance maladie, elles, continuent d’augmenter (2 ,1% en 2017).

Problème récurrent, certaines missions de l’Etat ou prestations sociales sont sous-budgétisées : c’est le cas des opérations militaires extérieures de l’armée, provisionnées à hauteur de 450M d’€ alors qu’environ 1 milliard est dépensé ces dernières années. Une critique adressée par la Cour au ministère de la Défense depuis longtemps… « Aucune économie structurelle » n’est clairement présente dans la loi de finance du gouvernement selon l’institution.

Alerte sur les effectifs des CRS et des gendarmes. A l’inverse, la Cour pointe une évolution préoccupante des effectifs effectifs des CRS et de gendarmes. Depuis 2010, ils ont chuté de 7,5% alors que la protection des Français a dû être renforcée sur fond de menace terroriste. La crise migratoire, mais aussi la Cop 21 et l’Euro 2016 ont mis à rude épreuve les forces de sécurité. L’élargissement continu des missions est donc visé : il représente un surcoût pour l’Etat et une fatigue supplémentaire pour les policiers et gendarmes « déjà engagés au maximum des possibilités opérationnelles sur le terrain ».

La formation professionnelle, un terreau propice pour la fraude. Autre situation épinglée par les magistrats, celle de la formation professionnelle qui coûte 11 Mds d’€ chaque année aux entreprises. Une somme que l’Etat prend en charge indirectement à hauteur de 4,8 Mds d’€. Le hic ? La puissance publique apparaît inefficace dans ses contrôles, notamment contre la fraude, tant du côté des entreprises que de celui des salariés. Une remise à plat de la gestion des organismes chargés de collecter les versements des entreprises pour la formation professionnelle est préconisée.

Mic-mac à Levallois (Hauts-de-Seine). Cette année, le rapport de la Cour pourrait prendre un tour particulièrement politique. La haute institution s’est penchée sur la gestion de la ville de Levallois-Perret. Son maire, Patrick Balkany, est déjà mis en examen, notamment pour corruption passive et blanchiment de fraude fiscale aggravée. Les sages dénoncent « un système peu transparent, générateur d’irrégularités et de dérives », ainsi qu’« une information incomplète et biaisée à destination de l’assemblée constituante ». Ils pointent du doigt « des élus municipaux exposés à des situations de conflits d’intérêts », « des anomalies dans la gestion des ressources humaines » et « des pratiques contraires au droit de la commande publique ».

Le gâchis de l’écotaxe. Autre chapitre éminement politique du rapport la Cour revient sur le fiasco de l’éco-taxe, mesure phare de l’action de Ségolène Royal au ministère de l’environnement enterrée par le gouvernement. de Manuel Valls. Cette redevance pour les poids lourds circulant en France avait été abandonnée fin 2014 après la grogne des Bonnets rouges. A l’arrivée, la facture avait été salée pour les finances publiques – 1,2 Mds d’€. Les sages ont des mots particulièrement durs, évoquant « un échec traduisant un perte de vision stratégique » ainsi qu’« un gâchis patrimonial, économique, financier, industriel et social ».

Matthieu Pelloli et Jean-Victor Semeraro

 

 

LE FIGARO – 08/02/2017

La formation continue: ses 32 milliards de dépenses par an et son risque élevé de fraude

Face à un secteur à la gouvernance très complexe et malgré de nombreuses réformes qui n’ont en rien simplifié un système complexe, les magistrats de la Cour des comptes demandent à l’État de mener une véritable politique de lutte contre la fraude pour limiter les abus les plus fréquents.

Malgré de multiples réformes, le système de la formation professionnelle reste particulièrement complexe en France. La formation est désormais considérée par Bruxelles comme un secteur concurrentiel comme les autres. Il se distingue cependant par sa grande proximité avec les pouvoirs publics -l’État et les régions restant les premiers financeurs de la formation des chômeurs- et l’implication des syndicats et du patronat au cœur de sa gouvernance via les organismes paritaires collecteurs agréés (OPCA).

Cette alchimie complexe, conjuguée à l’importance des sommes -32 milliards d’euros en 2014 au total qui naviguent dans le système- a toujours favorisé les soupçons de fraude ou de financements occultes. La Cour des comptes les partage. «La formation professionnelle est exposée à des risques d’irrégularités et de fraude, en raison de l’importance des montants en jeu, de la multiplicité des prestataires dispensant des formations, de l’absence de régulation et de la faiblesse des contrôles», notent ses experts.

Moins de 1% des prestataires de formation contrôlés

Les magistrats recensent les plus classiques: fausses listes d’émargement, surfacturation des heures de stage, détournements du champ de la formation professionnelle. Du côté des entreprises, plusieurs contrôles ont mis à jour un procédé consistant à recruter des salariés sous contrat de professionnalisation, sans leur donner la formation pour laquelle l’entreprise reçoit pourtant une subvention. Au sein des organismes paritaires, qui prennent en charge plus de 40% des dépenses de formation des entreprises, des cas de création de dossiers fictifs de remboursement ont été aussi repérés.

Au regard de ces enjeux, les magistrats jugent l’activité de contrôle par l’État particulièrement faible. Ainsi en 2014, ses services ont contrôlé moins de 1% des prestataires de formation susceptibles de l’être. Ils appellent alors de leurs vœux l’instauration d’une véritable politique de lutte anti-fraude avec des visites régulières aussi bien auprès des organismes paritaires que des sociétés de formation.

Anne de Guigné

 

 

LE FIGARO – 08/02/2017

La fin de l’écotaxe poids lourds a coûté plus de 1 milliard d’euros aux contribuables

VIDÉOS – La Cour des comptes reproche vivement au gouvernement sa gestion dans le dossier de l’écotaxe poids lourd. Elle y voit «un échec stratégique et un abandon coûteux».

C’est l’histoire d’un fiasco que décrit par le menu la Cour des comptes dans son rapport annuel 2017. Votée à la quasi-unanimité par le parlement en 2009, dans l’élan du Grenelle de l’environnement, l’écotaxe poids lourds n’a finalement jamais vu le jour. Face à la révolte des «bonnets rouges» en Bretagne, qui détruisaient les portiques de l’écotaxe dans la région, le gouvernement Ayrault a décidé sa suspension. Une décision «prise dans la précipitation», selon les magistrats financiers, sans «qu’aucune analyse préalable de la portée de cette décision n’ait été conduite».

Et les dysfonctionnements ne se sont pas arrêtés là. S’en sont suivis des mois d’atermoiement, dus notamment à des divergences au sein de l’exécutif. A l’origine, le ministère de l’Écologie voulait maintenir la possibilité de mettre en œuvre la taxe, qui devait frapper les poids lourds utilisant 15.000 kilomètres de routes nationales ou importantes et qui devait financer la construction d’infrastructures, notamment ferroviaires ; le premier ministre avait, lui, comme objectif d’éviter que l’État paye les premiers loyers à Ecomouv’, l’opérateur privé choisi pour mettre en œuvre l’écotaxe.

Des indemnisations mal négociées et des risques de contentieux

Puis, alors que des projets alternatifs de taxation des poids lourds existaient, Ségolène Royal, ministre de l’écologie depuis avril de cette année-là, a annoncé le 9 octobre 2014, la suspension sine die de l’écotaxe. Le contrat avec Ecomouv’ a été résilié le 30 octobre. «Cette nouvelle décision n’a pas été davantage préparée que la précédente», tacle la Cour.

Surtout, elle a coûté cher. Il a fallu indemniser Ecomouv’ à hauteur de 181 millions d’euros pour la suspension de la taxe en 2014. Sachant que, selon la Cour, payer des loyers à la société n’aurait coûté que de 148 millions, voire 100 à 120 millions. Dit autrement, l’État – et donc le contribuable – ont perdu de l’argent avec l’option prise par le premier ministre d’éviter de payer les redevances. Quant à l’indemnisation liée à la résiliation définitive du contrat, elle a coûté 777 millions d’euros aux finances publiques! Pis, la Cour estime que l’État, en demandant que le paiement de cette indemnité soit étalé de 2016 à 2024, a renchéri la facture de 35 millions… Des éléments contestés par le gouvernement dans sa réponse à la Cour, qui juge que les deux indemnisations auraient été majorées de 100 millions chacune sans ces négociations. Quoi qu’il en soit, malgré ces indemnisations, s’ajoutent des risques de contentieux, évalués à 270 millions d’euros.

Actifs vendus pour une bouchée de pain

En outre, «les administrations ont engagé des dépenses de 70 millions entre 2008 et 2015, qui s’avèrent rétrospectivement inutiles», souligne la Cour. Des emplois avaient été créés aux Douanes, un système d’information mis en place… Quant aux portiques et autres éléments, qui valaient 652 millions d’euros, ils ne servent plus à rien. Certains ont été vendus, mais à prix cassé, si bien que l’État n’a récupéré que 2,19 millions. «Les serveurs informatiques ont été vendus à 2% de leur valeur», pointent ainsi les magistrats financiers.

Certes, le gouvernement a décidé de compenser la perte liée à la disparition de l’écotaxe en relevant la TICPE sur le gazole (taxe intérieure de consommation des produits énergétiques). Les finances publiques dans leur ensemble devraient en sortir gagnantes (pour 1,5 milliard d’euros de 2015 à 2024), la TICPE étant un impôt dynamique. Mais alors que les camions étrangers traversant la France auraient payé 31% de l’écotaxe, ils ne contribuent qu’à 2% de la TICPE selon la Cour ou 15% selon le gouvernement, ces transporteurs faisant peu le plein en France. Bref, le rééquilibrage des charges entre camionneurs français et étrangers est manqué. L’abandon de la taxe poids lourd constitue «un gâchis patrimonial, social et industriel» conclut la Cour. On ne saurait dire moins.

Vidéo : http://premium.lefigaro.fr/conjoncture/2017/02/08/20002-20170208ARTFIG00019-la-fin-de-l-ecotaxe-poids-lourds-a-coute-plus-de-1-milliard-d-euros-aux-contribuables.php

 

Cécile Crouzel

 

 

LES ECHOS – 08/02/2017

L’inquiétant creusement du déficit commercial français

Le déficit commercial est reparti à la hausse en 2016, à 48,1 milliards d’euros, après quatre années de baisse. Le solde des biens manufacturés s’est alourdi de plus de 10 milliards, dépassant son record de 2011.

« L’année 2016 n’a pas été bonne pour le commerce extérieur, ce n’est pas la peine de tourner autour du pot. » Matthias Fekl, le secrétaire d’Etat au Commerce extérieur, a lui-même résumé, ce mardi, la situation. Pour la première fois depuis quatre ans, le déficit commercial des biens a augmenté. Il atteint 48,1 milliards d’euros en 2016, soit 2,5 milliards d’euros de plus que l’année précédente. A titre de comparaison, sur les onze premiers mois de l’an passé, l’Allemagne affiche un excédent commercial de 234 milliards d’euros.

Mais le chiffre français cache en fait une aggravation bien plus inquiétante. Car la facture énergétique a reculé, elle, de plus de 8 milliards d’euros en 2016 avec la baisse du prix du pétrole. Le solde des biens manufacturés, c’est-à-dire hors agriculture, énergie et matériel militaire, s’est creusé de plus de 10 milliards d’euros l’an passé. Il s’est élevé à 35 milliards d’euros, dépassant son record de 2011. On est donc loin du déficit zéro, hors énergie, fixé par François Hollande lors de son arrivée à l’Elysée et abandonné deux ans plus tard. Ce chiffre seul dit beaucoup sur la faiblesse du tissu productif français en général et de l’industrie en particulier. Il montre surtout qu’il n’y a pas eu d’amélioration de la compétitivité française depuis 2012.

Contre-performance pour l’automobile

Plus en détail, cette aggravation du déficit global s’explique par la contre-performance de trois secteurs traditionnellement très dynamiques : l’aéronautique, l’automobile et l’agriculture, qui « contribuent le plus fortement à la dégradation du commerce extérieur », selon Matthias Fekl. Le solde de l’automobile s’est dégradé de 2,5 milliards en un an et le problème est grave, parce que structurel. La hausse des importations de véhicules, notamment en provenance d’Allemagne, a fortement progressé tandis que l’excédent enregistré par les équipementiers, lui, s’est réduit. Ces derniers ont tendance à suivre leurs clients, les fabricants, et donc à délocaliser. « C’est un élément d’inquiétude », a avoué le secrétaire d’Etat.

Les difficultés qu’a connues le secteur aéronautique l’an passé, et en premier lieu Airbus, apparaissent, en revanche, conjoncturelles. L’avionneur a pâti de retards de livraison en 2016 dûs à des problème d’approvisionnement qui ont ralenti les chaînes de production toulousaines. Dès cette année, l’excédent commercial que dégage traditionnellement ce secteur devrait augmenter. Il en est de même pour l’agriculture. En raison d’une météo capricieuse en 2016, les récoltes ont été mauvaises.

Autre raison de l’accroissement du déficit commercial global qui pourrait se révéler n’être que temporaire : les importations d’équipements mécaniques, électroniques et informatiques ont été fortes. Cela s’explique au moins en partie par le dynamisme de l’investissement des entreprises, tirés l’an passé par la mesure de sur-amortissement des investissements productifs.

Dans une étude récente, les économistes de Coe-Rexecode notaient que, depuis 2012, les coûts salariaux horaires dans l’industrie manufacturière en France avaient progressé de 4,8 %, « soit un rythme nettement plus modéré que dans la moyenne de la zone euro (7,3 %) et qu’en Allemagne (+9,3 %) ». Les mesures du gouvernement ont permis de modérer le coût du travail mais elles n’ont donc pas à elles seules suffi à redresser la barre. Le prochain exécutif est prévenu.

Guillaume de Calignon

 

 

LES ECHOS – 08/02/2017

Commerce extérieur : les services touchés par la crise du tourisme

La balance commerciale des services, auparavant largement excédentaire, est à l’équilibre en 2016.

C’était un des points forts du commerce extérieur français. Ce secteur de l’économie a dégagé pendant plus de quinze ans des excédents récurrents qui ont atteint près de 25 milliards d’euros certaines années, comme en 2012. C’est fini. Le secteur des services affiche désormais une balance commerciale à peine excédentaire. L’excédent s’est élevé à 400 millions d’euros en 2016, contre 8 milliards l’année précédente.

En 2015, les trois quarts de cet excédent provenaient des dépenses des touristes étrangers en France. Celles-ci se sont effondrées l’an dernier, de 6 %. « Le contexte post-attentats, la mauvaise météo et les mouvements sociaux au printemps ont eu un impact sur le tourisme », a expliqué Matthias Fekl, le secrétaire d’Etat au Commerce extérieur. En effet, l’an dernier, l’hôtellerie française a enregistré 4 millions de nuitées d’étrangers en moins qu’en 2015. Quant aux résidences et villages de vacances, la chute représente 2 millions de nuitées selon l’Insee. La dégradation est inquiétante, car le tourisme est un des atouts de la France et un secteur important dans l’économie.

Baisse du prix des destinations lointaines

Parallèlement, les Français dépensent, eux, de plus en plus à l’étranger, ce qui s’explique notamment par la baisse du prix des destinations lointaines. Les services de transport sont aussi moins rémunérateurs. La faiblesse des échanges de marchandises pèse sur leur prix. Enfin, on assiste à une tendance à « l’externationalisation des services support par les entreprises dans les pays émergents », a indiqué Matthias Fekl. Récemment, l’institut COE-Rexecode remarquait que « la part des exportations françaises de services dans le total de la zone euro poursuit sa chute : elle s’établit au deuxième trimestre 2016 à 14,4 %, soit son plus bas niveau depuis 2000 ». Bref, quelles qu’en soient les raisons, l’exportation de services, un des moteurs de l’économie française, a calé l’an passé.

La balance française des transactions courantes – qui prend en compte les exportations et importations de biens et services ainsi que les dividendes et salaires perçus et reçus de l’étranger et les investissements – est de plus en plus déficitaire. Alors que le déficit courant ne représentait que 0,2 % du PIB en 2015, il atteint 1,1 % de la richesse nationale produite en 2016. Pas de quoi paniquer à court terme, puisque Bruxelles considère qu’il n’y a danger qu’à partir d’un déficit courant représentant 4 % du PIB. Mais l’Allemagne, elle, devrait dégager un excédent de plus de 9 % de son PIB. Un record mondial qui prouve que les économies des deux pays divergent. De façon plus profonde, leurs intérêts commerciaux aussi ne sont plus convergents. Ce n’est pas une bonne nouvelle à l’heure du Brexit et de l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche.

Guillaume de Calignon

 

::: ENTREPRISES

LES ECHOS – 08/02/2017

Agriculture : les défaillances d’exploitations en forte hausse

Les redressements ou mises en liquidation ont augmenté de 4 % en 2016.
En crise profonde, le secteur est le seul à afficher cette tendance.

L’agriculture est à la traîne. C’est la seule activité économique où les défaillances d’entreprises se sont encore aggravées en 2016, avec une nouvelle hausse de +4 %, pour 1.331 redressements ou mises en liquidation. Certaines productions agricoles sont encore plus mal loties que l’ensemble du secteur. C’est le cas de l’élevage, où les défaillances ont fait un bond de +30 % pour ce qui concerne la production laitière et +83 % dans le cas des élevages de porcs.

Dans tous les autres secteurs de l’économie, elles ont diminué de plus de 8 % selon la société Altares. Les entreprises non agricoles ont gagné en profitabilité, selon Thierry Millon, le directeur des études chez Altares, grâce aux mesures gouvernementales telles que le Cice (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi), le pacte de responsabilité ou la baisse du pétrole.

Dans le secteur de l’agriculture, accablé par deux années de crise très profonde – crise du porc, impact de la fin des quotas laitiers… -, cela n’a pas suffi. Pourtant, selon le ministère de l’Agriculture, l’Etat a accordé 2,8 milliards d’euros d’allégements de charges sociales et fiscales supplémentaires aux entreprises agricoles et agroalimentaires en 2016 par rapport à 2012, à la veille de la mise en oeuvre du Cice et du pacte de solidarité.

Il faut néanmoins noter que l’essentiel de la baisse de charges (1,14 milliard) qui bénéficient aux exploitants agricoles concerne les charges patronales. L’impact du Cice, lui, est près de trois fois moindre, à 392 millions d’euros, tandis que la baisse des cotisations individuelles des exploitants a atteint 675 millions d’euros. Xavier Beulin, le président de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), met en garde contre une interprétation trop rapide des chiffres et souligne que « les charges sociales des agriculteurs ont baissé parce que leurs revenus ont baissé ».

En 2017, « l’impact de ces allégements devrait plus se ressentir en 2017 du fait de la mesure annoncée par Manuel Valls, Premier ministre en février 2016, de diminution de 10 points des charges sociales combinée à un revenu en retrait », précise encore Xavier Beulin. Et pourtant, la FNSEA s’attend à une accélération des défaillances cette année.

Selon le ministère de l’agriculture, la diminution des charges sur l’ensemble de la filière devrait atteindre 4,06 milliards d’euros au total, dont 2,26 milliards bénéficiant aux agriculteurs et 1,8 milliard aux coopératives et aux industries agroalimentaires.

Pas mieux en fin d’année

Tous secteurs de l’économie confondus, le quatrième trimestre a vraiment confirmé l’amélioration de l’état de santé des entreprises françaises, avec une nouvelle baisse des défaillances par rapport à la même période des trois années précédentes. Là encore, l’agriculture est à contre-courant. On ne voit pas poindre le moindre signe d’amélioration en fin d’année.

Au global, l’emploi dans les secteurs de l’agriculture et de l’agroalimentaire représente 1.200.000 salariés équivalents temps plein, employés par 241.000 établissements – une masse salariale de 34 milliards d’euros, dont 23 milliards d’euros entrant dans l’assiette du Cice.

Marie-Josée Cougard

 

 

LE FIGARO – 08/02/2017

BNP Paribas accélère sa transformation digitale

Pour investir 3 milliards d’ici à 2020 et augmenter ses profits, la banque va lancer un plan d’économies de 3,4 milliards.

BNP Paribas a très bien traversé l’année 2016. Malgré un environnement de taux très bas pesant sur ses marges et un durcissement réglementaire, la première banque française a dégagé un bénéfice net de 7,7 milliards d’euros, en hausse de 15,1 % par rapport à 2015. Un résultat comparable à ceux enregistrés en 2010 et en 2007, avant la crise financière.

BNP Paribas se fixe désormais pour objectif de faire croître ce résultat d’au moins 6,5 % par an en moyenne, d’ici à 3 ans. Dans le même temps, ses revenus devraient augmenter de plus 2,5 % annuellement en moyenne. Pour y parvenir, la banque de la rue d’Antin s’appuiera sur son nouveau plan de développement 2017-2020, dont les détails seront dévoilés le 20 mars.

Ce plan ambitieux a été conçu à partir d’hypothèses économiques prudentes (remontée graduelle des taux d’intérêt et croissance modérée dans la zone euro et aux États-Unis). Il repose sur l’investissement de 3 milliards d’euros, essentiellement dans le numérique.

Tous les métiers de la banque seront concernés par l’accélération de la «transformation digitale» et l’utilisation des données des clients. À commencer par la banque de détail, dont le réseau poursuivra sa mue. Le nombre d’agences devrait donc continuer à diminuer pour s’adapter à la moindre fréquentation des clients. Dans les pays du Vieux Continent où elle est très présente (Belgique, Italie, France), le nombre d’agences a déjà fondu de plus de 10 % depuis 2012. En France, 236 agences ont discrètement fermé leur porte en quatre ans (1964 agences au total fin 2016).

3,4 milliards d’euros d’économies entre 2017 et 2020

En parallèle, Hello Bank! continuera à monter en puissance. La banque en ligne compte aujourd’hui 2,5 millions de clients en Europe, dont 284.000 en France (et 1,54 million en Allemagne). Les dirigeants de la banque constatent depuis l’automne et l’annonce des hausses de tarifs bancaires, une augmentation des demandes d’ouvertures de comptes dans l’Hexagone. La banque d’affaires et les services financiers (leasing automobile, crédit conso…) accéléreront aussi leur digitalisation.

Ces investissements seront financés par des économies. BNP Paribas entend réaliser 3,4 milliards d’euros d’économies entre 2017 et 2020. Avec cette réduction de coûts massives et ces investissements, la banque espère générer 2,7 milliards d’euros d’économies par an à partir de 2020.

Contrairement au plan précédent (2014-2016), «l’objectif ne réside pas dans ces seules économies, mais bien dans la transformation qualitative de notre modèle bancaire au service du client» obtenu grâce aux transformations digitales, a expliqué mardi Jean-Laurent Bonnafé, directeur général de BNP Paribas. Au cours des trois prochaines années, le groupe a aussi prévu de verser 50 % de ses bénéfices sous forme de dividende, contre 45 % en 2016. Cela aboutira à un dividende en hausse moyenne de 9 % par an.

Chute de l’action en Bourse

Pour autant, l’action BNP Paribas, qui a atteint des sommets début janvier (62 euros), a dévissé de 4,77 % (à 57,15 euros) mardi à la Bourse de Paris. Et entraîné dans son sillage, les autres valeurs bancaires françaises. «Le plan de développement est prudent. Tenant compte des contraintes réglementaires et de la concurrence accrue dans la banque de détail, il prévoit une hausse timide de l’activité, pour mettre l’accent comme le précédent sur les gains d’efficacité, tirés cette fois par la digitilsation», estime Gildas Surry, analyste chez Axiom IM.

La banque de détail reste sous pression en France alors que l’arrivée prochaine d’Orange Bank sur le marché fait craindre une guerre de prix et un effondrement des marges comparable à celui qui a suivi l’entrée de l’opérateur Free sur le marché de la téléphonie mobile. De plus, la loi Macron, qui facilite depuis le 6 février les démarches des particuliers pour changer d’établissement, pourrait favoriser les banques en ligne, aux tarifs moins élevés, au détriment des établissements traditionnels.

Les résultats de BNP Paribas au quatrième trimestre, ont aussi déçu les investisseurs. «Ils étaient inférieurs aux attentes des analystes et les perspectives pour la banque de détail en 2017 sont jugées un peu faibles par le marché», estime Daniel Larrouturou, directeur général délégué de Diamant Bleu Gestion. «En 2017, les revenus de la banque de détail en France vont continuer de se dégrader, de façon moins importante qu’en 2016 mais ils subiront encore la pression des taux bas», a expliqué Thierry Laborde, directeur général adjoint de BNP Paribas. La banque anticipe toutefois de meilleures perspectives en France à partir de 2018.

En revanche, au cours des trois derniers mois de l’année, la situation a été nettement plus positive dans le pôle Corporate and Institutional Banking (CIB) où, à l’instar de nombreux acteurs du secteur financier, BNP Paribas a bénéficié du bond des activités de courtage, qui a suivi l’élection de Donald Trump aux États-Unis.

Danièle Guinot

 

::: SOCIAL

LE FIGARO – 08/02/2017

À Chartres, des médecins manifestent contre la violence

REPORTAGE – Il y a une semaine, le docteur Patrick Rousseaux a été tué par un ex-patient à son cabinet de Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir).

C’est «un sentiment de peine mêlé d’effroi et de colère» que les médecins sont venus exprimer mardi devant la préfecture d’Eure-et-Loir à Chartres. Une cinquantaine de médecins, mais aussi quelques infirmières ou pharmaciens, arborant un brassard blanc en signe de deuil, ont manifesté, une semaine après le meurtre d’un confrère, tué par un ex-patient à son cabinet de Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir). Également en signe de solidarité, environ la moitié des cabinets médicaux avaient fermé leurs portes dans la matinée en Eure-et-Loir, selon le syndicat départemental des médecins.

«On voit bien que les incivilités augmentent!, s’exclame le Dr Jean-Paul Ortiz, président national de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF). C’est tous les jours, y compris dans les petites villes… Si ça continue la désertification médicale va encore s’accentuer.» Isabelle, généraliste, raconte que son associée «a déplaqué de Trappes, car elle n’en pouvait plus»: «Agressée plusieurs fois, elle avait demandé à la police d’être accompagnée dans ses visites de nuit, mais cela lui avait été refusé.»

Président de la Fédération des médecins de France, le Dr Jean-Paul Hamon rapporte l’histoire d’«une de mes anciennes internes, dans le 92, qui a fait une consultation dans un logement où flottait un drapeau de Daech…». Et aussi celle de cette femme médecin, à La Réunion, qui a signalé, en décembre, aux services sociaux une petite fille marquée de brûlures de fer à repasser. «Trois jours après, le père venait avec un fusil de chasse, la menaçant d’incendier son cabinet et sa voiture!, indique-t-il. J’ai écrit au ministère, à l’Élysée, au Défenseur des droits. Seul ce dernier s’est mobilisé. Il a fallu faire un rappel au procureur pour qu’il contacte le médecin. Que penser d’un État qui ne respecte pas ses médecins?» Une autre généraliste renchérit: «On est un maillon invisible, et pourtant un ciment sociétal.» «La ministre viendra-t-elle demain à l’enterrement?, s’interroge-t-elle. Qui s’intéresse à nous? On abuse de nous sur tous les fronts.»

À 14h30, une délégation a été reçue par le préfet. «Les solutions sont toutes sur la table!, indique le Dr Ortiz. Nous réclamons des boutons d’alerte, comme dans les bijouteries ou les banques. Des caméras de surveillance aux abords des cabinets, qu’on puisse être accompagné en cas de visite la nuit et que nos numéros de portables soient reconnus dans les commissariats, de manière à être prioritaires. Cela fonctionne déjà dans certains départements.»

«En trois mois, on en est au quatrième cas dramatique, poursuit le Dr Ortiz. Bref, il y a tellement de choses à faire. Qu’attend le gouvernement? Le prochain mort?» Le docteur Patrick Rousseaux, 64 ans, avait été retrouvé par son associé mercredi 1er février, lardé de 48 coups de couteau. Interpellé aux Mureaux (Yvelines), un homme de 41 ans, ancien patient du Dr Rousseaux, a été placé en garde à vue peu de temps après. La veille, une violente agression avait lieu à Limoux (Aude). Selon le journal L’Indépendant, un généraliste entamait sa journée de consultation, quand un patient, mécontent de devoir rester trop longtemps en salle d’attente, l’a frappé, avant de lui jeter une pierre au visage.

En 2015, 924 attaques verbales ou physiques ont été répertoriées par l’Observatoire de la sécurité des médecins. «Mais tous les vigiles, toutes les caméras du monde et tous les doubles sas, déplore le Dr Hamon, seront impuissants à arrêter cette violence insidieuse et perverse qui conduit parfois les médecins et les autres soignants au suicide. Trois plus que dans la population générale.»

L’Ordre des médecins réclame des solutions pérennes

La Santé, l’Intérieur, la Justice. Pas moins de trois ministères s’étaient penchés, le 20 avril 2011, au chevet des professionnels de santé, pour signer, avec les conseils de l’Ordre concernés, un protocole relatif à leur sécurité. Une circulaire du ministère de l’Intérieur suivait le 6 juin de la même année pour préciser aux préfets comment mettre en œuvre, au niveau local, ce protocole national. Hélas, six ans plus tard, 42 départements ne l’ont toujours pas signé. Dans les autres, de nombreuses expérimentations ont été tentées. «Il faut en finir avec cette culture, bien française, de l’expérimentation, s’agace le Dr Patrick Bouet, président de l’Ordre national des médecins, et il faut aujourd’hui regarder quelles sont les solutions qui ont donné des résultats et que nous ayons la volonté de les généraliser sur le territoire.»

Une volonté que l’Ordre a semble-t-il évoquée le 15 décembre dernier chez le ministre de l’Intérieur, Bruno Le Roux. «Nous n’avons pas, pour l’instant, été suivis par la ministre de la Santé», regrette le médecin. Les solutions ne manquent pas: création d’un bouton d’appel d’urgence, accompagnement des professionnels de santé par des agents lors de visites sensibles, géolocalisation des médecins ou encore vidéosurveillance… «Des dizaines d’initiatives ont été prises, il faut maintenant évaluer et généraliser», explique le Dr Bouet.

Stéphane Kovacs

 

::: POLITIQUE

LE PARISIEN – 08/02/2017

Présidentielle : la visite nocturne de Hamon sur un chantier du métro parisien

 

Le député des Yvelines était en visite de 02H00 à 03H00 du matin à la station Raspail sur la ligne 4.

Le candidat à l’élection présidentielle s’est rendu dans la nuit de mardi à mercredi sur un chantier du métro parisien.

«La France ne s’arrête pas de vivre entre 21H00 et 07H00, notamment dans les services publics qui assurent une continuité». Pour cette raison, Benoît Hamon s’est rendu dans la nuit de mardi à mercredi sur un chantier du métro parisien afin notamment de mettre en lumière les difficiles «conditions de travail». Le candidat socialiste à l’élection présidentielle a prévenu qu’il effectuerait «beaucoup de déplacements de nuit» durant la campagne présidentielle et jusqu’au premier tour le 23 avril.

«Ca m’intéresse de voir comment on peut améliorer les conditions de ceux qui travaillent la nuit, surtout quand ce sont des situations extrêmement exposées à des tâches répétitives, à des cadences qui sont dures, au travail en extérieur», a-t-il poursuivi.en visite de 2 heures à 3 heures du matin à la station Raspail sur la ligne 4.

«La France des invisibles»

«Il y a des métiers qui abîment les organismes et le compte pénibilité mis en oeuvre sous le précédent quinquennat et qui doit se déployer maintenant, doit à mes yeux être renforcé afin que ceux qui ont eu un métier pénible puissent partir plus tôt à la retraite», a précisé Benoît Hamon, en exprimant sa volonté de parler «positivement» de «la France des invisibles».

L’actuel compte de prévention pénibilité, qui fait partie du compte personnel d’activité mis en place par la loi Travail votée en 2016, permet d’accumuler des points et de bénéficier en échange de formation, d’un temps partiel ou d’un départ anticipé à la retraite.

Casque de chantier sur la tête et gilet fluo orange sur les épaules, Benoît Hamon s’est rendu sur les quais en réfection de la station, où s’affairaient une grosse vingtaine d’ouvriers de la RATP. «On a une grosse machine comme la RATP qui travaille 24 heures sur 24. Comme usager on n’en est pas toujours 100% satisfait (…) mais il y a quand même là une qualité de service public qu’on nous envie dans le monde entier», a-t-il estimé.

L’ancien ministre de l’Education a également réaffirmé son souhait de placer «la question sociale au coeur de l’élection présidentielle», en répondant à des problématiques concrètes du «quotidien des Français»

Il a aussi décoché une flèche à ceux qui attaquent sa proposition de revenu universel en lui reprochant de ne pas être le candidat du travail. «Ce sont les paresseux de la pensée qui disent ça. Pour le coup, revenu universel c’est travail universel car si on donne les moyens à chacun de disposer d’instruments pour pouvoir s’il le veut réduire son temps de travail, cela libère du travail, créé de l’emploi», a-t-il répondu.

 

LE FIGARO – 08/02/2017

La droite resserre les rangs derrière François Fillon

VIDÉO – «Il n’y a pas de plan B, il y a un plan A comme attaque», a lancé devant ses troupes le candidat de la droite et du centre, qui entend relancer une campagne entravée depuis quinze jours.

François Fillon est à l’offensive. Avant de publier, ce mercredi, une «lettre aux Français» dans la presse quotidienne régionale – véritable plaidoyer pro domo -, le candidat a consacré sa matinée de mardi à remobiliser les parlementaires, avant de se rendre l’après-midi à Troyes (Aube), chez le sénateur maire LR François Baroin.

Mais en fin de journée, dans son édition de mercredi, Le Canard enchaîné faisait état, pour la troisième semaine consécutive, de nouvelles révélations sur l’épouse du candidat. Penelope Fillon aurait touché 45.000 euros d’indemnités de licenciement, payées par l’Assemblée nationale, en deux fois «alors que, selon le journal satirique, la législation ne prévoit pas un tel niveau d’indemnités de licenciement pour un collaborateur parlementaire». L’hebdomadaire affirme que l’épouse du candidat a perçu, en août 2002, «16.000 euros d’indemnités, soit l’équivalent de cinq mois de salaires» tandis qu’elle avait retrouvé un mois plus tôt un emploi auprès du suppléant de François Fillon, Marc Joulaud. L’épouse du candidat aurait également touché, en novembre 2013, «29.000 euros de primes» après avoir de nouveau travaillé pendant un an et demi pour son mari redevenu député.

Dans un communiqué publié mardi soir, intitulé «Les mensonges du Canard enchaîné », François Fillon dénonce les «erreurs manifestes» de l’article du journal. Il souligne que «les chiffres (…) rendus publics lundi (lors de sa conférence de presse, NDLR) comprenaient la totalité des sommes figurant sur les bulletins de paye de (son) épouse, y compris les indemnités diverses de fin de contrat». Et il affirme que Penelope Fillon n’a pas reçu, en novembre 2013, la somme de 29.000 euros mais «7754,02 euros comprenant les congés payés».

Cette nouvelle polémique peut-elle remettre en cause les bénéfices de la séance de motivation du matin, au QG parisien du candidat? François Fillon a certes donné du «mes chers amis» aux parlementaires Républicains et centristes qu’il a reçus pendant une petite heure. Mais c’est à une reprise en main en bonne et due forme qu’il s’est livré. Un participant décrit «une organisation militaire». «Il n’y a pas de plan B, il y a juste un plan A comme attaque», a lancé le candidat, qui a consacré l’essentiel de son intervention à reprendre les arguments qu’il avait développés la veille face à la presse. «À travers cette crise, c’est bien la question de la séparation des pouvoirs et de l’indépendance des pouvoirs qui est posée», a insisté le député de Paris. Relayant la ligne de défense de ses avocats, il a martelé: «Un parlementaire ne peut pas faire l’objet d’une incrimination pénale pour détournement de fonds publics.»

François Fillon a en outre annoncé plusieurs réaménagements dans son dispositif de campagne. Les deux présidents de groupes de l’Assemblée nationale et du Sénat, Christian Jacob et Bruno Retailleau, vont désormais se partager la direction politique de la campagne. «C’est un resserrement du dispositif, et la présence de Jacob dans le cœur du réacteur garantit la proximité avec tous les députés», se félicite le sénateur LR de la Manche, Philippe Bas.

Et pour mettre un terme aux cafouillages dans la communication du candidat, qui avait six porte-parole de campagne, François Fillon a promu mardi Thierry Solère, l’ex-président du comité d’organisation de la primaire, comme «seul porte-parole officiel». Le député LR des Hauts-de-Seine coordonnera les interventions «de tous ceux qui ont accès aux médias», selon les termes utilisés par le candidat.

Pour bien montrer que l’ancien premier ministre est le porte-drapeau de la droite et du centre, la parole a été donnée lors de cette réunion aux présidents des groupes centristes de l’Assemblée nationale et du Sénat, Philippe Vigier et François Zocchetto. «Sans cette alliance, on ne gagnera pas, car la tentation est forte, chez les centristes, d’aller chez Emmanuel Macron», a expliqué en substance le patron des députés centristes. Mais derrière cet appel à l’union demeure la question centrale des investitures accordées à l’UDI. «On a compris que l’UDI était tout à fait disposée à soutenir notre candidat… pourvu que nous lui donnions les circonscriptions qu’ils demandent», ironise un élu LR.

Après les interventions «officielles», des doigts se sont levés dans la salle. Outre le président du Sénat Gérard Larcher, un seul parlementaire a pu s’exprimer: le député UDI des Français de l’étranger Meyer Habib. S’adressant à l’auditoire, François Fillon avait évoqué un peu plus tôt les «doutes» éprouvés par «certains» élus de LR. «Je ne leur en veux pas», avait assuré le candidat. «Je lui ai répondu que tout le monde avait douté, même si certains seulement le lui avaient dit, mais que depuis sa conférence de presse, c’était l’unité absolue derrière lui, Républicains et centristes confondus», confie Meyer Habib.

François Fillon a effectivement déjoué toute tentative de «plan B». «Il n’y avait pas de consensus possible faisant l’unanimité sur un autre nom», estime Philippe Bas. «Avec le retrait réaffirmé à trois reprises d’Alain Juppé, il n’y a pas de plan B qui tienne la route», admet Philippe Gosselin. Une semaine plus tôt, le député LR de la Manche avait lancé un appel au maire de Bordeaux, qui y a donc répondu par une fin de non-recevoir.

Jugeant que le candidat avait été «très bon» lors de sa conférence de presse, les parlementaires ont retrouvé mardi un espoir qui reste néanmoins fragile. «On sentait un regain d’optimisme dans l’assistance, mais toujours teinté d’incertitude sur le rebond dont François Fillon peut bénéficier dans l’opinion», confie Christian Kert.

En réalité, tous ont envie de tourner la page et d’entrer pleinement en campagne. Même si, comme l’a affirmé le député du Nord et ex-sarkozyste Sébastien Huyghe, «la colère des électeurs de droite est à la hauteur de leur déception». Avant les nouvelles révélations du Canard, les réactions relevaient plutôt du soulagement. «Fillon, c’est le patron, tout le monde est derrière lui», résumait Valérie Boyer (Bouches-du-Rhône). Son collègue Marc Le Fur (Côtes-d’Armor) fustigeait «un complot organisé». «La droite a un candidat très légitime, dont la campagne est entravée par des affaires lancées en pâture à l’opinion publique», dénonçait encore Philippe Goujon (Paris).

Dans sa «Lettre aux Français», Fillon cherche à répondre au «trouble» de l’opinion, qu’il «comprend parfaitement». Il réaffirme qu’il a «toujours agi dans la stricte légalité et dans la plus parfaite honnêteté» et réitère ses «excuses» pour ne pas avoir interrompu plus tôt sa collaboration avec sa femme. «Reste à savoir quelle va être la température donnée par les sondages. On ne pourra pas les ignorer», estime néanmoins un élu filloniste.

Vidéo : http://premium.lefigaro.fr/elections/presidentielles/2017/02/07/35003-20170207ARTFIG00324-la-droite-resserre-les-rangs-derriere-francois-fillon.php

 

Judith Waintraub et Sophie Huet

 

 

L’OPINION – 08/02/2017

Remue-ménage en vue à la DGSE

L’après-Hollande se prépare déjà en coulisses dans le monde des services secrets. Nomination à la DGSE, réforme des structures existantes, les services de renseignements seront en haut de l’agenda du prochain chef de l’Etat

Alors que la France est toujours sous la menace terroriste et que les tensions internationales s’avivent, le directeur de la Direction générale de la sécurité extérieure, Bernard Bajolet, doit en principe quitter son poste le 21 mai prochain, jour de son 68ème anniversaire. Sa succession est ouverte et elle sera l’un des premiers dossiers sur le bureau du prochain chef de l’Etat élu le 7 mai, qui pourrait également avoir à engager des réformes de structures. Plusieurs schémas sont sur la table. Dans les équipes de campagne, les spécialistes phosphorent.

C’est un anniversaire qui tombe un peu trop tôt. Le 21 mai prochain, Bernard Bajolet aura 68 ans et, atteignant la limite d’âge, il devra quitter son poste de directeur de la DGSE. Élu deux semaines auparavant, le nouveau président de la République devra nommer son successeur à la tête des services secrets. Ce sera l’une de ses toutes premières nominations importantes, à moins que le gouvernement ne parvienne à bricoler un dispositif juridique permettant à Bernard Bajolet d’assumer lui-même un bref intérim. Quoi qu’il en soit, le renseignement et la DGSE s’imposent en haut de l’agenda du futur chef de l’État.

Dans les équipes de campagnes, les experts s’activent… discrètement. Ainsi, chez Emmanuel Macron, François Heisbourg, président de l’International Institute for Strategic Studies, ou l’ambassadeur Jean-Claude Cousseran, ancien directeur de la DGSE (2000-2002) sont écoutés. À droite François Fillon s’appuie d’abord sur son ancien directeur de cabinet à Matignon Jean-Paul Faugère, pour traiter ses sujets sensibles.

Tous les lobbies, tous les spécialistes, toutes les ambitions font le siège des vainqueurs potentiels de la présidentielle. Pour certains, les résultats des primaires n’ont pas été à la hauteur de leurs espérances. Les milieux policiers notamment, misaient sur Nicolas Sarkozy et Manuel Valls. Las ! La défaite d’Alain Juppé a également douché quelques espoirs…

Stagiaire. Chacun arrive avec son idée, qui de nouvelles têtes, qui de réformes de structures. Pour l’heure, peu de noms circulent quant à un successeur possible de Bernard Bajolet à la tête de la DGSE. Ce diplomate est un proche de longue date de François Hollande qu’il tutoie pour l’avoir accueilli comme stagiaire de l’ENA à l’ambassade d’Alger. Pour la première fois, l’idée d’une nomination interne est envisagée, avec la promotion d’un des principaux cadres du Service.

Jusqu’à présent, les directeurs de la DGSE ont toujours été choisis à l’extérieur, parmi les militaires, les préfets ou les diplomates, comme si le gouvernement se méfiait de la « Centrale ». Pour beaucoup, une promotion interne confirmerait la confiance que l’hôte de l’Élysée témoigne au personnel de ce service de l’État, certes un peu particulier, mais qui a acquis une nouvelle légitimité au sein des institutions publiques.

À droite, certains experts s’interrogent sur une réforme en profondeur du renseignement. Deux grands sujets sont sur la table : le rôle du Coordonnateur national du renseignement (CNR) à l’Élysée et la création d’une NSA à la française, en cassant la DGSE en deux entités.

Créé en 2008 par Nicolas Sarkozy, le CNR n’a jamais complètement trouvé sa place dans le dispositif du renseignement. En neuf ans, cinq hommes ont occupé ce poste, dont quatre sous François Hollande. Le CNR est entouré d’une toute petite équipe de six personnes installée rue de l’Élysée et qui n’a pas de rôle opérationnel direct. Certains souhaitent donner plus d’importance au CNR, peut-être en y nommant un général spécialiste du renseignement. Il s’agirait alors de piloter les différents services de la communauté du renseignement depuis l’Élysée, sur le modèle du Director of National Intelligence (DNI) américain.

Naturellement, les grands patrons des services, comme la DGSE ou la DGSI – ou ceux qui aspirent à le devenir – voient cette perspective d’un très mauvais œil. L’expérience américaine aurait plutôt tendance à leur donner raison : Washington a rajouté un niveau bureaucratique à un univers qui n’en manquait pas. L’exemple britannique invite aussi à la prudence, comme on l’a vu à l’époque de la guerre d’Irak (2003) : lorsque le renseignement est dirigé d’en haut, par le niveau politique, la tentation est forte de faire dire aux services uniquement ce que le pouvoir a envie d’entendre… La pluralité des sources est, à cet égard, une garantie pour la qualité du travail des services et pour la liberté de choix des décideurs.

Ecosystème. Néanmoins, une meilleure coopération entre les différents services est une nécessité, qui n’échappe à aucun spécialiste. Certes, d’importants progrès ont été réalisés ces dernières années, mais l’alternance politique et de nouvelles réformes pourraient être l’occasion de relancer des rivalités. Parmi ces réformes, l’idée de couper la DGSE en deux revient sur la table. Les policiers de la DGSI se plaignent parfois de ne pas avoir suffisamment accès aux interceptions qui relèvent de la Direction technique (DT) de la DGSE. D’où le projet de créer une « agence » chargée uniquement des interceptions, comme la NSA américaine ou le CGHQ britannique, et qui alimenterait les autres services.

La DGSE est évidemment vent debout contre cette perspective, qui la priverait de la moitié de ses effectifs, en sortant la DT de son « écosystème ». La DGSE entend rester un « service intégré », gage, selon elle, de son efficacité à moindres frais. Autre menace vue du Boulevard Mortier : l’idée de lui retirer son bras armé pour les opérations clandestines, le Service Action. Comme le SAS britannique ou le JSOC américain, le Commandement des opérations spéciales (qui relève des armées) pourrait récupérer ces missions. Au risque d’une confusion entre opérations militaires et clandestines. Seules ces dernières ne sont pas publiquement assumées par le gouvernement.

D’autres propositions, comme celle de la commission Fenech sur les attentats visant à la création d’une Agence nationale de lutte contre le terrorisme, sont également avancées. Mais comme le dit un haut fonctionnaire au cœur du dossier, invitant à la prudence, « on doit améliorer les choses, mais c’est aussi simple que de changer les pièces d’une voiture en train de rouler ». Car, face à la menace terroriste et à la montée des tensions internationales, le renseignement ne peut se payer le luxe d’une sortie de route, pour une réforme mal pensée. Ou mal conduite.

Jean-Dominique Merchet

 

::: INTERNATIONAL

LE MONDE – 08/02/2017

Le Parlement écossais se prononce contre le lancement du « Brexit »

Les députés écossais ont voté symboliquement mardi contre le projet de loi du autorisant la première ministre britannique Theresa May à lancer le processus du Brexit.

Le Parlement écossais, dominé par les indépendantistes du Parti national écossais (Scottish National Party, SNP), a voté symboliquement, mardi 7 février, à une majorité écrasante contre le projet de loi du gouvernement britannique autorisant la première ministre Theresa May à lancer le processus du Brexit – la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE).

Ce vote, acquis par 90 voix contre le projet et 34 pour, n’a aucun poids à Londres. La Cour suprême a statué en janvier : seul le Parlement à Westminster devait être consulté sur le Brexit, s’opposant à une consultation des Parlements régionaux. Et ce sera le cas mercredi : les députés britanniques voteront en première lecture sur le texte permettant de lancer la procédure de divorce d’avec l’UE, avant son examen par la chambre des Lords.

Cela n’a pas empêché le SNP de présenter son vote comme « l’un [d]es plus significatifs dans l’histoire du Parlement écossais depuis la dévolution » accordée aux Parlements régionaux, selon la première ministre, Nicola Sturgeon : « Ce vote est beaucoup plus que symbolique. C’est un test-clé pour savoir si la voix de l’Ecosse est écoutée et si nos souhaits peuvent être pris en compte au sein du processus britannique [de sortie de l’UE]. »

Le Parti travailliste écossais en renfort

Le Parti travailliste écossais, fort de vingt-quatre représentants au Parlement régional, avait également fait part de son opposition au projet de loi gouvernemental, apportant ainsi suffisamment de voix au SNP – qui a 63 représentants sur 129 – pour assurer le résultat du vote. Sa cheffe, Kezia Dugdale, a toutefois appelé Nicola Sturgeon à cesser d’utiliser le Brexit pour brandir la menace d’un nouveau référendum sur l’indépendance.

Lors du référendum de 2014, Edimbourg s’était vu promettre d’être considéré comme un « partenaire égal » à Londres au sein du Royaume-Uni si la région rejetait la scission, ce qu’elle a fait par 55 % des voix. Vingt mois plus tard, l’Ecosse a voté à 62 % pour rester dans l’UE, mais le Brexit l’a emporté avec 52 % des voix dans l’ensemble du pays.

L’Irlande du Nord a elle aussi voté majoritairement pour le maintien dans l’UE, tandis que le pays de Galles s’est rallié à la position de l’Angleterre, favorable à une sortie.

 

LES ECHOS – 08/02/2017

Varsovie et Berlin tentent de resserrer leurs liens

 

« L’Allemagne et la Pologne sont deux Etats européens qui ont un rôle important à jouer du fait des changements en cours dans l’Union européenne »,

a déclaré la Première ministre polonaise Beate Szydlo aux côtés d’Angela Merkel à Varsovie

Varsovie a réservé un accueil chaleureux à Angela Merkel, qui a insisté sur les valeurs.

L’élection de Donald Trump aux Etats-Unis et le vote britannique en faveur du Brexit rebattent les cartes en Europe. Après s’être opposés sur la politique d’asile , Berlin et Varsovie ont cherché mardi à ressouder les liens alors que Bruxelles menace le gouvernement polonais de suspendre ses droits de vote au sein de l’Union européenne (UE) à cause de sa politique jugée autoritaire.

« L’Allemagne et la Pologne sont deux Etats européens qui ont un rôle important à jouer du fait des changements en cours dans l’Union européenne », a déclaré la Première ministre polonaise Beate Szydlo aux côtés d’Angela Merkel, venue à Varsovie pour un déplacement de plus de sept heures.

Kaczynski « pro-Merkel »

Détail crucial, la chancelière allemande devait ensuite rencontrer Jaroslaw Kaczynski, chef de file du parti conservateur Droit et Justice (PiS) perçu comme celui qui tire les ficelles à Varsovie. « Merkel serait le mieux pour nous », avait pris soin de déclarer celui-ci auparavant à la « Frankfurter Allgemeine Zeitung » tout en critiquant Martin Schulz, le rival d’Angela Merkel . L’an dernier, Jaroslaw Kaczynski avait fustigé la politique de migrants de cette dernière et jugé que l’Allemagne n’était pas à la hauteur de la « domination discrète » qu’elle exerce en Europe.

Changement de donne diplomatique

L’élection de Donald Trump, qui plaide pour un resserrement des liens avec Vladimir Poutine et le Brexit, qui prive l’Union d’un ardent défenseur d’une ligne dure face à Moscou, incitent toutefois Varsovie à revoir sa copie et se retourner vers Angela Merkel, qui sert de rempart contre l’ennemi héréditaire russe et se dit prête à assumer plus de responsabilité en matière de défense.

Témoin de ce rapprochement, la chancelière et la Première ministre ont décidé de mettre en place un groupe de travail sur le projet controversé de nouvel oléoduc russo-européen, que Berlin avait poussé . « P our la Pologne, il n’est pas acceptable que Nordstream 2 soit réalisé », a martelé Beate Szydlo.

Dérive autoritaire

Angela Merkel, qui s’est posée face à Donald Trump en garante des valeurs libérales et démocratiques, s’est félicitée que le gouvernement polonais veuille répondre aux questions de la Commission européenne sur l’Etat de droit, l’indépendance des médias et de la justice.

Bruxelles s’inquiète d’une dérive autoritaire en Pologne. « Je souhaite que la discussion soit très constructive », a dit l’ancienne citoyenne de RDA en invitant la Pologne à être à la hauteur de son passé. « Solidarnosc a aussi marqué ma vie », a-t-elle dit en soulignant l’influence du syndicat sur la fin de la guerre froide. « De cette période, nous savons à quel point les sociétés plurielles, une justice indépendante et les médias sont importants car tout ceci n’existait pas avant ».

La veille, le vice-président de la Commission européenne Jyrki Katainen avait menacé Varsovie de suspendre ses droits de vote . « On ne peut pas passer de compromis sur l’Etat de droit. Soit vous respectez l’Etat de droit, soit ce n’est pas le cas », a dit le Finlandais à Reuters. Une telle mesure devrait toutefois être votée à l’unanimité par les autres Etats membres. Or la Hongrie a signalé son soutien à son voisin.

Thibaut Madelin et Gabriel Grésillon

 

 

LE FIGARO – 08/02/2017

Commerce : Trump déterminé à réduire le déséquilibre avec la Chine

La nouvelle Administration américaine est prête à remettre en question des décennies de prinicipes fondamentaux du commerce international pour favoriser ses intérêts.

La Chine reste le premier pays avec lequel les États-Unis accumulent un déficit commercial en 2016. Pour autant la situation globale du commerce américain ne se détériore guère. Le déficit est presque inchangé l’an dernier par rapport à 2015, grimpant de 500,4 à 502,3 milliards de dollars, selon les chiffres publiés mardi par le département du Commerce. L’écart avec la Chine atteint encore 347 milliards de dollars, mais recule de 5,5 %. Le Japon, l’Allemagne et le Mexique sont loin derrière, avec des déficits entre 63 et 69 milliards de dollars.

Pour Donald Trump, ce déficit prouve que l’Amérique est victime d’un système international défavorable à ses intérêts. Sa priorité est donc de changer d’approche pour «remettre l’Amérique au premier rang». Le Sénat n’a toujours pas confirmé les choix du nouveau président aux postes clés de secrétaire au Commerce et de négociateur commercial. Mais Wilbur Ross et Robert Lighthizer, les deux personnalités désignées par Donald Trump pour ces fonctions, semblent déterminés à remettre en question plusieurs décennies de principes fondamentaux du commerce international pour rééquilibrer les échanges commerciaux américains.

Sanctions pénalisantes

La confrontation avec le Mexique a déjà commencé. La renégociation du traité de libre-échange de 1994 doit s’engager au printemps, sous la menace de droits de douane américains. Surtout, dans le but d’arracher des concessions à la Chine, jugée encore plus déloyale et destructrice de l’emploi industriel américain, beaucoup croient la nouvelle Administration capable d’imposer des sanctions pénalisantes à Pékin, au point de mettre les États-Unis en marge de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

À ses yeux, les règles actuelles privent l’Amérique de son principal moyen de pression: l’accès à son immense marché domestique. De fait, l’organisation forcerait Washington à pratiquer une politique perçue par Donald Trump comme un désarmement unilatéral profitant avant tout à la Chine.

Pierre-Yves Dugua

 

 

 

Vous souhaitant une bonne journée.

 

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Elena NATALITCH

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