::: ILE-DE-FRANCE

BATIWEB – 08/02/2017

Les PME pleinement associées à la réalisation du Grand Paris Express

 

Philippe Yvin, président du directoire de la Société du Grand Paris, souhaite qu’au moins 20% des travaux du Grand Paris Express soient exécutés par des PME. Pour stimuler leur implication et mesurer leur participation à la réalisation du projet, il a annoncé la création d’un Observatoire réunissant des chambres consulaires, des organisations patronales et des fédérations professionnelles parmi lesquelles la FFB.

 

L’Observatoire des PME de la Société du Grand Paris a tenu sa première réunion jeudi 2 février. Lancée par Philippe Yvin, président du directoire de la Société du Grand Paris, l’initiative vise à associer pleinement les TPE et PME à la réalisation du Grand Paris Express.

En effet, « depuis le lancement du projet, la Société du Grand Paris est attentive à ce que la réalisation du Grand Paris Express profite à tous. C’est pourquoi nous imposons qu’une part d’au moins 20 % des travaux soit exécutée par des PME », explique M. Yvin.

Pour s’assurer « du respect de cette clause et stimuler l’implication des PME dans le projet », la Société du Grand Paris a créé cet Observatoire qui bénéficie de l’engagement des chambres consulaires, des organisations patronales et des fédérations professionnelles franciliennes.

Parmi ses membres fondateurs, on retrouve la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) Paris Île-de-France, la Chambre des métiers et de l’artisanat (CRMA) Île-de-France, la Confédération des petites et moyennes entreprises Île-de-France et Paris, la Fédération régionale des transports publics (FRTP), la Fédération française du bâtiment (FFB) et le Medef Île-de-France. L’Insee et la Direccte Île-de-France seront également associés aux travaux.

Mesurer la participation des PME

Tous devront travailler « collectivement » à la mise en place d’un instrument de mesure de la participation des TPE et PME à la réalisation du Grand Paris Express. L’Observatoire sera également une plateforme d’échanges qui permettra à la Société du Grand paris « de consolider et maintenir un dialogue continu avec ces entreprises concernant les opportunités offertes par le projet », détaille un communiqué.

Les chantiers du Grand Paris Express sont en effet source de croissance pour les entreprises franciliennes. Ces opportunités dont d’ailleurs répertoriées sur la plateforme CCI Business de la CCI Paris Île-de-France où sont déjà inscrites 650 PME.

L’Observatoire des PME vient ainsi compléter le travail engagé par la Chambre de commerce et d’Industrie de la région qui met à disposition des entreprises des conseillers dans chacun des huit départements franciliens, et s’assure de leur mise en relation avec des maîtres d’ouvrage.

Les résultats de l’Observatoire seront présentés chaque année au Conseil de surveillance et au Comité stratégique de la Société du Grand Paris. Les données relatives à l’implication des PME seront publiées deux fois par an. Les premiers chiffres sont attendus pour le printemps.

Rose Colombel

 

 

LE JOURNAL DU GRAND PARIS – 08/02/2017

Le préfet Carenco appelle le Comex logement à poursuivre ses efforts

Installé par le préfet de région, Jean-François Carenco, le comité exécutif sur le logement en Ile-de-France (Comex), regroupant les acteurs publics et privés de la filière, s’est réuni pour la 17e fois. Le bilan est satisfaisant mais « il est impératif de continuer l’effort », selon le préfet.

22,4 %. Telle est la croissance constatée pour l’autorisation de logements en Ile-de-France entre 2015 et 2016. Ce qui porte leur nombre à près de 91 000. Pour les mises en chantier, ce chiffre s’élève à 70 500 logements (+ 12,7 % par rapport à 2015). « Quand je suis arrivé, [l’installation d’un Comex] constituait une innovation, maintenant, les bons résultats du logement témoignent de l’efficacité de ce dispositif », s’est félicité le préfet d’Ile-de-France Jean-François Carenco.

L’instance partenariale serait ainsi, selon la préfecture, à l’origine des bons chiffres et de « l’augmentation historique de la production de logements sociaux ». Le Comex s’est également saisi de la prévention de la dégradation des quartiers pavillonnaires par la création de la Sorepad, fruit d’un partenariat entre Action logement et l’Etablissment public foncier d’Ile-de-France (Epfif).

Objectif atteint pour les territoires de la MGP

L’objectif territorialisé dans la production de logement est atteint voire dépassé pour tous les territoires de la métropole du Grand Paris. Sur les 26 autres territoires analysés par le Comex, sept ne remplissent pas leur objectif de production. Ces objectifs seront intégrés, en ce qui concerne les EPT de la métropole du Grand Paris, au schéma régional de l’habitat et de l’hébergement (SRHH) en cours de consultation auprès des collectivités locales franciliennes.

Cette réunion du Comex, en forme de bilan, a par ailleurs permis de rappeler que deux nouvelles opérations de requalification des copropriétés dégradées d’intérêt national (Orcod-IN) en Ile-de-France, sont en cours de préfiguration. A Mantes-la Jolie (Yvelines), pour le quartier du Val-Fourré, ainsi qu’à Argenteuil, sur celui du Val d’Argent (Val d’Oise). Il est rappelé par ailleurs que 19 collectivités ont été retenues pour l’appel à projets de lutte contre l’habitat indigne lancé par l’Etat. Les études sont en cours de réalisation.

« Il est impératif de continuer l’effort »

« Si les résultats sont bons, il est néanmoins impératif de continuer l’effort », a rappelé le préfet Carenco aux membres du comité. Des efforts articulés autour de quatre axes principaux pour l’année 2017 :

  • atteindre la production de 37 000 logements sociaux annuelle en veillant au rééquilibrage des logements à destination des foyers les plus modestes (PLAI-Plus) et en portant une attention particulière aux communes déficitaires ou carencées.
  • favoriser et développer la mixité dans les territoires avec deux outils : un engagement volontariste dans les projets du nouveau programme de renouvellement urbain (NPNRU), et la refonte des politiques d’attribution dans le cadre des conférences intercommunales du logement.
  • la poursuite des efforts de rénovation du parc pour répondre aux enjeux de transition énergétique et écologique.
  • fluidifier et faciliter les parcours d’accès au logement des plus démunis et notamment des ménages éligibles au droit au logement opposable (Dalo).

 

 

::: ECONOMIE

LES ECHOS – 09/02/2017

Dépense publique : la Cour des comptes sonne l’alarme

Les sages appellent Paris à accentuer l’effort sur la dépense d’ici à 2020.
L’objectif de déficit de 2,7 % en 2017 sera déjà « très difficile à atteindre ».

Le prochain locataire de l’Elysée est prévenu : la France doit beaucoup mieux maîtriser sa dépense publique pour rétablir l’équilibre budgétaire. C’est la mise en garde que vient de faire la Cour des comptes dans son rapport annuel. La juridiction financière prévient qu’il faudra nettement accentuer l’effort comparé à ce qui a été fait ces dernières années. Pour tenir les engagements européens à l’horizon 2020, il faudrait stabiliser les dépenses, voire même les baisser de 0,6 % par an si la croissance économique n’est pas au rendez-vous. Du jamais-vu. Pour mémoire, la dépense publique a progressé de 2,3 % par an en moyenne de 2000 à 2009, puis de 0,8 % entre 2010 et 2015.

Et encore, depuis 2014, la France a bénéficié d’un contexte de taux faibles qui lui a permis de diminuer la charge d’intérêts malgré une augmentation de la dette publique. La Cour note ainsi que, depuis 2012, 40 % de la réduction du déficit sont imputables à la diminution de la charge de la dette. « Certains facteurs qui ont joué positivement ces dernières années pourraient jouer négativement dans les années à venir. Toutes les économies que nous avons pu faire sur la charge d’intérêts ne devraient plus se retrouver », alerte Didier Migaud, le président de la Cour des comptes.

De même, la masse salariale de la fonction publique, relativement maîtrisée ces dernières années, devrait repartir à la hausse sous l’effet du dégel du point d’indice et d’un nouvel accord carrière.

Sous-budgétisation

Selon les magistrats, la masse salariale des administrations publiques augmenterait autant en 2017 sur les six années de 2011 à 2016. L’Etat ne pourra donc plus compter sur ces économies, ni sur celles qu’il a faites récemment sur la contribution au budget de l’Union européenne, estime la Cour des comptes. « Ces dernières années, le déficit a diminué à un rythme moyen de 0,3 % par an, voire 0,2 % pour 2016. Passer de ce rythme constaté à un rythme plus rapide ne va pas de soi », commente Raoul Briet, le président de la première chambre. Pour la Cour des comptes, l’effort doit donc « changer de nature, en s’attachant à réduire les principales sources d’inefficacité de la dépense, mais aussi en effectuant des choix explicites ». L’institution entend par là qu’il faut revoir le périmètre d’action de l’Etat. « Cela signifie éviter les doublons entre Etat et collectivités, et lier la réflexion sur la dépense publique à leur mission », précise Didier Migaud.

Reste à savoir si les candidats à la présidentielle seront sensibles à cet avertissement. Le gagnant du scrutin devra en tout état de cause assumer l’héritage du précédent quinquennat. La Cour des comptes a prévenu que l’objectif de 2,7 % pour 2017 « sera très difficile à atteindre. » Ses inquiétudes portent autant sur la surestimation des recettes que sur la sous-budgétisation des dépenses. En cause : une hypothèse de croissance « globalement un peu élevée » et des dépenses dans les ministères qui repartent à la hausse.

Déficit : ce que disent les candidats

Pour l’instant, seuls François Fillon et Marine Le Pen ont présenté une trajectoire de déficit. Le premier prévoit une « grosse bosse » en 2018 pour financer les baisses d’impôts, puis un retour progressif à l’équilibre des comptes publics à l’horizon 2022. La candidate du FN table sur une hausse du déficit à 4,5 % en 2018 et promet de le ramener à 1,3 % en 2022. Quant à Emmanuel Macron, il considère qu’il n’est « pas pertinent de viser l’équilibre des comptes dans le contexte actuel », mais veut ramener la dépense publique à 50 % du PIB en 2022 (54 % aujourd’hui). Benoît Hamon, lui, veut « en finir avec le dogme du 3 % ».

Ingrid Feuerstein

 

 

LES ECHOS – 09/02/2017

Paris Saclay : 5 milliards pour une « impasse »

 

5,3 milliards d’euros ont été engagés depuis que Nicolas Sarkozy a pris la décison, en 2008,

de créer un pôle scientifique et technologique de rang mondial sur le plateau de Saclay.

La Cour des comptes propose la création d’un responsable interministériel pour dénouer le dossier.

François Hollande voulait en faire « un bon exemple et pas un contre-exemple ». Le projet Paris Saclay, vaisseau amiral de la recherche publique française, n’en prend pas le chemin, à lire le rapport de la Cour des comptes. « Le projet d’université intégrée […] est aujourd’hui dans l’impasse », écrivent les magistrats. Car l’Etat s’y est lancé « sans avoir au préalable défini clairement les moyens permettant de le réaliser ».

Depuis la décision de Nicolas Sarkozy, en 2008, de créer un pôle scientifique et technologique de rang mondial sur le plateau de Saclay, 5,3 milliards d’euros ont été engagés, dont 700 millions pour le volet scientifique, 2,6 milliards pour l’immobilier universitaire et 2 milliards pour les transports. Le site est censé rassembler, à terme, 15 % de la recherche publique française autour des établissements d’enseignement supérieur et de recherche les plus prestigieux – université Paris Sud, Polytechnique, CNRS, CEA… Mais ceux-ci n’arrivent pas à s’entendre sur la gouvernance. Et les différentes tutelles des établissements – Enseignement supérieur, Défense, Bercy – se déchirent. « L’Etat se révèle incapable de parler d’une seule voix » sur ce projet, de fait « en suspens », indique la Cour. Le « pilotage défaillant » pèse lourd sur « le risque de dilution d’une grande ambition », pointe-t-elle. Le projet se résumerait alors « à un rapprochement géographique d’établissements […] sans cohérence réelle ni visibilité internationale ». Des efforts ont, certes, été réalisés, sur des diplômes communs ou « le début de structuration de la recherche ». Mais « la création d’une grande université de recherche intégrant universités et grandes écoles est au point mort ».

« Deux visions s’opposent »

« Deux visions de l’université Paris Saclay s’opposent » parmi les dix-huit membres de la communauté d’universités, poursuit la Cour : d’un côté, celle visant à créer une université unifiée, portée « notamment par l’université Paris Sud » ; de l’autre, celle qui a pour chef de file l’Ecole polytechnique, qui craint de « diluer [sa] réputation d’excellence dans une université encore sans renommée et peu sélective ». Cette « logique divergente » conduit l’université Paris Sud à « aller vers un modèle qui mettrait en commun, au sein de l’université Paris Saclay, les licences, masters et doctorats ainsi que la recherche ». Mais elle fait craindre aux écoles la perte de leur personnalité juridique.

Les commentaires de la Cour sont « quelque peu caricaturaux », réplique le président de l’université Paris Saclay, Gilles Bloch, assurant que la grande majorité des membres adhère à la perspective d’une université Paris Saclay « hybridant les modèles de l’université française classique et des grandes écoles dans un modèle plus performant ». En ligne de mire, le maintien des financements liés aux investissements d’avenir (Idex) pèse lourd : en avril 2016, le jury international a donné 18 mois à Paris Saclay pour clarifier son projet. Trouver une « position convergente » à court terme paraît « difficile », concluent les magistrats. Ils préconisent la désignation d’un responsable interministériel. Ce que l’Ecole polytechnique voit déjà d’un mauvais oeil…

Marie-Christine Corbier

 

 

L’OPINION – 09/02/2017

Ecotaxe: un Royal scandale

L’abandon de l’écotaxe va coûter une fortune aux contribuables, dénonce la Cour des comptes. Un fiasco dont la ministre de l’Environnement est la première responsable

La Cour des Comptes consacre un chapitre de son rapport annuel à « l’échec stratégique » et « l’abandon coûteux » de la taxe poids lourd. La ministre de l’Environnement n’en démord pas : « Le gouvernement a fait au mieux » en renonçant ce « système pervers », a réagi Ségolène Royal, se vantant d’avoir « supprimé un système très coûteux pour le remplacer par un prélèvement tout simple sur la consommation de carburant ». Tout simple, et payé par tous les automobilistes.

« Servir l’Etat, dans l’état où il est… », voilà le constat désabusé fait dans un grand soupir par Philippe Séguin, en novembre 2009, peu avant sa mort. Didier Migaud, son successeur au poste de premier président de la Cour des comptes, ne doit pas être loin d’éprouver le même sentiment, tant la lecture du rapport de la juridiction financière sur l’écotaxe est édifiante. « Un échec stratégique, un abandon coûteux » : voilà comment les magistrats de la Rue Cambon intitulent leur chapitre. « Qu’en termes élégants ces choses-là sont dites ! »

En fait, il s’agit d’un désastre, d’un incroyable gâchis de fonds publics qui mériterait de figurer dans un Petit manuel du mauvais ministre. « Les Français règlent l’addition de S.Royal : 1Md pour la fin de l’écotaxe. La lâcheté et le renoncement ont un prix », a ainsi tweeté Nathalie Kosciusko-Morizet. De fait, la responsabilité de Ségolène Royal dans ce fiasco est évidente. Même si la Cour des Comptes ne le dit pas comme ça, son analyse le montre.

Certes, elle n’est pas à l’origine de la « suspension » de cette taxe, annoncée le 29 octobre 2013 par le Premier ministre de l’époque, Jean-Marc Ayrault. Cela sous la pression de violentes manifestations des « bonnets rouges » bretons, qui craignaient que cette mesure pénalise une filière agroalimentaire déjà en plein marasme. L’écotaxe avait pourtant été votée à la quasi-unanimité par les parlementaires en 2009. Elle visait notamment, selon le principe du pollueur-payeur, à assurer une meilleure couverture des coûts d’usage du réseau routier hexagonal par les transports de marchandises. La mise en place du dispositif avait été confiée au consortium franco-italien Ecomouv’ dans le cadre d’un partenariat public-privé, pour un début de collecte en juillet 2013.

Risques identifiés. « Dès que l’écotaxe a été suspendue, nous avons tous travaillé pour imaginer un autre système, confie un proche du dossier. Et nous étions confiants dans le fait que cela pouvait repartir ». La Cour des comptes ne dit pas autre chose. « A la suite de la suspension les administrations ont recherché des solutions contractuelles envisageables… Les deux options les plus solides juridiquement étaient soit la résiliation du contrat de partenariat pour motif d’intérêt général, soit sa continuation normale », peut-on lire dans le rapport. Ceci était clair dès la fin novembre 2013.

Mais, à peine nommée ministre de l’Ecologie, en avril 2014, Ségolène Royal suscite une vive controverse en déclarant que le dossier de l’écotaxe poids lourd doit être remis à plat. Les administrations des transports et des douanes s’engagent donc dans la conception d’un dispositif de substitution sous la forme d’un « péage de transit poids lourds », qui consistait pour l’essentiel à réduire le réseau taxable. « Tout le monde était conscient que cela n’était pas terrible, mais on se disait aussi que c’était un début et qu’ensuite, nous pourrions étendre le dispositif », explique l’un des représentants du ministère des Transports.

La facture n’a pas fini de s’alourdir. Selon nos informations, les sociétés habilités au péage demandent à être elles aussi dédommagées, pour un montant de 270 millions d’euros

Il a suffi que les transporteurs routiers menacent d’une grève pour le 15 octobre 2014 pour que Ségolène Royal les reçoive le 9. « Nous avons décidé de suspendre sine die le dispositif d’écotaxe », déclare-t-elle à l’issue de la réunion. Ecomouv’, son actionnaire italien Autostrade, les conseils juridiques, et même la propre administration de Ségolène Royal, tous apprennent la nouvelle par la presse. Hostile à « l’écologie punitive », la ministre a pris cette décision seule. Pourtant, les risques financiers associés avaient été parfaitement identifiés par chacun de ces acteurs.

De fait, la punition est en fait très sévère pour le contribuable. Catastrophique même. Commençons par l’indemnisation d’Ecomouv’ et de ses partenaires à hauteur de 958 millions d’euros, dont 518 millions ont été payés en 2015, le solde de 440 millions d’euros s’échelonnant entre 2016 et 2024, au rythme de 50 millions d’euros par an.

L’addition va encore grimper. Ces sommes servent à rembourser les banques qui ont prêté à Ecomouv’ qui, bizarrement, existe toujours ! Ségolène Royal n’a pas voulu que l’Etat reprenne directement la dette du consortium – cela aurait fait mauvais effet. Mais s’il s’était retrouvé face aux créanciers, il aurait pu renégocier les prêts et, compte tenu de la baisse des taux d’intérêt, payer nettement moins cher. Encore un surcoût à porter au compte de la ministre de l’Environnement.

La facture n’a pas fini de s’alourdir puisque des demandes d’indemnités sont encore en cours. Elles viennent en particulier des sociétés habilités au péage (Axxés, filiale de Vinci et d’Eiffage ; Eurotoll, filiale de la Sanef…) qui, selon nos informations, demandent à être elles aussi dédommagées, pour un montant de 270 millions d’euros. Quant aux portiques, que l’Etat s’était engagé à démanteler, ils sont en train de rouiller tranquillement sur les routes…

En plus de tout cela, l’écotaxe aurait dû rapporter 7 milliards d’euros de 2015 à 2024 (nets des frais de gestion). Fort habilement, cette perte de recettes a été compensée par une majoration du tarif de la TICPE (taxe intérieure de consommation des produits énergétiques, ex-TIPP). Dans sa réponse à la Cour des Comptes, Bernard Cazeneuve indique qu’il ne partage donc pas « l’affirmation selon laquelle l’abandon aurait été très coûteux pour les finances publiques ». C’est un drôle de calcul.

Il aurait été tout à fait possible de combiner l’écotaxe et la hausse de la TICPE : la première aurait dû être payée par les poids lourds français et étrangers, la seconde l’est à hauteur de 57 % par les automobilistes français. Ségolène Royal a eu le culot de s’en féliciter. « Le gouvernement a fait au mieux, c’est-à-dire a supprimé un système très coûteux pour le remplacer par un prélèvement tout simple sur la consommation de carburant », a-t-elle indiqué, le 8 février, sur Europe 1. Plus c’est gros, plus ça passe : La facture étant payée par les contribuables, elle aurait pu dire aussi que l’on est passé du principe du « pollueur-payeur » à celui du « pollué-payeur ».

Irène Inchauspé

 

 

LES ECHOS – 09/02/2017

La gestion de la retraite des indépendants à nouveau épinglée

 

Les dysfonctionnements de la Cipav ne sont pas récents, suscitant la colère des cotisants.

La Cour des comptes met en garde contre le risque d’une « nouvelle catastrophe industrielle », en référence à celle du RSI.

Dans la famille des organismes de protection sociale des travailleurs indépendants, il n’y a pas que le RSI qui pose problème. Dans son dernier rapport annuel, la Cour des comptes se penche sur la Caisse interprofessionnelle de prévoyance et d’assurance-vieillesse des professions libérales. La Cipav est l’organisme qui gère les régimes d’assurance-vieillesse et de décès-invalidité des architectes et géomètres, mais aussi, depuis 2009, une grande partie des autoentrepreneurs. Elle a plus d’un demi-million de cotisants. Son constat est d’autant plus sévère que ce n’est pas la première fois que la Rue Cambon épingle la gestion de cette caisse. En 2014, la Cour avait constaté de graves dysfonctionnements et appelé à des réformes en profondeur pour y remédier. Les problèmes n’ont pas disparu, loin s’en faut, constate-t-elle à la suite d’un nouveau contrôle réalisé en 2016.

Certes, un processus a bien été engagé, mais il est notoirement insuffisant, note le rapport. Non seulement, les pouvoirs publics ont tardé à s’emparer du sujet, ce qui a contribué à aggraver les difficultés, mais les préconisations de la Cour de clarifier la gouvernance des différentes caisses gérant l’assurance-vieillesse des professions libérales, dont la Cipav, n’a pas été suivie. Cette dernière a bien mis en oeuvre un plan de redressement, mais « incomplet » et accompagné d’une augmentation des effectifs « substantielle », qui n’a pas été affectée là où cela aurait été nécessaire.

« Lacunes persistantes »

La gestion financière et immobilière de la Cipav a insuffisamment progressé. Et la Cour constate « des lacunes persistantes dans le service rendu aux usagers », sur le délai de traitement des courriers comme de liquidation des pensions malgré des efforts. S’y ajoute un outil informatique « incomplet et défaillant ».

Dans ce contexte, la Cour est alarmiste sur la dernière réforme lancée sans études préalables, visant à faire basculer un grand nombre de professions de la Cipav vers le RSI, « lui-même très fragile ». Elle y voit le risque d’une « nouvelle catastrophe industrielle », en référence à celle de la création du RSI. Il y a « un fort risque d’échec » lié notamment à « la capacité du RSI à absorber les nouveaux flux d’affiliés ». La Cour des comptes alerte donc sur la nécessité de se fixer comme « objectif premier de retrouver au plus vite une gestion fiable et rigoureuse des droits des intéressés », et notamment de clarifier pour cela les futurs périmètres de la Cipav et du RSI.

Leïla de Comarmond

 

::: ENTREPRISES

LE MONDE – 09/02/2017

Le Grand Paris et les aéroports portent la croissance de Vinci

Le groupe de BTP affiche un bénéfice en hausse de 16,2 % en 2016. Le chiffre d’affaires de sa branche aéroports dépasse le milliard d’euros.

Cap sur le Grand Paris. « Des chantiers d’une telle ampleur, je n’en avais jamais vu de toute ma carrière, cela arrive une fois par siècle et peut-être même pas » : mardi 7 février, lors de la présentation des résultats 2016 de Vinci, marqués par un bénéfice en hausse de 16,2 % à 2,37 milliards d’euros, son PDG Xavier Huillard est revenu sur ce projet phare convoité par tous les groupes de BTP.

« Jamais dans l’histoire de la région parisienne, nous ne verrons autant de grues et de chantiers souterrains », ajoute-t-il au sujet de ce programme unique en Europe estimé à 25 milliards d’euros sur vingt ans, et comprenant un métro automatique souterrain sur 200 kilomètres, 68 gares et plus de 250 000 logements. Le chantier démarre vraiment avec le choix des entreprises : « Cette année sera marquée par l’attribution de trois méga lots d’environ 800 millions d’euros et d’un super-méga lot de 1,5 à 2 milliards. »

Le premier contrat a été confié, le 1er février, à un groupement piloté par Bouygues Travaux publics pour la réalisation d’un tronçon du métro Grand Paris Express qui reliera Villejuif à Créteil, au sud-est de la capitale. Il comprend aussi Soletanche Bachy, une filiale de Vinci. Quant à l’attribution du deuxième lot, elle serait très proche.

« Cathédrale souterraine » à la Défense

« Nous sommes face à des défis titanesques de construction », s’enthousiasme M. Huillard en évoquant par exemple la gare qui sera bâtie sous le Centre des nouvelles industries et technologies (CNIT) à la Défense, « une véritable cathédrale souterraine ». « Les défis seront techniques et humains », car il faut à la fois tenir compte d’un sous-sol déjà très encombré et former des personnels à l’utilisation des tunneliers pour forer.

Le chantier du Grand Paris masque cependant des disparités sur le territoire quant à la relance de la construction, avec des différences notables selon les régions. Cette légère reprise n’est pas spécifique à la France. « Après une année de stabilisation en 2016, ce secteur d’activité redémarre un peu partout dans le monde, que ce soit aux Etats-Unis ou en Allemagne », constate le PDG. Plus globalement, il se montre confiant sur l’ensemble de ce groupe de 38 milliards de chiffre d’affaires : « Au vu des carnets de commandes, nous sommes plutôt lucidement optimistes. »

Si M. Huillard peut se féliciter des perspectives de la branche construction, il a les yeux de Chimène pour l’activité de concession et de constructions d’aéroports. En 2016, les chiffres se sont envolés en dépassant le milliard de chiffre d’affaires. Le taux de croissance du trafic de passagers pour l’ensemble des plateformes gérées par Vinci a progressé de 10 %. Mieux : au Portugal, où le français opère dix aéroports, le trafic a crû de 14 %, s’est félicité le PDG. Avec de tels résultats, il se dit « très heureux » du boom de cette activité « extrêmement dynamique ».

Toutefois, M. Huillard se veut prudent pour 2017, car conscient « de ne pouvoir soutenir une telle croissance ». L’an dernier, le groupe a changé de catégorie en devenant le « numéro quatre mondial » du secteur après les arrivées dans son portefeuille des aéroports du Kansai, (Japon), de six plateformes en République dominicaine et de l’aéroport de Lyon. Au total, en 2016, les 35 plateformes de Vinci Aéroports ont accueilli 132 millions de passagers.

« Le trafic aérien va doubler »

Le groupe ne veut pas s’endormir sur ses lauriers et reste à l’affût de possibles acquisitions. Mais le plus difficile, selon son PDG, est de « trouver des opportunités ». Pour élargir son empreinte, Vinci vise « des pays stables sur le plan politique, économique et social » tels que « le Chili ou le Japon ». Pour y parvenir, le groupe a les poches profondes. « Ce n’est pas un problème de capitaux », indique M. Huillard. La preuve : dans les prochains jours, le groupe va remettre une offre en partenariat avec le groupe indien Tata pour construire le nouvel aéroport de Bombay (Inde). Une plateforme créée ex-nihilo qui pourra, in fine, faire transiter « plusieurs dizaines de millions de passagers par an ». Un contrat de « plusieurs centaines de millions d’euros ».

Le patron de Vinci entrevoit un futur radieux pour sa branche aéroports. Selon lui, « le trafic aérien mondial va doubler » à l’avenir, notamment grâce à la consolidation des classes moyennes en Chine et en Inde. Un phénomène qui se double d’une montée en puissance des compagnies aériennes low cost et d’une « vague favorable à la prise en concession » d’aéroports de par le monde. Un dispositif « bien adapté au secteur aérien », ajoute-t-il. L’autre « intérêt de cette activité est que vous pouvez développer le trafic en attirant des compagnies aériennes avec l’ouverture de nouvelles routes ». En 2016, Vinci Aéroports a ainsi ouvert 220 nouvelles routes.

Désormais, M. Huillard voit grand pour sa branche aéroports. Son objectif est que cette activité représente « 5 % du chiffre d’affaires total ». Il y a quatre ans, avant l’acquisition des dix aéroports du Portugal, elle pesait seulement 0,8 % du chiffre d’affaires du groupe. En 2016, elle a atteint 2,8 % des revenus de Vinci.

Dominique Gallois et Guy Dutheil

 

 

LES ECHOS – 09/02/2017

Le BTP reste confronté au travail dissimulé

 

Les salariés d’un sous-traitant de Vinci pour la rénovation du métro à Châtelet-Les Halles n’étaient pas payés.

Epinglé sur le chantier du métro des Halles, Vinci s’est défendu mercredi.
Mais des affaires de ce type surviennent régulièrement.

Une trentaine d’ouvriers kurdes turcs non payés depuis deux à huit mois, dont cinq sans papiers, sur le chantier de rénovation par Vinci du métro à Châtelet-Les Halles (Paris) : la énième affaire de travail dissimulé révélée par un contrôle de l’inspection du travail le 16 janvier est « totalement inacceptable », a martelé mercredi Xavier Huillard, le PDG du groupe mis en cause.

Vinci s’efforce maintenant d’éteindre l’incendie en embauchant les ouvriers du sous-traitant incriminé, FH Services, et négocie avec eux le paiement de leurs arriérés de salaires. « A ce stade, 18 ouvriers ont accepté le contrat de chantier proposé », précise le président de Vinci Construction, Jérôme Stubler.

Vinci a intérêt à donner des gages de bonne volonté car la loi s’est musclée depuis 2014 : elle impose aux « donneurs d’ordre » de vérifier les bulletins de paie et attestations de cotisations sociales de leurs sous-traitants. « Sur ce chantier, c’était la quatrième grève des ouvriers pour non-paiement des salaires depuis novembre 2015, donc Vinci ne pouvait ignorer le problème », assure pourtant Marilyne Poulain, de la CGT, qui a alerté l’Inspection du travail. De fait, mi-2016, Vinci avait mis fin au contrat de son précédent sous-traitant FC10 et, affirme Jérôme Stubler, « avait proposé aux ouvriers de les embaucher via une agence d’intérim, mais ils avaient préféré rejoindre FH Services »… Une nouvelle société du même gérant (turc) que FC10, note la CGT.

L’Inspection du travail vient par ailleurs de boucler son enquête et d’envoyer un procès-verbal au parquet sur une autre affaire extrême, découverte en septembre 2016 : l’emploi, pour la démolition de l’ex-siège parisien de Michelin, avenue de Breteuil, de 25 Maliens sans papiers, via le sous-traitant MT Bat. Le donneur d’ordre était l’entreprise de BTP Capron (80 personnes) qui a, depuis, embauché les 25 sans-papiers. Mais cela n’arrêtera pas les poursuites.

Comment expliquer de tels cas, alors que la loi impose tant de contrôles ? « S’agissant d’un chantier de démolition, mon conducteur de travaux n’y faisait qu’un passage par jour et MT Bat m’a trompé : il ne devait y avoir sur ce chantier que 14 employés ! » – et non 25, tous non déclarés -, justifie le patron de Capron, Edouard Durier, en expliquant que « l’attestation de paiement des cotisations sociales a été contrôlée, mais elle porte toujours sur le trimestre précédent. Or, en l’occurrence, le chantier n’avait pas commencé. L’attestation portait donc sur zéro salarié. C’est fréquent dans les petites entreprises en l’absence de chantiers ». D’autres failles du système sont dénoncées. « Les attestations du sous-traitant peuvent porter sur un nombre de salariés inférieur à la réalité du chantier, explique Maître Aline Chanu, du cabinet Lepany. L’enjeu est de démontrer que le nombre officiel de salariés n’est pas crédible vu la taille du chantier et que le donneur d’ordre ne pouvait pas l’ignorer. »

Badges d’accès

« Nous avons 250.000 chantiers par an, comment tout contrôler ? », soupire Xavier Huillard. La CGT, elle, dénonce une situation qui dure. Les ouvriers gardent souvent les badges d’accès aux chantiers où ils ont travaillé et « un des sans-papiers, à Châtelet-Les Halles, travaillait depuis 2010 pour nombre de filiales de Vinci : il a des badges de Bateg, Dumez, GTM et Sicra », énumère Marilyne Poulain, qui ne s’étonne pas de cette fidélité : « En 2009, des sans-papiers du chantier de Bouygues à la Tour First [La Défense, NDLR] avaient gardé des badges d’autres chantiers passés de Bouygues, dont l’ambassade des Etats-Unis et l’Assemblée nationale, où ils allaient travailler en passant par les parkings ! » poursuit-elle.

Le géant Vinci comme la PME Capron préfèrent évoquer l’avenir que le passé. « Cela fait longtemps qu’on réclame la carte d’identification du BTP, souligne Edouard Durier, chez Capron. Elle arrive enfin, il était temps. » En attendant, la PME redoute le poids de l’amende dont elle risque d’écoper pour l’affaire de l’avenue de Breteuil.

Myriam Chauvot

 

 

LE FIGARO – 09/02/2017

2016 se termine mieux que prévu pour Sanofi

Grâce à un bon quatrième trimestre, le chiffre d’affaires annuel ressort à 33,8 milliards d’euros, en hausse de 1,2% à taux constants. Le groupe pharmaceutique prévoit 1,5 milliards d’euros d’économies à l’horizon 2018.

Décidément, 2016 a été pour Sanofi une année en dents de scie. Elle a été émaillée de mauvaises surprises, avec notamment les déboires sur le Praluent et dans le diabète ou avec l’échec du rachat de la biotech Medivation.

Pourtant, grâce à un bon quatrième trimestre, le chiffre d’affaires annuel ressort à 33,8 milliards d’euros, en hausse de 1,2% à taux constants. Le bénéfice net progresse lui de 9,8%, à 4,7 milliards d’euros. «Les performances sont meilleures que prévu», résume Olivier Brandicourt, directeur général du groupe tricolore.

Deux métiers de Sanofi se portent bien. La division médecine de spécialités, logée sous l’enseigne Genzyme, affiche une hausse de 17,3% des ventes, qui représentent désormais 15% du chiffre d’affaires total. Une performance due au dynamisme des traitements de la sclérose en plaques, Aubagio et Lemtrada, ainsi qu’aux médicaments contre les maladies rares.

Les vaccins s’avèrent également une valeur sûre. La commercialisation du Dengvaxia contre la dengue, un produit sur lequel Sanofi a misé plus d’un milliard d’euros, est moins rapide que prévu. «On s’attendait à davantage de commandes», explique Olivier Brandicourt en pointant, parmi les freins, les problèmes économiques et politiques au Brésil. Mais cela n’empêche pas les ventes de vaccins d’afficher une hausse de près de 9%.

«Réorganiser, simplifier»

Plus étonnant, aidé par le Toujeo, une nouvelle insuline censée combler la chute des ventes de Lantus, le diabète résiste aux «vents contraires», avec une hausse au quatrième trimestre.

Et Sanofi a d’autres indices de bonne santé à mettre en avant. Des économies, d’abord. Celles-ci se sont élevées à 650 millions d’euros en 2016. Elles atteindront 1,5 milliard à l’horizon 2018, détaille Olivier Brandicourt, qui entend continuer à «réorganiser, simplifier» tout en «soutenant les efforts d’innovation».

Autre point très apprécié des marchés: le dividende. Il est «en hausse pour la 23e année consécutive», insiste Jérôme Contamine, le directeur financier. Autant d’informations goûtées par les marchés, malgré la prévision, déjà annoncée auparavant, d’un bénéfice par action en léger repli en 2017. Le titre a gagné près de 1% mercredi.

L’avenir est beaucoup plus flou, en particulier sur les sujets délicats de 2016. Dans le cardiovasculaire, l’anticholestérol Praluent fait face, entre autres difficultés, à une attaque en justice d’Amgen qui pourrait lui interdire les ventes aux États-Unis à partir du 21 février. Toutefois, persuadé que les arguments du laboratoire américain ne tiennent pas la route, Olivier Brandicourt n’a «pas de plan B».

Dans le cancer, il est «impossible de ne pas être présent», car cela représentera bientôt «25% du marché des médicaments», estime Elias Zerhouni, directeur de la recherche et du développement. Malgré son retard, Sanofi a de quoi y «prendre sa place», selon Olivier Brandicourt. Et ce, sans passer forcément par un achat, malgré la tentative d’acquisition du spécialiste du cancer Medivation l’an dernier. «Nous ne sommes pas dans l’urgence de faire des acquisitions», assure le patron du labo.

Armelle Bohineust

 

 

LES ECHOS – 09/02/2017

Paris et Berlin testent un itinéraire commun de voiture autonome

 

Pour tirer le maximum d’enseignements de cette expérimentation, le trajet sera composé d’autoroute et de route, à la fois en milieu urbain et rural.

La France et l’Allemagne vont lancer une expérimentation de voiture autonome, sur un itinéraire entre Metz et la Sarre.

Les automobilistes de Metz peuvent se préparer à croiser… des voitures sans chauffeur. Les ministres des Transports français et allemand ont signé mercredi, à Berlin, une lettre d’intention visant à créer le premier site expérimental transfrontalier au monde pour tester les technologies de conduite autonome. Le parcours, mis en place d’ici à fin mars, ira de Metz à la ville allemande de Merzig, dans la Sarre.

«  L’objectif est d’évaluer les potentialités et les impacts de cas concrets de l’utilisation de la conduite automatisée et connectée, sans donner a priori la préférence à une technologie », a déclaré le secrétaire d’Etat français Alain Vidalies. «  Les systèmes automatisés et connectés ne peuvent pas se cantonner aux Etats nationaux, a ajouté son homologue allemand, Alexander Dobrindt. Ils doivent fonctionner partout. »

Pour tirer le maximum d’enseignements, le trajet sera composé d’autoroute et de route, à la fois en milieux urbain et rural. Si le lancement est prévu pour le premier trimestre, sa mise en oeuvre devrait prendre plusieurs semaines. Il sera ouvert à tous les constructeurs, équipementiers automobiles ou entreprises des télécommunications ou du numérique.

Eprouver l’interopérabilité

Comme l’Allemagne le fait déjà depuis un an sur un tronçon d’autoroute en Bavière, il s’agit de tester des capteurs et radars, des systèmes de communication entre véhicules, via notamment la technologie 5G, ou d’autres équipements de signalisation. La dimension transfrontalière doit permettre d’éprouver leur interopérabilité. Par ailleurs, des centres de coordination doivent servir de guichet unique dans chaque pays, notamment pour l’homologation des véhicules.

Depuis le double choc du scandale des moteurs diesel truqués par Volkswagen et l’apparition de nouveaux acteurs de la Silicon Valley, comme Tesla ou Google, ou d’Asie, l’industrie automobile allemande est décidée à rattraper son retard dans la voiture électrique et autonome. «  Je ne sais pas si nos constructeurs européens resteront parmi les meilleurs dans dix ans », a reconnu Alexander Dobrindt.

Face à cette menace, la France et l’Allemagne veulent aller vite et, ensemble, peser de tout leur poids dans la fixation des futures normes et réglementations. «  On va essayer de conserver un temps d’avance dans la compétition mondiale », a renchéri Alain Vidalies. Ces normes peuvent concerner les technologies, mais aussi des questions juridiques. Le « conducteur » doit-il être tenu responsable en cas d’accident, quand bien même il ne serait pas physiquement en train de conduire ? Ces questions, qui font l’objet de discussions au sein de l’ONU, peuvent avoir un impact essentiel sur la conception des véhicules. Berlin vient d’adopter un projet de loi qui rend le conducteur responsable.

Thibaut Madelin

 

 

LA TRIBUNE – 09/02/2017

Total démontre sa résilience dans un environnement difficile

 

Total affiche de meilleurs résultats 2016 que les autres majors.

 

Le pétrolier français superforme de nouveau le secteur, avec des résultats en baisse de 21% mais sensiblement meilleurs que ceux des majors. Son PDG Patrick Pouyanné maintient le cap pour renforcer la résistance du groupe dans un contexte qu’il juge toujours incertain.

« Ce qu’on contrôle, on le contrôle bien », reconnaît Patrick Pouyanné, le PDG de Total, en commentant les résultats de son groupe pour l’année 2016. Et ce que Total contrôle particulièrement bien, et de mieux en mieux, ce sont ses coûts de production. De 9,9 dollars par baril il y a deux ans, ils sont tombés à 5,9$ en 2016. Ce qui a largement contribué au programme de baisse des coûts, dont les objectifs pour l’année écoulée, de 2,4 milliards de dollars, ont été dépassés pour atteindre 2,8 Mds. Et ce qui permet à Total d’afficher de meilleurs résultats que les majors, qui le surpassent pourtant assez nettement en termes de production. A 8,3 milliards de dollars, son résultat net ajusté est en baisse de 21% sur ceux de 2015, quand Exxon ou Shell affichent, eux, des résultats de 40% inférieurs à ceux de l’année précédente.

Une activité aval très rentable

« Toutes les activités ont contribué à ces résultats, souligne Patrick Pouyanné. Mais c’est dans l’exploration/production que l’écart avec la concurrence est le plus significatif. » Si ses coûts de production sont aussi compétitifs, c’est, affirme-t-il que le groupe, contrairement à ses concurrents, a fait dès 2014 l’analyse d’une crise durable, et non pas d’un simple passage à vide comme celui enregistré en 2008. « Cette fois, il y avait à la fois une offre trop élevée et une demande trop faible ; convaincus d’un cycle baissier durable, nous avons eu la meilleure réaction, ce qui nous donne aujourd’hui un temps d’avance. » Le PDG loue la prise de conscience et la mobilisation de toute l’entreprise autour de cet objectif de réduction des coûts, ainsi qu’un fort soutien de l’aval. Passée « de parent pauvre à star du groupe » avec une rentabilité de 34% (à comparer avec 17% pour le plus performant de ses concurrents), cette activité a aussi servi de modèle en matière de sobriété.

Le programme de cession de 10 milliards est réalisé à 80% (avec notamment la cession d’Atotech), le solde se composant de quelques opérations de taille modeste. Le taux d’endettement est aujourd’hui de 27%, et l’objectif est de le ramener sous la barre des 20%.

Autre différence avec la concurrence, l’effort en recherche/développement dans l’activité oil & gaz s’est accru de 5%.

Un point mort à 50$ le baril

La nouvelle entité « low carbon business », qui regroupe le gaz, l’électricité et les renouvelables (dont les activités de SunPower, Saft ou encore Lampiris) a également contribué positivement aux résultats. Avec 4,7 Mds$ et un résultat de 500 M$, soit une rentabilité de 9% sur les capitaux investis, « c’est encore un business modeste, mais appelé à croître », observe Patrick Pouyanné. Le PDG rappelle que le scénario 2°C dans lequel le groupe s’inscrit, en cohérence avec les objectifs de l’Accord de Paris adopté lors de la COP21, implique de se préparer à une baisse de l’activité pétrolière à horizon 2035/2040 et une hausse du gaz, et de prendre position sur ces activités « bas carbone. »

Les prix bas s’accompagnant de coûts bas, c’est également la concentration sur des actifs à bas coûts et des montants d’investissements par baril nettement inférieurs aux prévisions qui a contribué au programme de réduction des coûts.

Ainsi, 1,25 milliards sont budgétés pour 27 nouveaux puits en 2017, contre 1,4 milliards pour 1,4 Mds$ en 2016.

L’époque est également favorable aux acquisitions à coûts très compétitifs. 900 millions de dollars ont ainsi suffi à l’acquisition de nouvelles réserves en 2016 là où 2 milliards avaient été budgétés. Le groupe entend profiter de ce contexte pour lacer une dizaine de nouveaux projets dans les 18 prochains mois.

En hausse de 4,5% (contre +9% en 2015 mais à comparer avec +1% pour ses concurrents), la production, qui devrait encore s’accroître de 4% en 2017, est en ligne avec l’objectif de croissance annuelle de 5% sur la période 2015/2020. Grâce à quoi, Total est aujourd’hui rentable avec un baril à 40$ avant dividende ou 50$ avec dividende.

Une lutte permanente pour abaisser les coûts de production

Confiant « dans la solidité des résultats et du bilan du groupe, ainsi que dans les perspectives de croissance du cash flow disponible », le groupe propose une augmentation du dividende de 1,6% à 62 centimes, soit 2,45€ sur l’année.

Pas question pour autant de s’endormir sur ses lauriers. Aussi le programme de réduction de coûts va se poursuivre avec un objectif de 3,5 Mds$ en 2017 et 4 Mds$ en 2018, et une « lutte permanente pour continuer d’abaisser les coûts de production », fixés à 5,5 $/baril pour 2017 et 5$/baril pour 2018.

Car le marché demeure volatile, les stocks restent de 10% plus élevés qu’ils ne devraient, et Patrick Pouyanné ne croit pas à une remontée durable des cours à moyen terme. « Le plus difficile, c’est l’incertitude », reconnaît le PDG, qui, dans cet environnement incertain, reste « optimiste grâce aux fondamentaux solides du groupe« .

Dominique Pialot  

 

::: POLITIQUE

LE MONDE – 09/02/2017

Emmanuel Macron, dans les pas économiques de François Hollande

Les mesures distillées par l’ex-ministre de l’économie laissent entrevoir une ligne politique qui poursuit et amplifie celle menée pendant le quinquennat.

Des mesures, oui il y en a, un certain nombre même. Un programme, structuré, construit, pas encore. Il semble qu’il faille encore patienter quelques semaines avant de connaître en détail le projet d’Emmanuel Macron pour la France. En attendant, les électeurs devront se contenter de ce que l’ancien locataire de Bercy a pu distiller ici ou là lors de ses discours de meetings ou interventions à la radio et à la télévision.

Parcours oblige (inspection des finances, banque d’affaires Rothschild et surtout ministère de l’économie), M. Macron est attendu sur les questions économiques. Desquelles risque de dépendre sa crédibilité en tant que présidentiable. Or en la matière, les propositions du candidat Macron peinent encore à convaincre les spécialistes.

« Il y a des choses intéressantes et potentiellement efficaces, mais rien de bien nouveau, remarque Alexandre Delaigue, économiste à l’université Lille-I. C’est la continuité de ce que proposent les hauts fonctionnaires de Bercy depuis un moment et de la politique appliquée par le gouvernement Hollande ces trois dernières années. »

Transformer le CICE

C’est le cas de la mesure sur le temps de travail. Le fondateur d’En Marche ! qui avait à un moment exprimé la volonté de moduler la durée légale du travail en fonction de l’âge est finalement revenu sur cette proposition. Aujourd’hui, il souhaite conserver les 35 heures comme seuil de déclenchement des heures supplémentaires, tout en renvoyant à la possibilité de négocier au sein de l’entreprise des accords primant sur ceux décidés au niveau de la branche. Ce que prévoit déjà peu ou prou la loi El Khomri promulguée en août 2016.

Il en va de même pour la politique fiscalement favorable aux entreprises que le candidat Macron souhaite mettre en place : s’il arrive au pouvoir, l’ex-ministre se propose de transformer le Crédit d’impôts pour la compétitivité et l’emploi (CICE) lancé en 2014 par le gouvernement de Manuel Valls en allégement de charges permanent. Il souhaite, par ailleurs, faire en sorte qu’embaucher une personne au smic ne coûte plus rien à son employeur afin de stimuler le marché de l’emploi. Efficace ? Certes. Nouveau ? Pas tout à fait. « L’idée qu’il faut réduire les charges remonte aux années 1990 », commente M. Delaigue. Mathieu Plane, économiste à l’OFCE, rappelle pour sa part qu’avec le pacte de responsabilité et la prime à l’embauche, « un smic ne coûte en théorie presque plus rien aujourd’hui ».

« Certes M. Macron simplifie les choses pour les entreprises en pérennisant les baisses de charges, une mesure efficace. Mais une fois qu’on a suffisamment baissé le coût du travail, que fait-on pour stimuler le marché du travail ? Car à partir d’un certain seuil, cette politique coûte cher pour un effet dérisoire sur l’emploi, et certains économistes pensent que nous l’avons atteint », analyse M. Delaigue.

Assurance-chômage étendue

Autre travers pointé par les économistes : un risque « d’année blanche » fiscale lors de la mise en place du dispositif. « Le CICE est, comme son nom l’indique, un crédit. Il est donc payé, puis remboursé l’année d’après par le gouvernement. Si le dispositif est mis en place en 2018, le gouvernement devra rembourser celui de 2017, et perdra la somme équivalente cette année-là puisque la baisse directe aura été actée », explique Mathieu Plane. Soit un manque à gagner de plusieurs dizaines de milliards d’euros cette année-là.

Sur l’assurance-chômage, en revanche, tous sont d’accord. Il s’agit là d’une nouveauté. M. Macron propose en effet de l’étendre à tous les actifs, même les démissionnaires et les indépendants. Une évolution qui ne se fera pas sans sacrifices. Ainsi cette nouvelle « sécurité » s’accompagnerait de plus de « flexibilité » : l’obligation de se former pour être indemnisé au bout d’un certain temps, et des sanctions allant jusqu’à l’arrêt de l’indemnisation si le demandeur d’emploi refuse « toute offre raisonnable ». Pour fluidifier le marché du travail, M. Macron souhaite, par ailleurs, assouplir les conditions du licenciement et plafonner les indemnités prud’homales, une mesure un temps envisagée dans la loi travail avant d’être retirée devant l’opposition féroce qu’elle suscitait.

Enfin, la gestion de l’Unedic (organisme qui supervise l’assurance-chômage) sera retirée aux partenaires sociaux et confiée au gouvernement.

Sarah Belouezzane

 

 

LE FIGARO – 09/02/2017

François Fillon revient sur le thème de la sécurité

Mercredi, le déplacement du candidat à Athis-Mons a été perturbé par des militants de la gauche radicale.

Qu’importent les bourrasques, François Fillon continue sa campagne. Après Troyes et avant un aller-retour express pour tenir un meeting jeudi à Poitiers, le candidat à l’élection présidentielle s’est rendu mercredi à Athis-Mons, dans le département de l’Essonne. Échaudée par les précédentes étapes, l’équipe de campagne voulait un déplacement sans heurts. «Le programme a été très fluctuant», confirme un membre de la délégation. Mais c’était compter sans une dizaine de militants mélenchonistes bien informés. Armés de casseroles, de banderoles et de slogans, ils ont attendu l’ancien premier ministre devant toutes les entrées du centre de surveillance urbaine où il devait se rendre. Le lieu, situé dans une ancienne zone industrielle réhabilitée et sans vie, semblait pourtant idéal pour un déplacement balisé autour de questions de sécurité… «Voyou!», «Remboursez nos impôts», pouvait-on lire sur les pancartes pendant qu’une manifestante chantait : «Fillon, t’es cuit, t’as trop de casseroles.»«Il a raison de tenir bon. Il a la solidité et l’ardeur pour affronter les vents contraires», réagit alors un élu LR qui attend patiemment l’ancien premier ministre.

Discours de fermeté

Les slogans, le candidat ne les aura entendus que de loin. À l’intérieur du bâtiment, il n’est question que de sécurité, sujet que François Fillon maîtrise et qui a l’avantage de fédérer la droite. Mi-janvier, un quartier de la ville voisine de Juvisy-sur-Orge a été saccagé par une bande. L’ancien premier ministre s’est alors entretenu avec le jeune maire de la commune, Robin Reda. Le voilà maintenant face à lui et plusieurs édiles du secteur pour présenter des éléments de son programme. «Je veux mettre 12 milliards d’euros de plus sur la défense, la gendarmerie, la police et la justice pour faire un effort de modernisation», explique-t-il face à un mur d’écrans qui centralise les images de vidéosurveillance de la ville. «La police municipale doit être un élément clé de la sécurité publique», ajoute le candidat en proposant de l’armer «systématiquement». Il propose que l’État finance à hauteur de 50 % l’achat de vidéosurveillance. À ses côtés, le député Éric Ciotti, la présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, et l’ancien patron de la police nationale, Frédéric Péchenard, ne peuvent qu’approuver. Même discours de fermeté à l’évocation des derniers événements d’Aulnay-sous-Bois, où quatre policiers ont été mis en examen après le viol présumé d’un jeune homme, déclenchant des émeutes dans cette ville de banlieue. Évoquant des «fautes» commises par les policiers mis en cause, qui «doivent être sanctionnées», François Fillon a saisi l’occasion d’afficher son soutien aux forces de sécurité en général, «qui n’ont rien à voir là-dedans».

L’ancien premier ministre, qui veut supprimer 500.000 fonctionnaires, précise qu’il épargnera les forces de l’ordre. «Il faudra des moyens humains supplémentaires», dit-il même en indiquant qu’il s’attaquera à la «bureaucratie» et aux «tâches statiques» qui occupent les agents. Autant d’éléments qui ont pour but de rassurer une profession sensible aux arguments de la droite mais désabusée et séduite par le Front national. La veille, Marine Le Pen était justement en visite dans les commissariats de Juvisy-sur-Orge pour dérouler ses propositions.

Tristan Quinault-Maupoil

 

::: INTERNATIONAL

LE FIGARO – 09/02/2017

Les députés britanniques autorisent Theresa May à déclencher le Brexit

VIDÉO – Le projet de loi sur le déclenchement de l’article 50 a été approuvé hier soir par les députés à une très large majorité.

Tout ça pour ça. Pendant six mois, Theresa May a tenté à tout prix d’éviter de soumettre le déclenchement du Brexit à l’approbation des députés. Sous la contrainte de la Cour suprême, fin janvier, la première ministre avait finalement été obligée de présenter un projet de loi concernant le retrait du Royaume-Uni de l’UE au Parlement. Or l’opposition à laquelle la première ministre craignait de se heurter ne s’est pas matérialisée.

Hier soir, les députés ont voté pour l’activation de l’article 50 du traité de Lisbonne lors d’un vote final aux Communes à 494 voix contre 122. La semaine dernière, 498 députés s’étaient déjà prononcés en faveur du déclenchement du Brexit, au terme d’une seconde lecture du texte. La victoire du gouvernement est pleine et entière: non seulement les membres de la chambre basse ont approuvé le projet de loi à une très large majorité mais ils n’ont pas été en mesure de s’accorder sur un seul amendement.

Theresa May n’a pas remporté la guerre – le texte doit maintenant être examiné par la Chambre des Lords – mais elle peut se féliciter d’avoir mis K.O. la Chambre des Communes. Le «Blitzkrieg» parlementaire imaginé par le gouvernement s’est déroulé comme il avait été prévu par la générale en chef du «hard Brexit»: les députés ont été autorisés à s’exprimer sur le processus, pas à s’emparer du dossier de la sortie de l’UE.

D’abord, parce que 51,9% des électeurs ont voté pour le Brexit le 23 juin dernier. Ensuite, parce qu’au fil des mois, avec l’aide des tabloïds, le gouvernement de Theresa May a instillé un climat très hostile à la moindre remise en cause du bien-fondé de la sortie de l’Europe. Dans les cercles du pouvoir, se prononcer contre le divorce avec les Vingt-Sept équivaut à porter atteinte à l’esprit patriotique britannique.

Un Parti conservateur uni

La victoire qui se profile est d’autant plus savoureuse pour May que l’examen du projet de loi sur le Brexit a mis de nouveau en évidence les divisions au sein du Labour. La semaine dernière, lors du vote initial, 47 députés ont passé outre la consigne de vote donnée par leur leader, Jeremy Corbyn, en votant contre le texte. La rébellion a même gagné l’entourage proche de Corbyn.

La très loyale Diana Abbott, chargée des affaires intérieures au sein du cabinet fantôme travailliste, s’est fait remarquer par son absence mardi dernier. A une heure du vote, la députée londonienne, dont la circonscription a rejeté le Brexit, s’était éclipsée des Communes, prétextant «une migraine». Hier soir, Mme Abbott est rentrée dans le rang mais Clive Lewis, jusqu’alors responsable du commerce au sein de l’équipe Corbyn, a remis sa démission du shadow cabinet. Avant lui, trois autres membres du cabinet fantôme avaient démissionné depuis la fin janvier.

Face à un parti travailliste déchiré, Theresa May peut se féliciter de l’unité du parti conservateur. La première ministre a fait suffisamment de concessions – d’aucuns diront de gestes symboliques – pour décourager les rares élus pro-européens qui siègent encore sur les bancs de la majorité d’attaquer le gouvernement. Pour autant, la cheffe de la majorité aurait tort de s’estimer invincible.

Hier, lors des traditionnelles questions au premier ministre, Theresa May a subi une attaque en règle de Jeremy Corbyn au sujet d’un accord secret que le gouvernement aurait passé avec le comté du Surrey qui menaçait d’augmenter les impôts locaux de 15% pour compenser les coupes budgétaires imposés par le gouvernement. Le Brexit n’est pas le seul dossier brûlant sur lequel la «Dame de fer» va devoir plancher.

Vidéo : http://premium.lefigaro.fr/international/2017/02/08/01003-20170208ARTFIG00293-brexit-victoire-par-ko-de-may-aux-communes.php

 

Amandine Alexandre

 

 

L’OPINION – 09/02/2017

Les partenaires commerciaux des Etats-Unis déstabilisés par les menaces de Donald Trump

 

Donald Trump et son secrétaire au Commerce Wilbur Ross entendent remettre de l’ordre dans les relations commerciales des Etats-Unis

Les chiffres du commerce extérieur pour 2016 ne sont pas près de calmer la colère du président américain à l’égard de la Chine, du Japon, de l’Allemagne et du Mexique

Le déficit commercial des Etats-Unis s’est contracté davantage que prévu en décembre (44,3 milliards de dollars, en baisse de 3,2 %) en raison d’exportations à leur plus haut niveau depuis un an et demi et augmentant plus vite que les importations. Sur l’ensemble de 2016, les Etats-Unis affichent néanmoins un déficit commercial de 502,3 milliards de dollars, soit un pic de quatre ans, en hausse de 0,4 %. Cela représente 2,7 % du produit intérieur brut (PIB) contre 2,8 % en 2015.

Dévoilés mardi, les chiffres du commerce extérieur des Etats-Unis pour l’année 2016 ne devraient pas calmer les ardeurs protectionnistes de Donald Trump. A 502,3 milliards de dollars, le déficit en matière d’échange de biens et de services a encore progressé de 0,4% l’an dernier. Certes, le phénomène s’explique surtout par le fait que les exportations américaines (2209,4 milliards, -2,2%) ont reculé plus fortement que les importations (2711,7 milliards, -1,8%) mais, même en baisse, les déséquilibres demeurent importants avec une poignée de pays.

C’est le cas avec la Chine et l’Allemagne où, bien qu’en repli respectivement de 5,4% et de 13,3%, la balance demeure fortement déficitaire à hauteur de 347 milliards de dollars pour le premier pays et de 64,9 milliards pour le second. Le Japon, dont l’excédent est resté stable à 68,9 milliards, se hisse au deuxième rang des « mauvais partenaires » des Etats-Unis, aux yeux de l’hôte de la Maison blanche. Suivent le Mexique (63,2 milliards de dollars), l’Irlande (35,9 milliards) et l’Italie (28,5 milliards), la France venant loin derrière avec un surplus de 15,8 milliards de dollars. En cumulé, l’Union européenne affiche un excédent de 146,3 milliards de dollars.

Autant dire que les règlements de comptes ne devraient pas tarder. Pour l’instant, Donald Trump a surtout dirigé ses foudres à l’encontre du Mexique en faisant pression, non sans succès, sur les constructeurs automobiles américains et étrangers pour qu’ils abandonnent leurs investissements de l’autre côté du Rio Grande, en les menaçant de taxer leurs importations à hauteur de 35%. Outre sa volonté de faire financer par Mexico la construction d’un mur entre les deux pays, il a déjà prévenu qu’il renégocierait rapidement l’accord de libre échange nord américain (Alena) liant les Etats-Unis au Mexique et au Canada.

Rétorsion. Via ses attaques contre Toyota et sa décision de jeter aux orties l’accord de partanariat transpacifique cher à Tokyo, l’hôte de la Maison blanche a aussi mis la pression sur le Japon au point de pousser Shinzo Abe à se rendre à Washington vendredi pour essayer d’arrondir les angles. Mais la Chine et l’Allemagne n’en sont pas quittes pour autant. Avant son arrivée à la Maison blanche, il n’a eu de cesse de les accuser de « commercer à sens unique » et de bâtir leurs richesses sur le dos des Américains. Ces derniers jours, son « équipe commerciale » s’est attachée à attiser le feu. Aucun pays affichant un important excédent commercial avec les Etats-Unis ne devrait éviter des rétorsions américaines.

En se présentant à Davos comme le nouveau champion du libre-échange, Xi Jinping, le président chinois, a eu droit à un rapide rappel à l’ordre de Wilbur Ross, le secrétaire américain au Commerce. « C’est une chose de parler de libre-échange mais nous aimerions que nos partenaires commerciaux le pratiquent aussi », a-t-il répondu lors de son audition au Sénat américain. Il fustige la Chine, « pays le plus protectionniste parmi les grands pays ». Sans vouloir infliger des droits de douane de 35% sur les produits chinois, comme évoqué par Donald Trump lors de sa campagne électorale, Wilbur Ross a expliqué néanmoins qu’il fallait « punir et sévèrement » les pays ne « respectant pas les règles ».

C’est Peter Navarro, le conseiller national pour le commerce, qui a mené la charge en direction de l’Allemagne. Berlin utilise un « Deutschmark implicite (l’euro) grossièrement sous-évalué » pour exploiter les Etats-Unis et ses partenaires européens, a-t-il récemment dénoncé dans un entretien accordé au Financial Times. Ce qui a amené Angela Merkel à répondre que la Banque centrale européenne était « indépendante » et que son pays ne cherchait pas à l’influencer.

« Bad hombres ». Face à la volonté de Donald Trump d’imposer un rapport de forces avec ses partenaires commerciaux, aucun pays ne semble avoir trouvé à ce jour le ton adéquat. Les ponts semblent coupés avec le Mexique depuis un coup de téléphone houleux où l’hôte de la Maison Blanche aurait menacé son homologue Enrique Peña Nieto d’envoyer ses militaires pour s’occuper des « bad hombres » ( « mauvais hommes ») dont « son armée a peur ». A l’inverse, la Canadien Justin Trudeau qui pourrait se rendre à Washington au début de la semaine prochaine joue la carte de la conciliation…

Mais le pire serait encore à venir. La nouvelle administration veut baisser le taux d’imposition des sociétés de 35% à 20% voire 15% et pousser les entreprises américaines à rapatrier leurs quelque 2300 milliards de dollars de bénéfices parqués dans des paradis fiscaux, en les taxant une bonne fois pour toutes à hauteur de 10%. En outre, elle concocterait une arme fatale sur le plan fiscal : pour les convaincre d’investir aux Etats-Unis, les firmes pourraient ainsi ne plus pouvoir déduire le coût de leurs importations dans le calcul de leurs impôts. Ce qui serait une manière d’arrêter l’hémorragie en matière de commerce extérieur.

Gilles Sengès

 

 

LES ECHOS – 09/02/2017

La justice russe élimine un opposant à la présidentielle

 

AlexeÏ Navalny attendait le verdict au tribunal de Kirov qui pourrait le priver de candidature à la présidentielle de 2018.

Alexei Navalny déclaré inéligible pour mars 2018.Un autre opposant empoisonné.

Voilà une décision de justice fort opportune pour le pouvoir russe dans l’optique de la présidentielle. L’un des principaux leaders de l’opposition et héraut de la lutte contre la corruption, Alexei Navalny, ne devrait pas pouvoir affronter Vladimir Poutine lors du scrutin de mars 2018. Il a été jugé coupable mercredi de détournement de fonds par un tribunal de Kirov, une décision de justice qui se traduit automatiquement par une inéligibilité. Alexei Navalny a répliqué que la Constitution lui permettait, au contraire, de concourir.

Ce charismatique blogueur anti-corruption de trente-neuf ans au programme par ailleurs nationaliste, fait valoir que les accusations de détournement de 377.000 euros d’une exploitation forestière de la région sont totalement loufoques et constituent une machination politique. Ces accusations lui avaient déjà valu d’être condamné à cinq ans de prison en 2013, mais il avait réussi à faire casser ce jugement par la Cour Suprême en novembre dernier. Il a aussi fait condamner, jeudi, la Russie devant la Cour européenne des droits de l’homme pour détention arbitraire. Pas certain toutefois qu’il parvienne à faire casser le verdict de mercredi et donc à sauver sa candidature.

Verrouiller le scrutin

Alexei Navalny, qui venait d’inaugurer son premier local de campagne à Saint-Pétersbourg, continue d’être populaire auprès d’une frange de la nouvelle classe moyenne russe, libérale et exaspérée par la corruption. C’est lui qui, pendant les manifestations de 2011-2012, avait initié le slogan fédérateur contre Vladimir Poutine, « chef du parti des bandits et des voleurs. » Il a publié récemment des informations sur la luxueuse propriété du premier ministre Dmitry Medvedev et a osé déposer une plainte à Moscou accusant Vladimir Poutine d’avoir ordonné l’octroi de 1,5 milliard d’euros de fonds publics au groupe de pétrochimie dont l’un des principaux actionnaires serait marié à une des filles du chef du Kremlin. Alexei Navalny avait marqué les esprits en septembre 2013, aux élections municipales de Moscou en obtenant 27 % des voix face au maire de Moscou sortant Sergueï Sobianine.

Ce développement laisse augurer d’une volonté du Kremlin de verrouiller totalement le scrutin présidentiel, encore une fois. D’autant plus que le leader de PARNAS, un autre parti d’opposition, Vladimir Kara-Murza, est hospitalisé depuis une semaine suite à un mystérieux empoisonnement. Il avait déjà survécu en juin 2015 à un empoisonnement du même genre, dont ses proches avaient attribué la responsabilité au FSB. Vladimir Kara- Murza est aussi un dirigeant de premier plan de « Open Russia », une ONG coordonnant les mouvements de la société civile travaillant à assurer des élections libres et transparentes en Russie.

La volonté du Kremlin et des services de sécurité est de ne rien laisser au hasard à la présidentielle pourrait laisser Vladimir Poutine face à quelques adversaires plus ou moins comparses comme cela a été le cas en 2012. Au risque d’ailleurs d’ôter tout intérêt au scrutin et donc de déprimer le taux participation, ce qui chagrinerait fort le Kremlin.

Yves Bourdillon avec Benjamin Quénelle

 

 

 

Vous souhaitant une bonne journée.

 

Cordialement,

 

 

Elena NATALITCH

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