::: ILE-DE-FRANCE
LE MONDE – 10/02/2017
L’Ile-de-France attend son nouveau préfet
Michel Delpuech, préfet de la région Auvergne-Rhône-Alpes, pourrait succéder à Jean-François Carenco.
Qui sera le prochain préfet d’Ile-de-France ? Jean-François Carenco, qui occupe la fonction depuis le 4 mars 2015, doit être nommé, dans les prochains jours, par François Hollande président de la Commission de régulation de l’énergie (CRE). Il succédera à Philippe de Ladoucette dont le mandat vient de s’achever. « J’ai sollicité cette nomination, confie M. Carenco, non parce que j’avais peur d’être viré au lendemain de la présidentielle, mais parce que je serai atteint dans un an par la limite d’âge de 65 ans pour les carrières préfectorales. » Le mandat à la tête de l’autorité indépendante chargée de l’accès aux marchés de l’énergie est de six ans.
Avant de signer le décret de nomination de M. Carenco, le président de la République devra avoir désigné son successeur, sans doute au prochain conseil des ministres. « Il n’y a rien de certain encore », s’obstinait à répondre, mercredi 8 février l’entourage du chef de l’Etat. Mais le choix de Michel Delpuech, préfet de la région Auvergne-Rhône-Alpes est qualifié de « possible » à l’Elysée. Ancien élève de l’Ecole nationale d’administration, M. Delpuech, est issu de la promotion Voltaire comme le chef de l’Etat.
A 64 ans, cette promotion serait pour lui un bâton de maréchal. M. Delpuech arrive au terme d’une carrière qui l’aura conduit à être notamment directeur du cabinet du préfet de police de Paris, Philippe Massoni, puis de son successeur Jean-Paul Proust, de 1999 à 2003 sous le quinquennat de Jacques Chirac. ll a été nommé préfet des Hauts-de-Seine en 2003 quand Nicolas Sarkozy était ministre de l’intérieur, avant de devenir préfet de Corse en 2006.
- Delpuech a été ensuite directeur de cabinet de Michèle Alliot-Marie au ministère de l’intérieur jusqu’en 2009. Ces fonctions successives sous les gouvernements de droite ne lui valent pas que des partisans dans les rangs de gauche.
Dossiers chauds
Du coup, même s’il fait figure de favori au sein de l’exécutif, d’autres noms circulent. Dont celui du préfet de police de Paris, Michel Cadot. « Ce choix serait étonnant, car Cadot réussit bien dans sa mission actuelle », avance toutefois un grand commis de l’Etat. Serait également sur les rangs l’actuel préfet des Pays de la Loire, Henri-Michel Comet.
- Comet a été nommé à son poste à Nantes en 2014 sous le gouvernement de Manuel Valls après avoir été préfet de Midi-Pyrénées. A 60 ans, il a lui aussi effectué une partie de sa carrière dans des cabinets ministériels de droite. Chargé de mission auprès de Jacques Chirac premier ministre de 1984 à 1986, il fut directeur de cabinet adjoint de Dominique de Villepin au ministère de l’intérieur avec d’être conseiller auprès de lui à Matignon jusqu’en 2007. Dans la bataille d’influence autour du choix du préfet de la première région de France, M. Comet n’est pas dépourvu de relais auprès de l’Elysée.
Quel qu’il sera, le successeur de M. Carenco aura plusieurs dossiers chauds à gérer. A commencer par celui des réfugiés. « Parmi les plus grands souvenirs de mon passage en Ile-de-France, j’en citerai un, se souvient M. Carenco. Le 4 novembre [2016], lorsque j’ai dû, en une journée, reloger 4 000 migrants à la rue à Paris. On n’avait que 2 800 places et en deux heures on a réussi à en trouver 1 200 de plus », raconte-t-il. Sur les deux ans écoulés, M. Carenco a « un seul regret », dit-il : l’attitude « fermée » d’une partie des habitants du 16e parisien, à l’annonce de l’ouverture d’un centre pour sans-abri dans le bois de Boulogne. « J’ai le regret de ne pas avoir convaincu ces gens », soupire celui qui a été directeur de cabinet de Jean-Louis Borloo ministre notamment de l’écologie et de… l’énergie, sous François Fillon.
::: ECONOMIE
LE FIGARO – 10/02/2017
Les indépendants n’en peuvent vraiment plus du RSI, leur régime de protection sociale
INFO LE FIGARO – Ils sont de plus en plus nombreux à le quitter et à opter pour un statut, bien plus cher, assimilé au salariat.
Le divorce semble définitivement consommé. Malgré les efforts entrepris depuis 2012 pour améliorer la gestion du Régime social des indépendants (RSI), ses affiliés n’ont pas retrouvé confiance dans l’organisme. C’est le constat implacable de la troisième édition du baromètre du RSI, réalisé en janvier 2017 par le Syndicat des indépendants (SDI) auprès de 1020 chefs d’entreprise de moins de 20 salariés. Selon cette enquête dontLe Figaro publie les résultats en exclusivité, 78 % des personnes interrogées estiment que le RSI ne s’est pas amélioré ces dernières années. Pire, 76 % ont une appréciation négative de ses services rendus.
L’explication de ce mécontentement est simple: 59 % des dirigeants ont rencontré au moins une difficulté – d’un courrier contradictoire à un défaut de prise en compte du droit à l’indemnité journalière en cas de maladie – avec le RSI ces trois dernières années. «Les résultats de notre enquête sont stables malgré les efforts du RSI et du gouvernement pour répondre aux critiques (amélioration de l’outil informatique, diminution du délai de carence, abaissement des cotisations minimum forfaitaires…), note Marc Sanchez, le secrétaire général du SDI, car personne ne s’est attaqué au cœur du problème: la sécurisation du système.»
Niveau de cotisation
«La méfiance est telle que les chefs d’entreprise sont prêts à payer des cotisations plus élevées, sans gagner forcément plus de protection, pour sortir du RSI et entrer dans un statut assimilé au salariat», ajoute-t-il. Selon l’étude, 23 % des chefs d’entreprise ont ainsi quitté le RSI en 2016. Ils n’étaient que 13 % à avoir franchi le pas en 2015 et 7 % en 2014. Les entrepreneurs optent le plus couramment pour une société par actions simplifiée unipersonnelle (SASU), qui leur permet de bénéficier d’un statut d’«assimilé salarié» sans avoir à justifier d’un contrat de travail au sein de la structure.
Pour le chef d’entreprise, le passage du RSI au statut de la SASU se traduit pourtant par une augmentation de ses cotisations de 47 % à 63 %. Et ce, sans amélioration notable de la protection puisque le régime de salarié assimilé n’offre pas d’assurance-chômage et des prestations accident de travail et maladies professionnelles moins généreuses que le régime général.
Dans ce contexte de perte de crédibilité du RSI, le SDI plaide pour un rattachement des indépendants au régime général. Le syndicat a testé cette hypothèse auprès des personnes sondées. 46,5 % d’entre elles demandent d’avoir dans ce cas le choix de son niveau de cotisations versées et donc de protection sociale.
Le RSI a été créé en 2006 suite à la fusion de trois caisses de protection sociale des chefs d’entreprise. Le régime gère la couverture maladie des professionnels libéraux, des artisans et des commerçants, et la retraite des artisans et des commerçants. Depuis 2008, le régime centralise les cotisations. Il se partage ensuite avec les Urssaf les sujets de calculs, encaissements, recouvrements…
Dès sa création, l’organisme a été vivement critiqué en raison de nombreux dysfonctionnements informatiques qui ont provoqué des appels de cotisations erronés, des indus à rembourser, des relances inconsidérées… En 2012, la Cour des comptes qualifiait le RSI d’«accident industriel». Depuis, une démarche de fond (mais sans réelle efficacité si on se fie au SDI) a été lancée afin de rétablir la situation critique. Le RSI couvre plus de 6 millions de personnes pour 2,8 millions de cotisants.
LE FIGARO – 10/02/2017
Le Loir-et-Cher veut favoriser l’emploi des allocataires du RSA
Grâce à sa plateforme web Job41, le département les met en contact avec les entreprises locales qui recrutent.
C’est une première en France! Le département du Loir-et-Cher vient de lancer une plateforme Web inédite pour rapprocher les allocataires du revenu de solidarité active (RSA) avec les entreprises locales qui recrutent. «Le nombre de personnes au RSA augmente et représente une charge énorme pour les départements, rappelle Maurice Leroy, président (UDI) du Loir-et-Cher et vice-président de l’association des départements de France. Or de nombreuses entreprises peinent dans le même temps à recruter. Cette situation invraisemblable ne peut pas durer.»
Le principe de sa plateforme, baptisée «Job41», est simple: sur ce site dédié, les allocataires au RSA peuvent créer leur CV en ligne, consulter les offres d’emploi, candidater directement auprès des employeurs. «Tout se fait sur la base du volontariat, personne n’est obligé», insiste Maurice Leroy. Une logique différente donc de celle du Haut-Rhin, qui s’était fait retoquer par le tribunal administratif de Strasbourg pour avoir rendu obligatoires des heures de bénévolat pour toucher le RSA. Lancé le 16 janvier, «Job41» compte déjà 739 inscrits et une soixantaine d’offres d’emploi.
Le département a travaillé avec les équipes locales de Pôle emploi mais aussi avec la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) pour s’assurer de la sécurisation des données. Pilotée par l’ex-député centriste Nicolas Perruchot, premier vice-président du conseil départemental et ancien maire de Blois, l’initiative met l’accent sur la géolocalisation des offres qui permet aux demandeurs d’emploi de sélectionner celles comprises dans un périmètre choisi. Autre atout: la plateforme a été créée par une start-up des quartiers nord de Blois, Neolink, dont la majorité des salariés sont eux-mêmes d’anciens allocataires du RSA. Et le département a recruté deux personnes au RSA pour tenir la hotline et répondre aux questions des utilisateurs.
Baisse des dotations
Pris en tenaille entre la baisse des dotations de l’État et l’augmentation continue du nombre des allocataires du RSA en raison de la hausse du chômage, les départements sont dans une situation financière tendue. Dans le Loir-et-Cher, qui compte 10.000 allocataires au RSA (soit le double par rapport à 2004), cela représente une dépense de 42 millions d’euros que l’État ne rembourse qu’à hauteur de 20 millions.
Pour compenser la différence, le département a fait des économies de fonctionnement, réduit sa masse salariale et utilisé le levier fiscal (augmentation de 5 points de la part départementale sur le foncier bâti). «La seule solution pour faire baisser le coût du RSA, c’est de favoriser le retour à l’emploi. C’est un enjeu vital pour tous les départements», affirme ainsi Maurice Leroy.
La plateforme «Job41» pourrait faire des émules: pas moins de 15 départements, notamment ceux du Nord et de l’Indre-et-Loire, souhaiteraient s’en inspirer et ont pris contact avec les services de Maurice Leroy pour en dupliquer le principe.
Le Nord coupe les vivres à 450 bénéficiaires pour quatre mois
Les services du département du Nord ont suspendu, pour quatre mois, le versement du RSA à 450 bénéficiaires. Au motif qu’ils ne sont pas inscrits à Pôle emploi ou n’ont pas signé la «charte des droits et devoirs», comme c’est obligatoire depuis l’année dernière. Et ce après leur avoir déjà réduit de 100 euros le montant de leur prestation en guise de premier avertissement.
«Il ne s’agit pas de dire que l’allocataire du RSA est l’ennemi du département mais on ne peut pas donner d’aides en aveugle, a justifié Olivier Henno, vice-président en charge de l’insertion, sur Europe 1. Demain, si l’allocataire sanctionné s’inscrit à Pôle emploi ou s’il demande un contrat d’engagement réciproque, il retrouvera immédiatement ses droits.» Mais s’il persiste, il pourra être radié. 45.000 allocataires, sur les 108.000 du département, sont concernés par cette opération vérité, lancée en juin pour limiter l’envolée du coût du RSA.
LE MONDE – 10/02/2017
La France a créé 191 700 emplois marchands en 2016, meilleure performance depuis 2007
L’embellie a notamment concerné les services et l’interim, tandis que l’industrie et la construction ont continué de perdre des emplois.
L’économie française a créé, en net, 191 700 postes dans le secteur marchand en 2016, soit la meilleure performance sur le front de l’emploi privé depuis 2007, selon une estimation de l’Insee publiée vendredi.
Cela constitue une forte accélération sur le marché de l’emploi, après une année 2015 qui avait vu 99 000 postes se créer. La France avait détruit des emplois lors des trois années précédentes.
L’embellie concerne les services et l’intérim
Avec ces créations de poste, les effectifs du secteur marchand ont atteint 16,16 millions de personnes fin 2016, un niveau inédit depuis 2008. L’embellie, l’année dernière a notamment concerné les services et l’interim, tandis que l’industrie et la construction ont continué de détruire des emplois. Avec 654 100 postes, l’intérim a atteint son plus haut niveau depuis 2008. Le secteur est considéré comme précurseur des tendances de l’emploi.
Mais l’emploi de l’industrie (-0,7 % par rapport à 2015) et de la construction (-0,4 %) a contué de se dégrader. Les usines ont ainsi perdu, en quinze ans, près d’un million d’emplois, soit un quart de ses effectifs, tandis que le bâtiment a détruit plus de 200 000 postes depuis 2008.
::: ENTREPRISES
LA TRIBUNE – 10/02/2017
L’aéronautique reste la locomotive du « Made in France » à l’export
Selon le GIFAS, les livraisons aéronautiques et spatiales ont égalé le niveau record de 2015, à 58 milliards d’euros »
L’excédent de la filière aéronautique et spatiale a atteint 18,6 milliards d’euros en 2016, selon le Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales.
Que ce soit dit, la filière aéronautique et spatiale reste le premier contributeur excédentaire au solde du commerce extérieur de la France en 2016, a assuré jeudi le Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (GIFAS). Car à la suite de la dégradation des chiffres du commerce extérieur français publié mardi par le ministère de l’Économie (48,1 milliards d’euros de déficit en 2016), « des commentaires ont attribué une part notable de cette détérioration à l’industrie aéronautique et spatiale », explique dans un communiqué le GIFAS, qui n’a pas aimé.
Le GIFAS tient d’ailleurs préciser que « les livraisons aéronautiques et spatiales sont stables en 2016 » mais ont égalé « le niveau record de 2015, à 58 milliards d’euros ». Il précise également que « l’excédent aéronautique et spatial pour 2016 se situe à un excellent niveau à 18,6 milliards d’euros, sans pour autant égaler le record de 22,3 milliards en 2015 ». le GIFAS rappelle que « l’amélioration en décembre 2016 de la balance commerciale tient presque exclusivement au secteur aéronautique ». Les livraisons d’Airbus en décembre ont atteint le montant inédit de 5,8 milliards d’euros, pour 64 appareils livrés depuis la France.
« La filière aéronautique et spatiale française peut donc se féliciter de son excellente et constante contribution au solde du commerce extérieur de la France », estime le GIFAS.
Une année record pour Airbus en termes de livraisons
Airbus a fini l’année 2016 avec 731 commandes nettes au compteur et surtout 688 livraisons, l’indicateur pris en compte par les douanes. Une performance d’ensemble qui ne concerne pas que la France. En revanche, ATR n’a livré que 80 appareils (contre 90 espérés). En dépit d’une année difficile, les ATR-600 sont toutefois arrivés en tête de toutes les ventes d’avions régionaux en 2016, avec 36 commandes d’appareils.
De son côté Dassault Aviation a livré 49 avions d’affaires Falcon (contre 55 en 2015). L’avionneur a par ailleurs remis trois Rafale à l’Égypte l’année dernière (sur un total de neuf appareils). Enfin, héritier de la mythique société Morane-Saulnier, Daher continue de se jouer de la crise de l’aviation d’affaires. Après avoir livré 55 TBM en 2015 et 51 en 2014, le constructeur de petits avions d’affaires mono-turbopropulseurs a livré 54 TBM 900 et TBM 930 en 2016.
Michel Cabirol
LE MONDE – 10/02/2017
La grande mue de Renault-Flins devenue usine Nissan
Le site industriel de la région parisienne produira en majorité des Nissan Micra. Une première dans l’histoire de Renault.
La 4CV, la Frégate, la Dauphine, la 4L, la R16, la R5… Depuis 1952, tous les modèles qui ont fait la saga Renault – constructeur national d’automobiles populaires – sont passés sur les chaînes de l’usine de Flins et ses 237 hectares en bordure de Seine, à une demi-heure de voiture de Paris par l’autoroute de Normandie.
Or, depuis le mois de décembre, un bouleversement managérial est à l’œuvre sur ce site industriel emblématique qui fêtera ses 65 ans en 2017. Pour la première fois dans l’histoire de l’alliance Renault-Nissan, une usine de l’un des deux constructeurs – en l’espèce Renault – fabrique un modèle de l’autre entreprise – en l’occurrence la nouvelle Nissan Micra. Une voiture japonaise dans une usine française, c’était du jamais-vu. L’événement est d’autant plus remarquable qu’il constitue une délocalisation vers un site français depuis l’Inde, où la version précédente de la Micra était fabriquée.
Qualité exigée
Direction la chaîne de montage qui s’allonge sur plusieurs centaines de mètres dans l’un des plus grands bâtiments du site. Des petits robots autonomes, les AGV (automated guided vehicles), poussent en silence des chariots de pièces et des éléments de carrosserie vers les opérateurs, conformément aux règles du « juste à temps » et du credo très japonais du zéro stock (malgré 8 000 références de pièces à gérer).
Alentour, l’environnement rappelle que Flins n’est plus tout à fait une usine franco-française : ici un grand panneau proclame qu’on est « fier de fabriquer Micra », là des affiches énoncent la méthode vertueuse des « 5S », acronyme en japonais des verbes « trier », « ranger », « nettoyer », « standardiser » et « pratiquer ». Plus loin, le sigle jaune et rouge de l’« Alliance Production Way » rappelle que désormais dans toutes les usines de Renault et Nissan – alliés depuis 1999 – on est censé partager les mêmes méthodes de fabrication.
Sur la ligne, il faut un œil un peu averti pour distinguer la nouvelle venue qui vient s’ajouter aux deux modèles déjà fabriqués à Flins depuis 2012 : la Clio IV et le best-seller électrique de Renault, la Zoé. Les véhicules sont sensiblement de la même taille et partagent une partie de leurs pièces. Mais, pour fabriquer Micra, il a fallu intégrer de nouvelles normes de qualité dans le processus industriel, de nouveaux gestes, des procédures inusitées.
Quadragénaire costaud, fine barbe taillée, douze ans d’ancienneté chez Renault, Amadou Fall fait partie de la soixantaine d’ouvriers de Renault partis se former aux méthodes Nissan au Japon. Comme l’indique sa veste violette, M. Fall est devenu à son tour un formateur pour ses collègues de Flins. Ici, tout le monde le concède, le niveau de qualité exigé chez Nissan est un cran au-dessus des standards Renault. « Au Japon, on apprend à être extrêmement méticuleux, témoigne Amadou Fall. Cela n’empêche pas qu’on peut aussi leur apporter notre savoir-faire. »
« Ce qui se passe ici dépasse la simple intégration d’un nouveau modèle dans le processus de production, affirme Olivier Talabard, le directeur de l’usine. Flins est en train de vivre la plus grande transformation de son histoire. » M. Talabard a été nommé il y a trois ans à la tête du site pour enclencher cette mini-révolution. Cent dix millions d’euros ont été investis depuis 2015, 200 embauches en CDI viennent d’être annoncées pour 2017 qui s’ajoutent aux 350 déjà effectuées en deux ans. Des travaux d’envergure ont complètement redessiné l’usine, avec un effort de robotisation accru dans les ateliers qui fabriquent les carrosseries.
« Il n’y a pas de nostalgie »
Afin d’améliorer la qualité – un point-clé pour satisfaire aux exigences de Nissan –, la direction a fait appel aux services des psychologues du travail du Conservatoire national des arts et métiers (CNAM). Un dispositif appelé « dialogue sur la qualité du travail » a été mis en place à l’échelle des unités de production, impliquant des opérateurs référents et une instance de pilotage. « On a pu constater des effets positifs sur la santé, l’absentéisme et l’efficacité en bout de chaîne là où le dispositif fonctionne », explique Jean-Yves Bonnefond, enseignant-chercheur à la chaire de psychologie du travail du CNAM.
Flins est-elle encore une usine Renault ? Mathématiquement, la réponse est non. Sur les 200 000 véhicules censés être produits à l’horizon 2018 (contre 160 000 en 2016), 132 000 seront des Nissan Micra. Les deux tiers. « Est-ce qu’il y a un problème de perte d’identité ? On s’est posé cette question », explique Olivier Talabard. Mais, assure-t-il, « personne [dans l’usine] ne m’a interpellé là-dessus ». « Il n’y a pas de nostalgie, renchérit Franck Daout, délégué central CFDT du groupe Renault. Il y a même une fierté d’avoir été choisi. Et puis la Micra à Flins, c’est d’abord une bonne nouvelle pour le site, sans compter que les salariés ont maintenant pris conscience de la réalité concrète de l’Alliance. »
« Au niveau des salariés de l’usine, ce n’est pas un sujet de discussion, expliquait à l’AFP Olivier Augustin, délégué CGT au comité d’entreprise. Pour nous, c’est une voiture supplémentaire, qu’elle porte le logo Renault ou Nissan. » A la CGT, on aurait plutôt tendance à dénoncer la dégradation des conditions de travail et le recours massif à l’intérim et à quelque 300 sociétés prestataires de services. « Sur les 2 378 salariés de l’usine, 80 % sont des intérimaires, tempête Fabien Gache, délégué central CGT. C’est hallucinant que cela ne choque personne. » Les syndicalistes rappellent aussi que l’usine assemblait encore près de 400 000 voitures par an en 2007. Les Twingo sont désormais montées en Slovénie, et les Clio en partie en Turquie.
Voiture ultratechnologique
L’avenir de Flins, ce sont donc ces 2 000 premières nouvelles Nissan Micra qui, en cet après-midi de février 2016, attendent au soleil d’hiver de partir en concession. Nissan, qui a choisi le site français pour se rapprocher de ses clients européens et parce que l’énorme usine Nissan de Sunderland (Royaume-Uni) tourne à plein, compte sur ce modèle pour se relancer en Europe et plus spécifiquement en France.
L’allié de Renault a vendu 79 200 véhicules en 2016 dans l’Hexagone (– 2,7 %) et vise 85 000 ventes cette année grâce notamment à cette fameuse Micra qui joue la carte de la voiture ultratechnologique. « Plus grande, plus connectée, un peu plus chère aussi. Par rapport à la précédente, on a tout changé sauf le nom », explique Bernard Loire, directeur général de Nissan Europe de l’Ouest. La Micra ambitionne d’entrer dans le « top 10 » français d’un segment très disputé et dominé par… la Clio, sa voisine sur la chaîne de montage.
Éric Béziat
L’EXPRESS – 10/02/2017
Vins et spiritueux: nouveau record pour les exportations françaises
Ventes de champagne dans un magasin de New York le 29 août 2016.
Avec un montant qui avoisine les 4 milliards d’euros, les spiritueux représentent un tiers du montant total des exportations françaises.
Les exportations françaises de vins et spiritueux ont enregistré en 2016 un nouveau record, améliorant légèrement le niveau « historique » de l’année précédente, avec un montant de 11,9 milliards d’euros, a annoncé ce jeudi la Fédération des exportateurs (FEVS).
Cette performance, en hausse de 1,2%, repose principalement sur les spiritueux (+5,2% en valeur) et notamment sur le cognac, dont les exportations ont atteint un niveau record, tant en volume (+5,5%) qu’en valeur (+6,5%). Avec un montant qui avoisine les 4 milliards d’euros, les spiritueux représentent un tiers du montant total des exportations.
Un « dynamisme » salué
La performance globale des alcools français leur permet de conforter leur rang de deuxième poste excédentaire de la balance commerciale de la France, derrière l’aéronautique. « La parité euro/dollar est restée assez favorable à nos exportations », a commenté devant la presse le président de la fédération Christophe Navarre, qui a loué le « dynamisme » des spiritueux.
A l’inverse, il a déploré les difficultés rencontrées au Royaume-Uni, deuxième marché à l’export, dues à la livre sterling qui, dans la foulée du Brexit, a « dévissé et pénalisé nos exportations en Angleterre » (-8%). Cet « effet livre » a pénalisé en premier lieu les vins, qui marquent le pas, à 7,9 milliards d’euros de chiffre d’affaires dans le monde (-0,8%), après une forte augmentation l’an dernier.
LES ECHOS – 10/02/2017
Nucléaire : incident à la centrale de Flamanville
Le bâtiment a subi un départ d’incendie dans une zone non nucléaire.
L’incident, non classé par l’ASN, n’a pas eu d’impact sur la sûreté nucléaire.
« Un incident industriel banal dans un site industriel qui ne l’est pas. » C’est ainsi que le préfet de la Manche, Jacques Witkowski, a qualifié l’incident qui s’est produit jeudi dans la centrale nucléaire de Flamanville. « Une pièce mécanique a chauffé et provoqué un début d’incendie dans une zone non nucléaire de la centrale », explique-t-on chez EDF. « Ce départ de feu a été très vite maîtrisé, il n’y a eu aucune conséquence sur la sûreté nucléaire ni sur l’environnement. » Cinq personnes ont été légèrement incommodées par des dégagements de fumée.
Alors que la préfecture a suscité une certaine inquiétude en utilisant au départ le terme d’ « explosion », EDF affirme qu’ « il n’y a pas eu d’explosion, mais une détonation », poursuit le porte-parole. Selon l’Autorité de sûreté nucléaire, l’incident n’est pas de nature à être classé parmi ceux qu’elle répertorie. « Nous demanderons à EDF une analyse complète des causes et des conséquences de cet événement », indique un porte-parole aux « Echos ».
L’incident s’est produit dans le réacteur 1 de la centrale, dont la production a été arrêtée. Flamanville compte deux réacteurs habituellement en fonctionnement et, surtout, le chantier de l’EPR, qui fait régulièrement parler de lui pour ses retards et ses surcoûts. Le redémarrage est prévu le 16 février par le gestionnaire de réseau RTE, mais il faudra attendre d’avoir les résultats de l’analyse en cours sur l’incident pour avoir une date très précise.
Les ONG environnementales ont aussitôt réagi. Greenpeace a pointé « le contexte de dégradation grave des réacteurs français » et rappelé que deux incendies récents ont eu lieu sur la centrale de Cattenom, en Moselle. Des incidents survenus eux aussi hors zones nucléaires, donc eux aussi non classés.
« Contexte préoccupant »
L’ASN a jugé dans son dernier rapport sur 2015 que la sûreté d’exploitation des installations s’est « maintenue à un bon niveau ». Cette année-là, 1.039 événements significatifs lui ont été déclarés, dont 938 classés sur l’échelle Ines qui compte sept niveaux (848 de niveau 0, 89 de niveau 1, 1 de niveau 2). Le gendarme du nucléaire ne s’en est pas moins alarmé « d’un contexte préoccupant, porteur d’inquiétude pour l’avenir », compte tenu de la santé financière des acteurs de la filière. Depuis la publication de ce rapport, après les falsifications découvertes à l’usine d’Areva au Creusot, l’ASN a demandé l’arrêt pour contrôle de plusieurs réacteurs nucléaires, dont la plupart ont déjà redémarré.
Vidéo : Faut-il se méfier de la sécurité de notre parc nucléaire ? http://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/0211789226572-nucleaire-incident-a-la-centrale-de-flamanville-2063953.php
Anne Feitz et Philippe Legueltel
LE FIGARO – 10/02/2017
Total fait mieux que ses grands concurrents
En 2016, face à un environnement dégradé, la compagnie française a été l’une des plus rentables du secteur.
«Ce qu’on contrôle, on le contrôle bien.» Cette phrase, Patrick Pouyanné l’a martelée à l’envi à l’occasion de la présentation des comptes de Total pour 2016. Le PDG de la compagnie pétrolière française a affiché sa satisfaction, alors que le secteur affronte un environnement très contrasté: l’année dernière, le baril a chuté à 44 dollars en moyenne (contre 55 dollars en 2015, soit une baisse de 16%), tandis que les prix du gaz ont dégringolé de 25%.
Face à cette dégradation, Total a beaucoup mieux résisté que les autres majors de l’or noir: son résultat net ajusté, l’indicateur le plus regardé par les investisseurs, s’est élevé à 8,3 milliards de dollars, ce qui lui permet de dépasser à la fois Shell (7,2 milliards), BP (2,6 milliards) et Chevron (1,8 milliard). Seul ExxonMobil, le numéro un incontesté du secteur, fait mieux avec 8,9 milliards.
De son côté, porté par des dépréciations moindres qu’en 2015, le résultat net a bondi de 22% à 6,2 milliards de dollars. Une performance appréciée par les marchés: jeudi, à la Bourse de Paris, l’action Total a clôturé en hausse de 1,27%, à 47,42 euros.
Limitation des coûts
Pour expliquer cette «solidité des fondamentaux», Patrick Pouyanné avance plusieurs éléments: la hausse de la production – 4,5% en 2016, à 2,45 millions de barils équivalent pétrole par jour (mbep/j) – en fait partie. Elle se conjugue à une très bonne tenue des activités aval (raffinage, chimie, stations-service…) qui ont contribué au résultat à hauteur de 5,8 milliards d’euros. Mais surtout, Total a fait preuve d’une très grande discipline de coûts, une orientation assignée par le dirigeant dès sa prise de fonction à l’automne 2014. «Sur les deux dernières années, nous avons réussi à économiser 3 milliards de dollars», s’est-il félicité. Cette exigence est toujours à l’ordre du jour: Total prévoit 500 millions de dollars d’économies supplémentaires pour 2017, et un montant cumulé de 4 milliards en 2018.
Ce resserrement des coûts a permis d’abaisser le seuil de rentabilité des grands projets dans l’amont (exploration production), avec un point mort qui tourne désormais autour de 40 dollars avant versement du dividende et 50 dollars après. Pour certains chantiers, l’effort budgétaire s’est révélé spectaculaire, avec une diminution des devis pouvant aller jusqu’à 30%. Au passage, cela contraint les fournisseurs de Total à faire de gros efforts sur le montant de leurs équipements et/ou de leurs prestations. La pression devrait d’autant moins se relâcher que le groupe doit étudier pas moins de dix projets d’envergure au cours des dix-huit prochains mois.
Cela concerne en particulier le Brésil, un pays devenu hautement stratégique après la conclusion d’un accord avec la compagnie nationale Petrobras sur l’exploitation de plusieurs champs. L’Iran aussi rentre dans ce cadre mais Patrick Pouyanné a prévenu que les dossiers ne seraient examinés qu’à la condition de la traduction de l’accord diplomatique de l’été 2015 – impliquant la levée de plusieurs sanctions.
Pour 2017, Total se livre à une analyse prudente du marché pétrolier. Certes, le baril est reparti à la hausse et semble durablement installé au-dessus de la barre des 50 dollars, mais il reste à voir dans quelle mesure l’accord entre l’Opep et les pays non Opep sur une réduction des livraisons de 1,8 mbj sera respecté. Par ailleurs, les stocks sont supérieurs de 10% à la moyenne. Enfin, la reprise de la production américaine de pétrole et gaz de schiste pourrait elle aussi jouer sur les cours. «Nous évoluons aujourd’hui dans un univers de très forte volatilité, ce qui rend difficile le pilotage d’une compagnie pétrolière», souligne Patrick Pouyanné. Ce qui n’empêche pas qu’il tient bien la barre.
TOTAL, UNE MAJOR EN BONNE FORME
- 149,7 milliards de dollars de chiffre d’affaires (-9%)
- 8,3 milliards de dollars de résultat net ajusté (-21%)
- 2,45 millions de barils équivalent pétrolepar jour (Mbep/j) produits (+4,5). Pour 2017, l’augmentation de la production devrait être inférieure à 4%
::: SOCIAL
FRANCEINFO – 10/02/2017
Pénurie d’eau à Mayotte : Le MEDEF propose des solutions à la ministre des Outre-mer
Thierry GALARME, Président du MEDEF Mayotte
Le président du MEDEF Mayotte, Thierry Galarme, a écrit, le 8 février 2017, à la ministre des Outre-mer, Ericka Bareigts, pour lui proposer des solutions à la crise préoccupante de pénurie d’eau ,telles que des unités mobiles de traitement d’eau.
Thierry Galarme souligne que le problème de la pénurie d’eau monte en puissance au niveau social (ravitaillement en eau potable de la population et des écoles), ainsi qu’au niveau économique (paralysie des secteurs de BTP et de l’hôtellerie).
Le MEDEF Mayotte suggère, parmi les solutions économiques, sans toutefois la privilégier, l’autorisation par l’Etat du recours massif au chômage technique, ce qui aura un coût élevé pour les fonds publics en pure perte…
Le MEDEF demande à la ministre Ericka Bareigts de privilégier une politique plus volontariste qui éviterait le chômage tout en réglant le problème social de la population.
Il propose, pour cela, des unités de traitement de l’eau de mer ou autre pour la rendre potable. Cette technique est parfaitement maîtrisée par Veolia, précise Thierry Galarme. http://technomaps.veoliawatertechnologies.com/traitement-eau-industriell… « Suez environnement présent à Mayotte, au travers de la Star qui gère le traitement des déchets est capable de déployer dans des délais très rapides des unités du même type à plus faible débit mais de nature à tout de même apporter des solutions. J’ai vu le directeur de cette entreprise hier, il me dit avoir fait des propositions au Préfet de Mayotte et qu’il peut activer une solution disponible en 48 heures. Nous tenons donc une solution viable pour surmonter cette crise. », déclare Thierry Galarme.
Ericka BAREIGTS, ministre des Outre-Mer
Le Medef Mayotte met en garde contre les conséquences désastreuses de cette situation si elle perdure : le système actuel des tours en alimentation en eau dans le sud (deux jours de coupure pour un jour d’alimentation en eau) risque de s’étendre au nord de l’île.
« La limitation de l’eau aux rampes d’eau dans les villages est un scénario digne du tiers monde. Ce scénario fait redouter des émeutes dignes des événements de 2011(lors de la grève de 40 jours contre la vie chère), des actes de délinquance, des trafics en tous genres, voire « une guerre de l’eau » comme vous pouvez l’imaginer. », ajoute encore Thierry Galarme.
Il explique également que la pénurie d’eau entraînant la consommation d’eau stockée jusque 48h à 72h voire de l’eau puisée dans les cours d’eau sans précaution d’hygiène entraîne des risques sanitaires majeurs dont des maladies dignes du tiers-monde.
« L’urgence fait basculer le sujet en compétence Etat pour éviter une situation de catastrophe humanitaire. Je pense en clair que pour une fois que nous avons une solution concrète à un problème, nous devons la mettre en œuvre pour éviter de faire de Mayotte un petit Haïti sinistré. », insiste Thierry Galarme.
Selon le Medef, l’Etat devrait positionner les forces de l’ordre pour sécuriser les rampes d’eau, ce qui implique de mobiliser quasiment toutes les forces de l’ordre disponibles sur cette action les démobilisant de la lutte contre la délinquance.
Emmanuel TUSEVO DIASAMVU
::: POLITIQUE
LE FIGARO – 10/02/2017
Travailleurs indépendants: une thématique au cœur de la présidentielle
Si tous les candidats plaident a minima pour une réforme de la protection sociale des indépendants, leurs différences s’expriment sur leur vision de l’économie collaborative.
En parallèle de la question du revenu universel, les nouvelles formes d’emploi et le travail des indépendants se sont imposés au cœur du débat présidentiel. Si tous les candidats plaident a minima pour une réforme de la protection sociale des indépendants, leurs différences s’expriment sur leur vision de l’économie collaborative. Quand François Fillon et Emmanuel Macron entendent sécuriser le statut des travailleurs indépendants pour permettre le développement de ce secteur, Benoît Hamon se pose en protecteur des collaborateurs qu’il promet de requalifier en salariés.
Ce n’est pas, pour l’instant, le sujet de Marine Le Pen, la présidente du FN, en tête des sondages. Virulente contemptrice depuis des années du RSI, elle concentre ses propositions sur le volet de la protection sociale. Elle promet ainsi «qu’une fois au pouvoir» elle mettra en place un «bouclier social» pour les indépendants et organisera des «assises» pour «refondre complètement» le RSI.
François Fillon défend lui une vision plus large du travail indépendant. Il veut en faire son fer de lance contre le chômage et se fixe l’objectif d’un million d’indépendants en plus en cinq ans. L’ex-premier ministre veut assouplir au maximum le statut des microentrepreneurs (nouvelle appellation des autoentrepreneurs) et instaurer en contrepartie pour les artisans et commerçants une franchise de TVA, de même niveau que les nouveaux seuils de chiffre d’affaires des autoentrepreneurs.
Sur le volet protection sociale, François Fillon propose de remplacer le RSI par une caisse des indépendants qui aurait le monopole du calcul, de la collecte et de la gestion des cotisations, responsabilité aujourd’hui partagée entre le RSI et les Urssaf.
Statut social unique
Emmanuel Macron va un cran plus loin dans l’élaboration d’un nouveau statut de l’indépendant. Il propose, sans donner de précision, d’étendre la couverture chômage aux salariés qui démissionnent mais aussi aux artisans, indépendants, professions libérales et entrepreneurs. Le candidat d’En marche! a également inscrit à son programme «une baisse des charges» pour les indépendants. La encore, ni le périmètre ni le montant de la baisse n’est connu. L’ancien ministre de l’Économie plaide enfin pour la suppression du RSI et la création d’«un guichet pour les indépendants au sein du régime général».
Benoît Hamon, le vainqueur de la primaire de la gauche, défend une vision relativement proche: suppression du RSI «qui ne fonctionne pas» et mise en place d’un «statut social unique» de l’actif. «Je rendrai ce statut plus protecteur selon le degré de vulnérabilité des actifs, à partir du socle commun du droit du travail et de la protection sociale», a détaillé fin janvier le député des Yvelines sur RTL.
La ressemblance avec le projet d’Emmanuel Macron s’arrête là. La création de ce statut social unique s’accompagnera en effet d’un vaste effort pour vérifier que les personnes travaillant sous statut d’indépendant pour les plateformes de services (Uber, Deliveroo…) ne sont pas des salariés déguisés. Quant à Jean-Luc Mélenchon, le leader de La France insoumise, il promet également de laisser les indépendants s’affilier au régime général.
«Nous sommes encore au milieu du gué. Certains candidats proposent une forme de replâtrage, d’autres vont vers le rattachement au régime général que nous préconisons, mais sans donner le montant des cotisations», indique Marc Sanchez, le secrétaire général du Syndicat des indépendants.
Quant à François Hurel, le président de l’Union des autoentrepreneurs, il estime que le prochain gouvernement disposera de deux leviers pour favoriser le travail indépendant: «La lutte contre les requalifications des collaborateurs en salariés qui créent de l’insécurité et la mise en place d’un terreau juridique favorable à la création de réseaux de travailleurs indépendants.»
LE PARISIEN – 10/02/2017
Présidentielle : le duo Hamon-Jadot, c’est pas (encore) gagné
Benoît Hamon doit verdir un peu son projet pour rendre possible un retrait du candidat écolo à son profit.
Yannick Jadot soumettra les propositions d’alliance au vote des 17 000 participants de la primaire.
De nombreux écueils peuvent empêcher le rapprochement — voulu — entre les candidats socialiste et écologiste.
Et maintenant, la négociation avec Yannick Jadot. Alors que Benoît Hamon met la dernière main à son organigramme de campagne, la recherche d’un accord avec les écologistes, entre elle aussi, dans sa phase finale. Côté Verts, on n’attendait que ça. « Si le rassemblement est possible, organisons-nous. Sinon, on laisse tomber », lance Julien Bayou, le porte-parole d’EELV. Preuve de l’impatience qui règne dans les rangs écolos, leur presque plus candidat Yannick Jadot s’inquiète : « J’ai le sentiment qu’il y a toute une partie du PS qui ne facilite pas la tâche à Hamon. Ils veulent lui faire payer sa ligne politique. C’est important qu’il ne se fasse pas piéger. » Dans sa ligne de mire, le PS, peu enclin à faire des cadeaux aux écologistes qui ont pilonné le quinquennat Hollande.
Mais ces derniers placent, eux aussi, la barre très haut, bien décidés à vendre chèrement les quelques points dont ils disposent encore dans l’électorat. « Il faut se mettre d’accord sur un projet construit, cohérent », explique Jadot. Dimanche, les équipes des deux candidats ont un premier rendez-vous de travail. L’objectif est de parvenir à verdir un peu plus le projet présidentiel de Benoît Hamon afin de rendre possible un retrait du candidat écolo à son profit.
Les demandes des Verts passent mal
L’ancien secrétaire national d’EELV, Pascal Durand, qui représentera Jadot, prévient : « On ne va pas se contenter de positions de principe, aussi bonnes soient-elles. » Les écolos entendent mettre sur la table une vingtaine de mesures qui leur tiennent à coeur. Ils vont notamment défendre la sortie non seulement progressive mais totale du nucléaire, ainsi que — sur le plan électoral — la proportionnelle intégrale. Parmi les autres doléances : promouvoir le zéro pesticide et l’abandon des « projets inutiles » comme l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et la ligne grande vitesse Lyon-Turin. Des demandes qui seront loin de passer comme une lettre à la poste de la rue de Solferino. « Nous voulons vérifier qu’il y a une concordance, mais nous ne sommes pas dans une logique de lignes rouges », tempère le patron en titre d’EELV, David Cormand.
Mais comme rien n’est jamais simple chez les écolos, tout cela sera soumis à l’approbation des 17 000 votants à la primaire qui a désigné Jadot en novembre. Ainsi en a décidé hier le bureau exécutif d’EELV. Un premier vote par Internet doit avoir lieu en début de semaine prochaine concernant le principe même de la discussion avec l’équipe Hamon. Puis, en cas d’accord, une seconde consultation sera organisée fin février. Deux bonnes occasions pour la base écolo de retoquer le rapprochement avec le PS longtemps honni.
Philippe Martinat et Pauline Théveniaud
L’OPINION – 10/02/2017
Partis politiques: la société civile à la rescousse des candidats
À gauche comme à droite, les états-majors de campagne tentent de faire de la place aux « simples citoyens ». Il ne s’agit plus seulement d’un gadget tant la défiance envers les politiques est forte
« Conseil citoyen » et « 49.3 citoyen » pour Benoît Hamon. Mandat parlementaire impératif pour Jean-Luc Mélenchon. Entrée en masse de simples citoyens à l’Assemblée nationale pour Emmanuel Macron. Irruption en force de la société civile dans l’exécutif pour François Fillon. Les candidats à l’élection présidentielle promettent tous d’aérer la politique en l’ouvrant à ceux qui n’en font pas leur carrière.
La défiance n’a jamais été aussi grande. Selon le baromètre annuel du Cevipof publié mi-janvier, 70 % des personnes sondées estiment que « la démocratie ne fonctionne pas bien en France ». Et seulement 11 % font « confiance » aux partis politiques. Constat accablant. Et si l’élection présidentielle scellait le cercueil de la politique à l’ancienne ?
« Les Français ont envie de s’engager mais plus au sein des partis ou des syndicats », souligne Benjamin Griveaux, porte-parole d’En Marche ! Pour preuve, le foisonnement des associations. « On commence à se rendre compte que les citoyens sont devenus aussi des experts ; 44 % d’une classe d’âge est diplômée. Cela oblige les candidats à se redéfinir par rapport à cette réalité », explique Thierry Mandon, secrétaire d’État à l’Enseignement supérieur et soutien de Benoît Hamon.
Pour les prétendants à l’Élysée, il s’agit simultanément de capter l’énergie de la société civile et de rétablir la confiance. « L’élément fondamental de l’émergence citoyenne, ce sont les réseaux sociaux. Ils abaissent le coût d’entrée la démocratie, poursuit Benjamin Griveaux. Sans eux, jamais on n’aurait pu faire En Marche ! en si peu de temps ». L’un de ceux qui ont le mieux compris le pouvoir des réseaux sociaux, c’est Jean-Luc Mélenchon : 950 000 abonnés sur Twitter, 600 000 sur Facebook, 200 000 sur YouTube… C’est à travers les vidéos sur sa chaîne qu’il interpelle Benoît Hamon. Et c’est sur Facebook live que le candidat socialiste lui répond.
Phase de R&D. François Fillon, lui, compte 75 000 abonnés sur Facebook. En pleine crise, le candidat a assuré qu’il « tiendrait bon » via une vidéo diffusée sur sa page. Même chose pour sa lettre aux Français, publiée mercredi sur le site en même temps que dans Ouest France. Une communication sans intermédiaire. L’ancien PDG de Numéricâble et de Capgemini, Pierre Danon, qui préside le « conseil national de la société civile » de François Fillon, a lancé cette semaine sur Mesopinions.com une pétition de soutien au candidat, signée par 13 000 personnes (400 000 personnes demandent à Pénélope de rembourser dans une autre une pétition).
Pas moins de 500 personnalités ont intégré ce conseil. Une cinquantaine dirigera des pôles thématiques (femmes avec Fillon, sportifs avec Fillon, mid-generation avec Fillon…): des profils variés, comme Murielle Réus, issue de la communication, ou la cofondatrice de Sens commun, Madeleine de Jessey. « Cela permet d’irriguer la campagne électorale dans des milieux professionnels », explique Thierry Solère, porte-parole de François Fillon.
C’était déjà la stratégie adoptée par le candidat lors de la primaire, à travers des groupes de travail. « Pour un même texte, s’il n’y a que la société civile qui s’en charge, ça fait un peu café du commerce ; s’il n’y a que des technos, ça tourne à l’eau tiède ; s’il n’y a que des politiques, la volonté de plaire aux électeurs est trop présente. Les trois réunis forment un bon cocktail », explique Pierre Danon. 70 des 400 mesures du programme Fillon ont été soumises au vote des internautes. Quelque 600 000 personnes y ont participé. « Cela a été très utile pendant la primaire. Maintenant, on est dans une phase opérationnelle, on n’est plus dans une phase de R & D », concède un membre de la campagne. Il n’empêche, en cas de victoire, François Fillon a promis un gouvernement dont la moitié des membres sera issue de la société civile. Audacieux.
De son côté, au-delà de l’élaboration de son programme, Benoît Hamon veut poursuivre pendant sa campagne les échanges avec les citoyens. « Nous allons réunir un conseil citoyen. Ce sera une chambre représentative de la société civile dans ses différentes composantes (âge, appartenance professionnelle, etc.). Elle permettra de tester des idées et d’enrichir les propositions », explique Nicolas Matyjasik, coresponsable du projet présidentiel. « L’ascenseur social est en panne. La parole des élites n’est plus prescriptive. Aujourd’hui, le mouvement politique n’est plus seulement descendant, il est aussi du bas vers le haut », analyse aussi un proche du candidat.
Elites omniscientes. Dans l’organigramme qui sera dévoilé samedi, des représentants de syndicats, d’associations ou encore des intellectuels figureront en bonne place. Jean-Marc Germain, qui dirige la campagne avec Mathieu Hanotin, imagine déjà un débat sur une chaîne d’info entre Éric Woerth, en charge du projet Fillon, et un membre d’une association pour représenter le candidat du PS : « Il faut des gens qui parlent comme tout le monde ». « Quand les sept candidats de la primaire de droite débattaient du CICE, vous pensez que ça parlait aux gens ? », renchérit Nicolas Matyjasik. Sur le fond, il y a la volonté de Benoît Hamon de ne pas apparaître comme un homme providentiel. « Les élites omniscientes, inamovibles, incontestables, ce n’est plus notre manière de faire de la politique », poursuit Nicolas Matyjasik.
Pour Emmanuel Macron, le renouvellement passe par sa volonté de réserver la moitié des 577 circonscriptions législatives à de simples citoyens. « Lorsque vous créez une start-up dans les Quartiers nord de Marseille, vous faites de la politique, presque plus que le député du quartier ! », souligne Benjamin Grivaud. Plusieurs milliers de candidats potentiels se sont déjà fait connaître. « C’est donner l’illusion que chacun peut être candidat car les critères de sélection sont évanescents. Surtout, comment Emmanuel Macron veut-il donner la parole aux citoyens quand son mouvement est si pyramidal ? », s’interroge Thierry Mandon. « On assume que la sélection se passe à Paris à travers une commission, rétorque Benjamin Grivaud. Pour faire émerger la société civile, installer la parité, il faut une action volontariste ».
Dans les faits, l’intégration de la société civile à la classe politique n’a rien d’évident. « À droite, on a toujours été habitué à aligner les élus plus qu’à compter sur des membres de la société civile. Ils ne cohabitent pas, ce sont des campagnes parallèles », résume Thierry Solère. Pourtant, dans tous les états-majors, on sait que la question de la confiance des citoyens structure cette présidentielle.
Jean-Jérôme Bertolus et Caroline Vigoureux
::: INTERNATIONAL
LE MONDE – 10/02/2017
Après le Brexit, Londres lance la contre-attaque
Le maire de la capitale britannique, Sadiq Khan, annonce une tournée commerciale dans cinq villes européennes. Il sera accompagné d’une large délégation d’entreprises.
Depuis le vote en faveur du Brexit, les capitales européennes se sont lancées dans une vaste bataille pour tenter de récupérer des emplois pour le moment implantés à Londres. Lundi 6 février, une délégation parisienne, menée par Valérie Pécresse, la présidente de la région Ile-de-France (Les Républicains), est venue vanter les atouts de la capitale française.
Quelques jours plus tôt, Francfort organisait une réception pour une vingtaine de grandes banques internationales. Dublin, Luxembourg, Madrid ou encore Lisbonne ont également lancé des campagnes de promotion.
Mercredi, Sadiq Khan a lancé la contre-attaque. Le maire de Londres a annoncé qu’il va réaliser une tournée de cinq capitales européennes fin mars : Berlin, Bruxelles, Paris, Madrid et Varsovie. Il sera accompagné d’une large délégation d’entreprises, constituée essentiellement de start-up prometteuses, qui espèrent trouver de nouveaux débouchés. « Je vais porter à nos partenaires européens ce message vital que Londres est ouvert », a expliqué M. Khan, devant un parterre de cent cinquante chefs d’entreprise.
Porte-parole des anti-Brexit
Depuis le référendum, le maire de Londres s’est fait le porte-parole des anti-Brexit. Il faut dire que la ville a voté à 60 % pour rester dans l’Union européenne (UE). Mercredi soir, il ne cachait pas sa déception, car au moment où il prononçait son discours, la Chambre des communes votait à une immense majorité (494 voix contre 122) pour autoriser le déclenchement de l’article 50 du traité de Lisbonne, qui débutera officiellement les négociations pour le retrait du Royaume-Uni de l’UE.
- Khan reconnaît que cette situation soulève de très nombreuses questions pour les entreprises. « En ces temps de grande incertitude, avec le Brexit qui domine tout, je ferai tout pour vous défendre », a-t-il lancé aux entrepreneurs. Il travaille sur l’idée d’instaurer un permis de travail uniquement pour Londres, milite pour conserver d’importants flux migratoires et pour accorder aux Européens déjà présents sur place un permis de résidence automatique.
Dans la salle pourtant, l’inquiétude est évidente. Certes, ces chefs d’entreprise ont été soigneusement sélectionnés et sont à la tête de sociétés qui vont bien. Depuis le vote en faveur du Brexit, tous disent que leurs affaires n’ont pas ralenti. Mais aucun ne montre le moindre enthousiasme pour la sortie de l’UE. Leur principal souci : ne pas réduire les flux migratoires.
Inquiétude des entreprises
Husayn Kassai dirige Onfido, une société qui s’occupe de vérifier sur Internet l’identité de personnes (par exemple sur Blablacar d’un passager souhaitant partager un covoiturage). A 27 ans, il a 145 salariés de 44 nationalités différentes. « La vraie question concerne l’immigration, explique cet enfant de Manchester, né d’un père iranien et d’une mère britannique. Londres est cette ville ouverte, où tout le monde est le bienvenu. Le Brexit a cassé cet élan. »
Sandra Sassow partage la même inquiétude. Sa société, Seab Energy, fabrique des machines qui transforment en électricité les déchets alimentaires. Elle est française, son mari est américain, et la moitié de ses 21 employés sont européens. « On vient de signer un très gros contrat en Inde et nous devons doubler notre main-d’œuvre. Mais depuis le Brexit, je reçois beaucoup moins de CV d’Européens qu’auparavant. » Certains de ses salariés espagnols envisagent même de partir. « Ils sont venus parce qu’ils étaient beaucoup mieux payés qu’en Espagne, mais avec la baisse de la livre sterling, cet avantage, converti en euros, a disparu. »
Mme Sassow raconte aussi que les investisseurs posent désormais beaucoup plus de questions qu’avant. « Ils me demandent quels sont mes plans de rechange, ce que je ferais en fonction de l’évolution des négociations du Brexit. »
Certaines entreprises ont aussi décidé d’ajuster leur stratégie. C’est le cas de Rocketseed, une société de vingt-cinq salariés, qui a développé une technologie permettant de suivre les e-mails envoyés (notamment pour savoir si ceux-ci ont été lus). « On s’est dit qu’il y aurait trop d’incertitudes concernant les relations avec l’Europe, alors on a décidé de concentrer notre croissance sur les Etats-Unis », explique Damian Hamp-Adams, son patron.
LES ECHOS – 10/02/2017
Les pays Baltes, nouvelle terre d’exil pour les start-up
La TechChill Riga réunit cette semaine, dans la capitale lettone, les startuppeurs des trois pays Baltes.
Pour dynamiser leur écosystème, la Lettonie, l’Estonie et la Lituanie viennent de prendre des mesures, dont des exemptions fiscales et l’accueil simplifié de personnes originaires de pays non membres de l’Union européenne.
La concurrence entre l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie ne s’arrête pas au seuil des start-up, au contraire. Chacune des Républiques baltes vient de prendre des mesures pour attirer à elle des entrepreneurs originaires de pays non membres de l’Union européenne (UE) et promouvoir la scène locale des jeunes pousses en devenir. Une nécessité pour ces Etats aux populations rapidement décroissantes, qui comptent moins de sept millions d’habitants pour l’ensemble des pays. « Plutôt que d’investir dans des usines, les gouvernements commencent à reconnaître le pouvoir de petites équipes ingénieuses », constate Ernests Stals, cofondateur de TechChill Riga, le principal rendez-vous balte des start-up, qui se termine ce vendredi dans la capitale lettonne. L’occasion de passer en revue les mesures adoptées dans ces pays entrés dans l’UE en 2004.
À noter : Lors de l’événement TechChill Riga, un concours de pitchs est organisé, dont le vainqueur se verra offrir un voyage dans la Silicon Valley pour rencontrer des investisseurs.
Lettonie : exemption de charges
Honneur à l’hôte de la sixième édition de TechChill Riga, la Lettonie. Depuis le 1er janvier de cette année, toute start-up âgée de moins de cinq ans et dans laquelle au moins 30.000 euros de capital-risque ont été investis (mais pas plus de 200.000 euros) peut, sous certaines conditions, obtenir une aide financière de l’Etat pendant cinq ans. Il s’agit avant tout d’exemptions de charges sociales et de déductions fiscales. La start-up ne doit payer qu’un montant fixe de 252 euros de charges par employé. Si cette personne gagne plus de 4.050 euros par mois, une taxe est due sur l’excédent. De plus, la Lettonie (2 millions d’habitants) est en train d’assouplir sa législation sur l’immigration des spécialistes IT originaires de pays non membres de l’UE, notamment pour épauler les pépites tech du cru.
111 millions d’euros
Le montant total levé par la start-up BitBury spécialisée dans le bitcoin.
Lituanie : visas facilités
Les talents étrangers sont au cœur du dispositif entré en vigueur depuis janvier en Lituanie (3 millions d’habitants). Le régime « visa start-up » permet à des fondateurs de start-up originaires de pays hors UE (ainsi qu’aux membres de leur famille) d’obtenir des permis de résidence temporaire de manière accélérée. Les demandes sont passées au crible par un jury d’investisseurs et de membres de Startup Lithuania, l’agence chargée du secteur dans ce pays. Plusieurs dizaines de demandes, assure-t-on. Une tournée sera organisée ce printemps en Biélorussie, en Ukraine et en Russie pour promouvoir le nouveau régime.
341.000 euros
C’est le montant total injecté par des investisseurs étrangers en capital-risque, en Lettonie en 2012.
Estonie : recrutements IT
La plus nordique des trois, l’Estonie (1,3 million d’habitants) n’est pas en reste, elle qui passe pourtant pour une terre fertile en start-up (Skype y a été créé, entre autres). Depuis janvier, un programme également baptisé « startup visa » est opérationnel, dans le même but qu’en Lituanie. Valide pendant 18 mois, il permet ensuite de demander un permis de résidence de cinq ans renouvelable. Plus besoin d’investir les 65.000 euros exigés auparavant. Il faut toutefois justifier d’économies correspondant à 130 euros par mois. De plus, le gouvernement a exempté 339 jeunes pousses locales de certaines obligations, ce qui leur permettra d’embaucher plus facilement des experts de pays non membres de l’UE, alors que le pays manque de milliers de spécialistes IT et que les investissements dans les start-up locales ont baissé de plus d’un tiers entre 2015 et 2016.
100 millions d’euros
Les start-up estionniennes ont connu une année record en 2015 avec un total de fonds levés jamais égalé.
Antoine Jacob
LE FIGARO – 10/02/2017
Décret anti-immigration : Donald Trump perd la deuxième manche
VIDÉO – La Cour d’appel de San Francisco a maintenu jeudi soir la suspension du décret présidentiel visant les réfugiés et les ressortissants de sept pays musulmans.
Donald Trump a perdu jeudi soir la deuxième manche de la bataille judiciaire engagée contre son décret limitant l’entrée aux États-Unis de certaines catégories d’étrangers. Dans une décision unanime de 29 pages, assez sévère pour son administration, trois magistrats de la Cour d’appel de San Francisco ont refusé d’annuler l’ordre de suspension qui avait été décrété pour l’ensemble du pays vendredi dernier par un juge de Seattle. Les réfugiés dont le statut avait été approuvé par les autorités d’immigration et les titulaires de visas américains dans les sept pays visés (1) peuvent donc continuer pour l’instant à se rendre aux Etats-Unis.
Quelques minutes après la publication du jugement, Donald Trump a tweeté «On se voit au tribunal, la sécurité de notre pays est en jeu!», indiquant son intention de contester la décision devant la Cour suprême.
Celle-ci a pour tradition d’accorder de larges pouvoirs à l’exécutif dans des domaines tels que l’immigration. Mais elle n’est pas obligée de se saisir d’une affaire et, actuellement limitée à huit membres, (quatre «libéraux» et quatre «conservateurs») se trouve à la merci d’un blocage. Si aucune majorité de cinq juges ne se dégage, sur la saisine ou sur le fond, la Cour fédérale du 9e Circuit gardera le dernier mot.
«Nous gagnerons à la fin, très facilement», a assuré le président depuis le Bureau ovale. La veille, il avait déploré la «politisation» du système judiciaire américain, dans lequel les juges fédéraux sont nommés par le président et confirmés par le Sénat. Lui-même vient de choisir un magistrat solidement conservateur pour occuper le 9e siège vacant à la Cour suprême. C’est aussi un républicain, James Robart, désigné par Bush, qui avait suspendu l’application de son décret en première instance. Et c’est par consensus que les trois juges d’appel (nommés par Carter, Bush et Obama) ont confirmé cette décision jeudi.
«Requête d’urgence»
La Cour fédérale ne se prononçait pas sur la légalité de l’ordonnance présidentielle, mais sur l’opportunité de mettre fin à sa suspension dans l’attente d’un jugement au fond. Elle a cependant balayé un large éventail d’arguments juridiques, au détriment du gouvernement. «Nous considérons qu'(il) n’a pas démontré ses chances de l’emporter sur le fond, ni qu’une levée de la suspension causerait un dommage irréparable», écrivent les juges pour justifier le rejet de la «requête d’urgence» déposée par le ministère de la Justice.
L’Administration Trump est déboutée sur son assertion selon laquelle l’autorité présidentielle en matière d’immigration échapperait entièrement au contrôle des tribunaux. Elle est critiquée pour n’avoir pas démontré en quoi le retour à la situation d’avant le décret provoquerait une insécurité inédite. Elle perd sur le terrain du 5e amendement en privant certains individus des protections légales auxquelles ont droit «toutes les personnes se trouvant aux États-Unis, y compris les étrangers dont la présence est légale ou illégale, temporaire ou permanente». Cette jurisprudence s’étend à certains voyageurs étrangers empêchés de revenir légalement dans le pays.
Vingt États et une centaine d’entreprises de la Silicon Valley avaient déposé devant la Cour des motions de soutien à la démarche amorcée par l’État de Washington et le Minnesotta. Dans leur dernier considérant, les juges d’appel soulignent que «des aspects de l’intérêt public jouent en faveur des deux parties. D’un côté, le public a un intérêt puissant dans la sécurité nationale et la capacité d’un président élu de mettre en œuvre des politiques. De l’autre, le public a aussi intérêt à bénéficier de la liberté de voyager, à éviter la séparation des familles et à être épargné par la discrimination. Nous n’avons pas à caractériser l’intérêt public de manière plus nette. Ces intérêts publics concurrents ne justifient pas de surseoir» à la suspension du décret.
(1)Iran, Irak, Libye, Somalie, Soudan, Syrie, Yémen.
Vous souhaitant une bonne journée et un agréable week-end.
Cordialement,
Elena NATALITCH
Service Presse, Communication / Formation
251, bd Pereire – 75852 PARIS Cedex 17
Tél. : 01 40 55 12 43
Fax : 01 40 55 12 40