::: ILE-DE-FRANCE
LE PROGRES – 16/02/2017
Le préfet d’Auvergne-Rhône-Alpes nommé préfet d’Île-de-France
Michel Delpuech, ancien préfet d’Auvergne-Rhône-Alpes a été nommé préfet d’Île-de-France, mercredi 15 février, en Conseil des ministres. Le préfet des Pays de la Loire le remplacera.
La rumeur a été confirmée. Michel Delpuech, ancien préfet d’Auvergne-Rhône-Alpes a été nommé préfet d’Île-de-France. Il prendra ses nouvelles fonctions à partir du 27 février 2017.
C’est le préfet des Pays de la Loire, Henri-Michel Comet, qui le remplacera, à partir du 6 mars 2017.
Quel rôle pour le préfet ?
Le préfet reste le « dépositaire de l’autorité de l’État dans le département », indique le site vie-publique.fr.
- Responsable de l’ordre public : il détient des pouvoirs de police qui font de lui une « autorité de police administrative ».
- Représentant direct du Premier ministre et de chaque ministre dans le département. Il met en œuvre les politiques gouvernementales de développement et d’aménagement du territoire à l’échelle du département.
Marc Taubert
BFM – 16/02/2017
Île-de-France: l’activité économique reprend des couleurs
Ces trois derniers mois, les planètes semblent alignées au-dessus de la région Île-de-France, dont l’activité économique présente tous les symptômes de la reprise.
Depuis trois mois, l’activité économique en Île-de-France semble retrouver un nouveau souffle. Après une difficile année 2016, notamment marquée par la baisse de l’activité touristique, la région surfe sur une dynamique. En effet, les principaux indicateurs témoignant d’une bonne santé économique sont au vert, à commencer par l’augmentation de 15% du chiffre d’affaires des entreprises en moyenne sur trois mois, selon un communique du préfet de Paris.
Une progression générale qui touche l’ensemble des secteurs d’activité (industrie manufacturière, BTP, transport…). Le climat des affaires enregistre lui aussi une forte hausse et retrouve un niveau jamais atteint depuis 2011 dans la région. Même son de cloche pour les projets d’investissement et les crédits qui augmentent de 4%, d’après la Banque de France. Sur le front de l’emploi, les bons chiffres de l’activité ont permis une hausse des embauches à hauteur de 6,4% en CDI et 3,3% en CDD. Les demandes de chômage partiel, elles, sont en net recul de 20% sur l’année 2016.
Enfin, le tourisme reprend lui aussi des couleurs. En témoigne le secteur de l’hôtellerie et de la restauration, très touché par les attentats en 2015 et 2016, et qui connaissent une amélioration. Si la reprise du secteur est surtout perceptible en province, le nombre de nuitées enregistrées en Île-de-France a tout de même augmenté de 4,5% fin 2016.
LA TRIBUNE – 16/02/2017
Paris Ile-de-France : une métropole attractive – en p-jointe
::: ECONOMIE
LES ECHOS – 16/02/2017
Assurance-chômage : syndicats et patronat se donnent six semaines pour bâtir un accord
Les partenaires sociaux ont décidé de rouvrir les négociations avortées en juin.Ils visent un accord avant la présidentielle.
Objectif 28 mars ! Réunis mercredi après-midi pour une ultime séance de diagnostic du marché du travail, les partenaires sociaux ont décidé dans la foulée de rouvrir une négociation sur l’avenir de l’Assurance chômage. Le mandat donné deux jours plus tôt à Alexandre Saubot, le vice-président du Medef en charge du social (et patron de la branche métallurgie) avait ouvert la voix aux retrouvailles, huit mois après l’échec du dernier round de discussions. Le contexte, depuis, a été dépollué des débats sur la loi travail, définitivement adoptée. Mais l’approche de la présidentielle et les menaces d’une reprise en main par l’Etat, ont aussi poussé les partenaires sociaux à prouver qu’ils sont capables de prendre leurs responsabilités pour conserver la gestion d’un pan majeur du paritarisme.
Patronat et syndicats ont donc décidé d’avancer vite pour bâtir un nouveau régime. Tel qu’arrêté, le calendrier prévoit quatre séances de négociations : 7 mars, 14 mars, 23 mars et 28 mars. En cas d’accord, ce ne sera pas trop tôt pour le faire homologuer avant le premier tour de la présidentielle. « Nous voulons aller vite étant donné le contexte électoral», a confirmé Véronique Descacq, chef de file pour la CFDT. Oui, « le calendrier est très contraint », a abondé Eric Courpotin pour la CFTC. « La négociation sur l’Assurance-chômage la plus express qu’on ait jamais connu », a même plaisanté Denis Gravouil pour la CGT,
Charge maintenant au Medef de repartir du relevé des discussions tel qu’il est resté en l’état en juin dernier, et de l’amender en ajoutant, notamment, un chapitre sur les contrats courts, peut-être « LE » sujet le plus clivant sur la table (« Les Echos » d’hier). Si les débats s’annoncent vifs, les syndicats ont au moins eu la satisfaction d’entendre Alexandre Saubot leur confirmer qu’il avait mandat d’en discuter « sans tabou ». Sans tabou peut-être mais en rappelant bien la ligne rouge posée par le patronat : pas de hausse du coût du travail.
Pour le Medef, la multiplication des CDD de moins d’un mois est une réalité mais ils ne concernent qu’à peine un peu plus de 2% de la masse salariale en France. Qui plus est, argue-t-il, en stock, le CDI reste le contrat majoritaire depuis des années. « C’est un phénomène particulier qui ne nécessite pas d’en faire le centre de la négociation », a déclaré Alexandre Saubot.
Loin de toute mesure globale, le texte de départ de la négociation, qui devrait être envoyé en fin de semaine prochaine ou au début de la suivante aux syndicats, pourrait donc proposer des mécanismes « incitatifs » pour les branches qui recourent le plus aux contrats courts, la plupart du temps pour répondre à des contraintes opérationnelles d’immédiateté. Seraient concernées l’hôtellerie-restauration, les sondages et le médico-social, quitte, à modifier la loi pour cela. « Toutes les pistes vont être étudiées (…) une modulation des cotisations n’est peut-être pas nécessaires sur tous les secteurs. On verra bien », a estimé Eric Courpotin.
En cas d’accord sur une nouvelle convention, les partenaires sociaux comptent bien aussi mettre l’Etat, à qui ils imputent une partie des 4,3 milliards de déficit annuel des comptes de l’Unédic, devant ses responsabilités. Ils prévoient dores et déjà d’écrire au gouvernement une lettre de griefs, portant notamment sur les frontaliers et le budget de Pôle emploi.
RADIO CLASSIQUE – 16/02/2017
L’invité de l’économie : Pierre GATTAZ, Président du MEDEF
Assurance-chômage, surtaxation des contrats courts…
PODCAST : https://www.radioclassique.fr/radio/emissions/matinale-de-radio-classique/l-invite-de-l-economie/
LE MONDE – 16/02/2017
Le taux de chômage en France a baissé en 2016 pour la deuxième année d’affilée
Le chômage a reculé de 0,2 point en 2016 pour s’établir à 10 %, selon les données publiées, jeudi, par l’Insee.
Pour la deuxième année d’affilée, le taux de chômage a légèrement baissé (de 0,2 point) en 2016 en France, pour s’établir à 9,7 % en métropole et à 10 % de la population active pour la France entière, a annoncé l’Insee jeudi 16 février.
Au 4e trimestre, l’indicateur, mesuré par l’Institut national de la statistique selon les normes du Bureau international du travail (BIT), a terminé l’année sur une baisse de 0,1 point. En revanche, le taux du 3e trimestre a été révisé à la hausse, à 9,8 % en métropole (au lieu de 9,7 %) et à 10,1 % avec l’outre-mer (au lieu de 10 %).
A la fin de 2016, l’Insee a recensé 2,78 millions de chômeurs en métropole, soit 31 000 de moins (- 1,1 %) sur le trimestre et 68 000 de moins (- 2,4 %) sur l’année. Parmi eux, 1,2 million de personnes cherchaient du travail depuis au moins un an. Le taux de chômage de longue durée diminue, à 4,2 % de la population active (- 0,1 point).
La baisse portée par les jeunes
Au 4e trimestre, comme sur l’année, la baisse du chômage est portée par les jeunes (15-24 ans), qui restent malgré tout les plus touchés par le fléau. Leur taux s’établit à 23,3 %, en baisse de 1,7 point sur le trimestre et de 0,7 point sur un an. Quant aux seniors (50 ans et plus), avec un taux de chômage de 6,7 %, leur situation est stable sur un an, malgré une amélioration en fin d’année (- 0,4 point).
La tendance enregistrée par l’Insee se rapproche de celle de Pôle emploi, qui a vu partir 17 400 personnes de sa catégorie A (sans activité) sur le trimestre et 107 400 sur l’année 2016. Mais les baisses enregistrées sur le trimestre et sur l’année sont à nuancer par le fait que le « halo autour du chômage » est, lui, en hausse.
Ces personnes souhaitant travailler, mais non comptabilisées parce qu’elles ne cherchent pas activement ou ne sont pas disponibles immédiatement, étaient 1,5 million au 4e trimestre, un nombre en augmentation de 21 000 sur le trimestre et de 65 000 sur un an.
En revanche, le nombre de personnes en sous-emploi, c’est-à-dire qui souhaiteraient travailler davantage, continue de diminuer (- 0,1 point sur le trimestre, – 0,4 point sur l’année), à 6,2 %. Il s’agit, pour l’essentiel, de travailleurs à temps partiel subi.
En 2015, le taux de chômage avait baissé de 0,1 point sur un an.
LE FIGARO – 16/02/2017
Les robots nous volent-ils nos boulots ?
LE SCAN ÉCO – Le Parlement européen doit adopter ce jeudi une directive sur les robots. Le taux de chômage est toujours très élevé en France et le débat autour de la raréfaction du travail s’intensifie. Mais cette destruction d’emplois n’est-elle pas aussi créatrice ?
Le débat, récurrent, sur une raréfaction du travail liée à l’accélération des mutations technologiques revient en force dans la campagne présidentielle, sur fond de chômage de masse. Propositions phares du candidat socialiste Benoît Hamon, le revenu universel et l’idée de taxer les robots découlent en partie du postulat que la révolution numérique va détruire de nombreux emplois.
Ce diagnostic est-il juste? «La question remonte à l’Antiquité, Aristote pensait déjà que les animaux prendraient le travail des esclaves. Elle ressurgit à chaque vague de mutation technologique, comme la révolte des canuts de Lyon au XIXe siècle liée à la peur des machines», rappelle l’économiste Nicolas Bouzou, du cabinet Asterès. Ce jeudi, le Parlement européen se penche sur une directive sur les robots.
Aujourd’hui, les experts tentent régulièrement de mesurer l’impact des transformations. Un rapport du Conseil d’orientation pour l’emploi (COE) a estimé en janvier que moins de 10% des emplois risquaient de disparaître en France comme dans d’autres pays de l’OCDE, du fait de l’automatisation et de la numérisation. Des projections bien plus positives que l’étude très commentée parue en 2013 (dite «Frey et Osborne»), et qui tablait sur une suppression de 47% des emplois dans les 20 prochaines années.
Nouvelles perspectives
Plus que la quantité d’emplois impactés, c’est la capacité à en créer de nouveaux qui interroge. «On sait ce qu’on perd, pas ce qu’on gagne. Il y a une vraie incertitude. Mais on sait qu’au cours des vingt dernières années, où l’on a déjà assisté à une numérisation, le volume global de l’emploi a plutôt augmenté», souligne Marie-Claire Carrère-Gée, présidente du COE.
Sergine Dupuy a créé Beeboss, start-up qui propose aux géants de la distribution les services d’autoentrepreneurs afin de compléter leur offre mais qui s’adresse aussi aux particuliers qui préfèrent payer pour s’offrir des services. Pour elle, «la digitalisation ne va pas exiger des caissières qu’elles se mettent à développer des algorithmes, elle va permettre, par exemple, de proposer une nouvelle offre de services grâce à des plateformes de mise en relation pour monter des meubles, faire des courses pour des personnes âgées, etc. Le service à la personne est une mine et il offre aussi des opportunités de travail pour les personnes peu qualifiées. Le digital développe également le commerce». Bref, le champs des emplois à créer est vaste. Et la réponse à cette destruction n’est donc pas que technologique. «Les technologies vont même peut-être aider à maintenir certains emplois ou leur redonner vie. Grâce aux plateformes de mise en relation, un concept a été développé pour permettre aux agriculteurs de partir en vacances tranquillement pendant que quelqu’un trait les vaches», raconte Sergine Dupuy.
Mais pour les «techno-pessimistes», ce phénomène de destruction créatrice s’enraye. D’une part parce que, contrairement à la précédente révolution industrielle, celle que nous vivons aujourd’hui n’a qu’un faible effet sur la croissance, qui ne décolle pas. Ensuite, parce que les progrès de l’intelligence artificielle sont tels que peu à peu, les outils ne sont «plus seulement au service de l’homme, ils prennent une partie des décisions, s’adaptent à notre subjectivité et pourront faire parfois mieux que les hommes lorsque le travail sera trop complexe», analyse le philosophe Raphaël Liogier, auteur de «Sans emploi: condition de l’homme post-industriel».
Pilotes automatiques, aspirateurs intelligents, big data…: étant donné que «la machine remplacera l’homme non plus seulement sur des tâches d’exécution», il existe «une forte probabilité pour que le solde net d’emplois crées par rapport aux emplois détruits soit négatif», prédit aussi la fondation Jean-Jaurès.
Plus qu’en professions supprimées, Raphaël Liogier pense en terme de tâches au sein des métiers: presque toutes seraient selon lui impactées, et plus seulement celles considérées comme «ingrates».
Anticiper les mutations
Conséquence: le travail va se «fragmenter». «Ce qui n’empêche pas de nouvelles activités de se libérer, mais elles ne seront plus structurées comme des emplois» classiques, «correspondant à un espace-temps donné et à un contrat de travail exclusif», selon ce défenseur du revenu universel.
Les nouvelles technologies créent une véritable révolution mais pas seulement dans la suppression ou la création d’emplois. «Le monde du travail évolue au niveau du lien de surbordination, des temps de loisirs, du cumul des sources de revenus», énumère la patronne de Beeboss pour qui «c’est normal d’être sur la défensive. Mais quand on y réfléchit, si pour moi, aujourd’hui, c’est destructeur, pour le collectif, demain, cela permet le développement de business qui créent des emplois».
En gros, «la technologie ne génère pas une raréfaction du travail mais une mutation», appuie Nicolas Bouzou. La preuve: des pays comme la Corée ou la Suisse, bien plus robotisés que la France, affichent un chômage très bas.
L’enjeu principal réside dans l’anticipation de ces mutations, la nécessité de la formation, l’acceptation de redevenir un débutant dans certains cas et l’ouverture à de nouvelles perspectives.
::: ENTREPRISES
LES ECHOS – 16/02/2017
Outre-mer : de nouveaux marchés en vue pour les PME et TPE
Chantier BTP, travaux de renforcement de l’appontement de la Pointe Simon du Grand Port maritime de Martinique a Fort de France.
Travaux realises par l’entreprise Balineau.
La loi Egalité réelle outre-mer prévoit de réserver 30 % des marchés publics aux PME locales. Le dispositif est déjà en cours d’expérimentation sur l’île de la Réunion.
Le marathon parlementaire vient de s’achever pour la loi Egalité réelle de la ministre des Outre-mer, Ericka Bareigts. Le texte, qui ambitionne de combler le fossé économique entre la métropole et les DOM-TOM, n’en est pas ressorti indemne ; il aura été maintes fois réécrit. Son article 19, qui instaure un « small business act » (ou stratégie du bon achat) en faveur des PME ultramarines, a toutefois réussi son examen de passage.
Après moultes tergiversations, les parlementaires l’ont jugé susceptible de passer sous les fourches caudines du droit européen. Et ce alors qu’il grave noir sur blanc la préférence locale en permettant aux pouvoirs publics ultramarins volontaires (Etat et collectivités) de réserver 30 % de leurs marchés aux entreprises locales. Quelques garde-fous ont été placés par les législateurs : cette préférence ne devra pas excéder en volume 15 % du montant annuel moyen des marchés du secteur au cours des trois dernières années. Et l’expérimentation se limite à cinq ans.
Un vrai coup de pouce
Pour les TPE ultramarines, qui constituent aujourd’hui le gros d’un tissu économique local qui continue à s’industrialiser, c’est potentiellement un vrai coup de pouce. « Si les créations sont nombreuses, la durée de vie des entreprises est relativement courte. L’environnement économique explique pour partie cet état de fait : le marché, relativement étroit, est soumis à une forte concurrence, parfois déséquilibrée. Nous souhaitons augmenter la part de marché des PME ultramarines et renforcer leur durée de vie », a fait valoir la ministre des Outre-mer, Ericka Bareigts. Trop éloignées pour gagner les marchés publics de la métropole, les TPE ultramarines n’ont pas davantage accès à ceux des pays voisins, ultraprotectionnistes. Les entreprises du BTP sont les premières touchées par ce déséquilibre.
Au delà du quota, l’objectif est d’accompagner les PME dans la conquête de marchés. Et de redonner de la latitude aux collectivités ultramarines, très frileuses à l’idée de déplaire à Bruxelles. « Les responsables de la commande publique sont avant tout des juristes préoccupés de protéger leur collectivité. Avec ce « small business act », ils vont devenir des agents du développement économique de leur territoire », se réjouit Fabrice Thibier, secrétaire général de l’Association pour le développement industriel de la Réunion.
Plans de sous-traitance
A l’heure actuelle, bon nombre de marchés publics sont attribués à de grands groupes, qui soit sous-traitent à des entreprises locales, soit envoient sur place leurs équipes. La loi leur imposera, en cas de marché supérieur à 500.000 euros, de présenter dès la phase de candidature, leur plan de sous-traitance et les modalités de participation des PME ultramarines. « Elles seront en meilleure position pour négocier que dans la situation actuelle, où les entreprises choisissent leur sous-traitant après avoir gagné le marché et leur mettent ainsi le couteau sous la gorge » estime Dominique Vienne, président de la confédération des PME (CPME) Réunion.
En revanche, nombre de grands groupes continueront à envoyer des équipes sur place, puis à les rapatrier une fois le marché exécuté… sans que l’île en tire le moindre bénéfice. « Il y a un enjeu de qualification de la main d’oeuvre ultramarine que la loi ne résoud pas. Or le marché public pourrait-être un levier, si l’on cessait de privilégier le critère du prix. Insérons de vraies clauses de formation, comme il en existe pour l’insertion », martèle Stéphane Lambert, le patron du Medef de Guyane, qui estime que « la loi est un premier pas mais ne va pas assez loin. »
Un point de vue partagé par de nombreux responsables patronaux ultra-marins. « Il faut aller au delà des belles intentions » confirme Didier Fauchard, le président du Medef Réunion. « Trois sujets n’ont pas été abordés : les délais de paiements des collectivités, l’accompagnement des PME et l’évaluation de cette expérimentation.
Laurence Albert et Bernard Grollier
LA TRIBUNE – 16/02/2017
Automobile : le bénéfice net de Valeo a bondi en 2016
Valeo, dont le chiffre d’affaires a crû de 14% à 16,52 milliards d’euros l’année dernière, s’est félicité d’une accélération des prises de commandes de 17% à 23,6 milliards d’euros
Les profits de l’équipementier automobile français sont venus s’établir juste en dessous d’un milliard d’euros l’an dernier, grâce à une progression des ventes de 11% et d’une forte croissance en Asie.
L’équipementier automobile français Valeo a publié jeudi un bénéfice net en progression de 27% pour 2016, à 925 millions d’euros, fruit de ventes en forte hausse et d’une nouvelle amélioration de la rentabilité.
Valeo, dont le chiffre d’affaires a crû de 14% à 16,52 milliards d’euros l’année dernière, s’est en outre félicité d’une accélération des prises de commandes de 17% à 23,6 milliards d’euros, « confirmant la capacité du groupe à croître structurellement à un rythme supérieur à celui de la production automobile », selon un communiqué. La marge opérationnelle a quant à elle gagné 0,4 point à 8,1% et Valeo a généré un flux de trésorerie libre, indicateur très surveillé dans l’industrie automobile, de 661 millions d’euros (+17%).
Forte croissance en Asie
La progression des ventes a été de 11% à périmètre et changes constants. Les changes ont eu peu d’incidence sur l’année et les trois points supplémentaires de croissance proviennent de l’intégration de deux sociétés allemandes, Peiker (électronique embarquée) et Spheros (air conditonné pour autobus). L’activité « première monte », c’est-à-dire les pièces livrées aux constructeurs pour installation sur des véhicules dans leurs usines, s’est avérée la plus dynamique, avec une croissance organique de 12% à 14,4 milliards d’euros, soit 87% du chiffre d’affaires.
Si l’Europe représente presque la moitié des débouchés commerciaux de Valeo dans cette branche (7 milliards d’euros, +11%), c’est l’Asie qui a connu la croissance la plus importante (+17%), portant les ventes à 3,9 milliards. Cette dernière région a bénéficié d’un bond de l’activité de 22% en Chine, premier marché automobile mondial, le reste du continent progressant de 11%, toujours à changes constants.
Les régions Amérique du Nord (3,1 milliards d’euros, +8%) et Amérique du Sud (296 millions, +7%) sont également dans le vert. Toutes les régions croissent pour Valeo à un rythme bien supérieur à la production automobile.
De l’optimisme en 2017
Pour cette année, l’entreprise dirigée par Jacques Aschenbroich se fixe le but d’une « croissance de son chiffre d’affaires supérieure de plus de 5 points à celle du marché » (8 points réalisés en 2016) ainsi qu’une « légère hausse de la marge opérationnelle » en pourcentage du chiffre d’affaires et avant acquisitions.
Elle a en outre prévu de diffuser le 28 février, à l’occasion d’une journée investisseurs, de nouveaux objectifs à moyen terme. Jusqu’ici, Valeo visait pour 2020 un chiffre d’affaires de 20 milliards d’euros et une marge opérationnelle entre 8 et 9%.
L’OPINION – 16/02/2017
Petits arrangements (entre amis) pour le sauvetage d’Alstom Belfort
La SNCF, qui n’avait rien demandé, va finalement acquérir les 15 rames de TGV promises à Alstom par le gouvernement
Abracadabra. La commande des 15 rames de TGV promises à Alstom par l’État en octobre dernier pour sauver l’usine de Belfort aura bien lieu. Mais pas suivant le schéma initial. À l’origine, Bercy devait financer directement l’investissement et affecter les rames à la ligne Intercités Bordeaux-Marseille en attendant l’hypothétique mise en service des lignes à grande vitesse Bordeaux-Toulouse et Montpellier-Perpignan quelques années plus tard. Un plan ubuesque qui posait manifestement des problèmes juridiques, ce qui a conduit à sa révision.
C’est finalement la SNCF, et non son actionnaire, qui va payer la facture. L’exploitant des TGV qui n’avait rien demandé devra débourser entre 470 et 480 millions d’euros pour honorer la promesse publique. Les 15 rames livrées à partir de 2018 ne rouleront pas sur des lignes normales « ce qui paraissait peu cohérent », a admis mercredi un porte-parole du groupe. Elles seront affectées à la ligne à grande vitesse Bordeaux-Paris.
Sauver la face. Ce petit arrangement permet à toutes les parties de sauver la face. Alstom aura bien sa méga-commande, qui évitera le transfert de 400 salariés de Belfort vers d’autres sites voisins du groupe. La SNCF fait contre mauvaise fortune bon cœur en vantant « l’équilibre » de l’opération : ces 15 nouvelles rames à deux étages permettront d’économiser 150 millions d’euros prévus pour rénover 24 vieilles rames. Les coûts de maintenance d’un parc TGV plus homogène seront allégés de « plusieurs centaines de milliers d’euros ». Last but not least, Bercy a promis de réduire de 70 millions d’euros par an pendant 5 ans (à compter de 2017) la contribution que paye l’entreprise pour financer le déficit des lignes Intercités.
Le compte est à peu près bon pour l’entreprise dirigée par Guillaume Pepy, à condition que les promesses ne changent pas d’ici cinq ans. Quant à l’État, il a réussi à refiler le mistigri et peut se targuer de tenir son engagement industriel.
::: SOCIAL
LE POINT – 16/02/2017
Vers la reconnaissance du burn-out comme maladie professionnelle
Le burn-out toucherait « des dizaines de milliers, voire des centaines de milliers de personnes », selon le député Gérard Sebaoun.
Des députés proposent que le syndrome d’épuisement professionnel soit reconnu ainsi que la création d’une agence nationale de la santé psychique au travail.
Le burn-out pourrait être reconnu comme maladie professionnelle. C’est en tout cas ce que propose mercredi une mission parlementaire. Pour mieux appréhender cette « réalité grandissante », elle propose aussi la création d’une agence nationale de la santé psychique au travail. Pour Gérard Sebaoun, député PS du Val-d’Oise et rapporteur d’une mission d’information à propos du syndrome d’épuisement professionnel, « les réponses qui ont été données jusqu’à aujourd’hui à cette réalité sont a minima insuffisantes, voire inadéquates ».
« Nous avons encore des difficultés à prendre en compte cette nouvelle souffrance psychique et notamment à la prévenir », a-t-il déclaré lors de la présentation des 27 propositions de la mission, devant la commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale. Le burn-out toucherait « des dizaines de milliers, voire des centaines de milliers de personnes », selon Gérard Sebaoun. Mais il n’existe aucune étude épidémiologique spécifique sur le sujet. L’INVS, devenu Santé publique France, évaluait à 30 000 le nombre de travailleurs touchés, sur la période 2007-2012.
25 % de taux d’incapacité
Actuellement, le burn-out n’est pas reconnu dans le tableau des maladies professionnelles. Seuls des comités régionaux de reconnaissance des maladies professionnelles peuvent statuer au cas par cas. Cependant, un seuil de 25 % de taux d’incapacité permanente est requis, un « verrou » qui « limite » le nombre de dossiers reconnus (418 en 2015), a regretté Gérard Sebaoun, à l’instar de nombreux professionnels. Après avoir auditionné une centaine de personnes, la mission propose donc « une expérimentation de l’abaissement » à 10 % de ce taux, voire « sa suppression ». Anticipant une « affluence de dossiers », elle demande « d’améliorer considérablement les moyens » des comités. Insistant sur le « problème de définition » du burn-out, le président de la mission, Yves Censi, député LR de l’Aveyron, a prévenu qu’il « sera très important d’être précis » et « ne pas tomber dans les confusions » avec d’autres pathologies : surmenage, anxiété, dépression, etc.
Pour « approfondir les connaissances », la mission suggère également de créer un « centre national de référence consacré à la santé psychique au Travail », placé sous l’autorité de Santé publique France, et d’évaluer le coût économique et social, « astronomique », des pathologies psychiques liées au travail. Il avait été chiffré en 2007 à entre 2 et 3 milliards par an « rien que pour le stress au travail », selon Gérard Sebaoun. Autre proposition : protéger les médecins, notamment du travail, pour qu’ils ne soient pas attaqués par les employeurs lorsqu’ils établissent un lien entre la pathologie et les conditions de travail.
« Stage ouvrier » pour les managers
Les députés souhaitent également faire de la prévention des risques psychosociaux (RPS) un sujet de négociation obligatoire dans les entreprises où la santé au travail « doit devenir un élément clef de la stratégie ». Ils suggèrent aussi d’obliger les managers à effectuer un stage parmi les salariés, sur le modèle des « stages ouvriers », afin de se rendre compte de leurs conditions de travail. Enfin, elle recommande une certification des cabinets spécialisés dans les RPS.
Ce travail parlementaire s’inscrit dans la suite de la loi Rebsamen, qui, en août 2015, avait simplifié la procédure d’accès aux comités régionaux d’évaluation. Un groupe de parlementaires socialistes, emmenés par Benoît Hamon, en était à l’origine. La reconnaissance du burn-out comme maladie professionnelle est inscrite dans le programme du candidat PS à la présidentielle.
::: POLITIQUE
L’OPINION – 16/02/2017
DOM-TOM : le Medef veut peser dans la présidentielle
L’organisation patronale expose ses revendications pour l’outre-mer, dont elle juge le potentiel économique mal exploité.
A quelques semaines de la présidentielle, le Medef veut faire entendre la voix du patronat ultramarin. L’organisation présidée par Pierre Gattaz a publié fin janvier un Livre blanc baptisé « Outre-mer 2020 », état des lieux de la situation économique des territoires d’outre-mer et plaidoyer énergique en faveur d’une nouvelle salve de réformes. « Ce sont des territoires malmenés, alors qu’ils sont en réalité des joyaux oubliés, avec des potentiels de croissance faramineux entre l’économie bleue, la biodiversité, le tourisme, le numérique et les énergies renouvelables », a assuré Pierre Gattaz, lors de la journée de présentation réunissant les représentants patronaux ultramarins. Entre autres aspirations communes, celle d’une fiscalité plus favorable, allégée en charges, qui leur permette de rivaliser avec les pays voisins. Les ultra-marins plaident aussi pour davantage de simplification administrative et des investissements plus poussés dans les infrastructures (transports) qui affichent parfois de sérieux retards.
Un « socle commun » qui ne les empêche pas de réclamer du sur-mesure pour chaque territoire : le maintien de l’octroi de mer (taxe spécifique aux outre-mer sur les produits importés)pour Bernard Edouard, patron du Medef Martinique, un hub portuaire à Saint-Pierre-et-Miquelon, des équipements pour le numérique à La Réunion – seule île à être labellisée French Tech -, ou encore une zone franche à Mayotte, où le coût du travail, supérieur à celui des pays voisins, « devrait encore grimper en 2018 de 15 à 40 % avec la mise en oeuvre du Code du travail », selon le président du Medef local, Thierry Galarme. « Ces voix doivent être entendues », a martelé Pierre Gattaz.
Message aux prétendants
Message aux prétendants à l’Elysée, souvent enclins à choyer l’outre-mer pendant leur campagne. Mais pas uniquement : présente lors de la présentation du Livre blanc, Ericka Bareigts, ministre des Outre-mer, en a fait une mise au point. « Durant ce mandat, nous avons fait beaucoup de choses pour ces territoires blessés par le chômage. En matière fiscale, nous sommes déjà dans des dispositions particulières, favorables. On peut toujours faire plus, mais on a déjà fait beaucoup », a indiqué la ministre. « Il faut désormais essayer de requestionner ces aides économiques à la lumière des particularismes de chaque territoire, savoir pourquoi certains dispositifs ne marchent pas et les corriger, car ils décrédibilisent l’action publique mais aussi les entreprises, qui peuvent être taxées de chasseurs de primes. »
LE FIGARO – 16/02/2017
Les professions libérales veulent une fiscalité adaptée aux petites entreprises
Le Président de l’UNAPL, Michel Chassang, rappelle que les médecins, avocats, architectes etc. représentent un million d’entreprises et deux millions d’actifs
L’Union nationale des professions libérales (l’UNAPL) présente jeudi ses 20 mesures pour le prochain quinquennat.
Faire des petites entreprises l’étalon des normes sociales et de la fiscalité. C’est le fil rouge des vingt propositions de l’Union nationale des professions libérales (UNAPL) aux candidats à la présidentielle, que Le Figaros’est procurées. «Ce que nous connaissons à ce jour des programmes nous inquiète: rien ne montre que les candidats ont une bonne connaissance des entreprises, et surtout des plus petites d’entre elles», revendique Michel Chassang, son président. Bien que nouvelle adhérente de l’organisation patronale U2P, qui regroupe aussi les artisans, l’UNAPL a développé des propositions spécifiques. Et pour cause. «Nous, libéraux, ne sommes pas considérés comme des entreprises, alors que nous en sommes!», souligne Michel Chassang, qui rappelle que les médecins, avocats, architectes, etc. représentent un million d’entreprises et deux millions d’actifs.
D’abord, l’UNAPL ne veut pas du prélèvement à la source. Pas question que la retenue de l’impôt sur le revenu sur le salaire vienne perturber la bonne marche des petites entreprises. «Évoquer le secret fiscal face à un chef d’entreprise qui n’emploie qu’un seul salarié, c’est ubuesque, critique Michel Chassang. Nous ne pourrons pas faire autrement que connaître la situation fiscale de nos collaborateurs en appliquant le taux de prélèvement envoyé par le fisc!» L’UNAPL appelle à transformer la réforme par un acompte mensuel obligatoire prélevé sur le compte en banque des contribuables.
Mais l’organisation réclame surtout une baisse de la fiscalité sur les libéraux. D’abord, via un abattement de 5,33 % sur les bénéfices imposables des entreprises individuelles soumis à l’impôt sur le revenu. «Un avantage équivalant à la trajectoire de baisse de l’impôt sur les sociétés de 33,33 % à 28 % d’ici à 2020 décidée par le gouvernement», précise Michel Chassang. En un mot, l’UNAPL veut que la fiscalité soit équitable, quelle que soit la structure d’exercice – et donc le mode d’imposition – choisi. Les libéraux veulent aussi que soit «au moins» relevé le seuil d’assujettissement à la taxe sur les salaires. Cette fiscalité, qui s’applique aux entreprises non assujetties à la TVA, pèse surtout sur les professions de santé.
Risque prud’homal
Les libéraux regrettent par ailleurs qu’une des recommandations du rapport Grandguillaume de 2013 sur l’entreprise individuelle ait été enterrée par le gouvernement. À savoir, créer un taux forfaitaire de prélèvement de 15 % sur la part des bénéfices qui est réinvestie dans l’entreprise. Cette mesure serait à même de créer des emplois, défend l’UNAPL. De même, l’organisation aimerait que les TPE (très petites entreprises) et PME puissent créer des provisions pour risque prud’homal. Une disposition de la loi travail censurée par le Conseil constitutionnel pour vice de forme.
Le risque de se faire condamner aux prud’hommes est en effet particulièrement important pour les petits patrons et les libéraux, insiste Michel Chassang. «Il est quasiment certain qu’à un moment ou à un autre, nous ne respectons pas l’une ou l’autre de ces innombrables règles, car nous ne pouvons pas toutes les connaître, explique le médecin. Et pour cause, le droit du travail, illisible, a été modelé sur mesure pour les seules grandes entreprises et pas pour les petites.» L’UNAPL réclame ainsi que les accords de branche prévalent sur les accords d’entreprise, que les TPE n’ont pas les moyens de mettre en place. Elle s’oppose en cela au Medef, défenseur de l’accord d’entreprise.
Pour faire valoir ses propositions, l’UNAPL rencontrera un par un tous les candidats à la présidentielle d’ici à la mi-avril.
LES ECHOS – 16/02/2017
Macron vise 60 milliards d’économies sur le quinquennat
+VIDEO. EXCLUSIF. Le leader d’En marche finalise son cadrage budgétaire qui sera présenté mercredi prochain.La masse salariale de l’Etat et les dotations aux collectivités sont les principaux gisements d’économies identifiés.
Emmanuel Macron entre dans le vif du sujet. Dans une semaine, le candidat d’En marche à l’Elysée présentera le cadrage budgétaire de son programme présidentiel, avant la présentation de celui-ci le 2 mars. Le voile se lève peu à peu sur ses projections en matière budgétaire, alors que le candidat reste très attaqué par François Fillon et Marine Le Pen, notamment sur sa supposée « absence de programme ». Selon nos informations, l’ancien ministre de l’Economie ambitionne de faire baisser sur le prochain quinquennat de trois points de pourcentage le ratio des dépenses publiques par rapport au PIB, actuellement proche de 56,5 %. Trois points qui signifient environ 60 milliards d’euros d’économies. A un horizon plus lointain, l’objectif d’Emmanuel Macron est de faire descendre ce taux à 50 %. « La France est le mauvais élève en Europe dans ce domaine, elle doit retrouver sa crédibilité », assure un proche du candidat. « Tout en le faisant à un rythme acceptable et en préservant notre modèle social », ajoute un autre.
En tablant sur soixante milliards d’économies sur cinq ans, Emmanuel Macron s’inscrit peu ou prou dans les pas de son ancien mentor, François Hollande. Celui-ci avait annoncé 50 milliards d’économie sur trois ans (2015-2017). Il devrait au final n’en réaliser que 40 milliards au mieux. L’ancien ministre de l’Economie veut donc s’attaquer lui aussi au problème, alors même que des nouvelles difficultés s’annoncent pour le futur locataire de l’Elysée. La remontée du loyer de l’argent est attendue à moyen terme, alors que « 40 % de la réduction du déficit intervenue depuis 2011 était due à la baisse des taux d’intérêt », selon Didier Migaud, le premier président de la Cour des comptes. Ce dernier a aussi mis en garde contre l’emballement de la dynamique salariale des administrations publiques, du fait de mesures de revalorisation des carrières et du dégel du point d’indice. « L’augmentation de la masse salariale de l’Etat devrait être équivalente pour 2017 au total de l’évolution intervenue entre 2011 et 2016 », a averti Didier Migaud.
Signe de l’importance de ce dossier, Emmanuel Macron a identifié cette masse salariale des agents de l’Etat – proche des 85 milliards d’euros – comme l’un de ses deux grands postes d’économies. Le deuxième doit passer par une nouvelle réduction des dotations aux collectivités locales, un classique des gouvernements depuis quelques années. Pour l’instant, il n’est pas question de toucher au système de retraite, pourtant le premier levier invoqué à droite pour faire des économies. D’ici à mercredi et la présentation de ce cadrage, des derniers arbitrages peuvent toutefois encore avoir lieu au sein de l’équipe « programme » du candidat, emmenée par Jean Pisani-Ferry, qui a quitté en janvier France Stratégie pour rejoindre le candidat d’En marche.
Emmanuel Macron s’est aussi imposé des règles limitant ses marges de manoeuvre : pas d’augmentation de la pression fiscale, et donc pas de hausse de la TVA, et maintien du déficit public sous la barre des 3 % du PIB, objectif prévu cette année. Cela donne au final un effort d’assainissement budgétaire qui le place à mi-chemin des Républicains et du PS : François Fillon a promis 100 milliards d’économies, quand, à l’inverse, Benoît Hamon ne s’est pas aventuré du tout sur ce terrain, lui qui ne prévoit pas de respecter de toute façon la règle européenne des 3 % de déficit.
VIDEO – Emmanuel Macron vise 60 milliards d’euros d’économies : http://www.lesechos.fr/elections/presidentielle-2017/0211803800132-macron-vise-60-milliards-deconomies-sur-le-quinquennat-2065250.php
Gregoire Poussielgue et Renaud Honoré
LE FIGARO – 16/02/2017
Fillon installe sa campagne sur le terrain de la sécurité
Le candidat de la droite à la présidentielle propose d’abaisser la majorité pénale à 16 ans.
Inaudible, François Fillon? Le candidat de la droite à la présidentielle entend prouver que ni les affaires, ni les manifestations qui troublent ses déplacements ne l’empêcheront plus longtemps de mener campagne. Il a souhaité en faire la démonstration mercredi avec une visite dans l’Oise centrée sur la sécurité. Le contexte s’y prête dramatiquement avec les suites de l’affaire Théo et les débordements qui ont touché plusieurs communes de la banlieue parisienne. Jeudi dernier, déjà, le candidat de LR avait échangé avec des policiers municipaux d’Athis-Mons (Essonne), promettant une grande réforme de la sécurité, avec la création d’un ministère de la Sécurité nationale et 12 milliards d’euros débloqués pour la défense, la police et la justice.
Mais François Fillon n’entend pas en rester là. Car c’est notamment sur les questions régaliennes que le candidat espère marquer des points alors qu’il se trouve en difficulté dans les sondages. D’abord face à Marine Le Pen, dont c’est l’un des thèmes de prédilection. La présidente du FN bénéficie d’un fort crédit auprès des Français sur les sujets relevant de l’autorité et d’un terreau favorable chez les forces de l’ordre. Une étude du Cevipof publiée cet automne indiquait qu’un policier sur deux avait déjà voté pour le FN par le passé et que 57 % d’entre eux déclaraient être prêts à glisser dans l’urne un bulletin Marine Le Pen en 2017. Le député de Paris espère également rattraper son retard sur Emmanuel Macron qui, lui aussi, a prévu de consacrer l’essentiel de son déplacement en Provence-Alpes-Côte d’Azur, vendredi et samedi, au sujet.
Dès son arrivée à Compiègne (Oise), jeudi, le candidat a donc martelé son credo. «Président de la République, je soutiendrai les policiers, a-t-il lancé. Il y a eu des événements à Aulnay-sous-Bois ; si une faute a été commise, elle doit être sanctionnée. Mais cela ne doit pas faire oublier le travail effectué par les policiers.» Les grandes lignes du projet de l’ex-premier ministre concernant la sécurité sont connues depuis longtemps : dépénalisation des petits délits (remplacés par des amendes), exécution effective des peines, construction de 16 000 places de prison, généralisation de l’armement des policiers municipaux et plus forte coordination de ces agents avec ceux de la police et de la gendarmerie nationales.
À Compiègne, le candidat a ajouté une nouvelle mesure. Il s’agit de l’abaissement de la majorité pénale à 16 ans, au lieu de 18 ans actuellement. «Si les nouveaux délinquants mineurs se conduisent comme des adultes délinquants, il convient de les traiter comme tels en supprimant l’excuse de minorité et en abaissant la majorité pénale à 16 ans, explique le candidat. Concrètement, il n’y aura donc plus d’excuse de minorité pour le délinquant de 16 ou 17 ans qui commettra un délit ou un crime. Il sera jugé pour ses actes, comme un adulte.» Pour cela, il faudrait «remettre à plat de manière radicale les ordonnances du 2 février 1945 sur les mineurs», explique un proche du candidat, en reconnaissant que ce ne sera «pas facile».
La mesure prête à débat à droite et ce depuis longtemps. Nicolas Sarkozy l’avait défendue en 2006, François Fillon premier ministre l’avait même inscrite au programme de la session extraordinaire de l’été 2007. Mais le projet de réforme a été remisé et le gouvernement s’est montré sourd aux demandes des députés UMP qui s’étaient mobilisés sur la question en 2011. Durant la campagne de la primaire, en 2016, Nicolas Sarkozy avait à nouveau défendu l’abaissement de la majorité pénale, sans que ses concurrents ne le suivent. «François Fillon ne s’était pas prononcé sur la question jusqu’à présent», précise un proche de l’ex-premier ministre. Certains fillonistes se montrent même réservés sur la question. «Abaisser l’âge de responsabilité pénale et assouplir le Code du travail pour favoriser l’intégration professionnelle des adolescents conduit naturellement à poser la question de la majorité civile et de l’extension du droit de vote à 16 ans», s’inquiète un parlementaire. «J’ai très longtemps hésité sur cette mesure, mais elle est aujourd’hui indispensable compte tenu de la montée de la violence des mineurs», a expliqué François Fillon jeudi.
Quelques heures après le déjeuner de Nicolas Sarkozy et de son ex-premier ministre, l’ajout de cette proposition a également une valeur symbolique. Il fait figure de bonne manière à l’égard des sarkozystes qui restent nombreux à trouver que François Fillon ne leur prête pas assez attention. Ce n’est qu’un début. Dans les jours qui viennent, et notamment lors du déplacement qu’il effectuera vendredi à Tourcoing (Nord), il devrait faire à nouveau des propositions concernant les effectifs de police cette fois.
LE FIGARO – 16/02/2017
Valérie Pécresse : «Il y a un déni de réalité sur l’âge des auteurs de violences»
INTERVIEW – Pour enrayer les violences urbaines, la République doit, selon la présidente LR de la région Ile-de-France, reconquérir ses quartiers en éloignant les auteurs de violences de «leurs territoires».
LE FIGARO. – L’actualité des violences en banlieue parisienne vous fait «pousser un cri d’alarme». Lequel?
Valérie PÉCRESSE. – Il est urgent de prendre conscience de l’ampleur de ce qui est en train de se passer à Paris et en banlieue car il ne s’agit pas de commenter des incidents isolés mais d’organiser une vraie résistance contre la loi des bandes qui s’oppose aujourd’hui à la loi de la République. Le gouvernement dissimule la gravité de la situation. Des dizaines de communes ont été touchées par des casseurs. Dans la nuit de samedi, la préfecture a interdit aux bus de circuler dans tout le département de Seine-Saint-Denis, une décision jamais prise auparavant. Des milliers de Franciliens ont ainsi été empêchés de se déplacer. La gauche est dans un double déni, à la fois sur le constat et sur les solutions.
Que préconisez-vous?
Commençons par ouvrir les yeux et prendre la mesure de ce qui se passe pour poser un diagnostic lucide car ce n’est pas un problème ponctuel: la contestation de l’ordre établi s’étend, ça couve… Il faut mettre un terme à la loi des bandes et des groupuscules qui, sur fond de trafics divers et de communautarisme, font se replier les quartiers sur eux-mêmes. Ils livrent une guerre pied à pied, de territoire, contre tout ce qui incarne l’autorité, le policier, le pompier, mais aussi le maire ou le professeur… en instrumentalisant les plus jeunes. Certes, la police doit être exemplaire et tout dérapage immédiatement sanctionné, mais il faut aussi saluer l’extraordinaire courage et dévouement des forces de sécurité nationales et municipales aujourd’hui confrontées à la violence au quotidien. La République doit reconquérir ces territoires, en abordant sans tabou la question essentielle des mineurs. Chaque candidat à la présidentielle devra faire des choix clairs.
Des mineurs qui feraient l’objet, selon vous, d’un autre déni…
Oui, il y a un déni de réalité sur l’âge des auteurs de violences: ils sont aujourd’hui de plus en plus jeunes. Je reviens de Bobigny où dans la nuit de samedi à dimanche, une cinquantaine d’ados de 12 à 16 ans ont chargé une voiture de la police municipale, blessant à coups de pierres des agents, puis vandalisé et pillé des commerces. Ce sont encore ces jeunes bandes qui s’introduisent dans les établissements scolaires pour commettre des violences sur les proviseurs et les enseignants, comme on l’a vu récemment au Tremblay, à Saint-Denis ou dans le XXe arrondissement de Paris. C’est une bombe à retardement pour l’avenir, une génération qu’on est en train de perdre.
Quelles mesures?
Il faut mettre fin à l’excuse de minorité qui conduit les mineurs à se considérer comme «intouchables» par le juge avant 18 ans. Nous devons impérativement rescolariser les mineurs exclus du système scolaire pour des comportements violents ou des trafics dans des structures adaptées, et pas dans des collèges déjà fragiles. Il faut les contacter un par un et supprimer les allocations familiales en cas de refus de retour à l’école. Le ministère de l’Éducation nationale a le fichier des décrocheurs et refuse de le communiquer à la région pour qu’on puisse agir. Par ailleurs, on ne peut plus laisser les voyous les plus violents arrêtés par la police revenir dans leurs quartiers en attente de leur jugement, mais prononcer systématiquement des mesures d’éloignement. Enfin, plus aucun mineur ne doit être incarcéré dans une prison pour adultes. On sait que ce sont des lieux de recrutement du grand banditisme et du djihadisme. Quant aux réseaux sociaux dont le rôle est majeur, les enquêtes doivent permettre d’identifier et de sanctionner les auteurs des appels à la violence et ceux qui les relaient.
L’OPINION – 16/02/2017
Benoît Hamon : le malaise s’installe dans la campagne
Plusieurs députés se sont plaints du comportement, sur le terrain, des amis de Benoît Hamon.
Au cours d’une réunion houleuse à l’Assemblée, le cœur des députés socialistes a exprimé sa gêne face à un candidat qui préfère fuir la discussion avec les élus qui n’ont pas voté pour lui
Comme chaque semaine, les députés socialistes se sont réunis à huis clos mardi matin salle Victor Hugo, à l’Assemblée nationale. En l’absence du candidat socialiste à l’élection présidentielle, ils ont émis de nombreuses interrogations sur la campagne de Benoît Hamon, avec laquelle ils se retrouvent parfois en porte-à-faux.
Alors que la presse guettait en vain, mardi matin, l’explosion au sein du groupe LR à l’Assemblée nationale, c’est dans le huis clos du groupe socialiste que la déflagration s’est produite. Une semaine après le passage de Benoît Hamon devant les députés PS (une formalité expédiée par le candidat fraîchement investi en quarante-cinq minutes), une dizaine d’élus ont pris la parole ce mardi, pour dire enfin ce qu’ils avaient sur le cœur. « Nous avons eu ce matin une réunion de groupe… comment dire… agitée », reconnaissait mardi soir, au cours du pot de fin de session, Olivier Faure, président du groupe PS.
Loin de figurer parmi les partisans d’Emmanuel Macron (ces derniers, au nombre de trois ou quatre, se sont contentés de boire du petit-lait), les intervenants appartiennent à ce que l’on appelle couramment le « Marais ». Légitimistes, ils ont soutenu la politique de François Hollande durant le quinquennat, appelé à voter Manuel Valls à la primaire de la gauche, et s’apprêtent à entrer en campagne derrière le candidat socialiste, auquel ils n’ont rien à reprocher à titre personnel. Plutôt discrets, ils n’ont pas l’habitude d’intervenir en réunion de groupe.
En l’absence de Benoît Hamon, ils se sont adressés à ses représentants, Jean-Marc Germain, député des Hauts-de-Seine, codirecteur de campagne, et Régis Juanico, député de la Loire, et mandataire financier du candidat. « Cela a été très éruptif, tout le monde s’est lâché », témoigne un participant. « C’était une ambiance tendue et nerveuse, confirme un autre. Les députés sentent la pression de Macron dans leur circonscription, et ils ont le sentiment, face au danger, que Hamon ne fait pas le minimum d’efforts pour recoller les morceaux ». « Il n’y avait ni revanche, ni amertume, tempère un troisième. La question, c’est désormais comment on fait pour se rassembler ». « Les gens se demandent s’ils vont devoir distribuer des tracts dans lesquels ils se déjugent », complète un quatrième.
Les interventions des uns et des autres ont mis en lumière la difficulté de faire campagne pour un candidat minoritaire dans sa propre famille politique. Ainsi François-Michel Lambert, député des Bouches-du-Rhône, a-t-il fortement déploré la position de Benoît Hamon sur l’usine d’aluminium de Gardanne, qui rejette des boues rouges dans le parc national des Calanques. Là où l’ancien Premier ministre Manuel Valls avait donné cinq ans à l’industriel pour se mettre aux normes, Benoît Hamon a promis, durant la campagne interne, que lui Président, il fermerait l’usine.
Démarche à la Trump ! Ce qui met François-Michel Lambert, député de Gardanne, « très en colère ». Quelque 700 emplois, directs ou indirects, sont en effet concernés. « Benoît Hamon n’écoute ni son propre camp, ni les services de l’Etat, accuse-t-il. Dire Moi je sais, et faire fi de tous les rapports qui ont été rédigés sur le sujet, et des militants sur place, c’est une démarche à la Trump ! » Devant ses collègues, mardi matin, cet ancien député écologiste (il a rejoint le groupe PS en 2015) a fait état des notes envoyées au candidat PS sur le sujet, restées sans réponse. Il a souhaité que Benoît Hamon prenne ses distances avec le « délire médiatique » sur cette affaire, et « revienne vite à une démarche partagée ».
Autre député en colère, David Habib (Pyrénées-Atlantiques) est lui aussi monté au créneau, pour s’inquiéter de l’accord avec les Verts. Alors qu’en 2012, les écologistes de sa circonscription avaient appelé à ne pas voter pour lui au second tour, en dépit d’un accord national avec le PS leur assurant 17 sièges à l’Assemblée, le député redoute de voir les mêmes causes produire les mêmes effets en 2017. « On va offrir à Cécile Duflot la circonscription la plus confortable de France, mais les Verts vont-ils appeler à voter PS au second tour ? », a-t-il interrogé, ajoutant qu’il n’a « pas vocation à faire la courte échelle à des gens qui ne sont pas respectueux des accords ».
Plusieurs députés, comme Michèle Delaunay (Gironde) et Jean-Yves Le Bouillonnec (Val-de-Marne) se sont plaints du comportement, sur le terrain, des amis de Benoît Hamon. « Benoît nous demande d’être loyaux à son égard, je lui demande d’être loyal lui aussi à mon égard », a ainsi lancé l’ancienne ministre déléguée aux Personnes âgées, défiée à Bordeaux par le hamoniste Mathieu Rouveyre. Plus direct, le maire de Cachan a regretté la campagne que mènent contre lui, sur les réseaux sociaux, les hamonistes locaux. « Il faut que le candidat me dise si je suis un problème, a-t-il posé. Si je suis un obstacle, je ne me représenterai pas ».
Dame patronnesse. Le député vallsiste Malek Boutih (Essonne) a évoqué les incidents survenus à Bobigny durant le week-end, sur lesquels le candidat Benoît Hamon n’a guère été entendu. « Ces événements prouvent que la jeunesse de banlieue est prise en otage par les voyous et la racaille, a-t-il asséné. Il faut que la gauche arrête avec son discours de dame patronnesse, et condamne enfin la violence ».
Hugues Fourage (Vendée) a demandé « une clarification du candidat sur un certain nombre de sujets », comme le revenu universel, les dépenses budgétaires ou le 49.3 citoyen. Sur ce dernier point du programme de Benoît Hamon, David Habib a observé qu’il sera « difficile de faire campagne en Loire-Atlantique pour le 49.3 citoyen, alors que le premier geste du candidat est de bafouer le référendum sur Notre-Dame-des-Landes ».
Face aux critiques, les proches de Benoît Hamon n’ont guère apporté de réponses. « De toute façon, vous êtes libres de faire la campagne que vous voulez, on n’attend de personne qu’il ait le petit doigt sur la couture du pantalon », a répliqué en substance Jean-Marc Germain. Ce qui a fait bondir Catherine Beaubatie (Haute-Vienne). « Ce n’est pas cela un parti politique. Un parti, c’est un candidat, un projet, et chaque militant défend le projet », a-t-elle rappelé.
Depuis son investiture, Benoît Hamon fuit la confrontation avec les parlementaires de son camp. « Il ne faut pas oublier les 41 % de Manuel Valls, met en garde Hugues Fourage. C’est à lui de nous tendre la main ». « Il n’y aura pas assez de hamonistes pour faire le PS en entier », sourit Malek Boutih. « Il se prend pour Podemos, il ne veut pas se compromettre avec tout cela », croit comprendre un parlementaire. « On est en train de bien associer les parlementaires à la campagne », assure néanmoins Régis Juanico. Qui a eu mardi une altercation avec l’élu pro-Macron Jean-Louis Gagnaire (Haute-Loire), lui reprochant de « ne pas être à jour de ses cotisations au PS ». Un incident qui ne se reproduira pas : Olivier Faure a demandé mercredi matin aux « camarades qui soutiennent un autre candidat d’avoir la gentillesse de ne plus venir à nos réunions ».
LE PARISIEN – 16/02/2017
Présidentielle : et pendant ce temps, Marine Le Pen trace sa route
Nice (Alpes-Maritimes), lundi. La candidate du Front national, Marine Le Pen, en campagne sur un marché niçois.
Le fait du jour. Alors que la campagne présidentielle ne cesse de nous réserver des surprises, Marine Le Pen creuse son sillon, imperturbable.
Elle engrange, elle engrange… Pendant que François Fillon peine à sortir de la polémique Penelope, que Benoît Hamon en est encore à tenter de rassembler son camp et que les banlieues s’embrasent, Marine Le Pen, elle, déroule. Sans forcer, à son rythme, confortablement installée depuis des mois dans son statut de favorite pour le premier tour de la présidentielle. Sur elle, tout glisse. Elle refuse de rembourser les quelque 300 000 € que lui réclame le Parlement européen pour recouvrir les salaires perçus par des assistants parlementaires qui auraient en fait travaillé pour le FN. Las. La polémique ne prend pas.
A tel point que même ses adversaires politiques en sont désormais à brandir la menace : la candidate du Front national pourrait accéder aux plus hautes fonctions. Celle-là même qui, il y a une semaine, a battu le record d’audience de « l’Emission politique » sur France 2, avec plus de 3,5 millions de téléspectateurs. « On est tous emportés dans une logique politique qui conduit à Marine Le Pen. Attention à elle ! » a récemment averti Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du PS. « Si Mme Le Pen arrivait au pouvoir, ce serait la faillite au bout de six mois », martèle de son côté François Fillon.
Autant de postures qui, dans l’équipe de campagne de la candidate, font sourire : « C’est la preuve qu’on a gagné la bataille de la crédibilité : plus nos adversaires installent Marine au second tour, plus ils augmentent dans la tête des gens la possibilité que ça arrive », décrypte un membre de son staff. « Il y a encore quelques mois, on aurait pu se dire que l’impossible était impossible. Désormais, l’impossible est clairement possible », renchérit le vice-président du FN, Florian Philippot. « Elle a toujours fait le pari qu’avant la grande recomposition du paysage politique, il fallait passer par une décomposition. On est clairement là-dedans en ce moment », rajoute Philippe Olivier, chargé du pôle communication de la candidate.
Son programme : 100 à 200 milliards de dépenses nouvelles
Alors rue du Faubourg-Saint-Honoré (Paris VIIIe), au QG de campagne, on s’active. Depuis quelques jours, deux tracts, chacun tiré à plus de 4 millions d’exemplaires, sont sortis de presse : un sur la Sécurité sociale pour attaquer Fillon, l’autre de quatre pages pour présenter Marine Le Pen côté vie privée. A la fin du mois, la favorite des sondages entamera par ailleurs, à Nantes (Loire-Atlantique), sa tournée des Zénith, neuf d’ici au premier tour de la présidentielle. « Rien que pour ce premier rendez-vous, une quinzaine de cars de militants venus des départements voisins sont déjà réservés. La salle sera pleine », pronostique Jean-Lin Lacapelle, responsable du pôle mobilisation et militants.
Mais contrairement à 2012, ses grands-messes politiques avaient alors lieu le dimanche, elles auront, cette fois-ci, lieu le samedi. « C’est un choix très stratégique, poursuit Philippot. En s’exprimant le samedi, elle donne le ton du week-end à ses adversaires, notamment pour toutes les émissions politiques. Et on parlera d’elle autour du repas de famille du dimanche. »
Reste que le chemin qui mènerait à une hypothétique victoire est encore long. D’abord parce que Marine Le Pen — quel que soit son adversaire au second tour — est toujours systématiquement battue dans les sondages, et même de très loin. Mais aussi parce que la bataille de la crédibilité sur le terrain économique est pour elle loin d’être gagnée. Et encore moins depuis la présentation de son projet il y a dix jours à Lyon, 100 à 200 milliards de dépenses nouvelles sont envisagées pour renforcer la place et l’autorité de l’Etat, sans montants équivalents côté recettes.
Olivier Beaumont
::: INTERNATIONAL
LE FIGARO – 16/02/2017
Trump et Nétanyahou enterrent la «solution de deux États»
Les deux dirigeants envisagent d’inclure la question palestinienne dans un accord de paix régional.
L’apparition de Donald Trump et Benyamin Nétanyahou côte à côte à la Maison-Blanche mercredi a résumé le message principal de leur premier rendez-vous officiel: l’alliance israélo-américaine sort de l’ère glaciaire où l’avait plongée Barack Obama, soupçonné de penchants propalestiniens. Puisqu’il s’agit avant tout de «changer le théâtre politique de la relation», il importe peu que la conférence de presse commune ait précédé les entretiens entre les deux hommes.
Le président américain et le Premier ministre israélien n’en ont pas eu besoin pour affirmer le «lien indestructible» qui unit leurs deux pays, affichant des positions très proches sur l’Iran et sur le processus de paix au Proche-Orient. Donald Trump a de nouveau critiqué l’accord nucléaire avec Téhéran comme «le pire (qu’il) ait jamais vu», sans toutefois le dénoncer. «J’ai déjà pris de nouvelles sanctions et je ferai plus pour empêcher que l’Iran puisse jamais, jamais développer une arme nucléaire». Benyamin Nétanyahou a salué «sa clarté sur la nécessité de tenir tête au régime terroriste iranien».
Le «négociateur en chef» américain voit un accord de paix au Proche-Orient comme «le deal suprême». Il a confié cette «mission impossible» à son gendre, Jared Kushner, 36 ans, juif orthodoxe proche d’Israël et du mouvement des colons, qui connaît Nétanyahou, un ami de son père, depuis l’enfance. Ses premières consultations ont inclus des ambassadeurs arabes à Washington, en particulier celui des Émirats arabes unis, Youssef al-Otaiba. L’idée de Kushner est de voir plus grand que le rapport de force israélo-palestinien, diluant les complexités de la relation bilatérale dans un accord de paix israélo-arabe incluant l’Arabie saoudite et les monarchies du Golfe.
Trump et Nétanyahou ont confirmé le projet mercredi. «Il y a une chance de parvenir à un accord beaucoup plus large que simplement entre Israéliens et Palestiniens, englobant beaucoup d’autres pays», a déclaré le président, y voyant une stratégie «à laquelle personne n’avait pensé avant», quoi qu’elle reprenne l’initiative de paix arabe de 2005. «Pour la première fois, les pays arabes ne voient pas Israël comme un ennemi, mais de plus en plus comme un allié, a renchéri le Premier ministre. Il y a là une opportunité sans précédent que, je l’espère, nous pourrons saisir.»
Dans cette logique, la nouvelle Administration ne se sent plus tenue par la solution de deux États, qui forme le socle des efforts de paix depuis les accords d’Oslo de 1993. «Je peux vivre avec un ou deux États, a badiné Trump. J’aime celui qu’on a aujourd’hui.» Un haut responsable de la Maison-Blanche avait expliqué avant la rencontre: «Nous n’allons pas dicter les termes de la paix. Une solution de deux États qui n’apporterait pas la paix n’est pas un objectif que quiconque voudrait atteindre.» Reste-t-elle la voie privilégiée d’un règlement? «Peut-être, peut-être pas, ce n’est pas à nous d’imposer cette vision», dit l’entourage de Trump, rompant avec les trois Administrations précédentes.
Les dirigeants palestiniens ont accueilli avec inquiétude cette remise en cause. Le ministère des Affaires étrangères s’est ému «d’une inflexion dangereuse». Hanan Ashrawi, haut responsable de l’OLP, a dénoncé «une déclaration irresponsable qui ne fait pas avancer la paix». Saeb Erekat, qui a participé à toutes les négociations avec Israël depuis vingt-cinq ans, estime que «saper la solution des deux États serait un désastre et une tragédie tant pour les Israéliens que pour les Palestiniens». La «seule alternative», souligne-t-il en effet, «c’est un État démocratique et laïc dans lequel chrétiens, musulmans et juifs auront les mêmes droits» – sauf à créer «un régime d’apartheid inacceptable en 2017».
«Lever un peu le pied»
Aucun contact direct n’a encore eu lieu entre le locataire de la Maison-Blanche et le président palestinien, Mahmoud Abbas. Selon le quotidien Haaretz, cela n’a pas empêché Trump d’annoncer à Nétanyahou: «Les Palestiniens feront des concessions.» Le président américain a aussi appelé Israël à en faire: «J’aimerais vous voir lever un peu le pied» sur la colonisation, a-t-il dit au Premier ministre. Reprenant la terminologie en vigueur sous George Bush, un communiqué de la Maison-Blanche avait postulé la semaine dernière que l’extension des implantations juives en Cisjordanie n’est pas en soi «un obstacle à la paix», mais qu’elle «n’aide pas».
Quant au transfert de l’ambassade de Tel-Aviv à Jérusalem, jusqu’ici reporté à l’avènement de la paix, «j’aimerais le faire et je me penche sur la question avec attention», a dit Trump. Mais ce «n’est pas une décision facile», a-t-il avoué au journal israélien Israel Hayom.
Philippe Gélie et Cyrille Louis
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Elena NATALITCH
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