::: ILE-DE-FRANCE

USINE NOUVELLE – 23/02/2017

L’Ile-de-France va commander une centaine de rames Regio2N à Bombardier

La présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse a annoncé une commande supplémentaire de 99 rames Regio2N, à l’occasion d’un déplacement dans les Hauts-de-France sur les sites de Bombardier à Crespin et d’Alstom à Petite-Forêt.

Près de Valenciennes (Nord), la météo était perturbée en ce mercredi 22 février 2017, pour la visite de Valérie Pécresse, présidente LR de la région Ile-de-France, Xavier Bertrand, président LR de la région Hauts-de-France et Guillaume Pepy, le patron de la SNCF, venus visiter les deux usines d’Alstom à Petite-Forêt et de Bombardier à Crespin qui vont bénéficier de la méga-commande de 3,75 milliards d’euros pour les 255 rames de futur RER NG.

Deux sites qui vont produire jusqu’en 2025 pour l’Ile-de-France les RER NG (Alstom et Bombardier), les Regio 2N (Bombardier), les Francilien (Bombardier), les tram-trains (Alstom) et les métros MP14 (Alstom). Des commandes qui font partie du vaste plan lancé par la région Ile-de-France de 708 trains neufs ou rénovés livrés entre 2016 et 2021. Tout comme celle qui a été annoncée par Valérie Pécresse à Crespin pour 80 rames du train Bombardier à deux étages, Regio2N, à destination de la ligne N entre Montparnasse, Rambouillet et Mantes-la-Jolie et 19 rames sur la ligne D pour la branche en direction de Malesherbes.

Une commande d’1 milliard d’euros à livrer à partir de 2019

« Cette commande d’une centaine de rames supplémentaires pour environ 1 milliard d’euros aura bien lieu d’ici le mois de mai, et je compte sur vous pour qu’elle soit livrée entre 2019 et 2021, a prévenu la présidente de la région Ile-de-France. Au total, l’ensemble des commandes atteint près de 10 milliards d’euros. » Comme pour rappeler que ces investissements vont améliorer la vie des Franciliens dans les prochaines années, – en attendant l’appel d’offre pour les métros du Grand Paris Express -, et vont aussi permettre d’assurer la pérennité de la filière ferroviaire du Nord (et donner du travail à d’autres sites d’Alstom).

Et Xavier Bertrand de rappeler dans l’usine de Crespin qui présentait la première rame Regio2N destinée à l’Ile-de-France, qui sera livrée en fin d’année. « Ma première priorité, c’est l’emploi, la priorité de Valérie Pécresse, c’est le confort des Franciliens. Nous étions faits pour nous rencontrer« , a-t-il répété comme pour montrer qu’ils tenaient leurs promesses en pleine campagne pour l’élection présidentielle. Il prévoit également de futures commandes pour Bombardier quand un accord aura été trouvé sur la ligne Intercité Paris- Saint-Quentin – Maubeuge/Cambrai. Une usine Bombardier en pleine activité et « une filière qui reprend espoir. Ce sont 2000 salariés, 6 000 emplois induits et 1 300 fournisseurs qui sont concernés« , se réjouit Laurent Bouyer, le président de Bombardier Transport France, même si un trou d’air de 18 mois est prévu à partir de 2018 avec une baisse de l’activité.

Chômage partiel à Petite-Forêt

Une forte baisse d’activité qui a déjà commencé à Petite-Forêt chez Alstom. La visite pour découvrir les ateliers qui vont produire les futurs RER NG et les métros MP14 est saisissante. Quelques rames de métro destinées à Caracas au Venezuela attendent à l’extérieur avec une rame MI09 (RER A). Dans l’usine, quelques tram-trains sont en production pour une trentaine de rames à livrer. La dernière rame MI09 est sur le point d’être terminée. De 500 000 heures en période de pleine activité, « la production va tomber à 200 000 heures en 2017, prévient Christophe Gourlay, le directeur du site qui emploie 1 200 personnes. Nous allons devoir détacher du personnel sur certains sites Alstom ou chez des clients et procéder à des mesures de temps partiel pour 70 personnes. » 27% des employés sont des ouvriers.

A contrario, la conception et l’ingénierie vont être fortement sollicitées. Et le carnet de commandes est au beau fixe avec des rames de métro pour Lyon, Lille et Hanoï (Vietnam), des trains pour la Belgique. Pendant ce temps à Belfort, une autre bonne nouvelle pour Alstom. Le Président de la République, François Hollande, annonçait que, jeudi 23 février, la SNCF doit confirmer la commande de 15 TGV dans le plan de sauvetage de l’usine belfortaine.

Olivier Cognasse

 

 

20 MINUTES – 23/02/2017

JO 2024: Budapest retire sa candidature pour l’organisation de la compétition, Paris et Los Angeles pour la lutte finale

 

Budapest n’est plus en lice pour organiser les Jeux olympiques 2024.

La ville de Budapest a retiré ce jeudi sa candidature pour les Jeux olympiques 2024, alors qu’une pétition a recueilli assez de signatures pour déclencher l’organisation d’un référendum contre la candidature hongroise…

La candidature de la ville de Budapest à l’organisation des Jeux olympiques 2024 n’est plus que de l’histoire ancienne. La capitale hongroise a jeté l’éponge ce jeudi. « Budapest va officiellement demander au conseil municipal de retirer la candidature hongroise, en accord avec le gouvernement », a déclaré le maire de Budapest, Istvan Tarlos, après une réunion avec le Premier ministre Viktor Orban, selon l’agence de presse MTI.

La pétition lancée par de jeunes activistes pour l’organisation d’un référendum contre les Jeux de Budapest a récolté près de 266.000 signatures d’après ses organisateurs, presque le double du nécessaire pour organiser une consultation populaire. Plusieurs partis politiques critiques de l’homme fort du pays Viktor Orban avaient apporté leur soutien à cette campagne.

Paris et Los Angeles en finale

Le Premier ministre a toujours appuyé cette candidature lancée en 2015, en hommage à l’histoire olympique du pays : seuls neuf pays ont remporté plus de médailles que la Hongrie dans l’histoire des Jeux. La candidature de Budapest avait également reçu le soutien du maire de Budapest avec l’accord du Conseil municipal, du Parlement hongrois ainsi que du gouvernement Orban.

Mais les critiques ont vite pointé du doigt les coûts d’une telle candidature, affirmant que les contribuables avaient le droit de décider de la manière dont leur argent était dépensé. Le maire avait lui affirmé qu’il ne ferait pas « abstraction de la volonté du peuple ». Avec le retrait de Budapest, Paris et Los Angeles restent les deux seules villes encore en lice pour organiser la compétition. Le Comité olympique donnera le nom du vainqueur le 13 septembre.

 

 

::: ECONOMIE

LES ECHOS – 23/02/2017

Les DRH unanimes sur le coût du travail mais pas sur les 35 heures

Selon l’Association nationale des DRH, la baisse des charges patronales est une priorité. La réforme des 35 heures et le contrat de travail pré-causé divisent les DRH.

Comme beaucoup d’organisations professionnelles ces derniers jours, l’Association nationale des DRH (ANDRH) a rendu publiques ce mercredi les attentes de ses adhérents en vue de l’élection présidentielle . L’intérêt particulier de ce sondage est d’avoir l’avis de professionnels de terrain sur le social et l’emploi, deux sujets qui figurent parmi les premières préoccupations des Français et sur lesquels les candidats à la présidentielle ont commencé à dévoiler leurs propositions.

Pour les 582 répondants à l’enquête menée par l’ANDRH (dont 55 % ont plus de 300 salariés), les trois sujets qui devraient être prioritaires dans le débat public actuellement sont l’insertion professionnelle des jeunes, la transformation numérique et le développement des nouveaux modes d’organisation du travail (télétravail par exemple).

Dans le champ social, c’est l’emploi qui arrive en tête des actions à mener en priorité pour les DRH (67 %), très loin devant le dialogue social (10 %), la formation professionnelle (8 %) ou encore les retraites (5 %). Sur les leviers d’action pour relancer l’emploi, en revanche, les avis sont plus partagés : 55 % estiment que la durée du travail est une réforme prioritaire, alors que 45 % n’y voient pas un levier majeur. Et même parmi ceux qui attendent une réforme de la durée du travail, seuls 20 % souhaitent en augmenter la durée. Ce qui laisse penser que la préoccupation majeure des employeurs n’est pas tant de faire travailler plus leurs salariés, mais d’avoir suffisamment de commandes pour les faire travailler tout court. Le développement de l’apprentissage fait, lui, l’unanimité : 92 % y voient le meilleur moyen de faire baisser le taux de chômage des jeunes. Pour cela, ils recommandent une exonération totale des charges sociales pour l’embauche d’un apprenti.

Assouplir les CDD

Même unanimité pour revoir le coût du travail (85 % le souhaitent), avec en priorité la suppression des charges salariales qui ne relèvent pas de la sphère du travail, par exemple la cotisation maladie et la suppression totale des charges patronales au niveau du SMIC, une proposition défendue par Emmanuel Macron . Sur le contrat de travail, 70 % des DRH estiment nécessaire de faire évoluer le CDD vers plus de souplesse mais sans précariser, ce qui semble un objectif compliqué. Quant à l’instauration d’un ­contrat unique, qui a pu séduire un temps le patronat, elle divise profondément les DRH : 52 % y sont favorables, et 48 % s’y opposent. Même constat sur le contrat de travail dont les modalités de rupture seraient prédéfinies et progressives, comme le propose François Fillon : 55 % des DRH y croient, et 45 % sont contre.

Marie Bellan

 

 

LES ECHOS – 23/02/2017

Nouvelle hausse des fraudes détectées par les caisses d’allocations familiales

43.000 cas de fraudes détectés l’an dernier (+8 %), pour 275 millions de préjudice.
La fraude réelle, elle, reste stable, autour de 1,5 milliard d’euros.

Ni flicage ni laxisme. Soucieux de casser les stéréotypes qui entachent sa politique de contrôle, la Caisse nationale des allocations familiales a sorti le grand jeu : elle a mis en ligne depuis ce mercredi, sur son site, Twitter ou sur sa chaîne YouTube, une vidéo pédagogique en parallèle de la publication des résultats de son action sur 2016. Message : si la fraude détectée a augmenté de 8 % par rapport à 2015, le taux de fraude aux allocations, lui, reste stable, signe « des progrès considérables » réalisés par l’institution, s’est félicité son directeur général, Daniel Lenoir.

Des principaux chiffres présentés, il ressort que 35,5 millions de contrôles ont été effectués l’an dernier, l’immense majorité – 32 millions – de manière automatique, les autres sur pièces (3,3 millions) ou sur place (167.000). Résultat : 42.959 fraudes détectées, un chiffre en hausse donc de 8 % sur un an. Tous ces cas représentent un peu plus de 275 millions d’euros (contre 247,8 millions en 2015), répartis – à raison de 6.412 euros en moyenne – sur 0,36 % des allocataires.

La majorité des fraudes détectées ont concerné les minima sociaux, RSA notamment, au moment où les départements renforcent eux aussi leurs contrôles sur les bénéficiaires (lire « Les Echos » du 22 février), et les aides au logement. Parce qu’il suppose une déclaration tous les trois mois, le Revenu de solidarité active est, parmi toutes les prestations, celle qui est la plus sujette à erreur, dans un sens ou dans un autre, explique-t-on à la Cnaf.

Des suites dans tous les cas

Les trois quarts des fraudes détectées proviennent d’omissions ou de fausses déclarations, 16,5 % de fraudes à l’isolement (quand le fraudeur dissimule sa vie de couple), le solde concernant des faux, usages de faux ou escroqueries. Et aucune n’est restée sans suite : des pénalités financières pour les deux tiers, des avertissements et des poursuites pénales pour 30 % et 5 % d’entre elles respectivement.

Si l’on remonte à 2012, la hausse du nombre de cas de fraude détectés est spectaculaire, les contrôleurs disposant d’un arsenal de plus en plus important d’outils pour mener leurs vérifications. Avec, en toile de fond, l’apport grandissant des technologies informatiques dites de « data mining », qui permettent de fouiller les bases de données de différentes origines sous tous les angles.

Reste qu’il y a encore du chemin avant d’assainir la situation. Mesurée sur la base de 7.000 contrôles sur place auprès d’allocataires tirés au sort, la fraude réelle, elle, est estimée au titre de 2014 à 1,5 milliard d’euros, soit 2,2 % des prestations versées cette année-là. Le chiffre est stable, mais encore loin des 275 millions détectés. La Cnaf espère que la lutte antifraude, par son effet dissuasif, permettra à terme de faire baisser ce taux de fraude.

Alain Ruello

 

 

LE FIGARO – 23/02/2017

Logement social : la Cour des comptes envisage un bail à durée limitée

Pour inciter les locataires du parc social à retourner dans le privé lorsque leurs revenus progressent, la Cour propose plusieurs nouvelles pistes.

Le secteur du logement social est un mastodonte qui manque d’efficacité. Il a beau engloutir 17,5 milliards d’euros par an et représenter près de la moitié du parc locatif, il peine à offrir une aide aux ménages les plus modestes, déplore la Cour des comptes dans un rapport publié hier qui souligne l’inertie du système.

Obtenir un logement social représente pourtant un sérieux coup de pouce pour les locataires: le loyer est en moyenne 40% moins cher que dans le secteur privé et même 50% moins cher en Ile-de-France. Mais la file d’attente à l’entrée ne cesse de s’allonger, tandis que les ménages qui en sortent sont de moins en moins nombreux. «L’attribution d’un logement social conduit en pratique à remettre les clés à vie», regrette la Cour des comptes. Aujourd’hui 1,9 million de personnes attendent un logement social alors que seuls 4,8 millions de logements sont proposés. Et dans le même temps, la moitié des ménages sous le seuil de pauvreté ne bénéficient pas d’un tel avantage. Pourtant, le parc existant permettrait largement de les accueillir tous.

Un système opaque

Il faut dire que les conditions d’octroi sont généreuses: les deux tiers de la population sont éligibles, et un ménage sur deux bénéficiant d’un logement social n’a pas des revenus modestes. Mais le système est opaque. Seul un organisme HLM sur quatre rend publiques ses méthodes de sélection.

En matière d’immobilier, difficile d’adapter finement l’offre à la demande. À Paris, les organismes HLM enregistrent 16 demandes pour une place, mais dans d’autres zones, où la population tend à décroître, les taux de vacance sont «préoccupants». Alors que la mixité sociale des villes fait partie des objectifs assignés au logement social, la Cour des comptes déplore que ces logements soient concentrés dans certaines zones. Enfin, l’offre du secteur social ne correspond plus aux attentes des ménages, le plus souvent composés d’une ou deux personnes, si bien que de nombreux logements s’avèrent sous-occupés.

Un parc mal géré

Alors, plutôt que de construire des logements sociaux à tout va, qui coûtent cher et ne remplissent pas leur office, la Cour des comptes recommande d’abord d’améliorer la gestion du parc existant. Selon ses calculs, les constructions record de logements sociaux ces dernières années (130.000 en 2016) n’ont pas permis d’améliorer l’accès au parc. Alors que 600.000 logements ont été créés entre 2002 et 2013, les attributions annuelles ont diminué dans le même temps de 70.000. A contrario, elle estime qu’une amélioration d’un point du taux de rotation permettrait de libérer 50.000 logements par an, sans coût supplémentaire. La Cour recommande donc de recentrer l’attribution de logements sociaux sur les ménages à revenus modestes, et d’encourager à partir ceux qui ne rempliraient plus les critères d’attribution.

Elle propose d’introduire, dans les zones tendues, des baux à durée limitée. Leur renouvellement dépendrait de l’évolution de la situation du ménage. Celui-ci pourrait avoir à payer un surloyer lorsque ses revenus dépassent un certain seuil. Il n’aurait ainsi rien à perdre en retournant se loger dans le secteur privé. De tels surloyers existent déjà mais sont pour l’instant rarement appliqués.

Cette mesure recueille les faveurs de la ministre du Logement, mais celle-ci maintient en revanche son objectif annuel de construction de 150.000 logements. Elle veut également continuer à attribuer les logements sociaux non seulement aux ménages modestes mais aussi aux classes moyennes.

Marie Bartnik

 

::: ENTREPRISES

LES ECHOS – 23/02/2017

BTP, autoroutes… Eiffage voit ses bénéfices bondir

 

A partir d’avril, les essais de vitesse terminés, la SNCF prendra la main et fera circuler des trains.

La rentabilité des métiers du BTP bondit malgré le repli du chiffre d’affaires.
Un quart de l’activité se fait désormais à l’international.

Pour sa première année à la tête d’Eiffage, Benoît de Ruffray, arrivé en janvier 2016, a dévoilé des résultats en forme d’hommage à son prédécesseur prématurément disparu, Pierre Berger. «  Les efforts de ces dernières années ont payé », a résumé le groupe. Le plan de réduction de coûts, conjugué à la baisse des taux d’intérêt (donc des frais financiers), et l’embellie dans le BTP au quatrième trimestre, s’est traduit par un bond de 33 % du résultat net, à 416 millions d’euros et le résultat opérationnel atteint 1,6 milliard (+11,6 %), malgré la stagnation du chiffre d’affaires. A 14 milliards d’euros (+0,7 %), il « est en légère progression grâce aux acquisitions, sans lesquelles il serait en léger repli », reconnaît Benoît de Ruffray.

Cette panne de croissance est due au BTP, où l’activité (11,5 milliards d’euros) recule de 1,2 % à périmètre constant (hors acquisitions). N’importe, en 2016, Eiffage a connu un tournant. Ses profits ne sont plus dus à la seule prospérité de ses concessions d’autoroutes, APRR et Area. Elles sont toujours florissantes (leur résultat opérationnel a encore grimpé de 12 % à 1,2 milliard d’euros). Mais le BTP a vu sa rentabilité rebondir. Il affiche une hausse de 10 % de son résultat opérationnel, à 378 millions d’euros et les marges s’améliorent.

Envol des ventes de logements neufs

Certes, la construction de bâtiment a bénéficié de l’envol des ventes de logements neufs. Mais dans les travaux d’infrastructures, Eiffage devait négocier en 2016 une passe délicate. Son plus gros chantier, celui à 3 milliards d’euros de la nouvelle ligne ferroviaire à grande vitesse Rennes-Le Mans, s’achève (lire ci-dessous). Il a aussi connu un accident de parcours sur le chantier de la prolongation de la ligne 14 du métro parisien, où les travaux sont arrêtés suite à l’inondation de la station en construction porte de Clichy. Combien ce métro promis pour 2019 par la RATP aura-t-il de retard ? « Les travaux de confortement de la station devraient être terminés dans la première quinzaine de mars et pour la suite, nous regardons la possibilité d’accélérer les travaux », indique Jean-Louis Servranckx, le patron de la branche infrastructures. Selon lui, l’impact financier du retard serait à la charge de la RATP car « dans nos contrats nous ne prenons pas la responsabilité de la conception ni de la géologie », a-t-il souligné. En fait, selon nos informations, un expert judiciaire travaille depuis décembre à départager les responsabilités des deux parties. Mais ces incidents ponctuels n’empêchent pas une bonne performance générale du pôle infrastructures. Le chiffre d’affaires des travaux routiers s’est stabilisé, après deux ans où la baisse a été de 11 % par an et la construction métallique se redresse.

Le carnet de commandes des métiers du BTP a progressé de 5 %, à 12 milliards. Surtout, Eiffage se développe à l’international. L’activité infrastructures y a progressé de 9,6 % en 2016, avec des contrats à Madagascar, au Sénégal. Et au final, tous métiers confondus, l’international a représenté l’an dernier 24 % de l’activité BTP, « contre 18 % il y a cinq ans », a rappelé Benoît de Ruffray. Le PDG table pour 2017 sur une légère croissance de l’activité comme des bénéfices du groupe.

Myriam Chauvot

 

 

LE MONDE – 23/02/2017

Rachat d’Opel : l’opération de charme du patron de PSA en Allemagne

Carlos Tavares a donné des garanties sur l’emploi – jusqu’en 2018 – à Angela Merkel et aux salariés du constructeur allemand.

Carlos Tavares a réussi, mardi 21 février, son tour de charme en Allemagne. Au siège d’Opel à Rüsselsheim, puis à Berlin par téléphone, le PDG de PSA a donné aux représentants des salariés et à la chancelière Angela Merkel la garantie que les sites de production du groupe allemand ne seraient pas fermés et que ses 19 000 salariés en Allemagne conserveraient leur emploi… en tout cas jusqu’en 2018. « Une première bonne nouvelle », s’est félicité le président du comité d’entreprise d’Opel, Wolfgang Schäfer-Klug, mardi midi.

Les responsables politiques à Berlin se sont également empressés de célébrer ce résultat comme une réussite. Hasard du calendrier, la ministre du travail française Myriam El Khomri était en visite en Allemagne auprès de son homologue Andrea Nahles. Les deux femmes ont eu beau jeu de présenter la fusion à venir comme une opération « gagnant-gagnant ». L’annonce, le 14 février, du projet de General Motors (GM) de vendre Opel à PSA avait suscité le courroux de Berlin, vexé de ne pas avoir été informé préalablement de l’opération. En pleine année électorale, la menace d’une suppression de milliers d’emplois dans l’automobile aurait été du plus mauvais effet. Depuis, trois ministères surveillent au plus près l’avancée des négociations.

Les apparences sont donc sauves. Mais en réalité, Carlos Tavares n’est pas allé bien au-delà de ses obligations légales. Car GM s’était déjà engagé à préserver les emplois jusqu’en 2018 ainsi qu’à maintenir des investissements et des sites de production jusqu’en 2020. L’avenir n’a donc rien d’assuré à moyen terme. Les représentants du personnel, longtemps malmenés par la maison mère GM, peuvent certes s’appuyer sur la vision d’un Opel intégré dans une entreprise de tradition familiale européenne, qui a réussi son redressement, et rêver à un « champion européen » qui maintiendrait tous les emplois. Mais ils ne peuvent ignorer les Cassandre qui se sont multipliées ces derniers jours.

« Ne pas se faire d’illusion »

Les analystes de la société de conseil britannique Evercore ISI estiment ainsi, dans une étude publiée le 15 février, qu’« au regard des chevauchements entre les deux entreprises, on ne devrait pas se faire d’illusion sur ce qui va se passer si on veut en faire une seule ». Ils estiment ainsi que l’avenir du site d’Eisenach, en Thuringe, qui emploie un peu moins de 2 000 personnes, est compromis. L’expert automobile Ferdinand Dudenhöffer, de l’université Duisburg-Essen, voit aussi ce site menacé. Il a calculé que le coût du travail des sites allemands – à 52 euros de l’heure – est le plus élevé de tous les pays européens. Le site d’Eisenach n’est par ailleurs exploité qu’à 66 %. A la faveur d’un renouvellement de modèle, sa production pourrait être délocalisée dans une usine du groupe PSA en Europe de l’Est et profiter de coûts du travail plus réduits, jugent les analystes.

A court terme en tout cas, pas question de parler de fermeture, côté PSA. Après l’Allemagne, Carlos Tavares va reprendre son bâton de pèlerin afin d’aller convaincre, vendredi 24 février, des Britanniques passablement inquiets eux aussi. Il est plus facile de se séparer d’une usine au Royaume-Uni que sur le continent, conviennent les spécialistes des restructurations du secteur automobile. Peugeot en a d’ailleurs déjà fermé une en 2006 à Ryton, dans le centre de l’Angleterre.

Cela dit, le Brexit peut paradoxalement protéger les deux usines de Luton, non loin de Londres, et d’Ellesmere Port, dans le nord du pays, explique un expert du secteur. Dans la perspective de droits de douane élevés, mieux vaut produire en Grande-Bretagne les Vauxhall (le nom d’Opel outre-Manche) que l’on vend en Grande-Bretagne. Il y a une condition nécessaire pour que l’équation économique soit valable : une forte majorité des composants des véhicules doivent aussi être produits sur place afin d’éviter un coûteux jeu de saute-frontière.

Projet à la fois « inquiétant » et « encourageant »

Côté français, la grogne et l’anxiété montent aussi. Les représentants des salariés se sentent mis à l’écart. « Nous ne sommes absolument au courant de rien, déplore Franck Don, délégué central CFTC du groupe PSA. Il est plus que temps que la direction échange avec les organisations syndicales françaises. » Le projet est à la fois « inquiétant » et « encourageant », estime Christian Lafaye, délégué syndical FO, premier syndicat de PSA. De son côté, la CFE-CGC a réclamé « des garanties sur la pérennité » de l’activité du groupe automobile en France.

Au siège de PSA, on relativise ces récriminations. « Nous avons organisé une information à l’intention des organisations syndicales françaises, rappelle un porte-parole. Mais il est compréhensible que, pour le moment, il puisse y avoir des frustrations dans la mesure où nous ne pouvons pas détailler un projet qui est en cours de négociation. »

La curiosité des syndicalistes français devrait être – au moins partiellement – satisfaite mercredi 22 février. Dans la matinée, un conseil de surveillance devrait aborder le sujet du rachat d’Opel, même si l’ordre du jour officiel, à savoir l’examen des résultats financiers de 2016, n’a pas été modifié. « Il faudra de toute manière réunir à nouveau un conseil de surveillance extraordinaire la semaine prochaine, assure un membre des instances dirigeantes du groupe. C’est une obligation légale. » Le calendrier pourrait d’ailleurs s’accélérer : on estime au siège de PSA qu’il pourrait se tenir le lundi 27 ou le mardi 28 février, avec une annonce officielle dès mercredi 1er mars.

Éric Béziat et Cécile Boutelet

 

 

LES ECHOS – 23/02/2017

La location touristique entre particuliers a explosé en 2016

 

La province représente désormais 80 % de la fréquentation des logements touristiques de particuliers proposés par des plates-formes sur Internet.

Selon l’Insee, 76,5 millions de nuitées ont été passées, l’an dernier, dans des logements de particuliers proposés à la location sur Internet (+30 %). Ce qui représente 16 % du total des nuitées passées dans les hébergements touristiques marchands.

Ce n’est pas une surprise : la location touristique de logements par des particuliers, via des plates-formes Internet de type Airbnb ou Abritel, est en plein boom en France. Mais pour la première fois, l’Insee a tenté de chiffrer le phénomène. Selon l’Institut, 25,5 millions de nuits ont ainsi été facturées en 2016 au titre de logements de particuliers proposés à la location sur le Web. Un chiffre en hausse de 30 % par rapport à 2015. Cela représente 11,3 % de la fréquentation de l’ensemble des hébergements touristiques l’an dernier.

« La vigueur de l’augmentation est toutefois un peu moindre chaque trimestre, traduisant une certaine maturité du marché », note l’étude. En particulier en Ile-de-France où l’activité n’a augmenté « que » de 10 % en 2016 (la région a aussi été davantage pénalisée par l’impact des attentats), quant à elle a bondi de 36 % en province. La province représente d’ailleurs désormais 80 % de la fréquentation des logements touristiques de particuliers proposés par des plates-formes sur Internet, contre 76 % en 2015.

La clientèle hexagonale tire le marché

Autre enseignement : ce n’est pas tant la clientèle étrangère (+19 % sur un an) que la clientèle française (+36 %) qui tire le marché. Cette dernière représente ainsi 66 % de la clientèle des plates-formes de location touristique par des particuliers. « Ces données suggèrent ainsi un relais de croissance pris par la clientèle hexagonale, même si la clientèle étrangère continue de progresser », indique l’Insee, qui tempère cependant ses propos du fait du faible historique des données disponibles.

Si les plates-formes d’hébergement alternatif ont pâti, comme les hôtels, de l’effet des attentats terroristes en Ile-de-France et à Nice et de la menace terroriste persistance, elles ont bénéficié l’an dernier de l’Euro de football organisé dans l’Hexagone , qui a « stimulé » une fréquentation étrangère en berne. Celle-ci tend en outre à se redresser depuis la fin 2016. Une tendance observée plus globalement dans tout le secteur touristique.

Un diagnostic plus favorable sur le tourisme

L’augmentation de la fréquentation des logements loués par les particuliers sur le Net s’est accompagnée d’un accroissement du nombre de personnes hébergées. L’Insee estime leur nombre à 76,5 millions en 2016 sur la base d’une hypothèse de trois personnes en moyenne par logement loué, ce qui correspond à 16 % de l’ensemble des nuitées dans l’hébergement marchand. Cette part est ramenée à 14 % si l’on retient une hypothèse de 2,5 personnes par logement, indique l’institut de statistiques.

D’ailleurs, note-t-il, « l’intégration de ces données sur les plates-formes conduirait à un diagnostic plus favorable sur le tourisme en France ». Le recul de la clientèle étrangère ne s’établirait ainsi plus qu’à 3,9 % en 2016, au lieu de -5,2 %, dans l’hypothèse numéro un de trois personnes par logement loué. Surtout, la fréquentation touristique exprimée en nuitées ne serait plus en baisse de 1,3 % sur 2016, mais en hausse de 2,6 %. Une lecture toute différente.

La méthodologie de l’étude

L’Insee a récolté des données mensuelles agrégées auprès d’un échantillon représentatif de plates-formes. Cet échantillon a été établi en collaboration avec l’Union nationale pour la promotion et pour la location de vacances (UNPLV) ainsi que Gîtes de France. L’objectif était d’avoir une idée du volume d’activité que représente la location de logements de particuliers via des plates-formes sur Internet, par comparaison avec les autres hébergements marchands que sont les hôtels, les résidences de tourisme et les campings.

Elsa Dicharry

 

 

LE PARISIEN – 23/02/2017

Fausses promotions : lourdes amendes pour les stars de l’e-commerce

 

Vente-privee.com, dont les locaux sont situés à Saint-Denis, fait partie des sites épinglés par la DGCCRF.

Vente en ligne. A la suite d’une enquête de la Répression des fraudes, des grands noms du Web ont été pris la main dans le sac.

Belles promos, grosses arnaques ! Sur Internet, de nombreuses enseignes attirent toute l’année les consommateurs à coups de réductions séduisantes et de rabais inespérés. Mais parmi ces prix cassés se cachent bien souvent de fausses ristournes. C’est ce que dévoile en exclusivité, dans « le Parisien » – « Aujourd’hui en France », la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) qui a enquêté pendant des mois sur l’arnaque des fausses promotions sur Internet.

Entre fin 2015 et courant 2016, 19 entreprises d’e-commerce ont été prises en flagrant délit de tromperie commerciale. Exemples ? Les tours de passe-passe sont nombreux pour leurrer l’internaute : des « soldes » au même prix de vente qu’avant le lancement, des prix de référence revus à la hausse pour afficher un pourcentage de promo plus alléchant, ou encore des réductions à ne pas louper, soi-disant limitées dans le temps, mais qui se renouvellent en réalité toute l’année…

35 millions de Français achètent en ligne

Selon la DGCCRF, ces pratiques trompeuses sont généralisées sur la Toile. Et, pour la première fois en France, elles ont fait l’objet de condamnations non négligeables. Au total, l’amende s’élève à 2,4 M€. Parmi les fraudeurs, on retrouve Amazon, le no 1 de l’e-commerce français !

Celui qui attire plus de 18 millions de visiteurs uniques par mois — et qui n’a pas donné suite à notre courriel envoyé hier midi — a dû mettre la main au porte-monnaie à hauteur de 1 M€. D’autres grands noms du Web — Zalando, H&M, Vente-privée, Showroomprivé, Grosbill (également sollicitées, ces enseignes n’ont pas souhaité nous répondre), Comptoir des cotonniers, Gérard Darel… — ont été condamnés, verbalisés ou sont encore dans le viseur de la DGCCRF. Qui ne compte rien lâcher.

« Les enquêtes de la DGCCRF se poursuivent en 2017 pour assurer au consommateur qu’une bonne affaire est toujours une bonne affaire », assure Martine Pinville, la secrétaire d’Etat chargée du Commerce. Pas sûr néanmoins que cela soit suffisant pour assainir les pratiques alors que le marché en ligne a encore progressé de 14 %* entre 2014 et 2015, avec 64,9 Mds€ de chiffre d’affaires. Les 35 millions de Français qui achètent sur la Toile tenteront de se rassurer comme ils peuvent. Et de se protéger avec les moyens du bord (voir encadré).

Pour autant, la DGCCRF tente de positiver. Après sa condamnation, Amazon a par exemple mis en place des procédures pour vérifier — tous les trimestres seulement — le prix de référence renseigné par ses fournisseurs. Idem chez Zalando qui précise dans un courriel que ses clients ont davantage d’informations sur les prix. « Cela va dans le bon sens, reconnaît-on à la DGCCRF. A nous d’être vigilants mais, en cas de récidive, la justice pourrait aller plus loin. » Car si, pour cette première condamnation, certaines amendes s’apparentent à de simples avertissements, en cas de récidive, les géants du Web pourraient être obligés de verser jusqu’à… 10 % de leur chiffre d’affaires !

* Chiffres clés de la Fevad 2015.

Aurélie Lebelle

::: POLITIQUE

L’OPINION – 23/02/2017

Macron-Bayrou, une alliance au centre du jeu

En proposant au candidat d’En Marche ! une alliance, le président du MoDem bouscule le jeu de la présidentielle. Pour François Fillon et Benoît Hamon, c’est une mauvaise surprise

A l’occasion d’une déclaration à la presse très attendue, François Bayrou a annoncé qu’il ne serait pas candidat à l’Elysée pour la quatrième fois. Le maire de Pau a proposé une alliance à Emmanuel Macron. Celui-ci l’a accepté dans la foulée, y voyant « un tournant de la campagne » mais aussi « de la vie politique ». Les deux hommes se verront ce jeudi pour la finaliser.

Mercredi 22 février, à 16 h 37, un coup de tonnerre béarnais a éclaté dans le ciel de la présidentielle française. François Bayrou annonce qu’il ne sera pas candidat une quatrième fois à l’élection présidentielle et propose une offre d’alliance à Emmanuel Macron, basée sur quatre exigences (une loi de moralisation de la vie publique, une juste rémunération du travail, la proportionnelle, une véritable alternance).

A peine une heure plus tard, l’ancien ministre de l’Economie accepte la proposition surprise du président du MoDem. « L’alliance proposée par François Bayrou porte sur les valeurs et les idées et s’inscrit pleinement dans la démarche de renouvellement et de rassemblement qui, depuis le début, est la nôtre », déclare le patron d’En Marche!. Les deux hommes se rencontreront dès ce jeudi. Cette nouvelle donne, inédite et spectaculaire, rebat toutes les cartes de la bataille élyséenne et pourrait modifier à terme en profondeur le paysage politique national.

« La panique se lève au milieu des arbres. » François Bayrou aime cette citation de Victor Hugo. Ce mercredi, sa déclaration a pris de court beaucoup de monde, à droite comme à gauche. Elle a aussi quelque chose de logique. D’abord, même si la tentation première du maire de Pau est toujours de se lancer dans les combats, y compris les plus difficiles, cette quatrième candidature se présentait mal. Crédité de 5 % dans les sondages, dans quel état en sortirait-il ? Ces derniers jours, le centriste a été très marqué par le démarrage difficile de son dernier livre. Résolution française s’est vendu à peine à 5 000 exemplaires en deux semaines.

«Tu as raté Ségolène…» Ensuite, François Bayrou a depuis quinze ans fait de l’explosion du clivage droite-gauche son objectif et sa marque de fabrique. Lors de la présidentielle de 2007, il avait obtenu un très bon score (18,5 %), mais échoué à le concrétiser. Cinq ans plus tard, le Béarnais avait appelé à voter pour François Hollande au second tour, mais n’avait rien exigé en échange. De son côté, le chef de l’Etat avait commis une faute originelle, qui allait plomber tout son quinquennat, en ne saisissant pas la main tendue du leader du MoDem.

Les jours précédents sa prise de décision, un ami avait glissé à François Bayrou ceci : « Tu as raté Ségolène, tu as raté Dany, si tu veux maintenant rater Macron… » Dans l’entre-deux tours de 2007, prête à tout bousculer, Ségolène Royal s’était même rendue en bas de son domicile parisien afin de trouver un accord, mais le centriste n’avait pas répondu à son appel. A l’occasion des européennes de 2009, il avait préféré affronter Dany Cohn-Bendit au lieu de présenter des listes communes avec l’écologiste joueur qui n’attendait que cela. Cette fois, le maire de Pau va au bout de sa logique. Emmanuel Macron se dit « de droite et de gauche » ; il est beaucoup mieux placé que lui pour l’emporter. Il s’allie avec lui. Pour l’ancien ministre de l’Economie, c’est une vraie bouffée d’oxygène alors que depuis quinze jours sa campagne patinait. Jusqu’où le pack entre les deux hommes va-t-il bousculer le jeu ?

Pour François Fillon, ce n’est pas une bonne nouvelle. Le candidat de la droite ne le cachait pas : il avait tout intérêt à ce que François Bayrou soit candidat afin de priver Emmanuel Macron de quelques points précieux et d’un accès au second tour. « Présente-toi, j’en ai besoin et après je te donne ce que tu veux », avait lancé l’ancien Premier ministre au centriste, lorsqu’ils s’étaient vus, la dernière fois, le 24 janvier. Le premier avait pris bien soin d’opposer une fin de non-recevoir au second, qui lui demandait un groupe parlementaire. « Un groupe parlementaire pour Bayrou plus un groupe parlementaire pour l’UDI, c’est compliqué », confiait encore François Fillon la veille de l’annonce de François Bayrou. Les minutes suivant celle-ci, ses troupes exhumaient les anciennes déclarations très critiques du Béarnais à l’égard d’Emmanuel Macron. Elles rappelaient le soutien de François Bayrou à François Hollande en 2012 afin de mieux gauchiser le leader d’En Marche!. Mais avec l’appui du patron du MoDem, ce dernier est renforcé sur son centre droit, ce qui lui manquait jusqu’à présent.

« Donneurs de leçon permanente». A gauche, les partisans de Benoît Hamon sont également immédiatement montés au front. Pour eux non plus, cette nouvelle donne n’est pas sans répercussion. Le candidat du PS est empêtré dans ses discussions avec Yannick Jadot et ses bisbilles avec Jean-Luc Mélenchon. La dynamique dont il comptait profiter avec l’alliance des forces de gauche est au point mort. De son côté, Emmanuel Macron devrait enregistrer de nouveaux ralliements venus du PS dans les prochains jours.

« Hamon s’empêtre avec Jadot et Mélenchon mais n’a pas fait un geste en direction du cœur du parti depuis un mois, et les gens sentent qu’une dynamique en faveur de Macron se met en place, affirme une députée PS. Rugy et Bayrou le même jour, on a beau dire, ça enclenche quelque chose. » « Ce que nous sommes incapables de faire avec Jadot-Hamon-Macron… Accablé par les donneurs de leçon permanente », a d’ailleurs tweeté François Michel Lambert, député socialiste des Bouches-du-Rhône, montrant son dépit après « l’union des forces » proposé par François Bayrou.

Au-delà de toutes ces conséquences tactiques, c’est aussi la fin d’une autre histoire. Après Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Hollande, c’est une autre figure du paysage politique français qui ne sera pas sur la ligne de départ de la présidentielle. Le renouvellement continue, les surprises s’enchaînent, faisant de cette élection une présidentielle folle.

Ludovic Vigogne

 

 

LE MONDE – 23/02/2017

Taubira : « Je ne crois pas à la défaite inéluctable de la gauche »

L’ex-ministre de la justice considère, dans un entretien au « Monde », que « ce qui différencie les sensibilités de gauche n’est pas rédhibitoire ».

Christiane Taubira, qui publie un nouveau livre, Nous habitons la Terre (Philippe Rey), regrette, dans un entretien au Monde, le « renoncement de la gauche à son identité » et la « lente déliquescence » politique. L’ex-garde des sceaux estime que les gauches ne sont pas irréconciliables et qu’elles sont face à une « responsabilité historique ».

Dans votre livre, vous expliquez que le mot « crise » est brandi depuis des décennies pour empêcher toute réflexion de fond. Considérez-vous que la France traverse actuellement, à deux mois de la présidentielle, une crise politique ?

Il n’y a pas une crise politique en France. La situation dans laquelle nous sommes s’est construite lentement, hélas. Ce sont au moins vingt ou trente ans de renoncement de la gauche à son identité politique, à son propre vocabulaire, à sa capacité de réflexion et de proposition de solutions nouvelles, qui nous ont placés dans cette situation. Ce n’est pas une crise, quelque chose qui surgit à l’improviste, c’est une lente déliquescence. Nous sommes dans un moment paroxystique, mais il suffisait d’un peu de lucidité pour le voir venir.

Cette lente déliquescence s’exprime-t-elle dans cette campagne présidentielle ?

La déliquescence se traduit par une perte de confiance, par un désarroi qui conduit des personnes à accepter, du fait des difficultés économiques et de leurs angoisses existentielles, des discours qu’en d’autres temps elles n’auraient pas tolérés. Dans la présidentielle, les candidats eux-mêmes se retrouvent pris dans ce tourbillon d’une société où la classe politique a contribué à brouiller les repères.

Vous regrettez que la gauche ait perdu la bataille des mots. Dans la campagne, voyez-vous un candidat qui parle avec des mots de gauche ?

C’est vrai que, sur le quinquennat, la parole politique n’a pas réhabilité l’engagement à gauche, elle est restée dans la tendance lourde qui consiste, soi-disant au nom du pragmatisme, à ne pas assumer ses valeurs. Cela avait déjà été le cas à la fin de la législature Jospin. Pendant les deux quinquennats de la droite, entre 2002 et 2012, alors que la gauche a remporté des victoires électorales, elle a accumulé les défaites politiques et culturelles.

Elle a fait l’erreur de croire qu’elle gagnait les élections intermédiaires parce qu’elle atténuait son discours. Depuis 2012, j’ai entendu à chaque échec électoral des dirigeants de gauche expliquer que si les Français voulaient plus de gauche, ils auraient voté pour les communistes. Sauf que la politique n’est pas une arithmétique : ne pas assumer l’identité de la gauche a été la cause de la sanction.

En prenez-vous votre part personnellement ?

Non ! J’assume collectivement, je dis « nous », mais j’ai laissé suffisamment de traces et de déclarations, durant le quinquennat et avant, qui prouvent mes désaccords. J’ai choisi de rester dans le camp de la gauche, je reste solidaire y compris de ses erreurs. Mais je n’y ai pas contribué personnellement, j’ai même plutôt pourri la vie de certains dirigeants de gauche.

L’affaire Théo L., ce jeune homme victime d’un viol présumé lors d’une interpellation, illustre-t-elle un ultime échec de la gauche dans sa relation avec les quartiers populaires ?

Je n’ai pas envie d’en parler sous cet angle. Il y a une jeunesse en demande, en attente. Que lui offre-t-on ? Du fond, des repères historiques, de la méthode ? Ou simplement de la superficialité ? De quoi parle-t-on quand on parle des banlieues ? D’une planète perdue ? Il s’agit de notre territoire où vivent des Français depuis plusieurs générations, on parle de citoyens pleins et entiers. C’est cela, le sujet. Plus personne ne parle du contrat social. Les jeunes ne savent plus bien ce que c’est, mais les politiques non plus.

La gauche était plus attendue sur les banlieues que la droite ou l’extrême droite…

C’est un échec politique depuis quarante ans. En 2001, après le 11-Septembre, Lionel Jospin avait fait un discours de premier ministre pendant quarante-cinq minutes à la tribune de l’Assemblée nationale. Pas une seule fois le mot laïcité n’avait été prononcé. Pas une phrase pour dire à des jeunes qui, pétris de frustrations, risquaient de s’identifier à ces monstres-là, qu’ils étaient d’ici et ne devaient pas se laisser aspirer.

C’est un vieil échec récurrent, de la gauche, de la droite. Mais la gauche est plus coupable parce qu’elle a plus que d’autres le devoir de se préoccuper de la cohésion sociale, de la justice sociale, de l’égalité des chances.

Vous avez fait la « une »  des « Inrocks » le 1er février pour une interview croisée sur la jeunesse avec l’ex-chroniqueur du « Bondy Blog » Mehdi Meklat. Vous avez réagi à la polémique sur ses propos sur Twitter, antisémites et violents, en les condamnant…

Oui, je condamne ces propos. Si c’est, paraît-il, un jeu, il est tellement pestilentiel et dangereux qu’il n’y a aucune circonstance atténuante possible. Ce sont des torrents de boue comme on en trouve tous les jours sur les réseaux sociaux. Mais je refuse de réduire la jeunesse au fait qu’un jeune se soit livré à ce qui est absolument incompréhensible et inexcusable.

Qui, de Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon ou Emmanuel Macron représente la gauche que vous réclamez de vos vœux ?

Il y a un principe fondamental en sociologie, c’est se nommer soi-même. Quand certains disent qu’ils ne sont pas à gauche, ce n’est pas à moi de les attraper au lasso pour les y emmener. La gauche porte constamment la transformation de la société. Incontestablement, Benoît Hamon porte des idées et une parole de gauche, un engagement et une volonté de gauche. Il produit des idées qui bousculent, qui sont la risée de certains ou nourrissent des espoirs.

Les tensions entre Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon ne donnent-elles pas raison rétrospectivement à Manuel Valls quand il parlait des gauches irréconciliables ?

Historiquement, il est établi qu’il existe plusieurs sensibilités, mais, dans les moments les plus graves, les gauches se sont rendu compte qu’elles n’avaient rien d’irréconciliable et qu’elles étaient capables de travailler ensemble. C’est évident sous le Front populaire, sous Mitterrand ou sous Jospin. Je crois que ce qui différencie les sensibilités de gauche n’est pas rédhibitoire.

A deux mois du premier tour, attendez-vous une candidature commune à gauche ?

J’ai toujours refusé les calculs du microcosme. J’ai un seul souci : qu’adviendra-t-il des gens, et notamment des plus vulnérables, qui ont besoin de la puissance de l’Etat pour les protéger ? Ce ne sont ni les politiques d’extrême droite, introuvables, ni celles de la droite, dont on connaît le programme brutal, qui peuvent remplir ce rôle.

La gauche a une responsabilité historique. L’option n’est pas de savoir si un tel est meilleur ou plus sympathique, si un tel doit s’aligner derrière un tel, ce n’est pas le sujet. Est-ce que nous prenons la responsabilité de voir la situation sociale et économique, et aussi budgétaire, se détériorer et des personnes en prendre plein la figure pendant cinq ans ? Ou sommes-nous capables de nous dépasser et d’affronter toutes les difficultés aujourd’hui plutôt que d’avoir demain à répondre à ceux qui nous diront : « Ainsi vous nous avez livrés à ces gens-là » ?

Vous dites cela à M. Mélenchon ?

Je le dis à la société tout entière. Les responsables politiques ont aussi besoin d’entendre la maturité de la société. Les gens voient certains jeux et les trouvent intolérables. Ils voient des crispations, certes légitimes, mais inopportunes. On ne s’amuse pas là, on n’est pas à la kermesse, il y va du sort de millions de gens, de ce que sera l’Europe demain et de l’état du monde.

Est-ce la raison pour laquelle vous n’avez pas voulu être candidate ?

Je suis partie [du gouvernement] sur un désaccord assumé, mais je considère que nous sommes toujours aux responsabilités. Nous avons conduit une pleine législature, nous avons mené des réformes de qualité, d’autres qui sont restées au milieu du gué, d’autres encore qui n’étaient pas à faire. L’éthique du pouvoir est d’expliquer, y compris ce que l’on n’a pas fait.

Parce que nous savons ce que peut représenter une alternance de la droite, ou pire une arrivée au pouvoir de l’extrême droite, nous avons des responsabilités particulières. J’ai estimé que nous ne pouvions pas entrer dans la présidentielle sur la base d’un exercice routinier. Mes amis ont eu beau me dire que j’étais la meilleure, la seule capable de rassembler la gauche, ce n’était pas le sujet pour moi. L’enjeu n’était pas d’aller se livrer à un exercice de compétition et de rivalité internes.

Est-ce que vous croyez à une droitisation de la société ?

J’ai entendu des responsables de gauche justifier leurs politiques de cette façon-là. Il y a peut-être une droitisation liée au fait que les idées que projette la droite paraissent plus simples. Mais, si cela a lieu, je ne vois pas pourquoi je devrais l’accompagner ! Au contraire, je résiste de toutes mes forces.

Emmanuel Macron, qui séduit une partie de la gauche, est-il pour vous le symbole d’une perte de repères de la gauche ?

Les abandons de la gauche ont ouvert des espaces. Il y a un jeu qui consiste à dire : « Je ne suis ni de droite ni de gauche parce qu’il faut réconcilier tout le monde. » Cela n’a aucun sens. La politique ne crée pas la guerre, elle l’évite. Elle permet d’exprimer la pluralité des visions. Si on prétend faire de la politique, on doit dire aux citoyens, à visage découvert, comment on pense la société.

Pensez-vous comme Emmanuel Macron que la colonisation a été un « crime contre l’humanité » ?

C’est le débat inextinguible entre le droit et l’éthique. Le droit définit le crime contre l’humanité. Soit Emmanuel Macron se place dans ce cadre, soit il est dans un autre champ. Il y a une définition du crime contre l’humanité, du génocide, et il y a une réalité de la colonisation, qui n’a rien à voir avec le « partage des cultures » vanté par François Fillon. Cela a à voir avec des crimes, des massacres, des millions de morts, du travail forcé… Mais je suis mal à l’aise avec les calculs électoraux sur des sujets aussi lourds.

  1. Macron regrette également que lors du débat sur le mariage pour tous, ses opposants aient été « humiliés ». Etes-vous d’accord ?

Qui a été humilié ? Celle qu’on traitait de guenon tous les matins ? Celle qui recevait des menaces de mort ? Celle sur qui on lançait des œufs ? A l’inverse, qu’on trouve un quart de virgule où j’aurais tenu un propos humiliant. Ce n’est pas faute d’en avoir entendus et d’avoir quatre enfants qui, en se levant le matin, les entendaient.

Mais je ne compte pas, je fais rempart parce que, derrière moi, il y a des gens. Les agressions physiques homophobes, c’est La Manif pour tous qui les a supportées ? Les insultes homophobes, la disqualification de toute famille en dehors de celle avec un papa, une maman, un petit garçon et une petite fille… Ces gamins qui ont entendu qu’on les traitait d’« enfants Playmobil ». Elle était dans quel camp, l’humiliation ?

Quel rôle comptez-vous jouer désormais, à part écrire des livres ?

Je suis une politique qui écrit. Je n’écris pas pour gagner ma vie ou pour raconter des histoires, j’écris avec une sommation vitale. J’essaie d’aider la jeunesse à lire le monde. C’est elle qui fera la suite. Son énergie est indomptable. Pour la campagne, je vais participer autant que possible. J’aime le contact avec les gens, aller sur les marchés, faire les immeubles, expliquer les choses, rire des adversaires aussi…

Vous parlez beaucoup de Gramsci dans votre livre et des défaites culturelles. Est-ce à dire que pour vous, la défaite électorale de la gauche, qui, selon le philosophe italien, est l’étape suivante, est inéluctable ?

Je ne crois pas à la défaite inéluctable. Mais on sortira de cette période quand la gauche sera consciente de ses défaites culturelles. Je n’ai pas écrit ce livre pour la campagne. Il faut que la gauche se retrouve pour travailler sur le fond et dans la durée.

Nicolas Chapuis et Bastien Bonnefous

 

 

LE FIGARO – 23/02/2017

Fillon retourne sur le terrain pour parler du fond

REPORTAGE – Le candidat s’est rendu à Fontainebleau mercredi dans une maison de santé.

Au lendemain de la présentation de ses propositions concernant la santé devant la Mutualité française, François Fillon est allé visiter une maison de santé à Fontainebleau (Seine-et-Marne). Le candidat à la présidentielle a choisi de renouer avec les déplacements qu’il affectionnait pendant la primaire, en petit comité et sans la nuée de caméras qui l’entouraient depuis sa victoire fin novembre, surtout après les révélations du Canard enchaîné. «Une élection présidentielle, ce n’est pas une émission de téléréalité. Quand il y a autant de médias, les gens ne se livrent pas de la même manière», tranche son entourage.

Alors que certains déplacements ont été perturbés par des manifestants, ses conseillers rejettent l’idée d’un «candidat bunkerisé». «Pouvoir échanger une heure sur des sujets de fond, c’est pour lui une bouffée d’oxygène», avance un de ses proches. Accompagné seulement de deux journalistes, du Figaro et de la presse quotidienne régionale de l’Est, et de quelques élus (Éric Wœrth, Jean Leonetti, Bernard Debré) qui avaient travaillé sur ses propositions relatives à la santé, François Fillon a rencontré une dizaine de jeunes praticiens venus s’installer en Seine-et-Marne.

Très détendu et souriant, comme on ne l’avait plus vu depuis des semaines, sans réciter son programme mais se voulant à l’écoute de ses intervenants, le candidat a multiplié les questions à l’attention de ses interlocuteurs. «Pour vous, ce n’est pas seulement une mise en commun des moyens, c’est aussi une meilleure offre de soins?» a-t-il demandé à une jeune kinésithérapeute un brin intimidée.

La maison de soins universitaire ouverte il y a dix-huit mois regroupe médecins généralistes, orthophonistes, sages-femmes, infirmières, kinés… Sur une feuille jaune vif, François Fillon prend des notes. Il s’intéresse particulièrement à la cohabitation entre maison de santé et hôpital sur un même territoire. L’existence de la première fait-elle diminuer la fréquentation des urgences? interroge-t-il. Dans le débat de l’entre-deux-tours de la primaire face à Alain Juppé, François Fillon estimait que «créer un maximum de maisons de santé» permettrait de «décharger l’hôpital de missions qu’il accomplit aujourd’hui».

Table ronde

Ses interlocuteurs à Fontainebleau sont moins catégoriques. «Il y a un problème d’éducation de la population, en particulier jeune, qui veut tout maintenant et tout de suite, mais seulement quand elle a le temps…», lui répond un des professeurs de médecine présents à la table ronde. «30 % à 40 % des patients qui viennent aux urgences n’ont même pas appelé leur médecin», poursuit le professeur Renard. «Avec une maison de santé, il y a progressivement un phénomène d’éducation à la santé, mais ça prend du temps», explique le Dr Sophie Brossier, à la tête de la maison de santé.

Le candidat s’intéresse aussi à la désertification médicale. «On perd 75 médecins par an en Seine-et-Marne, on n’en récupère que la moitié», assure un médecin. «On a dit qu’on voulait régionaliser le numerus clausus, la rencontre m’a conforté dans cette idée, confie le candidat, même s’il y a un débat sur l’ajuster ou pas.»

Autour de la table ronde, les sigles et termes techniques se multiplient. «Moi j’ai tout compris», fanfaronne François Fillon à l’issue de la rencontre. Pour le candidat de la droite, «la réorganisation de notre système de santé passe par les médecins généralistes. Ils doivent redevenir le maillon central de notre système de santé», indique-t-il. «Pendant trois ans, j’ai tourné dans toute la France et dans tous les sens, je me suis rendu compte qu’énormément d’initiatives étaient bridées ou rendues impossibles par les contraintes et les normes. Or je suis frappé de voir qu’il peut y avoir plein de modèles de maison de santé. Mais il faut laisser une immense liberté aux médecins pour s’organiser, souligne-t-il. Dès qu’on peut redonner de la liberté, de la responsabilité,ça marche mieux.»

Marion Mourgue

 

::: INTERNATIONAL

LE POINT – 23/02/2017

Terrorisme : Paris et Berlin veulent revoir l’espace Schengen

 

Les contrôles aux frontières peuvent être prolongés pendant deux ans.

Les ministres de l’Intérieur français et allemand ont écrit à la Commission européenne pour témoigner de la « nécessité de procéder à la révision du Code ».

Paris et Berlin demandent des comptes à l’Europe concernant l’espace Schengen, dans un contexte tendu pour ces deux pays touchés par des attentats. La France et l’Allemagne ont exhorté la Commission européenne à réviser le Code Schengen afin de mieux tenir compte de la menace terroriste, selon une lettre commune que l’Agence France-Presse a pu consulter. « La persistance de la menace terroriste et l’efficacité des contrôles actuels aux frontières intérieures témoignent de la nécessité de procéder à la révision du Code frontières Schengen […] en cas de menace grave pour l’ordre public ou la sécurité intérieure », écrivent les ministres de l’Intérieur Thomas de Maizière et Bruno Le Roux.

La lettre, écrite de Berlin et datée de lundi, est adressée principalement au Premier vice-président de la Commission européenne Frans Timmermans, et à ses collègues chargés de la Migration et de la Sécurité, respectivement Dimitris Avramopoulos et Julian King. Les deux ministres allemand et français souhaitent que les contrôles soient rétablis pour « des durées supérieures à celles prévues actuellement », et que les conditions d’exercice des contrôles en dehors d’une période de rétablissement soient « assouplies ». La France a reçu le feu vert pour un rétablissement de contrôles à ses frontières jusqu’à la mi-juillet pour cause de menace terroriste persistante.

Durée maximale de deux ans

Berlin, de son côté, a déjà annoncé son intention de justifier à l’avenir ses contrôles aux frontières – temporairement rétablis à la suite de la crise migratoire – par la menace terroriste, à l’image de ce que fait Paris. Selon les règles actuelles, la durée maximale pour appliquer les contrôles en vertu de la menace terroriste est de deux ans. Le couple franco-allemand demande également à la Commission d’aller plus loin que le projet actuel de l’exécutif européen de système d’entrée et sortie de l’UE et d’inclure dans la liste des voyageurs, dont la trace est enregistrée, les ressortissants européens et ceux de pays tiers en long séjour. L’objectif est d’« identifier les trajets et filières de combattants étrangers », partant combattre en Irak et en Syrie, à travers un nouveau répertoire central.

 

LE FIGARO – 23/02/2017

Syrie : les acteurs de la crise de retour à Genève

 

Qtaffan de Mistura, envoyé spécial de l’ONU en Syrie (à gauche), et Serguei Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, à Moscou, le 16 février,

où ils se sont rencontrés en prévision des négociations intersyriennes prévues ce jeudi, à Genève

Les délégations des deux camps rivaux en Syrie ouvrent jeudi de nouvelles discussions, sous l’égide de l’ONU, pour tenter de mettre un terme à six années de conflit meurtrier. Ces nouvelles négociations sont un test pour la relation Trump-Poutine.

C’est la quatrième fois que l’ONU tente de forcer la paix en Syrie en organisant des négociations. Mais le nouveau volet diplomatique qui s’ouvre jeudi à Genève entre les représentants du régime et de l’opposition est porté par une configuration radicalement différente. Le retrait américain du Moyen-Orient amorcé par Barack Obama et l’effacement des Européens, qui n’ont plus les leviers nécessaires pour influencer le conflit, ont créé un vide qui a été comblé par les puissances régionales. La Russie, l’Iran et la Turquie ont repris en main le dossier syrien. D’abord en intervenant militairement au sol, puis en imposant un cessez-le-feu entre l’armée et les groupes rebelles, le 30 décembre. Enfin en organisant, à Astana au Kazakhstan, des discussions réunissant pour la première fois des représentants du régime et une petite délégation rebelle.

Les pourparlers d’Astana, dans lesquels les États-Unis n’ont pas été impliqués, n’ont débouché sur aucune percée majeure. Mais ils ont officialisé le rôle des trois nouveaux parrains du dossier syrien. Ils ont aussi «beaucoup aidé» pour organiser de nouvelles négociations de Genève. C’est en tout cas ce que pense Staffan de Mistura, l’envoyé spécial de l’ONU en Syrie. «Le nouveau cessez-le-feu a davantage de chances de tenir que les autres, car les pays qui le garantissent ont des atouts sur le terrain, leurs militaires au sol qui peuvent agir auprès des uns et des autres», a affirmé l’envoyé spécial de l’ONU en Syrie à la Conférence sur la sécurité de Munich. L’intervention russe en Syrie, puis le rapprochement diplomatique entre Moscou et Ankara ont «changé la donne», explique de Mistura. Il estime qu’il faut «soutenir la realpolitik lorsqu’elle va dans le bon sens». Pour autant et malgré son optimisme irréductible, l’envoyé spécial de l’ONU ne se «berce pas d’illusions» sur les chances d’aboutir à une solution.

Comme à chaque veille de négociations, l’armée syrienne a intensifié ses bombardements, menaçant ainsi de saboter l’initiative diplomatique. «Aucun cessez-le-feu ne peut durer sans solution politique», prévient en outre Staffan de Mistura. Et celle-ci ne se profile pas encore à l’horizon. Le sort de Bachar el-Assad divise toujours les protagonistes. Sa tête est réclamée par l’opposition. Mais le président syrien est en position de force et n’a aucune intention de faire des concessions. Avec l’aide de la Russie et de l’Iran, le régime a repris Alep, le fief de l’opposition, dans le nord du pays.

Inconnue américaine

La rébellion s’est réduite comme une peau de chagrin. Elle a en outre perdu l’un de ses principaux soutiens, la Turquie, qui, en se rapprochant de Moscou, a dû réviser sa politique syrienne. «Que vous le vouliez ou non, Bachar est toujours là. La coalition a totalement échoué en Syrie. Son seul propos fut de réclamer le départ du président syrien. Mais pour le remplacer par qui? Par le chaos?» s’insurge Konstantin Kosachev, le chef de la commission des affaires étrangères du Conseil de la Fédération russe. La question de la transition politique ne devrait pas être abordée directement à Genève, où les discussions concerneront les trois piliers de la résolution 2232, une gouvernance inclusive, une nouvelle Constitution et des élections supervisées par l’ONU. Mais elle sera dans toutes les têtes.

Et puis, il y a aussi l’inconnue américaine. Ajoutée à la poursuite de la violence et au fossé qui sépare les belligérants, l’incertitude sur les intentions du nouveau président hypothèque sérieusement les chances de réussite des pourparlers de Genève. «Où sont les États-Unis? Je ne peux pas vous le dire car je l’ignore», affirme Staffan de Mistura. L’envoyé spécial du président américain pour la coalition anti-Daech, Brett McGurk, peut lui fournir une réponse: «Nous sommes devenus une balle de ping-pong pour les Russes et les Turcs», regrette-t-il à Munich.

L’effacement américain a été amorcé sous la précédente Administration. «Barack Obama a fait une grosse erreur: il a voulu s’opposer à Bachar politiquement, sans utiliser la force militaire et affronter Daech militairement, sans proposer de solution politique», poursuit Brett McGurk. Sera-t-il confirmé ou infirmé par Donald Trump? Comme le dit Kenneth Roth, le chef de l’organisation Human Rights Watch: «Que Dieu vienne en aide aux Syriens s’il faut attendre que Trump donne une solution!»

Isabelle Lasserre

 

 

 

Vous souhaitant une bonne journée.

 

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Elena NATALITCH

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