::: ECONOMIE
L’OPINION – 24/02/2017
Assurance-chômage: plus que les contrats courts, la question des seniors pourrait polluer la négociation
Le patronat veut que la durée maximale d’indemnisation soit réduite de trois à deux ans pour les demandeurs d’emploi de 50 à 55 ans
En matière d’assurance-chômage, les débats se sont beaucoup focalisés sur les contrats de travail courts et leur taxation. Mais selon plusieurs négociateurs, le dossier des seniors est un point très litigieux dans les discussions qui se tiennent actuellement entre les partenaires sociaux, cogestionnaires de l’Unédic.
Les plus de 50 ans représentent un quart des bénéficiaires de l’assurance-chômage et bénéficient d’une durée maximale d’indemnisation de 36 mois (les moins de 50 ans sont indemnisés 24 mois maximum), répondant à leur difficulté à retrouver un emploi. Cela pèse lourdement sur les comptes de l’Unédic : les allocations versées au-delà de deux années représentaient 1 milliard d’euros en 2015.
Aussi, le Medef propose-t-il de relever l’âge d’entrée dans cette filière à 55 ans (au départ, il envisageait même 57 ou 59 ans). La CFDT pourrait suivre cette proposition, faisant valoir que les règles en vigueur pour les plus de 50 ans envoient un très mauvais signal aux seniors et aux employeurs. Par ailleurs, selon une étude de l’Unédic citée par le Conseil d’orientation des retraites, le recul de l’âge de la retraite a multiplié par deux, entre 2008 et 2015, le nombre de chômeurs indemnisés de 60 ans et plus.
Les autres syndicats, et notamment Force ouvrière, dont la position est particulièrement regardée dans cette négociation, ne veulent pas entendre parler de changement à 55 ans. « C’est appliquer encore une logique purement comptable. On veut bien bouger le curseur mais pas au-delà de 52 ans, c’est une ligne rouge que nous ne franchirons pas », prévient Jean-Claude Mailly, qui estime que le service après-vente d’un tel report serait trop compliqué chez les salariés. Et d’anticiper une inflexibilité patronale sur ce point « car le Medef tient à afficher un milliard d’économies sur cette négociation… »
La prochaine séance de négociation est fixée au 7 mars, et les partenaires sociaux se donnent jusqu’au 28 pour trouver un accord… ou pas.
LES ECHOS – 24/02/2017
Malgré les incertitudes politiques, les patrons gardent le moral
Le climat des affaires reste bien orienté, selon l’Insee. Les industriels, notamment, sont de plus en plus optimistes.
A deux mois de la présidentielle , les investisseurs ont beau évaluer les scénarios politiques les plus sombres et s’interroger sur les risques de voir Marine Le Pen accéder au pouvoir , les patrons français, eux, ont toujours le moral. Le climat des affaires, calculé par l’Insee , n’a pas bougé en février. A 104 points, il est toujours supérieur à sa moyenne de long terme, qui se situe à 100. Un tel niveau correspond peu ou prou à un rythme de croissance trimestriel de 0,4 %. C’est d’ailleurs la progression du PIB attendue par les économistes de la banque Natixis au premier trimestre 2017.
La bonne nouvelle est venue de l’industrie. L’indicateur de la confiance des industriels français a grimpé de 1 point, à 107 points et se situe à son plus haut niveau depuis juin 2011. Mieux, quand l’Insee interroge les chefs d’entreprise sur leurs perspectives personnelles de production, ces derniers se montrent très positifs sur l’avenir : le solde entre les optimistes et pessimistes atteint désormais son plus haut depuis janvier 2008.
Le chômage recule en France
En France, comme dans beaucoup d’autres pays tels que l’Allemagne, l’industrie est le secteur qui se porte le mieux dans les enquêtes. Cela s’explique par le fait que les prix des produits industriels destinés au marché français et aux marchés étrangers ont commencé à augmenter à l’automne dernier. L’économie américaine est en forme, les craintes sur l’activité en Chine semblent, au moins à court terme, s’atténuer et les pays émergents, Russie et Brésil en tête, sortent bon an mal an des récessions de ces deux dernières années. Le Brexit n’a pas entraîné l’impact économique redouté sur la Grande-Bretagne jusqu’à présent.
Quant à la zone euro, qui bénéficie de la politique monétaire ultra-accommodante et d’une politique budgétaire qui n’est plus restrictive, elle retrouve de l’élan. En France, doucement mais sûrement, le chômage recule avec la reprise des créations d’emplois, ce qui participe au raffermissement de la demande des ménages. D’où la confiance grandissante des industriels. Le secteur du bâtiment connaît lui aussi une embellie. Ainsi, la production de logements collectifs neufs a crû de 21 % en 2016, et se retrouve à un record depuis 2010. Enfin, dans les services, l’hôtellerie-restauration et le tourisme en général, extrêmement affectés par les attentats, pourraient avoir touché leur point bas.
Les problèmes structurels de l’économie française ne sont peut-être pas réglés mais sur le plan conjoncturel, l’amélioration de ces derniers mois est désormais indéniable. Tout se passe comme si, petit à petit, la France et la zone euro retrouvaient une santé économique. Reste à voir si le risque politique ne va pas venir faire dérailler une activité remise sur de bons rails.
::: ENTREPRISES
LE FIGARO – 24/02/2017
L’automobile française en pleine renaissance
Les groupes PSA et Renault ont dégagé les marges les plus élevées de leur histoire l’an dernier.
Carlos Tavares, président du directoire de PSA, n’a pas caché sa satisfaction en présentant les résultats du constructeur pour l’année 2016. Il s’est félicité d’une «marge opérationnelle au niveau le plus élevé de tous les temps». Surtout, le dirigeant a souligné le chemin parcouru en seulement trois années. En 2013, la marge opérationnelle de PSA était négative (- 2,8 %) et le groupe perdait 1 milliard d’euros en termes de capacité d’autofinancement. L’an dernier, sa marge a atteint 6 %. Et le constructeur a accumulé 8,1 milliards d’euros de capacité d’autofinancement sur les trois derniers exercices.
Les salariés de PSA ont toutes les raisons de s’en réjouir, puisqu’ils toucheront au moins 2 000 euros d’intéressement au titre de 2016. La hausse est de plus de 20 % par rapport à l’année précédente. Cette bonne santé ne concerne pas seulement le constructeur sochalien, mais également son concurrent hexagonal, Renault, qui a lui aussi dégagé des résultats spectaculaires l’an dernier, avec ses ventes en croissance de 13 % et une marge de 6,4 %.
Les constructeurs français ont longtemps été considérés comme les champions des petites voitures bon marché, ne pouvant dégager que des marges inférieures à celles de leurs concurrents allemands, japonais ou américains. Au plus fort de la crise de 2008-2009, ils ont même été considérés comme moribonds. Leur redressement est donc spectaculaire. «Au vu des résultats financiers des deux constructeurs français, il est possible de parler de renaissance», affirme même Flavien Neuvy, directeur de l’Observatoire Cetelem.
Pour parvenir à ces résultats, les deux constructeurs ont, pour partie, utilisé les mêmes recettes. D’abord en profitant de la bonne tenue du marché automobile mondial. «Renault et PSA ne sont pas les seuls constructeurs à publier de bons résultats sur l’exercice 2016», souligne d’ailleurs Xavier Caroen, analyste chez Bryan Garnier. Les deux français ont, surtout, profité de leur exposition à l’Europe, marché particulièrement dynamique l’an dernier. Grâce à cette bonne conjoncture, ils ont pu maintenir leurs prix de ventes et les marges sur leurs véhicules. «Peugeot est la référence des marques généralistes en Europe aujourd’hui», s’est ainsi félicité Carlos Tavares.
Succès de la gamme low-cost de Renault
Ensuite, «Renault et PSA ont signé, dès 2013, des accords de compétitivité avec une majorité des syndicats, ce qui leur a permis de restaurer la rentabilité des sites industriels français», précise Flavien Neuvy. Ils ne se sont pas contentés de ces accords, mais ont également mis de l’argent sur la table, en investissant massivement dans leurs sites de production pour le moderniser. Dernière annonce en date: PSA consacrera 200 millions d’euros à son usine plus que centenaire de Sochaux.
Pour autant, les divergences entre les deux groupes sont bien réelles. Renault a profité de deux atouts uniques. D’abord, le succès de sa gamme low-cost. Vendus sous la marque Dacia en Europe, ces modèles représentent plus de 40 % des ventes mondiales de la marque au losange. Renault a été plus loin en lançant la Kwid ultra-low-cost en Inde. Avec un grand succès. Ce modèle sera aussi commercialisé en Amérique latine. Et d’autres véhicules ultra-low-costs sortiront bientôt. Ensuite, le groupe dirigé par Carlos Ghosn profite de son alliance avec Nissan, désormais rejoint par Mitsubishi. Cette alliance lui donne un poids inédit pour maximiser les achats de pièces et de composants. Un phénomène d’autant plus fort que Renault et Nissan utilisent aujourd’hui les mêmes plateformes, des ensembles d’éléments communs à plusieurs véhicules. Grâce à ces économies, Renault a pu multiplier les lancements de nouveaux modèles, comme l’Espace, la Megane, le Kadjar ou la Talisman. Cette stratégie explique le dynamisme commercial rencontré en 2016, année pendant laquelle les ventes ont progressé de 13,3 %.
Pour PSA, la situation est différente. La croissance des ventes l’an dernier s’explique même exclusivement par l’intégration des volumes du partenaire iranien, Iran Khodro. «Le redressement des marges s’est fait en coupant dans les coûts, notamment de développement», explique Xavier Caroen. Carlos Tavares a compté chaque euro dépensé, notamment dans le lancement de nouveaux modèles et le développement technologique. C’est ainsi que les véhicules électriques ou hybrides rechargeables développés en propre n’arriveront que dans quelques années. Conséquences: dans un marché dynamique, PSA a perdu des parts de marché l’an dernier. Le redressement financier est réel, mais «PSA se trouve dans une situation plus difficile pour affronter les défis de l’industrie automobile des prochaines années», estime Flavien Neuvy. Le constructeur risque de ne pas pouvoir faire face à tous les investissements technologiques (conduite autonome, connectivité, électromobilité…). Renault n’a, lui, pas à faire des choix, puisqu’il peut en partager les coûts avec ses partenaires de l’alliance. C’est pour régler, au moins en partie, ce souci, que Carlos Tavares a décidé de se lancer dans l’acquisition d’Opel.
LES ECHOS – 24/02/2017
Bouygues profite à plein de l’embellie du BTP en France
Son carnet de commandes a franchi la barre des 30 milliards et Colas en a fini avec le marasme des travaux routiers.
Le plan d’infrastructures de Trump, s’il se concrétise, serait un « aléa positif » pour Colas, très présent aux Etats-Unis.
« Je vais avoir soixante-cinq ans dans quelques semaines, il faut que je m’organise. » Martin Bouygues, qui avait annoncé l’an dernier prendre du champ, persiste et signe mais était fidèle au poste pour présenter jeudi matin les résultats annuels de son groupe. Une tâche plutôt agréable car le groupe se porte bien, tant du côté des télécoms (lire page 22) que de celui du BTP. Bouygues célèbre l’anniversaire de son patron par un résultat net (part du groupe) de 732 millions d’euros, contre 483 millions en 2015.
Le BTP constitue toujours l’activité contribuant le plus à ce résultat d’ensemble. En fait, il explose même les compteurs avec une contribution au résultat net de 754 millions d’euros. Son carnet de commandes a franchi la barre des 30 milliards d’euros. Et, une fois n’est pas coutume, la locomotive n’est pas le grand international mais la France. La chute du taux de change du dollar et de la livre sterling se fait sentir. Même si « le Brexit et la chute de la livre n’ont pas d’impact financier, car dans un pays nos coûts et nos approvisionnements sont locaux », assure Martin Bouygues.
Chez Colas, la filiale de travaux routiers de Bouygues, qui a particulièrement souffert de la crise, le carnet de commandes remonte de 7 % en France. A l’international, il recule de 3 %. Une tendance qui pourrait s’inverser, car Colas est très présent aux Etats-Unis, et à ses 7 milliards d’euros actuels en carnet de commandes pourrait s’ajouter nettement plus si Donald Trump lance son grand plan d’infrastructures. « Ce plan n’a pas été chiffré ni financé. A ce stade, je considère que c’est un aléa positif », juge Martin Bouygues. Qu’importe, déjà maintenant, Colas constitue le plus gros contributeur aux bénéfices nets du groupe (343 millions à lui seul). L’autre aléa positif de Colas serait de passer à la phase d’industrialisation de sa route solaire, s’il achève avec succès les tests en cours sur son innovation encensée par Ségolène Royal. Une de ses expériences est en cours en Géorgie, aux Etats-Unis.
Montée en puissance
Bouygues Construction, l’autre gros contributeur aux bénéfices du groupe (320 millions), connaît la même tendance que Colas, dans son carnet de commandes. L’international y recule (-2 %, à 6,9 milliards d’euros) et la part française s’envole de 17 %, à 5,8 milliards. Idem pour Bouygues Immobilier, porté par le succès des ventes de logements neufs (+19 %) dans un marché dopé par le régime locatif Pinel.
Cet état de grande forme n’est pas près de faiblir, puisque la montée en puissance du Grand Paris, le plus grand projet d’Europe, ne fait que commencer. Cinq milliards d’euros de contrats de tunnels et de stations de métro doivent être attribués cette année.
Myriam Chauvot
LE FIGARO – 24/02/2017
Immobilier: la hausse des prix s’est accélérée fin 2016
Sur l’ensemble de l’année 2016, les prix des logements ont gagné 1,8% selon l’Insee. Ils sont tirés par l’Ile-de-France, et surtout Paris, où les logements se sont vendus 4,4% plus chers qu’un an plus tôt.
La hausse des prix de l’immobilier se confirme. Au dernier trimestre 2016, les prix ont progressé de 1,8% sur l’ensemble de la France, après 1,3% au troisième trimestre et 0,6% au deuxième, selon l’Insee. Les prix remontent car les ménages se sont remis à acheter: le marché est resté très dynamique en 2016, après une bonne année 2015.
La légère remontée des taux d’intérêt et des prix a incité les ménages indécis à passer à l’action. L’incertitude liée à l’élection présidentielle est passée au second plan. L’année dernière, les volumes de ventes ont ainsi atteint et même dépassé leurs niveaux records de mai 2006, avec près de 850.000 biens vendus. Ce record est cependant à relativiser puisqu’en 10 ans, le parc immobilier français s’est accrû de 1% par an en moyenne. Il aurait donc fallu que les volumes de ventes dépassent les 900.000 pour dépasser réellement le record de 2006. Le cru 2016 n’en reste pas moins une bonne année.
Les prix sont par ailleurs en grande partie tirés par l’Ile-de-France (+3,1% sur un an), et particulièrement Paris (+4,4%). Dans les autres régions que l’Ile-de-France, les prix progressent plus modérément, de 1,3% sur un an. En région parisienne, sur laquelle les notaires ont publié ce jeudi de nouvelles données détaillées, «la fluidité retrouvée du marché et des ventes en croissance de 8% dans l’ancien et de 10% dans le neuf sont allées de pair avec une inversion de tendance sur les prix et une hausse qui s’est progressivement diffusée du centre vers la périphérie de la région», expliquent les notaires. Pour les prochains mois, ils anticipent une poursuite de la hausse des prix au même rythme, pour atteindre 3,7% sur un an au mois d’avril.
Dans le détail, la hausse des prix atteint 2,8% sur un an pour les appartements dans les Yvelines et 2,4% dans le Val d’Oise tandis que l’inflation immobilière reste plutôt contenue en Seine-et-Marne (+1,1%) et en Essonne (+1%). Certaines villes affichent en revanche de fortes baisses. Ainsi de Meaux en Seine-et-Marne, qui perd 10,3% sur un an. «Cette baisse de prix s’explique par la construction de nombreux programmes de défiscalisation, dont les investisseurs cherchent aujourd’hui à se séparer», explique Guénaël Chalut-Natal, notaire à Moret-sur-Loing. L’évolution des prix des maisons est légèrement différente (+2,7% dans les Yvelines, +2% en Essonne, +1,6% en Seine-et-Marne et +1,5% dans le Val d’oise).
4,4% de hausse à Paris
En petite couronne, les prix des appartements grimpent en moyenne de 3,1% et ceux des maisons de 2,8%. Ce sont les Hauts-de-Seine qui progressent le plus (3,4%), suivis du Val-de-Marne (3,1%) tandis que la hausse reste contenue en Seine-Saint-Denis (1,8%). Certaines communes sortent cependant du lot. Ainsi de Vincennes, désormais commune la plus chère du Val-de-Marne, qui voit ses prix flamber de 7,8%. A l’Ouest, les prix grimpent de 6,5% à Boulogne-Billancourt. Mais c’est à Saint-Denis que l’inflation est la plus forte, avec une hausse de 11,6% sur un an. Les prix devraient cependant peu évoluer, voire s’éroder en petite couronne au printemps prochain.
A Paris enfin, «prix élevés et manque d’offres limitent la reprise de l’activité dans la capitale», analysent les notaires. Les prix ont en effet progressé de 4,4% sur un an au quatrième trimestre 2016 et ils devraient progresser encore au printemps prochain, de 5,6% sur un an. Paris est le seul département d’Ile-de-France qui devrait voir la hausse des prix encore accélérer dans les prochains moins, jusqu’à flirter avec le record historique d’août 2012. En moyenne, un appartement s’y vendait en fin d’année 8340 euros le m², avec de fortes disparités entre le quartier de Pont de Flandres dans le 19e, le moins cher de Paris à 6270 euros le m², et celui de l’Odéon, le plus cher de la capitale (14.820 euros le m²).
Les arrondissements dont les prix ont le plus grimpé en 2016 sont le 3e (+8,8% à 10.690 euros le m²), le 18e (+8,7% à 7810 euros), le 17e (+8,5% à 8930 euros) ou encore le 19e (+7% à 6920 euros). A l’inverse, les prix ont baissé dans les 1er, 4e et 8e arrondissements.
L’OPINION – 24/02/2017
General Electric va créer 500 emplois en France grâce à sa filiale éolienne
La part des énergies renouvelables dans la consommation d’énergie totale est encore faible en France comparée aux leaders européens
L’entreprise danoise LM Wind Power, fabricant de pale pour éolienne et propriété de General Electric, a signé mercredi un accord avec la région Normandie pour construire une usine à Cherbourg, selon Ouest France.
Le fabricant danois de pales d’éolienne LM Wind Power a annoncé, jeudi 23 février 2017, la construction d’une usine de fabrication à Cherbourg en Normandie. La production est supposée démarrer en juin l’année prochaine. Près de 500 créations emplois sont déjà annoncées.
Les énergies renouvelables ont le vent en poupe comme jamais, mais la France est à la traîne comparée aux pays leaders en la matière. Cette annonce sonne-t-elle l’heure de la rébellion ? Une usine doit voire le jour à Cherbourg en Normandie, propriété de LM Wind Power, récemment acquis par General Electric. Le groupe danois y construira des pales d’éolienne pour répondre à la demande naissante suite au lancement de plusieurs projets hamps d’éoliennes en mer au large des côtes françaises.
L’accord a été signé mercredi 22 février 2017. LM Wind Power, spécialiste de la fabrication de pales, a paraphé mercredi l’accord avec la Région Normandie et General Electric, sa maison-mère. Le journal Les Echos avance un investissement à hauteur de 45 millions d’euros de la part du danois. Le groupe a annoncé « l’emploi de plus de 550 personnes, ainsi que la création de plus de 2 000 emplois indirects, dans la région », selon le site d’information Normandie-actu.
100 millions d’investissements de la région. De son côté, Ouest France, détaille les rôles joués par les parties impliquées. « Ports normands associés (PNA), bras armé de la Région dans le domaine portuaire, a investi 100 millions d’euros pour agrandir le port de Cherbourg. Hervé Morin, président UDI de la Normandie, est informé très régulièrement des négociations des industriels (…) Cherbourg a également fait le travail en instruisant les permis de construire », avance le quotidien régional.
Pour la France, l’enjeu est tout de même de taille, car nous ne sommes loin d’être les champions dans ce domaine. En 2015, la part des énergies renouvelables dans la consommation finale d’énergie n’était que de 14,9 %, alors qu’elle aurait dû atteindre 17 % pour être en phase avec l’objectif de 23 % en 2020, fixé dans le cadre du « paquet énergie-climat » européen. Ces mauvaises performances nous placent dans la queue du peloton européen, loin de la Suède (52,6 % de renouvelables), de la Finlande (38,7 %), de l’Autriche (33,1 %) ou du Danemark (29,2 %). De tous les pays de l’Union européenne, elle est celui qui accuse le retard le plus important sur son objectif…
::: POLITIQUE
LES ECHOS – 24/02/2017
Emmanuel Macron : « Mon projet économique »
INTERVIEW – Impôts, économies, travail, investissements : le candidat d’En marche à la présidentielle dévoile ses cartes dans « Les Echos ». La fiscalité du capital sera réformée en profondeur et l’Etat mis « sous tension ».
Quelle analyse faites-vous de la situation économique de la France et de l’Europe aujourd’hui ?
Nous sommes face à de multiples défis. D’abord, la France et l’Europe n’ont pas été au rendez-vous de la reprise mondiale. Face à la crise, l’Europe s’est enfermée dans une politique économique inadaptée s’engageant dans une politique d’austérité à contretemps alors que les Etats-Unis ont opté bien plus efficacement pour une relance temporaire. Suite à cette crise, nous héritons d’un déficit d’investissements privés et publics. L’Allemagne elle-même arrive au bout de cette logique : pour soutenir la croissance, on ne peut pas accumuler indéfiniment des excédents commerciaux.
Le deuxième défi auquel nous devons répondre est l’invention d’un nouveau modèle de croissance. Pour être juste et soutenable, elle doit être écologique et servir la mobilité sociale.
Et les défis spécifiquement français ?
La France est un des seuls grand pays de l’Union européenne qui n’a pas réglé le problème du chômage de masse : cela doit être notre priorité. Par ailleurs, nos marchés de biens et services fonctionnent souvent mal. Le meilleur exemple en est le logement : les prix trop élevés pèsent sur le pouvoir d’achat des Français comme sur la compétitivité de nos entreprises. Enfin, la sphère publique est marquée par un déficit d’efficacité, avec trop de dépenses de fonctionnement et une insuffisance d’investissements publics ciblés et utiles.
Comment relancer l’Union européenne ?
La réponse est dans la relance d’une dynamique européenne. La France doit faire des réformes structurelles : c’est ce qui est bon pour nous, et cela permettra aussi de rassurer nos partenaires, et d’abord l’Allemagne. Cela nous permettra d’aller en zone euro vers une approche consolidée de nos équilibres budgétaires. A quelle fin ? Il est d’abord nécessaire de mettre en place une capacité d’investissement commune beaucoup plus ambitieuse. Le plan Juncker était nécessaire mais reste insuffisant face à l’ampleur des défis. Nous devons créer un vrai budget, contrôlé démocratiquement et piloté par un ministre de l’Economie et des Finances de la zone euro. Ce budget sera doté de ressources propres qui se chiffreront en centaines de milliards et permettra de réaliser les investissements nécessaires et de réagir ensemble aux crises.
Vous plaidez donc pour plus d’intégration ?
C’est la seule façon de réconcilier responsabilité et solidarité.
Faut-il en passer par un bras de fer avec l’Allemagne ?
La geste habituelle dans une campagne présidentielle française est de dire : « Je renverserai la table et réorienterai le couple franco-allemand ». Ca ne rime à rien et n’a strictement jamais fonctionné. Il faut recréer de la confiance dans le couple franco-allemand. Mieux vaut un dialogue franc et exigeant que des rodomontades. Nous en sommes co-responsables. Si nous n’avons pas une politique courageuse de réformes sur le plan structurel, les Allemands ne nous suivront pas. Ce n’est pas ce que propose François Fillon, lui qui annonce un gros choc fiscal au début et des économies pour plus tard, comme en 2007. Personne ne s’est d’ailleurs demandé comment il arrivait à faire à la fois 100 milliards d’économies et une croissance de 2,3% ce qui est impossible.
Cela va prendre des années avant d’avoir des changements…
Les choses sont en train de changer en Allemagne car nos voisins comprennent qu’ils sont au bout de leur modèle de sur-consolidation budgétaire. Ils savent qu’on ne peut pas attendre et sont très préoccupés par le risque Marine Le Pen. Notre chance, c’est le calendrier. En Allemagne, les élections sont en effet prévues cet automne et les conséquences politiques en seront tirées en fin d’année. Cela nous donne donc six mois pour faire la démonstration que nous sommes des partenaires de confiance, grâce à des réformes structurelles et à une trajectoire budgétaire vertueuse. Et pour engager des discussions sur l’avenir.
Quelle trajectoire budgétaire proposez-vous ?
Je veux rendre nos dépenses publiques plus efficaces tout en finançant la transformation de notre modèle de croissance. Cela passe par trois grandes idées. D’abord le respect de nos engagements européens en restant dans l’épure des 3% de déficit avec des prévisions de croissance prudente : 1,4% cette année, 1,8% en 2022. Pour 2017, la prévision est à 2,9% de déficit. Sur cette base, je ne prendrai pas de mesures additionnelles à l’été : ni cadeau, ni rigueur supplémentaire.
Deuxième point, le poids de la dépense publique devra être progressivement ramené vers la moyenne de la zone euro. Je prévois donc une baisse de 3 points de la part des dépenses dans la richesse nationale. Cela représente 60 milliards d’économies par rapport au tendanciel.
Troisième point, je construirai un nouveau modèle de croissance avec un plan d’investissement public de 50 milliards d’euros durant le quinquennat, en plus du soutien fiscal à l’investissement privé.
En quoi consistera-t-il ?
Sur ces 50 milliards, 15 milliards seront consacrés aux compétences et qualifications des Français avec un plan de formation ambitieux des jeunes et des demandeurs d’emploi. 15 milliards seront consacrés à la transition écologique et énergétique, y compris en accompagnant, comme à Fessenheim, les territoires. Autres priorités : la modernisation des administrations publiques (numérisation), l’agriculture, les transports locaux, et la santé.
La dette n’est pas un problème ?
La clef vis-à-vis des marchés comme de nos partenaires est de pouvoir démontrer une baisse de nos dépenses courantes et une croissance dynamique. Financé par des taux d’intérêts très bas, notre plan d’investissement permettra de réduire nos dépenses avant la fin du quinquennat et de soutenir notre croissance potentielle. C’est cela qui améliorera la soutenabilité de notre dette.
Comment réalisez-vous vos 60 milliards d’économies ?
Je vise d’abord 25 milliards d’économies sur la sphère sociale. Cela passe par 15 milliards sur l’assurance-maladie, avec une progression des dépenses contenue à 2,3% par an. C’est tout à fait tenable. Je ne supprimerai aucun poste dans la fonction publique hospitalière. La réorganisation du système de soins est de nature à faire ces économies et à conduire un vrai plan de modernisation de l’hôpital.
Ensuite je réaliserai 10 milliards d’euros d’économies sur l’assurance-chômage grâce aux réformes structurelles. Le taux de chômage peut raisonnablement atteindre 7% en 2022.
Vous ne prévoyez aucune économie sur le système de retraites…
Je ne modifierai pas les prestations familiales et les retraites. Je détaillerai une proposition de réforme structurelle des retraites le 2 mars prochain : elle ne sera pas guidée par une logique budgétaire mais par une logique d’équité.
Comment baissez-vous les dépenses des collectivités ?
Je veux rompre avec la méthode de la baisse des dotations consistant à couper les vivres pour provoquer des économies. Cette méthode de régulation budgétaire est trop centralisatrice. Je veux nouer avec les collectivités un pacte sur cinq ans, dans lequel je contractualiserai une baisse de 10 milliards d’euros de leurs dépenses. Cette baisse sera à leur main. Parallèlement, je leur donnerai des marges de manoeuvre.
C’est-à-dire ?
Aujourd’hui, quand l’Etat décide d’augmenter le salaire des fonctionnaires, les collectivités n’ont pas leur mot à dire. Ce sera à elles de décider désormais pour leurs agents. Elles pourront également recourir plus largement à des recrutements de droit privé. Je leur demande par ailleurs, comme l’a indiqué la Cour des comptes , de respecter la durée annuelle légale du temps de travail : 1.607 heures par an.
Autre liberté : les communes qui le souhaitent pourront revenir sur la réforme des rythmes scolaires.
Quelles seront les autres économies sur l’Etat ?
Au total, l’effort atteindra 25 milliards d’euros. Il reposera sur un mode de gouvernance totalement nouveau. D’abord, je veux redonner des souplesses à la fonction publique. C’est-à-dire recruter hors du statut pour les fonctions d’encadrement, donner la possibilité d’avoir plus de souplesse dans la gestion des carrières, des rémunérations plus individualisées, et des mobilités. Le statut des fonctionnaires ne sera pas remis en cause, mais il sera modernisé. Il s’agit de mieux reconnaître les plus engagés. Je crois par ailleurs nécessaire de restaurer un jour de carence pour les fonctionnaires.
Prévoyez-vous des suppressions de postes sur le quinquennat ?
Il est possible de ne pas renouveler 120.000 postes de fonctionnaires, 70.000 venant des collectivités et 50.000 de l’Etat. Ce n’est pas un objectif, mais un référentiel, ce sera aux ministres de faire des choix. Je veux des ministres pleinement responsables sur les dépenses publiques. Je fixerai l’effort budgétaire en début de période, en définissant des priorités, et chaque ministre devra les décliner en rendant des comptes. Je veux aussi impliquer directement les parlementaires dans cet exercice. En contrepartie, je donnerai aux ministres une vraie latitude politique. Je ne les garderai pas s’ils ne mettent pas en oeuvre les économies.
Cela suppose un gouvernement resserré ?
Oui. Autour d’une petite quinzaine de ministres. Et extrêmement solidaire. Auprès des ministres, il pourra y avoir des secrétaires d’Etat, mais il n’y aura pas de divisions des périmètres ministériels, ce qui est fondamental si on veut des ministres responsables. Je propose aussi une réduction massive des effectifs des cabinets, de l’ordre de cinq personnes afin que les ministres s’appuient davantage sur leurs administrations.
Quelles autres propositions avez-vous en matière de gouvernance ?
Dans les deux premiers mois du quinquennat, je changerai ou confirmerai l’intégralité des postes de direction dans la fonction publique… C’est une mise sous tension de l’appareil d’Etat. Cette fois-ci, on n’a pas le droit d’échouer.
François Fillon propose une baisse des prélèvements obligatoires de 50 milliards d’euros, dont 40 pour les entreprises. Quels sont vos engagements ?
Je propose une politique fiscale plus réaliste, plus juste et plus équilibrée, avec des baisses d’impôts réparties équitablement entre ménages et entreprises. Chez François Fillon, la hausse de TVA fait plus que compenser les baisses d’impôts des ménages ! Sur le quinquennat, mon objectif est d’aboutir à une baisse nette des prélèvements obligatoires de 20 milliards, pour soutenir le pouvoir d’achat et l’investissement.
Quelles sont les mesures pour le pouvoir d’achat ?
Je rappelle d’abord la suppression des cotisations salariales maladie et d’assurance-chômage, mesure qui sera entièrement financée par une hausse de la CSG sauf pour les petites retraites, et qui rapportera 250 euros de plus par an à une personne au SMIC. Une hausse de 50% de la prime d’activité est aussi prévue. Et toute hausse de TVA est exclue. En matière de fiscalité, les couples pourront choisir d’individualiser leur impôt sur le revenu. Et je présenterai prochainement une autre mesure de réduction d’impôt, pour environ 10 milliards, qui sera mise en oeuvre au début du quinquennat et qui visera les classes populaires et les classes moyennes.
La hausse de la CSG va alourdir encore la fiscalité du capital, une des plus élevées du monde…
C’est pour cela qu’elle s’accompagnera d’une réforme globale, avec la création d’un prélèvement forfaitaire unique au taux de l’ordre de 30%, prélèvements sociaux inclus, pour tous les revenus du capital : intérêts, loyers, dividendes, plus-values, etc. Cela rapprochera la France de la moyenne européenne et simplifiera considérablement la fiscalité du capital. Les abattements pour les plus-values immobilières seront maintenus.
Quid de l’assurance-vie, qui offre un prélèvement libératoire de 23% (prélèvement sociaux de 15,5% compris) au bout de huit ans de détention ?
Ces conditions ne changeront pas pour les contrats et dépôts existants, mais seulement pour les flux à venir, les nouveaux versements. L’objectif est de réorienter massivement l’épargne vers l’économie productive. C’est la même logique qui prévaut pour la transformation de l’ISF en impôt sur la fortune immobilière.
Que prévoyez-vous pour la compétitivité des entreprises ?
La transformation du crédit d’impôt compétitivité emploi en allègement pérenne de cotisation s’opérera dès 2018, et représentera 6 points de charges en moins au niveau du SMIC jusqu’à 2,5 SMIC. Elle ne coûtera rien aux finances publiques, puisque la dette fiscale existe déjà. Pour supprimer les dernières charges patronales au niveau du SMIC, nous ajoutons un allègement de 4 points, avec un point de sortie à 1,6 SMIC. Par ailleurs, le taux de l’impôt sur les sociétés sera ramené de 33,3% à la moyenne européenne, c’est-à-dire 25%, sur le quinquennat. Il s’agit de donner un cadre clair, stable et prévisible aux entreprises pour soutenir l’investissement et l’attractivité.
Y-aura-t-il des hausses d’impôts ?
Uniquement en matière de fiscalité écologique, avec l’alignement progressif de la fiscalité du diesel sur l’essence et la montée en charge de la taxe carbone. Parallèlement, les propriétaires de véhicules diesel anciens bénéficieront d’une prime de conversion pour l’achat d’un véhicule plus écologique, neuf ou d’occasion.
Les droits de succession seront-ils relevés ?
Non.
Comment s’attaquer au problème du chômage ?
Ce sera vraiment le coeur de mon projet : investissements, formation professionnelle, baisse des charges et réforme du marché du travail. Sur ce dernier point, il y aura une décentralisation des négociations sociales : c’est la loi qui définira l’ordre public social, les entreprises et les branches pouvant y déroger par accords. Il faut assumer davantage de flexibilité, je n’ai pas peur du mot, pour adapter notre droit du travail aux mutations en cours. Ensuite, une réforme de l’Unedic permettra d’aller vers une assurance-chômage universelle, de la même manière que l’assurance-maladie est devenue universelle. La gouvernance sera publique.
Il faut que le système change vraiment. J’ai par exemple proposé que le bénéfice des droits à l’indemnisation soit ouvert à tous ceux qui démissionnent de leur entreprise, ainsi qu’aux indépendants, aux professions libérales et aux entrepreneurs.
Sur ce point, justement, pourquoi aller si loin ? Cela va permettre aux plus formés de gérer leur carrière aux frais de la collectivité ?
Aujourd’hui, le système de la rupture conventionnelle est hypocrite. Il fonctionne aux frais, comme vous dites, de la collectivité, mais cela créé aussi du contentieux devant les prud’hommes quand il n’y a pas d’accord. Il faut clarifier les choses en permettant à chacun, tous les cinq ans, d’user de ce droit. Je veux aussi que ce droit soit ouvert aux artisans, aux commerçants et aux agriculteurs.
Changez-vous les paramètres de l’indemnisation ?
Non, ni la durée ni les montants (salaire de remplacement). La dégressivité des allocations que propose François Fillon ne sert à rien et est terriblement injuste en période de chômage de masse.
En revanche, je veux un vrai dispositif de droits et de devoirs. Mon nouveau système crée un filet de sécurité pour tout le monde, mais avec de vraies exigences. Quand vous perdez votre emploi, vous êtes indemnisé, un bilan de compétences est fait et les prestations seront strictement conditionnées à vos efforts de recherche, avec un contrôle drastique. Nous sortons réellement d’un système assurantiel où chacun se dit : « J’ai cotisé, j’ai droit à être indemnisé ».
Et la formation ?
Je veux créer une vraie sécurité professionnelle. On vous trouvera une formation vraiment qualifiante. Le service public vous donnera accès à une nouvelle formation, et le demandeur d’emploi, une fois formé, devra accepter les offres qui lui sont proposées. Aujourd’hui, un million de chômeurs sont très loin de l’emploi. C’est pour eux qu’il faut remettre à plat tout le système de formation.
Avez-vous été surpris par la décision de François Bayrou ?
Nous avons discuté à plusieurs reprises de manière apaisée et constructive. C’est une décision intime de sa part. J’ai été frappé par le fait qu’il partage avec moi la gravité du moment et la nécessité de recomposer, et combien mûrissait en lui cette volonté de ne pas fragmenter mais de former un rassemblement en mesure de gagner.
Qu’est-ce que cela change pour les deux derniers mois de la campagne ?
C’est un tournant de la campagne. Cela évite qu’il y ait justement une fragmentation du camp des progressistes. S’il avait été candidat, François Bayrou aurait porté sa candidature, en tant que représentant d’une famille centriste qui a toute sa place au sein de l’échiquier politique. Je ne suis pas centriste, mais c’est important que nous ne soyons pas divisés.
Les quatre exigences posées par François Bayrou sont parfaitement cohérentes avec les valeurs que nous portons. Sur le travail, c’est exactement ma stratégie. Sur la moralisation de la vie publique, cela fait partie du contrat que je propose à la nation, et nous allons la travailler ensemble. Sur l’alternance et le changement de pratiques politiques, nous le faisons depuis le début car nous sommes dans le renouvellement très profond de ces pratiques. Enfin le pluralisme politique est constitutif de nos gênes.
La question à régler entre vous est celle de la dose de proportionnelle…
Oui. Nous allons discuter de ça. C’est très ouvert. Je l’avais déjà dit lors de mon meeting à Strasbourg [le 4 octobre, NDLR], il faut ouvrir le débat et prendre le risque qu’il y ait une représentation du FN au Parlement. On ne peut pas la refuser. On ne peut pas le faire pour les prochaines législatives car les règles sont déjà fixées.
Sur la moralisation de la vie politique, quelles sont les mesures prioritaires ?
Le point principal est celui des conflits d’intérêts, en plus de ce que j’ai déjà annoncé sur la limitation des mandats et le renouvellement.
François Bayrou va-t-il faire campagne à vos côtés ?
Je le souhaite. François Bayrou fera campagne à sa façon, dans son style et sa liberté, ce qui est sa marque de fabrique, et cela me va très bien. Il pourra y avoir des désaccords, car c’est la sincérité d’un rassemblement large. C’est aussi un moment de respiration de notre vie démocratique. On ne peut pas recomposer si on n’accepte pas des différences et des identités politiques différentes. François Bayrou avait besoin de sentir et comprendre ma méthode. Je ne suis pas caporaliste.
Qu’est-ce qui vous distingue de François Fillon et de Benoît Hamon ?
Je veux construire un nouveau modèle de société et une nouvelle économie. Contrairement à François Fillon, je ne crois pas dans la purge et le rétablissement du pays contre lui-même. Je pense plutôt au changement du pays en responsabilisant chacun des acteurs. Et contrairement à Benoît Hamon, je n’accepte pas la défaite quant au travail. La bataille du travail est gagnable si on invente ce nouveau modèle de croissance.
Comment s’attaquer au problème du chômage ?
Ce sera vraiment le coeur de mon projet : investissements, formation professionnelle, baisse des charges et réforme du marché du travail. Sur ce dernier point, il y aura une décentralisation des négociations sociales : c’est la loi qui définira l’ordre public social, les entreprises et les branches pouvant y déroger par accord. Il faut assumer davantage de flexibilité, je n’ai pas peur du mot, pour adapter notre droit du travail aux mutations en cours. Ensuite, une réforme de l’Unédic permettra d’aller vers une assurance-chômage universelle, de la même manière que l’assurance-maladie est devenue universelle. La gouvernance sera publique. Il faut que le système change vraiment. J’ai par exemple proposé que le bénéfice des droits à l’indemnisation soit ouvert à tous ceux qui démissionnent de leur entreprise, ainsi qu’aux indépendants, aux professions libérales et aux entrepreneurs.
Les mieux formés vont gérer leur carrière aux frais de la collectivité…
Aujourd’hui, le système de la rupture conventionnelle est hypocrite. Il fonctionne aux frais, comme vous dites, de la collectivité, mais cela crée aussi du contentieux devant les prud’hommes quand il n’y a pas d’accord. Il faut clarifier les choses en permettant à chacun, tous les cinq ans, d’user de ce droit. Je veux aussi que ce droit soit ouvert aux artisans, aux commerçants et aux agriculteurs.
Changez-vous les paramètres de l’indemnisation ?
Non, ni la durée ni les montants (salaire de remplacement). La dégressivité des allocations que propose François Fillon ne sert à rien et est terriblement injuste avec un chômage de masse. En revanche, je veux un vrai dispositif de droits et de devoirs. Mon nouveau système crée un filet de sécurité pour tout le monde, mais avec de vraies exigences. Quand vous perdez votre emploi, vous êtes indemnisé, un bilan de compétences est fait et les prestations seront strictement conditionnées à vos efforts de recherche, avec un contrôle drastique. Nous sortons réellement d’un système assurantiel où chacun se dit : « J’ai cotisé, j’ai droit à être indemnisé. »
Et la formation ?
Je veux créer une vraie sécurité professionnelle. On vous trouvera une formation vraiment qualifiante. Le service public vous donnera accès à une nouvelle formation, et le demandeur d’emploi, une fois formé, devra accepter les offres qui lui sont proposées. Aujourd’hui, 1 million de chômeurs sont très loin de l’emploi. C’est pour eux qu’il faut remettre à plat tout le système de formation.
Etienne Lefebvre, Nicolas Barré, Dominique Seux, Gregoire Poussielgue et Renaud Honoré
LE MONDE – 24/02/2017
Présidentielle : le retrait de Jadot permet à Hamon de s’afficher en « candidat de l’écologie politique »
Le ralliement du représentant d’Europe Ecologie-Les Verts doit encore être validé par les électeurs de la primaire.
« Maintenant, on va pouvoir passer à autre chose », confie Benoît Hamon, soulagé que le long feuilleton des négociations avec les écologistes se termine enfin. « Je vais pouvoir m’adresser aux Français et retrouver ma liberté », précise le candidat du PS, qui a salué, jeudi 23 février, en meeting à Arras (Pas-de-Calais), « le choix extrêmement important de Yannick Jadot ». « Je suis désormais le candidat de l’écologie politique », résume le socialiste, au terme d’une journée entièrement consacrée aux enjeux environnementaux.
Quelques instants plus tôt, au « 20 heures » de France 2, celui qui se présentait encore au nom d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) à la présidentielle n’avait pas tergiversé. « Ma responsabilité (…), c’est de dépasser les ego, de déporter les appareils politiques et de construire la grande aventure de cette élection présidentielle. Alors oui, ce soir, je retire ma candidature. C’est ce sur quoi voteront tous ceux qui ont participé à la primaire écologiste », avait lancé M. Jadot. Le député européen, comme il l’explique au Monde, juge qu’il s’agit d’un « accord exceptionnel ». « Il y a là une vraie constitution d’un pôle écolo, social, européen et démocrate et notre responsabilité n’est pas d’être dans notre tour d’ivoire de l’écologie », ajoute-t-il.
Plateforme commune
Ce mariage rose-vert permet à Benoît Hamon de contrecarrer une autre alliance, passée mercredi entre Emmanuel Macron et François Bayrou. Un « petit arrangement » qui range désormais l’ancien ministre de l’économie du gouvernement Valls « à droite », affirme le vainqueur de la primaire de La Belle Alliance populaire. La veille, les deux hommes s’étaient croisés au dîner organisé à Paris par le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF). Ils se sont salués, une photo d’eux souriants côte à côte a même circulé sur les réseaux sociaux. « Ça va me faire plaisir de te battre ! », a glissé Benoît Hamon à Emmanuel Macron, avant de prendre congé.
Son alliance avec Yannick Jadot lui permet de s’afficher comme le candidat qui rassemble une partie de la gauche à la présidentielle et de continuer à mettre la pression sur Jean-Luc Mélenchon. Le député des Yvelines le répète, il refuse de « tomber dans une forme de remake » avec le député européen. Pas question de persister dans un faux-semblant de dialogue. Qu’importe Mélenchon, pourvu qu’il y ait Jadot…
Pour obtenir cette photo de famille, les socialistes ont satisfait nombre de revendications historiques des écolos qui ont toujours présenté un candidat depuis 1974 à la présidentielle. M. Jadot a évoqué sur France 2 une sortie du nucléaire « en vingt-cinq ans », la fin du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et une dose de proportionnelle aux législatives.
Selon plusieurs sources à EELV, la plateforme commune comprend également l’abandon du projet de ligne à grande vitesse Lyon-Turin, du site d’enfouissement des déchets nucléaires à Bure, le droit de vote des étrangers aux élections locales via un référendum, le principe de la réunion d’une Assemblée constituante ou encore l’abrogation de la loi El Khomri. « Le pari de Yannick, c’est que ça débloque le tissu écolo classique au-delà de notre parti, explique Jérôme Gleizes, l’un des négociateurs d’EELV. Sur le papier, c’est le meilleur accord sur le fond qu’on ait eu depuis 1997. Maintenant, il faut s’assurer qu’il ne reste pas dans les archives. »
« Beaucoup moins ambitieux qu’il y a cinq ans »
Côté électoral, l’équipe de M. Hamon a fait des concessions mais moins qu’espéré par les écolos. « C’est beaucoup moins ambitieux qu’il y a cinq ans mais c’est sérieux », estime David Cormand, secrétaire national d’EELV. Au final, pointe ce dernier, « une quarantaine » de circonscriptions sera réservée aux écologistes – contre plus de 60 dans l’accord de 2011 – dont celles de leurs huit sortants ainsi qu’« une dizaine » d’autres jugées « gagnables ». « De quoi espérer un groupe écolo dans le cadre de la victoire de Benoît Hamon », veut croire le numéro un du parti écologiste.
Jusqu’au bout, la circonscription parisienne de Cécile Duflot aura constitué un casus belli d’un côté comme de l’autre mais les socialistes ont fini par céder jeudi. Un membre de la direction assure également avoir découvert dans la soirée que M. Jadot aurait obtenu de son côté une circonscription dans la capitale, celle de M. Baupin, qui ne figure cependant pas dans l’accord selon plusieurs sources écolos. M. Jadot, lui, affirme n’avoir rien négocié pour son propre cas. « Je reste député européen », indique-t-il. M. Cormand trouverait cependant « souhaitable » qu’il puisse devenir parlementaire national.
Tout cela doit maintenant être validé par un vote des électeurs de la primaire d’EELV qui se tiendra de vendredi à dimanche. Rares sont ceux qui se lancent dans les pronostics, d’autant que la façon dont M. Jadot a annoncé son retrait, semblant enjamber ce vote, n’a pas forcément été bien vécue en interne. Sandrine Rousseau, secrétaire nationale adjointe d’EELV et soutien de la première heure de M. Jadot, se dit « déçue » : « Les militants écolos n’aiment pas trop être pris à revers. »
Si M. Jadot a conscience que sa manière de faire a pu « froisser », il se veut « confiant ». M. Cormand, lui, ne préfère pas s’avancer. « En politique, c’est comme en amour, il y a les déclarations et les preuves, note-t-il. Les militants écolos sont exigeants et échaudés. » Dans cette présidentielle, où rien ne s’est jusqu’à présent passé comme prévu, mieux vaut effectivement être prudent.
Bastien Bonnefous et Raphaëlle Besse Desmoulières
::: INTERNATIONAL
LE PARISIEN – 24/02/2017
Afrique : 1,4 million d’enfants menacés par la famine cette année, selon l’Unicef
Une mère et son enfant souffrant de malnutrition, le 11 octobre 2016 à Aweil au Sud Soudan
Quatre pays d’Afrique présentent de très forts risques de famine pour 2017, s’alarme l’Unicef. Ces situations sont dues à des conflits humains.
Près de 1,4 million d’enfants risquent de mourir de la famine cette année au Nigéria, en Somalie, au Soudan du sud et au Yémen, selon Le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef).
Au Soudan du Sud, où l’état de famine a déjà été déclaré par le gouvernement dans plusieurs zones du pays, plus de 270 000 enfants souffrent de malnutrition, 1 million de Sud-soudanais risquant par ailleurs la famine dans les prochains mois, selon la même source. Les agences humanitaires déplorent d’autant plus cette situation qu’elle est «causée par l’homme», à savoir par la guerre qui ravage le pays depuis plus de trois ans.
Urgence humanitaire au Soudan du Sud
«Lorsqu’on déclare officiellement l’état de famine, cela veut dire que les gens ont déjà commencé à mourir de faim», se sont alertées trois organisations humanitaires. La famine déclarée lundi au Soudan du Sud est la première qui l’est dans la région depuis celle qui a tué 260 000 personnes en Somalie, en 2011.
Indépendant depuis 2011, le Soudan du Sud a plongé en décembre 2013 dans une guerre civile ayant fait des dizaines de milliers de morts et plus de 3 millions de déplacés, malgré le déploiement de quelque 12 000 Casques bleus.
Au Yémen, 462 000 enfants souffrent de malnutrition sévère, alors qu’une guerre oppose les Houthis, alliés aux partisans de l’ex-président Ali Abdallah Saleh, aux forces loyales au président Abd Rabbo Mansour Hadi, soutenues par la coalition arabe, sur fond de crises humanitaires.
Au Nigéria, Boko Haram
Dans le nord-est du Nigeria, où sévit le groupe islamiste Boko Haram, ce sont 450 000 enfants qui ne peuvent pas se nourrir décemment. Fews Net, le Réseau des systèmes d’alerte précoce contre la famine, a noté que les régions les plus reculées de la province de Borno sont déjà frappées par la famine depuis la fin de l’année dernière. Le désastre pourrait empirer, les agences d’aide étant dans l’impossibilité d’atteindre les victimes, selon l’Unicef.
LE FIGARO – 24/02/2017
«Il n’y aura pas d’expulsions massives» de Mexicains promet le secrétaire d’État américain
Le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson à son arrivée à l’aéroport international de Mexico
Lors d’une visite à Mexico, Rex Tillerson a tenté de renouer le dialogue avec son voisin du sud. Mais rien n’est réglé pour autant, tant sur la construction du mur que l’avenir des échanges commerciaux.
La visite du secrétaire d’État américain Rex Tillerson et du secrétaire américain à la Sécurité intérieure, John Kelly, ce jeudi à Mexico, n’a pas permis d’éclaircir les nombreux points de désaccords entre les deux pays. Mais son objectif, moins ambitieux, est atteint: le dialogue est renoué. Le président Enrique Pena Nieto a fini par accepter de recevoir les deux envoyés de la Maison-Blanche au palais présidentiel de Los Pinos. Lors d’une réunion préliminaire, le ministre des Affaires étrangères, Luis Videragay Caso, a pu constater «le professionnalisme et la volonté constructive» de ses interlocuteurs américains.
Le seul sujet sur lequel des déclarations d’apaisement ont été prononcées concerne les expulsions de Mexicains sans papiers des États-Unis. «Soyons très très clairs: il n’y aura pas d’expulsions massives» a assuré le secrétaire américain à la Sécurité intérieure, John Kelly. Ce dernier a également assuré que Washington «ne fera pas appel à l’armée en matière migratoire». C’est un point de friction très sensible entre les deux pays. D’importantes manifestations ont été organisées au Mexique en début de semaine pour protester contre le nouveau traitement réservé aux migrants sans papiers.
Les déclarations incendiaires du candidat à la Maison-Blanche Donald Trump qualifiant les immigrés mexicains de «violeurs» et de «criminels» et annonçant l’expulsion de millions de Mexicains ont crispé l’opinion publique mexicaine. Le durcissement dans l’application de la loi sur les clandestins a déjà provoqué l’expulsion de nombreux Mexicains, parfois installés depuis plusieurs années aux États-Unis. «Avec Obama, il fallait commettre une erreur pour se faire expulser. Maintenant on peut vous déporter pour n’importe quoi» témoignait dans le quotidien espagnol El Pais Paz, un travailleur sans papier mexicain.
Un suicide près du poste frontière de San Isidro
La marge de manœuvre des agents de l’immigration a été considérablement réduite. «Avant, ils pouvaient ne pas renvoyer tous les migrants entre leurs mains devant une juridiction, détaille Alex Galvez, avocat spécialisé dans la législation sur les migrations. Maintenant, ils n’ont plus cette liberté.» Il y a 11 millions de travailleurs sans papier aux États-Unis dont beaucoup sont là depuis des années, ont fondé une famille. Normalement un migrant présent depuis plus de deux ans n’est pas expulsable mais, depuis quelques semaines, plusieurs d’entre eux qui n’étaient pas en mesure de prouver immédiatement leur présence sur le territoire américain depuis plus de 24 mois ont été expulsés. L’un d’entre eux s’est suicidé près du poste frontière de San Isidro mardi dernier.
Ce voyage aura permis de faire, un peu, oublier les provocations de Donald Trump. Celui-ci avait fait des déclarations tonitruantes à Mexico après une rencontre avec le président Pena Nieto fin août 2016, laissant entendre que ce dernier était prêt à payer pour le mur que le locataire de la Maison-Blanche a promis de construire entre les deux pays, provoquant une crise politique à Mexico.
Il y a quelques semaines, Donald Trump avait déclaré quelques jours avant un voyage prévu à Washington du président mexicain, qu’il n’était pas la peine que ce dernier fasse le voyage s’il n’était pas prêt à payer pour le mur. Le déplacement a été annulé. Donald Trump a promis de prélever une taxe sur l’argent envoyé par les migrants mexicains à leur famille pour financer l’ouvrage titanesque.
Si la tension est légèrement redescendue, les sujets qui fâchent sont toujours là. Outre la construction de ce mur, les échanges économiques et le traité de libre-échange de l’Amérique du Nord, l’Alena, sont fortement contestés par le nouveau président américain. Le Mexique a prévenu que si son voisin du Nord bloque l’importation de produits mexicains, les accords de coopération en matière de migrations et de trafic de drogue pourraient être remis en cause, ce qui serait une catastrophe pour Washington.
L’annulation d’un investissement de Ford au Mexique avait été très médiatisée. L’ouverture prochaine par le même constructeur de deux centres de production dans ce même pays l’est beaucoup moins. Pour la plupart des industriels, il semble impossible d’imposer des restrictions aux échanges entre les deux pays et ils espèrent que les tractations qui vont s’ouvrir en juin autour de la révision des accords de l’Alena se feront loin des déclarations provocantes du président Trump. Dans un climat apaisé. Le voyage de Rex Tillerson et John Kelly à Mexico était un premier signe de cette volonté d’apaisement de la part de l’administration Trump.
Cordialement,
Elena NATALITCH
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