::: ILE-DE-FRANCE

LE PARISIEN – 01/03/2017

Seine-et-Marne. Ce que le Grand Paris Express apportera

La carte du supermétro du Grand Paris Express montre les trois lignes et les quatre gares qui seront construites en Seine-et-Marne.

 

Quels sont les atouts du futur métro automatique pour la Seine-et-Marne ? Le département présente une exposition itinérante (voir encadré) pour mettre en valeur les avantages du Grand Paris Express (GPE) pour le 77.

Des trajets plus rapides La ligne 15 Sud reliera Noisy-Champs à Pont-de-Sèvres en 33 minutes contre 1 h 1 aujourd’hui (RER A et métro), à partir de 2022. La ligne 16 permettra d’aller de Noisy-Champs et Chelles à Saint-Denis Pleyel via Le Bourget RER en 26 minutes au lieu de 39, à partir de fin 2023. Pour aller de Noisy-Champs à Clichy-Montfermeil, le temps sera compressé à 7 minutes contre 56. A l’horizon 2030, la ligne 17, du Mesnil-Amelot au Bourget RER, passera par l’Aéroport Charles-de-Gaulle. De Chelles, il faudra 26 minutes seulement pour rejoindre l’aéroport. La Seine-et-Marne est concernée par 5 km de la ligne 16 et par 4 km sur la ligne 17 Nord, contre 200 km en tout en Ile-de-France.

240 000 déplacements A terme, 240 000 déplacements seront effectués par jour sur l’ensemble des gares GPE de Seine-et-Marne*. Des interconnexions se feront entre les lignes de RER A (à Noisy-Champs) et le RER E et la ligne P du Transilien (à Chelles et Bry-Villiers-Champigny). « Des gares routières proches des gares du GPE, des parkings relais et des stationnements pour les vélos doivent être créés. Les réseaux de bus en rabattement sur les gares du GPE devront être réorganisés et développés pour irriguer au mieux les territoires voisins », indique Jean-Jacques Barbaux (LR), président du département. A noter que 41 880 habitants vivent dans un rayon de 1 km autour de l’ensemble des gares GPE situées dans le département**.

De l’emploi… La Communauté d’agglomération Paris Vallée de la Marne, la Société du Grand Paris (SGP), les villes de Champs-sur-Marne et Chelles vont signer prochainement « une convention pour le développement de l’emploi dans les territoires du Grand Paris Express, d’une durée de 5 à 7 ans, visant la mise en œuvre opérationnelle des clauses sociales et au développement de l’emploi local, liés au déploiement des chantiers du Grand Paris Express sur le territoire » indique la SGP. Une convention du même type devrait être conclue avec la Communauté d’agglomération Roissy Pays de France.

…et du logement L’arrivée du GPE dans la commune de Champs-sur-Marne contribuera à renforcer la Cité Descartes dans son rôle de cluster de la ville durable avec à terme « près de 15 000 nouveaux logements » et « plusieurs centaines de milliers de mètres carrés de bureau ». A Chelles, la gare s’inscrit dans le projet d’aménagement du centre-ville. « Un partenariat portant sur l’utilisation de déblais du GPE a permis l’aménagement d’un parc urbain, sur le site Sempin, situé sur les communes de Chelles et Montfermeil », ajoute la SGP. Enfin sur la plate-forme aéroportuaire CDG, la gare viendra desservir le nouveau terminal (T4).

Une exposition itinérante tourne depuis fin novembre

Ce sont les communes qui contactent le département pour recevoir l’exposition itinérante. Depuis fin novembre, elle a été visible dans sept communes : Moussy-le-Neuf, Lésigny, Presles-en-Brie, La Grande-Paroisse, Esbly et Penchard. « Esbly est située à 10 minutes de Chelles en Transilien. Il y aura une correspondance avec la ligne 16 du Grand Paris Express en 2023. Nous pensions que cela pouvait intéresser nos administrés. Cela permettra de raccourcir leur temps de trajet vers l’aéroport Charles-de-Gaulle et vers la banlieue », explique René Garcher, maire-adjoint chargé de l’urbanisme à la mairie d’Esbly. En 2015, il y avait chaque jour en moyenne 3 860 montants en gare d’Esbly sur la ligne P du transilien, un chiffre en progression de 16 % par rapport à 2012. A la descente, 548 voyageurs étaient enregistrés. L’exposition sera prochainement visible à Montgé-en-Goële et Ozoir-la-Ferrière.

*En prenant en compte les deux gares desservant l’Aéroport Charles-de-Gaulle.**En dehors de la gare Charles-de-Gaulle T4.

 

Julie Olagnol

 

::: ECONOMIE

LES ECHOS – 01/03/2017

Assurance-chômage : le Medef entrouvre la porte

Le patronat a transmis mardi aux syndicats un projet d’accord qui évoque les contrats courts mais écarte tout système de « bonus-malus » sur ceux-ci.
Les représentants des salariés jugent le texte « inacceptable ».

C’est ce qu’on appelle une ouverture. Le projet d’accord que le patronat a transmis mardi aux syndicats intègre un nouvel article 2 qui aborde le sujet extrêmement sensible des contrats courts. Cette ouverture reste cependant très timide. Là où les représentants des salariés réclament la mise en place d’un système de bonus-malus de cotisation pour pénaliser les employeurs abusant des contrats précaires, l’article 2 du texte, qui va servir de base aux discussions à partir de mardi prochain se contente d’évoquer une « incitation sectorielle de modération du recours aux contrats de travail très courts ».

Pour le patronat, leur surconsommation ne relève pas d’une « logique d’optimisation » contrairement à la « permittence », liée à des conditions d’indemnisation trop avantageuses qui poussent à alterner périodes courtes d’emploi et de chômage, dont le président du Medef, Pierre Gattaz, a fait son cheval de bataille. Elle vise à répondre « dans le cadre actuel de la réglementation du travail à des contraintes opérationnelles fortes », note le document qui pointe les « secteurs en tension ». Très prudent, le patronat prône avant tout un diagnostic via « un indicateur robuste et pérenne […] afin de caractériser les situations sectorielles de recours  ».

Incitations pertinentes

Mais pas question de sanctionner des pratiques ou de les interdire : il est proposé en cas de consommation « sensible [ment] » supérieure à la moyenne, d’ « incit [er] à ouvrir des négociations en vue de déterminer les raisons du recours aux contrats très courts, […] et de mettre en place des incitations pertinentes qu’elles soient d’ordre juridique ou économique, permettant de modérer [leur] utilisation au sein desdits secteurs lorsque cela est possible ». Cette rédaction ménage ceux qui, au Medef, étaient vent debout contre toute ouverture du dossier des contrats courts et étaient prêts à passer la main à l’Etat sur l’assurance-chômage.

Mais elle a été très mal reçue par les syndicats. « Reprendre le texte de juin et ajouter une demi-page sur les contrats courts sans une once de recettes supplémentaires, c’est se fiche [r] du monde », s’emporte Michel Beaugas, le négociateur de FO, pointant également l’absence d’évolution sur le dossier des chômeurs seniors. Le projet patronal continue à prévoir un relèvement de 50 à 59 ans pour bénéficier d’une durée d’indemnisation rallongée. « La vérité est que le patronat a comme seul mandat de négociation le saccage des droits des chômeurs », a pour sa part dénoncé la CGT dans un communiqué. La proposition patronale est « inacceptable en l’état, il va vraiment falloir négocier sur les contrats courts et les seniors », a tweetté Véronique Descacq, en charge du dossier à la CFDT.

La séance de mardi, premier rendez-vous hebdomadaire d’une série de quatre, s’annonce très tendue. « La rédaction du texte ne correspond pas à ce qui nous a été dit lors de nos derniers contacts », déplore un syndicaliste qui souligne que « le problème, c’est que le calendrier ne permet pas la stratégie des petits pas, nous n’avons qu’un mois pour négocier ! » La seule autre modification significative du projet patronal par rapport à la version de juin dernier porte la marque de l’actualité de ces derniers mois et… de la campagne électorale. Il propose que le groupe de travail que le patronat veut voir réfléchir à « une assurance-chômage moins coûteuse » traite « notamment des évolutions des formes de relations de travail ». Le patronat veut qu’il cherche aussi « à caractériser les situations de ces nouveaux travailleurs indépendants » et qu’il « identifie l’impact du développement de ces formes d’emploi sur le régime d’assurance-chômage et, le cas échéant, les évolutions de la réglementation à envisager ».

Leïla de Comarmond

 

 

LE FIGARO – 01/03/2017

Assurance chômage : le Medef fait un petit geste sur les contrats courts

Après l’échec de juin 2016, les négociations sur l’assurance chômage vont reprendre en mars. Le patronat veut inciter à modérer le recours aux contrats très courts.

Le patronat a envoyé ce mardi aux syndicats sa nouvelle proposition de révision de la convention d’assurance-chômage. Ce document doit servir de base à la négociation qui a officiellement repris le 15 février et dont la prochaine – en fait vraie première – séance a été fixée au mardi 7.

Un texte dit «martyr» dont il ne restera pas grand-chose dans le projet d’accord fin mars et qui doit permettre à chaque centrale, en réalité, de fixer ses lignes rouges et marges de négociation. Ce texte patronal reprend le projet de protocole d’accord qui avait été proposé il y a neuf mois aux syndicats, juste avant que la négociation échoue. Le même texte donc, mais avec deux modifications majeures. D’abord, l’ajout d’un article 2, sur les contrats courts, qui a en grande partie conditionné le retour de tous les protagonistes à la table des discussions.

Incitations sectorielles

La CDFT défend en effet un barème de cotisations patronales dégressif selon la durée des contrats et FO, un système de bonus-malus

Comme il l’avait annoncé, le Medef propose ainsi d’instaurer non pas une nouvelle surcotisation des CDD (notamment de moins d’un mois) mais un système d’incitations sectorielles «d’ordre économique ou juridique», précise-t-il sans en dire plus, «permettant de modérer l’utilisation des contrats très courts au sein desdits secteurs lorsque cela est possible».

Les syndicats qui plaident pour un dispositif plus contraignant ne se contenteront toutefois pas de ces déclarations de bonne intention. La CDFT défend en effet un barème de cotisations patronales dégressif selon la durée des contrats et FO, un système de bonus-malus. L’inconnue reste la marge dont disposera Alexandre Saubot, le chef de file patronal et n° 2 du Medef en charge du social, pour s’éloigner de la proposition initiale et coller à l’une des options syndicales sur la table. Le second ajout du texte s’adresse à l’État. Le Medef demande ni plus ni moins que la révision du mécanisme de contribution du régime d’assurance-chômage au budget de Pôle emploi. «Le montant de la contribution versée par l’Unedic ne pourra être supérieur au montant de la dotation versée par l’État», propose le patronat, soit… 1,5 milliard d’euros. Si l’exécutif accepte ce point, l’économie pour l’Unedic – qui verse chaque année 10 % de ses ressources à Pôle emploi, soit 3,5 milliards en 2016 – sera considérable et le manque à gagner pour Pôle emploi, conséquent (de l’ordre de 2 milliards).

Le patronat n’a en revanche pas modifié sa proposition sur les seniors. Il souhaite reporter à 57 ans, au lieu de 50 aujourd’hui, la borne d’entrée dans cette filière qui permet aux demandeurs d’emploi d’être indemnisés – s’ils ont suffisamment cotisé – trois ans au lieu de deux. Une proposition, là encore, que les syndicats entendent assouplir. La CFDT serait ainsi partisane de remonter le seuil d’entrée à 55 ans, FO à 52.

 

L’OPINION – 01/03/2017

Assurance-chômage: comment le Medef compte enrayer la dégradation des comptes

 

Alexandre Saubot, chef de file patronal de la négociation Unédic

Indemnisation des seniors, calcul de l’indemnité journalière, limitation des CDD courts dans certains secteurs… Le patronat met sur la table ces sujets alors que la situation des comptes l’Unédic s’aggrave : 37,5 milliards d’euros de dette prévus fin 2018

Le Medef vient d’envoyer aux centrales syndicales plusieurs mesures pour réduire le déficit de l’assurance-chômage, alors même que l’Unédic vient de transmettre ses prévisions financières pour 2017 et 2018. Les partenaires sociaux se sont donnés jusqu’au 28 mars pour se mettre d’accord et acter une nouvelle convention.

Le projet d’accord sur l’assurance-chômage que le Medef a envoyé mardi aux syndicats fait une quinzaine de pages et vise un milliard d’euros d’économies. Pour cela, le patronat propose de limiter la « permittence » (les allers-retours abusifs entre emploi et chômage), de revoir l’indemnisation des seniors, mais aussi de limiter la multiplication des contrats courts…

Une première partie du texte concerne les modalités de calcul et de versement de l’allocation d’aide au retour à l’emploi. Le Medef le rappelle : « Il s’agit d’éviter les logiques d’optimisation à la fois du côté de l’employeur et du salarié et mettre fin à des situations inéquitables ». En effet, dans certains cas, un chômeur a intérêt à enchaîner plusieurs contrats très courts plutôt qu’un contrat un peu plus long. Il y gagne financièrement et l’allocation-chômage n’est plus un revenu de remplacement mais de complément. Une anomalie que de nombreux syndicats sont prêts à corriger.

Pour ce faire, le Medef propose une nouvelle équation qui – grosso modo — reviendrait à baisser d’un tiers le niveau des allocations versées aujourd’hui, pour ceux qui jouent de cette « permittence ». Seul hic, selon plusieurs sources syndicales, « le niveau proposé par le Medef est trop bas et n’incitera pas les gens à reprendre un travail. » La discussion va donc porter sur le niveau du curseur.

Indicateur objectif. Sur la question des contrats courts, le patronat se montre plus prudent. Il propose d’ouvrir des négociations dans les secteurs où il y a « une accentuation du phénomène de réembauche d’un même salarié par le même employeur » et suggère de « convenir d’un indicateur objectif » qui prendrait en compte tous les secteurs. Ceux qui seraient au-dessus de cet indicateur « seront incités à ouvrir des négociations en vue de déterminer les raisons du recours aux contrats très courts, quelles qu’elles soient, au regard des tensions du travail, et à mettre en place des incitations pertinentes, pour modérer l’utilisation de ces contrats très courts, lorsque cela est possible ». Les mots sont pesés — n’apparaît pas le terme taxation — pour ne pas raviver les vives polémiques internes au Medef. Mais les syndicats veulent un système de bonus-malus de cotisations. La CFDT prévient déjà que « la proposition est inacceptable en l’état » et qu’il va « falloir vraiment négocier sur les contrats courts ». Cette mention des contrats courts par le patronat est pourtant déjà une avancée : en juin, le Medef refusait d’aborder le sujet, ce qui avait contribué à empêcher tout accord.

L’autre point sensible est l’indemnisation des seniors. Le Medef propose de changer les règles pour les plus de 50 ans. La durée maximale de versement de l’allocation-chômage passerait de trente-six à vingt-quatre mois pour les 50- 55 ans. Cette proposition promet de susciter des oppositions du côté de la CGT et de FO, mais la CFDT devrait valider. Pour les seniors entre 55 ans et l’âge de la retraite, le Medef propose un système progressif par étapes. Ainsi pour les personnes dont l’âge est supérieur ou égal à 57 ans, et strictement inférieur à 59 ans au moment de l’ouverture des droits au chômage, la durée d’indemnisation serait de 30 mois, avec des exigences un peu assouplies sur la période travaillée auparavant. En revanche, les plus âgés (59 ans et plus), verraient leur durée d’indemnisation de 36 ans maintenue afin de ne pas mettre en difficulté ces chômeurs en attente de leur retraite. Sur le volet seniors, le Medef propose aussi des systèmes d’incitation à la formation, via la mobilisation du compte personnel de formation (CPF). Mais là encore, les syndicats risquent de tiquer car cela nécessite que le senior active son CPF. Rien n’est mentionné, par ailleurs, sur le payeur de ces formations.

Prévisions de l’Unédic. L’ensemble de ces propositions intervient dans le cadre très particulier de cette négociation, qui se situe en pleine période électorale. Quoiqu’ils en disent, patronat et syndicats sont sensibles aux dires des candidats à la présidentielle, qui promettent la nationalisation du régime (Macron) ou encore des mesures drastiques pour résorber les 30 milliards de dette (Fillon). La situation économique pèse aussi sur les échanges. Et ce d’autant plus que selon l’Unédic, qui a présenté ce mardi ses prévisions, l’endettement pourrait atteindre plus de 37,5 milliards d’euros à la fin de l’année 2018.

Et alors que l’organisme paritaire table sur une reprise, celle-ci serait finalement peu porteuse en termes d’emplois. L’Unédic prévoit en effet la création de 135 000 emplois en 2017 puis de 113 000 postes en 2018. Et d’anticiper une lente réduction du nombre de demandeurs d’emplois inscrits. En catégorie A, le nombre de chômeurs a baissé de 107 000 personnes en 2016 ; cette tendance devrait se poursuivre en 2017 et 2018.

Fanny Guinochet

 

 

LES ECHOS – 01/03/2017

Assurance-chômage : vers une légère décrue du déficit cette année

 

Le déficit 2017 de l’assurance-chômage sera réduit à 3,6 millliards d’euros en 2017, selon les dernières prévisions.

La prévision de déficit de l’Unédic a été ramené à 3,6 milliards en 2017, soit 213 millions de moins que prévu en septembre.

Comme chaque année à pareille époque, l’Unédic a actualisé ses prévisions financière à court et moyen terme. Conclusion ? Du mieux en lien avec l’amélioration du marché du travail, mais pas suffisamment pour exonérer les partenaires sociaux, qui gèrent l’assurance-chômage , de trouver des économies.

Le consensus des économistes table désormais sur une progression du PIB de 1,3 % en 2017 et de 1,4 % en 2018. L’inflation est attendue en hausse de 1,3 % ces deux années. Dans ce contexte, les créations d’emplois dans le privé s’élèveraient à 135.000 cette année et 113.000 l’an prochain. C’est nettement moins qu’en 2016 (+218.000), mais nettement mieux que ce qu’attendait l’Unédic dans sa dernière prévision de septembre (+76.000 et +66.000 respectivement). L’explication ? Du côté positif: une croissance un peu plus forte. Du côté négatif, le ralentissement des effets de la prime à l’embauche dans les PME ou des mesures de baisse des charges des entreprises.

Le nombre de chômeurs repartirait à la hausse

Le nombre de demandeurs d’emplois sans activité progresserait de 47.000 en 2017. Là encore, c’est nettement moins bon que le recul de 107.400 l’année dernière. Mais c’est nettement mieux que la hausse de 79.000 anticipée en septembre. Les tendances sont les mêmes pour les chômeurs de catégories B ou C, c’est-à-dire en activité réduite. Le taux de chômage au sens du BIT ressortirait à 9,8 %, stable.

Résultat, l’Unédic a confirmé sa prévision de déficit pour 2016, attendu à hauteur de 4,2 milliards d’euros. Pour 2017, ses experts l’estiment désormais un peu moins de 3,6 milliards, soit 213 millions de mieux qu’en septembre. Et à 3,9 milliards l’année suivante, exercice aux termes duquel la dette cumulée serait de 37,5 milliards.

A quelques centaines de millions près, les nouvelles prévisions financières de l’assurance-chômage sont donc conformes à celles de septembre. Mais ce sont surtout les prochaines qui compteront. Celles qui, en cas d’accord des partenaires sociaux prendront en compte la nouvelle convention. Par la suite, il faudra aussi intégrer, la politique d’emploi du futur gouvernement.

Alain Ruello

 

 

LE FIGARO – 01/03/2017

La croissance française moins forte en 2016 qu’en 2015

Les chiffres de l’Insee publiés ce mardi confirment que le PIB n’a progressé que de 1,1% sur l’ensemble de l’année, une hausse nettement inférieure aux prévisions.

Les chiffres sont confirmés. La croissance de l’économie française a bien atteint 0,4% au quatrième trimestre 2016 et s’est donc établie à 1,1% sur l’ensemble de l’année, selon une deuxième estimation publiée, ce mardi, par l’Insee. Ces chiffres sont conformes aux premières estimations de l’Insee rendues publiques le 31 janvier. Au quatrième trimestre, la croissance du produit intérieur brut (PIB) a accéléré après la légère hausse de 0,2% au cours des trois mois précédents. Mais ces chiffres, pour 2016, sont inférieurs de 0,1 point par rapport à 2015 où la croissance avait atteint 1,2%. En outre, la hausse de 2016, dernière année pleine du quinquennat de François Hollande, est inférieure de 0,3 point à la prévision du gouvernement, qui avait réajusté sa prévision de 1,5% à 1,4% à l’automne.

Dans le détail, les dépenses de consommation des ménages ont accéléré en 2016, augmentant de 1,8% après une progression de 1,5% en 2015, portées «notamment par les achats en biens d’équipement du logement au premier semestre», selon l’Insee. De même, l’investissement s’est mieux porté, en particulier celui des entreprises qui a crû de 4% l’an dernier, après une hausse de 2,7% en 2015. Il a notamment accéléré au quatrième trimestre après deux trimestres plus moroses, les chefs d’entreprise ayant anticipé la fin du dispositif de suramortissement fiscal sur les investissements productifs, prévue en avril.

Un commerce extérieur qui pèse

Mais l’investissement des administrations publiques a pour sa part continué de reculer, mais à un rythme nettement moins fort qu’en 2015 (-0,6% contre -3,9%). Les exportations ont marqué le pas, ne progressant que de 1,1% en 2016 contre une hausse de 6% un an auparavant. Les importations ont également ralenti, mais moins fort que les exportations (+3,7% après +6,4%), ce qui explique que le solde extérieur a pesé davantage sur la croissance en 2016 qu’en 2015 (-0,8 point après -0,3 point).

La production a, de son côté, augmenté un peu plus qu’en 2015 (+1,4% après +1,3%), rebondissant notamment dans la construction. Mais la production agricole a fortement diminué (-5,7% après -2,2%), «en raison de conditions climatiques défavorables» selon l’Insee, ce qui a particulièrement pesé sur la croissance. Selon l’Insee, la croissance de l’économie française devrait augmenter de 0,4% aux premier et deuxième trimestre 2017.

 

LES ECHOS – 01/03/2017

Les maires donnent un coup d’arrêt aux hausses d’impôts locaux

 

Quarante des plus grandes communes de France ainsi que la plupart des intercommunalités ont décidé de ne pas augmenter leurs taux de taxes d’habitation et de taxes foncières pour 2017.

De Saint-Denis à Nantes ou Bordeaux, les quarante plus grandes villes de France ont voté des taux stables pour l’année 2017, selon notre enquête.

Après la tempête, c’est une mer d’huile qui s’annonce pour la fiscalité des grandes villes. L’examen par « Les Echos » des budgets primitifs votés ces deux derniers mois montrent que tous affichent des zéros dans l’évolution des taux de taxes d’habitation et de taxes foncières pour 2017. C’est le cas des quarante plus grandes communes de France ainsi que de la plupart des intercommunalités. L’an dernier, la moyenne des taux de ces taxes avait grimpé de 1 %, après une hausse de 1,8 % en 2015.

Un mouvement général

Un expert des finances locales rappelle que cette situation est plutôt classique à l’attaque de la troisième année d’un mandat municipal, sauf que cette fois la baisse des dotations financières de l’Etat complique singulièrement les équations budgétaires des élus. La tendance est d’autant plus remarquable que le législateur a fixé à 0,4 % la revalorisation des bases, refusant la généreuse hausse de 1 % des années précédentes qui dépassait nettement l’inflation. L’an dernier, les édiles s’étaient reposés sur cette revalorisation pour faire preuve de modération : les deux-tiers des maires des grandes villes n’avaient pas touché aux taux.

Cette année, le mouvement est général même parmi le tiers restant. C’est le cas de Clermont-Ferrand qui avait la palme de la hausse du taux de taxe d’habitation l’an dernier (5,8 %). Ou de Toulouse qui s’était distinguée en 2015 en augmentant de 15 % la taxe d’habitation et la taxe foncière. Sa métropole avait à son tour appliqué 7 % de hausse des taux l’an dernier. La communauté de Nantes n’avait pas hésité à voter 18,5 % de revalorisation de la taxe d’habitation en 2016. Lille, qui caracolait au sommet du niveau de taux (46 %) dans l’étude 2016 du Forum pour la gestion des villes, a fait le même choix. Sans surprise, Le Havre enchaîne une huitième année de stabilité, quand Nice interrompt deux ans de baisse de ses taux. Même les villes moins favorisées comme Montreuil ou Saint-Denis ont choisi d’épargner leurs contribuables.

Quid des départements

Cela ne signifie pas pour autant un gel des impôts locaux pour les habitants. Outre la hausse de 0,4 % due aux bases, ils pourraient sentir passer la part départementale qui entre dans le calcul de la taxe foncière. Le responsable d’une association d’élus juge que « c’est devenu très risqué pour un maire d’afficher des taux en hausse, vis-à-vis de son assemblée ou de sa population. Seuls les départements peuvent encore le faire car ils sont moins proches de la population et ils ont l’excuse absolue des difficulté de financement du RSA ». D’autant que la baisse des dotations supportée par les villes a, cette année, été deux fois moins forte que prévu à l’origine.

Il reste aussi aux élus des grandes villes une poignée de leviers pour maintenir une épargne brute raisonnable, au-delà des plus simples déjà utilisés comme la fiscalité, la baisse des investissements et les coupes dans les subventions aux associations. Il faut s’attendre à ce que les villes « ajustent » les tarifs municipaux, dopent les taxes de poche (terrasse, stationnement, etc.), optimisent leurs achats, fassent de la « gestion de patrimoine » (vendre), développent le mécénat, voire « révisent leur périmètre d’intervention ». Comprendre une révision à la baisse du service public : horaires d’ouverture, fréquence des bus, etc.

Trois situations différentes, une même décision

Décision in-extremis à Mulhouse. Le conseil municipal de la ville alsacienne a opté fin décembre pour la stabilité fiscale. « Suite à la baisse des dotations de l’Etat, nous avions annoncé trois ans de hausse à 3 % en 2014, mais la loi de finances 2017 nous a permis au final d’éviter une troisième hausse », explique l’adjoint aux finances Philippe Maitreau. Le débat reste néanmoins en cours à la communauté d’agglomération.

Bordeaux mise sur son attractivité. Bordeaux est typique des métropoles en expansion du flanc ouest de la France. Comme Nantes ou Rennes, la ville explique miser sur son attractivité et son dynamisme démographique pour « anticiper 1,2 % de hausse des bases ». Ces villes prospères tablent aussi sur les recettes immobilières, assument de futures hausses de tarifs et comptent sur un essor du mécénat.

Saint-Denis a dégagé des marges. Après un bond de 10 % en 2015, la commune de Seine-Saint-Denis prévoit de voter une fiscalité stable jeudi en débat d’orientation puis dans son budget en mars. « La hausse de 2016 et de gros efforts sur les dépenses offrent des marges de manoeuvres cette année. Nous pourrons accompagner notre dynamisme démographique, soit un groupe scolaire tous les ans » indique Erwann Le Guern, adjoint aux finances.

 

 

::: ENTREPRISES

LE FIGARO – 01/03/2017

Ventes d’armes : la France a battu un record historique en 2016

L’industrie française a exporté pour plus de 20 milliards d’euros de matériels militaires.

En 2016, les exportations françaises d’armement ont battu un record historique, à plus de 20 milliards d’euros. C’est deux fois plus que la commande nationale. Et, au bas mot, 3 milliards de plus qu’en 2015 qui était déjà un grand millésime. La performance de la France est sans doute bien supérieure. «Nous avons été conservateurs en comptabilisant la part française (DCNS et ses sous-traitants, NDLR) du contrat australien dans les sous-marins à 6 milliards d’euros. C’est une fourchette basse. À cela s’ajoutent 14 milliards de contrats dont les plus emblématiques ont été les Rafale vendus à l’Inde et les hélicoptères Caracal commandés par le Koweït», détaille le ministère de la Défense.

Grâce à ces grands contrats mais aussi au renforcement du «socle» de commandes plus modestes, «la France est, depuis deux ans, le numéro deux mondial des exportations militaires, loin derrière les États-Unis (40-50 milliards), mais ex aequo avec la Russie», précise-t-on à l’hôtel de Brienne.

L’année 2015 a marqué un tournant pour les industriels, que 2016 a confirmé. «Nous avons enregistré une forte hausse des prises de commandes à 1,8 milliard d’euros dans la défense, en 2016. Pour la première fois depuis longtemps, le book-to-bill est supérieur à 1», explique Philippe Petitcolin, PDG du motoriste Safran. Patrice Caine, le patron de Thales, ne dit pas autre chose.

Après un point bas en 2012, le volume des affaires gagnées à l’international par la France a quintuplé. Les industriels ont bénéficié d’une situation géopolitique favorable. Les attentats terroristes, la lutte contre l’État islamique, la déstabilisation du Moyen-Orient, les tensions en mer de Chine mais aussi aux frontières pakistano-indiennes et chinoises ont entraîné un réarmement général. Les États qui avaient baissé la garde ont compris qu’ils devaient investir davantage dans la défense et la sécurité tandis que les autres accélèrent. En 2016, le niveau des exportations a atteint son «plus haut volume depuis la fin de la guerre froide», selon le Stockholm International Peace Research Institute (Sipri).

Cohérence française

Mais la géopolitique n’explique pas tout. Les industriels français gagnent des contrats car le politique a su créer les conditions de la confiance et établir les bases d’un partenariat stratégique avec les pays clients. À cet effet, Jean-Yves Le Drian a parcouru 1,5 million de kilomètres (409.000 en 2016) depuis son arrivée à l’hôtel de Brienne. L’infatigable ministre de la Défense a effectué un total de 65 déplacements au Moyen-Orient, de 7 voyages en Inde et 3 en Australie. Avec son cabinet, il a mis en place une méthode et une équipe France dans laquelle chacun – politique, armée, industriels – est à sa place et joue dans son compartiment. D’où une grande cohérence de l’offre française. L’industrie est, en outre, en mesure de fournir une panoplie d’armements haut de gamme et sophistiqués dans tous les domaines: terrestre, naval, aérien et spatial.

Certains industriels à l’instar de DCNS avec Gowind, ont aussi développé des gammes dédiées à l’exportation. Les armements français ont acquis une grande crédibilité auprès des armées étrangères. Ils ne sont pas seulement exposés dans les salons ou présentés lors de démonstrations, ils sont «combat proven» car utilisés au quotidien par les armées françaises sur les théâtres d’opérations (Afrique, Irak…).

Enfin, la France a acquis un savoir-faire en matière de packages (matériels, formation, maintenance, services) et de transfert complet de technologie. Un atout alors que la plupart des pays clients exigent des retombées pour leur économie.

Véronique Guillermard

 

 

LE MONDE – 01/03/2017

Transdev et Renault-Nissan s’associent dans le véhicule sans conducteur

Le quatrième constructeur mondial et le leader du transport public vont tester des voitures électriques autonomes consacrées au transport à la demande.

Avant, c’était simple. Il y avait d’un côté l’automobile et de l’autre les transports en commun. Et en à peine quelques mois, tout a changé. Désormais, cette différence s’estompe, cette frontière s’efface sous les coups de boutoir des nouvelles technologies et de l’économie numérique.

Le dernier épisode en date de cette mutation est spectaculaire. Lundi 27 février, dans le cadre du Congrès mondial de la téléphonie mobile à Barcelone, Renault-Nissan et l’opérateur de transports en commun Transdev ont annoncé avoir conclu un partenariat pour développer des services de transport public à la demande utilisant des voitures électriques et autonomes.

Les entreprises « vont collaborer pour développer un système de transport complet et modulaire pour permettre aux clients de réserver des trajets, et aux opérateurs de mobilité de surveiller et opérer des flottes de voitures autonomes », ont-elles précisé dans un communiqué commun. Ce partenariat débutera par des expérimentations sur le plateau de Saclay, au sud-ouest de Paris, avec des voitures électriques Renault Zoé, combinées à « la plate-forme de répartition à la demande, de supervision et de routage élaborée par Transdev », expliquent les deux sociétés.

« Nous changeons d’échelle »

L’événement n’est pas anodin. C’est la première fois que l’un des leaders mondiaux du transport public – le français Transdev – s’associe à un constructeur automobile majeur dans le but d’inventer un futur « business » commun. Car il s’agit bien de cela : renouveler des modèles économiques différents en les faisant converger. Les constructeurs automobiles espèrent trouver dans les services de mobilité une piste nouvelle de croissance ; les opérateurs traditionnels de transport public cherchent une porte de sortie face à l’ubérisation de leur activité.

L’un comme l’autre ont choisi à travers ce partenariat une alliance avec un acteur d’envergure. Transdev (dont l’actionnaire principal est la Caisse des dépôts) est « l’un des opérateurs de mobilité multimodale les plus importants au monde », remarque Ogi Redzic, vice-président de l’alliance franco-japonaise, chargé des véhicules connectés et des nouvelles mobilités.

« Avec l’Alliance Renault-Nissan, nous changeons d’échelle », se félicite Yann Leriche, directeur de la performance de Transdev. Ce dernier, qui réalise 7 milliards d’euros de chiffre d’affaires (vingt fois moins que l’entité Renault-Nissan), a déjà mis en place une dizaine de projets pilotes de transport public par véhicule autonome. Transdev fait rouler en particulier un minibus sans conducteur au sein de la centrale nucléaire de Civaux (Vienne). En ce moment même, l’opérateur réalise un tour des Etats-Unis avec une navette autonome.

Des pistes de croissance

Même si elle n’est pour le moment qu’un simple partenariat de recherche visant à tester des technologies en développement, l’association avec Renault-Nissan est essentielle pour Transdev. « Cela va nous permettre de mettre les mains dans la voiture, sa technologie, ses algorithmes, explique M. Leriche. C’est fondamental pour garantir sécurité et qualité de service à nos clients. »

Transdev peut espérer aussi que cette coopération lui permettra de trouver à terme des solutions à certaines de ses difficultés actuelles. L’opérateur est leader de la mobilité à la demande en porte-à-porte, à Londres (où il fait fonctionner une plate-forme de taxis) et aux Etats-Unis. Là-bas, il opère plusieurs flottes de taxis ou des services équivalents comme des minivans qui font la liaison avec des aéroports. Il y subit de plein fouet la concurrence d’Uber et de Lyft, les plates-formes de VTC. Transdev a dû d’ailleurs se séparer de ses taxis de Las Vegas, déficitaires. Une offre sans chauffeur constituerait une option intéressante pour ce type d’activité.

Côté industriels de l’automobile, les offres de partage de véhicule sont déjà nombreuses. Mais, plusieurs constructeurs voient aussi dans le petit transport en commun sans conducteur des pistes de croissance. Ford en fait une priorité et veut proposer aux sociétés de taxis des flottes de véhicules autonomes dès 2021. Quant à Uber, il a choisi Volvo comme partenaire dans la course contre la montre qu’il a entrepris pour disposer au plus vite des véhicules sans chauffeur indispensables à sa survie.

Éric Béziat

 

 

LE FIGARO – 01/03/2017

Valeo manifeste un insatiable appétit de croissance

 

Jacques Aschenbroich, PDG du groupe Valeo, a présenté, mardi à Londres, son deuxième plan stratégique à cinq ans en l’espace de… deux ans.

L’équipementier automobile vise une progression de plus de 60% de son activité d’ici 2021.

L’ambition de Valeo est immense. Même le temps ne lui résiste pas. L’équipementier automobile a présenté, mardi 28 février à Londres, son deuxième plan stratégique à cinq ans en l’espace de… deux ans. «Nous avons été beaucoup plus vite que prévu au niveau de la croissance de l’activité mais également des prises de commandes, justifie Jacques Aschenbroich, PDG de Valeo. Nous étions certains de dépasser les objectifs fixés en 2015. Nous avons donc décidé de les mettre à jour.»

Et la mise à jour est pour le moins ambitieuse. Valeo visait, dans le cadre de son plan précédent, 20 milliards d’euros de chiffre d’affaires à l’horizon 2020. Désormais, l’équipementier compte réaliser 27 milliards d’euros en 2021, contre 16,5 milliards d’euros l’an dernier.

La croissance annuelle de l’activité sera supérieure à 10%, quand celle des ventes de voitures dans le monde n’est attendue qu’à 2,3%. Cette performance très supérieure à celle du marché s’explique par «une vague de croissances successives», selon le patron de Valeo. Dans les systèmes de propulsion, par exemple, le groupe bénéficie de la stratégie des constructeurs visant à optimiser les moteurs à combustion.

Marges historiques

Mais une deuxième vague d’activité vient de démarrer avec l’électrification des moteurs. Dans un premier temps, cela concerne l’hybridation, avant de passer aux moteurs électriques. La coentreprise que Valeo a créée l’an dernier avec Siemens dans ce domaine a déjà engrangé 1,6 milliard d’euros de commandes.

Le phénomène est identique dans les aides à la conduite. Aujourd’hui, l’activité concerne des systèmes d’assistance, avant de passer à la connectivité et, demain, d’embrayer sur les voitures réellement autonomes.

Pour saisir ces vagues de croissance, l’équipementier mise sur l’innovation. Les dépenses consacrées à la R&D sont considérables. En net, elles représentaient 5,8% du chiffre d’affaires en 2016, un niveau qui devrait rester sensiblement identique dans les prochaines années. Et les résultats sont au rendez-vous: «50% des prises de commandes réalisées l’an dernier portent sur des produits nouveaux, qui n’existaient pas il y a trois ans», se félicite Jacques Aschenbroich.

Dernier levier de croissance: les acquisitions. Le groupe en a réalisé plusieurs l’an dernier, en Allemagne, au Japon ou en Corée du Sud. «Nous visons des opérations ciblées qui nous apportent des technologies ou une couverture géographique complémentaire», détaille le patron de l’équipementier. La prise de contrôle du japonais Ichikoh a ainsi permis à Valeo de doubler l’activité réalisée avec Toyota. En dix ans, la part de l’Asie dans le chiffre d’affaires de Valeo est passée de 15% à 37%, après les dernières opérations.

Ce dynamisme ne se fait pas au détriment des marges ou de la capacité à générer de la trésorerie. Le groupe français vise une marge opérationnelle de 9% à l’horizon 2021, contre 8,1% enregistrée l’an dernier. Des niveaux jamais vus dans l’histoire de Valeo. De même, le groupe vise à doubler sa génération de trésorerie nette (free cash-flow) entre la période 2012-2016, où elle était de 2 milliards d’euros, et la période 2017-2021, où elle est attendue à 3,7 milliards d’euros. Un niveau parfois jugé modeste par les investisseurs, mais que le patron du groupe justifie par les investissements en R&D et en usines nécessaires pour financer la croissance. L’utilisation de ces liquidités ne se fera pas via le lancement d’«un programme de rachat d’actions, car nous avons encore suffisamment d’idées», explique Jacques Aschenbroich. Pas non plus de rapprochement structurant avec un autre grand acteur. «L’important n’est pas la taille globale, mais être numéro un ou deux mondial dans chacun de nos métiers. Et c’est le cas», justifie encore le patron de Valeo.

Cette confiance et ces ambitions élevées ont laissé de marbre les marchés financiers, le titre cédant même 0,31% en séance mardi 28 février. Il est vrai qu’il affiche une hausse de 71% sur trois ans. Un horizon temporel sans doute plus pertinent pour juger de la qualité d’un groupe qui reste industriel.

Emmanuel Egloff

 

 

LES ECHOS – 01/03/2017

Les banques françaises sur le toit de l’Europe

Les six groupes français ont dégagé 23,5 milliards d’euros de bénéfices grâce à leur diversification. En 2017, ils accélèrent encore leur digitalisation.

Le début d’année 2016 chahuté sur les marchés , les vagues de renégociation de crédits immobiliers provoquées par la faiblesse des taux d’intérêt ou encore le vote en faveur du Brexit n’auront pas eu raison de la santé des banques françaises. En 2016, leurs profits cumulés ont encore surpassé les résultats 2015, déjà revenus au niveau d’avant crise. Globalement, les six premiers groupes français ont généré un total de 23,5 milliards d’euros de bénéfices nets l’an passé, soit 660 millions de plus qu’en 2014.

Une performance éclatante face aux pertes de leurs concurrents européens Deutsche Bank , UniCredit ou RBS – encore aux prises avec de lourdes restructurations ou litiges hérités de la crise financière. Mais les champions français restent bien loin des résultats dégagés par les banques américaines : à elle seule, JP Morgan affiche un bénéfice net de 27,8 milliards de dollars en 2016 .

 « Les banques françaises n’ont pas de boulevards de croissance devant elles, si ce n’est sur des métiers spécialisés, et depuis la crise elles font particulièrement attention à leurs coûts . Mais grâce à leurs modèles de revenus diversifiés elles parviennent à obtenir des résultats résilients et des niveaux de rentabilité de 7 à 8 % », rappelle Romain Burnand, gérant chez Moneta.

Une inconnue, le volet réglementaire

De fait, en 2016, outre le bond de leurs revenus de banques de financement et d’investissement au second semestre, les banques françaises ont profité de la dynamique de leurs revenus d’assurance, de location de véhicules longue durée ou encore de gestion d’actifs. Et logiquement, dans un contexte de taux d’intérêt très bas, les acteurs les plus concentrés sur la banque de détail (la filiale de Crédit Agricole, LCL, ou La Banque Postale ) ont éprouvé davantage de difficultés à compenser la baisse de leurs revenus d’intérêts.

De ce point de vue 2017 s’engage mieux que 2016 : « Clairement, nous avons atteint un point d’inflexion dans la politique monétaire avec la remontée des taux longs fin 2016. Plus sensibles à la pente des taux du fait de la structure du marché de l’épargne et du crédit immobilier, les banques françaises devraient en profiter », estime Jérôme Legras, directeur de la recherche chez Axiom AI.

Reste que de nombreux chantiers de digitalisation et d’automatisation des métiers de banque de détail ont été lancés à l’occasion de la publication des comptes annuels, chez BPCE et BNP Paribas notamment. De leur succès dépendra la capacité des banques françaises à conserver leurs parts de marché, tout en serrant leurs coûts. Signe que les deux démarches sont étroitement liées, la robotisation des processus permettrait de diviser par neuf les coûts des banques, selon une étude de Deloitte.

L’autre grande inconnue de l’année 2017 concerne le volet réglementaire. Au point mort depuis le début de l’année, les négociations sur le parachèvement de la réforme Bâle III – rebaptisée « Bâle IV » par les banques opposées à ce chantier – pourraient amener les établissements à une nouvelle fois renforcer leurs fonds propres. Surtout, après le Brexit et l’élection de Donald Trump, le protectionnisme a fait une entrée en force dans la réglementation, ce qui pose question pour la compétitivité des banques européennes. Des questions qui se sont certainement invitées au menu de la rencontre prévue ce mardi entre le ministre de l’Economie, Michel Sapin, et le président de la Fédération bancaire française, Philippe Brassac.

Des robots en soutien des conseillers physiques

L’automatisation sera l’un des chantiers phares pour les banques françaises en 2017, mais sans remettre en cause la place de l’humain.

Les robots dans la banque, beaucoup en parlent, mais peu de clients en ont déjà rencontré ! Or parvenir à automatiser davantage la relation client sera clairement un des grands défis 2017 pour les banques françaises. Les « chatbots » – ces systèmes d’intelligence artificielle capables de converser avec les clients – en sont déjà le premier cas d’usage visible. Mais ils demeurent bien souvent limités à des sujets non bancaires. C’est le cas, par exemple, de Société Générale, qui a lancé une expérimentation en octobre dernier autour de la communauté du rugby.

Le mouvement devrait toutefois s’approfondir. « Nous vivons dans le domaine une vague d’expérimentations sans précédent », explique Damien Leurent, associé chez Deloitte. Les nouvelles possibilités d’usage vont par nature se multiplier, puisque le principe même des intelligences artificielles est de s’enrichir et d’apprendre au fur et à mesure.

Potentiellement, tous les aspects de la relation client sont concernés, depuis l’avant-vente (tarifs, réponse de principe sur un crédit…) jusqu’au suivi de dossiers ou le traitement des réclamations. Nombre de ces innovations ne seront pas directement perceptibles par le public, l’attente d’une relation humaine restant encore très forte. Ainsi, ces nouveaux outils digitaux ne devraient pas remplacer, mais plutôt « augmenter » le conseiller bancaire traditionnel . Ce dernier s’appuierait sur les outils d’intelligence artificielle, mais pas seulement. Les tâches administratives (comme le traitement d’une réclamation) vont rapidement connaître un degré de robotisation supplémentaire, synonyme de gain de temps pour le conseiller. Ainsi, l’automatisation des processus de gestion simple devrait encore gagner du terrain en 2017.

Sharon Wajsbrot et Edouard Lederer

 

::: POLITIQUE

L’OPINION – 01/03/2017

Accord Hamon-Jadot: le PS dans l’enfer vert

L’accord signé par les deux hommes ne fait pas seulement la part belle aux écologistes sur le plan électoral. Il remet aussi en cause quelques fondamentaux socialistes, et passe donc mal au sein de sa famille politique. Turbulences à gauche

Retour aux sources ce mercredi pour le candidat socialiste à l’élection présidentielle. Benoît Hamon effectue un déplacement en Bretagne, conclu par un meeting à Brest. Il a réuni pour la première fois mardi, à huis clos, dans son QG, rue du Château-d’Eau, à Paris, le « conseil parlementaire », composé des députés, sénateurs et eurodéputés qui le soutiennent.

C’est l’histoire d’un parti politique piégé par son propre candidat à la présidentielle. Sorti vainqueur, à la surprise générale, de la primaire de la gauche le 29 janvier, avec 58 % des voix, Benoît Hamon a signé le 23 février avec le candidat écologiste Yannick Jadot un « projet de plateforme présidentielle » qui va à rebours de trois décennies de discussions doctrinales au sein du Parti d’Epinay… et fait sérieusement tanguer la rue de Solférino, qui n’a pas eu son mot à dire.

L’historien Alain Bergounioux, directeur des études politiques au PS, a soulevé le problème, lundi soir, au bureau national : sur le nucléaire, qui a toujours divisé les socialistes, la position du PS est de parvenir à un « mix énergétique » dans lequel la part du nucléaire aurait vocation à diminuer, tandis que celle des énergies renouvelables augmenterait. Or la plateforme présidentielle PS-Verts prévoit beaucoup plus radicalement, et sans que les socialistes n’en aient jamais débattu, le zéro nucléaire d’ici à vingt-cinq ans.

Un ministre écologiste ne croit cependant pas à cet engagement de papier, et sourit de la formulation retenue, celle d’une « sortie progressive et intégrale du nucléaire à horizon de 25 ans » : « Faites-leur dire qu’ils fermeront 17 réacteurs d’ici 2025, et l’on en reparlera ! » De fait, Guillaume Balas, député européen et coordinateur du projet de Benoît Hamon, qui a participé aux discussions avec les Verts, souligne que cet engagement « ne change pas grand-chose pour le quinquennat qui vient », puisqu’il ne fait que reprendre « la fermeture des premiers réacteurs », un engagement déjà pris (et non tenu) par François Hollande en 2012.

Conférences de consensus. Autres points durs, le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et la nouvelle ligne ferroviaire Lyon-Turin. Sur ces deux chantiers, Benoît Hamon promet des « conférences de consensus ». Soit deux couleuvres à avaler, pour les socialistes de Loire-Atlantique et pour ceux de Savoie, qui soutiennent majoritairement les deux projets. Interpellé lundi soir en Bureau national sur l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, approuvé par référendum par les électeurs de Loire-Atlantique en juin 2016, Jean-Marc Germain, codirecteur de la campagne de Benoît Hamon, a répliqué que le candidat, avec ses « conférences de consensus », a « trouvé la formule qui va bien ».

« Notre-Dame-des-Landes, c’était un engagement du candidat Hamon dans la primaire, rappelle Guillaume Balas, et un point important pour les écologistes. Par ailleurs, l’accord ne prévoit pas l’abandon pur et simple, mais une conférence de consensus, c’est-à-dire qu’on remet tout le monde autour de la table… » Idem pour le Lyon-Turin. « Les travaux ont démarré, on n’a pas dit qu’on les suspendait, nuance l’eurodéputé. On dit juste qu’il faut trouver toutes les réponses possibles à la saturation des vallées alpines. »

Jean-Marie Le Guen, secrétaire d’Etat au Développement, a dénoncé mardi « un programme de rupture avec sa famille politique ». Sur le nucléaire, « les socialistes ont toujours été pour un équilibre dans notre politique énergétique, a rappelé ce proche de Manuel Valls. C’est nous qui avons contribué à civiliser le nucléaire ». L’élu parisien souligne que même Arnaud Montebourg (candidat à la primaire, désormais conseiller pour les affaires internationales du candidat socialiste) n’est pas dans cette logique. « Décréter la fin de la filière nucléaire », c’est mettre en cause « des centaines de milliers d’emplois dans ce pays », a-t-il dénoncé sur RTL.

Quant aux dispositions de l’accord sur Notre-Dame-des-Landes et le Lyon-Turin, le secrétaire d’Etat a ironisé sur « le tour de France des ZAD [NDLR : zones à défendre] : on a pris tous les chantiers où il y avait un élément de mobilisation radicalisée, et on dit : on arrête, on arrête »…

Doxa socialiste. Face aux questions soulevées par ce programme, très éloigné de la doxa socialiste, le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis a répliqué qu’il appliquait le principe « le parti propose, le candidat dispose ». En clair, ce dernier a le dernier mot. C’est d’ailleurs bien comme cela que Benoît Hamon entend les choses. « C’est quand même moi qui ai gagné la primaire, et je l’ai gagnée sur ma ligne », répond-il en substance à ses détracteurs socialistes.

Au-delà de l’accord avec les Verts, d’autres lignes de fracture, plutôt prévisibles, apparaissent entre le candidat et sa « famille politique ». Ainsi, la semaine dernière, le premier « comité politique » du candidat, où siègent huit membres du gouvernement, a été relativement houleux. Laurence Rossignol, ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des Femmes, a reproché au candidat ses propos dans une interview au Journal du Dimanche sur les banlieues, le 19 février. Le candidat socialiste avait estimé que la loi de 1905 de séparation des Eglises et de l’Etat « protège aussi bien la fille habillée en short que celle qui veut librement porter le foulard ». Une conception de la laïcité bien éloignée de celle de la ministre, proche de Manuel Valls.

Un non-sens. Last but not least, les propos de Benoît Hamon, lundi matin sur France Inter, au sujet de la dette, ont laissé pantois pas mal de ses camarades. Le député des Yvelines a jugé que la barre des 3 % de PIB du déficit public était « un non-sens », et estimé « qu’en matière de dette et de déficit, il faut regarder ce que nous pourrons rembourser, ce que nous ne pourrons pas rembourser. » « La règle des 3 % est rationnelle, elle a des conséquences », lui a répondu le ministre de l’Economie et des Finances Michel Sapin. « Il vaut mieux la respecter, non parce que ce serait venu d’ailleurs et imposé par l’Europe, mais parce que c’est bon pour la France. Continuer à entasser des dettes, ce n’est pas forcément une bonne solution », a-t-il insisté.

« C’est un très mauvais signal sur le fond, c’est un signal de marginalisation, la preuve qu’il ne veut pas être président », déplore un responsable socialiste. François Hollande aurait fait part mardi matin à l’un de ses ministres son « inquiétude » face à la tournure que prend la campagne de Benoît Hamon. « Nous assumons ces réorientations, réplique Guillaume Balas. Le patrimoine socialiste doit être revisité. Ce qui n’a pas été compris par les uns et les autres, c’est que la candidature de Benoît Hamon fusionnait les questions socialistes et écologistes ».

Nathalie Segaunes

 

 

LE PARISIEN – 01/03/2017

Présidentielle : les 10 heures de labour de Marine Le Pen au Salon de l’agriculture

 

Paris (XVe), hier. Marine Le Pen a notamment proposé de « franciser » les aides agricoles.

Dix heures de visite ! Hier, la candidate frontiste a pris le temps de poursuivre son opération séduction du monde paysan.

Attention, opération séduction ! Marine Le Pen s’est livrée hier à un véritable marathon dans les allées du Salon de l’agriculture : dix heures au pas de charge pour promouvoir ses propositions agricoles. A chaque stand, elle développe les mêmes arguments : le patriotisme économique, la lutte contre la concurrence déloyale, les dérives de la grande distribution et, pour finir, ces aides « francisées » qu’elle veut substituer aux subventions européennes. A chaque fois, la candidate frontiste précise que ces nouvelles subventions ne seront pas distribuées en fonction « des hectares », mais « des bonshommes ».

Marine Le Pen, qui cite sans hésiter le revenu moyen des agriculteurs, a travaillé cette visite en amont. Et pour cause : le FN est en pleine dynamique dans le monde rural. Pas question donc de rater ce passage obligé de la présidentielle.

Mais elle ne fait pas mouche à chaque fois pour autant : « C’est des promesses, toujours des promesses », balaie Jérôme, un éleveur de vaches limousines qui vient d’échanger quelques minutes avec elle. « Les subventions, c’est 40 % de mon chiffre d’affaires. Alors remettre en cause la politique agricole commune (PAC)… Et puis, on exporte, faut pas l’oublier non plus », s’agace-t-il.

« La fin de la PAC peut avoir du bon »

Marjorie, 21 ans, s’apprête à glisser un bulletin Marine Le Pen dans l’urne le 23 avril. D’ailleurs plus pour sa politique sécuritaire que pour son programme agricole : « La fin de la PAC peut avoir du bon, avec la hausse du prix du lait, par exemple. Et du mauvais, avec la remise en cause des subventions », évalue Marjorie, qui précise : « Les jeunes autour de moi votent pour la plupart Marine Le Pen, tandis que les plus de 40 ans continuent de voter à droite. »

Ses apparitions dans les allées du Salon, sous une nuée de caméras, suscitent une curiosité polie. Elle est parfois accueillie par quelques huées, un « Marine en prison » ou encore un homme, armé d’une… casserole, qui prévient : « Je reviens demain (NDLR : aujourd’hui) pour Fillon. »

Un groupe de féministes essaie de l’approcher pour lui remettre le prix du « féminisme en carton » avant d’être brutalement rabroué par son service d’ordre. Quelques « Marine présidente » sont scandés çà et là. Imperturbable, la candidate trace son sillon dans ce monde agricole dont elle a fait un enjeu : un symbole de cette France des oubliés où elle espère moissonner d’ici deux mois.

Une commission d’eurodéputés s’est prononcée en faveur d’une levée de l’immunité de Marine Le Pen dans le cadre d’une enquête sur la diffusion de photos de décapitations par Daech sur son compte Twitter en décembre 2015. Un vote de tous les députés est programmé demain. La levée d’immunité ne concernerait pas l’enquête sur les soupçons d’emplois fictifs au Parlement européen.

Hollande, « ennemi des fonctionnaires »

La réponse de Marine Le Pen au chef de l’Etat — qui s’était ému lundi des menaces proférées par la présidente du FN à l’adresse des agents de l’Etat — ne s’est pas fait attendre. « François Hollande est le pire ennemi des fonctionnaires », a-t-elle martelé. Elle a aussi corrigé le tir : « Je n’ai fait aucune menace à quiconque », a-t-elle affirmé. Dimanche, lors de son meeting à Nantes (Loire-Atlantique), Marine Le Pen avait mis en garde les fonctionnaires qui se livreraient à des pratiques illégales sous la pression du pouvoir. Son entourage assurait hier que ces propos s’adressaient aux hauts fonctionnaires.

Valérie Hacot

 

 

LE FIGARO – 01/03/2017

François Fillon «reporte» à la dernière minute sa visite au Salon de l’agriculture

Attendu à huit heures ce mercredi matin, le candidat des Républicains a fait savoir dans un communiqué qu’il ne se rendrait pas à la Porte de Versailles. Selon nos informations, il devrait s’expliquer sur cette absence vers midi.

La nouvelle a surpris tout le monde. Alors qu’il était attendu au Salon de l’agriculture (SIA) ce mercredi matin, François Fillon a fait savoir à la dernière minute qu’il ne se rendrait finalement pas à la Porte de Versailles. «La visite est reportée. Le nouveau rendez-vous sera communiqué ultérieurement», a-t-il été annoncé aux journalistes sans plus d’explications. C’est la première fois qu’un responsable politique de cette ampleur annule sa visite sur cet incontournable Salon.

Mardi soir, un intime du candidat assurait pourtant au Figaro que sa visite serait bel et bien maintenue malgré l’accueil houleux que certains lui promettaient sur place. Selon nos informations, celle-ci aurait d’ailleurs dû se dérouler «en deux temps». François Fillon était en effet censé visiter le Hall 1 (des animaux) ce mercredi – de l’ouverture du Salon jusqu’à 15 heures -, puis le Hall 2 (du pôle végétal) vendredi. Impossible de savoir, à cette heure, si ce programme sera maintenu tel quel.

Réunion au QG avec Bertrand et Le Maire

Sur place, les équipes du candidat, prêtes à l’accueillir, ont assuré qu’elles n’avaient pas été prévenues et n’avaient reçu aucune information supplémentaire. Idem concernant l’ancien ministre de l’Agriculture, Dominique Bussereau, qui se rend sur le Salon presque tous les jours et était «venu aujourd’hui pour accompagner François Fillon». «Je ne suis au courant de rien, vous me l’apprenez», a-t-il assuré, interrogé sur l’absence du candidat dès son arrivée.

Contacté par Le Figaro, un très proche de l’ancien premier ministre assure qu’il «va s’exprimer dans la matinée, vraisemblablement vers midi». «Cette déclaration devrait, en principe, se faire au QG de campagne», indique-t-on encore, tandis que Xavier Bertrand et Bruno Le Maire viennent à l’instant de se rendre rue Firmin Gillot. Détail pour le moins symbolique: ce local est situé dans le XVe arrondissement de Paris… à quelques centaines de mètres environ du Salon.

La sécurité du Salon en question

Président de l’interprofession de la filière porc (Inaporc), Guillaume Roué était censé rencontrer François Fillon ce mercredi matin avant l’ouverture du Salon. «Les agriculteurs aiment le débat et la confrontation un peu musclée mais pas le chahut, pas de la part de représentants des professionnels. Fillon n’est pas le genre à se débiner pour un peu de chahut. Quand on aspire aux plus hautes fonctions, on ne craint pas ce type de manifestation», s’est-il étonné auprès du Figaro.

Selon le JDD , l’absence de François Fillon serait liée à une «convocation par les juges d’instruction». Ce que niaient plusieurs proches dans la matinée, invoquant plutôt les conditions de sécurité du Salon. Un responsable des forces de l’ordre assurait pourtant dans le même temps que «toutes les dispositions avaient été prises pour assurer la sécurité» de François Fillon sur place. «Sa visite s’est passée de manière tout à fait normale mardi au SIMA, où il est arrivé tôt le matin et reparti à 15 heures», insistait-on d’ailleurs.

L’annulation de ce mercredi n’est pas la seule modification inopinée de l’agenda de François Fillon, dont la campagne est devenue quasi-impossible à mener depuis les révélations sur les emplois présumés fictifs de ses proches. Mardi, le comité stratégique de campagne, prévu en fin d’après-midi, a ainsi été annulé et reporté à la semaine prochaine. L’équipe de campagne s’est ensuite réunie autour du candidat dans la soirée, pour une réunion qui se serait terminée tard dans la nuit.

VIDÉO – http://premium.lefigaro.fr/elections/presidentielles/2017/03/01/35003-20170301ARTFIG00066-francois-fillon-reporte-a-la-derniere-minute-sa-visite-au-salon-de-l-agriculture.php

 

Jean-Baptiste Garat et Eric de La Chesnais

 

 

::: INTERNATIONAL

L’OPINION – 01/03/2017

Avec le Brexit, le spectre d’une nouvelle frontière hante les deux Irlande

 

Londonderry

Vingt-cinq ans après la fin des contrôles à but commercial suite à la création du marché unique et une douzaine d’années après la fin des contrôles militaires suite à l’application de l’accord de paix de 1998, l’Irlande sera donc bientôt à nouveau divisée

La réintroduction inéluctable d’une frontière entre les deux Irlande est perçue avec crainte par de nombreux Irlandais du Nord. Elle menace aussi bien les échanges économiques entre les deux sœurs voisines que la paix, si difficilement acquise en 1998 après trente ans de conflit.

Un paysage hivernal grisâtre, aspergé de bruine, défile le long de la route de Buncrana. Depuis environ trois kilomètres, la voiture a quitté la limite de Derry/LondonDerry, la principale ville du nord-ouest de l’Irlande. Au milieu d’une ligne droite, deux panneaux de chacun des côtés de la route annoncent la nouvelle limite de vitesse : 100 km/h. Fini donc les miles par heure. La couleur du marquage au sol de la chaussée a aussi changé : elle est passée du blanc au jaune. Et c’est tout. Voilà comment 20 000 véhicules traversent quotidiennement ce point de la frontière entre la république d’Irlande et l’Irlande du Nord.

Ce passage sans entrave est sérieusement remis en cause par le vote du 23 juin dernier des Britanniques en faveur d’une sortie de l’Union européenne. Et par les choix politiques énoncés depuis lors par leur Première ministre Theresa May. Lors de son grand discours sur le Brexit le 17 janvier, elle a indiqué sa volonté de sortir de l’union douanière de l’UE car celle-ci « nous empêche de négocier nos propres accords commerciaux avec d’autres pays ».

Depuis, le Premier Ministre irlandais Enda Kenny multiplie les déclarations pour assurer que « le gouvernement irlandais s’opposera à une frontière physique et défendra le libre mouvement sur cette île ». Une agitation sans doute à l’image de son impuissance et de l’inéluctabilité du retour d’une délimitation physique. Vingt-cinq ans après la fin des contrôles à but commercial suite à la création du marché unique et une douzaine d’années après la fin des contrôles militaires suite à l’application de l’accord de paix de 1998, l’Irlande sera donc bientôt à nouveau divisée.

Frontière fluide. La forme que prendra le contrôle des frontières demeure inconnue. Grâce aux développement technologique, les autorités des deux Irlande espèrent le maintien d’une frontière aussi fluide que possible, voire invisible pour affecter le moins possible leurs 3 milliards d’euros de commerce bilatéral. Cela n’empêchera pas son existence. « Derry vit surtout grâce aux échanges locaux », indique Michael Gallagher, l’un des responsables de la stratégie économique de la ville : « D’une manière générale, toutes les activités industrielles se sont organisé des deux côtés de la frontière depuis les accords de paix. Les multinationales et les coopératives produisent par exemple leur lait au Nord et le traitent au Sud alors que c’est l’inverse avec la viande. Les flux sont incessants. »

Gabriel d’Arcy sourit jaune. A la tête de la coopérative LacPatrick, formée il y a deux ans par la fusion de deux coopératives situées de part et d’autres d’une frontière alors théorique, il inaugurera le mois prochain sa quatrième usine de traitement de lait à proximité de Derry. « Dès le Brexit effectif, nous risquons de ne plus pouvoir exporter : le Royaume-Uni ne pourra pas signer rapidement un accord commercial avec les pays africains, asiatiques et moyen-orientaux qui achètent 90 % de notre production. Notre échec serait celui de toute l’Irlande du Nord, dont l’économie est totalement dépendante de l’agriculture et de l’élevage. »

Comme tous les habitants de la région, il n’a pas oublié les Troubles, ces trente années durant lesquelles plus de 3 500 personnes ont péri et 47 000 ont été blessées, ces violences arrêtées en 1998 par l’accord de paix du vendredi saint. « Les vingt dernières années ont apporté une sorte de normalité qui a permis aux communautés frontalières de refleurir », rappelle-t-il. « Outre qu’elle mettrait en danger les milliers emplois de nos salariés et de nos fournisseurs, le retour d’une frontière recréerait une séparation en Irlande et pourrait ainsi mettre en péril la paix. »

Eloignement. En se promenant dans la partie fortifiée de la ville, longtemps réservée aux protestants, majoritairement favorables à la préservation de l’union avec la Grande-Bretagne, Michael Cooper, élu municipal Sinn Fein, maudit le Brexit. « De nombreux unionistes ont voté en faveur du Brexit pour obtenir la réintroduction d’une frontière en Irlande, grommelle ce républicain ardent. Elle favorisera l’éloignement des deux Etats irlandais et renforcera les liens entre l’Irlande du Nord et Londres. » L’Irlande du Nord a voté à 56 % en faveur du maintien dans l’UE.

La main posée sur le mur qui surplombe son Bogside, le ghetto catholique pauvre où furent tués par la police quatorze habitants lors du Bloody Sunday du 30 janvier 1972, il martèle le contraste entre la paranoïa des unionistes vis-à-vis de leurs partenaires de coalition et le rapprochement des deux camps sur le terrain. « Nous coopérons de plus en plus. Il m’est désormais possible de me promener dans le vrai dernier bastion unioniste de la ville sans crainte, ce qui était inimaginable il y a dix ans. » Les rues ont gardé la plupart de leurs peintures murales, souvenirs du conflit. Elles sont pourtant aujourd’hui la preuve qu’un nouvel avenir est possible pour ce coin du monde autrefois explosif.

Tristan de Bourbon

 

 

 

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Elena NATALITCH

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