::: ILE-DE-FRANCE
LE PARISIEN – 10/03/2017
Près de 200 M€ pour 25 chantiers routiers en Ile-de-France
Le contournement d’Orly – déviation de Paray – en Essonne fait partie des projets qui bénéficient de subventions de la région.
Il aura fallu plus de deux heures de débats, ce jeudi, au conseil régional pour adopter le « Plan Anti-bouchon et pour changer la route ». Au coeur des débats, près de 200 M€ pour financer 25 opérations routières et 12 études de faisabilité qui permettront selon la région de fluidifier des zones engorgées de l’Ile-de-France : liaison Meaux-Roissy (20 M€), contournement d’Orly (18 M€), doublement de la RD 30 à Plaisir et Elancourt (78) (17,5 M€) ou encore le franchissement de la Seine entre Athis-Mons et Vigneux (91) (4M€) ou à Melun (77).
« Nous avons choisi des projets qui sont prêts à partir », explique Valérie Pécresse, la présidente, qui espère voir ces opérations se lancer entre 2018 et 2020. Et d’ajouter face aux critiques, « La route n’est pas polluante en elle-même et le droit à la mobilité est un droit pour tous les Franciliens, y compris ceux qui n’ont d’autres choix que la voiture ».
Des arguments qui peinent à convaincre une partie de l’opposition. A commencer par les écologistes pour qui «c’est un jour bien triste, regrette Ghislaine Senee (EELV). La précédente mandature avait fait le choix courageux d’arrêter de financer des modes de transports polluants. Choix sur lequel vous revenez ». Pour la conseillère régionale : « Il se dégage [de ce plan] la vision naïve qui laisse penser que créer des kilomètres de bitume va faire s’envoler les bouchons », regrettant également « qu’il n’y ait pas par exemple, de nouvelle desserte autour des gares du Grand Paris ».
Le groupe socialiste et républicain pointe quant à lui des oublis tels que le réaménagement de l’ex – RN3 ou la RN2 (93) ou le lancement d’études de déviation de la RN19 à Boissy-Saint-Léger (94) et demande notamment le retrait du franchissement de la Seine entre Athis-Mons et Vigneux (91) « fortement contesté par les riverains pour qui la construction du pont se soldera par plus de trafic, de bouchon et de pollution » . L’UDI, favorable au projet, espère de son côté, qu’un aménagement à la Croix-Blanche à Sainte-Geneviève des Bois (91) sera ultérieurement ajouté.
Visuel interactif / carte du plan antibouchons en Ile-de-France: http://www.leparisien.fr/info-paris-ile-de-france-oise/transports/pres-de-200-meur-pour-25-chantiers-routiers-en-ile-de-france-09-03-2017-6748752.php
Jean-Gabriel Bontinck et Jila Varoquier
LE MONDE – 10/03/2017
L’idée du « péage positif » arrive en Ile-de-France
Faire gagner 2 euros aux automobilistes qui n’utilisent pas leur voiture aux heures de pointe : le « péage positif » va être expérimenté en Ile-de-France à partir d’avril 2017.
Une voiture occasionne moins de bouchons… quand elle reste au garage. C’est en partant de cette idée que le groupe Egis, entreprise internationale d’ingénierie dont le siège social est basé à Guyancourt dans les Yvelines, et sa filiale néerlandaise BNV Mobility, ont mis en place une sorte de « péage positif » : les automobilistes gagnent 2 euros par trajet évité en heure de pointe.
Récompensé deuxième accessit du prix de la mobilité Le Monde – Smart Cities 2016, le concept appelé « lissage de pics » a été adopté à Rotterdam depuis 2008 et plus ponctuellement à Amsterdam et Utrecht. Selon Bernard Matyjasik, ancien directeur du programme smart cities chez Egis, « la formule permet de réduire la congestion automobile de 6 % à 8 % ».
L’idée de « chasser les bouchons » fait doucement son chemin en France. La formule a été retenue par la Société du Grand Paris à la suite de son appel à solutions innovantes, lancé en juin 2016, pour tenter de conserver l’attractivité d’un territoire même en phase de travaux. Paris est la deuxième ville la plus embouteillée de France derrière Marseille, selon les données collectées en 2016 par le navigateur GPS Tomtom.
A partir d’avril 2017, le concept sera expérimenté à Boulogne-Billancourt, dans le nouveau quartier Trapèze, à proximité de l’île Seguin. L’expérimentation, qui devrait avoir lieu en avril et mai, est un test en vue de trouver des solutions aux problèmes de circulation engendrés par le chantier du Grand Paris Express (d’ici à 2030, sont prévues 205 km de nouvelles lignes et 68 nouvelles gares dans la région Ile-de-France).
Système intrusif ?
Aux Pays-Bas, le programme « lissage de pics » utilise des caméras pour étudier les habitudes des automobilistes et contrôler la fraude sur les tronçons engorgés. Ces caméras LAPI (lecture automatisée de plaques d’immatriculation, aussi dénommée ANPR, Automatic Number Plate Recognition system) peuvent enregistrer plusieurs plaques d’immatriculation par seconde.
La législation néerlandaise permet à l’entreprise, grâce au fichier SIV (système d’immatriculation des véhicules), de remonter jusqu’à l’identification des propriétaires des plaques minéralogiques scannées. Les automobilistes qui utilisent quotidiennement leur véhicule durant les heures de pointe sont alors contactés pour leur proposer de participer, volontairement, au programme. Ils reçoivent un boîtier à installer dans la voiture qui permet de géolocaliser le véhicule et de vérifier si celui-ci est utilisé durant les heures de pointe. Les caméras LAPI peuvent également servir de contrôle.
A chaque trajet évité, 2 euros sont versés sur le compte du volontaire, qui peut voir sa progression via une application ou une page Web personnalisée.
Pas de caméra LAPI en Ile-de-France
En France, un tel système de surveillance n’est pas légal. La Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) n’autorise pas l’utilisation des systèmes LAPI autrement que par les forces de l’ordre (la police nationale) pour lutter contre certaines infractions particulières ou graves et de manière temporaire (Art. L. 233-1 et L. 233-2 du Code de la sécurité intérieure).
L’entreprise Egis n’utilisera donc pas le système LAPI pour son expérimentation à Boulogne-Billancourt, conformément à la législation française. Le « recrutement » des volontaires se fera autrement : « On pourra, par exemple, passer par des campagnes de publicité ou contacter des entreprises pour cibler des employés autour de la zone à désengorger », avance Héline Mikielski, chargée de projets mobilité chez Egis Projects. Le système du boîtier embarqué intelligent restera, lui, le même.
Décongestionner le trafic routier n’est pas seulement utile pour la satisfaction des automobilistes et l’attractivité du territoire. C’est aussi un enjeu important pour « réduire la pollution de l’air et l’exposition de la population », selon Airparif (association chargée de la surveillance de la qualité de l’air ambiant agrée par le ministère de l’environnement). Selon les chiffres d’octobre 2016 de l’association, le trafic routier en Ile-de-France contribue à hauteur de 73 % aux émissions d’oxydes d’azote (NOx) parisiennes.
Smart Cities : « Le Monde » décrypte les mutations urbaines
Le Monde organisera vendredi 7 avril à Lyon une journée de débats sur le thème « Gouverner la ville autrement : les villes peuvent-elles réenchanter la démocratie ? ». Entrée gratuite sur inscription ici.
A cette occasion, Le Monde récompensera avec ses partenaires les lauréats de la deuxième édition des Prix européens de l’innovation Le Monde-Smart Cities pour leurs projets innovants améliorant la vie urbaine. Les candidatures aux prix internationaux (hors Europe) sont encore ouvertes.
Retrouvez l’actualité des villes décryptée par les journalistes du Monde dans la rubrique « Smart cities » sur Lemonde.fr.
Lisa Burek
LE PARISIEN – 10/03/2017
Paris : les anti CDG-Express remettent la contestation sur les rails
Gare du Nord, ce jeudi matin.
Didier le Reste (au centre) et d’autres militants de l’association Non au CDG distribuent des tracts contre le Charles-de-Gaulle express.
« Il faut investir pour améliorer les conditions de transport de millions de Franciliens. Pas celles de quelques milliers de touristes aisés. » Voilà le message que les opposants au CDG (Charles de Gaulle) Express ont diffusé, ce jeudi matin, en distribuant des tracts aux usagers du RER B, à la gare du Nord mais aussi dans diverses gares de Seine-Saint-Denis. En ligne de mire : les conséquences « néfastes » que la création de la nouvelle navette directe pour l’aéroport de Roissy pourrait avoir sur le reste du réseau de transport en commun du nord de la capitale.
A l’étude depuis des années, l’épineux dossier du CDG-Express est désormais lancé. La navette ferroviaire, conçue pour relier l’aéroport à la gare de l’Est (la gare du Nord ne disposant pas de suffisamment de voies pour l’accueillir) en une vingtaine de minutes et sans arrêts, doit être mise en service fin 2023. Le trajet, non accessible avec un pass Navigo, coûtera 24 € l’aller. La facture de la construction de la nouvelle ligne (qui empruntera des voies existantes sur 26 des 34 km de son parcours) pourrait, elle, atteindre… 1,7 Md€.
De quoi inquiéter Didier Le Reste, élu (PC) au Conseil de Paris et ancien secrétaire général de la puissante fédération CGT des cheminots, qui a pris la direction de l’association Non au CDG-express. « Ce train privatisé emprunterait des voies déjà utilisées par la ligne K et même pour le report du RER B quand la situation est perturbée. Il va avoir un impact négatif sur le fonctionnement des trains du quotidien », indique le militant après avoir distribué à la volée des milliers de tracts aux voyageurs du matin.
Dans la gare du Nord, à la sortie des RER B qui arrivent de Seine-Saint-Denis, le public est réceptif à ce discours. « Qu’ils commencent par améliorer notre ligne avant de penser aux touristes. Franchement, le B c’est la misère », confirme un jeune homme qui arrive du Blanc-Mesnil. Le projet de loi validant le CDG-express (présenté comme un atout de poids pour la candidature de Paris au JO) a été voté à l’Assemblée et au Sénat fin 2016. Et les candidats à l’exploitation de la future ligne ont déjà remis leurs dossiers au ministère des Transports. Mais pour Didier Le Reste, ce projet peut encore être stoppé. « Nous étudions avec des avocats, les possibilités de recours. Il reste encore plein de fils à tirer », conclut le militant CGT anti-CDG.
En 1976, une liaison directe Gare du Nord-Roissy en 19 minutes !
Une liaison directe en train permettant de relier Paris à Roissy en moins de vingt minutes, ça n’est pas vraiment une idée nouvelle. En effet, deux ans à peine après l’ouverture de l’aéroport Charles de Gaulle, en mai 1976, était mise en service « Roissy Rail », une liaison directe depuis la gare du Nord assurée tous les quarts d’heure et permettant de rallier l’aéroport en seulement 19 minutes ! Mais l’explosion de la demande en Seine-Saint-Denis, à Sevran et Villepinte en particulier, pousse la SNCF à laisser tomber les trains directs dès l’hiver 1977.
Plus récemment, en décembre dernier, lors de la panne géante à gare du Nord, la SNCF a de nouveau assuré des liaisons directes avec Roissy, en affrétant exceptionnellement des TGV. L’initiative a par la suite été étudiée plus précisément, comme une possible alternative au CDG Express. Mais les voies de la gare du Nord, la plus fréquentée d’Europe, sont déjà toutes très sollicitées et la SNCF a jugé impossible de libérer des voies pour assurer cette desserte directe.
Benoit Hasse avec Grégory Plesse
LE PARISIEN – 10/03/2017
Ile-de-France : Pécresse impose l’usage du français sur les chantiers
La majorité régionale emmenée par Valérie Pécresse vient d’adopter un texte imposant l’usage du français sur les chantiers.
La majorité régionale emmenée par Valérie Pécresse vient d’adopter un texte imposant l’usage du français sur les chantiers. L’opposition de gauche qui critique le dispositif parle d’une tentative «d’imposer la préférence nationale»…
Une expression anglaise pour un texte imposant entre autre… l’usage du français. C’est l’un des paradoxes du «Small Business Act» voté par le conseil régional d’Ile-de-France, réuni ce jeudi en séance sous la présidence de Valérie Pécresse. Ce texte prévoit une série de mesures visant à faciliter l’accès des TPE et PME aux commandes publiques dans la région.
Parmi ces mesures, les élus ont adopté la «clause Molière» : un dispositif qui prévoit, «sur les marchés qui le permettent, de s’assurer que l’ensemble des ouvriers comprennent et parlent le français, et, si c’est impossible, d’imposer la présence d’un interprète.», précise le conseil régional. «A titre d’exemple, afin de garantir la sécurité des travailleurs et des visiteurs, ainsi qu’une parfaite compréhension des directives de la direction technique des travaux, l’ensemble des ouvriers présents sur le chantier devra comprendre et s’exprimer en français », indique le rapport.
«Une tentative d’imposer la préférence nationale» selon la gauche
Une mesure votée par la majorité LR-UDI, ainsi que par le FN, qui a soulevé les critiques de l’opposition de gauche. Celle-ci a notamment rappelé qu’un texte similaire adopté par la région Rhône-Alpes – Auvergne présidée par Laurent Wauquiez, avait été retoqué par le préfet de cette région. «En imposant une telle discrimination en Ile-de-France, Pécresse s’engage sur un terrain glissant, politiquement comme juridiquement. C’est une tentative d’imposer la préférence nationale», a dénoncé Vanessa Ghiati, élue Front de Gauche.
Le préfet qui a retoqué cette clause en Rhône-Alpes-Auvergne, Michel Delpuech, vient d’être nommé en région Ile-de-France… ce qui fait dire au Front de Gauche que le soutien régional aux TPE PME sera repoussé «car la délibération ne pourra pas être appliquée».
De son côté, la région indique vouloir surtout favoriser l’accès des PME locales aux marchés publics, tout en luttant contre le travail illégal et les fraudes au détachement. « Depuis que Valérie Pécresse est présidente de région, il y a 54 % de la commande publique qui est destinée aux TPE-PME », a souligné Jérôme Chartier, vice-président, qui souhaite faciliter encore ce processus. La région passe chaque année 600 M€ de commandes publiques. Une manne potentielle pour les 835000 TPE-PME de la région et leurs 4 millions de salariés.
Jean-Gabriel Bontinck
BUSINESS IMMO – 10/03/2017
La Fnaim lance le premier indice d’attractivité immobilière des villes du Grand Paris
Pour la 31e édition de son observatoire des prix du logement, la Fnaim du Grand Paris a souhaité innover en étudiant l’attractivité immobilière des villes du Grand Paris. Il s’agit de la première étude réalisée sur ce sujet sur l’ensemble des communes du Grand Paris, à l’exception de la Seine et Marne (77). Cette nouvelle approche a vocation à observer, à terme, l’impact de l’attractivité des villes sur l’évolution des prix des logements. Avec le temps, l’observatoire indiquera si l’attractivité d’une ville est corrélée à la valeur de son immobilier… et réciproquement.
Pour déterminer l’attractivité des villes d’Ile-de-France, la Fnaim du Grand Paris a mis en place une double démarche : une analyse objective fondée sur 12 critères : accessibilité aux équipements et services, culture-sports-loisirs–vie associative, éducation, emploi, environnement, logement, niveau de vie, santé, transports, équilibre travail–vie privée, sécurité et fiscalité foncière. Ces critères ont tous été constitués à partir de données initiales de l’Insee à l’exception du critère « sécurité » établi à partir des données de la gendarmerie et de la police. Chaque critère a été noté de 1 à 10 – 10 signifiant que les villes dans un critère déterminé, ont les meilleurs résultats de toutes – et a été par la suite pondéré. Le prix moyen du logement moyen a également été calculé pour chaque commune. Celui-ci est déterminé par la multiplication du prix du m2 par la surface moyenne des logements à usage d’habitation dans chacune des villes. Il permet d’éviter l’écueil de présenter un prix au m2 qui ne représente pas l’achat moyen ou la valeur moyenne des biens d’une ville.
A quoi s’ajoute une analyse subjective résultant d’entretiens avec des professionnels : adjoints au maire de villes de la région parisienne responsables du logement et de l’urbanisme, promoteurs et investisseurs en patrimoine. « Cette étude sur l’attractivité n’a pas pour vocation à établir un tableau d’honneur entre les différentes villes d’Ile de France, précise Didier Camandona, président de la Fnaim du Grand Paris. Elle doit nous permettre d’éclairer le grand public et d’engager un dialogue constructif avec les élus locaux qui, même avec la création des communautés de communes, disposent toujours de compétences incontournables en matière de logement. Il nous a semblé essentiel d’établir un lien entre le prix du logement et celui de l’attractivité pour prendre du recul vis-à-vis d’un discours parfois superficiel et de court terme. Au-delà des soubresauts sur les prix toujours sujets à interprétation, il est important d’avoir une vision de long terme qui aidera nos élus à prendre les bonnes décisions en faveur du logement et qui confortera les Franciliens dans leur choix. »
L’étude définit un indice d’attractivité pour tous les départements d’Ile de France. L’attractivité varie ainsi de 4,86 pour le Val d’Oise à 6,66 pour les Yvelines. Paris obtient un indice d’attractivité de 5,78. Au-delà de cette approche globale, il est intéressant d’identifier les caractéristiques de chaque département. Par exemple, le critère « transport » qui est unanimement reconnu comme l’un des deux déterminants, apparait pourtant mieux noté pour le Val d’Oise que pour les Yvelines. 278 villes d’Ile de France ont été étudiées. Le Vésinet, Saint-Rémy les Chevreuse et Montesson sont les 3 villes les plus attractives du département des Yvelines. Pour l’Essonne, ce sont Soissy-sur-Seine, Boussy-Saint-Antoine et Gif-sur-Yvette qui arrivent en tête alors que ce sont Chaville, Ville d’Avray et Saint Cloud pour les Hauts-de-Seine. Les lilas, le Raincy et Noisy-le-Grand constituent le trio de tête la Seine Saint-Denis, et Marolles-en-Brie, Saint-Maur-des-Fossés et Perreux-sur-Marne pour le Val de Marne. Enfin, Le Plessis-Bouchard, Cormeilles-en-Parisis et Saint-leu-la-Forêt ont le meilleur indice d’attractivité du Val d’Oise.
Les professionnels en charge du logement, qu’ils soient adjoints au maire, promoteurs ou investisseurs, s’accordent à classer le transport et la sécurité en tête des critères. Seul l’ordre des deux critères change : la sécurité est le premier critère cité par les adjoints au maire des villes interrogées alors que les transports arrivent en tête pour les promoteurs et investisseurs. « Les promoteurs ou investisseurs nous disent que pour un logement comme pour un bureau, les connexions routières et les transports en commun sont déterminants. Pour un bureau, plus de 300 mètres commence à être loin alors que le logement, lui, peut être situé jusqu’à 1 000 mètres d’un transport en commun. L’attention portée à la sécurité est aussi très importante. Caméras dans les rues, éclairages, présence de la police municipale sont des critères regardés de près par les promoteurs et les investisseurs… qui anticipent les attentes de leurs clients. C’est pourquoi depuis plus de 15 ans, la Fnaim du Grand Paris a placé la thématique de la sécurité parmi ses priorités », explique Didier Camandona.
La Fnaim du Grand Paris a souhaité regarder plus attentivement les villes des futures gares du Grand Paris Express en calculant le prix moyen des logements moyens à proximité de chacune d’elles. Au cours des prochaines éditions, cela permettra ainsi d’étudier si les gares du Grand Paris ont ou non une influence sur le marché de l’immobilier, à quel niveau, et les différences de comportements des prix entre les villes. « A ce jour, nous n’avons pas observé de spéculation notable dans les villes accueillant les futures gares du Grand Paris. La plupart des gares ne sont pas encore sorties de terre si bien qu’elles ne constituent pas encore un critère de valorisation pour des Franciliens qui ont encore du mal à se projeter. Dans certaines villes, on devrait cependant rapidement voir les premiers frémissements en termes de prix. Reste à voir si la tendance persistera et si les gares constitueront des zones durablement distinctes dans le Grand Paris », conclut Didier Camandona.
::: ECONOMIE
LES ECHOS – 10/03/2017
Les candidats à la présidentielle prennent position sur le numérique
Un an après Emmanuel Macron, le candidat Les Républicains s’était rendu en janvier au plus grand salon consacré à la tech grand public, le CES de Las Vegas.
Les professionnels du secteur organisaient un débat jeudi. L’enjeu fait consensus, les solutions diffèrent.
« En 2012, les programmes et campagnes des candidats n’avaient pas intégré les possibilités du numérique. Aujourd’hui, il ne doit plus être le grand absent. C’est le pivot de la transformation et du succès de la France », martèle Bertrand Diard, le président de Tech in France.
La tech tricolore fait, pour une fois, front commun. Huit organisations professionnelles et associations représentatives du secteur se sont regroupées au sein du collectif France Numérique 2017. Plusieurs ont déjà présenté leurs recommandations au futur locataire de l’Elysée, à l’instar de Tech in France en décembre ou du Syntec numérique fin février . Jeudi, le collectif avait invité les prétendants à venir en débattre à la Maison de la Mutualité, à Paris.
Premier constat, aucun n’a fait le déplacement en personne. Emmanuel Macron s’est fendu d’une courte vidéo pour exposer ses vues, mais a préféré, tout comme François Fillon et Benoît Hamon, se reposer sur des membres de son équipe de campagne pour débattre.
Consensus sur les infrastructures
Quant à Jean-Luc Mélenchon, qui a pourtant publié un livret sur le sujet, il n’a pas donné suite à l’invitation selon les organisateurs. Pas plus que la candidate du Front National. « Marine Le Pen n’aborde pas le sujet. C’est une erreur fondamentale. Nous disons à tous les candidats qu’il est suicidaire de ne pas positionner le numérique au coeur du débat », regrette Bertrand Diard.
Sur le fond, en ce qui concerne les trois candidats représentés, il y a d’abord les sujets qui font consensus, au premier rang desquels le développement des infrastructures. Tous insistent sur la nécessité d’accélérer la mise à disposition de la fibre ou d’investir dans les réseaux de communication. Ce point figure d’ailleurs également au programme des deux grands absents.
Deuxième objectif qui fait l’unanimité : regagner en souveraineté. Lorsqu’ils abordent les moyens d’y parvenir, les équipes des candidats commencent toutefois à diverger. Le représentant de François Fillon plaide pour un programme d’investissement européen visant à reprendre la maîtrise des technologies depuis les couches les plus basses comme les semiconducteurs jusqu’au logiciel.
La sénatrice écologiste Corinne Bouchoux vante le bilan de la loi numérique, « un bon point de départ ». La représentante du candidat socialiste veut assurer une place au logiciel libre, qui « peut être un vecteur de souveraineté », et mettre l’accent sur la recherche, en y consacrant 3 % du PIB.
Doper l’investissement
« On a besoin d’être forts en recherche, mais aussi en économie », réagit Bertrand Diard, plus convaincu, de ce point de vue, par les candidats Macron et Fillon. Tous deux ont en effet inclus dans leur programme des mesures pro-business appelées de ses voeux par Tech in France : doper l’investissement, notamment en puisant dans la manne de l’assurance-vie, et mettre l’accent sur l’éducation et la formation.
L’équipe de François Fillon insiste davantage sur les réductions de charge qu’elle accorderait aux entreprises. Celle d’En Marche ! met en avant sa réforme radicale de l’assurance chômage et l’accompagnement de la transition vers de nouveaux métiers. « C’est fondamental. Si vous y croyez, votez Macron », s’enflamme Mounir Mahjoubi. « Cela va nous coûter très cher, mais c’est de la bonne dette ».
LES ECHOS – 10/03/2017
Le Medef veut faire de la France la « Silicon Valley » des objets connectés
Pierre Gattaz, le président du Medef, a tenu une conférence de presse ce jeudi à Paris,
pour présenter la vision et les propositions de l’organisation patronale en faveur de la transformation numérique de l’économie.
L’organisation patronale propose un plan d’action pour profiter de la mutation en cours de l’économie numérique.
Le Medef a de l’ambition pour la France. A quelques semaines de la présidentielle, alors que le numérique tente de s’inviter dans la campagne, l’organisation patronale veut voir plus loin . Elle a présenté jeudi un plan d’action pour faire de la France « un champion mondial » de l’Internet des objets (IOT), d’ici à 2025. « La data devient le nouveau pétrole de l’économie. Les objets connectés s’intègrent dans tous les secteurs. Et nous avons les moyens de profiter de cette prochaine révolution », considère Pierre Gattaz, le président du Medef.
Pour faire de la France « la Silicon Valley de l’Europe » de l’IOT, le Medef propose d’abord de mobiliser tous les acteurs de la filière (entreprises, fédérations professionnelles, Etat…) afin de mettre en place un cadre favorable (régulation, normes, éducation…). Il souhaite aussi s’appuyer sur l’industrie électronique encore présente en France pour inciter entreprises et start-up IOT à fabriquer prototypes et produits sur le territoire.
L’ambition, c’est aussi de permettre aux entreprises traditionnelles de s’approprier ces nouvelles technologies. L’organisation patronale souhaite ainsi accompagner les 100.000 TPE et PME grâce à des programmes de sensibilisation, de formation, mais aussi d’incubation. Le Medef propose également la création d’un fonds d’investissement, qui pourra accorder des tickets compris entre 50.000 et 2 millions d’euros, pour des projets de transformation numérique (dans la limite d’un millier d’entreprises).
Fiscalité et marketing
La France ne pourra pas être championne de la « smart economy » si elle ne redore pas son image, estime le Medef. « Il y a tout un travail de marketing à faire pour attirer les investisseurs, mais aussi retenir les talents », indique Pierre Gattaz, qui aimerait que John Chambers, le patron de Cisco, dithyrambique sur l’écosystème français de start-up, fasse des émules. Cela passerait notamment par une baisse de la fiscalité et des charges des entreprises, et par la sanctuarisation du crédit impôt recherche.
L’organisation patronale songe aussi à la création d’un nouveau label pour communiquer à l’international sur sa stratégie IOT, semblable à ce qui a été réalisé avec la French Tech. « Les initiatives peuvent être complémentaires. Le travail de la French Tech est à saluer, mais on peut aller plus loin encore »,.
Plus original, le Medef propose de sélectionner et de soutenir financièrement une centaine de start-up « à fort potentiel » pour les aider à devenir des licornes (ces entreprises non cotées valorisées plus d’un milliard), et éviter qu’elles ne partent à l’étranger. « C’est assez facile de trouver les financements pour monter sa start-up. Le problème, c’est pour réaliser la deuxième puis la troisième levée de fonds, celles qui permettent de passer au stade supérieur », regrette Olivier Midière, conseiller en charge du numérique au Medef. Les fonds européens pourraient aider à financer ce développement.
RADIO CLASSIQUE – 10/03/2017
Geoffroy Roux de Bézieux sur Radio Classique
Vice-président du MEDEF était « L’invité de l’économie » ce vendredi matin sur « L’Université du Numérique »
PODCAST : https://www.radioclassique.fr/radio/emissions/matinale-de-radio-classique/l-invite-de-l-economie/
LES ECHOS – 10/03/2017
La reprise de l’emploi bénéficie à la Sécurité sociale
La masse salariale a crû de 2,4 % en 2016, en accélération par rapport à 2015.
Rien de plus efficace qu’une bonne activité économique pour lutter contre les déficits sociaux. Cette règle s’est une nouvelle fois vérifiée en 2016, où la croissance s’est traduite par des rentrées supplémentaires de cotisations dans les caisses de la Sécurité sociale. La masse salariale, qui avait progressé de 1,7 % en 2015, a crû au rythme de 2,4 % l’an dernier, selon les données de l’Agence centrale des organismes de Sécurité sociale (Acoss), publiées ce jeudi. La différence entre ces deux taux de croissance a représenté 1,4 milliard d’euros en plus, pour financer les retraites, la santé, ou les allocations familiales.
« Pas d’alerte majeure »
Cette croissance de la masse salariale est conforme à la prévision de l’Acoss. La commission des comptes de la Sécurité sociale, elle, avait été un peu plus ambitieuse en anticipant une hausse de 2,6 % dans son rapport de septembre. Malgré l’écart avec le résultat final, le gouvernement devrait publier, fin mars, des comptes de la Sécurité sociale ne présentant « pas d’alerte majeure », selon une source à Bercy. L’objectif national des dépenses d’assurance-maladie (Ondam) « sera serré mais respecté », expliquait cette même source en février, notamment grâce à « des rentrées de cotisations légèrement supérieures à nos attentes ».
Malgré son succès, la facture de la prime d’activité n’atteindra pas 4,7 milliards d’euros pour sa première année d’existence, ce qui aurait occasionné un surcoût de 700 millions. Bercy s’est fait peur avec cette perspective l’an dernier, mais anticipe désormais un coût proche de 4,3 milliards.
Deux facteurs
La croissance de la masse salariale résulte de deux facteurs de poids équivalent. Les augmentations de salaires ont permis au salaire mensuel par tête de progresser de 1,2 %, le double du rythme de l’inflation (0,6 %). Et de nombreux emplois salariés ont été créés durant l’année : 223.000 au total, soit une progression de 1,2 % des effectifs, dont 78.000 durant le quatrième trimestre. De nombreux emplois ont été créés dans l’intérim (60.000), pour une masse salariale en hausse de 10,7 % (!) en un an. Si les créations d’emplois sont dynamiques dans les services (186.000 hors intérim, avec une masse salariale en hausse de 2,6 %), l’industrie hors construction a détruit 20.000 emplois, et sa masse salariale n’a crû que de 0,6 %.
LE FIGARO – 10/03/2017
Créations d’emplois : des pénuries de main-d’œuvre pourraient apparaître
Alors que le taux de chômage est encore de 10 %, le Medef estime que 95.000 postes sont non pourvus.
Avec l’accélération des créations d’emplois, l’économie hexagonale va-t-elle buter rapidement sur des pénuries de main-d’œuvre? La question peut paraître étrange, alors que le taux de chômage, outre-mer compris, est encore de 10 %. Et que les entreprises, à en croire le Medef, ne rapportent pas de problèmes massifs de recrutement. Pourtant, l’enjeu est réel. Car, selon l’OCDE ou le FMI (Fonds monétaire international), le taux de chômage structurel français est de 9%. L’économie n’en serait donc pas si éloignée.
Ce «chômage structurel» désigne le niveau en dessous duquel apparaissent des pénuries générales de main-d’œuvre. Alors qu’actuellement les entreprises peinent déjà à recruter dans certains métiers, comme des ingénieurs en informatique ou certains ouvriers qualifiés – le Medef estimant que 95.000 postes sont ainsi non pourvus -, ce phénomène se répandrait massivement une fois atteint ces 9%. Avec deux conséquences négatives: la croissance des entreprises serait bridée, faute de compétences, et des pressions à la hausse trop fortes sur les salaires se mettraient en place.
Les économistes sont partagés
Ce taux de chômage structurel élevé signifie aussi qu’une grande partie des demandeurs d’emploi français ne seraient pas facilement employables, et notamment ceux hors de l’emploi depuis des années, suite à la crise de 2008. En France, les chômeurs de longue durée (plus d’un an) représentent 44 % du total. «Aucun expert n’est capable de mesurer l’ampleur de cette déqualification. Les chômeurs peu diplômés, qui exerçaient des métiers peu qualifiés, sont peu employables. Mais nul ne connaît leur nombre», note toutefois Thibault Mercier, économiste à la BNP Paribas. Qui ajoute que le calcul du chômage structurel diffère d’un économiste à l’autre.
D’ailleurs, Éric Heyer, de l’OFCE, estime qu’il n’est que de… 6,5 % en France. «Les entreprises préfèrent actuellement recruter d’autres personnes. Mais si la croissance revient, elles finiront par embaucher des chômeurs de longue durée, qui ne sont peut-être pas parfaitement adaptés mais restent employables», explique-t-il.
Il est vrai que ces débats sur le niveau du chômage structurel sont politiques. Car pour résoudre ce chômage-là, il faut prendre des mesures favorables à l’offre: formation mais aussi baisse du coût du travail, flexibilité, révision des allocations-chômage, comme l’Allemagne dans les années 2000. Certaines données permettent tout de même d’affirmer que le chômage structurel est élevé en France: depuis les années 1980, le taux de chômage n’est jamais passé sous les 7,8 % (mise à part un point bas entre 7,2% et 7,4% de la fin 2007 et l’été 2008)! C’est donc que le marché du travail fonctionne mal.
Le gouvernement a tenté des réformes, comme la loi El Khomri, mais elles sont restées timides. Et pas sûr que le plan de 500.000 formations supplémentaires suffise à répondre au problème de qualification des chômeurs. Le prochain exécutif aura donc fort à faire.
::: ENTREPRISES
LA TRIBUNE – 10/03/2017
Le chiffre d’affaires de l’assurance a stagné en 2016
Bernard Spitz, président de la Fédération française de l’assurance
Dans un contexte jugé difficile, le chiffre d’affaires de la profession en France est resté quasiment stable. L’assurance vie baisse, la branche dommages connaît une faible progression. En revanche, l’activité progresse plus vite du côté de la complémentaire santé. Les comptes des assureurs ont été affectés par les inondations
La résilience du secteur de l’assurance est bien connue. Les sociétés dégagent, pour la plupart, des marges importantes, même quand la conjoncture devient difficile. Mais l’effet négatif d’une croissance économique faible peut se faire sentir sur le secteur avec retard. Ainsi, le chiffre d’affaires global de la profession (sociétés d’assurance, hors mutuelles 1945 et Institutions de Prévoyance) a stagné en France, en 2016, selon les données communiquées ce jeudi, après une hausse de 4,2% en 2015.
« Ce sont des résultats très satisfaisants dans un contexte difficile qui montrent la solidité de notre secteur », a estimé jeudi Bernard Spitz, président de la Fédération française de l’assurance, lors d’une conférence de presse. Le chiffre d’affaires a diminué légèrement en assurance vie, progressé très lentement s’agissant des dommages (auto, habitation, entreprises), uniquement grâce aux particuliers, et augmenté plus sensiblement en santé.
Légère baisse du chiffre d’affaires en assurance vie
En assurance vie, après quatre années consécutives de croissance franche, les dépôts des épargnants sur leurs contrats d’assurance vie ont reculé de 0,6% à 134,7 milliards d’euros tandis que leurs retraits ont atteint 117,9 milliards d’euros, en progression de 5,2%.
Même si la collecte nette s’affiche à 16,8 milliards d’euros, elle ressort en net recul de 29% par rapport à celle de 2015. Les versements sur les fonds en euros, à capital garanti, ont été stables à près de 108 milliards d’euros, à l’instar de ceux sur les supports en unités de compte, plus risqués mais potentiellement plus rémunérateurs, qui ont atteint 27 milliards d’euros comme l’an dernier.
Un rendement de l’assurance vie de 1,6% après inflation
Cette tendance s’explique par la baisse continue des taux servis sur les fonds en euros, le rendement moyen sur ce segment ayant nettement reculé en 2016 pour atteindre 1,8% en moyenne, contre 2,3% en 2015. Une fois l’inflation déduite, le rendement des contrats en euros est de 1,6% en 2016, contre 2,3% en 2016. Le rendement moyen des unités de compte a, lui, baissé plus modérément tout en demeurant sensiblement supérieur, passant de 4,1% à 3,9% entre 2015 et 2016.
Au dernier trimestre, « il y a eu notamment une accélération des transactions immobilières, les gens anticipant une prochaine remontée des taux, ce qui explique une hausse des retraits », a expliqué à l’AFP le président de la FFA.
Les indemnisations augmentent plus vite que les recettes
Les deux autres grandes branches de l’assurance sont l’assurance maladie et l’assurance dommages (biens et responsabilité). Pour cette dernière, la profession enregistre une légère hausse du chiffre d’affaires (les cotisations perçues augmentent de 1,5%, contre +2,2% en 2015. Cette progression est due uniquement aux particuliers (+2,3%). Le chiffre d’affaires de l’assurance des entreprises et autres professionnels est, lui stagnant (+0,3%). La hausse des cotisations encaissées par les assureurs a été sensiblement inférieure à l’augmentation des indemnisations (+7,5%). Une envolée des prestations versées qui tient notamment aux aléas climatiques.
Les inondations les plus coûteuses depuis 1982
Le secteur connu une année marquée par des événements climatiques majeurs qui lui ont coûté 2,3 milliards d’euros, dont 1,3 milliard au titre des inondations survenues en mai et juin dans la région parisienne, le centre et l’est. Jamais, depuis que la statistique existe (1982), les inondations n’avaient coûté aussi cher aux assureurs.
En moyenne, les aléas naturels (catastrophes naturelles, mais aussi indemnisations liées aux tempêtes, grêle, et à la neige) ont représenté un coût pour l’assurance de 1,8 milliard sur les 8 dernières années. 2016 se situe donc sensiblement au-dessus.
Quelque 91% des 172.000 sinistrés enregistrés à la suite de ces intempéries ont été indemnisés, souligne la FFA. Dans le détail, 800 millions d’euros ont été versés aux particuliers, 300 millions aux entreprises et 200 millions pour les récoltes agricoles. Particulièrement touché, le secteur agricole a été indemnisé à hauteur de 820 millions d’euros, un record, suite aux inondations et épisodes de grêle de l’an dernier.
« Il faut que la mutualisation soit mieux assurée et qu’on passe de 25% à 70% des exploitations agricoles assurées », a plaidé le président de la FFA. Pour parvenir à cet objectif, le responsable a appelé au transfert de 500 millions d’euros sur les 9,5 milliards d’euros de subvention de la Politique agricole commune.
13 millions de sinistres
Au total, les assureurs ont indemnisé 13 millions de sinistres l’an passé, les deux tiers d’entre eux étant liés à l’automobile. La hausse des accidents de la route et de la mortalité routière se traduit dans l’assurance par une augmentation annuelle de 4,8% du coût moyen des accidents corporels.
Le coût moyen des accidents matériels a également augmenté du fait de « la sophistication des matériels » automobiles, a souligné M. Spitz. Sur l’année, le coût total de ces accidents matériels dans l’automobile est évalué à 6,8 milliards d’euros. Conséquence: la rentabilité technique des assureurs ressort entamée avec un ratio combiné, soit l’indemnisation des sinistres et frais généraux rapportée aux primes perçues, dans l’automobile de 104 contre 103 l’an dernier. Dans l’habitation, le ratio combiné progresse également de deux points à 97.
Chiffre d’affaires en hausse pour la complémentaire santé
S’agissant de l’assurance maladie, les cotisations perçues sont en hausse sensible, pour les sociétés d’assurance (hors mutuelles et Institutions de prévoyance). La progression atteint 5%, grâce à un gain élevé du côté des contrats collectifs (+15%), logique avec l’entrée en vigueur de la complémentaire santé obligatoire en entreprise (tous les employeurs doivent la proposer à leurs salariés depuis le premier janvier 2016). En revanche, les cotisations liées aux contrats individuels baissent de 4%, ce qui apparaît tout aussi naturel. Selon toute probabilité, les sociétés d’assurance ont encore gagné des parts de marché sur les mutuelles et Institutions de prévoyance, en 2016, le chiffre d’affaires de l’ensemble du secteur des complémentaires santé n’ayant pas augmenté de 5%.
51% des assurés en France sont encore couverts par des contrats individuels, même si cette proportion s’inscrit, bien sûr, en forte baisse (elle était de 58% en 2013). 49% des bénéficiaires d’une complémentaire santé le sont donc via un contrat collectif, contre 42% en 2013. Le basculement de l’individuel vers le collectif a donc lieu, mais beaucoup plus lentement que prévu.
A cet égard, la FFA estime que 95% des patrons de TPE, très concernées par la complémentaire santé pour tous, offrent désormais une telle assurance à leurs salariés. En décembre, Harmonie Mutuelle, la première mutuelle santé, estimait au contraire que 20% des entreprises ne jouaient pas le jeu…
LE PARISIEN – 10/03/2017
Concurrence : SFR écope d’une nouvelle amende de 40 millions d’euros
SFR compte 512 000 abonnés de moins sur toute l’année 2016, comparé à 2015.
Pour la troisième fois, l’Autorité de la concurrence a condamné l’opérateur à une amende pour non-respect des engagements pris à la suite de son rachat par Numericable.
40 millions d’euros. C’est le montant de la nouvelle amende que l’Autorité de la concurrence vient d’infliger à SFR. Les motifs ? Ne pas avoir respecté des engagements pris lors de son rachat par Numericable. Ce dernier avait en effet réussi à s’emparer de SFR en mars 2014 à l’issue d’une bataille homérique contre Bouygues Télécom.
Le rachat s’est monté à 13,36 milliards d’euros, versés à Vivendi, et a donné naissance au groupe Numericable-SFR, rebaptisé depuis SFR. Sauf que l‘Autorité de la concurrence avait posé quatre conditions, en échange de son feu vert, qui n’ont, semble-t-il, pas été respectées. Résultat : c’est la troisième fois que les Sages de la Rue de l’Echiquier (Paris Xe) sanctionnent SFR.
Le groupe Altice, maison mère de l’opérateur, avait en effet écopé, en avril 2016, d’une première amende de 15 millions d’euros dans le cadre de la cession d’Outremer Télécom à la Réunion et à Mayotte. Puis une deuxième fois en novembre 2016, d’une amende supplémentaire de 80 millions d’euros, pour avoir anticipé le rachat de Numericable en lançant prématurément les opérations de fusion. Et cela avant même que l’Autorité n’ait rendu son avis. Aujourd’hui, SFR se voit donc dans l’obligation de verser 40 millions d’euros supplémentaires. Soit un montant total de 135 millions d’euros. L’Autorité reproche en particulier à l’opérateur de ne pas avoir respecté les engagements relatifs à un contrat de coinvestissement dans le déploiement de la fibre jusqu’au domicile (FTTH), pourtant signé en 2010 avec Bouygues Télécom.
Résultats en demi-teinte
L’opérateur n’a réalisé qu’une petite moitié des raccordements prévus par le planning. L’Autorité pointe également «une maintenance dégradée» avec en particulier des «délais de traitement des incidents manifestement excessifs», susceptibles de porter préjudice à Bouygues Télécom. De son côté, SFR conteste la décision et exprime le souhait de faire appel. Il dispose néanmoins de douze mois pour réaliser ses engagements, qui seront suivis par un mandataire nommé par l’Autorité, chargé de remettre un rapport tous les trois mois.
En cas de non-respect des engagements, les sanctions envisageables peuvent aller jusqu’à un retrait de l’autorisation de l’opération de rachat de SFR par Numericable. Une menace qui tombe mal, alors qu’Altice et SFR ont présenté mercredi leurs bilans annuels pour 2016. Les résultats du groupe sont en demi-teinte en France. Car, si la clientèle est revenue, en fin d’année, côté mobile, SFR compte néanmoins 512 000 abonnés de moins sur toute l’année 2016, comparé à 2015. Et le fixe souffre toujours d’une désaffection continue de la clientèle, malgré la progression des déploiements en très haut débit. Sur l’année, les revenus de SFR ont reculé de 0,4 %, à 10,991 milliards d’euros, contre 11,039 milliards d’euros en 2015.
Erwan Benezet
LE FIGARO – 10/03/2017
Les entreprises du CAC 40 en bonne forme en 2016
INFOGRAPHIE – Les groupes qui composent l’indice phare de la Bourse de Paris ont dégagé l’an dernier plus de 76 milliards d’euros de profits : c’est un net rebond de 33,7% par rapport à l’exercice 2015.
Il faut se méfier des chiffres. Ils ne disent pas toujours la vérité ou, du moins, pas toute la vérité. Ainsi, le bilan de l’année 2016 pour les entreprises du CAC 40, les plus grandes cotées en France, laisse-t-il croire que l’exercice écoulé a été un long fleuve tranquille. En données cumulées, ces entreprises ont en effet dégagé quelque 76,4 milliards d’euros de profits, 33,7% de plus qu’en 2015.
Comme si les chocs de 2016, les événements terroristes, le Brexit, l’élection de Donald Trump, n’avaient eu aucune prise sur la vie économique… En réalité, les entreprises tentent de se jouer de cette instabilité qui est devenue la norme, avec des activités et des géographies toujours plus diversifiées et une attention à leurs coûts qui reste rigoureuse.
Le rebond des profits constaté en 2016 est en fait le fruit de deux évolutions. D’une part, aucune entreprise du CAC 40 n’a publié l’an dernier de lourdes pertes. Alors qu’en 2015, l’agrégation des profits de ces sociétés avait été lestée par les dépréciations massives qui avaient plongé dans le rouge ArcelorMittal, Engie et LafargeHolcim. À eux trois, ces groupes avaient alors affiché plus de 13 milliards d’euros de déficit. En 2016, le CAC 40 a limité la casse, avec trois groupes en pertes pour cause de dépréciations – Engie, de nouveau, Nokia, après l’acquisition d’Alcatel-Lucent, et Publicis, après celle de Sapient – mais dans des proportions beaucoup plus modestes.
Et, à défaut d’avoir constaté une forte croissance de leur chiffre d’affaires, les entreprises du CAC 40 ont dans leur ensemble réussi à faire croître leur rentabilité. Une meilleure forme spectaculaire pour certaines, comme les constructeurs automobiles PSA et Renault, ainsi que Michelin. Les opérateurs télécoms Orange et Bouygues ont eux bénéficié de l’apaisement de la concurrence sur le marché français, quand bien même celui est resté à quatre opérateurs. «L’épisode boucherie est terminé», a plaisanté Martin Bouygues.
Les entreprises financières, qui pèsent lourd dans le CAC 40, ont aussi connu une belle année, malgré les taux bas. BNP Paribas et Axa sont ainsi respectivement les numéros un et trois du palmarès 2016 des profits. Total rétrograde en deuxième position, évidemment pénalisé par la faiblesse des cours du pétrole, mais avec un bénéfice de 5,9 milliards, tout même en hausse de 21,8%.
Le dynamisme du CAC 40 a souvent été alimenté par celui du marché européen, plus rarement par celui de l’activité française. Les effets de change (dollar et livre sterling) ont affecté les évolutions des revenus. La conjoncture américaine a parfois été compliquée à négocier pour certaines entreprises, qui ont dû composer avec une forme d’attentisme au second semestre, en période électorale. Pour d’autres, notamment les champions du luxe LVMH et Kering, ainsi que pour L’Oréal, l’Amérique a en revanche été l’an dernier une terre de croissance record.
Le bilan de 2016 est ainsi plutôt flatteur, même s’il est à relativiser. Avec 76,4 milliards d’euros de profits, le CAC 40 retrouve simplement son niveau de 2012. Il reste à bonne distance de son record de 2007, à près de 100 milliards.
Fusions, acquisitions et cessions en série
Et la prudence prévaut pour l’année en cours, même si les objectifs financiers prévoient encore une progression de l’activité et des profits. Car les entreprises se préparent plus que jamais à naviguer dans des eaux que le risque politique peut venir troubler à tout moment. Bernard Arnault a ainsi mis en garde contre les risques de «guerre commerciale, de guerre des douanes et de guerre des changes» qui pèsent sur l’économie mondiale. D’autres dirigeants abordent avec circonspection l’échéance électorale de la présidentielle en France, dont le résultat leur paraît incertain ainsi que la capacité du vainqueur, quel qu’il soit, à trouver une majorité solide pour mettre en œuvre son programme.
Mais la somme des aléas ne paralyse pas les entreprises. Au contraire, les champions français du CAC 40 font, dans cette période charnière, preuve d’une grande agilité et multiplient les opérations. Beaucoup s’attaquent à rectifier leurs frontières, avec des cessions d’actifs réalisées ou à l’étude dans le secteur de l’énergie, chez Engie (centrales à charbon, exploration production…) ou Total (Atotech), ou encore chez Sanofi (médicaments matures, voire génériques) et L’Oréal (The Body Shop).
Mais, parallèlement, le CAC 40 s’est illustré ces dernières semaines par de nombreuses acquisitions d’envergure. Amundi, filiale du Crédit agricole, a racheté Pioneer. Essilor s’est marié avec l’italien Luxottica. Safran a lancé une offre sur Zodiac. Et cette seule semaine a été marquée par l’annonce du rachat d’Opel par PSA et de GE Water par Suez.
::: POLITIQUE
L’OPINION – 10/03/2017
Présidentielle: les syndicats à la rue
La campagne déboussole les organisations syndicales, perturbées par le succès des thèses du FN auprès de leurs adhérents, gênées par les ambiguïtés du programme Macron, remontées par le revenu universel de Hamon…
Pour François Fillon, Gérard Larcher reprend son second round de concertations avec les partenaires sociaux (après une première salve en décembre). Les équipes d’Emmanuel Macron prennent aussi contact avec les leaders syndicaux et patronaux. De leur côté, les centrales préparent leur carnet de revendications à l’attention des candidats. Les organisations patronales, elles, invitent les postulants à l’Elysée à présenter leur programme devant les dirigeants. La CPME l’a fait la semaine dernière, le Medef le fera fin mars.
En fin d’année dernière, les partenaires sociaux s’étaient tous préparés à l’alternance. Chez les syndicats, on aurait préféré qu’Alain Juppé gagne la primaire de la droite et du centre, car le programme porté par le maire de Bordeaux était nettement moins dur que celui de François Fillon. Mais chacun s’était fait une raison devant la victoire de l’ancien Premier ministre. Le patronat se frottait les mains, les syndicats se préparaient à l’offensive. D’autant plus que les mesures à combattre étaient classiques : fin des 35 heures, report de l’âge de départ à la retraite, réduction du nombre de fonctionnaires… Les argumentaires étaient déjà prêts, il n’y avait plus qu’à les ressortir.
Pour infléchir la purge libérale à venir, les syndicats pariaient sur un médiateur de poids, Gérard Larcher. En confiant au président du Sénat le soin de recevoir les partenaires sociaux, François Fillon les avait quelque peu rassurés. La plupart des leaders connaissent depuis longtemps l’ancien maire de Rambouillet. La relation de confiance s’était établie lorsqu’il était ministre du Travail, en 2007. Et puis personne n’imaginait être trahi par celui qui a porté une loi en faveur du dialogue social…
Oui, mais voilà, la donne a changé. Avec le Penelopegate, Gérard Larcher a un temps pris ses distances avec François Fillon. Alors qu’il recevait un à un les chefs de file syndicaux et patronaux, certains rendez-vous ont tout d’un coup disparu des agendas. « Il y a eu un flottement, on l’a senti », raconte un leader syndical qui a vu la rencontre prévue s’annuler, puis être reportée. Aujourd’hui, ils s’interrogent : Gérard Larcher aura-t-il la même capacité à murmurer à l’oreille de François Fillon ? « Ces dernières semaines, Fillon a montré son entêtement. S’il est élu, il risque d’être jusqu’au-boutiste, y compris en matière sociale ; ça va saigner », s’inquiète un responsable syndical national.
Inquiétudes. Dans les centrales, les états-majors sont inquiets, mais aussi déboussolés. Car en face, qui peut porter leurs revendications ? Traditionnellement classés à gauche, les syndicats sont cette année décontenancés par le gagnant de la primaire socialiste. De la CGT à la CFDT, en passant par FO, personne ne croit à la mesure phare défendue par Benoît Hamon : le revenu universel. Le manque de crédibilité de l’ancien ministre de l’Economie sociale et solidaire joue aussi. Cette méfiance éclipse presque les positions du candidat sur la loi Travail, et notamment sa remise en cause de l’inversion de la hiérarchie des normes à laquelle les syndicats sont pourtant si attachés.
Contrairement à ses prédécesseurs de 2007 et 2012, Benoît Hamon n’a pas pris beaucoup de contacts avec les centrales, notamment pour bâtir son programme. Il ne bénéficiera pas d’une consigne de vote en sa faveur de la part de Philippe Martinez. En 2012, le numéro un de la CGT Bernard Thibault avait appelé à voter François Hollande face à un Nicolas Sarkozy fustigeant les corps intermédiaires. Mais si Philippe Martinez a promis qu’il ferait vœu de silence, c’est aussi parce que cette année, le cégétiste sait que ses adhérents se sentent plus proches de La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon que du PS.
Quant à l’invité surprise de cette présidentielle, Emmanuel Macron, il ne fait pas non plus recette chez les syndicats. Il s’attire les foudres de FO et de la CGT, et divise les réformistes. Avec sa promesse d’étatiser l’assurance chômage, qui leur enlèverait une importante prérogative, le leader d’En Marche ! fait la quasi-unanimité contre lui, y compris dans les organisations patronales. Et si Jean Pisani-Ferry, chargé de coordonner son programme, reçoit actuellement les équipes des partenaires sociaux, il ne les rassure guère « Il y a des idées intéressantes dans le programme Macron, mais aussi beaucoup d’impensés et de zones grises », soulignent des membres du Medef et de la CFDT.
Impuissance. Enfin, patronat et syndicats constatent avec une forme d’impuissance l’intérêt de leurs troupes pour les thèses de Marine Le Pen. Avec un programme intitulé « Au nom du peuple » qui promet le retour de la retraite à 60 ans, l’embauche de fonctionnaires ou encore la défense des services publics, la candidate frontiste séduit les ouvriers et les employés. « Que répondre aux camarades qui nous disent que 80 % de nos revendications sont aujourd’hui portées par le FN ? Objectivement, c’est vrai », se désole un membre de Force ouvrière. Même désarroi du côté de l’U2P (ancienne UPA), de la CPME ou même du Medef : avec ses sorties sur la simplification de l’économie ou la fin du régime social des indépendants RSI, elle séduit les artisans, les commerçants…
En période de campagne présidentielle, les syndicats n’ont pas pour habitude de donner de consignes de vote. « Mais cette année, ils prennent davantage part à la campagne. Car au FN, à droite, mais aussi au centre, les programmes sont plutôt très anti-dialogue social », commente Stéphanie Matteudi, spécialiste des questions sociales, directrice d’ADS. En témoignent les plateformes de revendications à l’attention des candidats. FO a présenté la sienne le 20 février, la CFDT le fera le 20 mars.
Manifesteront-ils tous côte à côte, comme en 2002 (à l’exception de FO), contre la candidate frontiste si celle-ci est au second tour ? La question les embarrasse. A la CGT, pour Philippe Martinez, le sujet est délicat. S’il ne mâche pas ses mots contre l’extrême droite, il sait aussi qu’une partie de ses adhérents est aspirée par le FN. A la CFDT, à chaque fois qu’il en a l’occasion, Laurent Berger monte aussi au créneau, mais ce n’est pas dans ses rangs que les idées frontistes séduisent le plus.
Les organisations patronales sont également gênées aux entournures. Elles ont pour habitude d’inviter les postulants à l’Elysée à plancher devant leurs adhérents. La CPME l’a fait lundi dernier. Changement notable, cette année, pour la première fois, le Medef a convié Marine Le Pen. Fin mars, elle viendra dérouler son programme Avenue Bosquet, au même titre que François Fillon ou Emmanuel Macron.
LE MONDE – 10/03/2017
Entre Macron et Hamon, les faux-semblants de la bataille des soutiens
Ralliement de Bertrand Delanoë au prétendant d’En marche !, ambiguïté de Claude Bartolone… à gauche, une guerre des nerfs s’est déclenchée entre les deux candidats.
Devine qui vient prendre le café ? La rencontre surprise, jeudi matin, entre Bernard Cazeneuve et Benoît Hamon, au QG de campagne du candidat socialiste, illustre les manœuvres en cours à gauche, alors qu’une guerre des nerfs politique s’engage entre le député des Yvelines et Emmanuel Macron à sept semaines du premier tour de la présidentielle.
La visite du premier ministre était plus que bienvenue pour M. Hamon, toujours à la peine pour se dégager du rang fatal et humiliant de quatrième homme de l’élection, alors que le leader d’En Marche continue d’enregistrer de bons sondages, l’installant à la deuxième place.
- Cazeneuve n’a pas clairement exprimé son soutien au vainqueur de la primaire de janvier, mais sa venue a été largement mise en scène et exploitée par l’équipe Hamon. « Que le chef du gouvernement se déplace en personne, ça fait sens », explique Jérôme Guedj, le porte-parole du candidat socialiste, qui y voit un appui, certes non dit, mais réel. Sur place, le premier ministre a pourtant répété à M. Hamon qu’il devait représenter dans la présidentielle l’ensemble du PS et assumer le bilan du quinquennat. « Il faut rassembler toute sa famille politique (…) Il faut inscrire l’espérance qu’il incarne dans la continuité de ce qui a été fait de positif pendant ce quinquennat », a-t-il précisé.
Ce conseil-avertissement intervient alors que de nombreux élus et responsables socialistes ne cachent plus leur envie de soutenir M. Macron. A la fois parce que l’ancien ministre de l’économie est mieux placé dans les enquêtes d’opinion pour affronter Marine Le Pen au second tour, et parce qu’il incarne une ligne politique plus en harmonie avec leurs idées que celle de l’ancien frondeur.
« Pas d’accord »
Le ralliement, mercredi, de l’ex-maire de Paris Bertrand Delanoë à M. Macron, est un signal d’alarme pour le camp Hamon, après les menaces agitées par le président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, ou des ministres proches de Manuel Valls. Les prochaines semaines vont être décisives pour le candidat socialiste, afin d’éviter qu’une partie des troupes ne bascule dans le giron macroniste.
Mais l’équation n’est pas si simple dans le détail. M. Macron, qui cherche à incarner le plus longtemps possible une candidature non partisane, doit éviter également d’enregistrer l’arrivée d’une masse de ralliés socialistes, au risque de se déporter trop à gauche. Pour preuve, le projet d’un appel en sa faveur des parlementaires dits « réformateurs » – qui représentent l’aile droite du PS – révélé jeudi par Le Figaro. Aussitôt l’information connue, son initiateur, le député socialiste Christophe Caresche, a démenti toute démarche en ce sens dans les prochains jours. « C’est une fuite malencontreuse, mais rien n’est acté pour l’instant », a expliqué l’élu parisien au Monde.
Cet atermoiement prouve que les anti-Hamon du PS, au gouvernement comme dans la majorité, ne sont pas forcément les bienvenus chez les pro-Macron. « Il n’y aura pas d’accord d’appareil ou de sensibilité, un ralliement ne peut se faire que sur l’offre politique proposée », a précisé jeudi Benjamin Griveaux, porte-parole d’En Marche !.
Risque de « majorité instable »
En déplacement en Gironde, M. Macron a confié à des journalistes qui l’accompagnaient, que le ministre de la défense Jean-Yves Le Drian est le seul membre de l’exécutif qu’il serait prêt à prendre à ses côtés. Pas un mot en revanche pour Ségolène Royal, Stéphane Le Foll ou Marisol Touraine, ou pour les ministres proches de M. Valls, qui pourraient être eux aussi tentés de le soutenir.
De leurs côtés, les députés PS désireux de passer sur la rive Macron rechignent encore. En jeu, leurs investitures aux prochaines législatives, alors que la rue de Solférino ne dit toujours pas clairement quel sort leur sera réservé en cas de défection. Dans cette présidentielle inédite, beaucoup préfèrent attendre que le paysage se stabilise davantage avant de faire le grand saut.
Invité jeudi soir de l’Emission politique, sur France 2, M. Hamon a balayé les choix de ces responsables qui « déguerpissent » chez son concurrent, mettant en avant sa « légitimité » acquise par la primaire de la gauche et sa volonté de « tourner la page avec le passé ». Le candidat socialiste a préféré attaquer M. Macron sur sa capacité à gouverner, dénonçant son « impréparation » et le risque, en cas de victoire de l’ancien banquier, d’une « majorité instable », allant « de Robert Hue à Alain Madelin ».
« Les ralliements socialistes à Macron viennent pour l’instant de personnalités individuelles, il n’y a pas de processus collectif », minimise le député Mathieu Hanotin, directeur de campagne de M. Hamon, qui se rassure en affirmant que « de telles initiatives ne sont pas déterminantes aux yeux des citoyens, ce qui compte, ce sont les idées et le projet ».
Hommage aux ministres
Mais l’entourage du candidat socialiste craint que la possible litanie à venir des ralliements macronistes n’affaiblisse encore sa campagne. « Ceux au PS qui veulent la défaite de Hamon vont entretenir tous les jours le poison médiatique des départs éventuels. Il faut que Benoît casse ce feuilleton en coupant net avec eux », explique l’écologiste Yannick Jadot.
Le député des Yvelines reste fidèle à ses engagements de la primaire, mais il insiste désormais sur les mesures en faveur du pouvoir d’achat des classes moyennes et populaires dans son programme. Un focus plus à même de convaincre beaucoup d’élus de son camp. Surtout, il prend soin, dans ses discours, de rendre des hommages appuyés à différentes figures du gouvernement. Ainsi de Ségolène Royal, qui « a éclairé le chemin » sur les enjeux écologiques, Marisol Touraine, qui a « porté l’acquis social du quinquennat », ou Jean-Yves Le Drian, qui a été « un des plus grands ministres de la défense ».
S’il veut s’imposer comme central à gauche, à quarante-quatre jours du premier tour de la présidentielle, M. Hamon a compris qu’il doit envoyer des signaux à la gauche sociale-démocrate et plus seulement à la gauche écologiste ou citoyenne. « Faire entrer des émetteurs plus rassurants nous rendra plus audible », résume un membre de son équipe.
Cédric Pietralunga et Bastien Bonnefous
LA TRIBUNE – 10/03/2017
Revenu universel : Benoît Hamon se pose en candidat de « la feuille de paie »
Benoît Hamon, candidat socialiste à l’élection présidentielle, a dit vouloir attaquer « la feuille de paie » et augmenter le salaire net grâce à son projet de revenu universel, qu’il a modifié pour les 18-25 ans jeudi soir sur France 2.
Interrogé lors de l’Emission politique sur la mise en place de sa proposition de revenu universel, M. Hamon a déclaré vouloir « d’abord proposer une étape qui permet à 80% des salariés français, des travailleurs indépendants, des commerçants, artisans, de voir leur travail revalorisé par un gain net sur la feuille de paie ».
« J’attaque la feuille de paie, j’augmente le salaire net« , a martelé le candidat socialiste, comme en écho à son ancien rival de la primaire et désormais soutien Arnaud Montebourg, qui s’était posé en « candidat de la feuille de paie » durant la primaire.
« 600 euros quand on n’a rien »
Concrètement, M. Hamon souhaite « que les 18-25 ans et l’ensemble des salariés » touchant « jusqu’à 1,9 SMIC perçoivent un revenu universel ». Son montant « sera de 600 euros quand on n’a rien », et sera « dégressif » pour ceux percevant un revenu « jusqu’à 1,9 SMIC ».
En janvier, M. Hamon comptait attribuer ce revenu universel à l’ensemble des 18-25 ans, sans conditions de ressources, « pour favoriser leur insertion sociale et professionnelle ». Selon sa proposition présentée jeudi, « la conséquence sur la feuille de paie », pour « un couple au Smic » sera de « 386 euros » nets mensuels, a argumenté le député des Yvelines. « Pour un étudiant qui travaillerait un jour sur cinq, le gain net sera de 500 euros » par mois, a-t-il poursuivi.
« 35 milliards d’euros » pour la mise en place
- Hamon a chiffré la mise en place de cette première étape à « 35 milliards d’euros« , « en-deçà du pacte de responsabilité et du CICE« , instaurés par François Hollande et d’un coût d’environ 41 milliards d’euros. « Derrière, il y a d’autres étapes », a souligné M. Hamon, désireux d’installer « une conférence citoyenne, sociale, pour en discuter ».
Cette conférence « peut discuter de l’élargissement de ceux qui seront les bénéficiaires. Doit venir demain l’étape qui permettra le versement du revenu universel aux retraités« , a-t-il ajouté, se défendant d’avoir changé en cours de route le calendrier d’application de cette proposition qui a marqué lors de la primaire PS élargie.
« Trouvez une déclaration de Benoît Hamon qui disait pendant les primaires qu’il s’engageait pour autre chose que cette première étape », a lancé ce député des Yvelines et ancien ministre.
REPLAY sur France 2 : http://www.francetvinfo.fr/replay-magazine/france-2/l-emission-politique/l-emission-politique-du-jeudi-8-decembre-2016_1948665.html
::: INTERNATIONAL
LE FIGARO – 10/03/2017
L’Europe impuissante à surmonter le choc du Brexit
VIDÉO – Les Européens sont en plein doute face à l’imminence du Brexit et à la fragmentation de l’UE pronostiquée par Trump.
Le mois dernier, à Malte, lorsqu’Angela Merkel et François Hollande ont poussé l’idée que certains pays de l’UE «puissent avancer plus rapidement que d’autres», une voix s’est levée dans le huis clos du sommet: «Certes! Mais qu’est-ce qui vous en empêche aujourd’hui?» La réponse est dans la question: l’Europe à plusieurs vitesses est gravée depuis 1997 dans le marbre du traité d’Amsterdam et un recul de vingt ans montre que ce n’est ni un accélérateur infaillible, ni la courroie d’entraînement escomptée.
«Géométrie variable», «intégration différenciée», «cercles concentriques» ou vitesses plurielles, le débat ressurgit par intervalles, surtout lorsque le projet européen semble en panne. C’est presque une vieille ficelle, en tout cas le signal du désarroi au sommet et de l’absence d’idées neuves. À deux semaines de la célébration des 60 ans du traité fondateur, à Rome le 25 mars, l’Europe a des raisons de se poser des questions. L’imminence du divorce britannique, la désintégration de l’UE pronostiquée par le président américain Donald Trump ou encore le grignotage à ses marches entamé par Vladimir Poutine nourrissent une inquiétude quasi existentielle.
À l’intérieur de ses frontières, l’UE ne manque pas de blocs, de cliques et autres clubs noués par la géographie et/ou la convergence d’intérêts. Lundi, le mini-sommet de Versailles a mis en lumière un nouveau quatuor, l’Italie et l’Espagne venant renforcer un «axe» franco-allemand réputé incontournable.
Dans la mosaïque, il faudrait évoquer aussi le «Club Med», enfant de la crise eurobudgétaire (France, Italie, Espagne et Grèce), le cénacle des six pays fondateurs, le Conseil nordique des Scandinaves, le trio des Baltes, le Benelux, et surtout le Groupe de Višegrad, vrai franc-tireur (la Hongrie, la République tchèque, la Slovaquie et bien sûr l’intraitable Pologne de Jaroslaw Kaczynski).
L’UE à géométrie variable, elle, existe déjà grandeur nature, bien qu’elle cache en grande partie son jeu. Au sens du fameux traité, la «coopération renforcée» permet à neuf pays – au moins – d’aller seuls de l’avant sur un projet précis si le soutien de tous est impossible et, ce, sans que le reste de l’union puisse s’y opposer. En 2010, 14 capitales ont inauguré la méthode en simplifiant entre eux le divorce des couples binationaux. L’année suivante, 25 États ont lancé le brevet européen. Ce jeudi soir, à Bruxelles, tous les pays de l’UE devaient s’engager pour la création d’un parquet européen, instance judiciaire commune à l’exception de la Suède, coincée par ses lois fondamentales.
Contourner la règle de l’unanimité
La coopération renforcée présente un gros avantage politique. Elle permet de contourner, en équipe réduite, une contrainte souvent paralysante: la règle de l’unanimité, qui continue de s’imposer à l’UE tout entière sur ce qui touche la sécurité, les impôts, la protection sociale, la politique étrangère et, bien sûr, la révision des traités européens. Un seul veto sur 28 suffrages et tout se retrouve plombé. «La dernière voiture bloque et c’est le train entier qui se retrouve à l’arrêt», résume un ambassadeur.
Au-delà d’avancées modestes comme le divorce et le brevet, les deux ressorts les plus puissants de l’Europe à plusieurs vitesses ne doivent rien à la coopération renforcée, mais ils crèvent les yeux: il s’agit de la zone euro (19 États de l’UE sur 28) et de l’espace sans passeport de Schengen (26 pays, dont 22 appartenant à l’UE). La chancelière Merkel et le président Hollande vendent comme du neuf un chemin rebattu. Ils pourraient y ajouter bientôt un troisième périmètre, aussi élastique: l’Europe de la défense, une idée revenue en force grâce au président Trump et à ses doutes sur l’avenir de l’Otan.
Ces cercles qui se recoupent dressent les uns contre les autres ceux qui veulent être dedans, parce qu’ils sont pressés, et ceux qui craignent d’être rejetés en dehors, comme des Européens de seconde zone. Jean-Claude Juncker a relancé le débat en demandant aux 27 qui resteront après le Brexit d’assumer leur responsabilité. Les options dévoilées par le chef de la Commission vont d’une intégration plus rapide, soutenue par quatuor de Versailles, à la «renationalisation» de certaines compétences bruxelloises, souhaitées par le groupe de Višegrad. L’Europe à géométrie variable n’est pas un objectif en soi. C’est un moyen d’accommoder les contrastes.
Un ferment de division
C’est aussi une arme à double tranchant, un ferment de division, quand l’UE veut afficher un «front commun» face à l’instabilité et aux défis qui l’assaillent. Après s’être avancé sur l’Europe plurielle, Jean-Claude Juncker fait un pas de côté en signalant qu’il ne privilégie aucune piste. Même mise au point du côté français, où l’on souligne qu’il «ne s’agit surtout pas d’exclure», en laissant certaines capitales sur le bord de la route. «L’accord à 27 doit rester la règle et la formation réduite l’exception, quand c’est l’unique façon d’avancer», insiste un responsable européen. La déclaration du sommet de Rome, qui fixera pour dix ans le cap de l’UE sans Royaume-Uni, se gardera de mentionner l’Europe à plusieurs vitesses, d’après un document préparatoire consulté par Le Figaro.
L’expérience de l’Eurozone et de Schengen prouve aussi que le volontariat et la mobilisation d’une avant-garde ne font pas disparaître par enchantement les obstacles qui peuvent paralyser les chantiers à 28. Au contraire. Depuis des années, l’Union monétaire fait du surplace en raison d’un profond désaccord franco-allemand sur la gouvernance de l’euro et sur un budget qui lui serait propre. C’est précisément l’«empêchement» que l’interlocuteur d’Angela Merkel et de François Hollande invoquait au sommet à Malte. De même façon, la crise des réfugiés a fait surgir à l’intérieur de l’espace Schengen des barrières physiques et des blocages politiques toujours insurmontés (Grèce, Italie, Hongrie, Slovaquie, Autriche, etc.)
À l’inverse, l’approche à Vingt-Huit, dite «communautaire», vient d’afficher coup sur coup des succès inespérés, notamment sur le thème électoralement porteur de la lutte contre l’évasion fiscale. D’un bout à l’autre de l’UE, l’échange de données bancaires sur les revenus du capital est devenu obligatoire, tout comme la transparence sur les «cadeaux» fiscaux consentis aux multinationales. En attendant peut-être une assiette européenne commune de l’impôt sur les sociétés, qui permettait de taxer les profits là où ils sont générés.
Paradoxalement, la seule initiative fiscale restée en rade est l’œuvre de l’Europe à deux vitesses: la taxe sur les transactions financières, censée être l’antidote des faillites bancaires. Lancée il y a cinq ans par douze des vingt-huit capitales – dont Paris, Berlin, Madrid et Rome – elle est moribonde et risque à tout moment de passer sous le seuil critique des neuf adhésions. Un ambassadeur résume: «Le problème de l’Europe, c’est moins la vitesse que l’absence de direction.»
LES ECHOS – 10/03/2017
BCE : Draghi défend l’intégrité et l’irréversibilité de l’euro
Les échéances politiques du printemps en Europe ne donnent pas encore de sueurs froides à Mario Draghi.
Le président de la BCE croit à l’intégrité de la zone euro et a rappelé jeudi le côté « irréversible » de la monnaie unique
La bataille sur le front de l’inflation n’est pas encore gagnée. Le président de la BCE croit à l’intégrité de la zone euro et a rappelé jeudi le côté « irréversible » de la monnaie unique.
Les échéances politiques du printemps en Europe ne donnent pas encore de sueurs froides à Mario Draghi. Le président de la BCE croit à l’intégrité de la zone euro et a rappelé jeudi le côté « irréversible » de la monnaie unique, à l’issue de la réunion du Conseil des gouverneurs de la BCE.
Il a même insisté en soulignant que « l’euro est perçu comme un pré-requis au marché unique », une façon de souligner la capacité de la devise à dynamiser l’Union européenne. La seule question à se poser est « comment assurer la prospérité économique », de manière à rendre l’euro plus résistant aux chocs, sachant que le banquier central se focalise, lui, sur l’inflation. Et, à ce sujet, la bataille progresse mais n’est pas encore gagnée.
Exercice d’autosatisfaction
Mario Draghi, la mine détendue, s’est livré à un exercice d’autosatisfaction en énumérant les bienfaits de la politique monétaire menée depuis trois ans pour soutenir la croissance, l’emploi et les prix. Malgré tout, le conseil de la BCE a décidé, à l’issue d’un débat décrit comme « consensuel » par Mario Draghi, de ne rien changer au dispositif en cours : les taux restent fixés au plus bas et il a été répété qu’ils pourraient encore baisser. Quant au programme d’achats d’actifs lancé il y a exactement deux ans, il a rempli son objectif d’éloigner le risque de déflation, moyennant 1.700 milliards d’euros déversés sur les marchés à ce jour, et 620 milliards à venir d’ici à décembre 2017.
N’en déplaise aux critiques en Allemagne , qui ne voient plus l’utilité, à l’heure actuelle, de ces rachats d’actifs, le débat sur leur arrêt n’est toujours pas entamé. Avant cela, la BCE veut constater un « ajustement durable du taux d’inflation, et nous ne le voyons pas encore », a martelé Mario Draghi. La hausse, en février, à 2 % est largement liée aux prix du pétrole, tandis que l’inflation hors énergie est restée molle, ne décollant pas de 0,9 %.
Une posture plus positive
La BCE a toutefois entamé un léger virage dans sa communication, histoire de donner des gages aux adeptes d’une politique monétaire moins expansive. L’institution ne se dit plus prête à « utiliser tous les instruments à sa disposition » afin de remplir ses objectifs, ce passage ayant été retiré de son communiqué par rapport à celui de janvier. « Le sentiment d’urgence n’est pas présent », a justifié l’Italien. Illustration immédiate, la BCE n’a pas annoncé de nouvelle vague de prêts à long terme et à très bon marché octroyés aux banques, qui sont encouragées à les prêter à leur tour à l’économie.
Dans la période à venir, l’institution francfortoise craint en premier lieu les risques géopolitiques, ceux liés à des facteurs intérieurs devant rester contenus. La BCE a adopté, in fine, une posture plus positive, ce que reflètent ses prévisions de PIB et d’inflation, revues à la hausse surtout en 2017 (1,7 % d’inflation, au lieu de 1,3 % prévu en décembre).
Pour la suite, certains tablent sur l’annonce, après l’été, d’un ralentissement par paliers des rachats d’actifs, effectif à partir de 2018.
Jean-Philippe Lacour
LES ECHOS – 10/03/2017
Chômage frontalier : le changement de règle qui peut rapporter gros à la France
Une réforme par la, Commission européenne de la couverture chômage des 1,3 millions de salariés frontaliers (résidant dans un Etat et travaillant dans un autre) pourrait faire économiser plusieurs centaines de millions d’euros par an à l’Unédic
Bruxelles veut transférer à l’Etat d’accueil la couverture chômage des frontaliers. Le système actuel a coûté 600 millions à la France en 2016.
Merci Bruxelles ? Tandis que les partenaires sociaux français relancent la négociation sur l’assurance-chômage , en déficit de 4,2 milliards d’euros l’an passé, un coup de main salutaire pourrait arriver de la Commission européenne. Son projet de refonte du réglement de coordination des systèmes de sécurité sociale, présenté en décembre, prévoit une réforme de la couverture chômage des 1,3 millions de salariés frontaliers (résidant dans un Etat et travaillant dans un autre) qui pourrait en effet faire économiser plusieurs centaines de millions d’euros par an à l’Unédic.
Un coût net de 600 millions d’euros pour l’Unédic
Aujourd’hui, quand un Français résidant par exemple à Strasbourg et travaillant outre-Rhin est licencié, c’est la France qui lui verse ses allocations, aux mêmes conditions que s’il y avait travaillé, et ce bien qu’il ait cotisé en Allemagne et y ait été, en principe, imposé. L’Allemagne doit verser à la France une compensation, mais elle est plafonnée à trois à cinq mois d’allocations. C’est peu comparé à la durée moyenne du chômage. Dans un rapport financier publié en septembre, l’Unédic alerte : en 2015, il a versé 770 millions d’euros d’allocations à 34.000 bénéficiaires du système et n’a reçu que 170 millions des Etats où ils ont perdu leur emploi. Soit un coût net de 600 millions, deux fois plus qu’il y a dix ans.
Les deux tiers de l’addition viennent de Suisse
Les deux tiers de l’addition se concentre sur la Suisse (concernée en vertu d’un accord bilatéral avec l’UE), où l’érosion de la croissance a fait des dégâts parmi les nombreux frontaliers français. Ils coûtent d’autant plus cher à l’Unedic que leurs allocations sont calculées d’après des salaires perçus en Suisses, où ils sont bien plus élevés.
La révision prévue par la commissaire européenne à l’Emploi , Marianne Thyssen, rebattrait les cartes : dès lors qu’un frontalier y a travaillé au moins 12 mois, il incomberait à l’Etat membre du dernier emploi de le couvrir en cas de perte d’emploi, aux conditions en vigueur localement, ce qui fera aussi des perdants et des gagnants parmi les chômeurs. « C’est plus juste et cohérent de maintenir le lien avec le pays où il a travaillé et cotisé », insiste Marianne Thyssen.
Le projet est désormais soumis à l’aval d’une majorité des Etats membres, La Suisse, qui accueille plus de 300.000 frontaliers , et le Luxembourg, qui en compte 174.000, sont sans surprise vent debout. Le Grand Duché dénonce un projet « impraticable », pointant l’impossibilité pour lui de vérifier que les chômeurs domiciliés hors de son territoire cherchent activement un nouvel emploi. Les discussions sont en cours en vue d’aboutir avant l’été, mais les premiers échanges, vendredi dernier, entre ministres européens du Travail, laissent espérer à la Commission une adoption de son projet.
Derek Perotte
Vous souhaitant une bonne journée et un agréable week-end.
Cordialement,
Elena NATALITCH
Service Presse, Communication / Formation
251, bd Pereire – 75852 PARIS Cedex 17
Tél. : 01 40 55 12 43
Fax : 01 40 55 12 40
https://www.facebook.com/medef.idf