::: ILE-DE-FRANCE

LE FIGARO – 15/03/2017

Voies sur berges: Pécresse tend la main à Hidalgo

INFOGRAPHIE – La présidente de la région Île-de-France propose un retour à la carte, selon les saisons, d’une file de voiture le long de la Seine.

Même s’il a pris ce mardi des allures bien policées, le combat autour de la fermeture des berges rive droite aux voitures à Paris continue bel et bien. Ainsi, en début de matinée, lors d’une conférence de presse, la présidente (LR) de la région Île-de-France a dit vouloir «sortir de cette crispation» autour de ce projet controversé et imposé avec «brutalité». Alors qu’elle s’oppose depuis le début à cette piétonnisation en vigueur depuis septembre et qu’elle a pris la tête de la contestation menée par de nombreux élus, Valérie Pécresse a annoncé un soutien financier pour accompagner cet aménagement. Elle propose une enveloppe de 50 millions d’euros pour financer douze mesures qui iront dans le sens d’une baisse du trafic automobile comme le souhaite la maire de Paris, Anne Hidalgo. Parmi ces réalisations, la création de trois parkings aux portes de la capitale, le développement d’une navette fluviale sur la Seine, ou encore la mise en place d’un bus électrique traversant la capitale d’est en ouest et passant par les quais hauts.

Mais, en tendant la main à son adversaire politique, Valérie Pécresse corrige au passage la copie de cette dernière en voulant un retour à géométrie variable de la voiture sur ce tronçon de 3,3 km. Au lieu de n’avoir que des piétons et des vélos en contrebas le long de la Seine, elle propose le retour d’une voie réservée au trafic routier. En hauteur sur le quai haut et selon deux scénarios possibles, elle suggère la mise en place d’une ligne réservée à un bus électrique. Celle-ci cohabiterait avec des voitures qui, sur deux ou trois voies, rouleraient soit à 30 km/h soit à 50 km/h. L’ensemble de ce projet reposerait, par ailleurs, sur le principe de «flexibilité». La place de l’automobile serait réajustée en fonction des besoins différents selon les jours de la semaine ou encore les saisons. Sans remettre en cause la piétonnisation, Valérie Pécresse souhaite «y aller progressivement».

Or le maintien du trafic routier le long de la Seine est pour l’instant, selon elle, une nécessité. Selon son comité d’évaluation de la fermeture des voies sur berges, que préside Pierre Carli, Paris est toujours autant congestionné. «Les embouteillages se sont aggravés depuis la piétonnisation de cette voie et ne vont pas, assure-t-il, vers une diminution promise par Christophe Najdovski, l’adjoint aux transports à la mairie de Paris.» En évoquant le «principe d’évaporation du trafic», celui-ci avait assuré que les usagers allaient, de guerre lasse, finir par délaisser le volant. Or, pour Pierre Carli, il n’en est rien. Les itinéraires de report sont toujours autant saturés, avec en prime une hausse de la pollution sonore sur le quai haut.

Mais les conséquences sur la qualité de l’air demeurant toujours incertaines, le responsable du comité a demandé un rallongement de trois mois de la période de test, qui doit s’achever mi-avril prochain. Au terme de cette période, le préfet de police de Paris pourrait si nécessaire adresser des recommandations à la Ville de Paris.

Face aux critiques de Valérie Pécresse, Christophe Najdovski a répliqué, mardi après-midi sur le même ton. Avec courtoisie. Tout en se réjouissant du «revirement salutaire» de cette dernière autour de ce projet, il a favorablement accueilli ces douze mesures, dont certaines vont dans le sens de celles déjà émises par Anne Hidalgo. Mais l’idée d’un retour de la voiture sur les berges a été balayée. «Inenvisageable», a déclaré l’élu Vert de Paris.

Angélique Négroni

 

 

LES ECHOS – 15/03/2017

Voies sur berges : Pécresse et Hidalgo font un pas l’une vers l’autre

 

Valérie Pécresse dénonce depuis des mois la « rapidité et la brutalité » d’une mesure créatrice, à ses yeux, d’embouteillages à Paris et en banlieue.

La présidente de la région Ile-de-France ne remet pas fondamentalement en cause la piétonisation des voies sur berge mais demande des aménagements au moins temporaires pour que des voitures puissent y circuler à vitesse réduite. Les mesures d’accompagnement qu’elle propose intéressent le Mairie de Paris.

Proposer des solutions. C’est la ligne défendue ce mardi matin par Valérie Pécresse dans la polémique qui l’oppose à la maire de Paris, Anne Hidalgo, depuis l’annonce de fermeture d’une partie de la voie sur berge rive droite à la circulation automobile. Pour la présidente LR du Conseil régional d’Ile-de-France, la fameuse « évaporation du trafic » annoncée lors de la fermeture de cet axe tarde à se produire.

La circulation se reporte sur les itinéraires alternatifs avec, à la clef, un allongement des temps de parcours, une augmentation importante du bruit. L’impact sur la qualité de l’air est plus délicat à mesurer, selon le professeur Pierre Carli, médecin chef du Samu et président du comité régional d’évaluation de la fermeture des voies sur berge parisiennes. « Il faut être extrêmement prudent, les phénomènes climatiques modifient beaucoup la réalité de la mesure », prévient-il. Un nouveau modèle mathématique, permettant de s’affranchir de l’effet météo devrait être prêt fin mars et il a obtenu de Valérie Pécresse de prolonger l’étude pendant trois mois, demande d’autant plus volontiers acceptée que les phénomènes de pollution de l’air sont particulièrement actifs au printemps.

Développer la circulation douce

Sans attendre, la région a demandé à l’Institut d’aménagement et d’urbanisme (IAU) de travailler sur des scénarios alternatifs. « Nous voulons réconcilier trois idées, résume Chantal Jouanno, vice-présidente de la région chargé de l’écologie, moins de pollution de l’air et par le bruit, conserver la mobilité et faire davantage de place à la circulation douce, c’est-à-dire les piétons, le vélo et le transport en commun ». Surtout, l’ex-secrétaire d’Etat à l’Ecologie de Nicolas Sarkozy insiste sur la « flexibilité » des propositions qui pourraient s’appliquer différemment « selon les saisons, les jours et les heures de la journée ou les type de véhicule ».

Retour des voitures sous conditions

Concrètement, la région est prête à mettre 50 millions d’euros sur la table pour régler le problème. Sa proposition la plus spectaculaire est de rétablir la circulation, à 30 km/h sur le quai bas en utilisant la chaussée conservée à la demande des autorités pour des motifs de sécurité. Le quai haut accueillerait une voie réservée à un bus à haut niveau de service, l’actuelle ligne 73 – allongée – du pont de Saint-Cloud à la gare de Lyon. Ces bus deviendraient électriques au rythme des l’équipement des dépôts qui ne disposent pas actuellement de la puissance nécessaire pour les recharger. Le site propre de ce bus serait contigu à trois voies accessibles aux voitures roulant à 30 km/h.

Enfin, tant le quai bas que le quai haut laisseraient de l’espace partagé entre piétons et vélos – dans les deux sens – pour le premier et dans un sens pour le second. La voie routière « basse » serait reliée à celle du quai haut par des bretelles. Une variante, qui semble être davantage là pour la forme, serait d’utiliser la voie basse comme axe de transit à 50km/h, mais sans sortie intermédiaire possible.

Développer les transports en commun

Outre la modernisation et l’allongement de la ligne de bus 72, évalué à 30 millions d’euros financé par l’Etat et la région, le STIF payant les véhicules, la région souhaite convaincre la mairie de Paris de l’aider à trouver des terrains et de cofonancer trois parkings cumulant 1.000 places aux portes d’Auteuil, Maillot et de Bercy pour inciter les banlieusards à prendre le bus. Parallèlement elle est prête à renforcer, pour 1 million d’euros, l’offre sur la ligne 1 du métro, qui suit le même itinéraire et à développer le transport fluvial de passagers sur la Seine au-delà de ce que permet déjà son récent accord avec la compagnie privée Batobus.

Enfin, Valérie Pécresse rappelle son attachement aux parkings de dissuasion dans les gares de banlieue. Elle propose aussi d’aider, financièrement, la mairie de Paris à équiper de feux intelligents six carrefours concernant les itinéraires alternatifs de la voie sur berge. Des aides pour l’isolation phonique des façades des immeubles soumis au bruit des embouteillages des voies sur berge, et l’application de revêtements de chaussée plus silencieux figurent aussi au catalogue de ces propositions remises au préfet de police, à la Métropole du Grand Paris et à la Mairie de Paris.

Revirement spectaculaire

Cette dernière a réagi ce mardi après-midi en saluant « la volonté de la région d’accompagner la piétonnisation ». Christophe Najdovski, adjoint à la maire de Paris, prend acte de ce « revirement salutaire » et veut y voir « une attitude désormais constructive de l’exécutif régional ». Cependant, poursuit-il, « des désaccords persistent (…). La réouverture aux voitures d’une voie sur les quais bas (…) n’est pas envisageable ». Sur d’autres propositions, l’adjoint d’Anne Hidalgo ajoute : « Ce sont des propositions que nous ne manquerons pas d’étudier ».

Valérie Pécresse avait commencé ses annoncent en déclarant vouloir sortir des blocages entre Paris et la banlieue.

Dominique Malecot

 

 

BFM TV – 15/03/2017

Voies sur berge: Valérie Pécresse propose des mesures « pour sortir du blocage »

La présidente de la région Ile-de-France a présenté ce mardi une série de mesures destinées à « sortir du blocage » de la piétonisation des voies sur berge dont l’expérimentation arrive à son terme à la fin du mois. Pour Valérie Pécresse, cette période n’a pas permis de résorber la pollution ni de réduire le trafic, elle souhaite donc notamment le retour d’une voie circulable sur les quais bas qui pourrait n’être ouverte qu’une partie de l’année.

Vidéo : http://www.bfmtv.com/mediaplayer/video/voies-sur-berge-valerie-pecresse-propose-des-mesures-pour-sortir-du-blocage-923703.html

 

 

LE MONDE – 15/03/2017

Voies sur berge : Valérie Pécresse prône une « circulation apaisée »

Reprochant à la Mairie de Paris de ne pas avoir prévu de mesures compensatoires pour la banlieue, la région Ile-de-France avance son plan.

Hasard du calendrier et de la météorologie, la région Ile-de-France a présenté ses « scénarios alternatifs de piétonisation douce » et « mesures compensatoires à la fermeture des voies sur berge », mardi 14 mars, jour d’un niveau pic de pollution qui a incité la Mairie de Paris à décréter le stationnement résidentiel gratuit. Devançant la fin de la période d’expérimentation des voies sur berge piétonnes prévue le 26 mars, la présidente de la région (LR), Valérie Pécresse, a exposé sa riposte au dispositif lancé par la maire Anne Hidalgo.

Accompagnée de Chantal Jouanno, vice-présidente chargée de l’écologie et du développement durable, et du professeur Pierre Carli, médecin chef du SAMU de Paris et président du Comité régional de suivi et d’évaluation des impacts de la piétonisation des voies sur berge à Paris, Mme Pécresse a dévoilé deux scénarios alternatifs « pour rendre la piétonisation plus douce ».

Selon les estimations du comité d’évaluation, qui regroupe notamment les représentants d’Airparif, de Bruitparif, du Syndicat des transports d’Ile-de-France (STIF), l’accroissement du temps de parcours aux heures de pointe, entre janvier 2016 et janvier 2017, était de 39 % le matin (+ 3 min) et de 73 % (+ 7,5 min) sur la partie haute entre la place de la Concorde et le port de l’Arsenal. La mesure de bruit sur les quais hauts aurait varié de + 60 % à + 125 % selon les points étudiés. Et les émissions de polluants auraient, elles, augmenté de 50 % pour les NOx comme pour les particules fines.

Partant de ce constat, le comité, mis en place par l’exécutif régional de droite à la veille de la fermeture à la circulation automobile de la voie express Georges-Pompidou, le 18 octobre 2016, propose la « création d’une voie de circulation apaisée » sur le quai bas, « en ouvrant la voie de sécurité, actuellement réservée aux secours, à la circulation de véhicules roulant à 30 km/h ». Des sorties permettraient la remontée vers les voies hautes. Une alternative consisterait à utiliser cette même voie, sur le quai bas, pour une circulation à 50 km/h, « afin d’assurer le transit entre la Concorde et l’Arsenal », sans dégagement vers la partie haute.

« Des variantes sont possibles, a expliqué Mme Pécresse au Monde. On peut envisager de n’ouvrir cette voie que l’hiver, qu’aux heures de pointe ou encore de la réserver aux véhicules les moins polluants : électriques, hybrides, vélos… »

Au total, une douzaine de « mesures compensatoires » sont avancées par la région, parmi lesquelles la création de « six carrefours intelligents » dans Paris, soit la « gestion en temps réel des feux de circulation en fonction de l’état du trafic ». La région préconise aussi « l’optimisation de la circulation des véhicules de services urbains », notamment en modifiant les horaires des services de propreté, et la « réorganisation des chantiers qui bloquent la circulation ». Mme Pécresse propose encore la création de mille places de parking aux portes de Paris (porte d’Auteuil, porte Maillot et porte de Bercy), une étude exploratoire sur la relance d’une navette fluviale, le renforcement de la ligne 1 de métro, ou la création d’un bus électrique « à haut niveau de service » (BHNS) , véhicule à forte fréquence et à grande capacité circulant sur une voie dédiée entre le parc de Saint-Cloud et la gare de Lyon.

« Main tendue »

Critiquant la façon dont la piétonisation des voies sur berge a été décidée par Anne Hidalgo, « sans concertation, sans aucune mesure compensatoire pour les habitants de banlieue », la présidente de région dit vouloir « apaiser le débat » avec ces solutions. « C’est une main tendue à 50 millions d’euros que mettrait la région, y compris dans la création des carrefours intelligents dans Paris », dit-elle.

Mme Pécresse soutient le professeur Pierre Carli, qui demande une prolongation de trois mois de la période d’expérimentation. « Il faut absolument que l’on dispose d’une année pleine pour évaluer les conséquences de cette piétonisation en toute saison, avec les pics de pollution fréquents en mai et juin, plaide Valérie Pécresse. Il faut aller jusqu’à l’été et à la mise en place de Paris Plages ».

Lors d’un point presse organisé sur les bords de Seine, mardi en fin de journée, Christophe Najdovski, adjoint (EELV) aux transports de la ville de Paris, a salué la volonté « désormais constructive » de l’exécutif régional d’« accompagner » le projet de piétonisation des voies sur berge auquel la maire de Paris, Anne Hidalgo n’entend pas renoncer. « La réouverture aux voitures d’une voie sur les quais bas n’est pas envisageable », a précisé l’élu parisien. Il s’est néanmoins réjoui des engagements pris par Mme Pécresse sur la création d’un BHNS sur les quais hauts, le développement du transport fluvial des personnes, celui de parkings relais et de covoiturage aux portes de Paris, ainsi que sur le co-financement de protections phoniques et de « carrefours intelligents » fluidifiant le trafic.

Patricia Jolly et Rémi Barroux

 

::: ECONOMIE

LE FIGARO – 15/03/2017

Assurance-chômage : les négociateurs font du surplace

Le patronat promet de préciser sa ligne sur les contrats courts lors de la prochaine séance, le 23 mars.

Unedic, acte 2! L’ambiance était constructive, ce mardi, pour la deuxième séance de renégociation de la convention d’assurance-chômage, une semaine après la reprise des discussions entre les partenaires sociaux. Si tous les protagonistes autour de la table veulent aboutir, l’exercice reste difficile pour parvenir à un accord.

Le patronat a notamment présenté aux syndicats une version, retouchée à la marge, de son projet de convention qui atténue légèrement les efforts demandés aux plus de 50 ans. Il propose ainsi maintenant que l’entrée dans la filière sénior, ouvrant droit à trois ans d’indemnisation, soit progressive de 50 à 59 ans. Il n’a en revanche fait aucune concession sur les contrats courts, point clé de la négociation pour un régime qui accuse un déficit annuel de 4 milliards d’euros et dont la dette dépasse déjà les 30 milliards.

Le débat est sur ce point toujours le même: les syndicats veulent taxer le recours trop fréquent aux CDD de moins d’un mois, tandis que le patronat préfère laisser les secteurs qui en consomment le plus s’autoréguler. Et ce, au motif que «taxer les contrats courts revient à accroître le chômage», a une nouvelle fois le matin même rappelé Pierre Gattaz, le président du Medef. «On va droit à l’échec s’il n’y a pas, le 23 mars, une vraie proposition sur les contrats courts», prévient toutefois Michel Beaugas (FO). «Tant que le patronat ne dit pas ce qu’il est capable de mettre sur la table, on ne pourra pas avancer», abonde Véronique Descacq (CFDT). Les syndicats réclament notamment un cadre national d’encadrement du recours aux contrats courts et non de le déléguer aux branches où d’éventuelles négociations «renverraient aux calendes grecques», justifie Éric Courpotin (CFTC).

«On va faire mieux», promet Alexandre Saubot, le chef de file de la délégation patronale. Tout en rappelant que les contrats courts ne représentent «que 2 % de la masse salariale, qu’ils ne sont pas dommageables pour l’assurance-chômage, ne correspondent pas à une explosion de la précarité et restent très ciblés dans certains secteurs très limités».

Refonte des modalités de calcul du salaire journalier

Alexandre Saubot, qui préside l’UIMM (métallurgie), sait bien qu’il lui faudra bouger sur ce point s’il veut un accord et avancer sur d’autres dossiers. Comme sur la refonte des modalités de calcul du salaire journalier de référence, point sur lequel les deux parties s’accordent, afin de supprimer des effets d’optimisation permettant à certains chômeurs, cumulant allocations et contrats courts, de gagner plus qu’un salarié en CDI. Mais reste à placer le curseur! Ce qui est loin d’être un détail car les économies varient, selon le scénario retenu, de 50 millions d’euros par an (proposition FO) à 1,2 milliard (Medef) en passant par 400 millions (CFDT).

Les partenaires sociaux n’ont plus que deux séances (les 23 et 28 mars) pour tomber d’accord, selon le calendrier qu’ils se sont fixé. Ils espèrent casser les velléités des candidats à la présidentielle qui veulent les mettre au pas, à commencer par Emmanuel Macron qui propose de mettre fin au paritarisme et de laisser l’État reprendre la main.

Marie-Cécile Renault

 

 

CAPITAL – 15/03/2017

La négociation Unedic suspendue aux contrats courts

PARIS (Reuters) – Les négociations entre partenaires sociaux gestionnaires de l’assurance chômage restent suspendues à des concessions patronales sur la question des contrats de travail de courte durée, qui bloque la possibilité d’avancer sur d’autres sujets.

Les organisations syndicales ont mis en demeure mardi le Medef de mettre sur la table une proposition pour enrayer le recours croissant à ces contrats de moins d’un mois, pour la prochaine séance plénière, le 23 mars.

« On a dit qu’on avait entendu le message et qu’on ferait mieux la prochaine fois », a déclaré à la presse le négociateur de l’organisation patronale, Alexandre Saubot. « On est en train de faire le tour des branches et de regarder le sujet de près. »

Cette question a déjà fait capoter les négociations sur une nouvelle convention de l’Unedic en juin 2016.

Aiguillonnés par la proximité de l’élection présidentielle, syndicats et patronat se sont donné six semaines, le 15 février, pour s’accorder sur une nouvelle convention leur permettant de garder la main sur la gestion de l’assurance chômage.

Il leur restera, après le 23 mars, un ultime rendez-vous pour boucler un accord avant la présidentielle.

La CFDT propose de moduler les cotisations selon la durée des contrats et Force ouvrière (FO) un système de bonus-malus.

Mais le Medef, la CPME (ex-CGPME) et l’U2P (ex-UPA) refusent jusqu’ici d’envisager une règle générale, surtout si elle prend la forme d’une augmentation de cotisation patronale, et veulent renvoyer la question à des négociations de branche.

Ces organisations patronales invoquent la grande diversité du phénomène des contrats de très courte durée et le fait qu’il ne touche, selon elles, qu’environ 2% de la masse salariale.

« L’analyse ne peut être autre chose que sectorielle », a maintenu mardi Alexandre Saubot. « La question à laquelle on doit répondre d’ici la prochaine séance est celle des outils, voies et moyens » de corriger ce phénomène « quand s’est possible ».

Parmi les schémas envisagés du côté patronal, il a évoqué la mise en place de groupements d’employeurs dans les secteurs qui recourent massivement à ces contrats pour des remplacements. Une forme de mutualisation donnant aux salariés concernés « plus de stabilité » grâce à des contrats plus longs.

SCÉNARIOS

Les syndicats insistent pour leur part sur la nécessité d’un cadre national et interprofessionnel, même s’il est susceptible d’être ensuite décliné au niveau des branches.

« Le 23, il nous faudra du concret. On ne se contentera pas d’un renvoi vers une négociations de branche, alors que les branches sont en pleine restructuration », a ainsi déclaré le négociateur de la CFTC, Eric Courpotin.

Les organisations syndicales font en outre de la proposition du Medef sur les contrats courts un préalable pour avancer sur les autres sujets délicats en négociation. « Tout est lié à ça », a résumé la négociatrice de la CFDT, Véronique Descacq.

Il reste au demeurant des écarts importants sur les autres sujets clefs, dont le Medef attend au moins un milliard d’euros de réduction du déficit de l’Unedic.

Il s’agit notamment du calcul du salaire journalier de référence (SJR), base des indemnités chômage, de l’âge d’entrée dans la filière senior (fixé aujourd’hui à 50 ans) et du relèvement du plafond de l’assiette des cotisations.

L’impact des scénarios proposés pour le calcul du SJR en matière de diminution des dépenses d’allocations vont de 50 millions d’euros par an en régime de croisière pour celui de FO à 400 millions pour celui de la CFDT et 1,2 milliard pour la proposition patronale, selon le chiffrage de l’Unedic.

Porter le plafond de l’assiette des cotisations à huit fois celui de la Sécurité sociale au lieu de quatre, comme le propose FO, rapporterait 423 à 434 millions de recettes supplémentaires.

Quant aux réductions de dépenses d’indemnisation des seniors, elles vont de 150 millions d’euros dans le scénario proposé par FO à 660 millions dans celui du Medef, en passant par 440 millions pour la CFDT et 330 millions pour la CFTC.

La précédente session de négociation, le 7 mars, s’était déroulée dans un climat sensiblement plus optimiste.

« On a cru voir arriver le printemps mais on est encore en hiver », a souligné le négociateur de FO, Michel Beaugas.

Emmanuel Jarry

 

::: ENTREPRISES

LA TRIBUNE – 15/03/2017

Air France : une partie des hôtesses et stewards valide le nouvel accord collectif

 

Les adhérents de l’UNAC, l’un des trois syndicats représentatifs des PNC d’Air France ont voté en faveur du nouvel accord collectif proposé par la direction. Ce syndicat devrait signer cet accord ouvert à signature aujourd’hui. Sans le vote de l’un des deux autres syndicats représentatifs, le texte ne sera pas validé.

Consultés par référendum, les hôtesses et stewards de l’UNAC, l’un des trois syndicats représentatifs de cette catégorie de personnels à Air France se sont prononcés favorablement pour l’accord collectif ouvert à signature jusqu’au 15 mars par la direction. L’UNAC qui avait le seul à négocier cet accord après la décision vers le 20 février des deux autres syndicats, le SNPNC et l’UNSA, de quitter la table des négociations, devrait donc signer le texte ce mercredi. Le SNPNC et l’UNSA, ne le signeront pas. Ils ont au contraire lancé un préavis de grève du 18 au 20 mars.

La signature de l’UNAC ne sera pas suffisante pour valider l’accord si au moins un des deux syndicats réfractaires ne change son fusil d’épaule. S’ils maintiennent leur opposition, la direction pourra mettre en place de manière unilatérale ses mesures qui seront moins-disantes par rapport à celles prévues dans l’accord. Autre possibilité. Que l’UNAC, confortée par sa consultation interne, lance un référendum à l’ensemble des PNC d’Air France.

Ce qu’il y a dans l’accord

Qu’y-a-t-il dans l’accord proposé ? La direction a indiqué que les congés annuels et compositions d’équipage resteraient les mêmes, ainsi que le calcul de rémunération et les évolutions de carrières (sauf pour les futurs embauchés dont l’évolution serait ralentie pendant trois ans).

Les congés annuels et les compositions d’équipage ne bougent pas. Le calcul de la rémunération non plus. Ni même les évolutions de carrière, à l’exception des nouvelles embauches pour que ces dernières ne soient pas avantagées (qu’elles ne réalisent pas leur carrière en 25 ans alors que les PNC déjà en place la feront en 28 ans à cause des mesures de blocage du plan Transform 2015). En revanche, il est prévu de raccourcir les temps de rotation de 48H à 24H sur plusieurs escales (aujourd’hui, les PNC restent plus longtemps en escale que les pilotes) et de modifier le dispositif de « réserve » des personnels.

Le texte inclut aussi des accords de principe sur certains points dont le détail devra être négocié ultérieurement, comme la création d’un secteur moyen et long-courrier où les PNC nouvellement embauchés volontaires, pourront à la fois travailler sur les deux types de vol (aujourd’hui, ils sont soit sur l’un soit sur l’autre). Au total, le gain pour Air France est de 0,5% par an (sur 1 milliard de masse salariale PNC) sur 4 ans. L’Objectif est en fait de porter sur la nouvelle compagnie à coûts réduits que projette Air France (projet Boost) les économies du poste PNC. Si cette nouvelle compagnie est lancée, ses PNC seraient embauchés à des conditions de travail et de rémunération inférieures de 35 à 40% à celles d’Air France.

La direction a également ouvert à signature un projet (à durée indéterminée) précisant les garde-fous concernant le projet Boost (limitation à 28 avions, pas de transfert des PNC d »Air France vers cette nouvelle compagnie, mais des passerelles de Boost à Air France).

Fabrice Gliszczynski  

 

 

LE FIGARO – 15/03/2017

Nouvelle réunion entre les VTC et Uber pour relever les grilles tarifaires

Les principales associations de défense des chauffeurs VTC se réunissent ce mercredi avec le géant américain Uber. La discussion doit porter sur les tarifs pratiqués par l’application, jugés insuffisants par les chauffeurs.

Une nouvelle bataille se prépare dans la guerre qui oppose les chauffeurs VTC et Uber, la principale plateforme de réservation en ligne. Les grands syndicats des professionnels VTC rencontrent ce mercredi les représentants Uber, en présence de Bernard Maurin, émissaire du ministère des Transports. Vendredi dernier, une intersyndicale (CFDT, Capa-VTC, Actif-VTC, UDCF) a fait parvenir au géant américain un courrier de revendications tarifaires et opérationnelles, pour améliorer la situation des chauffeurs, grandement dégradée par l’agressivité commerciale d’Uber dans le développement de son réseau en France. Les dernières tentatives de négociation avaient échoué.

Pour l’intersyndicale, il faut relever l’ensemble des tarifs

Pour l’intersyndicale, chaque composant du prix de trajet doit être relevé, pour permettre aux conducteurs de faire face à leurs frais. Ainsi, la première demande concerne la commission que charge Uber, qui avait été relevée de 20 à 25%, et sur laquelle les représentants veulent revenir. Les syndicats demandent également un relèvement du minimum de course, de la prise en charge, du prix au kilomètre et à la minute. Ils souhaitent par ailleurs la mise en place d’un temps d’attente facturé, lorsque le client tarde à monter dans le véhicule.

Les défenseurs des chauffeurs pointent également du doigt l’offre de service Uberpool, qui profite largement à la plateforme américaine mais pénalise les chauffeurs. Cette forme de prise en charge permet à plusieurs clients de monter dans le même véhicule et de partager le trajet, ce qui implique de nombreuses montées et descentes de passagers. Outre un manque à gagner en termes de chiffre d’affaires, du fait des distances plus courtes, la situation est devenue intolérable pour les VTC: les clients sont de plus en plus nombreux à menacer de poster des avis négatifs sur les chauffeurs qui acceptent d’autres clients. Pour résoudre ce casse-tête, les syndicats demandent à réserver Uberpool à la tranche de nuit (21h-5h). D’après eux, Uber devrait également prendre en charge la TVA sur ces trajets, et mettre en place une commission supplémentaire et une tarification plus élevée.

«Cette réunion est celle de la concrétisation, après de grandes avancées de principe depuis décembre», affirme Fabien Tosolini de la CFDT Transports, qui voit par ailleurs dans la présence d’un représentant du gouvernement «un atout pour la sérénité des débats», et espère qu’Uber prendra en compte les revendications «réalistes» de l’intersyndicale.

Les chauffeurs Uber, des salariés comme les autres?

En février dernier, Uber avait admis les difficultés rencontrées par certains chauffeurs, et proposé «un dispositif financier, technique et humain» pour résoudre les problèmes de rentabilité. Outre un soutien au chiffre d’affaires, l’entreprise veut former les chauffeurs à «mieux gérer leur activité», et les aider à réduire leurs coûts (véhicule, assurance, comptabilité…).

Cette volonté d’assistance a ses limites, et Uber souhaite à tout prix éviter que la justice ne requalifie les chauffeurs en salariés de l’entreprise. Joint par le Figaro, Sayah Baaroun du syndicat UNSA transport voit dans cette démarche une prise en otage du marché VTC: «Uber n’est pas un décideur mais une simple plateforme de mise en relation», qui n’a absolument pas à imposer sa stratégie: «on ne peut accepter qu’Uber décide des tarifs pour les chauffeurs. Leur économie de péage est devenue une économie de brigandage». Le syndicat fait cavalier seul et propose un minimum de rentabilité calculé à partir des coûts réels constatés par les chauffeurs VTC. Il appelle de plus à une manifestation place de la République après la réunion, rassemblant toutes les professions «ubérisées»: chauffeurs mais aussi coursiers à vélo, autres victimes récentes des plateformes d’intermédiation.

Luc Antoine Lenoir

 

 

LE PARISIEN – 15/03/2017

Alerte aux coupures d’électricité et de gaz pour impayés

 

Le 31 mars marquera la fin de la trêve hivernale des expulsions locatives mais aussi la reprise des coupures d’électricité ou de gaz pour impayés.

En 2016, 604 000 foyers ont subi des coupures pour impayés. Une hausse globale de 5 % et de 25 % rien que pour le gaz.

Le 31 mars sera, pour beaucoup, à marquer d’une pierre noire. Le jour correspond à la fin de la trêve hivernale des expulsions locatives mais aussi à la reprise des coupures d’électricité ou de gaz pour impayés. Or, «après un hiver plus rigoureux que le précédent, je m’attends à une forte reprise des interruptions de fourniture», souligne Jean Gaubert, le Médiateur national de l’énergie. Instaurée en 2013, cette trêve hivernale évite aux usagers de se retrouver dans le noir ou sans chauffage entre le 1er novembre et le 31 mars. Durant ces cinq mois, les fournisseurs (EDF, Engie, Direct Energie…) n’ont le droit qu’à des réductions de puissance, sauf pour les trois millions de bénéficiaires des tarifs sociaux de l’énergie.

Des aides pour les foyers en difficulté

Dès le 1er avril, une vague de coupures pour impayés risque donc de déferler. Car le nombre de familles qui peinent à régler leurs factures est considérable. L’an dernier, près de 604 000 coupures ont été mises en œuvre à la demande des fournisseurs. Soit plus de 2 850 par jour dans toute la France ! Globalement, le chiffre est en hausse de 5 % par rapport à 2015, et de 25 % rien que pour le gaz.

«Certains fournisseurs ont appliqué une politique plus systématique de coupures, d’autres ont peut-être anticipé le fait que, depuis le 17 août 2016, on ne peut plus réclamer plus de quatorze mois d’arriérés de paiement au lieu de deux ans», observe Jean Gaubert.

«Nous conseillons aux consommateurs en difficulté de s’adresser à leur fournisseur pour obtenir un échelonnement de leur dette ou de faire appel aux services sociaux pour les aider», dit-il.

Un service gratuit de règlement des litiges

En cas de contestation, les clients peuvent aussi faire appel au Médiateur, qui a mis en ligne un service gratuit de règlement des litiges*. Au-delà, «je propose de contraindre les propriétaires de logements mal isolés à faire les travaux nécessaires sous peine d’être obligés de payer une partie de la facture», insiste le Médiateur.

Autre revendication, «il faut revaloriser le montant du chèque énergie». S’adressant aux cinq à six millions de foyers en situation de précarité énergétique — ceux qui consacrent plus de 10 % de leur budget aux dépenses d’énergie dans leur logement —, ce dispositif, destiné à remplacer les actuels tarifs sociaux, doit être généralisé au 1er janvier 2018. Il apportera aux ménages à faibles revenus une aide moyenne de 150 € par an. Largement insuffisant pour le Médiateur de l’énergie, qui souhaite que ce montant soit porté à 250 € par an. Mais «je suis moins ambitieux que la Fondation Abbé Pierre, note Jean Gaubert, qui veut, elle, tripler le montant du chèque énergie».

LE CHIFFRE : 10 %

C’est le pourcentage du budget consacré aux factures d’ électricité et de gaz par les ménages en situation de précarité énergétique.

* Solution en ligne aux litiges d’énergie : www.sollen.fr.

 

Erwan Benezet et Marc Lomazzi

 

 

LE FIGARO – 15/03/2017

EDF fait le plein de soleil et de vent

Le groupe, qui met en service un parc éolien en Ardèche, accélère dans les énergies renouvelables.

Le virage d’EDF dans les énergies renouvelables est en train de s’accélérer. Mardi, une étape importante a été franchie avec la mise en service du parc éolien de Montagne-Ardéchoise (Ardèche). Sa capacité installée –  66,5 mégawatts (MW) avec 26  turbines – en fait la plus puissante installation dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. Elle produira pendant 25 ans l’équivalent de la consommation annuelle en électricité de 72.000 habitants, soit plus de 20 % de la population ardéchoise, souligne-t-on chez EDF Énergies Nouvelles (EDF EN), la filiale du groupe pour les énergies vertes. L’investissement s’élève à quelque 100 millions d’euros. Sur un trimestre, l’entreprise a raccordé presque autant de mégawatts qu’en 2016 – avec deux nouveaux parcs dans l’Hérault et les Pyrénées-Orientales.

EDF EN se développe aussi dans l’énergie solaire. À la fin de la semaine dernière, l’industriel a remporté deux projets de centrales au sol – pour une capacité de 15 MW – dans le cadre de l’appel d’offres organisé par la Commission de régulation de l’énergie (CRE). Actuellement, son parc photovoltaïque atteint 209 MW. Surtout, EDF EN, qui a construit 10 % des installations solaires en activité dans l’Hexagone, se relance complètement sur ce segment. «Au début des années 2010, nous avions décidé de réduire la voilure et revendu ainsi une partie de notre portefeuille ; aujourd’hui, nous recréons une dynamique, commente Nicolas Couderc, directeur France et énergies réparties. L’objectif est de redevenir un acteur majeur du solaire dans le sillage d’une technologie qui progresse à grands pas.»

Cap 2030

Toutes ces initiatives s’inscrivent dans le plan stratégique Cap 2030, présenté à l’automne 2015 et qui prévoit de doubler la capacité renouvelable d’EDF – de 28 à 50 gigawatts (GW). «Pour ce faire, nous allons mettre en service de 5 à 6 GW en France au cours des quinze prochaines années, soit un rythme annuel de 150 à 200 MW, précise Nicolas Couderc. C’est l’occasion de rappeler que le territoire national est le premier pays en termes d’activités et d’emplois pour EDF EN, avec une part de près de 15 %.» L’enveloppe globale des projets se partagera de manière équitable entre les énergies marines – avec l’éolien en mer comme tête de pont – et les énergies terrestres (éolien et solaire). Nicolas Couderc se félicite des avancées administratives concernant le développement du renouvelable en France, «dans le sens d’une simplification des procédures et d’un dialogue plus constructif entre les différents acteurs».

Enfin, la montée en puissance d’EDF EN se vérifie également dans le succès de ses offres en autoconsommation. Celles-ci permettent aux clients – entreprises comme particuliers – de consommer eux-mêmes l’énergie produite par les panneaux solaires installés sur leur toit par EDF EN. L’activité est en plein essor.

Moins de renouvelable pour RWE

RWE réfléchit à céder une partie d’Innogy, sa filiale dans les énergies renouvelables. Mardi, l’électricien allemand a indiqué que cette option stratégique est désormais sur la table, le conseil d’administration l’ayant autorisé à ramener sa part à 51 %, contre 76,8 % actuellement. Selon Bloomberg, Engie (ex-GDF Suez) pourrait être intéressé. Interrogé, le groupe français n’a fait aucun commentaire.

«Les conditions semblent un peu difficiles, souligne un spécialiste du secteur. Non seulement Innogy coûte cher – avec une capitalisation proche de 20 milliards d’euros – mais l’intérêt se justifie d’abord et avant tout en devenant actionnaire majoritaire.» Ces rumeurs ont, en tout cas, contribué à faire bondir le cours de RWE, qui prenait près de 7 % mardi après-midi à la Bourse de Francfort.

Frédéric de Monicault

 

::: SOCIAL

LES ECHOS – 15/03/2017

L’interdiction du voile islamique en entreprise validée par les juges européens

 

Au sein de l’entreprise Webhelp, à Saint-Avold (Moselle).

Malgré les deux arrêts rendus mardi, les juges européens n’ont pas tranché la question de la validité de l’interdiction des signes religieux pour  éviter les tensions internes entre salariés.

La Cour de justice de l’Union européenne a validé mardi la disposition de la loi travail, qui autorise en France les entreprises à prohiber les signes religieux dans leur règlement intérieur.
Mais cette interdiction doit être justifiée par un objectif légitime, comme la neutralité vis-à-vis des clients.

Ce sont deux arrêts très attendus qu’a rendus mardi la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE). Ils concernent le port de signes religieux au travail. Le sujet a été porté sur la place publique en France avec l’affaire Babilou : le licenciement d’une des salariées de cette crèche privée ayant décidé de porter un foulard islamique. Ce licenciement, qui avait fini par être validé par la justice hexagonale, avait donné lieu à une réforme législative étendant aux structures privées d’accueil de petite enfance l’obligation de neutralité appliqué aux services publics. Mais quid des entreprises privées ?

C’est sur ce sujet que se sont penchés les juges européens, et leur décision a une portée majeure. Saisis par la justice belge du licenciement d’une réceptionniste qui refusait d’enlever son voile, ils ont en effet ouvert une porte aux entreprises sur le sujet en s’appuyant sur la liberté d’entreprendre. L’arrêt reconnaît à l’entreprise qui veut «  afficher une image de neutralité vis-à-vis de ses clients » de pouvoir édicter une règle interne d’interdiction des signes religieux, mais aussi politiques et philosophiques.

Les juges européens jugent en effet l’objectif « légitime » et les moyens de le réaliser « proportionnés ». Ils considèrent donc que, dans ce cas, il est possible d’instaurer une différence de traitement « indirectement fondée sur la religion ou sur les convictions ».

Cette décision valide de fait une disposition introduite par la loi El Khomri dans le Code du travail qui autorise les entreprises à «  insérer dans le règlement intérieur une clause relative au principe de neutralité et imposer aux salariés une restriction de la manifestation de leurs convictions, notamment politiques et religieuses, à condition qu’elle soit justifiée par l’exercice d’autres libertés et droits fondamentaux ou par les nécessités du bon fonctionnement de l’entreprise et qu’elle soit proportionnée au but recherché. »

Mais l’entreprise ne peut pas tout s’autoriser, avertissent les juges européens sur la seconde affaire – française – sur laquelle ils se sont prononcés. En l’espèce, aucune règle générale n’avait été édictée. L’entreprise avait licencié une de ses salariées refusant d’enlever son foulard à la suite d’une plainte d’un client auquel elle avait été assignée par son employeur. La décision des juges européens est sévère : les « considérations subjectives » du client ne sauraient constituer une « exigence professionnelle essentielle et déterminante », avertissent-ils, pointant une discrimination.

Des points à préciser

Attention, a donc tweeté l’Observatoire de la laïcité, « la Cour de justice européenne ne dit pas que l’interdiction du voile est toujours possible ». Elle ne s’est en effet pas prononcée dans l’absolu sur la question des signes religieux. Elle ne tranche en particulier pas une question majeure : celle de la validité de l’interdiction des signes religieux pour  éviter les tensions internes entre salariés. Une entreprise qui se lancerait dans une telle aventure prendrait un gros risque juridique. Les arrêts de la Cour européenne ne ferment en tout cas pas un dossier particulièrement sensible. Et qui devrait donner lieu encore à une abondante jurisprudence, tant il reste de points à préciser.

Leïla de Comarmond

 

 

LE FIGARO – 15/03/2017

Discrimination à l’emploi : Accor et Courtepaille épinglés

Mardi, à l’issue d’une conférence sur les discriminations dans l’accès à l’emploi liées à l’origine, Myriam El Khom­ri a pointé du doigt le groupe hôtelier Accor et la chaîne de restaurants Courtepaille.

C’est une petite bombe qu’a lâchée mardi soir Myriam El Khomri, à l’issue d’une conférence sur les discriminations dans l’accès à l’emploi liées à l’origine. Selon la technique anglo-saxonne du «Name and Shame», la ministre du Travail a pointé du doigt deux entreprises mauvaises élèves en termes de discrimination à l’embauche, à savoir le groupe hôtelier Accor et la chaîne de restaurants Courtepaille.

«La situation de ces deux entreprises est particulièrement préoccupante. D’une part, parce que le testing a clairement conclu à un risque élevé de discriminations. D’autre part, parce qu’elles ne sont pas parvenues, malgré de multiples relances, à produire un plan d’action satisfaisant pour remédier à leur situation», a commenté la ministre, qui s’apprête à porter les deux cas devant le Défenseur des droits.

La diffusion de ces noms vient de loin. Elle est issue de la campagne de testing, envoi de faux CV, menée par le ministère entre avril et septembre 2016, auprès de quarante entreprises de plus de 1.000 salariés mais aussi de recruteurs dans la fonction publique. Le but de ces testings était de mesurer si, à compétences égales, un changement de patronyme induisait des réponses différentes des employeurs. Sur les quarante entreprises testées, douze ont révélé des écarts de traitement entre candidatures très significatifs, toujours au détriment des candidatures maghrébines.

Les entreprises ont été reçues par le ministère et priées de présenter des plans d’actions correctrices destinés à améliorer leurs pratiques de recrutement. Le ministère avait mandaté un cabinet d’audit, Vigeo Eiris, pour analyser les plans d’actions des entreprises recalées. Seuls Accor et Courtepaille n’ont donc pas réussi à démontrer l’efficacité de leurs procédures pour assurer l’égalité de traitement dans toutes les étapes du processus de recrutement.

Des testings annuels

«On a été dans une démarche de dialogue et d’accompagnement. Les entreprises ont reçu de multiples relances», a commenté l’entourage de la ministre du Travail, étonné du peu de répondant des deux groupes. Du côté de Courtepaille, on se déclare aussi «surpris d’être cité par le ministère, ce que nous avons appris le matin même de l’annonce. Le testing s’était pourtant bien passé. Des risques avaient été identifiés sur les restaurants mais deux plans d’actions ont été envoyés en début d’année, sans aucun retour du ministère», a précisé une représentante de l’entreprise. Accor n’a pas souhaité mardi soir réagir à la décision.

La ministre souhaite que cette opération de testing soit renouvelée chaque année. Un prochain exercice est prévu en septembre. Les discriminations à l’embauche, bien que lourdement condamnées par la loi, restent prégnantes en France. Dans une étude de fin 2014, l’Institut Montaigne a démontré qu’à diplômes égaux un candidat présumé catholique ou juif a besoin d’envoyer trois à quatre fois moins de CV qu’un candidat présumé musulman pour recevoir une proposition d’entretien.

Anne de Guigné

 

 

LES ECHOS – 15/03/2017

Signes religieux au travail, un phénomène en hausse

La publication en janvier d’un guide gouvernemental est une des indications de la montée de la question du fait religieux en entreprise.

« Un ou plusieurs salariés de la même religion demandent à organiser une fête religieuse au sein de l’entreprise. Dois-je/Puis-je refuser ? » « En raison de ses convictions religieuses, un(e) salarié(e) refuse d’exécuter certaines tâches de son travail ou de travailler à certains moments. Puis-je le/la sanctionner ? » Au début de cette année, le ministère du Travail a publié un « Guide du fait religieux en entreprise » qui se veut avant tout très pratique. Après les arrêtés, mardi, de la Cour de justice européenne, il va devoir l’enrichir sur la question de la neutralité vis-à-vis des clients.

Ce guide est né « d’une demande croissante » des organisations syndicales, patronales et des DRH, qui avaient « l’impression qu’ils ne disposaient pas des outils leur permettant de répondre à des cas concrets », a-t-on expliqué au ministère du Travail lors de sa présentation. Longtemps concentrée dans la sphère publique, avec les polémiques sur le voile à l’école et dans les services publics, la question des signes religieux s’est déplacée dans la sphère économique.

La comparaison des éditions 2015 et 2016 du sondage réalisé pour l’institut Randstad et l’Observatoire du fait religieux en entreprise (Ofre) montre que le sujet progresse : 50 % des salariés interrogés avaient noté plusieurs manifestations du fait religieux en 2015, ils étaient deux tiers en 2016. « Seuls 9 % des cas relèvent d’un comportement transgressif », insistait à l’automne 2016 Lionel Honoré, professeur des universités et directeur de l’Ofre, commentant le sondage qui ne donnait pas d’indication, en revanche, sur la progression éventuelle de l’islamophobie dans l’entreprise.

« Permis de discriminer » ?

Signe que le sujet préoccupe les employeurs, l’Institut Montaigne a organisé il y a quelques mois un colloque sur la question du fait religieux en entreprise. Mais du côté patronal, on relativise le problème. « Dans la très grande majorité des entreprises, ces cas se règlent à l’intérieur de l’entreprise. C’est un problème de management et de règlement intérieur. Il faut le régler au cas par cas », a affirmé mardi le président du Medef, Pierre Gattaz.

Mais, alertent les avocats de salariés, en autorisant les entreprises à intégrer le principe de neutralité religieuse dans leur règlement intérieur, la loi El Khomri, confortée par la Cour de justice de l’UE, pourrait changer la donne. C’est aussi ce que craint le Collectif contre l’islamophobie en France, qui estime qu’elle pourrait « donner un permis de discriminer aux entreprises les moins bienveillantes ». Ce qui est en tout cas probable, c’est que l’on assiste à une multiplication du contentieux sur le fait religieux en entreprise.

Leïla de Comarmond

 

::: POLITIQUE

LE FIGARO – 15/03/2017

Présidentielle: les CCI auditent les projets des candidats

Les représentants de Macron, Fillon, Le Pen et Hamon ont défendu leur vision de l’entrepreneuriat.

Les candidats et leurs proches commencent à être rompus à l’exercice: se montrer le plus convaincant devant un parterre choisi. Ce mardi, les représentants d’Emmanuel Macron, François Fillon, Marine Le Pen et Benoît Hamon sont venus défendre leur vision de l’apprentissage et de l’entrepreneuriat devant des chefs d’entreprise des Chambres de commerce et d’industrie (CCI).

C’est Anne-Marie Idrac, l’ancienne patronne de la SNCF et ministre du Commerce extérieur de Jacques Chirac, ayant rejoint En marche! en janvier, qui a ouvert le bal, en lançant que «notre candidat est celui du travail» et celui de la «sim-pli-fi-ca-tion». Ce dernier mot a fait office de fil rouge dans son discours. La transformation du CICE en baisse de cotisations pérennes, la simplification des instances représentatives du personnel, la suppression du régime social des indépendants (RSI), le remplacement de l’ISF par un impôt sur la fortune immobilière, le renforcement «primordial» de l’apprentissage… Ces propositions du candidat Macron permettront de «retrouver l’esprit de conquête, votre esprit», a-t-elle lancé avant de conclure, sans provoquer d’enthousiasme dans la salle, que «vous et nous avons les mêmes sujets de préoccupations!».

C’est un autre ex-ministre, de Nicolas Sarkozy, qui lui a succédé: Hervé Novelli, pour François Fillon. «Les entreprises françaises souffrent des handicaps qui les empêchent d’être à armes égales dans la compétition internationale. Et c’est souvent la faute des pouvoirs publics», a-t-il dit en préambule d’une présentation teintée d’humour. Pour favoriser leur environnement, le candidat LR propose notamment une baisse massive de 25 milliards d’euros de prélèvements pour les entreprises, à laquelle s’ajoute la transformation du CICE en baisse de charges.

Tout pour l’apprentissage

Le dispositif ISF-PME – qui encourage l’investissement dans l’économie – trouvera son équivalent via une déduction sur l’impôt sur le revenu après la suppression de l’ISF. Fillon veut, en outre, faire de l’apprentissage «une voie noble» d’accès à l’emploi des jeunes, en consacrant davantage de moyens par redéploiement des fonds des contrats d’avenir et de génération (1,2 milliard par an).

Place ensuite à Nicolas Bay, secrétaire général du FN. La salle s’agite un peu, permettant à quelques patrons de s’éclipser. «Les réformes que préconise Marine Le Pen sont radicalement différentes de celles que voudrait M. Gattaz!, lance-t-il en introduction, pour camper l’ambiance. Chez nous, la priorité va aux TPE et aux PME, contrairement à ce que proposent nos concurrents.» Et de revenir sur les principales propositions: protectionnisme, retour à une monnaie nationale, mais aussi allégement de la complexité pour les entreprises, abaissement des charges sociales, refonte du RSI, recentrage du crédit impôt recherche vers les PME, dispositif premier emploi, développement de l’alternance, etc. La salle est un peu perdue par la vitesse du débit du n° 3 du FN mais se montre sensible au fait qu’il ait abordé, point par point, les 9 propositions faites aux candidats par les CCI à l’occasion de ce débat…

Non prévu quelques heures avant de monter sur l’estrade, le représentant de Benoît Hamon, Jean-Patrick Gille, a cherché à jouer l’empathie. «Je suis une sorte de bonus, après deux heures et demie que vous vous tapez la droite!», débute le député PS. Rires… Avant de débuter son intervention par le revenu universel «qui permet à chacun, surtout les entrepreneurs qui prennent des risques, de bénéficier d’une protection». Puis de réveiller son auditoire en mettant «quiconque au défi d’expliquer dans les trente secondes comment fonctionne la taxe d’apprentissage!». Et enfin de conclure avec humour, après une question sur la baisse des crédits aux CCI votée par la majorité: «On aurait dû s’arrêter avant les questions…»

Marie Visot

 

 

LE MONDE – 15/03/2017

Présidentielle : Valls lâche Hamon sans pour autant rallier Macron

L’ex-premier ministre ne parrainera pas le candidat PS, mais n’a pas annoncé son soutien au leader d’En marche ! Il veut se préparer à participer à une future majorité présidentielle.

Les mots ont fusé, tranchants. A quarante jours du premier tour de l’élection présidentielle, Manuel Valls réunissait, mardi 14 mars au soir, ses soutiens dans la salle Colbert de l’Assemblée nationale, pleine à craquer, afin de préciser sa position. Alors qu’il s’était engagé à soutenir le vainqueur de la primaire à gauche, en janvier, l’ancien premier ministre a confirmé devant ses amis – dont une petite centaine de parlementaires – qu’il ne donnerait pas son parrainage à Benoît Hamon. Il a jugé que le candidat du Parti socialiste, pourtant largement vainqueur le 29 janvier (avec plus de 58 % des voix), était lancé dans une inquiétante « dérive » empreinte d’« une forme de sectarisme ».

Mais Manuel Valls n’a pas annoncé pour autant son soutien à Emmanuel Macron. « Je ne parrainerai personne et je n’ai aucune leçon de responsabilité ou de loyauté à recevoir », a-t-il insisté, alors que certains de ses proches, dont le sénateur du Val-de-Marne Luc Carvounas, l’appelaient à « mouiller la chemise » pour le candidat du PS, tout en respectant les « règles » de la primaire. « Je ne quitte pas le PS mais donner mon parrainage à Hamon serait incompréhensible pour les Français », a résumé M. Valls, en brandissant sa « sincérité ».

L’ancien chef du gouvernement, qui a noté que la campagne de l’ex-frondeur ne décollait pas, reste en désaccord profond avec M. Hamon sur la dette, la sortie du nucléaire ou l’Europe. Il désapprouve aussi ses orientations stratégiques. « Hamon veut créer un Podemos, corbyniser le parti, mais avec cette ligne-là, il n’y a pas de futur », a expliqué M. Valls, qui a mis en garde contre une rupture avec la gauche de gouvernement.

PS au bord de l’abîme

L’ancien premier ministre, qui a acté une cassure entre ces deux gauches qu’il jugeait jadis « irréconciliables », semble avoir renoncé à peser sur le PS en tant que tel. Un parti que lui et ses amis réformistes voient comme étant au bord de l’abîme, « condamné à un long crépuscule, comme le PCF avant lui », explique le député de la Gironde Gilles Savary.

Désireux d’occuper une place centrale dans la recomposition politique à l’œuvre, M. Valls mise désormais sur le Parlement qui sera un lieu hautement stratégique après les législatives de juin, alors qu’aucun candidat n’est assuré à ce stade d’obtenir une majorité lui permettant de gouverner sans soutiens.

S’il a laissé à chacun la liberté de choisir entre M. Hamon ou M. Macron, le député de l’Essonne a toutefois appelé ses amis à rester groupés dans une « maison des progressistes » dont lui-même serait le gardien et qui aurait vocation, notamment si Emmanuel Macron était élu le 7 mai, à participer à la future majorité, au coup par coup ou sur la base d’un accord.

« Valls propose une issue au peuple des socialistes égarés. Il veut prendre la tête du courant de la gauche réformiste pour créer ensuite un rapport de force avec le futur président », analyse l’un de ses soutiens. « Il faudra tenir le pays, a résumé M. Valls. Si la gauche est incapable d’être responsable, elle sortira de l’Histoire. »

Alors même que M. Macron refuse désormais les ralliements groupés et ne semble guère désireux de voir arriver dans son mouvement les hollandais ou les vallsistes, l’ancien premier ministre n’a pas annoncé le moindre ralliement à En marche ! Il ne devrait pas le faire explicitement avant le premier tour, sauf si la menace d’un second tour Le Pen-Fillon prenait de l’ampleur. « Il n’y a aucun intérêt à aller vers quelque maison d’hôte que ce soit à l’heure actuelle », a confirmé le patron des sénateurs PS et ex-directeur de la campagne de M. Valls à la primaire, Didier Guillaume, alors que M. Macron a assuré qu’il n’avait « pas fondé une maison d’hôte ».

Ses proches divisés

  1. Valls et ses amis se réuniront une nouvelle fois juste avant le premier tour pour affiner leur position. Mais l’ancien premier ministre a d’ores et déjà critiqué le « raidissement » de Benoît Hamon qui a multiplié les attaques à l’encontre de M. Macron, accusé d’être un « marchepied » vers le FN. « Ça rendra les coalitions difficiles après, regrette Gilles Savary. Or, si l’on doit participer à une future majorité, il faut qu’on y soit prêts. Nous ne voulons pas d’une politique du pire ! »

Le même soir, sur le plateau de TF1, Benoît Hamon qui rentrait tout juste d’un déplacement de campagne aux Antilles a contre-attaqué, jugeant que les électeurs de la primaire « se [sentaient] trahis » par la défection de Valls et appelant « les Français de gauche à submerger ces petits calculs ». « En démocratie, le respect de la parole donnée, c’est important (…) Le respect de l’issue du scrutin, c’est important », a-t-il martelé. Avant lui, le président du groupe PS à l’Assemblée, Olivier Faure, avait appelé lui aussi M. Valls à « respecter sa parole donnée » lors de la primaire.

« Les Français qui ont voté à la primaire sont abasourdis de voir que des candidats s’interrogent à respecter leurs engagements », insiste de son côté le député de la Nièvre Christian Paul, proche d’Arnaud Montebourg mais rallié à Benoît Hamon.

Ce sujet divise les proches de M. Valls depuis plusieurs semaines. A l’issue de cette réunion à huis clos, mardi soir, le sénateur Luc Carvounas, soutien de M. Hamon, et le ministre Jean-Marie Le Guen, tenté de rallier M. Macron, se sont vertement invectivés, sous le regard consterné du ministre Jean-Vincent Placé, qui a tenté de calmer le jeu. Dans Le Monde, en début de semaine, le sénateur avait laissé entendre que les ralliés au leader d’En marche ! n’étaient pas « au rendez-vous de l’Histoire ».

Solenn de Royer et Cédric Pietralunga

 

 

L’OPINION – 15/03/2017

François Fillon: la nouvelle épreuve

Candidat à l’Elysée désormais mis en examen, François Fillon n’a pas répondu aux questions des juges. Il poursuit sa campagne. Finis les doutes. L’Opinion raconte l’histoire secrète de ce jour où il a pensé renoncer

Le candidat de la droite a été mis en examen pour détournement de fonds publics et complicité d’abus de biens sociaux dans l’affaire des emplois de sa famille. François Fillon a été entendu avec 24 heures d’avance par les juges. Il a refusé de répondre à leurs questions et lu devant eux une déclaration. Si Marine Le Pen est elle aussi mise en examen, le parquet financier a ouvert une enquête préliminaire pour favoritisme concernant les conditions d’organisation du déplacement ministériel d’Emmanuel Macron en 2016 à Las Vegas.

François Fillon est désormais un candidat à l’Elysée mis en examen. Avec 24 heures d’avance sur la date initialement fixée, l’ex-Premier ministre a répondu à la convocation des juges d’instruction Serge Tournaire, Aude Buresi et Stéphanie Tachaud. Il a refusé de répondre à leurs questions et a lu devant eux une lettre, où il a réaffirmé que l’emploi de son épouse en tant qu’assistante parlementaire et conseillère éditoriale à La Revue des Deux Mondes n’était en rien fictif.

« En définitive, depuis l’origine, la charge de la preuve a été renversée, me mettant dans l’obligation, contrairement à la règle, de démontrer mon innocence, c’est-à-dire l’effectivité du travail de mon épouse, quelles qu’en aient été les formes », a-t-il notamment déclaré dans cette note dévoilée par Le Figaro. Pour justifier son choix de ne pas répondre à leurs questions, il a également indiqué que « le calendrier de cette procédure, en plein cœur de la campagne présidentielle, lui imposait le choix de cette déclaration. »

Course-poursuite. Anticiper, banaliser : ce sont les deux maîtres mots qui ont guidé la stratégie filloniste dans cette nouvelle épreuve. En répondant en avance à la convocation des juges, François Fillon a évité la course-poursuite avec les caméras et pris de court les chaînes d’info continue. Sa convocation terminée, il a ensuite sciemment repris le cours de sa campagne, répondant à une invitation du congrès annuel des chasseurs, comme les autres candidats, signant – enfin – l’accord législatif avec l’UDI. Mercredi, il tiendra un meeting surprise dans le Vaucluse ; jeudi il sera à Caen. « Il faut faire du bruit politique autour du bruit politico-judiciaire », a préconisé son porte-parole Luc Chatel, lors d’une réunion préparant cette séquence.

Dans l’entourage du candidat, on estime qu’elle aura peu d’impact dans l’opinion ; la mise en examen pour détournement de fonds publics et complicité d’abus de biens sociaux étant depuis longtemps annoncé (François Fillon l’a fait lui-même lundi dans Les Echos). Ces derniers jours, de nouvelles révélations (comme celle sur les costumes offerts) sont venues s’ajouter. La mise en examen de son épouse, voire de deux de ses enfants, est aussi probable. Que cela produira-t-il dans l’opinion ? Jusqu’à présent, l’électorat de droite tient. Mais tout rebond pour François Fillon, largement distancé par Emmanuel Macron, a été impossible.

Ludovic Vigogne

 

::: INTERNATIONAL

LES ECHOS – 15/03/2017

Ce projet de taxe américain qui affole les groupes français

 

Illustrant la foi du groupe CMA CGM dans les échanges transatlantiques, le « Benjamin Franklin », le plus grand porte-conteneurs ayant jamais fait escale aux Etats-Unis, était inauguré en février 2016 à Long Beach en Californie.

Les Etats-Unis envisagent une taxe aux frontières de 20 %, qui serait très pénalisante pour les entreprises qui exportent outre-Atlantique.
L’inquiétude est vive dans le luxe, les vins et spiritueux et l’aéronautique.

Taxer les importations pour relancer la production américaine. La réforme fiscale en préparation aux Etats-Unis suscite de grandes inquiétudes chez les entreprises françaises. Luxe, vins et spiritueux, aéronautique, pharmacie… De nombreux secteurs industriels pourraient être affectés par cette « border adjustment tax », si elle est votée par le Congrès.

Le principe consiste à intégrer les importations dans l’assiette de l’impôt sur les sociétés, ce qui reviendrait à les taxer à 20 % et à exonérer les exportations. Une nouvelle forme de fiscalité sur les flux sanctionnant les entreprises qui exportent aux Etats-Unis sans produire localement.

Plus qu’une simple taxe

Cette réforme s’accompagnerait d’un changement des règles d’amortissement pour inciter les sociétés à investir aux Etats-Unis. « C’est beaucoup plus sophistiqué qu’une simple taxe sur les importations. Ce serait un changement radical qui obligerait l’Europe à repenser son propre système fiscal », avertit Geoffroy Roux de Bézieux, vice-président délégué du Medef. Ce ­projet protectionniste s’inscrirait dans une vaste réforme incluant une baisse du taux d’impôt sur les sociétés (IS) et le rapatriement des bénéfices étrangers des sociétés américaines.

 « Ce serait une réforme de grande ampleur, que l’on pourrait comparer à l’invention de la TVA dans les années 1950. D’ailleurs, cette taxe aurait un effet proche de celui de la TVA sur les importations en renchérissant le coût des produits importés, sauf qu’elle introduit une discrimination avec les exportations », explique Guillaume Le Camus, associé du cabinet Baker & McKenzie. Si les Etats-Unis envisagent de telles grandes manoeuvres, c’est que leur système fiscal, ajoute-t-il, est perçu comme à bout de souffle. « La fiscalité américaine repose sur un taux d’IS élevé, d’environ 38 %, et sur une assiette mitée. En outre, le régime d’imposition mondial n’encourage pas la production locale. C’est une des raisons des nombreuses opérations d' »inversion » provoquant des départs de siège à l’étranger lors de fusions-acquisitions. »

Quelle riposte ?

Face à ce projet, les entreprises craignent que la réaction européenne ne soit pas à la hauteur. « Nous sommes face à une montée du protectionnisme en matière fiscale qui n’est, à ce stade, pas appréhendée par les candidats à l’élection présidentielle en France », s’alarme l’Association française des entreprises privées (Afep). François Fillon et Emmanuel Macron proposent pourtant une forte baisse du taux d’IS. « Le principe de cette baisse est une très bonne chose, mais ce n’est pas une réponse suffisante et adéquate », estime l’association, qui représente quelque 80 grands groupes français. Quant à la taxe de 3 % sur les importations proposée par Marine Le Pen, « ce serait un suicide total pour la France, réagit Pierre Gattaz, le patron du Medef. Notre marché est trop petit pour que l’on puisse survivre en se repliant sur nous-mêmes ».

Dans les grandes entreprises, les réactions sont diverses. Les secteurs les plus concernés – luxe, vins et spiritueux – sont entrés dans une phase de lobbying intense, en s’alliant avec des entreprises américaines, comme Walmart, très remontées contre cette taxe. Une réunion avec plusieurs groupes français s’est tenue à Bercy ces derniers jours pour réfléchir à une riposte. La saisine de l’OMC fait débat par crainte d’accélérer la sortie des Etats-Unis de l’organisation. Le ministre des Finances, Michel Sapin, devrait évoquer le sujet avec ses homologues canadien et mexicain, plus concernés encore que la France, lors du sommet du G20 qui débute vendredi à Baden-Baden.

VIDEO – Ce projet de taxe américain qui affole les groupes français : https://www.lesechos.fr/economie-france/budget-fiscalite/0211878243136-ce-projet-de-taxe-americain-qui-affole-les-groupes-francais-2072395.php

Marie Bellan et Ingrid Feuerstein

 

 

L’OPINION – 15/03/2017

Avec les élections aux Pays-Bas, l’Europe confrontée à une nouvelle vague populiste

 

Geert Wilders (à droite) a réussi à imposer un débat sur l’islam au Premier ministre sortant Mark Rutte

L’Union européenne entre dans une zone de turbulences avec les élections générales aux Pays-Bas mercredi, avant-goût de ce qui pourrait se passer dans les mois suivants en France et en Allemagne

Les élections législatives ont lieu ce 15 mars aux Pays-Bas. A la veille du scrutin, le leader de l’extrême-droite néerlandaise était crédité dans un sondage de 16% des voix (24 sièges sur 150), au coude à coude avec le VVD, le parti libéral du premier ministre sortant (18%, 27 élus). Les chrétiens-démocrates conservateurs (CDA) sont donnés troisièmes avec 12,5% des voix.

Confrontée à une forte montée populiste lors des élections européennes, au printemps 2014, l’UE pourrait connaître une nouvelle poussée de fièvre cette année à l’occasion d’une série de scrutins à hauts risques. Les Pays-Bas risquent, en effet, de donner le ton pour la suite des événements, à l’occasion des élections générales qui se déroulent ce mercredi. Suivra la France pour des scrutins présidentiel et législatifs incertains où le Front national est en passe de jouer les premiers rôles. Puis l’Allemagne où Angela Merkel n’est pas assurée de retrouver une majorité au Bundestag cet automne et où l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) va tenter de conforter sa percée.

En trois ans, les causes de la colère ont changé. Elle ne tient plus tant à la situation économique, plus ou moins rétablie dans l’UE, qu’à la forte poussée migratoire et aux attentats terroristes enregistrés dans nombre de pays. Preuve en est, l’économie néerlandaise où tous les clignotants sont au vert. Après une croissance de 2,1 % l’an dernier, les Pays-Bas devraient enregistrer cette année une nouvelle progression de 2,3 % du produit intérieur brut (PIB), selon les spécialistes de Rabobank, le premier établissement financier du pays.

De 6,2 % en 2016, le taux de chômage devrait continuer à décroître à 5,1 %, puis 4,6 % en 2018. Les finances publiques sont assainies avec un excédent budgétaire attendu à 0,5 % du PIB, tandis que la dette devrait être ramenée de 62 % à 60 % du PIB. La confiance des consommateurs et des entreprises est ainsi au plus haut depuis la crise. Ce qui n’empêche pas la coalition au pouvoir, composée du Parti populaire libéral et démocrate (VVD) de Mark Rutte, l’actuel Premier ministre, et des travaillistes du PvdA, de se retrouver en difficulté à la veille du scrutin, face au Parti de la liberté (PVV) de Geert Wilders.

« Malaise grandissant ». La crise diplomatique entre la Turquie et les Pays-Bas, ainsi que les violents incidents à Rotterdam entre manifestants turcs et police néerlandaise après l’annulation d’un meeting organisé par Ankara, ont encore apporté le week-end dernier de l’eau au moulin de celui qui mène campagne contre la menace islamiste. Le leader de l’extrême droite néerlandaise est crédité dans un des derniers sondages de 16 % des voix (24 sièges sur 150) au coude à coude avec le VVD (18 %, 27 élus). Les Chrétiens-démocrates conservateurs (CDA) sont donnés troisième avec 12,5 % des voix.

« En matière d’immigration, la perception est que nous avons accueilli énormément de musulmans ces derniers temps même si les chiffres sont modestes et équivalents à ceux qui ont suivi la guerre du Kosovo (il y a eu 31 000 demandeurs d’asile l’an dernier) », explique un élu du Parti libéral-démocrate (D66). Que sa formation arrive ou non en tête du scrutin, Geert Wilders a d’ores et déjà réussi à imposer les grands thèmes du débat. Au pouvoir depuis plus de six ans, Mark Rutte a été amené à reconnaître le « malaise grandissant » de ses concitoyens à l’égard des étrangers. Et à durcir le ton avec la Turquie.

Schizophrénie. Le leader charismatique du PVV a aussi réussi à donner corps à l’idée d’une sortie de l’Union européenne des Pays-Bas, pourtant signataires du traité de Rome. Qu’importe que 70 % des Néerlandais soient opposés à un « Nexit » et que le système rende quasi-impossible un accord entre la Chambre des députés et le Sénat pour la tenue d’un tel scrutin ! Seuls le Parti socialiste (PS) et celui des plus de 50 ans (50PLUS) se montrent favorables à la tenue d’un référendum, et encore dans le seul but de limiter les pouvoirs de la Commission. Geert Wilders peut se targuer aussi d’avoir poussé Mark Rutte à une attitude schizophrénique qui le fait s’afficher libéral à Bruxelles et critique une fois de retour au pays !

Le paysage politique néerlandais est plus morcelé que jamais. Avec un scrutin à la proportionnelle sur une base nationale, il y avait 17 partis représentés au Parlement depuis 2012. Aujourd’hui, après une sélection parmi les 81 formations enregistrées sur la ligne de départ, 28 sont en lice, allant du Parti des défenseurs des animaux à celui de l’être humain et de l’esprit, en passant par des mouvements issus des communautés marocaine (380 000 personnes) et turque (400 000). Pas de quoi faciliter la formation d’un gouvernement !

S’il n’avait eu besoin « que » de cinquante-quatre jours en 2012 pour trouver une majorité en ralliant le Parti travailliste (PvdA) à son VVD, il en avait fallu 125 à Mark Rutte pour réunir une coalition deux ans auparavant, grâce au soutien passif de Wilders. Au lendemain du 15 mars, cela risque de prendre beaucoup plus de temps à celui qui sera chargé par la reine des Pays-Bas de trouver un accord avec quatre voire cinq partis. Pas du meilleur effet alors que l’Union européenne doit répondre à de nombreux défis internes (Grèce, migrants, terrorisme) et externes (Trump, Poutine). Sans parler des interrogations sur son avenir.

Gilles Sengès

 

 

 

Vous souhaitant une bonne journée.

 

Cordialement,

 

 

Elena NATALITCH

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