Revue de presse du MEDEF IDF du jeudi 12 décembre 2016

 

::: ILE-DE-FRANCE

LE JDD – 11/12/2016

Pic de pollution : Anne Hidalgo répond à Valérie Pécresse

 

Les effets visibles de la pollution atmosphérique à Paris

La maire (PS) de Paris, Anne Hidalgo contre-attaque face à Valérie Pécresse, la présidente (LR) de la Région. Elle réclame par ailleurs « l’interdiction totale du diesel » en France en 2025.

La maire de la capitale, Anne Hidalgo (PS), a dû gérer cette semaine une crise sans précédent après les alertes aux particules fines dans l’air, doublée d’une polémique liée à sa décision de piétonniser une partie des berges de Seine. De quoi raviver la querelle qui l’oppose à la présidente de la Région Île-de-France, Valérie Pécresse (LR), qui estime que cet épisode de pollution « inhabituel à cette date » s’explique par « les conséquences de la fermeture des voies sur berges sur les embouteillages ». Rien n’exaspère davantage Anne Hidalgo : « La concentration de polluants actuelle touche la moitié de la France, rétorque-t-elle. Mme Pécresse pense-t-elle sérieusement que la piétonnisation de 3,3 km d’autoroute urbaine au centre de Paris est responsable du nuage de pollution à Lyon et dans le Grand Est, ou même à Paris? La santé des citoyens vaut mieux que des polémiques politiciennes! »

Fin novembre, la patronne de l’Île-de-France a déposé, avec les présidents de cinq départements franciliens, un recours en justice pour contester cette piétonnisation. Une démarche à laquelle se sont associés 168 maires de la Région. Sur la défensive, l’édile de Paris riposte : « Plutôt que de passer une part considérable de son temps à reprocher à Paris d’agir, Mme Pécresse devrait se décider à agir dans ses domaines de compétence et s’occuper de la régularité des lignes de métro et de RER, mais aussi de leur confort ou encore de leur propreté qui n’est pas satisfaisante. Cela fait déjà un an qu’elle est élue et les seuls actes à son actif en matière de transports sont l’augmentation du prix du passe Navigo et son lobbying en faveur des voitures à énergie fossile. »

« Éradiquer le diesel » en 2020 dans la capitale «Je fais le choix de la science et de la raison»

Il y a « pire » encore à ses yeux. Dimanche, Valérie Pécresse annonçait dans le JDD que « 100% des bus franciliens seront sans diesel en 2029 ». Réponse de la maire de Paris : « La Région reporte la sortie du diesel pour les bus alors que l’exécutif régional précédent avait accepté cette sortie dès 2025. Pourquoi les citoyens de grande couronne devraient-ils attendre 2029 pour avoir un air respirable? Paris ne paiera pas pour ces bus polluants. » Anne Hidalgo rappelle son engagement d' »éradiquer le diesel » en 2020 dans la capitale, et va plus loin : « Je souhaite l’interdiction totale du diesel dans l’Hexagone en 2025 ! »

Afin de montrer qu’elle œuvre « pour la bonne cause, la santé publique », Anne Hidalgo a réuni jeudi à l’Hôtel de Ville de Paris des pneumologues, pédiatres et allergologues. « Ne rien faire, c’est se rendre coupable de non-assistance à personne en danger », martèlent-ils. La maire de Paris a exhorté les automobilistes à « changer leur comportement » pour infléchir la situation. Et d’insister : « Une chose est claire, moins il y aura de voitures, moins il y aura de pollution. Ceux qui prétendent le contraire sont dans l’irrationnel. Je les laisse à leur conte de Noël cauchemardesque. Moi, je fais le choix de la science et de la raison. »

Bertrand Gréco

 

LE PARISIEN – 12/12/2016

Pécresse : «Il n’y a pas d’un côté les Parisiens, de l’autre les banlieusards»

FACE AUX LECTEURS. Lors d’une rencontre avec nos lecteurs, la présidente de la région Ile-de-France évoque l’économie, la circulation et les transports franciliens et affirme qu’elle ira au bout de son mandat.

Elle est arrivée ce vendredi 9 décembre, quatrième jour consécutif de circulation alternée, avec quelques minutes d’avance au « Parisien » à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis)… à quelques encablures du futur siège de la région. Et tout de suite, comme si elle avait pressenti que nous allions vérifier si sa voiture était munie d’une plaque d’immatriculation paire ou impaire, Valérie Pécresse (LR) nous prévient : « Vous voyez, nous sommes trois, on a fait du covoiturage, nous avons donc le droit de rouler ! »

La présidente du Stif (Syndicat des transports d’Ile-de-France) et du conseil régional d’Ile-de-France, intronisée il y a tout juste un an après dix-sept ans de règne socialiste, part aussitôt à la rencontre de nos lecteurs, impatients de la soumettre à la question. Transports, lycées, développement économique, actualité politique, les sujets abordés concernent au plus près les 12 millions de Franciliens.

Les transports, l’environnement

FRANCK NITZEL : Que pensez-vous de la fermeture des voies sur berge à Paris ? Avez-vous le pouvoir d’infléchir cette décision, qui pose de gros problèmes ?

VALÉRIE PÉCRESSE. Nous sommes dans un pic de pollution jamais atteint. L’Etat, les départements, les villes, la région, nous devons tous tirer dans le même sens pour diminuer la pollution. Mais le sujet, c’est la méthode. La mesure a été trop brutale. Les voies sur berge quai bas, ce sont 45 000 véhicules par jour. On ne peut pas fermer une telle voie du jour au lendemain. A partir du moment où on a des millions de personnes dans les transports en commun, qui ne vont pas bien, est-ce crédible de leur demander de lâcher la voiture ? Tous les Franciliens ont une égale dignité, il n’y a pas d’un côté les Parisiens, de l’autre les banlieusards. Il y a ceux qui ont le métro et ceux qui ne l’ont pas.

FRANCK NITZEL : Anne Hidalgo doit-elle faire machine arrière ?

Il faut savoir que c’est une décision conjointe de l’Etat et de la ville, prise sur avis conforme du préfet. Si cette mesure se traduit par davantage de nuisances que de bénéfices, il faut la modifier. Les Franciliens sont vraiment en colère. Entendons-les !

JONATHAN MAGANO : Pour les automobilistes, les transports sont gratuits en cas de circulation alternée. Les titulaires du passe Navigo, eux, ils paient…

Vous avez raison, il y a une vraie insatisfaction de ceux qui paient leur transport et qui disent : « C’est gratuit pour les autres et pas pour nous. » Cette gratuité doit permettre aux Franciliens de lâcher leurs voitures. Ce genre de mesure a un coût très élevé (NDLR : 4 M€ par jour). Si les pics se prolongent comme cela risque de se produire avec le changement climatique, il faut imaginer à la place de la gratuité un forfait pollution ou un tarif réduit les jours pollués.

STÉPHANIE LOISEL : Où en est-on de la proposition de grands parkings relais autour de Paris ?

Il faut des parkings relais en bout de lignes de métro pour que les Franciliens garent leur voiture et prennent le métro. Mais ça ne peut se faire qu’en concertation avec les maires. J’ai aussi proposé à la mairie de Paris d’en créer aux portes de la capitale. Pour l’instant, elle n’en veut pas. J’ai une fin de non-recevoir absolue. La fermeture des voies sur berge est une décision parisienne qui va améliorer le « paysage parisien », ce serait donc normal que Paris, département le plus riche de d’Ile-de-France, accepte des parkings sur son territoire…

JONATHAN MAGANO : Ponctualité, pannes à répétition : vu la qualité des transports, on a vraiment l’impression que les travaux de maintenance sur le réseau ferroviaire sont inutiles.

Il y a une vétusté énorme. La SNCF a fait pendant des années le choix des TGV au détriment du réseau francilien. Or, rien que sur nos RER et nos Transiliens, on a plus de passagers que sur tout le réseau des TER et des TGV ! Il faut absolument redéployer les moyens de la SNCF sur la régénération du réseau de l’Ile-de-France. J’ai poussé un coup de gueule. L’Etat doit tenir ses engagements, être conscient de la gravité de la situation. De son côté, la région a acheté 700 nouvelles rames. En attendant, je ne peux pas promettre la lune : la rénovation des lignes, ça va être beaucoup de tracas pour les voyageurs pendant les dix prochaines années.

JACQUES DROUHIN : La région peut-elle s’inspirer des initiatives locales, notamment pour les transports à la demande ?

Je crois beaucoup aux initiatives locales. Beaucoup de petites sociétés se sont lancées dans le covoiturage. On va mettre ces sociétés sur Vianavigo, le site du Syndicat des transports d’Ile-de-France (Stif) de façon à leur donner une visibilité.

FRANCK NITZEL : Que fait la région pour aider les PME à s’équiper en véhicules électriques ?

On vient de mettre en place un fonds d’aide en remplacement des véhicules utilitaires les plus polluants, ceux d’avant 1997 : 3 000 € pour les véhicules utilitaires légers, 6 000 € pour les camionnettes et 9 000 € pour les poids lourds.

Education, santé, économie

FRÉDÉRIC SEITZ : Rénover les lycées est devenu une urgence. Comment comptez-vous accélérer les choses ?

Nous avons près de 500 lycées publics en Ile-de-France. Un audit montre que 30 d’entre eux sont dans un état de vétusté absolue, et 300 nécessitent une rénovation. L’ampleur des travaux est colossale. Je vais déclencher un plan Orsec pour les lycées avec la possibilité de faire de gros travaux de rénovation mais aussi des travaux de maintenance d’urgence. Mais cela veut dire qu’il va falloir réaliser des économies ailleurs. Nous devrons construire des établissements neufs pour accueillir 17 000 lycéens en plus dans les années qui viennent, les enfants du « baby-boom » des années 2000. Aujourd’hui, on met huit ans pour réaliser un nouveau lycée. Ce n’est pas acceptable.

LÉO LEROY : Vous souhaitiez mettre en place des tests salivaires pour lutter contre le cannabis au lycée. C’est une mesure gadget ?

Cette mesure fait partie d’un vaste plan de lutte contre le décrochage scolaire. Notre action antidrogue comprend des lycéens référents, un chargé de prévention, et, si le proviseur le souhaite, la possibilité de pratiquer sur une classe des tests de dépistage pour savoir combien d’élèves sont sous addiction au cannabis. C’est un instrument pour tirer le signal d’alarme. Tout est en place juridiquement… mais le préfet a demandé que les équipes éducatives ne le fassent pas ! On parle de lycées sans tabac et on passe sous silence le problème du cannabis. On est dans le déni. Permettez-moi de vous dire que je sais personnellement que ça existe, moi, j’en parle et je brise les tabous (NDLR : en septembre son fils de 18 ans a été interpellé en possession de cannabis).

JACQUES DROUHIN : Comment inciter les employeurs à prendre des jeunes en alternance ?

La région a réformé les aides à l’apprentissage. On a dit qu’on allait donner les aides aux employeurs tout de suite, ce qui est plus incitatif. Il y a aussi des règles nationales à changer : si l’apprenti ne donne pas satisfaction, il faut qu’il y ait plus de souplesse pour s’en séparer.

LÉO LEROY : Que comptez-vous faire pour l’insertion des jeunes diplômés en recherche d’emploi ?

On a réussi à préciser la carte des 25 bassins d’emploi pertinents en Ile-de-France. Il faut aller plus loin. J’ai demandé à Pôle emploi de permettre à des start-up de créer des sites de rencontre entre l’offre et la demande d’emploi. Des expérimentations sont en cours. Vous pouvez aussi candidater à des préparations opérationnelles à l’emploi financées par la région qui vous donnent le petit plus de compétences correspondant exactement aux besoins de l’entreprise.

JACQUES DROUHIN : Le Grand Paris vampirise tout. Comment la région compte-t-elle relocaliser l’emploi dans les territoires ruraux ?

On a deux fractures territoriales en Ile-de-France, la fracture avec les quartiers ghettos urbains et des quartiers ruraux. Le rural est aussi un lieu de colère et de ressentiment. Je travaille avec ces deux logiques. La ruralité représente 2 millions de personnes donc 15 % de la population, on fera 15 % d’investissements dans le rural. Cela veut dire plus de transports adaptés, de la formation, des pôles d’activité.

La politique, sa vie privée

STÉPHANIE LOISEL : Vous avez soutenu Alain Juppé à la primaire LR. François Fillon n’est donc pas le bon candidat pour la droite ?

J’ai beaucoup d’estime pour l’homme, c’est un chef d’Etat. Ce n’est pas sur la personne que j’avais des divergences, c’était sur la sensibilité des programmes. Je suis d’origine chiraquienne et un certain nombre de choses devaient être dites. Je suis une femme libre, anticommunautariste, une républicaine farouche. Je me bats aussi beaucoup sur les sujets égalité femme-homme et la laïcité. D’ailleurs, j’ai subi dans cette primaire de la droite une forme de misogynie et de machisme. J’ai été la seule qui n’avait pas le droit de choisir son candidat ! Certaines personnalités masculines politiques de premier plan ont fait leur choix et on l’a respecté…

LÉO LEROY : Dans l’hypothèse d’une victoire d’Alain Juppé, la rumeur vous présentait comme future Première ministre. Si on vous proposait un poste au gouvernement, l’accepteriez-vous ?

Cette rumeur flatteuse est partie d’Alain Juppé qui a évoqué une femme à Matignon. Je n’ai pas l’intention de quitter ma région. Si François Fillon devait me proposer d’entrer au gouvernement, je dirais non. Mais je n’ai rien demandé et on ne m’a rien proposé. En tant que présidente de la région, j’ai lancé un nombre important de chantiers que je dois mener à bien. Je me bats auprès de tous les candidats à la présidentielle pour dire : donnez-nous plus de pouvoir. Décentralisez. Nous, les régions, nous sommes capables d’aller chercher un ou deux points de croissance supplémentaires parce que l’on est plus réactifs, on est plus près du terrain. On a des résultats concrets. Je plaide pour le statut de région métropole et pour qu’on lui donne plus de pouvoir.

STÉPHANIE LOISEL : Comment intéresser les plus jeunes générations à la politique ?

C’est un énorme sujet. Le renouvellement du personnel politique est indispensable, mais ça ne suffit pas. On a bien vu dans la primaire que dire : « On est jeunes, votez pour nous », ça ne marche pas. Les réseaux sociaux vont jouer un rôle énorme, mais je ne sais pas lequel. Le vrai sujet, c’est comment les jeunes lisent les informations sur Internet. Avec eux, tout ce qui est sur Internet est vrai et tout ce qui est dans les journaux, à la télé ou dans la bouche des politiques est faux et questionnable. On est dans une crise de défiance totale. C’est un vrai défi démocratique. Et je n’ai pas la solution aujourd’hui.

STÉPHANIE LOISEL : Dans ma vie de femme, je passe mon temps à courir. Comment parvenez-vous à gérer votre vie privée et votre vie publique ?

J’ai un mari exceptionnel ! Qui partage les tâches avec moi. Et la chance d’avoir une famille qui habite en Ile-de-France. Si ma mère et ma belle-mère n’étaient pas là, ce serait beaucoup plus compliqué. Sans ce réseau d’aides, je n’aurais jamais réussi. On a mis en place une organisation de vie qui fait que, pendant des années, j’ai sacrifié tous mes loisirs, tout ce que j’aimais, à ma passion politique. Etre une femme politique, c’est très acrobatique.

FRÉDÉRIC SEITZ : Quelle est, selon vous, la femme qui pèse le plus en Ile-de-France, Anne Hidalgo ou vous-même ?

Ce n’est pas comme cela qu’il faut le voir. Mais plutôt comment porter ensemble des sujets qui feront que la vie sera meilleure en Ile-de-France. On a des divergences de fond, moi, j’étais pour l’ouverture des magasins le dimanche, elle était contre mais a l’air de vouloir changer d’avis. Objectivement, on veut toutes les deux baisser la pollution, résoudre les problèmes de transport. La différence, c’est que moi je suis obligée de défendre les habitants de la banlieue, et de rappeler en permanence Paris à son devoir de solidarité. Il n’y a pas de citoyens de seconde zone qui habitent du mauvais côté du périphérique. C’est pour cela que j’ai été élue, pour maintenir la cohésion d’un territoire de 12 millions d’habitants. Les Français sont tellement exaspérés par l’impuissance des politiques qu’on doit réussir à surmonter nos divergences.

VIDEO. Valérie Pécresse répond à nos lecteurs : http://www.leparisien.fr/informations/il-n-y-a-pas-d-un-cote-les-parisiens-de-l-autre-les-banlieusards-12-12-2016-6443577.php

Entretien coordonné par Frédéric CHOULET, Frédéric MICHEL et Bertrand SCHNEIDER (avec Pascal VILLEBEUF) avec la collaboration d’Elisabeth KASTLER-LE SCOUR

 

 

::: ECONOMIE

LA TRIBUNE – 10/12/2016

Les relations entre les grands groupes et les PME s’améliorent-elles enfin ?

 

Selon l’Observatoire Pacte PME, la satisfaction en matière de délais de paiement est en augmentation depuis trois années.

 

Selon les résultats 2016 de l’Observatoire de Pacte PME, les relations entre les grands groupes et les PME s’améliorent progressivement.

Les relations entre les entreprises françaises et en particulier entre les grands comptes et les autres s’améliorent-elles ? C’est ce qui semble ressortir des résultats de l’Observatoire de Pacte PME qui depuis 2012 permet aux grands comptes adhérents qui le souhaitent de piloter leur stratégie PME, qu’elle soit orientée sur la relation achat uniquement ou qu’elle s’inscrive dans le cadre d’une relation partenariale globale sur des relations élargies avec les PME.

La tendance générale mesurée par l’Observatoire de Pacte PME pour cette année est à l’amélioration de la relation entre les PME et les grands groupes et ce, à plusieurs niveaux. La part des achats effectués aux PME françaises a légèrement augmenté depuis 2013 pour s’élever à 24%, à 21.9 milliards d’euros pour 90.6 milliards dépensés au total.

Les grands comptes de Pacte PME paient en moyenne leurs fournisseurs à 46.1 jours en 2015 soit en deçà de la limite des 60 jours imposés par la loi.  » Cet indicateur est ensuite croisé avec le ressenti des fournisseurs et le résultat démontre que la satisfaction en matière de délais de paiement est en augmentation depuis trois années « , observe Pacte PME. Le taux de satisfaction s’élevait à 69% en 2014 et à 73% en 2015. Ce taux a fait un bond de 8 points en 2016 pour grimper à 81%.

Des relations fournisseurs qui s’améliorent

Deux indicateurs témoignent de cette amélioration de la situation. Le Baromètre Relation fournisseurs PME/ETI et le Baromètre Développement PME construits sur la base des réponses de 38000 PME et ETI aux questions de Pacte PME.

Selon le Baromètre Relation fournisseurs PME/ETI, qui porte sur les thématiques  » échanges en amont « ,  » relation contractuelle  » et  » qualité de la relation fournisseurs « , 74% des fournisseurs PME et ETI se déclarent satisfaits ou très satisfaits en 2016, soit 7 points de plus qu’en 2015.

Selon le Baromètre Développement PME, axés sur les thèmes des  » achats partenariaux « , du  » soutien au développement des PME « , de  » l’innovation et de la co-innovation « , de  » l’international « , des  » ressources humaines « , du  » financement  » et de  » la transformation digitale « , 51% des PME interrogées se déclarent satisfaites ou très satisfaites en 2016, soit 4 points de plus qu’en 2015 et 6 points de plus qu’en 2014.

Les entreprises souffrent toujours des retards de paiement

Ces indicateurs sont certes encourageants mais ils ne donnent pas une image totalement fidèle de la réalité. Si les grandes entreprises qui adhèrent à l’association Pacte PME ont volontairement décidé d’entretenir des relations constructives avec leurs fournisseurs, tous les grands comptes et globalement toutes les entreprises tricolores ne sont pas toutes sur la même ligne, en témoignent les statistiques régulièrement fournies par la Médiation des entreprises et l’Observatoire des délais de paiement. Selon ce dernier, un quart des 60.000 défaillances d’entreprises – environ – observées chaque année depuis 2009 sont provoquées par des retards de paiement.

Fabien Piliu  

 

 

LE PARISIEN – 12/12/2016

Fausses annonces d’emploi… mais vraies arnaques

 

4 700 offres frauduleuses ont été débusquées en un an par Pôle emploi sur son site Internet.

Malgré les efforts de Pôle emploi, des offres bidon visant à soutirer de l’argent aux chômeurs sont publiées sur son site. Un phénomène qui appelle à la plus grande vigilance.

Faire les pochesdes chômeurs en les attirant avec de fausses offres d’emploi rédigées par de vrais escrocs, l’arnaque existait déjà avec les offres version papier. Mais les méthodes sont de plus en plus sophistiquées et Internet a « démultiplié le phénomène », reconnaît Catherine Roux, responsable de la lutte contre ces annonces frauduleuses chez Pôle emploi. Et aucun site Internet n’est à l’abri des offres frauduleuses qui y sont postées, pas même celui de l’opérateur public, qui reste le premier site d’offres d’emploi via les 86 partenaires avec lesquels il a signé une convention. Malgré la vigilance des services de Pôle emploi, certaines passent malheureusement à travers les mailles du filet.

Des centaines, peut-être des milliers de demandeurs d’emploi — aucun chiffre officiel ne permet de mesurer le phénomène — sont tombés dans le piège. Le phénomène a d’ailleurs pu être facilité par les nouveaux services mis en place sur le Web. En mai 2016, Pôle emploi a en effet fait évoluer son site afin de faciliter la recherche de candidats pour les entreprises. Celles-ci peuvent désormais avoir l’accès direct à la cévéthèque (une bibliothèque de CV) et donc aux adresses mail des candidats. Si les demandeurs d’emploi l’acceptent, les employeurs peuvent même avoir accès à leur numéro de téléphone. Le but étant « de favoriser de nouvelles embauches ». Mais, revers de la médaille, cela facilite aussi la tâche des escrocs…

« C’est un problème et un vrai drame. Mais cela reste marginal, même si cela est inacceptable humainement », se défend Pôle emploi, souvent pointé du doigt. Chaque jour, entre 500 000 et 600 000 nouvelles offres sont ainsi publiées sur le site de l’opérateur public, puis épluchées par des millions de demandeurs d’emploi.

En un an, 4 700 fausses annonces débusquées

Pour les escrocs, le marché de « pigeons » est potentiellement énorme : 27 millions de visites par mois, dont 12 millions consacrées à la recherche d’un travail. « Les fausses offres sont de plus en plus trompeuses. Elles sont parfois très bien présentées. Avant, on les débusquait grâce aux fautes d’orthographe, il y en a moins aujourd’hui, ce qui rend la chasse plus difficile pour les repérer », poursuit Catherine Roux.

En un an, à la suite des contrôles de Pôle emploi, 4 700 offres bidon ont été débusquées et 8 000 comptes de fausses entreprises fermés sur le site. Des algorithmes chargés de pister les offres suspectes sont modifiés au gré de l’évolution des ruses des escrocs. « Mais l’algorithme miracle capable de réduire à zéro les fausses annonces n’existe pas », reconnaît une autre cadre de Pôle emploi.

L’opérateur public a lancé cette année un plan d’action et de sensibilisation auprès de ses 45 000 agents. Mais les mesures de prévention et de « débusquage » n’étant pas infaillibles, les demandeurs d’emploi doivent aussi apprendre à chasser les escrocs… Notamment en gardant toujours en tête ce principe de base : on travaille pour être payé, on ne paye pas pour travailler.

Repérer les fausses offres

Comme toujours sur Internet, la meilleure protection est l’extrême vigilance.

Gare aux offres trop belles

Un emploi ne nécessitant aucune expérience, avec la promesse d’un salaire élevé, doit vous alerter. Les escrocs utilisent aussi souvent les termes « travail à domicile » dans les titres car ils savent que c’est un critère attractif.

Cherchez les fautes dans le SIREN ou les mots-clés de l’annonce

Chaque entreprise a un numéro SIREN d’identification unique; il doit comporter 9 chiffres. L’adresse SIRET d’un employeur, elle, est composée de 14 chiffres : le SIREN plus 5 chiffres supplémentaires.

Refusez les demandes injustifiées

Tout recruteur qui vous demanderait vos données personnelles (numéro de Sécu, RIB, etc.) avant de vous avoir rencontré, doit être considéré comme suspect.

Signalez les offres douteuses

Si une offre vous semble bizarre, trop alléchante, alertez le site de Pôle emploi ou le médiateur de Pôle emploi à l’adresse : mediateur.national @pole-emploi.fr.

Catherine Gasté et Marjorie Lenhardt

 

 

LE FIGARO – 12/12/2016

Retenue à la source : l’épargne retraite dévisse

Par peur de ne pas bénéficier en 2017 de la déduction fiscale liée à leurs cotisations, les fonctionnaires cotisant à Prefon et les Français détenteurs de produits type Perp ou Perco risquent de délaisser ce type de produits.

Vive inquiétude chez les Français qui ont souscrit à titre individuel et facultatif des produits d’épargne retraite, type Perp ou Perco, pour préparer leurs vieux jours. La mise en place du prélèvement à la source à compter de janvier 2018 devrait en effet «zapper» non seulement les revenus ordinaires de l’année 2017 qui ne seront pas imposés, mais également la déduction fiscale liée au versement de cotisation à ces plans d’épargne retraite.

Or c’est pourtant un des grands attraits de ce type de produit: chaque année, les sommes versées sur un Perp ou un Perco, produits mis en place après la réforme Fillon de 2003, sont déductibles des impôts (dans la limite d’un plafond). L’année dernière, quelque 2,6 milliards d’euros collectés en épargne retraite ont permis de financer l’économie et les entreprises.

Lors d’une réunion en fin de semaine dernière à Bercy, réunissant assureurs et responsables de l’administration fiscale, le sujet a été mis sur la table… mais sans qu’une solution ait été trouvée. Pourtant, le gouvernement a maintenu les crédits d’impôt (type dons aux associations, emplois familiaux, etc.) de 2017 qui seront pris en compte en 2018. Mais les déductions passeront quant à elle toujours «à la trappe».

Résultat, alors que les modalités d’exécution du prélèvement à la source sont en cours d’examen au Parlement dans le cadre du projet de loi de finances 2017, l’inquiétude grandit chez les futurs retraités, en particulier… chez les fonctionnaires. Et pour cause, ils sont en effet 900.000 agents à cotiser à des plans d’épargne retraite complémentaires, dont 400.000 à Prefon, la Caisse nationale de prévoyance de la fonction publique, les autres se répartissant entre le Corem (complémentaire retraite mutualiste) et le CGOS-CRH (complémentaire retraite des hospitaliers).

«C’est un très mauvais signal donné à des gens qui font un effort d’épargne en vue de leur retraite», regrette Denis Lefebvre, le président de Prefon. De fait, les gestionnaires craignent que les cotisants stoppent leurs versements en 2017, faute de «carotte fiscale», et ne les reprennent pas ensuite. «On sait très bien que quand les gens arrêtent de verser, ils ont du mal à reprendre», poursuit Denis Lefebvre.

Or il semblerait que le désengagement ait déjà commencé. Les services de Prefon reçoivent déjà un flux de courriers d’adhérents demandant de suspendre leurs prélèvements au 1er janvier prochain. «Ce n’est pas encore un raz de marée, mais c’est très significatif. Nous avons réuni 300 adhérents la semaine dernière et un tiers des questions portaient sur le sujet», confirme Christian Carrega, directeur général de Prefon, qui apporte en moyenne 200 euros de complément de retraite par mois à ses adhérents.

Un petit plus jugé «indispensable» par 80 % des fonctionnaires affilés, qui touchent en moyenne 1400 euros de retraite. Espérant un sursaut, ses responsables ont écrit à tous les parlementaires membres des commissions des finances de l’Assemblée et du Sénat pour les alerter alors que les députés seront à nouveau amenés à débattre du projet de budget pour 2017 vendredi prochain.

Marie-Cécile Renault

 

::: ENTREPRISES

LE FIGARO – 12/12/2016

Le secteur du transport maritime en recomposition

En raison de leur fragilité financière, plusieurs armateurs sont devenus des proies accessibles. Les rachats se multiplient.

Les grandes manœuvres s’accélèrent. Le marché atomisé du transport maritime est pris dans un mouvement de consolidation qui touche tous les continents. Il y a un an, le français CMA CGM, numéro trois mondial, mettait la main sur le singapourien NOL. En juillet, l’allemand Hapag Lloyd avalait l’armateur du golfe UASC, donnant naissance au 5e groupe mondial. Il y a quelques jours, le danois Maersk, leader mondial, s’emparait de son concurrent allemand Hamburg Süd qui occupait jusqu’à présent le 7e  rang mondial. Et ce n’est pas fini.

En raison de leur fragilité financière, plusieurs armateurs sont devenus des proies accessibles. Pour rester dans la course ces dernières années, les acteurs ont dû investir dans des navires plus grands pour charger toujours plus de marchandises et contenir leurs coûts alors que les taux de fret ont plongé. Mais tous ne peuvent débourser 120 à 150 millions de dollars pour acquérir l’un de ces géants des mers.

Les transporteurs maritimes ont contribué à créer des surcapacités. «Au cours des quinze dernières années, la croissance du marché a été multipliée par 4,5 mais la flotte mondiale a été, pendant le même temps, multipliée par 9», souligne Paul Tourret, directeur de l’Institut supérieur d’économie maritime (Isemar). Les armateurs ont commandé des bateaux toujours plus grands: le cap des 20.000 EVP (équivalent vingt pieds) doit être franchi en 2017 par le japonais MOL.

Alliances mondiales

Et la crise de 2008 n’a pas ralenti la frénésie d’achat de nouveaux bateaux. «De nombreux armateurs ont pensé que la croissance resterait aussi forte alors qu’en Europe, la demande s’est ralentie. Les grosses commandes de navires ont été stoppées et les plus anciens ont été détruits», rappelle Paul Tourret. Les bâtiments de 25 ans dans un premier temps, puis ceux de 20 et 15 ans. De nombreux armateurs n’ont pas réussi à se maintenir à flot financièrement. «Il y a dix ans, on comptait une vingtaine de grands acteurs. Aujourd’hui, ils sont moins de dix», pointe le directeur de l’Isemar. Ensemble, les six ou sept premiers représentent 70 % du marché, contre 50 % il y a trois ans.

Avant d’envisager des acquisitions, les armateurs s’étaient d’abord lancés dans la création d’alliances avec des compagnies concurrentes pour optimiser leur flotte. Il y a trois ans, Maersk, MSC et CMA CGM avaient envisagé de donner naissance à «P3», en prenant exemple sur les alliances commerciales des compagnies aériennes. Mais l’initiative avait tourné court faute d’accord avec les autorités chinoises. Malgré le mouvement de consolidation, ces alliances mondiales restent toujours pertinentes. «Si nous voulons mettre en place un service hebdomadaire entre l’Europe et la Chine, par exemple, il nous faudra douze navires puisqu’il faut douze semaines à chacun d’eux pour effectuer une boucle complète, explique une porte-parole de CMA CGM. Créer une alliance permet d’augmenter nos fréquences et de répondre aux besoins de nos plus grands clients mondiaux.»

CMA CGM a ainsi réuni Cosco Container Lines, Evergreen Line et Orient Overseas Container Line (26 % du marché des conteneurs) au sein d’Ocean Alliance qui démarrera en avril 2017. «Nous aurons ainsi la plus grande capacité et la plus grande fréquence», se félicite CMA CGM. En face, TheAlliance, formée autour de Hapag Lloyd et de cinq transporteurs asiatiques (dont le coréen Hanjin était censé faire partie), regroupe 620 navires et 18 % du marché des conteneurs. Une troisième 2M associe les deux géants européens Maersk et MSC.

Ces alliances qui couvrent la planète aident aussi les groupes à faire face aux aléas de la conjoncture sur certaines routes maritimes. Depuis 2011, celle entre l’Asie et l’Europe est la moins dynamique, alors que la transpacifique qui relie les États-Unis et l’Asie est en croissance.

Valérie Collet

 

 

LES ECHOS – 12/12/2016

Eurotunnel va augmenter ses tarifs pour les camions

Le tunnel est devenu indispensable à certaines industries, selon une étude.
La hausse sera aussi un signal sur la solidité de l’activité malgré le Brexit.

Le tunnel sous la Manche a acquis une telle importance dans le transport des marchandises entre le Royaume-Uni et le continent que son exploitant, Eurotunnel, va revoir à la hausse ses tarifs pour le transit des camions. Une mesure destinée à augmenter ses revenus, mais également à rassurer la Bourse sur le faible impact du Brexit sur son activité.

Il y a quelques mois, le groupe a commandé au cabinet de consultant EY une étude sur les retombées économiques générées par le tunnel. Selon ce rapport, dévoilé le mois dernier, les échanges commerciaux circulant sous la Manche représentent 115 milliards d’euros sur un an. Mais l’étude s’est également intéressée à la nature des marchandises transportées par les quelque 1,4 million de poids lourds qui ont emprunté le tunnel en 2014. Et a identifié, parmi les plus gros clients, trois grands secteurs pour qui la fiabilité et la rapidité permises par le tunnel sont indispensables : la messagerie express, les industries fonctionnant en juste-à-temps (comme l’automobile) et le transport de produits frais alimentaires.

Selon EY, par exemple, 60 % des exportations britanniques dans l’agroalimentaire passent par le tunnel. Pour garantir la fraîcheur des produits, «  nous devons être sur le marché le plus tôt et le plus rapidement possible, indique un producteur cité dans le rapport. Et les ferries prennent deux fois plus de temps qu’Eurotunnel pour traverser la Manche ». En clair, ces industriels auraient bien du mal à se passer du lien fixe. Même cas de figure pour les usines automobiles anglaises, qui s’approvisionnent largement sur le continent (40 % des pièces utilisées viennent d’Allemagne), avec des stocks très réduits et un besoin de réapprovisionnement constant. «  Le Brexit n’aura pas d’impact sur ces flux, qui vont continuer à se développer », indique aux « Echos » Jacques Gounon, le PDG d’Eurotunnel. A ce stade, les chiffres de trafic lui donnent raison, le nombre de camions transportés chaque mois volant de record en record.

Surtout, l’étude, en soulignant la dépendance de certaines industries au passage par le tunnel, donne à son exploitant la latitude d’augmenter plus largement ses tarifs. C’est ce que les Anglo-Saxons baptisent le « pricing power ». «  Jusqu’à présent, notre règle pour fixer l’augmentation annuelle des tarifs était d’appliquer l’inflation majorée de 1 %. Ce sera un peu plus dans les années à venir », confirme Jacques Gounon. Cela devrait se traduire par des augmentations moyennes du prix de la traversée plus prononcées, mais surtout par une augmentation du nombre de « jours de pointe », ces jours où le tarif pour traverser est sensiblement renchéri. II y en aura 44 de plus en 2017.

Cette hausse des prix ne concernera que le trafic marchandises. Les navettes dédiées au transport des voyageurs ne sont pas concernées. A court terme, le principal sujet de préoccupation d’Eurotunnel est du côté d’Eurostar. La compagnie a vu le nombre de voyageurs reculer de 10 % en un an au troisième trimestre, et les péages acquittés à Eurotunnel sont fonction du nombre de passagers transportés. «  Mais le trafic a commencé à remonter, et les perspectives, entre l’arrivée des nouvelles rames qui comptent 150 sièges de plus et la future desserte d’Amsterdam, sont très favorables », estime Jacques Gounon.

Lionel Steinmann

 

 

LE FIGARO – 12/12/2016

Union sacrée pour l’avenir de PagesJaunes

Les créanciers, les dirigeants, les salariés et une partie des actionnaires de SoLocal se mobilisent pour faire approuver le plan de restructuration de la dette.

Cégétistes, responsables de fonds anglo-saxons, salariés, dirigeants, actionnaires activistes… Qui d’autre qu’un annuaire pouvait réunir tant de personnalités dissemblables? SoLocal (PagesJaunes, Mappy, A Vendre A Louer) vient de réussir cette prouesse, à quelques jours d’une assemblée générale cruciale.

Jeudi à 16 heures, à la Grande Arche de la Défense, les actionnaires de l’ex-filiale de France Télécom sont invités à voter sur un projet de plan de restructuration de la dette: à 1,16 milliard d’euros, elle ne permet plus à l’entreprise d’investir. Les créanciers ont validé le plan ; pour être mis en œuvre, il doit recueillir 67 % des votes des actionnaires présents ou représentés. «L’alternative à ce projet, c’est d’énormes difficultés financières, commerciales et sociales, prévient Jean-Pierre Remy, le patron de SoLocal. C’est blanc ou noir. Il n’y aura pas de nouvelles négociations avec les créanciers.» L’appel à voter «oui» est on ne peut plus clair.

«L’échec n’est pas une option, renchérit Arnaud Marion. Nous nous devons de réussir. On ne peut pas jouer avec une société de 4500  salariés.» Jadis opposé à la direction, ce spécialiste du redressement d’entreprise a été nommé administrateur le 19 octobre, lors de l’assemblée générale qui a retoqué un projet de restructuration faisant la part trop belle aux créanciers. Et contribué à bâtir un plan plus équilibré. Las. Le conseil d’administration reste aux prises avec un duo d’actionnaires activistes. Benjamin Jayet et Didier Calmels, qui furent associés à Marion lors de l’assemblée générale d’octobre, assurent détenir 12 % des droits de vote et multiplient les appels à retoquer ce qu’ils estiment une spoliation des actionnaires.

«Ceux qui prônent l’opposition au plan amèneront la société au redressement judiciaire. Ils vont voter contre leurs propres intérêts financiers», poursuit Arnaud Marion. «Le plan a été amélioré deux fois, il est désormais au-dessus des standards du marché, abonde Alexandre Loussert, représentant d’une association de 1700 petits porteurs, lui aussi ex-opposant élu administrateur en octobre. 70 % des redressements judiciaires se terminent par une liquidation.»

Même si beaucoup, au board de SoLocal, doutent que Benjamin Jayet et Didier Calmels puissent réunir 12 % des droits de vote, tout est fait pour limiter leur pouvoir de nuisance.

Avec un taux de participation de 38 % (celui de la dernière assemblée générale), il suffit de 14 % des droits de vote pour retoquer le projet. «Il y a une très forte mobilisation pour le projet et contre les activistes, assure Jean-Pierre Remy. Le taux de participation sera cette fois sensiblement plus élevé.»

Menace des créanciers

Vendredi, plus de 500 salariés ont manifesté devant le siège de SoLocal à l’appel de tous les syndicats représentés dans la société, FO et CGT compris. «Les salariés se mobilisent pour garantir l’avenir de l’entreprise et de l’emploi face aux prédateurs qui veulent mettre la main dessus», assure Belhassen Essaadi, représentant de la CFDT, premier syndicat du groupe. Coup de pression supplémentaire, les créanciers, fonds anglo-saxons en tête, ont fait savoir qu’en cas du rejet du plan, ils exigeront dès vendredi le paiement de l’intégralité de la dette.

Une telle issue est peu probable, vu la mobilisation en cours, SoLocal devrait pouvoir passer à la prochaine étape. «Nous avons des discussions avec des investisseurs intéressés par notre projet d’augmentation de capital, assure Jean-Pierre Remy. Ils n’attendent qu’une chose, c’est la réduction de l’incertitude sur l’avenir de la société. Si le plan est adopté jeudi, leur intérêt va se renforcer.»

Ivan Letessier

 

 

LA TRIBUNE – 10/12/2016

Notre-Dame-des-Landes : nouveau report de l’évacuation

 

Les opposants, baptisés « zadistes », occupent en effet encore le vaste terrain de 1.200 ha.

 

Un contentieux avec la Commission européenne doit encore être réglé. L’évacuation pourrait intervenir après la présidentielle de 2017.

Le ou la prochain(e) président(e) de la République va-t-il « hériter » de la « zone à défendre » (ZAD) de Notre-Dame-des-Landes ? L’hypothèse paraît de plus en plus probable. Ce vendredi, le gouvernement a en effet repoussé la perspective d’une évacuation de la zone, occupée par les opposants à la construction d’un aéroport.

« Il n’y a pas d’évacuation possible tant que le contentieux avec Bruxelles n’est pas réglé » a indiqué une source gouvernementale à l’AFP, enterrant de fait la promesse de Manuel Valls. Avant de quitter Matignon, ce dernier tablait en effet sur une évacuation avant l’hiver.

Etre « irréprochable juridiquement »

Quel est alors le problème avec Bruxelles ? En fait, depuis avril 2014, la France est mise en demeure par la Commission européenne pour ne pas avoir réalisé d’évaluation des impacts cumulés des infrastructures du projet d’aéroport. Elle n’a toujours pas régularisé son infraction.

Pour se mettre en conformité avec la réglementation européenne, le SCOT (schéma de cohérence territoriale) de la métropole Nantes-Saint Nazaire a dû être révisé et va être soumis au vote le 19 décembre. « Cette opération doit être préparée méticuleusement et les étapes doivent être préparées. Il faut être irréprochable juridiquement et opérationnellement« , a encore fait valoir Matignon.

Évacuation impossible ?

Outre le problème bruxellois, une autre obstacle de taille pourrait encore retarder l’évacuation. En pleine alerte terroriste en France, qui mobilise à plein les forces de l’ordre, l’évacuation du futur site de l’aéroport nécessiterait des centaines voire des milliers de gendarmes mobiles pendant plusieurs jours voire semaines.

De fait, malgré un « oui » au projet au référendum local en juin, les opposants, baptisés « zadistes », occupent en effet encore le vaste terrain de 1.200 ha sur lequel doit être construit l’aéroport, mené par le géant du BTP Vinci.

 

 

::: POLITIQUE

LE PARISIEN – 11/12/2016

Manuel Valls : «Ma candidature est une révolte»

 

Paris (IIIe), hier. Manuel Valls, qui n’a pas encore investi ses locaux de campagne, nous a rencontrés dans un café au cœur de Paris.

PRIMAIRE. Manuel Valls, qui a commencé cette semaine une campagne-sprint de 40 jours, appelle à une primaire massive… pour renverser les pronostics.

Une berline s’arrête en toute discrétion hier à midi au coeur de Paris. Il n’y a plus de gyrophare, plus de cortège officiel dans son sillage : depuis mardi, Manuel Valls, 54 ans, n’est plus Premier ministre. Sous sa pression – bien qu’il s’en défende -, François Hollande a dû jeter l’éponge : il ne sera pas candidat à sa succession. Valls n’est pas redevenu pour autant un citoyen ordinaire.

S’il a démissionné, c’est pour briguer l’investiture de la primaire de la gauche. L’homme qui nous accorde son premier grand entretien dans la presse, apparaît libéré. Concentré, il s’apprête à livrer une bataille incertaine. «Rien n’est écrit», répète-t-il comme un leitmotiv. Et pour se rassurer, il ajoute aussitôt : «J’aime les campagnes électorales.»

Avant d’endosser pour la présidentielle les couleurs de la gauche, il lui faudra d’abord s’imposer dans cette primaire et rassembler un camp déboussolé tant par les lignes politiques que par les multiples candidatures. Dernière en date, celle de l’ancien ministre de l’Education, Vincent Peillon, qui devrait se déclarer ce soir, sur France 2. «Je demande aux Français de choisir, pas d’éliminer», souligne Valls en jurant qu’il s’interdira les attaques personnelles.

Les sept, voire huit, candidats auront l’occasion de se jauger lors de trois débats très rapprochés avant d’être départagés par les électeurs de gauche (22 et 29 janvier). D’ici là, l’ex-collaborateur de Michel Rocard et de Lionel Jospin, qui se revendique «social-réformiste et homme de gauche», se prépare. «Pour le moment, je suis nomade», sourit-il, après voir choisi un café du IIIe arrondissement pour l’interview. Dans quelques jours, lui et son équipe vont prendre possession de leurs 350 m 2 de locaux de campagne, près de la bibliothèque François-Mitterrand (Paris XIIIe). Faut-il y voir un symbole ? «Un hymne à la culture», appuie Valls qui dit vouloir reprendre «une politique de grands travaux».

Mardi soir, c’est à la Maison de la chimie, à Paris (VIIe), que ses soutiens se réuniront. Le lendemain, l’organigramme (resserré) de campagne du candidat sera dévoilé. En attendant, le candidat Valls ne semble pas enclin à trop dévoiler son intimité : «La transparence est indispensable. Mais il faut qu’il y ait de la dignité.» Un aspirant président ne devrait pas dire ça…

Lors de la primaire de la droite, on a parlé d’un phénomène «tout sauf Sarkozy». Redoutez-vous dans celle de la gauche un «tout sauf Valls» ?

MANUEL VALLS. Non car mon objectif, c’est de rassembler pour gagner. Je veux la réussite de cette primaire. Ma candidature est une révolte face à une disqualification annoncée de la gauche à la présidentielle. La gauche peut se réveiller, retrouver de l’espoir. Rien n’est écrit, rien n’est joué. La gauche est challengeur dans cette élection. Mais, moi, je crois que nous pouvons gagner.

On annonce entre sept et huit candidats à la primaire de la gauche. Pourquoi cette inflation ?
Il est normal que des candidats expriment des sensibilités différentes. La gauche, c’est le débat. Mais dans ce moment-là, avec les déséquilibres du monde, avec une extrême droite aux portes du pouvoir, et le programme particulièrement dur de François Fillon, qui incarne une droite rétrécie et rabougrie, ma responsabilité est de créer l’unité. Et les candidats qui ne participeraient pas à la primaire doivent prendre conscience du risque qu’ils feraient courir à la gauche d’être éliminée. Cette primaire est une occasion extraordinaire d’aller à la rencontre des gens. Plus il y aura de monde, plus la dynamique sera forte. J’appelle toutes les femmes et les hommes de gauche, de progrès, mais d’une manière générale tous les Français à venir voter massivement les 22 et 29 janvier !

Vous êtes candidat à la primaire, Emmanuel Macron, lui, ne l’est pas. Pourtant, un duel s’installe entre vous…
Les seuls combats qui m’intéressent sont ceux qui m’opposent à la droite et à l’extrême droite. J’ai placé ma candidature sous le sceau d’une vision, d’une incarnation, d’une expérience et d’une autorité. Je pars du principe que tous ceux qui ont gouverné ensemble depuis 2012 ne sont pas des adversaires…

Avez-vous contribué à empêcher François Hollande d’être candidat ? Avez-vous peur de le payer ?
Ça suffit avec cette thèse ! Laisser penser que François Hollande se serait fait imposer ce choix est insensé… Il faut le respecter et ne pas l’instrumentaliser. Ma relation avec lui est faite de respect, d’affection, nous avons tant partagé notamment au moment des attentats… Cela crée des liens à tout jamais.

Pensez-vous que le président vous soutienne ?
Je ne peux m’exprimer à sa place. Mais ne doutez pas un instant qu’il s’engagera le temps venu.

Arriver après la désignation de François Fillon, est-ce un avantage ?
Le sujet n’est pas là. Je suis frappé par le refus massif des Français du programme de François Fillon. Ils ont très bien compris sa remise en cause du modèle social et de ses deux piliers essentiels : la sécurité sociale et la santé. La manière de parler des fonctionnaires, des policiers, des enseignants, des agents hospitaliers est méprisante. Ils sont au service de l’intérêt général. Ne l’oublions jamais !

Lorsque le candidat des Républicains veut changer le statut de l’hôpital public, ce qui enlèverait le statut de fonctionnaires à ses agents, c’est selon vous la même logique ?
Oui. c’est une remise en cause du principe d’égalité ! Moi, je crois au rôle de l’Etat, c’est la colonne vertébrale de notre nation. Je crois à nos services publics pour assurer la solidarité dans nos territoires urbains et ruraux. Je crois à l’hôpital public car il garantit – surtout aux plus fragiles et aux plus démunis – un même accès aux soins.

Et sur le plan fiscal ?
Les propositions de François Fillon sont au service exclusif de ceux qui ont le plus : moins d’impôts pour les plus riches, moins de services publics pour les classes moyennes et les ménages modestes. Ce projet libéral, qui est le même partout depuis trente ans, a échoué car il étouffe la croissance et se solde par davantage d’inégalités, de déficits et de dette. Et porter ce projet, c’est mal connaître la France, car nous ne sommes pas un pays libéral sur le plan économique.

Vous ne pensez pas que la France a envie de droite ?
Non, je ne le crois pas. Nos compatriotes veulent plus de protection, de sécurité, de solidarité, de souveraineté, être davantage associés aux choix qui les concernent. C’est cette gauche crédible que j’incarne qui est la bonne réponse. C’est cette République ferme et bienveillante que je défends depuis toujours et que je porterai.

Quel président seriez-vous ?
Dans notre pays, il y a de la défiance et aussi un sentiment de mépris, voire d’humiliation que ressentent beaucoup de nos concitoyens… Je veux redonner de la fierté. Je veux être un président garant de l’esprit français : un esprit indocile et rebelle, une grande générosité, une affirmation farouche de l’indépendance de notre nation, une laïcité qui nous protège, mais aussi une langue universelle, le français, une exception culturelle et, enfin, un génie créatif, celui de nos entrepreneurs, de nos chercheurs. Je veux aussi être un président qui emmène la France plus loin. Car, malgré le scepticisme, rien n’est écrit ! Je veux que l’on redevienne acteurs de notre destin. Qu’on reprenne la main : dans nos vies avec le revenu décent ; dans notre travail avec des heures supplémentaires défiscalisées qui redonnent du pouvoir d’achat ( lire page 2) ; dans le monde avec une France en tête en tant que nation éducative ; sur le dérèglement climatique avec la priorité à la transition énergétique.

A quel moment de votre vie avez-vous songé à briguer cette fonction ?
Je ne suis pas né avec l’idée que je serais président de la République… J’ai une chance : j’ai appris à devenir français. Je suis né à Barcelone, d’un père catalan, d’une mère suisse et espagnole. Je suis allé à l’école de la République. Mes parents m’ont appris l’amour de ce pays. J’ai été naturalisé français. J’aime mon pays par-dessus tout…. Mon expérience d’élu local comme maire d’Evry est irremplaçable. Elle vaut toutes les écoles, les grandes écoles. J’ai exercé le pouvoir depuis 2012, dans un contexte marqué par le terrorisme. Je suis prêt.

Heures sup défiscalisées et «revenu minimum» de 800€

«Il faut dire la vérité aux Français : entre 2010 et 2014, les impôts ont augmenté bien trop fortement. Et on a fait entrer dans l’impôt (CSG, fiscalité locale, etc.) des personnes qui n’y étaient pas.» Cette «forme de rupture civique, les Français l’ont subie de plein fouet», estime Manuel Valls. En dépit des «quatre baisses successives de l’impôt sur le revenu depuis 2014», d’autres mesures prises en 2012 ont été «incomprises», estime Valls, qui cite notamment la «suppression de la défiscalisation des heures supplémentaires» (pour les 9 millions de Français concernés, les heures sup sont désormais soumises à impôt) ou la «fiscalisation des majorations des pensions pour les veufs».

«Pour redonner du pouvoir d’achat aux classes moyennes et populaires, je veux revenir sur ces mesures. Je veux aussi revenir sur la suppression injuste de la demi-part des veuves voulue à l’époque par le gouvernement de François Fillon. Même si nous en avons diminué une part des effets, je veux aller plus loin en la rétablissant totalement.»

Manuel Valls a aussi affiné, hier, son idée d’un «revenu décent» pour tous. Si son objectif reste une «société du travail qui crée plus d’emplois, il faut par ailleurs de solides mécanismes de solidarité». Or, le système actuel des minima sociaux (qui en compte une dizaine) est «trop complexe et suscite par ailleurs de la suspicion parmi les Français». Il détaille cette mesure : «Chaque personne de plus de 18 ans aura droit, sous condition de ressources, à un revenu minimum décent autour de 800 €.» Ce «tremplin pour rebondir» sera «complémentaire» de la prime d’activité, entrée en vigueur début 2016 (fusion du RSA activité et de la prime pour l’emploi). Sa mise en place se fera «progressivement». Précision de taille : «les étudiants qui travaillent en bénéficieront, sous condition de ressources». Le coût global de ce dispositif avoisinerait «entre 30 et 40 Mds€».

Propos recueillis par Ava Djamshidi, Philippe Martinat, Odile Plichon et Muriel Pleynet

 

 

LES ECHOS – 12/12/2016

Macron-Valls : le duel des héritiers de Hollande

Les deux hommes ont décliné leurs premières propositions ce week-end. Ils jouent une place au second tour l’année prochaine, et l’après-Hollande.

Le premier a réuni 15.000 personnes samedi, porte de Versailles à Paris, pour démontrer sa capacité de mobilisation et présenter plusieurs mesures phares de son programme. Le second s’est lancé dans la primaire de la gauche la semaine dernière immédiatement après le retrait surprise de François Hollande, et a précisé sa démarche et détaillé ses premières propositions dans une longue interview accordée dimanche au « Parisien ».

Entre Emmanuel Macron, ancien ministre de l’Economie, et Manuel Valls, ancien Premier ministre, la confrontation a commencé. Les deux hommes se placent sur le même terrain politique, celui d’une gauche réformiste assumant l’exercice du pouvoir. Se posant en leaders de cette gauche, ayant les mêmes adversaires politiques – François Fillon et Marine Le Pen – l’un comme l’autre veulent lutter contre l’idée d’un scénario déjà écrit, celui d’un second tour de la présidentielle entre le candidat investi par LR et la présidente du FN.

« Ma candidature est une révolte face à une disqualification annoncée de la gauche à la présidentielle », a déclaré l’ancien locataire de Matignon au « Parisien ». Au cours de son meeting porte de Versailles, Emmanuel Macron s’est pour sa part inscrit contre la fatalité d’un pays qui, dans quelques mois, aurait le choix « entre une droite extrême et une droite conservatrice ». Les deux hommes visent une place au second tour de la présidentielle et, ensuite, l’incarnation de l’après-Hollande après le renoncement du chef de l’Etat. Avec le PS pour Manuel Valls, sans pour Emmanuel Macron.

Mais leurs divergences sont aussi importantes que leur animosité réciproque est forte. Sur le fond, ils n’ont pas la même approche. Emmanuel Macron entend dépasser les clivages gauche-droite. « Ce que nous voulons, ce n’est pas rassembler la gauche, ce n’est pas rassembler la droite, c’est rassembler les Français », a-t-il scandé samedi devant ses partisans. Prenant à la gauche et à la droite, il articule ses propositions autour d’un assouplissement des règles et d’un renforcement des droits des plus faibles. Manuel Valls fait, lui, le pari de rassembler la gauche sur son nom, à commencer par le PS où il est encore loin de faire l’unanimité. D’où des propositions que ne renierait pas la gauche du parti, à commencer par le revenu universel.

Des écueils ayant pour noms Arnaud Montebourg et Vincent Peillon

Leurs différences sont aussi stratégiques. Emmanuel Macron exclut de passer par la primaire, jugeant l’exercice stérile et inutile. Il l’a dit et répété, rejetant les accusations de contribuer à la défaite de la gauche par sa démarche. Manuel Valls compte bien faire de la primaire de la gauche un tremplin pour sa candidature. A condition pour lui de passer des écueils ayant pour nom Arnaud Montebourg et Vincent Peillon, ce qui n’est pas encore acquis.

Emmanuel Macron dispose déjà d’une longueur d’avance. Il est lancé depuis plusieurs semaines et ses troupes, fortes de 120.000 adhérents (gratuits), ne sont pas virtuelles comme le meeting de la porte de Versailles l’a montré. Manuel Valls doit, lui, compter avec un PS exsangue et divisé, mais dont la capacité de mobilisation peut encore se réveiller avec la primaire. D’ici au printemps 2017, la campagne sera longue et pleine de surprises. Les éliminations de Nicolas Sarkozy, d’Alain Juppé ou encore de Cécile Duflot de leurs primaires respectives et la décision de François Hollande de se retirer l’ont déjà montré.

Grégoire Poussielgue

 

 

LE FIGARO – 12/12/2016

Les 8 propositions économiques d’Emmanuel Macron

Le «candidat du travail» veut améliorer la compétitivité des entreprises françaises en poursuivant la réduction du coût du travail pour augmenter leurs marges.

Emmanuel Macron veut aussi donner du pouvoir d’achat aux salariés tout en maintenant les 35 heures.

  • Transformer le CICE en allégement de charge de 6 points

Emmanuel Macron veut continuer «à réduire le coût du travail pour les entreprises». Il propose de transformer le CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) en baisse de charges pérenne de 6 points. Elle serait généralisée à toutes les entreprises et pas seulement à celles soumises à l’impôt sur les sociétés ou à l’impôt sur le revenu comme c’est le cas pour le CICE. En sont exclues, par exemple, les entreprises de l’économie sociale et solidaire comme les coopératives agricoles et leurs 165.000 salariés. En outre, cette baisse de charges s’appliquerait à tous les salaires et pas uniquement aux employés dont la rémunération ne dépasse pas 2,5 fois le smic. Enfin, cette diminution de charge serait plus simple à percevoir pour les entreprises qu’un crédit d’impôt.

  • Supprimer les cotisations salariales chômage et maladie

Les salariés bénéficieraient d’une baisse de leurs cotisations, celles liées au chômage et à la maladie. Elle serait financée par une augmentation de la CSG (contribution sociale généralisée) qui ne toucherait ni les chômeurs ni les 40 % de retraités les plus modestes. Un effort serait demandé aux revenus du capital dont le taux de CSG augmenterait de 1,7 % et ceux des retraités les plus aisés, «pour leurs enfants et petits-enfants».

  • Maintenir la durée légale du temps de travail à 35 heures

Marquant sa différence avec le gagnant de la primaire de la droite et du centre, François Fillon, Emmanuel Macron veut maintenir les 35 heures. «La durée légale hebdomadaire du travail doit rester à 35 heures.» Dans la pratique, les entreprises qui voudraient allonger la durée du temps de travail pourraient le faire par le biais d’un accord majoritaire.

  • Simplifier le droit du travail

Plus généralement, Emmanuel Macron veut assouplir le droit du travail en mettant en place des «règles simples et lisibles». Il veut aussi déplacer le dialogue social des branches «au plus près de l’entreprise et du terrain». L’objectif est de définir «les bons compromis, les bons accords qui permettent de créer des emplois, parfois de modifier les seuils». Il s’agit notamment du seuil des 10 salariés qui impose dans les entreprises la présence d’un délégué du personnel ou la mise en place d’un comité d’entreprise dans celles de 50 salariés et plus.

  • Réformer Pôle emploi

Candidat de la flexisécurité – un dispositif autorisant une plus grande facilité de licenciement en contrepartie de formations et d’indemnités plus longues et importantes pour les salariés -, Emmanuel Macron veut accompagner les chômeurs grâce à un «service public de la formation et de l’activité» qui reprendrait entre autres le périmètre de Pôle emploi.

  • Rembourser tous les soins

À la différence des propositions avancées par François Fillon dans le domaine de l’Assurance-maladie, Emmanuel Macron promet que pendant la durée de son quinquennat «pas un seul soin utile ne se sera déremboursé». Reste à savoir ce que recouvre la notion d’«utile» dans ce domaine.

  • Libérer la fonction publique

Plutôt que de stigmatiser les fonctionnaires, le candidat d’En Marche!, veut les séduire. «Nous devons être fiers de notre fonction publique et la libérer, la laisser inventer.» Toutefois, Emmanuel Macron s’est dit partisan d’une refonte du rôle de l’administration. «Il faut passer d’une administration du contrôle et de la sanction systématique, à une administration (…) du conseil et de l’accompagnement.»

  • Poursuivre la décentralisation

Pour rendre l’État plus facile à gérer, Emmanuel Macron veut «simplifier la structure administrative, pousser la décentralisation avec plus d’autonomie pour les universités, (…) les établissements scolaires et (…) les hôpitaux».

Eric de La Chesnais

 

 

LE MONDE – 12/12/2016

Vincent Peillon : « Je n’y serais pas allé si Hollande avait été candidat »

Dans un long entretien au « Monde », l’ancien ministre de l’éducation nationale revient sur sa décision de se présenter à la primaire de la gauche.

On l’avait quitté, au printemps, en écrivain de roman policier. Vincent Peillon est de retour en politique, mais cette fois, surprise, comme candidat à la primaire à gauche organisée les 22 et 29 janvier 2017 par la Belle Alliance populaire. L’ex-ministre de l’éducation nationale s’apprête donc à affronter d’autres anciens membres du gouvernement, comme Arnaud Montebourg et Benoît Hamon, et l’ancien premier ministre Manuel Valls. Un scénario inattendu provoqué par la renonciation de François Hollande.

Pourquoi vous présentez-vous à la primaire de la gauche ?

Vincent Peillon : Je suis candidat à l’élection présidentielle pour que la gauche gagne. Je pensais que François Hollande serait candidat parce que je considérais que l’appréciation de son bilan, comme celle de sa personne, était injuste par rapport à la réalité. Il me semblait que quelle que soit la difficulté, François Hollande était le mieux placé pour expliquer aux Français ce qu’il avait fait. Je suis peut-être dans cette primaire le seul qui n’y serait pas allé s’il avait été candidat. Le fait qu’il ne le soit pas est la marque d’une crise politique inédite. C’est la première fois sous la Ve République qu’un président décide de ne pas se représenter. Ma volonté, c’est de m’attaquer aux causes profondes de cette crise pour que le pays puisse retrouver un élan républicain, une sérénité.

Que voulez-vous apporter de différent des autres candidats ?

Je veux d’abord apporter une exigence de vérité. J’ai entendu ces dernières années des critiques radicales, manichéennes, brutales, venant parfois de notre propre camp. Elles nous ont affaiblis. Or, on ne peut rien construire de sérieux si on se dénigre soi-même, si on ne mesure pas ce qu’on a fait. Aujourd’hui, si je regarde ce qui s’est produit en Europe, un pays comme la France qui a rétabli ses comptes publics et sociaux sans attaquer le modèle social, c’est unique. Mieux, des réformes de progrès ont été faites, avec le compte pénibilité, l’embauche de fonctionnaires dans la police ou l’école, la garantie jeunes, la complémentaire santé pour tous, la contraception gratuite pour les jeunes filles, l’encadrement des loyers, la COP21, le mariage pour tous… Je crois qu’il faut dire les choses.

Vous êtes donc candidat pour défendre le bilan du quinquennat ?

On ne construira rien sur des insincérités successives, sur des attaques ad hominem, sur des approximations intellectuelles qui nourrissent le désaveu du politique. Mais je sais aussi ce qui a posé problème. On peut regretter qu’il n’y ait pas eu des contreparties suffisantes au pacte de responsabilité. Continuer d’accroître la charge fiscale via l’impôt sur le revenu au-delà de l’effort initial nécessaire pour réduire les déficits laissés par la droite en 2012, n’a pas été compris. J’aurais préféré que l’on choisisse en fin de quinquennat de baisser la taxe d’habitation payée par tous les Français plutôt qu’un impôt payé par la moitié d’entre eux.

Il y a eu aussi la méthode de gouvernement, avec une base politique trop étroite : les Verts ne sont restés que deux ans, le Front de gauche et les communistes n’y ont jamais été associés, le Mouvement républicain et citoyen a été absent, la main tendue par François Bayrou en 2012 a été ignorée. Même de grandes familles du PS sont parties avec le temps, cela n’a jamais existé dans notre histoire. Tout le travail que nous avions fait avec Lionel Jospin entre 1997 et 2002, c’était de toujours rassembler, comme l’avait fait avant lui François Mitterrand. Il y a eu aussi des brutalités, comme le 49.3 lors de la loi travail. On ne peut pas réformer un pays comme le nôtre sans concertation avec les syndicats et sans respecter le Parlement.

En défendant M. Hollande, ne craignez-vous pas de subir le même rejet ?

Je suis parti du gouvernement en 2014. Personne ne peut imaginer que le débat sur la déchéance de nationalité ne m’ait pas profondément heurté. Il y a dans notre pays un risque immense : que le Front national, qui vient encore de dire qu’il voulait aller chercher certains enfants dans les écoles [Marine Le Pen a déclaré jeudi 8 décembre vouloir barrer l’accès à l’école aux enfants étrangers en situation irrégulière et faire payer la scolarité pour ceux dont les parents en situation régulière ne travaillent pas], joue un rôle à l’avenir. Dans notre passé, cela a existé d’aller chercher des enfants dans les écoles. Je ne veux pas entendre à nouveau de tels discours. Il faut protéger la France et les Français de ces aventures de la haine.

En face, la droite, qui a fait une belle primaire, a un candidat qui dit des choses qu’il ne pourra pas faire. Les Français disent qu’il n’y a pas assez d’enseignants et François Fillon voudrait en supprimer encore plus que ce qu’il avait fait de 2007 à 2012. Les Français disent qu’ils ne gagnent pas assez et il voudrait les faire travailler plus en les payant moins. Est-ce que vous croyez vraiment que le pays va l’accepter ? M. Fillon flatte un électorat, il dresse les gens contre les fonctionnaires, ce n’est pas ce que j’attends d’un homme d’Etat. Et je ne parle pas de ses propos sur la Russie, alors que les populations civiles sont bombardées à Alep. Il tient un discours de campagne, pas un discours de vérité. Pour toutes ces raisons, j’ai décidé de prendre mes responsabilités.

Au risque d’ajouter à la division à gauche ?

Il faut se rassembler et la primaire est le bon instrument pour cela. Cela a marché en 2012. Je suis socialiste, je ne veux pas changer le nom de mon parti. Mais je sais que les socialistes ont toujours gouverné avec d’autres. C’est notre histoire, notre culture. Il y a deux candidats respectables hors de cette primaire. Jean-Luc Mélenchon a été longtemps un dirigeant du PS, il a été un ministre talentueux de Lionel Jospin. Il y a aussi Emmanuel Macron, ancien conseiller du président devenu ministre – après moi – du gouvernement, qui a donc été associé à toutes les mesures du quinquennat. Il n’est pas notre ennemi, il incarne une proposition politique. Nous avons des désaccords. Mais si nous voulons battre la droite et l’extrême droite, nous aurons à poursuivre le rassemblement après la primaire.

Pourquoi ne pas soutenir directement Manuel Valls ?

Parce que je pense que je peux gagner et rassembler la gauche. J’ai mon identité politique, mon projet. Je n’ai jamais changé de ligne. J’ai toujours défendu les 35 heures, je n’ai jamais dit que je voulais supprimer l’ISF. Je porte aussi une idée humaniste de la laïcité républicaine qui est celle de 1905. Elle fait très attention à ne pas utiliser la neutralité de l’Etat pour brutaliser certaines minorités. Elle respecte d’abord la liberté de conscience, et veille à faire vivre tout le monde ensemble dans le respect de chacun. Je ne comprends pas qu’on ait pu soutenir des arrêtés contre le burkini. Cela n’a rien à voir avec la loi de 1905 ni avec l’idée même de laïcité.

Pensez-vous incarner le centre de la gauche socialiste ?

Pas le centre, mais le cœur. Je ne suis pas dans la conquête d’un espace mais dans l’expression d’une authenticité. La primaire est utile en ce sens qu’elle va permettre de présenter nos idées, de les confronter et les Français choisiront. Je ne viens pas pour un nouveau congrès du PS. Je ne suis instrumentalisé par personne. Je suis candidat pour être président de la République.

Avoir un discours nuancé est-il audible ?

L’important est d’avoir un discours juste et ferme. Je tiendrai l’exigence de vérité, l’exigence de responsabilité et l’exigence de rassemblement. Je veillerai à ne proposer dans cette campagne que des choses réalisables. Les Français se détournent de la politique parce qu’ils ont l’impression qu’on leur dit beaucoup de mensonges pendant les campagnes électorales. Chacun va devoir porter sa cohérence et ne pas dire tout et son contraire. J’ai eu des divergences politiques, je les assume, je suis parti du gouvernement mais je n’ai pas critiqué de l’extérieur. Le pays a besoin de clarté, de dignité, et je ne crains pas de m’adresser à l’honnêteté, à la sincérité, à l’intelligence des Français de gauche, des écologistes et de tous les Républicains de progrès.

Les enjeux identitaires seront-ils au centre de la campagne ?

Les Français ont réagi de façon extraordinaire au moment des attentats, et contrairement aux discours de beaucoup de responsables qui veulent surfer sur les peurs, ils se sont bien tenus à l’égard de nos compatriotes de tous horizons et de toutes confessions. Ils ont été solidaires et exemplaires. Cette France doit être portée et défendue.

On veut nous imposer un débat identitaire, et je crois que cela a été une des erreurs du gouvernement : plutôt que de mettre en avant notre action économique et sociale – sur l’éducation, le logement, la santé, l’environnement –, nous sommes venus sur un terrain qui n’est pas le nôtre. Nous avons heurté ceux qui partagent nos valeurs républicaines et qui n’attendaient pas cela de nous. Je ne crains pas le débat identitaire, mais je pense que ce n’est pas le bon. Notre identité c’est la République. Ma campagne, c’est la République pour tous. La République démocratique, sociale et laïque est notre patrimoine commun.

Vous vous déclarez tardivement, mais êtes-vous prêt ?

J’ai travaillé et je suis prêt. J’ai exercé des responsabilités lors des quatre dernières présidentielles, je sais comment on mène une campagne. Comme député européen depuis deux ans, je me suis consacré aux questions internationales. Je me suis éloigné des appareils, des querelles entre socialistes. J’ai préféré écrire des livres plutôt que de faire des petites phrases tous les matins. Je ne changerai pas. J’ai pu trier l’important et l’accessoire, tranquillement reprendre mon RER, enseigner, parler avec tout le monde, renouer avec une vie différente. Ministre de l’éducation nationale, mon seul intérêt a été les élèves, nos enfants. Président, mon seul intérêt sera les Français et le destin du pays.

Quelles propositions mettrez-vous en avant dans votre campagne ?

Je veux renouer avec la promesse républicaine. Je proposerai des mesures précises pour permettre le bon fonctionnement de notre démocratie, une lutte plus radicale contre les inégalités sociales et territoriales et assurer la transition énergétique absolument indispensable. Je veux protéger la France des désordres du monde et protéger les Français des violences de l’extrême droite et des régressions de la droite. Mais chaque fois je le ferai dans une cohérence d’ensemble en assurant la crédibilité des mesures proposées. Je ne ferai pas le concours Lépine de la mesure à 30 ou 50 milliards d’euros qui ne sera pas réalisable.

Reviendrez-vous sur la loi travail ?

Deux points ont posé problème, et il faudra les revoir. D’abord la hiérarchie des normes. Le système français des branches fonctionnait très bien, et j’estime qu’il ne faut pas désarmer les salariés. L’autre problème, c’est celui des heures supplémentaires. Au moment où le pouvoir d’achat redémarre, il ne faut pas baisser les revenus des Français. C’est d’ailleurs ce que veut faire François Fillon. C’est une erreur profonde de penser que le modèle thatchérien des années 1980 est un bon modèle.

Ferez-vous de l’Europe une cible, comme beaucoup d’autres candidats ?

L’enjeu pour les générations futures, c’est de construire des régulations sociales, économiques, environnementales au niveau européen. L’Europe ne peut pas résoudre tous les problèmes. Elle en provoque quelques-uns aussi. Mais c’est dans l’Europe que nous devons mener nos combats. Nous ne pouvons pas sortir du jeu politique européen. Il correspond à nos valeurs. Nous devons au contraire y peser davantage, prendre des initiatives. Menacer de faire les choses unilatéralement n’est pas la bonne option. Il faut convaincre !

Cela ne veut pas dire que tout va bien. Je suis un Européen ardent mais lucide : ignorer les problèmes, comme par exemple celui de la directive sur les travailleurs détachés serait un aveuglement. Je sais que le combat européen prendra de l’énergie et du temps. Je veux l’engager dans la clarté dès cette campagne présidentielle.

Cédric Pietralunga et Bastien Bonnefous

 

 

::: INTERNATIONAL

LE FIGARO – 12/12/2016

Italie : Paolo Gentiloni chargé de succéder à Matteo Renzi

VIDÉO – Le président italien a demandé au chef de la diplomatie de tenter de former un gouvernement.

Le président italien a chargé, dimanche, le comte Paolo Gentiloni Silveri (62 ans), ministre des Affaires étrangères depuis le 31 octobre 2014, de tenter de former un nouveau gouvernement. Il a accepté avec la réserve d’usage en se promettant d’en rendre compte «au plus vite» au chef de l’État. À temps, espère-t-il, pour représenter l’Italie au Conseil européen de mercredi.

Le chef de l’État a ignoré les appels de la Ligue du Nord et du Mouvement 5 étoiles à retourner tout de suite aux urnes, ce qui, pour lui, est «inconcevable» sans une nouvelle loi électorale

Huit jours à peine se sont écoulés depuis que Matteo Renzi, qui gouvernait l’Italie depuis février 2014, a annoncé sa démission de manière spectaculaire dimanche 4 décembre, une heure après le rejet de sa réforme constitutionnelle par une large majorité d’Italiens. À la demande du chef de l’État, il avait «gelé» cette démission jusqu’à l’approbation définitive de la loi de finances par le Sénat, intervenue mercredi soir. Matteo Renzi aurait repris cette démission s’il avait pu constituer un «gouvernement de responsabilité nationale» comprenant l’ensemble des forces politiques. Les oppositions s’y étant toutes refusées, il a fait savoir samedi qu’il rentrait chez lui à Pontassieve, près de Florence : «Jusqu’au mois de février, je ferai le chauffeur de mes enfants.»

Sans perdre de temps, le président Sergio Mattarella, un ancien juriste constitutionnel de 75 ans, a entrepris ses consultations, recevant entre vendredi et samedi les représentants des 23 formations politiques composant l’arc parlementaire, à raison de vingt minutes pour les plus petites, une demi-heure pour les grands partis. Le chef de l’État a ignoré les appels des populistes de la Ligue du Nord et du Mouvement 5 étoiles (M5S) à retourner tout de suite aux urnes, ce qui, pour lui, est «inconcevable» sans nouvelle loi électorale.

Sergio Mattarella a dicté sa feuille de route à Paolo Gentiloni: constituer un gouvernement «dans la plénitude de ses fonctions», déterminé à «se confronter aux urgences politiques, économiques et sociales, internationales et internes» auxquelles le pays est confronté. Autrement dit un gouvernement qui ne soit ni technique, ni conditionné par des échéances temporelles. Il lui a assigné pour tâches prioritaires d’élaborer une nouvelle loi électorale «en harmonie» entre le Sénat et la Chambre des députés et de s’acquitter de tâches urgentes, comme l’aide de l’État aux 40.000 sinistrés des séismes des six derniers mois ou le sauvetage par l’État de la banque siennoise MPS, au bord de la faillite.

Gentiloni s’est dit soucieux de constituer un gouvernement «dans le même cadre» que celui de son prédécesseur. Catholique de centre gauche, député du Parti démocrate (PD), ministre des Communications dans le gouvernement Prodi (2006-2008), puis aux Affaires étrangères depuis la nomination de Federica Mogherini à Bruxelles, Paolo Gentiloni est un personnage bien connu et apprécié sur la scène internationale. Avec le secrétaire d’État américain John Kerry, il a lancé le 2 décembre 2015 à Rome l’initiative sur la Libye qui a conduit aux accords de paix de Skhirat et contribué à l’amorce d’une stabilisation en Tripolitaine. Très proche de Matteo Renzi, il ne jouit d’aucune influence prépondérante au sein du Parti démocrate, ce qui rassure la formation, confrontée aux turbulences internes et qui a mis son nom en avant.

Vidéo : http://premium.lefigaro.fr/international/2016/12/11/01003-20161211ARTFIG00123-gentiloni-charge-de-succeder-a-renzi.php

 

Richard Heuzé

 

 

LES ECHOS – 12/12/2016

Trump lorgne les milliards offshore des entreprises américaines

Pour échapper à l’impôt, les entreprises américaines ont stocké entre 1.000 et 3.000 milliards de dollars à l’étranger. Donald Trump espère les rapatrier, mais ces milliards ont peu de chances d’être réinvestis en créations d’emplois.

Les estimations varient, mais pas l’unité de mesure. Ce sont des « trillions », autrement dit des milliers de milliards de dollars, que les entreprises américaines stockent à l’étranger depuis des années pour échapper à l’impôt. Ce magot ­conservé hors des Etats-Unis, sous forme de trésorerie en Europe, en Asie, ou dans des paradis fiscaux, pèserait entre 1.000 et 3.000 milliards de dollars, selon les sources.

Contrairement aux règles en vigueur dans la plupart des pays industrialisés, les Etats-Unis taxent en effet les entreprises américaines sur leurs bénéfices mondiaux. Mais l’impôt ne s’applique que lorsque l’argent gagné à l’étranger revient – il est alors soumis à l’impôt américain sur les sociétés qui, à 35 %, est l’un des plus élevés du monde. Les multinationales comme Apple, Microsoft, General Electic ou Pfizer ont ainsi choisi depuis plusieurs années de thésauriser leurs milliards hors des Etats-Unis, souvent en le plaçant en bons d’Etat. Ce trésor croît si vite qu’il a doublé depuis 2008, selon le cabinet Audit Analytics, pour dépasser les 2.400 milliards de dollars, soit l’équivalent de 13 % du PIB américain.

Un impôt de 10 %

Ce magot, que les autorités américaines convoitent depuis des années, intéresse aussi Donald Trump. « On parle de 2.500 milliards de dollars à l’étranger, moi je pense que c’est plus ! » avait-il lancé avec gourmandise dès l’automne 2015, expliquant ne pas pouvoir ramener ses propres « millions » stockés à l’étranger. Sa solution ? Appliquer un impôt au taux unique de 10 % sur ces sommes pour inciter les entreprises à les rapatrier et à les réinvestir aux Etats-Unis. En parallèle, l’impôt sur les sociétés serait ramené à 15 %.

Donald Trump n’est évidemment pas le premier à tenter de mettre la main sur cet argent qui dort. Début 2015, Barack Obama, en quête de ressources pour financer son plan d’infrastructures, avait lui aussi proposé de taxer ces sommes à 14 %, mais il n’avait pas obtenu le compromis nécessaire au Congrès – le taux était alors jugé trop élevé par les républicains et les chefs d’entreprise. La seule tentative couronnée de succès fut celle de George Bush qui proposa une sorte d’amnistie temporaire avec une taxe de 5,25 %, adoptée par le Congrès deux semaines avant les élections de 2004. Séduites, les entreprises renvoyèrent quelque 312 milliards de dollars aux Etats-Unis, soit 65 % de plus que ce qui avait été anticipé.

Hausse probable de rachats d’actions en 2017

Mais le résultat ne fut pas celui attendu : alors que la loi spécifiait que les fonds rapatriés devaient être fléchés vers des créations d’emplois et des dépenses en R&D, plutôt que vers des rachats d’actions ou des rémunérations de dirigeants, le gros des sommes fut distribué aux actionnaires sous forme de rachats d’actions et de dividendes. Au final, très peu de créations d’emplois furent attribuées à cette opération.

C’est aujourd’hui la principale difficulté à laquelle risque de se heurter la prochaine administration. Les analystes, qui tablent sur une réforme fiscale dès l’an prochain, anticipent déjà un boom des rachats d’actions en 2017. Ceux de Goldman Sachs parient sur le rapatriement de quelque 200 milliards de dollars, dont 150 serviraient à des rachats d’actions. De fait, les multinationales américaines n’ont pas réellement besoin d’argent. « La plupart des grandes entreprises ont déjà de larges réserves de cash aux Etats-Unis, et empruntent à des taux historiquement bas », rappellent les analystes de Capital Economics.

Elsa Conesa

 

 

 

Vous souhaitant une bonne journée.

 

Cordialement,

 

 

Elena NATALITCH

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